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Sur les sorties de Don Quichotte de la Manche

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Academic year: 2021

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A C T A U N I V E R S I T A T I S L O D Z T E N S I S

FOLIA LITTERARIA 33, 1992

G abriel-A ndré Pérouse

SUR LES SORTIES DE DON QUICHOTTE DE LA MANCHE

En saluant, to ut d ’abord, nos hôtes et amis polonais, et en leur re n -d an t grâces pour ta n t -de plaisirs trouvés comme -de coutum e au bout du voyage, j ’ai aussi à m ’excuser. N otre Colloque a pour dom aine d ’in -ven taire la litté ra tu re française -et je donne le m auvais exem ple en p ren an t p ou r su jet un ouvrage espagnol. J ’espère o b ten ir v otre pardo n en invoquant trois raisons. La prem ière est que, à la h au te u r géniale où se place le Q uichotte, les différences nationales n ’on t plus grand poids: une telle o eu vre a p p a rtie n t de plein d ro it à la litté ra tu re u n iv e r-selle; d ’a u tre part, la traduction Oudin-Rosset, du début du XVIL' siècle, est incontestablem ent un tex te français, in terv en an t comm e tel dans l’histoire littéraire de la France; enfin, nous somm es ici les hôtes d ’une chaire de Philologie Romane, et il n ’est p eu t-être pas indû que l’Espagne y m arque, discrètem ent, sa présence.

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* *

Don Q uichotte est un hom m e qui vit cinquante ans sédentaire, paisi-ble en son village — puis un hom me qui „so rt”, une fois, deux fois, trois fois (de plus en plus longtem ps), enfin un hom m e qui re n tre chez lui pour y m ourir. Trois m oments, donc, dont le deuxièm e, celui des chevauchées — qui fait l ’essentiel du livre — se subdivise en trois „sorties”. M oments m arqués, le prem ier pa r le progressif éb ranlem ent du bon sens sous le coup des lectures épiques, le deuxièm e par la haute folie triom phante, le troisièm e p a r le re to u r à la sereine sagesse, aux jours d ’une m ort qui est aussi résurrection. Laissons de côté, au jo u rd ’hui, l ’aspect „christique” de cette construction (vie cachée, vie publique, so-uffrance et victoire); laissons aussi toute la problém atique m édicale et caractérologique sur laquelle existent de très bons tra v au x récents,

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laissons la question du rap p o rt en tre n a rra tio n principale et histoires encadrées, laissons tout le reste, et — comm e nous y in vite le p résen t Colloque — considérons Don Q uichotte voyageur, l’hom m e des trois „sorties”.

C’est un su je t bien connu et souvent abordé. Le fait que je n ’en suis pas vrai spécialiste ju stifiera op portuném ent mon dessein d ’en p a r -ler ici non pas de m anière éru d ite m ais com me un am ateur, honnête homm e, en qu ête de signification hum aine et de plaisir littéraire.

D eux dern iers m ots lim inaires, su r mon corpus et mon plan. Bien sûr, on s’in téressera ici au livre entier, m ais en priv ilégiant beaucoup les chapitres in itiau x de chaque „sortie” (p réparatifs et mise en route), ainsi que le chapitre final du d ern ier reto u r à la maison. Q uan t à l’iti-n é ra ire que je vous propose, il com m el’iti-ncera p ar ul’iti-ne rap ide réflexiol’iti-n su r la „sortie” (le m ot et la notion); puis nous p arco urrons ensem ble les pages où s’am orce chacune des trois „sorties”, av an t de reg ard er Don Q uichotte su r la ro u te et de considérer enfin son re to u r à l’im m obilité définitive: p e u t-ê tre serons-nous à mêm e, pour conclure, de dire q u el-ques m ots sur les sorties de M iguel de C ervantes.

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* *

S u r cette ligne, donc, qui va de la sagesse à la sagesse, trois boucles v ien n en t se greffer, de plus en plus larges: les trois „sorties” de Don Q uichotte. L e m ot „sortie” est trad ition nel dans la critiq ue cervantin e de langue française. C’est le m ot espagnol salida, qui signifie aussi „ d é p a rt”. C onservons-le, car „ so rtir” a une conn otation active (fran chir une clôture, au moins une lim ite) que „ p a rtir” ne possède pas et qui est présen te dans le term e espagnol.

Don Q uichotte a lu la geste de R enaud de M ontauban, qui „so rta it” de son château pour rançon ner: accroissem ent d ’avoir, bien vulgaire, auquel Don Q uichotte ne songe pas — m ais en m êm e tem ps accroisse-m en t d ’être, puisque la conquête du butin suppose l ’exploit: so rtir, c’est se dépasser. Don Q uichotte v ivait e ntre des fem m es (la nièce et la gouvernante): ses sorties, contre le vouloir des deux fem m es, sont a ffirm a -tion de sa virilité, d ’a u ta n t plus p ath étiq ue que cette virilité est vieil-lissante et infin im en t v uln érable: il en cherchera p o u rta n t les joies, lance en a rrê t, avec son Sancho — échappé q u a n t à lui a u x m ains de sa Thérèse. S ortir, c’est s’exposer, se m esurer. N otre hom m e le ressen t comme „fo rt à propos”, comm e „nécessaire” .

Le chev alier q u ’il v eu t être, nous le qualifions en français d’,,e rra n t” — m ais ne nous m éprenons pas su r cette é pith ète. Elle n ’évoque nu

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lle-m ent délle-m arche incertaine ou vaguelle-m ent répétitive. En castillan, on dit (mieux) caballero andante, c'est-à-d ire chevalier m archant, chem inant. C’est un délire de mise en ro ute (non pas quelqu e danse de S t-G uy) qui saisit le p etit hobereau tranq uille, devenu l ’hom m e du voyage.

De tous les voyages qui seront analysés ici, ceux de Don Quichotte sont sans doute les plus purs, les plus essentiels, car les plus gratuits. Nul but p rescrit ne les définit, c’est-à-dire ne les lim ite. Nul souci d ’a rr i-ver, ni de revenir. Il s’agit, pour le corps et pour l ’âm e, de se livrer au vent de la route, d ’acquérir la réceptivité délicieusem ent périlleuse que seul nous confère le voyage, l’abandon à l’espace ouvert.

Don Q uichotte est ,,de la M anche”, pénéplaine de transhum ance et d ’ag ricultu re extensive, alors bien pauvre. T erre presque désertique on certains cantons. „H aute terrasse”, comme d ira it Péguy, aux vastes o n -dulations, où la visibilité est infinie, où le voyageur reg arde venir au loin 1 aventure, non sans le m erveilleux loisir de l’in terp ré ter d ’avance selon son délire, à trav ers la poussière qui s’élève du chemin.

Certes, Don Q uichotte a forgé des p réte xtes à son „erra nce”, c’est-à -dire à sa m arche. Comme les héros des rom ans q u ’il a dévorés, il ira par le monde pour exterm in er les m onstres, pour secourir l ’in fo rtun e et redresser les torts, pour affirm er et faire confesser de tous la su p ré m a -tie de la beauté qu il sert. Mais il ap p araît le plus souvent que ces beaux desseins sont seulem ent, si l’on ose dire, les raisons de sa folie, l ’hom m a-ge que la folie ren d à la raison (tout comme, à ce q u ’on dit, le vice à la vertu). Ces p rétexte s sont seconds. Ce qui est fondam ental, c’est p urem ent le désir de p a rtir. L orsqu ’il rencontre en chem in des voyageurs qui le questionnent sur ce q u ’il fait, le Chevalier de la T riste F ig ure répond, certes, q u ’il p arco urt le m onde pour soutenir l ’opprim é: mais, ce q u ’il leu r dit tout d ’abord, c’est toujours q u ’il parco urt le monde.

S ’il croit devoir ajou ter les belles raisons q u ’on a dites, c’est pour ren dre homm age au x héros de rom ans qui les allég uaient jadis (car il reste assez lucide pour savoir que la chevalerie erran te est bien m orte: il v e u t la „ressu sciter ). Mais c’est su rto ut, je crois, p ou r ten te r de ju sti-fier sa „sortie . Car l’âge h um aniste a imposé dans l ’opinion sa sagesse, qui est tout à 1 opposé. Sénèque, déjà, disait que l’agitation voyageuse éta it chose frivole, tém oin des im perfections d ’une âm e qui tente folle-m ent d ’échapper à elle-folle-m êfolle-m e. Erasfolle-m e avait renchéri, se fondant grave-m ent sur Saint P aul. Et le très érasgrave-m ien Rabelais grave-moque cruellegrave-m ent les pèlerins „las d ’alle r”, qui feraien t m ieux de reste r chez eux, c u lti-va n t leur cham p, pren a n t soin de leur fem m e et de leurs enfants, que de se lancer en ,,d ocieux et inutiles voyages”. La m anie am bulatoire est parm i les plus expresses m arques de folie, signe (peutêtre) de da m -nation, su rto u t chez un hom me d ’âge. On sait la répu tation des âmes

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Во

Gdbricl-Andrié P érousc

.. ...

„ e rra n te s” -ou, plus sim p lem ent, celle des Bohém iens, si suspects à l ’Egli- se. Ainsi, dans la bouche des p rêtre s et des docteurs, fle u rit l ’éloge d ’une sé d en ta rité bo urg eo isem en t respon sable. Le sage cultive son jard in , là où Dieu l ’a mis. Même Sancho, a v a n t d ’en v en ir à p arta g e r l’e n th ou

sias-me de son m aître , professe q u ’„il est tem ps de faire l ’ao ût et de v a qu er à (son) cham p, sans (s’) en alle r ainsi rô d a n t deçà e t delà et, comm e l ’on dit, de Cordoue à La M ecque et du pot à la te rr in e ” . Seul M ontaigne, com me si sou vent, est d ’avance du p a rti de Don Q uichotte -e t ses tro p sages am is lui ob jectero nt à peu près ce que le curé p rê ch ait au chev a-lier m anchègue. P o u r ces sorties, du reste, il fau t to u jo u rs échapper à son curé.

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En ce deuxièm e m ouvem ent, co nten ton s-no us d ’une m éd itation brève su r les pages q ui re la te n t les trois départs.

La p rem ière sortie de Don Q uicho tte in te rv ie n t presq ue d 'em b lée d eu x ou trois pages. L e cerveau „d esséché” p ar de fougueuses lectures des Amaclis et de leurs sem blables, celui qu i fu t u n g entilhom m e p a

isi-ble et „posé” (hidalgo sosegado) est déjà en pleine crise lo rsq u ’il n ju s est prése nté. Il n ’a p lu s le choix. Le délire l ’a sé paré des siens, e t son d é p a rt est en effet „n écessaire” . C ette p rem ière sortie est précédée de l ’im position de n ou veau x noms, p a r le chevalier, à lui-m êm e et à sa m onture: m om ent capital, car le v oyageur est un ê tre neuf, qui exige comm e un second baptêm e; en o utre, cet acte solennel de d énom ination est essentiel à celui qui v eu t „laiser son no m ” dans des réc its qui fero n t rê v e r les hom m es. S o rtir su r la ro u te de l’a v e n tu re, c’est so rtir de l ’in-s ta n t g ri’in-s â tre et éph ém ère, po ur d evenir ’in-su je t d ’h i’in-stoire et o b jet d ’é c ri-tu re (sur ce point-ci, je rev ie n d ra i en finissant). Ce ch ap itre lim inaire est aussi celui de l’invention de D ulcinée: non seu lem ent un nom, cette fois, m ais un être; le chevalier e rr a n t doit savoir -et pouvoir d ire- pour qui il est p r ê t à m o urir: de to u t voyage, il fa u t d ’abord fixer les enjeux, et le cas p ré se n t est exem plaire. L es pages qui suiv en t so nt si illustres que j ’au rais vergogne à les p a ra p h rase r. Don Q uichotte, to u t seul, m on -té su r Rossinante, so rt de sa bassecour p ar la pe tite p o rte de d errière, sans b ru it, au x p rem ières h eu res du m atin . T out de suite, c’est l’im m en-sité du cam po (les cham ps? ou le cham p de bataille? le castillan, ici encore, est d ’un e ric he am biguïté), espace vide s u r leq u el m o n te le so-leil. Don Q uichotte — le „fou” — est plus sage que nous: il sen t que to u t plan de m arch e se ra it dérisoire en ce m o m ent m étaph ysiqu e, et il laisse son R ossinante p ren d re le cap q u ’il désire. M algré la ch aleu r qui

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brûle, m alg ré un m om en t d ’angoisse lo rsq u ’il s ’avise q u ’il n ’a pas enco-re enco-reçu l ’au g u ste o rd enco-re de chevalerie, il v it cette p enco-rem ièenco-re jo urn ée dans la joie de l’a tte n te : a u jo u rd ’hui, la plain e est vide, mais, dem ain, une fois reçu l ’ad ou bem en t in itia tiq ue , l’a v e n tu re a s su rém e n t v ien d ra s’o ffrir à son „bon d é sir” . Et, de fait, au m atin su iv an t, qu an d il so rt de l’a u b e r-ge q u i a été po ur lui un ch âteau fort, „la joie lui s o rt p a r les brides de son c he v al” . Coupons ici, a v an t le choc b ru ta l de ce q u ’on appelle conv en tio n n ellem en t le „ ré e l”... De cette aube de la p rem ière sortie, r e te -nons la g ravité des p rép a ra tifs, le silence d e v a n t un g ran d ciel, et une joie en ivrante.

Le deu xièm e d ép a rt, qu elq ues jo u rs après, sera to ut d ifféren t, moins solennel: le pas décisif est déjà fait, une fois p ou r toutes. De nouveau, c ’est le déclin de la nu it, m ais la ch aleu r du jou r va ê tre m oins é c ra s a n te. S u rto u t, Don Q uichotte n ’est plus seu l: ce tte fois, Sancho l ’accom -pagne, et les d élires du m a ître et de l ’éc u y er s ’épan ou issent gaim ent à l ’air libre. La d ém arch e est paisible: on d ira it d ’une prom en ad e; il y a provisions et a rg e n t dans le bissac. L a deux ièm e „so rtie” de Don Q u i-chotte ho rs de ce m onde où tra în a ie n t encore des bribes de bon sens ne se ra com plète que p ar un m ou vem en t in te rn e à son cerv eau m alade, lorsque, face au x m oulins à v en t ran g és su r la colline, il va s ’a b a n d o n -n e r à so-n délire i-n te rp ré ta tif: ces m ouli-ns, B riarées a u x ce-nt bras, so-nt des m o nstres dont il fa u t p u rg e r la te rre : ils p ro vo q u ent le chevalier à m o n tre r sa valeur. Alors, le pouls s’affole, R ossinante se m et au g a -lop. „C ’est ici, Sancho, qu e nous allons m ettre les b ras ju s q u ’au x coudes dans ce q u ’on appelle av e n tu res!” ...La pro m en ade dev ien t une charge infern ale. La disponibilité du voyageur à l ’a v e n tu re nous est ici m o n -tré e com m e u ne très in q u ié ta n te v u ln éra b ilité : s o rtir de chez soi, c’est

aussi s ’exposer à la dérive de son p ro p re esprit. C ette page m ’a souvent fait p e n se r à c ertain s m om ents de S y lv ie ou s u rto u t d ’A urélia: il faut, pou r que son e sp rit eng end re des fantôm es, que N erval soit en m arche v ers le Valois ou ve rs q uelq ue q u a rtie r lointain de Paris...

Q ua nt à la troisièm e „so rtie” , elle occupe to u te la Seconde P a rtie, soit la m oitié du livre. Elle e st p rép a ré e de loin, b eaucoup p lus q u e la d e u x iè -m e et -m ê-m e que la pre-m ière. T ru c ulen tes con versations e n tre D on Q ui-ch o tte et ses proui-ches, effray és à l ’idée de le voir à n ou veau „ so rtir” alors q u ’il sem ble, certain s jo urs, en si p a rfa it bon sens; signe p résag ieux du h enn issem en t de R ossinante q u and il en ten d p a rle r de dé pa rt; su perbe m ot de la g o u v ern an te (et si conform e à ce que j ’essaie d ’étab lir ici): „Mon m aître s’en va! — M ais pa r où? — P a r la p o rte de sa folie!

De fait, Don Q uich otte et Sancho p a rte n t u n e no uvelle fois, à l ’aurore. V oyageurs et m o n tu res crie n t leu r joie dans le p e tit m atin , et aussi l ’a u te u r lui-m êm e, entho usiasm é de re tro u v er ses héros, q ui n e sont tels

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que sur la route: voici la porte de nouveau ouverte aux exploits et aux facéties! Mais, cette fois, une destination est fixée, le Toboso, pour p or-ter l’hom m age à Dulcinée — et, après l’im m ortelle renco ntre avec la belle enchantée, Saragosse (destination qui sera d ’ailleurs rem placée par B arcelone, pour faire m en tir Avellaneda). Ce troisièm e voyage durera q u a tre mois à peu près. Il est incroyablem ent riche d ’anecdotes, dont ici nous ne retiend ro ns q u ’une. U n soir, Don Q uichotte et Sancho a rri-v e n t au bord de l’Ebre. Une barqu e est là, rri-vide, attachée au rirri-vage.

Don Q uichotte y voit l’appel de l’aventure, comme dans les rom ans b re -tons. Il saute dedans, la détache et se livre au courant du grand fleuve. Au bout de quelques m ètres, il se croit en pleine m er, passant la ligne équinoxiale... E tonnante „mise en abîm e” : la sortie dans la sortie... Mais la nasse, les jours suivants, se re fe rm e ra su r le voy ageur iv re de liberté: elle l’em prisonnera d ’a u ta n t plus sournoisem ent que, désorm ais, il a p -proche de régions urbaines où sa déviance n ’est plus tolérable — et que, d ’au tre p art, il est connu, repéré, neutralisable: c’en sera bientôt fini de ces „sorties” qui sont — je pense l ’avoir déjà m ontré le m ouvem ent fon-dam en tal du Don Quichotte.

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* *

Remontons, m aintenant, au m om ent où la sortie (n’im porte laquelle) est accomplie et où Don Q uichotte est à cheval sous le ciel. Ce voyageur essentiel a beaucoup à nous dire sur le voyage.

Ecoutons C ervantes: „Ils m o ntèren t à cheval, et, sans p ren dre aucun chem in assuré (étant le pro pre des chevaliers e rran ts de n ’en ten ir jam ais aucun), se m iren t à chem iner p ar où la volonté de R ossinante les guid a”. C ette obéissance à la volonté de la bête, qui est elle-m êm e signe du destin, assure la disponibilité de l ’âm e à tous les au tres „signes” qui v ien -n e-n t des deux côtés d u chemi-n ou du fo-nd de l’horizo-n: appels du jeu-ne v alet que son m aître fouette à coups de lanière, nuage de poussière des équipages ou des tro up eaux en transhum ance...

Lorsque le chem in a rb itraire de Rossinante se confond avec le grand chemin, le cam ino real (et c’est souvent le cas), la situation est em blé-m atique. Ce g rand cheblé-min royal est pour les gens raisonnables, les gens qui se ren d e n t d’un point à un au tre — et c’est bien le p ro p re de ces grandes ro utes de se définir par leu rs tenan ts et aboutissants. Ces gens-là sont comme des voyageurs forcés, pressés d’a rriv er à l ’étape, protégés du soleil et du v en t par tou t un appareil de parasols et de lunettes, avec une escorte contre les bandouliers. L a ro ute est pour eux comme un tunnel, q u ’on parco urt la tête ren trée dans les épaules. Lorsque Don

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Q uichotte les aborde et les questionne, ils s’én erv ent, allèguent qu ’ils doivent se h âter: lui, il a tou t son tem ps pour causer. E ux n ’on t q u ’une pensée en tête: lui, il est disponible à toutes les associations d'idées, so u-v en t aux dépens des pauu-vres u-voyageurs qui lui sem bleront brigands en-lev an t quelque princesse, ou que sais-je?

A ux carrefours — lieux m ythiques — lo rsqu ’il laisse choisir Rossi-n aRossi-nte, DoRossi-n Q uichotte soRossi-nge aux rom aRossi-ns bretoRossi-ns, m ais aussi (saRossi-ns doute) à H éraklès hésitan t en tre le bien et le mal. Le to rt à redresser, le m al-h eur à soulager é m ette n t ju sq u ’à ce carrefou r de m y stérieux effluves, influences assez fortes pour a ttire r le C hevalier là où l’atten d l ’aventure.

Il fau t p rê te r attentio n aux term es q u ’emploie C ervantes dans l ’évo-cation des paysages r u ra u x (ici, un parenthèse: la ville n ’est pas absente d u Don Q uichotte, et n o tre chevalier apprécie beaucoup Barcelone — m ais cet épisode reste m arginal, et le rom an de C ervantes est profondé-m en t paysan). En caprofondé-m pagne, donc, la ro ute tra v erse la plaine cultivée ou pâtu rée (el campo), qui s’oppose aux lieux incultes et broussailleux aperçus de p a rt et d ’a u tre (que le castillan appelle ol monte) et plus encore aux vrais bois (el bosque) et aux vraies m ontagnes (la montafia, comm e la Sierra Morena). Les épisodes du voyage sont distribués très intelligiblem ent en tre ces lieux. L ’aven tu re d’où l’on sort roué de coups a généralem ent pour th éâtre le campo; le monte et parfois le bosqne sont les lieux où l ’on s’écarte pour se reposer, pour m anger et boire (aux jours fastes) le contenu du bissac: un v rai tropism e („gagner le la r-ge”) y appelle Don Q uichotte chaque fois q u ’il est en peine, e t les clairières du bosque où il se cache, m êm e si elles sont parfois infestées de b ri-gands, o nt plus d ’un tra it du locus am oenus classique; q u an t a u x monta- ńas, ce sont lieux inhum ains, réservés aux m om ents path étiq ues comme la pénitence du C hevalier de la T riste Figu re en fiévré d ’am our et de r e -m ords. Le voyage est continuelle-m ent guidé, inspiré, p ar cette stru c tu re du paysage: „ so rtir”, c’est se livrer à la n a tu re en ses diverses form es — celles-ci ne p ren an t néanm oins leu r sens que p ar ra p p o rt aux diverses situations de l ’hom m e voyageur. Rien de plus étra n g e r à Don Q uichotte q u ’une n atu re contem plée en soi et pour soi: elle n ’intéresse que comme th é âtre de la vie de l’homme. C’est le voyage qui, à chaque fois, l’o rg a-nise et lui donne un sens.

N atu re peuplée, excitante pour le voyageur qui, subtilem ent, l ’éro- tise. Dans les bois, R ossinante, fo rt sage à la m aison, va indiscrètem ent flairer les libres cavales. Et le très chaste Don Q uichotte rêv e beaucoup de princesses (jeunes filles ou veuves éplorées), des bergères aussi, dont cette n a tu re peut o ffrir la rencontre. Le hasard, l’agreste sim plicité du voyage lèvent les interd its qui, dans la vie quotidienne, refou len t les

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rêveries du désir. Voyager, c’est s ’exposer à M arcela ou à D orothée, se faire serrer de près (aux périls de Dulcinée) par M aritorne ou A ltisidore, servir de Sigisbée à la princesse Micomicona... La nièce ou la g ouv er-n aer-n te laissées au logis er-ne sa u ra ieer-n t doer-ner-ner m atière au rêve courtois: toutes les fem m es du voyage lui d onnent l’essor, et Don Q uichotte aime (sans se l’avouer) penser q u ’il rep résente l’av en tu re pour d ’enivrantes beautés elles-m êm es livrées à la disponibilité du voyage. La „sortie”, disions-nous, p eu t être le tem ps de toutes les dérives...

Au bord de la route, en tre deux étapes, il y a enfin l’hôtellerie, l ’a u -berge. Lieu essentiel, m ythique lui aussi, qui joue un gran d rôle à p artir de la deuxièm e sortie, dès lors que Don Q uichotte s’est décidé à em por-ter quelque argent. P ause q u ’exigent les faiblesses du corps (sommeil, soin des blessures), l ’étap e à l ’auberge est aussi lieu d ’aventures, m éna-geant des rencon tres rom anesques ou fabuleuses. Une fois de plus. Don Q uichotte fait ici penser à M ontaigne, par sa m anière d ’engager p arto u t la conversation. Position d ’accueil passionnée: le voyage n ’est pas quête de paysages ou de m onum ents: il se veu t ren contre de l’homme.

Assez dit sur Don Q uichotte en sortie. On a u ra aperçu la double dynam ique de son voyage: une a tte n te et un projet. L ’atte n te quotidienne et ferv ente de la renco ntre est em pêchée de se confondre avec la passivité p ar l’invariab le affirm ation du dessein de réfo rm er les injustices du m onde, d ’y défendre la cause de la beauté souffrante, et de „faire les p re u -ves” de sa v aleur dans ce com bat sans fin. Comme tout v rai voyage, celui de Don Q uichotte ne d e v rait pas com porter de reto ur.

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Si le rom an trouve q uand m êm e une fin, c’est sim plem ent parce que son héros est un m ortel, et ses lecteurs aussi — à qui le rom ancier se doit d ’app orter un sens m oral touchant la vie et la m ort.

Les deux prem ières fois, le reto u r de Don Q uichotte av ait été n arré brièvem ent, la plum e volant d éjà vers de nouveau x départs. C ette fois-ci, le re to u r (comme la sortie elle-m êm e, on l ’a vu) est p rép aré de loin. M ordant la poussière sous la lance du pseudo-chevalier de la Blanche L une (astre froid, de sinistre augure), Don Q uichotte est condam né par son vainq ueur à un an de confinem ent au foyer. Il revient donc désarm é, à petites étapes, de Barcelone ju sq u ’à son village m anchègue: ce voy- age-ci est m orne, sans le frém issem ent d ’atte n te de l’aven tu re, puisque les arm es sont ficelées sur le bât du grison. V oyageur „ordin aire” ... Q uand enfin le vaincu arriv e en vue de son bourg natal, encore deux présages fun estes: la p hrase am biguë d’un enfan t, et la ren c o ntre d ’un

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lièvre couard). C ertes, le C h evalier de la T riste F ig u re te n te d ’adoucir sa peine p ar le m irifiq u e p ro jet de se faire b e rg e r de p astorale, avec, ses amis, p en d a n t toute l ’an née qu i v ien t — m ais il n ’en a u ra pas le loisir. Dès le reto u r à la m aison, il s ’alite — et, six jo u rs après, se sen t talo nn é p a r la m ort. Le m édecin lui d it de p en se r à son âme. S u r quoi il d o rt pro fon dém ent, p e n d a n t six heures, et ses proches c ra ig n en t q u ’il ne se rév eille plus.

Mais Don Q u ichotte ém erge p o u rta n t de ce somm eil, et (m iracle!) g u érit de sa folie chevaleresqu e.

Béni soit le D ieu p u issan t qui m'a fait tant de bien! Enfin se s m isé rico rd e s n'ont poin t de lim ites, e lle s ne son t poin t ac c o u r c ie s ni e m p ê ch é e s par le p é c h é d es h om -m es. f,..] — Q u e d ite s-v ou s , M on sieu r -m on on cle? [...] D e q u e lle s -m isé rico rd e s par- le s-vo u s? Ma n iè ce , r ép liqu a Don Q u ic h otte, c e s m isé rico rd e s so n t c e lle s don t D ie u л u sé e n v e r s m oi en c e m ê m e in stan t, sa n s qu e m es p é c h é s y a ie n t don n é a u -cun e m p êc h em e n t. Je p o s sè d e à c e tte he ur e un ju ge m e n t libr e et clair, et qu i n'est p lus c ou ve r t d e s om bres é p a is s e s — d e l'ig n or an c e q ue la lec tu r e tr iste et c o n tin u e lle d es d é te sta b le s liv r e s de c h e v a le r ie a v ait m ise sur m oi. Je r ec on n ais leu rs e x tr a v a -g an c e s et leu rs du p eries. Je n ’ai qu'un re-gret, c 'e st qu e c e tte d é s illu sio n so it v e n u e si tard, q u 'elle ne m e do n n e pas le lo isir pour réparer m a faute, par la le c tu r e d 'a u -tres liv r e s qui se r vira ie nt do lum ière à m on âm e. [...] A u x e xtr é m ité s où je m e tr ouv e réduit, il n e faut pas q ue l'h om m e s e m oq u e de l'âm e.

C’est alors seu le m en t que Don Q uichotte est v raim en t „ re n tré ” — comm e on dit „ re n tre r dans son bon sen s” ou s u rto u t „ re n tre r en soi”. A lors a p p a ra ît la trè s fo rte et sim ple s tru c tu re de l ’oeu vre entière: dès a v an t la p rem ière sortie p a r la p e tite p orte de la basse-cour, il y a vait eu le r e tran c h e m e n t des a u tre s hom m es et de la com m union de l ’E gli-se — et cette ,,sortie”-là re s ta it encore non com pensée, non rach etée: m a in te n a n t, c’est chose faite. L ’h isto ire -cad re (celle de la „folie”) est achevée com me aussi les trois sorties encadrées.

Q uand Don Q uichotte s’est confessé et est red e v en u p our tou jou rs „Alonso Q uixano le bo n” , ainsi q u ’on l ’app e la it au village, cette fois-ci ce sont ses am is qu i p leu ren t; ne l’av aien t-ils pas aim é dans sa folie p lu s encore que dans sa sagesse? Cela, le ch rétien C erv an tes ne le d ira jam ais, certes — m ais quel po ig nant re g re t dans c ette sim ple phrase: „II gît, éten du de son long et incapable de faire u ne nou velle so rtie..'1

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Avec la vie d ’Alonso Q uixano s’achève le liv re qui a pour intitu lé son nom de g u e rre : Don Q uichotte. L ivre co nsu b stan tiel à son héros,

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L e re g re t q u ’on v ie n t d ’ap ercevoir a qu elq ue chose de paradoxal, voire de scandaleux . C erv antes d e v ra it au co ntra ire ex u lter. L ’égotism e m aniaque du chevalier a été enfin vaincu par la grâce, et Don Q uichotte est m o rt réconcilié. C om m ent rê v e r tra jec to ire plus satisfaisante? C ar le Don Q uichotte — n e l ’oublions pas — d eva it ê tre u ne o eu v re polé-m ique. C erv an tès le d it h a u t et fort: l’ou v rage é ta it conçu pour exorciser par le ridicu le la rac e en tiè re des ro m ans de chevalerie. Dessein lu cide-m en t délibéré. O r cide-m e p e rcide-m e ttra -t-o n de d ire (après bien d ’au tres) que l’écrivain , pris au piège, a vécu l ’av e n tu re m êm e de son héros? L a issan t à celui-ci la b rid e su r le cou (tout comm e Don Q uichotte à R ossinante), il a été e n tra în é en de bien é tra n g es „sorties” . Il est sorti du p rojet p rim itif e t d e l ’é p u re fro ide m e n t ca rica tu ra le p o u r se lan c e r dans l’im

a-gination, folle et chaleureuse, des a v en tu res à o ffrir à ses personnages. L e polém iste litté r aire est d ev en u v isionnaire, en proie à son d estin cré a te u r; il a échappé à lui-m êm e po ur devenir son héros. Et, de m êm e q u ’Alonso Q uixano m e u rt dès q u ’il a retro u v é la sagesse, C ervantès, un a n après q u ’est „ so rtie ” la Seconde P a rtie du Don Q uichotte, e n tre lui ausisi d ans le silence de la m ort. A la d e rn ière page, il s’é ta it écrié: „C’est ici, ô m a pe tite plum e, bien ou m al taillée, que tu d em eu reras p en due à ce râ te lie r...” Im possible de voir et de dire plus lu cidem ent le p arallélism e e n tre la p lum e et la lance, c ette lance du chevalier qui pen d elle aussi au râte lie r: l ’une e t l’a u tre o nt vécu m êm e av e ntu re. Et C erva ntès a jo u ta it su perb em en t: „ P ou r moi seul n a q u it Don Q uichotte, e t m oi p o u r lui. Il su t agir, m oi é crire. Enfin, lui et m oi ne som mes

q u ’une m êm e chose...”

Il a p p a ra ît que l ’a n x iété de la création poétique co u rt to u t au long d u rom an. R endu fou p a r les A m ad is e t a u tre s livres de m êm e farine,

d evenu o b jet d ’é critu re p a r la seule grâce de sa „folie” (souvenons-nous de l ’en th o u siasm e de l ’a u te u r lo rs q u ’il tie n t son héros en cam pagne), Don Q uichotte ne cesse, si l ’on ose dire, de s ’é c rire luim êm e. C ’est s u r -to u t visible dans la Seconde P a rtie . Q uand il se rem e t su r les rou tes, il est déjà célèbre, car la P re m iè re P a rtie a p a ru depuis p lu sieu rs années: il est donc con fronté à cette p rem ière im age de p ap ier, et chaque pas q u ’il fait en dessine un e a u tre p o u r de no uv elles feuilles de p a p ie r: im age digne de la prem ière, et p assio nném en t vo ulue d ifféren te de celle q u ’a donnée, e n tre tem ps, A vellaneda dans sa suite apocryphe. Les sabots de R ossin an te é c riv e n t le livre q u i s ’ap pelle e t s ’a p p elle ra Don Q uichotte de la M anche.

On voit à quelle conclusion j ’ai ten té d ’en venir. Les „ so rties” de Don Q uichotte sont au ssi de trio m ph ales m étap h o res de la c ré a tio n litté -raire . E n tre le silence de cin qu an te ann ées au village et le silence de la m ort, ce jaillisse m ent de l ’im agination c réa trice qui en fan te to u t à la

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fois, indissolublem ent, le voyage et le récit du voyage... Je pense que toutes nos réflexions et discussions de Łódź nous le confirm eront.

UN IVERSITE LUMIERE — LYON ТГ F ran ce

Ga b r ie l- A n d r é P é r ous e

O W Y JA ZD A C H D O N K ICHO TA Z LA M A NC ZY

W a r ty k u le z o s ta ły om ów ion e róż n orak ie a sp e k ty k o le jn y c h w y ja z d ó w Don K ich ota z La M anczy. A u tor zw rac a u w a g ę n ie ty lk o na asp ek t p a r o d y s ty c z n y z a-w a r ty a-w p o a-w ie śc i C e r v a n t e s , a n aa-w ią z u ją c y do a-w ą tk ó a-w ,,b łę d n yc h r y c e r z y ”. Podob n ie jak oni, bo h ater C e r v an te sa c h c e z w y c ię ż a ć p o tw or y i p om ag ać sła b szy m , le c z g łów n y m je g o c ele m w y d a je się , z d an ie m au tora, fakt iż p rzem ierza on św iat.

A u tor po d kr eśla w ie jsk i charakter p o w ie śc i. P oza e p iz o d e m w B arc elon ie, ak cja utw oru r oz gr yw a się poz a m iastem , na r o z le g łyc h r ów n inac h , w lasa c h c z y w r e s z c ie w gór ach — autor ar tyk u łu w idz i tu c e c h y lo ci am o e n i. P rz yrod a in te r e su je „ R y c e -rza o Sm utn ym O bliczu" je d y n ie jako teatr lu d z k ie g o ż yc ia. W r e s z c ie pow rót, k tó r y dla autora ma c har akte r m e ta fo r y c z n y — n ie ch o dz i b ow ie m li ty lk o o p o -w r ót -w se n s ie fiz yc z n y m do dom u, ale ró -w n ie ż o „p o-w rót d o z d r o -w e go r oz są d k u ”,

o „p ozn an ie siebie" .

Tak to trz y p od róż e „R ycerza o Sm u tnym O bliczu " k oń cz ą się r ó w n o c ze śn ie z je g o p ozn an iem s ie b ie . A u tor z w rac a u w a g ę na je s z c z e je d e n asp e k t ow y c h p od róży: są o n e m etafor ą tw ó rc z oś ci s.im ego C e r van tesa.

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