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Les chants de l'Ordinaire de la Messe dans les Graduels médiévaux polonais

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Jerzy Pikulik

Les chants de l’Ordinaire de la Messe

dans les Graduels médiévaux

polonais

Collectanea Theologica 47/Fasciculus specialis, 149-167

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C ollectanea T heologica 47 (1977) fase, sp ecialis

JERZY PIKULIK, W A RSZAW A

LES CHANTS DE L'ORDINAIRE DE LA MESSE DANS LES GRADUELS MÉDIÉVAUX POLONAIS

L'objet de l'article est constitué par les chants des K yrie, Gloria,

Sanclus et A g n us Dei, contenus dans les G raduels m anuscrits qui se

trouvent actuellem ent dans nos bibliothèques nationales et ecclé­ siastiques. A près ceux des séquences1 et des versets alléluiatiques2, c'est le troisièm e Index consacré à la form e du chant m onodique si v ivan t au M oyen Age; elle se développe en effet dans toute l'Europe jusqu'à la fin du XVIe siècle et même plus tard, souvent en dehors du rép erto ire strictem ent grégorien. C ette problém atique est très im portante pour les m édiévistes. La connaissance joue ici un rôle de prem ier plan. Les chants de l'O rdinaire de la messe atti­ ren t l'atten tio n de to u t historien de la musique, ceci non seulem ent à cause de leur nom bre, de leur interdépendance ou de la création nationale, mais aussi pour pouvoir établir les stru ctu res rep résen ta­ tives des traditions liturgiques et m usicales des différents O rdres et diocèses. Les considérations m éthodologiques ont égalem ent leur im portance. Les com positions successives, leur arrangem ent, le lieu de la parution des manuscrits, et les rubriques qui les accom pagnent sont de nouveaux critères perm ettant d'établir la provenance des Codex non identifiés ju squ'à présent. A leur base se tro u ven t les décisions des synodes diocésains ou nationaux et les chapitres gé­ néraux qui im posaient le resp ect du rép erto ire approuvé.

Etat de la question

La litté ratu re de la m atière n 'est pas encore très riche. H. F e i c h t a attiré l'atten tio n sur le problèm e de l'O rdinaire de la messe, mais il a limité son étude aux G raduels de W iślica (se tro u vant à Kielce) et franciscains de Płock, tous les deux du début du XIVe siècle3. Ce qui intéresse B. R a j e c z k y, c'est le K yrie

1 J. P i k u 1 i k, Indeks s e k w e n c ji w pols kic h rękopisach m u z y c z n y c h , (Index des séq u en ces dans les m anuscrits m usicaux polonais), W arszaw a 1974.

2 J. P i k u l i k , A llelu ia of Easter C y c le in M e d i e v a l Poland, C ollectanea T heologica 45(1975) fasc. spec., p. 135— 158.

8 H. F e i c h t, M u z y k a liturgiczn a w pols kim śre d n io w ie c zu (La m usique liturgique dans le M oyen A g e polonais), M usica M edii A ev i I, K raków 1965, p. 38 s.

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Ungaricum, enregistré par le ms. cracovien 1267-du XVe siècle4. L'auteur constate qu'il n 'est pas de création hongroise, mais té ­ moigne des contacts culturels suivis en tre la Pologne et la Hqngrie. J. P i k u 1 i k s'est intéressé au problèm e de l'O rdinaire franciscain signalé par H. F e i c h t5. Les réflexions de P i k u 1 i k prennent appui sur les 22 G raduels des F rères M ineurs et des soeurs Clarisses. Il a constaté que le rép erto ire de l'O rdre est génétiquem ent lié à la chapelle papale du Latran. Le plus ancien fond des chants se limite à 10 cycles. Ce nom bre augm ente au XVe siècle ju sq u 'à 14 et trahit l'influence de m anuscrits diocésains. Le problèm e de l'O rdinaire cistercien a été traité p ar T. M a c i e j e w s k i 6. L'auteur a prouvé qu'en plus de cycles adoptés par l'O rdre, les Codex cisterciens po­ lonais m anifestent un certain éloignem ent de la tradition. M a c i e ­ j e w s k i a repris le problèm e de l'O rdinaire dans sa conférence prononcée à la session de musicologie M usica A ntiqua Europae O rientalis7. A la lum ière des recherches actuelles les faits publiés doivent subir d'im portantes modifications. Le même problèm e a été traité durant la même session par J. P i k u 1 i k 8. L'auteur a attiré l'atten tio n sur le fait qu'il existe 5 ensem bles indépendants de l'O r­ dinaire, caractéristiques des Codex diocésains, cisterciens, dom ini­ cains, franciscains et ceux des Prém ontrés. Il existe en outre quel­ ques études de graduels isolés qui attiren t l'attention sur les O rdi­ naires qu'ils contiennent.

Les recherches actuelles ont cependant dém ontré qu'on ne peut trancher le problèm e d'une m anière satisfaisante sans p ren dre en considération tous les m anuscrits. A leur début les recherches ont révélé 90 G raduels des XIIIe—XVIe ^siècles dont 37 rep résen ten t la tradition diocésaine, et 53 la tradition monastique. Ce dernier groupe se divise comme suit:

les Pères du Sépulcre 1 Cisterciens 14

4 B. R a j e c z k y , Sur le K y r ie Ungaricùm du manuscrit n° 1267 de la Bi­

bliote ka Jagiellońska ( X V e s. ), in: Studia H ieronym o Feicht septuagenario dedicata, K r a k ó w 1967, p. 1\37— 142.

5 J. P i k u 1 i k, Franciszkańskie Ordinarium missae w ś r e d n io w ie c zn e j Polsce (L'Ordinaire de la m esse franciscain dans la P ologne m édiévale), Studia Theolo- gica V arsaviensia, 10(1971)n°2, p. 111— 130.

6 T. M a c i e j e w s k i , K y ria le c y s t e r s k i e w najs ta rs zych rękopisach p o l­

skich: XIII i XIV w i e k (Le K yriale cistercien dans les m anuscrits polonais les plus anciens: XIIIe et X IV e s.), M usica M edii A ev i III, K raków 1969, p. 59—88.

7 T. M a c i e j e w s k i , K y ria le i je g o p ercepcja w Polsce do X V I w ie k u (Le K yriale et sa perception en P ologne jusqu'au au X V Ie s.), in: M usica Antiqua, B ydgoszcz 1975, p. 261— 271.

8 J. P i k u 1 i k, Poiistruktu ra lny charakter p o ls k ie j k u ltu ry m u z y c z n e j w śr e d ­

nio w ieczu na p o d s t a w i e Proprium de tem pore , se k w e n c ji i Ordinarium m issae (Le caractère polystructural de la culture m usicale p olon aise au M oyen A ge d'après le Propre du tem ps, les séq u en ces et l'Ordinaire de la m esse), in: Musica A n ti q u a,

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LES C H A N T S DE L'ORDINAIRE DE LA MESSE 151 Dominicains 7 Franciscains 16 Chanoines réguliers 3 C larisses 5 Prém ontrés 6 Pauliniens 1

Dans le titre j'ai qualifié de polonais tous les m anuscrits, bien que quelques-uns aient été réalisés pour des centres étrangers. Parmi eux se trouvent: celui d'A ugsbourg, le ms. s.s. des XIVe—XVe siècles qui est conservé dans la Bibliothèque du Séminaire de Plock, le m anuscrit non identifié L 35 du XIVe s. de la Bibliothèque du Sém inaire de Pelplin, le plus vraisem blablem ent le ms. tchèque B. 1714 du XVe s. et probablem ent les Codex cisterciens ms. IF 412 èt IF 413, tous deux du XIIIe s. Les trois derniers m anuscrits se trouvent dans la Bibliothèque de l'U niversité de W roclaw . N 'est pas polonais non plus le G raduel des Pères du Sépulcre du XIVe s. de N ysa ms. IF 386 qui se trouve dans la même Bibliothèque, mais les pages avec les chants de l'O rdinaire qui y ont été introduites sont em prun­ tées à un au tre G raduel du XV8 s. qui, lui, rep résente déjà la tra ­ dition polonaise. Bien que son origine soit étrangère, je le compte parm i les m anuscrits polonais, car on s'en est servi dans notre p ra­ tique musicale, ils ont exercé une influence sur le contenu des m anuscrits autochtones et l'inverse, ils contiennent des additions propres à notre tradition.

Une m anière différente de noter les chants caractérise les diffé­ rents groupes de m anuscrits. Ce qui concerne au tant les rép erto ires que la place de l'O rdinaire dans les Graduels, et aussi les rubriques qui précisent la classe des fêtes liturgiques. La m anière qu'em ploient les copistes est toujours la même, à tel point qu'elle est un nouveau critère pour reconnaître l'origine des Codex.

Les façons d'enregistrer

La m anière dont sont enregistrés les O rdinaires a sa propre hi­ stoire. B. S t a b l e i n a ttire l'atten tio n sur plusieurs étapes9:

1. A u XIe s. les chants app araissent dans le cadre des form ulaires de la m esse de tem pore et de sanctis. Dans le cas où les mêmes oeu­ v res se répètent, les copistes indiquaient seulem ent les Incipit. Nous retrouvons cette m anière, encore que sporadiquement,, dans les G raduels polonais plus tardifs. P. ex. pour le form ulaire des m orts dans le ms. de Swidnica 170 du XVe s. et dans le form ulaire m arial ms. 181 du XVe s., tous deux conservés dans la Bibliothèque du Cha­ pitre de W roclaw . Nous retrouvons égalem ent l'O rdinaire dans le

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form ulaire m arial du m anuscrit dom inicain ms. 1132/1 du XIVe s. de la Bibliothèque des O ssoliński à W rocław .

2. En même tem ps ap p araît la m anière de noter l'O rdinaire avec le proprium tropé et le plus souvent avec les séquences. Ils consti­ tu en t déjà un groupe spécial de m anuscrits.

3. A u XIe s. encore commence le processus qui consiste à ex trai­ re de la partie principale du m anuscrit les chants de l'O rdinaire. Ils se tro u v en t à une placer ceci de cette m anière que l'on en reg istre à la suite tous les K yrie, puis les Gloria, les Sanctus et les A gnus

Dei. Chez les Prém ontrés les copistes resp ectaient cette m éthode

encore au XIVe s. Une m anière analogue est constatée, co n traire­ m ent à la tradition de l'O rdre, dans le G raduel cistercien de H en ry ­ ków du XIIIe—XIVe s. ms. IF 417 de la B ibliothèque de l'U niversité de W rocław .

4. Au XIIe s. se répand l'habitude de réunir par deux les chants de l'O rdinaire: K yrie —- Gloria et Sanctus — A g n u s Dei. Une im ita­ tion de cette m anière consiste à noter une des paires, tandis que les chants de la deuxièm e figurent séparém ent. Le groupem ent de l'O rdinaire en deux paires est caractéristique en Pologne des G ra­ duels diocésains, et pour les religieux, des Pères du Sépulcre de N y­ sa, des chanoines réguliers de Żagań en Silésie, des prém ontrées à C racovie et des Pères pauliniens. Les G raduels des Prém ontrées d'Im bram ow ice et de Czerw ińsk se référère n t à la m anière p récé­ dente, de même que le G raduel diocésain de Brzeg ms. K 24 de la Bibliothèque de l'U niversité de W rocław , dans lesquels sont couplés seulem ent le Sanctus et YAgnus. La diversité caractérise le ms. de W iślica ms. 1, le ms. de C racovie 45 du début du XVe s. et le ms. s.s. d'A ugsbourg. Les chants y figurent soit par paires, soit sép aré­ ment; ainsi après la p aire Kyrie-Gloria figurent p.ex. 3 Kyrie.

5. Au XIIe s. naît égalem ent l'usage de la création de cycles de l'O rdinaire. Cet usage caractérise en Pologne les m anuscrits cister­ ciens, dominicains, franciscains et ceux des clarisses qui leur sont liées par le répertoire des Codex, et des chanoines réguliers de Cracovie. C hacune des trois traditions de m usique liturgique a adop­ té ses arrangem ents de chants propres, presque totalem ent différen­ tes de ceux qui étaien t proposés par les éditions vaticanes. N e leur sont communs que les cycles IV et XV.

6. C haque te x te de l'O rdinaire avait au début sa propre m élo­ die. A u XIVe s. fut accep tée en Europe la pratique d'u n e m ême m élo­ die pour le Sanctus etY A gnus Dei. Elle caractérise chez nous les Co­ dex diocésains, en o utre les G raduels des Pères du Sépulcre, des chanoines réguliers de Żagań, des prém ontrées de C racovie et des pauliniens. C ette tendance a eu pour résu ltat la form ation de cycles où la m élodie com ptait pour le K yrie, le Sanctus, Y A g n u s Dei et un peu plus tard même pour le Gloria. Peut servir d'exem ple le Kyrie

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LES C H A N T S DE L’ORDINAIRE DE LA MESSE 153

de Passione Domini datan t du XVe s. ou, unique en Europe, l'ad a p ta­ tion du K yrie IX à d 'autres textes dans le G raduel des ro rantistes du W aw el ms. 46 de 1543.

La place de l'Ordinaire

La différence affecte égalem ent la place qu'occupent dans les G raduels les chants de l'O rd in aire10. On peu t citer à ce propos quel­ ques usages significatifs. Dans les m anuscrits diocésains, et pour les religieux dans ceux des Pères du Sépulcre, des chanoines réguliers de Żagań et des pauliniens, elle se situe dans les prem ières pages. Une initiale soignée et ornée inaugure d'ordinaire les deux paires de chants. Dans les Codex cisterciens et dans celui des dom inicains ils sont placés après la pars de Sanctis. La seule exception concerne le ms. cistercien IF 417 de H enryków qui est noté comme dans les m anuscrits diocésains. La m anière d'enregistrem ent de l'O rdinaire des m anuscrits prém ontrés est significative. Les K yrie et Gloria se tro uv ent après le proprium de Sanctis, les Sanctus et A g n u s Dei après les séquences. Les copistes norbertins ont agi autrem ent pour le G raduel ms. 12 de Czerwińsk, dans lequel le K yrie et le Gloria se trouvent au début et sur le ms. 508 de C racovie qui a adapté le ré ­ pertoire et la m anière de tran scrire de la tradition diocésaine. Le groupe des Codex franciscains p résen te une double m anière. Dans les uns, et après eux dans les G raduels des clarisses et des chanoines réguliers de Cracovie, l'O rd inaire se tro u v e après la pars de Sanctisr dans les autres, on a suivi l'exem ple diocésain. Il semble que cette seconde m anière caractérise les m anuscrits des Bernardins, et pour préciser, les copistes des religieux de Cracovie.

Les rubriques

Enfin les rubriques, différentes, m éritent l'attention. Elles indi­ quaient l'exécution des chants à l'occasion des différentes fêtes. Il convient égalem ent de signaler que dans les m anuscrits diocésains e t dans les m anuscrits m onastiques qui acceptent leur usage, les notes figurent au début de chaque paire de chants, alors que dans les m anuscrits cisterciens, dominicains et franciscains elles précisent des cycles successifs, et chez les prém ontrés chaque oeuvre. Sont caractéristiques des prem iers les expressions comme in summis fe- stivitatibus, in duplicibus ou les prem iers mots des tropes: K yrie

ions bonitatiSr K yrie m agne Deus potentiae, et plus loin: de apostolis,

de confessoribusr de m artyribusf de virginibus etc... La tradition

cis-10 On remarque égalem ent un changem ent dans l'édition vaticane. Dans le

Liber Usualis les chants de l'Ordinaire se trouvent aux prem ières pages, alors que

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tercienn e em ployait les expressions suivantes: om nibus festis qui-

bus non laboiam us, dom inicis diebus et feslis quibus laboramus et privatis diebus. D 'autres form ules sont égalem ent en usage, mais est

caractéristique des religieux l'expression: quibus non laboramus et

quibus laboramus. Les dom inicains eux aussi ont leurs rubriques fi­

xes: in łestis totis duplicibus, in festis duplïcibus, sem iduplicibus,

sim plicibus et celles qu'on ne retro uv e nulle part ailleurs: in pro festis diebus et in m issis defunctorum . De même les franciscains et

associés: in duplicibus m aioribus, in duplicibus m inoribus, in sem i­

duplicibus iestis maioribus, in sem iduplicibus festis m inoribus, in festis minoribus, in festis simplicibus, in dom inicis diebus et pro de- functis. Il faut encore signaler les rubriques propres aux prém ontrés:

in praecipuis festis, in m ediocribus festis, in m inoribus festis duplï­

cibus, iri festis celebrïbus et, à partir du XIIIe s. — in festis triplici- bus. C ette dernière expression a sans doute été em pruntée aux cha­

pitres des cathédrales. Le G raduel des soeurs prém ontrées de Cra- covie ms. 508 est la seule exception: il a adopté l'usage du Codex diocésain.

Les cas incertains ou controversés

A la lum ière de ces critères on peut douter de la provenance de quelques. G raduels connus ju sq u ’à présen t comme diocésains. Il s'agit en prem ier lieu des ms. du XVe s., ms. 56 et 602 de la Biblio­ thèque du C hapitre de W rocław , et du ms. du XVIe s. L 2 de la Bib­ liothèque du Sém inaire de Pelplin, dans lesquels l'O rdinaire figure après la pars de Sanctis, donc contrairem ent à la tradition diocésai­ ne. Conforme à celle-ci est cependant la m anière d'unir les chants par paires. On ne peut cependant pas oublier que tel était égalem ent l'u sage des Pères du Sépulcre, des chanoines réguliers de Żagań et des pauliniens. Conformes au rép erto ire diocésain sont les rép erto i­ res et en outre, dans les deux prem iers, les notes. Dans le ms. L 2 nous rencontrons dans le Sanctus la rubrique: in toto duplicibus, ce qui indiquerait des influences dominicaines. La difficulté de situer ces G raduels dans un des groupes cités semble indiquer qu'ils re ­ présen ten t des m ilieux de chanoines réguliers, dont la pratique m u­ sicale était diversifiée. Un au tre problèm e qui reste sans solution c'est l'app arten ance diocésaine des m anuscrits étrangers, ms.s.s. de Płock et ms. L 35 de Pelplin. Le prem ier pro v ien t d'A ugsbourg, d'où la difficulté de préciser la tradition én usage dans ce milieu. Seuls les m usicologues allem ands peuvent apporter une contribution utile. Dans tous les cas, l'O rdinaire y figure p ar paires après la pars de

Sanctis. Dans le second par contre se tro u v en t les cycles de messes,

ce qui p o u rrait indiquer une origine m onastique. Il semble que de nouvelles recherches soient en m esure de tran ch er le cas.

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LES C H A NTS DE L'ORDINAIRE DE LA MESSE 155

Le répertoire de l'Ordinaire

Le rép erto ire de l'O rdinaire dans les G raduels m édiévaux polo­ nais est riche. N om bre d'additions ultérieu res tém oignent de la v i­ talité de cette forme monodique, ce qui explique leur usage dans la liturgie quotidienne. A vec cela on observe le processus de l'infil­ tration de compositions caractéristiques d'une tradition dans d 'au­ tres, même s'il s'agit de structu res défendues par de sévères p res­ criptions de chapitres généraux.

1. R é p e r t o i r e d i o c é s a i n

Les m anuscrits diocésains, surto ut ceux de la province de Cra- covie et du territo ire de Silésie, avaient le rép erto ire le plus riche, et en même temps le plus v iv an t du point de vue de l'influence. M ais il ne faut pas oublier que nous sommes actuellem ent en pos­ session d'une minime p artie seulem ent de G raduels et pour cette raison tout essai de généralisation ne peut avoir qu'un caractère relatif. P. ex. le diocèse le plus ancien, celui de Poznań, ne possède aucun Graduel. Une collection d'environ 50 m anuscrits fut détruite pendant la dernière guerre. C 'est égalem ent le cas de Płock. Le seul G raduel diocésain de l'évêqne C i o ł e k de 1507 ne transm et aucun chant de l'O rdinaire, m anquent en effet les prem ières pages. Gniezno et W łocław ek ne disposent actuellem ent chacun que d'un seul Codex en 2 tom es du deuxièm e quart du XVIe s., et encore, dans celui de Gniezno ms. 196 il m anque les pages avec le Sanctus e t l'A gnus Dei, et dans celui de W łocław ek ms. 2 les parties du

K yrie et du Gloria. Un troisièm e m anuscrit de W łocław ek, ms. 3 est

égalem ent défectueux. Le tab leau suivant donne le nom bre de chants dans les m anuscrits du centre cracovien. La prem ière colonne in­ dique l'enregistrem ent original, la deuxièm e les suivants:

Bibliothèque du Chapitre de C racovie

signature K y r i e Gloria Sanctus A gnus Dei

ms. 45 17+ 1 10 15 + 4 1 5 + 4

ms. 44 9 5 10 10

ms. 43 15 8 24 24

ms. '42 9 7 2 0 + 1 19 + 1

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A titre de com paraison, voici le nom bre de chants dans les G ra­ duels diocésains des autres centres:

signature K y r ie Gloria Sanctus A g n u s Dei

Bibliothèque de l'U niversité de W rocław

ms. M 1194 14 9 1 1 + 2 9 + 2

ms. K 24 21 + 1 10 20 + 2 1 6 + 2

ms. R 504 9+<6 5 + 4 12 10

Bibliothèque du Chapitre de W rocław

ms. 61n 1 19 1 10 I 1 3 + 3 I 13 + 3

ms. 47a 1 16 1 8 1 H 1 11

Bibliothèque du Chapitre de Gniezno

ms. 195 1 12 1 5 1 11 1

Bibliothèque du Chapitre de W łocław ek

ms. 1 1 10 1 6 1 11 1

Un plus grand nom bre de Sanctus que d 'A gnus Dei p eu t s'expli­ quer par le fait d'une deuxièm e transcription du même chant en raison d'additions de tropes su rtou t en l'honneur de la V ierge.

La com paraison prouve, ce que j'a i déjà rappelé, que le rép er­ toire des territo ires du sud est plus riche. C aractéristique de Cra- covie est égalem ent un nom bre supérieur de Kyrie en com paraison avec les Sanctus et les A g nu s Dei. Il n 'est pas exclu que sur ce point ait été décisive la conscience de l'im portance de ces chants dans la liturgie, rappelée au dernier concile e t aussi d'au tres dispo­ sitions d'exécution. Plus proportionnés sont par contre les ré p e r­ toires de la cathédrale de W rocław ms. R 504 et 47a, de Gniezno et de W łocław ek, avec cependant une supériorité num érique d u prem ier.

2. R é p e r t o i r e d e s P è r e s d u S é p u l c r e e t d e s c h a n o i n e s r é g u l i e r s

Les G raduels des Pères du Sépulcre et des chanoines réguliers: de Żagań m anifeste égalem ent une grande richesse de chants. Le* prem ier, le ms. IF 386 transm et 20 K yrie, 8 Gloria, 14 + 4 Sanctus et 13 + 4 A g n u s D ei; le second, ms. IF 387 de la Bibliothèque de l'U niversité de W rocław 13 K yrie, 7 Gloria, 10 + 2 Sanctus et au ta n t

d'A gnus Dei. J'ai déjà rappelé que l'O rdinaire des Pères du Sépulcre

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LES C H A N T S DE L'ORDINAIRE DE LA MESSE 157

plus tardif. Ce fait confirm erait l'opinion que le Codex est d'origine é tra n g ère qui de cette m anière a été adapté à la liturgie d'un au tre territoire. Les additions cracoviennes dans le ms. d'A ugsbourg ms. s.s. de Płock ont, selon la plus grande vraisem blance, une signifi­ cation analogue.

Le problèm e de l'O rd in aire dans le Codex cistercien constitue u n phénom èm e complexe. Le point de départ est constitué par la réform e musicale du milieu du XIIe s. qui, à côté de la suppression des tropes et des séquences, a fixé 3 cycles de chants:

N ote: L'A gnus II du prem ier cycle m anque d'hom ogénéité — dans les ms. silésiens le deuxièm e A g n u s est em prunté au XVIII, dans les autres au VIII.

La pauvreté du réperto ire est le reflet de la sévérité des princi­ pes ascétiques de st. B e r n a r d d e C l a i r v a u x . La situation changea ultérieurem en t quand apparurent, à côté des cycles obli­ gatoires, des chants em pruntés à d 'au tres répertoires. Les composi­ tions traditionnelles furent m aintenues chez nous dans les G raduels cisterciens de Pelplin, G dańsk et le plus vraisem blablem ent de Ż ar­ nowiec, en outre par le G raduel de P aradyż d atant du XIVe s. ms. 69 conservé aux A rchives A rchidiocésaines de Poznań et par les ms. silésiens IF 413, IF 415 et IF 418. L'habitude de l'élargissem ent du répertoire, commencée le plus vraisem blablem ent en Allemagne, se retro u v e dans les ms. silésiens IF 412, IF 414, IF 416 et dans le ms. 76 d'O bra en G rande Pologne; à côté des cycles cités figurent, plus d'une fois, des chants avec les tropes caractéristiques des m a­ nuscrits diocésains. Une place à p a rt rev ien t au ms. déjà cité de H enryków IF 417 qui nous transm et 11 K yrie, 8 Gloria, 5 Sanctus et 3 A g n u s. Sans la liste des v ersets alléluia tiques on p ou rrait croire que l'attribu tio n de l'origine du Codex exige des modifications; la richesse des séquences sem blerait le confirmer.

C 'est le G raduel de 1254 qui a inauguré l'unification du rép erto ire dominicain. Il a recueilli 8 cycles de messes. Ils se tro u ven t dans les Codex m onastiques polonais:

3. R é p e r t o i r e c i s t e r c i e n 1. K yrie — XI Gloria — XIV Sanctus — XVII A g n u s — II 2. K yrie — X V 3. K y r i e — litanies

Gloria — X V Sanctus — XVIII Sanctus — X V A g n u s — XVIII

A g n u s — X V

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— XII — XI — X V — X V — propre — XVIII des morts — XVIII des morts 1. K yrie IX 2, K y r ieIV 3. K y r ieXIV 4. K y r i e

GloriaIX GloriaIV GloriaII Gloria SanctusII SanctusIV SanctusXVII Sanctus

' A g n u sIX A gnusIV A gnusII Agnus

5. K y r ieXVI 6. K y r ieXVI 7. K y r ielitan. 8. K y r ie

GloriaXV SanctusXVIII SanctusXVIII Sanctus SanctusX V A gn u sXVIII A gnus —■XVIII Agnus

A gnus — X V

Les schémas de messes obligatoires dans to u t l'O rdre furent enrichis chez nous par les em prunts de chants faits à la tradition m usicale diocésaine. Ceci concerne surtout le G raduel du XIVe s. de Jarosław ms. s.s. conservé dans la Bibliothèque des Pères domi­ nicains à Cracovie. D 'ailleurs le plus ancien m anuscrit dominicain de Pologne, le ms. 1132/1 du XIVe s. contient déjà le K yrie V absent des cycles dominicains.

5. R é p e r t o i r e f r a n c i s c a i n

Le répertoire des Franciscains et des groupes religieux qui suivent leur tradition de m usique liturgique est en principe homo­ gène. Les m anuscrits les plus anciens com prennent 10 cycles dont le nom bre augm ente au XVIe s. jusqu'à 14, ceci sous l'influence de la liturgie diocésaine:

1. K y r ie — II 2. K y r i e — IV 3. K y r i e — VI 4. K y r i e — XIV

Gloria — I ad Gloria — IV Gloria — II Gloria — XI lib.

Sanctus — II Sanctus — IV Sanctus — XVII S a n c t u s — VIII A g n u s — IX ’ Ag n u s — IV A g n u s — XVII A g n u s — XII 5. K y r ie — XII 6. K y r ie — XVI 7. K y r ie — XI 8. K y r ie — des morts

Gloria — XIV Gloria — X V Gloria — XIV S a n c tu s — XVIII S a n c tu s — XII S a n c tu s — X V Gloria — XI A gn u s — XVIII

A gn u s — X IV A g n u s — XV Sanctus — XI

A g n u s — XI

9. K y r ie — litan. 10. K y r ie — IX 11. K y r ie — de Passione

Sanctus — XVIII Gloria — IX Sanctus — mél. du K y r ie A g n u s — XVIII Sanctus — XVII A gn u s — mél. du K y r ie et du

A g n u s — XVII Sanctus

12. K y r ie — ad lib. VIII 13. ou bien: Kyrie — I ou bien K y r i e — I

Sanctus — IX Gloria — I Gloria — II Agnus — mél. Sanctus IX

14. K y r i e — XVII (2e version de LU)

Sanctus — XVII A gn u s — XVII

Les influences diocésaines sont sensibles surtout dans le G raduel des Clarisses dę Gniezno ms. 170 de la Bibliothèque du C hapitre à Gniezno, et aussi, mais à un m oindre degré, des C larisses de

(12)

LES C H A N T S DE L'ORDINAIRE DE LA MESSE 159

Stary Sącz ms. ,,2". Les G raduels des chanoines réguliers de Cra- covie m anifestent une stricte dépendance a l'ég ard du plus ancien rép erto ire monastique.

6. R é p e r t o i r e d e s P r é m o n t r é s

Un grand nom bre de chants de l'O rdinaire de la m esse dans les G raduels des Prém ontrés est assez proche de ceux des franciscains. O n rem arque cependant une certaine différence dans les m anuscrits. Les G raduels polonais du m onastère st. V incent de W rocław ms, ÎF 385, IF 422 et IF 423 rep résen ten t la tradition unifiée. Tous sont originaires du XIVe s. et conservés dans la Bibliothèque de l'U ni­ versité de W rocław . Du prem ier est dépendant le m anuscrit de C zerw ińsk ms. 12, encore que la place du K yrie et du Gloria est la même que dans les m anuscrits diocésains. Plus proche de la tra ­ dition est le Codex dTm bramowice ms. RM 3, par contre le Graduel, des prém ontrées de Cracovie ms. 508 contient le rép erto ire diocé­ sain, et les variantes mélodiques indiquent un lien de dépendance avec les m anuscrits du W aw el. L'influence de la tradition diocé­ saine est d'ailleurs visible dans tous les m anuscrits de ce groupe m onacal.

7. R é p e r t o i r e d e s p a u l i n i e n s

Le seul G raduel des Pauliniens contient 10 + 3 Kyrie, 8 + 2 Glo­

ria, 9 + 4 Sanctus et au tant d'A gnus Dei. Le rép erto ire est identique

au rép erto ire diocésain.

Les chants

Les chants de l'O rdinaire peu v en t être rassem blés en trois groupes:

a. publiés dans le G raduel Romain,

b. connus au M oyen Age, mais ne se tro u van t pas dans l'édition vaticane,

c. création polonaise.

A la base de ce classem ent se trouve la m éthode com parative qui prend en considération les m atériaux originaux du G raduel Romain de 1908, et d 'au tre p art les catalogues de M. M e 1 n i c k i11, D. B o s s e12, P. J. T h a n n a b a u r 13 et M. S c h i l d b a c h 14.

11 M. L a n d d w e h r - M e l n i c k i , Das ein stim m ig e K y r ie des lateinischen

Mittela lte rs , R egensburg 1955[ dans les citations abrév. Mel.

12 D. B o s s e , Unters uchung e in s tim m ig e r * m ittela lte rlic her Melodie n zum

Gloria in excelsis Deo, R egensburg 1955; dans les citations abrév. Bos.

13 P. J. T h a n n a b a u r , Das einstim m ig e Sanctus der römischen M esse in

d er handschriftlichen Ü berlieferung d es 11. bis 16. Jahrhunderts, M ünchen 1962;

dans les citations abrév. Than.

14 M. S c h i l d b a c h , Das ein stim m ig e Agnus Dei und sein e handschriftliche

(13)

J 'a i établi la production polonaise d'après le principe de la m étho­ de e x siientio. Si les chants trouvés ne sont pas cités dans les col­ lections en question, ni dans les m anuscrits polonais reconnus com­ m e étan t d'origine étrangère, on est en droit de conclure qu'ils sont nés sur nos territoires. Il en est de même pour l'origine des tropes. Dans la m esure où ils ne figurent pas dans les collections AH, RH, e t dans les catalogues de M e l n i c k i , B o s s e , T h a n n a b a u r et S c h i l d b a c h , on est autorisé à les considérer comme d'origi­ ne polonaise. Les m édiévistes se ren den t bien compte du fait que cette m éthode en traîne des défauts et peut susciter des déceptions en cas de découverte d'une oeuvre inconnue; ils sont p o u rtant for­ cés de l'adopter faute d'un au tre critère. C 'est d'ailleurs le seul quand il s'agit d 'établir l'O rdinaire. Le m édiéviste se trouve en bien m eilleure posture s'il s'agit d'établir p. ex. la liste des séquen­ ces polonaises, car en plus de la m éthode ex silentio, il peut se servir des acrostiches, du contenu de l'o eu v re et des inform ations qui nous sont parvenues par l'interm édiaire des chroniques.

1. K y r i e

L'analyse et la m éthode com parative ont perm is d'isoler dans les m anuscrits polonais 46 K yrie, 15 Gloria, 53 Sanctus et 56 A gnus

DeL

Du prem ier groupe nous retrouvons 16 K yrie dans le G raduel Romain: I, II, IV, V, VI, IX, XI, XII, XIV, XV, XVI, XVII, XVIII,

K yrie de Requiem , VI ad îib. et VIII ad lib. Du rép erto ire du V a­

tican m anquent chez nous seulem ent les K y rie : III, VII, VIII, X, XIII e t les autres ad lib. Tous ne jouissaient pas de la même popularité. O nt généralem ent été em ployés les K yrie: I, II, IV, V, IX, XI, XIV e t VIII ad lib. Seuls les G raduels C racoviens contiennent le K yrie XII, ce qui p o u rrait tém oigner de l'influence dominicaine, et parm i les chants exécutés sporadiquem ent dans la liturgie diocésaine se tro u v en t les K yrie; XVI e t VI ad lib. P ar contre dans la sphère franciscaine étaien t chantés les Kyrie VI, XVII et de R equiem . Q u an t à la liturgie des défunts, les Codex diocésains com ptent le

K yrie super Si enim, concernant le deuxièm e form ulaire des dé­

funts — Si enim credim us qui y avait la priorité. Les G raduels po­ lonais com ptent en plus de ceux-ci un K yrie avec la mélodie adaptée du Sanctus VIII, universellem ent connu en Europe.

Le deuxièm e groupe com pte 16 K yrie que nous ne retrouvons pas dans l'édition vaticane. Parmi eux 13 sont des plus populaires, les autres d'un usage sporadique. Q uelques-uns appartiennent au rép erto ire commun à l'Europe, Meln. n° 7, 144, 60 et 61, un se trou ve dans les m anuscrits anglais et français, Mel. n° 214 et un dans le m anuscrit romain, Mel. n° 97. Par contre les m élodies n° 128 e t 105 sont des oeuvres tchèques, tandis que les n° 111, 149, 126,

(14)

LES C H A N T S DE L'ORDINAIRE DE LA MESSE 161

75, 85 et 166 se tro u v en t dans les Codex aquiléens, autrichiens, tchèques et allem ands. Les com positions allem andes connues chez nous ont leur origine à Bamberg, et sont parvenues chez nous en passant par la Bohême. Font p artie de ce groupe 6 K yrie qui se sont m aintenus dans nos m anuscrits, bien q u rils ne soient pas d rorigine polonaise15.

Le troisièm e groupe est formé de 7 K yrie, de création polonaise. A ucun n'a connu un usage général. Le prem ier p rovient de milieux de clarisses, les deux su iv an ts’des cathédrales de W rocław et de Gniezno, les autres datent du to u rn an t des XVIe—XVIIe siècles. L'origine des deux K yrie du catalogue Mel. n° 107 et 100 est su jette

à discussion. Le prem ier, de Passione, a été retro u v é par M. M e 1 - n i c k i dans le m anuscrit de Koszyce du XVe s. P ourtant cette oeuvre est très répandue en Pologne, et sa transcription la plus ancienne se trouve dans le G raduel de Sandomierz ms. 1667 datant d'environ 1460. Le nom bre d'enregistrem ents et le culte très v iv an t de la Passion du Seigneur sem blent m iliter en faveur d'une origine plutôt polonaise. Le deuxièm e se trouve, selon M e 1 n i c k i, dans

deux Codex: dans le cantionnaire ms. 58 de Środa Śląska de 1474 et dans le m anuscrit d'Estergom du XVe s. La composition s'est répandue en Silésie et on suppose que de cette m anière elle a pé­ nétré dans le m anuscrit cité. L'em prunt dans les deux cas tém oigne­ rait de contacts culturels suivis entre la Pologne et la Hongrie.

2. G l o r i a

Sur 15 chants du Gloria 9 se tro u v en t dans le G raduel Romain: I, II, IV, IX, XI, XII, XIV, XV et I ad lib. La plus grande im portance dans les m ilieux diocésains revient aux chants If IIf IV, IX, XIV, XV et surtout I ad lib. Ils ont égalem ent été en usage chez les religieux, avec en plus le Gloria XI. Le moins chanté était le Glo­

ria XII, d'origine allem ande selon B o s s e , alors que la tradition

dom inicaine ne compte pas le Gloria XIV. Dans le deuxièm e groupe le Gloria n° 5 et 37 d'après B o s s e , est répandu dans les ma­ nuscrits diocésains, mais moins dans ceux des religieux. Le p re­ mier se trouve aussi dans ceux des prém ontrés. Il était en usage dans toute l'Europe, la France exceptée. Le suivant se trouve dans les m anuscrits autrichiens, tchèques, allem ands, hongrois et de St Gall. Les autres, B o s s e n° 45, 10 e t 49 ap paraissenet chez nous sporadiquem ent. Un Gloria est une com position polonaise de Silésie.

3. S a n c l u s

Le répertoire des Sanctus est composé d'un groupe de 53 chants, dont 9 se trou ven t dans le G raduel Romain: II, IV, VIII, IX, XI, XII,

15 De l'auteur de l'article se trouve sous p resse un Index de l'O rdinaire de la m esse polonais, dans leq u el figurent les Incipit de chaque chant.

(15)

XV, XVII, XVIII. En outre on a adapté au texte la mélodie du

K yrie IX et de l'A g n u s Dei XVII. La prem ière adaptation est lroeuvre

des ro ran tistes de Cracovie, la deuxièm e sans doute a été réalisée à Bamberg. Elle a joui d'une grande popularité dans les Codex composés à l'est de Metz. En Pologne, elle figure presque uni­ quem ent dans les m anuscrits diocésains, qui om ettent par contre le Sanctus XI; celui-ci est exécuté seulem ent en milieu franciscain qui ne fait de II, IV, XVIII qu'un usage modéré.

Le deuxièm e groupe compte 26 compositions qui rep résenten t la création de différents milieux. Un grand ray o n d'action en Europe rev ien t aux mélodies du catalogue Than. n° 127, 147, 98, 90 et 137; 1 e Sanctus n ° 70 est d'origine française, n° 175, 161 et vraisem bla­ blem ent 150, 182, 19 et 36 d'origine allem ande; 185, 39, 101, 78, 144 et 21 d'origine tchèque, et le n° 148 d'origine hongroise.

16 com positions sont d'origine polonaise, ce qui est rem arquable en com paraison du prem ier et du deuxièm e groupes de Sanctus. La plup art proviennent de Cracovie sur un espace, de 3 siècles 1 du début du XIVe s., 7 du to u rn an t des XVe—XVIe siècles et 1 d'environ 1543. L'un d 'en tre eux a été vraisem blablem ent compo­ sé à Nysa, deux au m onastère des Prém ontrés st. V incent à W ro- claw. Dans le G raduel m arial ms. DDI 28 du M usée Silésien de Cieszyn sont conservées les transcriptions de 3 au tres Sanctus; les derniers appartien nent sans doute aux créations des pauliniens. Comme pour le K yrie de Passione, l'origine du Sanctus Than. n° 108 qui a la même m élodie que ce K yrie, reste un problèm e su jet à discussion.

4. A g n u s D e i

Le groupe le plus im portant est formé par les chants de V A gnus

Dei. Du rép erto ire du G raduel Romain étaient en usage chez nous:

II, IV, IX, XI, XII, XIV, XV, XVI, XVII, XVIII, plus les mélodies du K yrie IX et des Sanctus II, IV, VIII, IX, XII, XVII adaptées au texte. L'adaptation du K yrie IX a été réalisée, comme pour le

Sanctus, dans les m ilieux roran tistes du W awel. Les A g nus Dei XI,

XII, et XIV étaien t en usage uniquem ent dans les m ilieux fran ­ ciscains. Parmi les plus em ployés dans l'usage musical diocésain étaient les A g nu s II, XV, XVII et avec la musique adaptée les

Sanctus VIII, IX et XII. Dans les m anuscrits de cette structure nous

est parvenue l'unique transcription de F A gnus Dei XVI; les autres, même le XVIII, app artien n en t aux chants traités avec une certaine réserve.

Au deuxièm e groupe appartiennent 25 compositions. Leur pro­ venance, en raison de l'id en tité de la mélodie, est la même que pour les Sanctus.

L'ensem ble des compositions polonaises com prend 14 Agnus. La différence de quantité des Sanctus et des A gnus provient du fait

(16)

LES C H A N T S DE L'ORDINAIRE DE LA MESSE 163

qu'il m anque l'équivalent à l'un des Sanctus norbertin de W roclaw' et paülinien. La m ajorité des A g n u s a été composée à Cracovie,

1 à Nysa, 1 à W roclaw et 3 figurent dans le G raduel m arial ms. DDI 28. La question de l'origine de la m élodie de lrA g nus de Passione reste ouverte, comme pour le K yrie et le Sanctus.

Les modes

L'appartenace m odale des chants polonais est la suivante:

D E F G C

K y r ie 3 _ 2 _ 2

Gloria1 — — —

Sanctus 5 1' 6 4 .—

A g n u s Dei 5 1 5 3

Dans les chants du K yrie prédom inent donc les modes D et F-C. Le prem ier était souvent em ployé dans la com position mono- dique; en raison de son caractère on le nomm ait ,,grégorien". Le deuxième, introduit au XIe s., obtint une plus grande im portance aux XIVe—XVIe siècles» Par contre étonne l'absence du mode E caractéristique de cette période et ceci dans la région alpine qui ex erçait son influence sur l'A utriche et la Bohême. Il apparaît par contre dans le Gloria, et sporadiquem ent dans le Sanctus et l'A gnus

Dei. Dans ces derniers prédom ine de nouveau les modes D, F et G;

ce dernier attein t son apogée au XIIIe s., surtout en Europe m éri­ dionale.

Les tropes

Le problèm e de la m élodie m édiévale est lié à celui de la question des tropes. On les em ployait dans toute l'Europe, avec certaines restrictions en ce qui concerne Rome, comme un élém ent soulignant un degré supérieur de festivité. Cet usage a égalem ent trouvé un écho dans nos m anuscrits, mais avec une m oindre extension. La raison en est l'époque dont date la m ajorité de nos Graduels. Ils ont été créés au m om ent où la popularité des tropes avait sensible­ m ent faibli.

Ils se tro u v en t dans tous les chants de notre O rdinaire, le plus souvent pourtant dans les m élodies du Kyrie et du Sanctus. Les textes rassem blés peuvent être groupés en deux ensembles, im por­ tés et polonais.

(17)

Parmi ceux connus en Europe on trouve:

1. Cunctipotens — AH 47 : 4 2. Fons bonitatis —■ AH 47 : 5

3. Lux et origo — AH 47 : 12a 4. M agne Deus potentiae — AH 47 : 99 5. Pater Creator om nium — AH 47 : 14 6. Pater çupçta — AH 47 : 10 7. Sanctôrum lum en — Mel. n° 111 8. Virginïtatis amator — AH 47 : 9

A ce groupe peut être ajouté le trope qui, m algré des Incipit identiques, diffère de celui qui est donné dans AH et dans le cata­ logue de M e 1 n i c k i16. A p partient au groupe étranger,, en raison de sa présence dans le G raduel non polonais ms. B 1714:

9. K yrie sacerdos surrane

Christe qui Iudaismo K yrie lum en aeterrium

Parmi les com positions polonaises peuvent être comptés les titres suivants:

1. A scendens Chris tus in al tum 2. Cuius sem per proprium 3. Laudes Mariae decantem us 4. Patris de corde

On a en outre conservé 3 tropes dont l'origine peut être discu­ tée, mais tout indique une origine polonaise:

1. C lem entissim e Pater ingenite 2. Genitor aime auctor

3. Surrexit Christus a m orte

Le prem ier est une addition tardive dans le G raduel non polo­ nais ms. L 35 de Pelplin. L'addition a, le plus vraisem blablem ent, été faite par notre copiste. M. M e l n i c k i a trouvé le deuxièm e trope uniquem ent dans le m anuscrit de H radec K râlove réalisé en 150517. Sur notre territo ire il s'est conservé dans le G raduel des chanoines réguliers dé Żagań du XVe s. On peut soupçonner qu'ils en sont les auteurs. Le troisièm e, d'après M e l n i c k i , se trouve uniquem ent dans l'O rdinaire cistercien silésien de Krzeszów datant du XVIIe s.; il se trouve actuellem ent à la Staatliche Bibliothek de Berlin sign. theol. 4° 20918. Toutefois les G raduels polonais con­ tiennent des transcriptions plus anciennes.

On faisait l'usage ie plus fréquent de Fons bonitatisr M agne

Deus potentiae et Viriginitalis amator. On peut les trouver dans t6 . AH 47:10? Mel. n° 48.

” Mel. n° 111. 18 * Iel. n° 39.

(18)

LES C H A NT S DE L'ORDINAIRE DE LA MESSE 165

les m anuscrits diocésains aussi bien que m onastiques. Les tropes

C unctipotens et S u n e x it Christus a m orte se tro u v en t dans 3 tran s­

criptions, et C lem entissim e Pater, Sacerdos sum m e et Sanctorum

lum en seulem ent dans deux. Les au tres sont des transcriptions uni­

ques. Les tropes polonais A scendens Christus et Laudes Mariae m anifestent un m anque d;originalité. Le prem ier est génétiquem ent dépendant de Surrexit Christus a m orte — dans les deuxièm e et troisièm e acclam ations les paroles sur la R ésurrection ont été rem ­ placées par celles de l'A scension-, le second est dépendant de

Sanctorum lum en, les em prunts se tro u v an t dans le Christe et dans

le K yrie 9.

Les additions de textes au Gloria sont connues dans l'usage européen. Nous en trouvons les parallèles dans le catalogue de D. B o s s e19. Voici celles des sources polonaises:

1. D omine, Fiîi unigenite, Jesu Christe e t S a n c t e S p i r i -

t u s. Sa source est à chercher probablem ent dans la plus ancienne

rédaction latine de la Doxologie, conservée dans l'antiphonaire de Bangor de 690. L'endroit analogue est: Jesu Christe, Sancte Spiritus Dei20. Ce trope se trouve dans toutes les transcriptions du Gloria I

ad lib.

2. Domine, Fili unigenite, s a l u s n o s t r a, Jesu Christe. Il se trouve dans la transcription du Gloria II.

3. Domine, Fili unigenite, Jesu Christe a l t i s s i m e . C ette addition est la plus fréquente dans les transcriptions du Gloria. Elle est notée par les copistes du Gloria II dans le ms. cracovien ms. 43, et se retro u v e dans les Gloria IV, XII, XV et autres. D. B o s s e indi­ que qu elle apparait le plus souvent dans les m anuscrits allem ands21. 4. Les tropes mariais. On les a introduits en Pologne dans le Glo­

ria IX, Bos. n° 37 et 39. Les m anuscrits franciscains contiennent

en outre une version modifiée. Pour la fête de l'im m aculée Concep­ tion on rem place le texte: Mariam sanctificans, Mariam gubernans et Mariam coronans par un autre: Mariam praeservasti, Mariam ta-

bncasti et Mariam subîimasti. Ce dernier uniquem ent dans le Gloria

IX.

Des 17 tropes de Sanctus, 14 ont été em pruntés à la production générale:

1. A ngeli et A rchangeli — AH 47 : 382 2. Benedictus M ariae Fiîius — AH 47 : 277 3. Benedictus M ariae natus — AH 47 : 304 4. Cîemens verbi sator — AH 47 : 250 5. Deus pater iudex — AH 47 : 321 6. Deus rerum principium — AH 47 : 298

59 Bos. p. 15— 17,

20 J. A. J u n g m a n n , Missarum Sollem nia, t. II, Paris, p. 106. 21 Bos. p. 16.

(19)

7. D ivinum m ysterium (déform é)— AH 47 : 319 8. Flos candens oritur

9. Genïtor sum m i

10. Hic in carne transit panis 1 1 . 0 dulcedo caritatis

O m nes una,car m inantes

12. O quam dulciter 13. Perpetuo num ine 14. Rector caeîi im m ortaîis Sont inconnus par contre:

1. A n g elo m m imperator 2. A v e , v iv e panis

3. Benedictus virginei floris

Sont polonais le plus vraisem blablem ent les tropes A n g elo m m

imperator et A ve , viv e panis. Ce dernier a été ajouté au ms. cister­

cien ms. IF 414. De ce groupe Hic in carne transit panis est un trope d'A gnus Dei, adapté au Sanctus dans nos Codex. Par contre de l'u n i­ que enregistrem ent en Pologne de D ivinum m ysterium dans le ms. 1 de W islica ont été conservés uniquem ent les mots: Iudaeis negan-

tibus sit in detrim entum .

Le trope le plus fréquent chez nous était: O dulcedo caritatis —

O m nes una carm inantes, noté dans 9 transcriptions. Dans 8 se sont

conservés A ngeîi et Archangeli, dans 4 Hic in carne et dans 3 Deus

rerum principium. Les autres sont actuellem ent des enregistrem ents

uniques. Deux fois se rencontre le trope polonais A ngelorum im pe­

rator et Benedictus virginei floris.

Les moins nom breux sont les tropes de ïA g n u s Dei: 1. A g nus Dei, J e s u C h r i s t e, qui tollis

2. Cuius in A e g y p to — AH 47 : 389

3. M iserere Deus vere — AH 47 : 454 4. R ex aeternae gloriae — AH 47 : 439 Le prem ier trope est une addition de deux mots: Jesu Christe, introduits en tre A g nus Dei et qui tollis. Il n 'est pas exclu qu'il ait été introduit par le copiste du G raduel cistercien ms. IF 414. Le plus populaire était M iserere Deus vere, conservé dans 6 Codex. Les au­ tres sont des transcriptions uniques.

Conclusion

En résumé, les chants de l'O rdinaire connus de l'édition du G ra­ duel Romain se tro u v en t surtout dans les G raduels m onastiques. Dans la tradition diocésaine prédom inent, sauf le Gloria, d'autres en usage dans la m usique européenne. le répertoire des Kyrie com pte un assez im portant groupe de chants exécutés dans toute l'Europe O ccidentale. Parmi les Sanctus et les A g n u s Dei prédom i­ nent les com positions d'origine allem ande ou tchèque. Parmi les p re­ — AH 47 : 330 — Than. n° 49 — AH 47 : 460 — AH 47 : 381 — AH 47 : 293 — AH 47 : 286 — AH 47 : 292

(20)

LES C H A N T S DE L'ORDINAIRE DE LA MESSE 167

miers prédom ine la créativité de Bamberg. Les compositions alle­ m andes ont été reçues en Pologne probablem ent p ar l'interm é- diaire des Codex tchèques. Dans les m anuscrits polonais se sont con­ servés en outre les chants qu'on ne retro u v e plus dans d'autres. La création polonaise est assez riche, surtout en ce qui concerne les

Sanctus et les A gnus Dei. La priorité à ce point de vue revient

à C racovie et à la Silésie. N om breux sont égalem ent les tropes polonais en latin, surtout pour les Kyrie. Pour certains on observe la dépendance à l'égard d 'au tres textes. La connaissance de notre O rdinaire m édiéval perm et de corriger les opinions de certains mu­ sicologues allem ands qui pensent que le rép erto ire de l'Europe Cen­ trale et O rientale se trouve dans la sphère de la production alleman-, de22. Ils ont pour toute excuse leur ignorance des G raduels polonais. Leur opinion repose surtou t sur les Codex tchèques qui, eux, tém oi­ gnent d'une plus grande dépendance.

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