D I S S E R T A T I O N E S
M A T H E M A T I C A E
(ROZPRAWY MATEMATYCZNE)
K O M I T E T R E D A K C Y J N Y
B O G D A N B O J A R S K I redaktor W I E S L A W ˙ZELAZKO zast¸epca redaktora
A N D R Z E J B I A L Y N I C K I - B I R U L A, Z B I G N I E W C I E S I E L S K I, J E R Z Y L O ´S, Z B I G N I E W S E M A D E N I
CCCXXXII
J A C E K M I C A L
Applications exponentielles pour les groupes des courants et la d´ecomposition de Birkhoff
pour les groupes des nœuds
Institut de Math´ematiques Universit´e de Varsovie Banacha 2
02-097 Warszawa Pologne
Published by the Institute of Mathematics, Polish Academy of Sciences Typeset in TEX at the Institute
Printed and bound by
P R I N T E D I N P O L A N D
c
Copyright by Instytut Matematyczny PAN, Warszawa 1994
T A B L E D E S M A T I `E R E S
Introduction . . . 5
Chapitre I. Pr´eliminaires . . . 6
1. Le th´eor`eme de Nash et Moser . . . 6
2. Gradations sur C∞(M, C). . . . 7
3. Gradations sur C∞(M,gl(N, C)) . . . . 8
4. In´egalit´es interpolatoires pour les normes sur C∞(M,gl(N, C)) . . . . 9
5. Quelques propri´et´es alg´ebro-diff´erentielles de C∞(M,gl(N, C)) . . . . 11
6. Applications donn´ees par des s´eries enti`eres . . . 12
7. D´eriv´ees suivant les directions de Exp . . . 14
Chapitre II . . . 16
1. P est lisse apprivois´ee . . . 17
2. Bijectivit´e des d´eriv´ees de P . . . 17
Chapitre III . . . 20
1. S´eries formelles de variables non commutatives . . . 20
2. L’application Q est lisse apprivois´ee . . . 25
3. La d´eriv´ee suivant la direction de Q est bijective, la famille d’inverses V Q est continue apprivois´ee . . . 34
Chapitre IV . . . 40
1. Introduction . . . 40
2. D´ecompositions classiques de GL(N, C) . . . 41
3. Analogies des d´ecompositions classiques pour C∞(S1, GL(N, C)) . . . . 42
Ouvrages cit´es . . . 45
R´esum´e
Nous consid´erons les applications exponentielles pour les groupes C∞(M, GL(N, C)) o`u
M est une vari´et´e lisse compacte. Nous montrons que l’application P : C∞(M,gl(N, C)) →
C∞(M, GL(N, C)) d´efinie par P (f ) = Exp(f1) · . . . · Exp(fk) pour fi∈gi,g=g1⊕ . . . ⊕gk est
(sous certaines conditions sur la d´ecomposition deg) une bijection locale lisse (d’un voisinage de z´ero sur un voisinage de l’unit´e). Nous montrons aussi que pour M = S1l’application Q d´efinie par Q(f )(t) =Q∞j=−∞Exp(Aj(f )eijt) est une bijection locale lisse.
1991 Mathematics Subject Classification: 58C15, 22E65, 22E67. Received 6.7.1992; revised version 16.3.1993 and 16.9.1993.
Nous ´etudions les applications exponentielles pour les groupes Map∞(M, G) des fonctions lisses d´efinies sur une vari´et´e compacte M `a valeurs dans un groupe de Lie G. Les groupes Map∞(X, G) o`u X est une vari´et´e (non n´ecessairement compacte) sont int´eressants pour plusieurs raisons. Ils apparaissent dans la th´eorie quantique du champ ´electromagn´etique comme les groupes de jauge ou les groupes des courants (l’espace X est en ce cas l’espace des configurations; dans des mod`eles simplifi´es il peut ˆetre R ou S1). Pour M = S1 ce sont les groupes des nœuds.
Notons G = C∞(M, GL(N, C)) le groupe des fonctions lisses d´efinies sur une vari´et´e compacte M `a valeurs dans le groupe lin´eaire g´eneral GL(N, C). Le groupe Gest muni de la topologie de la convergence uniforme de toute d´eriv´ee. L’alg`ebre de Lie associ´ee est g = C∞(M, gl(N, C)).
Notons deux relations entre le groupe G et l’alg`ebre g. Premi`erement, G est une vari´et´e de Fr´echet ‘model´e’ sur l’espace de Fr´echet g. Deuxi`emement, g est en correspondence biunivoque avec la famille de sous-groupes `a un param`etre de G. L’alg`ebre g est li´ee au groupe G par l’application exponentielle Exp : g → G, d´efinie par Exp(f )(t) = exp(f (t)) o`u exp est l’application classique exp : gl(N, C) → GL(N, C). L’application Exp est lisse et d´efinit une carte dans un voisinage ouvert de l’unit´e de G.
Dans ce travail nous consid´erons deux types d’applications : P et Q de g dans G. L’application du type P est d´efinie par
P (f ) = Exp(f1) · . . . · Exp(fk)
o`u f = f1+. . .+fkest la repr´esentation de f li´ee `a une d´ecomposition g = g1⊕. . . ⊕ gk en somme directe de sous-espaces lin´eaires. C’est une analogie des coor-donn´ees du deuxi`eme esp`ece pour les groupes classiques de Lie. Dans le chapitre II nous montrons que P est une bijection locale et que l’application inverse `a sa restriction convenable d´efinit une carte dans un voisinage de G.
Pour les groupes des nœuds (c’est-`a-dire pour M = S1) la d´ecomposition g= g1⊕g2de l’alg`ebre g = C∞(S1, gl(N, C)) en fonctions `a coefficients de Fourier d’indices n´egatifs et non n´egatifs, est en rapport avec un th´eor`eme classique de Birkhoff [1].
Le deuxi`eme type d’applications est en rapport avec le fait que nous con-sid´erons les fonctions d´efinies sur S1. Nous d´eveloppons f ∈ g en s´erie de Fourier
f (t) = ∞ X
j=−∞
Aj(f )eijt o`u Aj(f ) ∈ gl(N, C) pour j = 0, ±1, ±2, . . . , et nous faisons correspondre `a f la fonction Q(f ) ∈ G d´efinie par
Q(f )(t) = ∞ Y
j=−∞
Exp(Aj(f )eijt).
Dans le chapitre III nous montrons que cette application est une bijection lisse d’un voisinage de z´ero de g sur un voisinage de l’unit´e de G.
Notre outil principal est le th´eor`eme de Nash et Moser sur la fonction inverse. La v´erification des hypoth`eses de ce th´eor`eme exige de nombreuses et complexes estimations qui constituent une partie importante de ce travail.
Le chapitre I pr´esente quelques pr´eliminaires et, en forme compacte, les ´el´ e-ments de la technique de Nash–Moser.
Ce travail contient les r´esultats de la th`ese ´ecrite sous la surveillance de Mon-sieur le Professeur Wojciech Wojty´nski. L’auteur lui remercie chaleureusement de sa patience et de son aide.
Chapitre I. Pr´eliminaires
1. Le th´eor`eme de Nash et Moser
D´efinition 1.1. Nous appelons gradation sur un espace de Fr´echet F une famille de normes {k kn}, o`u n = 0, 1, 2, . . . , v´erifiant
kf k0≤ kf k1≤ kf k2≤ . . .
et qui engendre la topologie de F. Nous dirons que deux gradations {k kn} et {k k0
n} sont ´equivalentes du degr´e r avec la base b si
(1.1) kf kn≤ Cnkf k0n+r, kf k
0
n≤ Cnkf kn+r pour tout entier n ≥ b, la constante Cn ne d´ependant que de n.
D´efinition 1.2. Soient F et H deux espaces de Fr´echet `a gradation, et soit P : (U ⊂ F) → H une application d´efinie sur un ensemble ouvert U . Nous dirons que P est concordante, du degr´e r avec la base b, avec les gradations si
(1.2) kP (f )kn≤ Cn(1 + kf kn+r)
pour tout f ∈ U et tout n ≥ b. Une application continue d’un ouvert de F dans H est appel´ee apprivois´ee (ang. tame) si elle est concordante avec les gradations sur un voisinage ouvert de chaque point de son domaine. Le degr´e r et la constante Cn peuvent varier ne d´ependant que du point et de son voisinage.
R e m a r q u e 1.3. Lorsque L : F → H est lin´eaire, la concordance avec les gradations implique
ce qui entraˆıne la continuit´e de L (cf. [3], 2.1.5).
D´efinition 1.4. Pour un espace de Banach B muni de la norme k kB, nous d´esignons par Σ(B) l’espace de Fr´echet des suites {fk} ⊂ B telles que
k{fk}kn= n X
k=0
enkkfkkB < ∞ pour n ≥ 0,
muni de la gradation k kn. Nous dirons qu’un espace F `a gradation est apprivois´e si, pour un espace de Banach B, il existe une projection apprivois´ee Σ(B) → F.
D´efinition 1.5. Nous dirons que l’application P comme ci-dessus est de classe Cn si la d´eriv´ee suivant les directions DnP (f ){h1, . . . , hn} existe et est continue comme une application
DnP : (U ⊂ F) × F × . . . × F
| {z }
n facteurs
→ H.
P est dite de classe C∞ (ou lisse) apprivois´ee si elle est de classe Cn pour tout n et si chaque d´eriv´ee DnP est apprivois´ee .
Th´eor`eme 1.6 (Nash–Moser) (cf. [3]). Soient F et H deux espaces apprivois´es. Supposons que l’´equation DP (f )h = k ait une seule solution h = V P (f )k pour tout f ∈ U et tout k ∈ H, et que la famille des applications inverses V P : U × H → F soit apprivois´ee de classe C∞. Alors P est localement inversible et chaque inversion locale P−1 est de classe C∞ apprivois´ee.
2. Gradations sur C∞(M, C). Soit M une vari´et´e compacte r´eelle diff´eren-tiable de classe C∞. L’espace C∞(M, C) est muni de la topologie de la convergence uniforme de suites Dαfn, o`u α est un multiindice α = (α1, . . . , αi) et Dαf est la d´eriv´ee partielle ∂α1+...+αi ∂xα1 1 . . . ∂x αi i f .
On peut engendrer cette topologie par plusieurs gradations. Une d’elles est d´efinie comme suit :
(1.3) |f |k= max
|α|≤ksupM
|Dαf |, k = 0, 1, 2, . . .
La d´eriv´ee partielle doit ˆetre comprise comme suit : Nous plongeons M dans Ri o`u i ≥ 2 dim M + 1. Puis nous prolongeons f en une fonction ef de classe C∞ sur un voisinage tubulaire de M et nous consid´erons les d´eriv´ees partielles de
e
f . Deux tels plongements M0 et M00 sont diff´eomorphes, ainsi que le sont leurs voisinages tubulaires. Le jacobien de ce diff´eomorphisme est born´e sur M0, donc les th´eor`emes formul´es plus loin ne d´ependent pas du plongement choisi. D’apr`es 1.3.6 dans la deuxi`eme partie de [3], C∞(M, C) avec la gradation (1.3) est un espace apprivois´e. Quand M est le cercle (S1), toute fonction f ∈ C∞(S1, C) poss`ede un d´eveloppement en s´erie de Fourier f (t) =P∞j=−∞ajeijt, o`uP∞j=−∞|j|k·|aj| < ∞
pour tout k ∈ N ∪ {0}. Nous pouvons donc introduire les syst`emes de normes suivantes sur C∞(S1, C) : |f |0k = k X l=0 X∞ j=−∞ |j|l|aj|, (1.4) |f |00k = ∞ X j=−∞ (|j|k+ 1)|aj|, (1.5) |f |000k = ∞ X j=−∞ (|j| + 1)k|aj| (1.6) pour k = 0, 1, 2, . . .
Proposition 1.7. Pour M = S1, les syst`emes de normes (1.3), (1.4), (1.5) et (1.6) sont ´equivalents.
D ´e m o n s t r a t i o n. L’´equivalence, du degr´e 0 avec la base 0, entre (1.4), (1.5) et (1.6) est ´evidente. Nous allons montrer que la gradation (1.3) est ´equivalente `
a (1.4), du degr´e 2 avec la base 0.
SiP∞j=−∞ajeijt est la s´erie de Fourier de f ∈ C∞(S1, C), nous avons a0= π
R
−π f (t) dt, aj = 1 2π 1 (ij)k+2 πR
−π f(k+2)(t)eijtdt pour j = ±1, ±2, . . . Il s’ensuit que|f |0k = k X l=0 X∞ j=−∞ |j|l|a j| ≤ sup S1 |f | + 2(k + 1) ∞ X j=1 1 j2 sup S1 |f(k+2)| ≤ Ck|f |k+2 et |f |k = max j=0,...,ksupS1 |f(j)| = max j=0,...,ksupS1 ∞ X n=−∞ an(in)jeijt ≤ k X j=0 X∞ n=−∞ |n|j|a n| = |f |0k.
3. Gradations sur C∞(M, gl(N, C)). La topologie naturelle de C∞(M, gl(N, C)) est la topologie de la convergence uniforme de deriv´ees de tout degr´e. Nous pouvons lier `a cette topologie des gradations analogues aux (1.3)–(1.6).
Nous avons la d´ecomposition naturelle
C∞(M, gl(N, C)) = C∞(M, C) × . . . × C∞(M, C)
| {z }
conduisant au syst`eme de normes (1.7) |||f |||k = q PN p,q=1|fpq| 2 k
o`u f = (fpq), p, q = 1, 2, . . . , N . L’espace C∞(M, gl(N, C)) muni de la gradation (1.7) est un espace apprivois´e (cf. [3], 1.3.4 et 1.3.9, partie II).
Aussi naturelle, et plus souvent utilis´ee dans ce travail, est la gradation
(1.8) f k= max
|α|≤ksupM
kDαf k o`u k k est la norme d’op´erateur sur gl(N, C).
En d´eveloppant f ∈ C∞(S1, gl(N, C)) en s´erie de Fourier f (t) =
∞ X
n=−∞
Aneint
o`u An ∈ gl(N, C) (n = 0, ±1, ±2, . . .) v´erifient, pour tout k = 0, 1, 2, . . . , ∞
X
n=−∞
|n|kkAnk < ∞,
nous pouvons introduire les normes suivantes sur C∞(S1, gl(N, C)) : kf kk= ∞ X n=−∞ (|n|k+ 1)kAnk, (1.9) kf k0k= ∞ X n=−∞ (|n| + 1)kkAnk. (1.10)
Proposition 1.8. Les gradations (1.7) et (1.8) sont ´equivalentes. Pour M = S1 les gradations (1.7)–(1.10) sont toutes ´equivalentes.
D ´e m o n s t r a t i o n. L’´equivalence de (1.7) et (1.8) r´esulte de l’´equivalence de la norme d’op´erateur et de la norme de Hilbert–Schmidt sur gl(N, C). La d´emonstration de la deuxi`eme conclusion est similaire `a la demonstration de la proposition 1.7.
4. In´egalit´es interpolatoires pour les normes sur C∞(M, gl(N, C)). Nous utiliserons quelques propri´et´es des normes (1.8)–(1.10).
Proposition 1.9. Pour tous entiers m, n, l tels que 0 ≤ l ≤ m ≤ n, chacune des gradations (1.8)–(1.10) v´erifie
(1.11) kf kn−l
m ≤ Cl,m,nkf km−ln kf k n−m l .
D ´e m o n s t r a t i o n. Pour (1.8) nous utiliserons le th´eor`eme 2.2.1 de la deu-xi`eme partie de [3]. Nous avons
f n−lm = ( max |α|≤msupM kDαf k)n−l ≤ (N · max p,q |fpq|m) n−l ≤ Nn−l· Cl,m,n(max p,q |fpq|n) m−l· (max p,q |fpq|l) n−m ≤ Nn−l· Cl,m,n( max |α|≤nsupM kDαf k)m−l· (max |α|≤lsupM kDαf k)n−m = Cl,m,n0 · f m−ln · f n−ml .
Pour la gradation (1.10), nous obtenons ∞ X j=−∞ (|j| + 1)mkAjk ≤ ∞ X j=−∞ (|j| + 1)nkAjk (m−l)/(n−l) · ∞ X j=−∞ (|j| + 1)lkAjk (n−m)/(n−l)
pour m 6= l et n 6= m, d’apr`es l’in´egalit´e de H¨older, d’o`u (1.11) avec Cl,m,n= 1. Quand m = n ou l = m l’in´egalit´e (1.11) est ´evidente. Les gradations (1.9) et (1.10) sont ´equivalentes du degr´e 0 avec la base 0, donc (1.11) a aussi lieu pour la gradation (1.9). Il est facile de voir qu’en ce cas Cl,m,n= 2m(n−l).
Corollaire 1.10. Pour tout point entier (i, j) du segment liant (k, l) et (m, n) chacune des gradations (1.8)–(1.10) v´erifie
kf kikgkj ≤ Ck,l,m,n(kf kkkgkl+ kf kmkgkn). Corollaire 1.11. La gradation (1.8) v´erifie
f g n ≤ Cn( f n g 0+ f 0 g n)
D ´e m o n s t r a t i o n. Identique `a celle de 2.2.3 dans la deuxi`eme partie de [3]. Le corollaire analogue concernant la gradation (1.9) exige une d´emonstration particuli`ere.
Proposition 1.12. La gradation (1.9) v´erifie
kf gkn≤ Cn(kf knkgk0+ kf k0kgkn).
D ´e m o n s t r a t i o n. Soient f, g ∈ C∞(S1, gl(N, C)) et f (t) =P∞j=−∞Aje ijt, g(t) =P∞j=−∞Bjeijt. Nous avons
kf gkn = ∞ X k=−∞ (|k|n+ 1) X p+q=k ApBq ≤ ∞ X k=−∞ (|k|n+ 1) X p+q=k kApkkBqk
≤ 2nh ∞ X k=−∞ |k|nkA kk X∞ k=−∞ kBkk + ∞ X k=−∞ |k|n−1kA kk X∞ k=−∞ |k|kBkk + . . . + ∞ X k=−∞ kAkk ∞ X k=−∞ |k|nkBkki + X∞ k=−∞ kAkk X∞ k=−∞ kBkk ≤ 2n(kf knkgk 0+ kf kn−1kgk1+ . . . + kf k0kgkn) + kf k0kgk0. En appliquant `a chaque produit kf kn−ikgki le corollaire 1.10 nous obtenons la proposition.
Proposition 1.13. La gradation (1.8) v´erifie fn k≤ Ckn
k
2n−1 f k f n−1 0 . D ´e m o n s t r a t i o n. De la formule (1.8) nous avons fn k= max |α|≤ksupM kDαfnk = max |α|≤ksupM X β1+...+βn=α α! β1! · . . . · βn!· D β1f · Dβ2f · . . . · Dβnf ≤ max |α|≤ksupM X β1+...+βn=α α! β1! · . . . · βn!· kf k|β1|· kf k|β2|· . . . · kf k|βn|. (∗)
A chaque terme de (∗) le corollaire 1.10 s’applique, donc il est born´e par C|α|2n−1 f |α| f n−10 . Finalement, (∗) est estim´e par
max |α|≤kn |α|2n−1C |α| f |α| f n−1 0 ≤ n k2n−1Ck f k f n−1 0 .
5. Quelques propri´et´es alg´ebro-diff´erentielles de C∞(M, gl(N, C)). Nous utiliserons les in´egalit´es du paragraphe pr´ec´edent pour montrer que les applications de C∞(M, gl(N, C)) apparaissant dans la suite sont apprivois´ees et lisses.
Proposition 1.14. Soient F et G deux applications apprivois´ees et lisses d’un ouvert U ⊂ C∞(M, gl(M, C)) `a valeurs dans C∞(M, gl(N, C)). L’application F · G(u) = F (u) · G(u) pour u ∈ U est donc lisse et apprivois´ee. Sa k-i`eme d´eriv´ee suivant les directions {h1, . . . , hk} est donn´e par
(1.12) Dk(F · G){h1, . . . , hk} = X S⊂{1,...,k} D|S|F (f ){hi1, . . . , hi|S|} · D k−|S|G(f ){hj 1, . . . , hjk−|S|} o`u {i1, . . . , i|S|} = S, {j1, . . . , jk−|S|} = {1, . . . , k} \ S.
D ´e m o n s t r a t i o n. F · G est lisse et apprivois´ee puisque la multiplication dans C∞(M, gl(N, C)) l’est (corollaire 1.11). La d´emonstration de (1.12) est une simple cons´equence de la formule de Leibniz.
6. Applications donn´ees par des s´eries enti`eres. La propri´et´e de l’alg`ebre C∞(M, gl(N, C)) qui consiste `a la possibilit´e d’exprimer la convergence de la s´erie enti`ere en termes d’une seule norme joue le rˆole essentiel dans la v´erification si les applications donn´ees par des s´eries de la forme
(1.13) f 7−→F
∞ X
n=0 anfn sont lisses et apprivois´ees.
D´efinition 1.15. Soit A une alg`ebre localement convexe et p, q deux pseudo-normes continues sur A. Nous appelons q estimateur asymptotique de p lorsqu’il existe un entier positif m = m(p, q) tel que p(u1, . . . , un) ≤ q(u1) . . . q(un) pour tous n ≥ m et u1, . . . , un∈ A.
D´efinition 1.16. L’alg`ebre localement convexe A avec une pseudonorme di-stingu´ee p0 est appel´ee AE-alg`ebre lorsque pour toute pseudonorme p sur A il y a suffisamment beaucoup d’estimateurs asymptotiques de p au sens suivant :
Il existe un syst`eme {qν : ν ∈ I} d’estimateurs asymptotiques qν de p tel que (i) {qν : ν ∈ I} est un ensemble filtr´e `a gauche,
(ii) inf{qν(u) : ν ∈ I} = p0(u) pour tout u ∈ A.
Le syst`eme de normes ci-dessus est dit un AE-syst`eme pour la pseudonorme p. Proposition 1.17. C∞(M, gl(N, C)) est une AE-alg`ebre.
D ´e m o n s t r a t i o n. Il suffit de prendre pour p0la norme 0de la gradation (1.8) et pour p une autre pseudonorme de cette gradation. Puis la d´emonstration est similaire `a celle de 3.1.2, exemple 20 dans [2]. La d´emonstration est parti-culi`erement simple lorsque M = S1 et la gradation qui engendre la topologie est (1.9). En ce cas nous prenons p0= k k0, p = k kk et
qτ(f ) = ∞ X n=−∞ (|n|kτ + 1)kAnk pour τ ∈ [0, 1]. Soient an comme en (1.13) et R = (lim sup n n p|an| )−1.
Le nombre R ainsi d´efini est dit le rayon de convergence de la s´erie (1.13). Il r´esulte de 3.2.2.4 dans [2] que la s´erie (1.13) est convergente sur {f : f 0< R} et que l’application F donn´ee par cette s´erie est lisse. Sa k-i`eme d´eriv´ee suivant les directions {h1, . . . , hk} est donn´ee par
DkF (f ){h1, . . . , hk} = ∞ X n=k akDkwn(f ){h1, . . . , hk} o`u wn(f ) = fn. Remarquons que (1.14) Dkwn(f ){h1, . . . , hk} = 1 (n − k)! X σ∈Sn gσ(1). . . gσ(n) pour n ≥ k o`u g1 = f, . . . , gn−k = f et gn−k+1 = h1, . . . , gn = hk et Sn est le groupe des permutations de {1, . . . , n}. Pour k = 1 la formule (1.14) donne
(1.15) Dwn(f )h = X
i+j=n−1 i,j≥0
fihfj
pour n ≥ 1.
Proposition 1.18. Les applications donn´ees par des s´eries enti`eres
(a) `a rayon de convergence infini sont lisses sur C∞(M, gl(N, C)) et appri-vois´ees sur {f : f 0< C} o`u C est une constante positive arbitraire,
(b) `a rayon de convergence R sont lisses et apprivois´ees sur {f : f 0 < C} pour tout C < 12R.
D ´e m o n s t r a t i o n. Comme en 1.13, nous allons estimer la l-i`eme norme du produit gσ(1). . . gσ(n) de (1.14) pour n ≥ k : gσ(1). . . gσ(n) l = max |α|≤lsupM X β1+...+βn=α α! β1! . . . βn!D β1g σ(1). . . Dβngσ(n) ≤ max |α|≤lsupM X β1+...+βn=α α! β1! . . . βn!kD β1gσ(1)k . . . kDβngσ(n)k ≤ max |α|≤l X β1+...+βn=α α! β1! . . . βn! gσ(1) |β1|. . . gσ(n) |βn| = max |α|≤l X β1+...+βn=α α! β1! . . . βn! f |β1|. . . f |βn−k| h1 |βn−k+1|. . . hk |βn|. (∗)
f |β1|. . . f |βn−k| h1 |βn−k+1|. . . hk |βn| ≤ C|β1|+...+|βn−k|2 n−k−1 f |β1|+...+|βn−k| f n−k−1 0 h1 |βn−k+1|. . . hk |βn| ≤ Cl2n−1( f l f n−k−10 h1 0. . . hk 0 + f n−k0 h1 l h2 0. . . hk 0+ . . . + f n−k 0 h1 0. . . hk−1 0 hk l). Alors la s´erie (∗) s’estime par
Clnl2n−1( f l f
n−k−1
0 h1 0. . . hk 0
+ f n−k0 h1 l h2 0. . . hk 0+ . . . + f n−k0 h1 0. . . hk−1 0 hk l). Pour n = k, gσ(1). . . gσ(n) l s’estime par
Clnl2n−1( h1 l h2 0. . . hk 0+ . . . + hk−1 0 hk l). De l`a et de (1.14) nous avons l’in´egalit´e
DkF (f ){h1, . . . , hk} l≤ ∞ X n=k |an| n k k! · nl· 2n−1· f n−k0 × ( h1 l· h2 0· . . . · hk 0+ . . . + h1 0· . . . · hk−1 0· hk l) + ∞ X n=k+1 |an| n k · k! · nl· 2n−1 f n−k−10 · f l· h1 0· . . . · hk 0 . La proposition r´esulte du fait que
lim n→∞ n s n k k!nl2n−1 f n−k−1 0 = 2 f 0.
7. D´eriv´ees suivant les directions de Exp. Nous aurons besoin d’une autre expression de la n-i`eme d´eriv´ee suivant les directions de l’application Exp : C∞(M, gl(N, C)) → C∞(M, gl(N, C)). La formule qui d´ecrit ces d´eriv´ees sera pr´ec´ed´ee de pr´eparatifs combinatoires.
Pour une partition donn´ee, du type 1k12k2. . . nkn, de l’ensemble (d’indices)
{1, . . . , n} soient A1
1, A21, . . . , A k1
1 tous les sous-ensembles `a un ´el´ement de cette partition, A1
2, A22, . . . , A k2
2 tous les sous-ensembles `a deux ´el´ements etc.
Evidem-mentS
i,jA j
i = {1, . . . , n} et A j
i∩ Alk= ∅ pour (i, j) 6= (k, l). Pour les ensembles de cette partition nous ´etablissons l’ordre suivant :
(1.16) Aji ≺ Alk⇐⇒ min Ad´ef ji > min Alk.
Maintenant nous pouvons num´eroter ces ensembles d’un indice ν = 1, 2, . . . , k1+ . . . + kn suivant l’ordre (1.16).
Exemple 1.19. Consid´erons la partition {2}, {3}, {1, 5, 6}, {4, 7, 8, 9, 10} de {1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10} (c’est une partition du type 123151). Nous avons A1
1 = {2}, A2
nous avons A1
5≺ A21≺ A11≺ A13 et alors A1= A51, A2= A21, A3= A11, A4= A13. Les ´el´ements de l’ensemble Aji sont ordonn´es de la fa¸con naturelle.
Proposition 1.20. Nous avons (1.17) DnExp(f ){h1, . . . , hn} = Exp(f ) X k1·1+...+kn·n=n k1≥0,...,kn≥0 X partitions du type 1k1...nkn k1+...+kn Y ν=1 ∞ X m=|Aν|−1 (−1)m P σadgσ(1) · . . . · adgσ(m)hlν1 (m + 1)!(m − |Aν| + 1)!
o`u Σ1 s’´etend sur toutes les permutations de m ´el´ements, g1= f, . . . , gm−|Aν|+1= f,
gm−|Aν|+2 = hlν2, . . . , gm= hl ν |Aν |,
et |Aν| est la cardinalit´e Aν.
D ´e m o n s t r a t i o n. Pour n = 1, d’apr`es (1.15) nous avons
(1.18) D Exp(f )h = Exp(f ) ∞ X m=0 (−1)m ad m f (h) (m + 1)! = Exp(f )(Φ(− adf)h) o`u Φ : C → C est donn´ee par Φ(z) = (ez − 1)/z. Il est facile de voir que, pour n = 1, (1.17) et (1.18) co¨ıncident. Supposons que (1.17) a lieu pour 1, . . . , n. Nous avons
Dn+1P (f ){h1, . . . , hn+1} = d dsD
nP (f + shn+1){h1, . . . , hn} |s=0. Pour P = Exp nous avons
Dn+1Exp(f ){h1, . . . , hn+1} = d dsD nExp(f + shn+1){h1, . . . , hn} |s=0 = Exp(f )(Φ(− adf)hn+1) X k1·1+...+kn·n=n k1≥0,...,kn≥0 X partitions du type 1k1 ...nkn k1+...kn Y ν=1 ∞ X m=|Aν|−1 (−1)m P σadgσ(1)· . . . · adgσ(m)hlν1 (m + 1)!(m − |Aν| + 1)! + Exp(f ) X k1·1+...+kn·n=n k1≥0,...,kn≥0 X partitions du type 1k1 ...nkn k1+...+kn X ν=1 ν−1 Y µ=1 ∞ X m=|Aµ|−1 (−1)m P σadgσ(1)· . . . · adgσ(m)hlµ1 (m + 1)!(m − |Aµ| + 1)!
· ∞ X m=|Aν| (−1)m P σadgσ(1)· . . . · adgσ(m)hlν1 (m + 1)!(m − |Aν|)! · k1+...+kn Y µ=ν+1 ∞ X m=|Aµ|−1 (−1)m P σadgσ(1)· . . . · adgσ(m)hlµ1 (m + 1)!(m − |Aµ| + 1)! . Notons que dans le facteur relatif `a Aν on a g1= hlν
2, . . . , g|Aν|−1= hlν|Aν |−1, g|Aν|
= hn+1, g|Aν|+1 = f, . . . , gm= f.
1. Il est ´evident que dans chaque terme relatif `a la partition de {1, . . . , n + 1}, l’ordre d´ecrit ci-dessus est conserv´e.
2. Lorsque {n + 1} est un ´el´ement de la partition de {1, . . . , n + 1} le produit correspondant apparaˆıt une seule fois dans le premier terme pr´ec´ed´e par Exp(f ). 3. Lorsque {l1, l2, . . . , lk, n + 1} appartient `a la partition de {1, . . . , n + 1} le produit relatif `a cette partition apparaˆıt dans le deuxi`eme terme pr´ec´ed´e par Exp(f ) comme le r´esultat de la diff´erentiation du produit relatif `a la partition de l’ensemble {1, 2, . . . , n} contenant {l1, . . . , lk}.
Chapitre II
Soit M une vari´et´e r´eelle compacte de classe C∞. Soit g = C∞(M, gl(N, C)) = X1⊕ . . . ⊕ Xk une d´ecomposition en somme directe de sous-espaces lin´eaires. Notons Pi : g → Xi, i = 1, . . . , k, les projections correspondantes. Nous allons consid´erer l’application
(2.1) P (f ) =
k Y
i=1
Exp(Pi(f ))
de g dans G = C∞(M, GL(N, C)). Notre but est de d´emontrer le th´eor`eme sui-vant :
Th´eor`eme 2.1. Si chaque projection Pi est apprivois´ee et les espaces Xi sont des sous-alg`ebres de g tels que Xj ⊕ . . . ⊕ Xk, pour j = 2, 3, . . . , k, l’est aussi , il existe un voisinage ouvert V de z´ero de g et un voisinage ouvert U de l’´el´ement neutre de G tels que P est un diff´eomorphisme de V sur U .
Nous ne savons pas si l’hypoth`ese que les projections Pi sont apprivois´ees est essentielle. C’est une exigence de la m´ethode du th´eor`eme de Nash et Moser. D’autre part, il existe plusieurs d´ecompositions importantes de g qui v´erifient ces conditions. De telles d´ecompositions et les applications des th´eor`emes d´emontr´es dans ce chapitre seront discut´es dans le chapitre IV.
Conform´ement `a la m´ethode pr´esent´ee dans le chapitre I, bas´ee sur le th´eor`eme de Nash et Moser, nous allons montrer successivement que P est lisse apprivois´ee, que sa d´eriv´ee suivant la direction est bijective pour un voisinage ouvert de z´ero et que l’application inverse `a la d´eriv´ee est continue et apprivois´ee.
1. P est lisse apprivois´ee
Proposition 2.2. Soient Pi (i = 1, . . . , k) des projections apprivois´ees du degr´e r avec la base b. Alors l’application P d´efinie par (2.1) est lisse et apprivois´ee du degr´e r avec la base b.
D ´e m o n s t r a t i o n. L’application Exp : g → G, donn´ee par une s´erie enti`ere `
a rayon de convergence infini, est lisse sur g et apprivois´ee sur {f : f 0< C} pour tout C > 0 (cf. proposition 1.18). L’application Exp ◦Piest lisse et apprivois´ee (cf. 2.1.6 dans [3], deuxi`eme partie). D’autant plus, comme des applications donn´ees par des s´eries enti`eres sont apprivois´ees du degr´e z´ero, Exp ◦Piest apprivois´ee du mˆeme degr´e que Pi. La proposition 1.14 montre que
Exp ◦P1· . . . · Exp ◦Pk est lisse et apprivois´ee.
2. Bijectivit´e des d´eriv´ees de P Lemme 2.3. Nous avons
(2.2) DP (f )h
= Exp(P1f ) · (Φ(− adP1f)P1h) · Exp(P2f ) · . . . · Exp(Pkf )
+ Exp(P1f ) · Exp(P2f ) · (Φ(− adP2f)P2h) · Exp(P3f ) · . . . · Exp(Pkf )
+ . . . + Exp(P1f ) · . . . · Exp(Pkf ) · (Φ(− adPkf)Pkh)
o`u Φ(z) = (ez− 1)/z (cf. (1.18)).
D ´e m o n s t r a t i o n. Exp ◦Piest de classe C∞, donc P = Exp ◦P1· . . . · Exp ◦Pk
l’est aussi (cf. proposition 1.14), et la formule du lemme r´esulte de (1.18). Soit V = {f ∈ g : f 0< 1}. Pour f ∈ V, h ∈ g et i = 1, . . . , k, posons
Ai(f )h = Exp ◦P1(f ) · . . . · Exp ◦Pi(f ) (2.3)
· (Φ(− adPif)h) · Exp ◦Pi+1(f ) · . . . · Exp ◦Pk(f ).
Les applications Exp ◦Pi et (f, h) 7→ ∞ X n=1 X k+l=n−1 k,l≥0 (Pif )k· h · (Pif )l n!
sont lisses apprivois´ees, donc il en est de mˆeme de (f, h) 7→ Φ(− adPif)h et Ai:
V × g → g.
Fixons f ∈ V et consid´erons l’application lin´eaire
(2.4) g3 h 7→ Ai(f )h ∈ g.
D ´e m o n s t r a t i o n. Nous allons montrer que l’´equation
(2.5) Ai(f )h = k
a, pour tout k, une seule solution. Multiplions (2.5) `a gauche par Exp(−Pif ) · Exp(−Pi−1f ) · . . . · Exp(−P1f ) et `a droite par Exp(−Pkf ) · Exp(−Pk−1f ) · . . . · Exp(−Pi+1f ). Nous obtenons
Φ(− adPif)h = Exp(−Pif ) · . . . · Exp(−P1f )
· k · Exp(−Pkf ) · Exp(−Pk−1f ) · . . . · Exp(−Pi+1f ), d’o`u
h = Φ−1(− adPif)(Exp(−Pif ) · . . . · Exp(−P1f )
· k · Exp(−Pkf ) · . . . · Exp(−Pi+1f )) o`u Φ−1(z) = z/(ez− 1).
D´esignons par V Ai(f ) l’application inverse `a (2.4). Lemme 2.5. L’application
Vi× g 3 (f, k) 7→ V Ai(f )k ∈ g, o`u Vi= {f : Pif 0< 1/4}, est continue apprivois´ee.
D ´e m o n s t r a t i o n. Puisque la multiplication de l’alg`ebre C∞(M, gl(N, C)) est continue et apprivois´ee, l’application
V × g 3 (f, k) 7→
Exp(−Pif ) · . . . · Exp(−P1f ) · k · Exp(−Pkf ) · . . . · Exp(−Pi+1f ) ∈ g est continue et apprivois´ee. Nous allons donc montrer que l’application
Vi× g 3 (f, k) 7→ Φ−1(− adPif)k ∈ g
est continue et apprivois´ee. Soient f, f + ∆f ∈ Vi. Nous avons Φ−1(− adPi(f +∆f ))(k + ∆k) − Φ −1(− adP if)k = Φ−1(− adPi(f +∆f ))k − Φ −1(− adP if)k + Φ −1(− adP i(f +∆f ))∆k. La fonction Φ−1(z) a le d´eveloppement Φ−1(z) = ∞ X n=0 Bn n! z n
o`u Bn est le n-i`eme nombre de Bernoulli, |Bn| ≤ n!. Puisque (adnPi(f +∆f )− ad n Pif)k = X ν+µ=n−1 ν,µ≥0 adνPi(f +∆f )· adPi∆f· ad µ Pifk,
nous avons
(adnPi(f +∆f )− adnPif)k l ≤ Cn2n+l(n + 1)l((max( Pi(f + ∆f ) l, Pif l)) × (max( Pi(f + ∆f ) 0, Pif 0))
n−1
Pi(∆f ) 0 k 0 + (max( Pi(f + ∆f ) 0, Pif 0))n Pi(∆f ) l k 0 + (max( Pi(f + ∆f ) 0, Pif 0))
n
Pi(∆f ) 0 k l). Il s’ensuit que la l-i`eme norme de
Φ−1(− adPi(f +∆f ))(k + ∆k) − Φ
−1(− adP
if)k
tend vers z´ero lorsque la l-i`eme norme des Pi(∆f ) et de k tend vers z´ero. La d´emonstration que (f, k) 7→ Φ−1(− adPif)k est apprivois´ee est similaire.
Nous avons ∞ X n=0 (−1)nBn n! ad n Pifk l ≤ Cl ∞ X n=0
22n+l(n + 1)l( Pif l Pif 0n−1 k 0+ Pif n0 k l). Le membre droit est convergent pour f dans {f : Pif 0< 1/4}.
Nous allons montrer que l’´equation DP (f )h = l a une seule solution pour toute f telle que Pif 0< 1/4, i = 1, . . . , k. D’apr`es le lemme 2.3 nous pouvons ´
ecrire cette ´equation sous la forme
(2.6) Exp(P1f ) · (Φ(− adP1f)P1h) · Exp(P2f ) · . . . · Exp(Pkf )
+ Exp(P1f ) · Exp(P2f ) · (Φ(− adP2f)P2h) · Exp(P3f ) · . . . · Exp(Pkf )
+ . . . + Exp(P1f ) · Exp(P2f ) · . . . · Exp(Pkf ) · (Φ(− adPkf)Pkh) = l.
Nous multiplions (2.6) `a gauche par Exp(−P1f ) et `a droite par Exp(−Pkf ) · Exp(−Pk−1f ) · . . . · Exp(−P2f ). Cette op´eration est un automorphisme continu et apprivois´e de g. Notons ‘l l’effet de cette op´eration sur le membre droit de (2.6). Alors
Φ(− adP1f)P1h + Exp(adP2f)Φ(− adP2f)P2h
+ Exp(adP2f) Exp(adP3f) . . . Exp(adPkf)Φ(− adPkf)Pkh
= ‘l = P1‘l + . . . + Pk‘l.
Il est ´evident que Φ(− adP1f)P1h ∈ P1g et que la somme des autres termes
ap-partient `a P2g⊕ P3g⊕ . . . ⊕ Pkg. Donc
Φ(− adP1f)P1h = P1‘l
et
Exp(adP2f)Φ(− adP2f)P2h + . . . +
En appliquant Exp(− adP2f) et en d´esignant le r´esultat de cette op´eration sur le
membre droit par “l nous avons encore
Φ(− adP2f)P2h = P2“l.
Nous continuons ce proc´ed´e jusqu’`a
Φ(− adPkf)Pkh = Pk
(k) l. Par cons´equent,
(2.7) V P (f )l = Φ−1(− adP1f)P1‘l + . . . + Φ
−1(− adP
kf)Pk
(k)l.
D’apr`es le lemme 2.5 l’application (f, l) 7→ V P (f )l est continue et apprivois´ee sur {f : Pif 0 < 1/4, i = 1, . . . , k} × g. Il r´esulte du th´eor`eme 3.1.1 dans la deuxi`eme partie de [3] que V P est lisse apprivois´ee. Les hypoth`eses du th´eor`eme de Nash et Moser ´etant ainsi v´erifi´ees, P est donc une bijection lisse (`a l’inverse lisse) d’un voisinage de z´ero de C∞(M, gl(N, C)) sur un voisinage ouvert de l’unit´e de C∞(M, GL(N, C)).
Chapitre III
Nous allons consid´erer l’application Q de l’alg`ebre de Lie g = C∞(S1, gl(N, C)) dans le groupe de Lie G = C∞(S1, GL(N, C)) d´efinie par
(3.1) Q(f )(t) = ∞ Y j=−∞ Exp(Ajeijt) pour f (t) = ∞ X j=−∞ Ajeijt. Notre but consiste `a d´emontrer le th´eor`eme suivant :
Th´eor`eme 3.1. L’application Q est lisse sur g et apprivois´ee sur l’ensemble {f ∈ g : kf k0 < C} pour tout C > 0. L’application Q restreinte `a V = {f ∈ g : kf k0 < 12ln 2} a la d´eriv´ee suivant la direction bijective comme application g 3 h 7→ DP (f )h ∈ g. Par cons´equent , Q d´efinit un diff´eomorphisme d’un voisinage ouvert de z´ero de g sur un voisinage ouvert de l’´el´ement neutre de G.
La d´emonstration suit le proc´ed´e du th´eor`eme de Nash et Moser. Nous allons montrer que Q est lisse apprivois´ee, qu’elle a la d´eriv´ee bijective et que la famille d’applications V Q est continue et apprivois´ee. Au d´ebut nous introduisons un formalisme pour manipuler les s´eries de Fourier d’´el´ements de g.
1. S´eries formelles de variables non commutatives. Soit l un entier posi-tif. Soit Υ l’ensemble compos´e du nombre 0 et de toutes les paires de multiindices
tels que νk est un entier positif, 1 ≤ νk ≤ l, et jk est un entier quelconque, k = 1, . . . , s. Pour une application fix´ee αω : Υ → C not´ee
(3.2) αω((ν1, . . . , νs); (j1, . . . , js)) = α(ν1,...,νs)
(j1,...,js), αω(0) = α0,
nous consid´erons la s´erie formelle de variables Xj,ν, j = 0, ±1, . . . , ν = 1, . . . , l, donn´ee par
(3.3) α01 +Xα(ν1,...,νs)
(j1,...,js)Xj1,ν1. . . Xjs,νs.
D´esignons par Pl l’ensemble de toutes les s´eries formelles de cette forme. Soit ω1, ω2∈ Pl, ω1= α01 +Xα(ν1,...,νs) (j1,...,js)Xj1,ν1. . . Xjs,νs, (3.4) ω2= β01 +Xβ(µ1,...,µr) (k1,...,kr)Xk1,µ1. . . Xkr,µr. (3.5)
Nous d´efinissons leur produit ω1· ω2∈ Pl par ω1· ω2= α0β01 + X β0α(ν1,...,νs) (j1,...,js)Xj1,ν1. . . Xjs,νs +Xα0β(µ1,...,µr) (k1,...,kr)Xk1,µ1. . . Xkr,µr + X γ(ξ1,...,ξp) (l1,...,lp)Xl1,ξ1. . . Xlp,ξp o`u γ(ξ1,...,ξp) (l1,...,lp) = P r+s=pα (ξ1,...,ξs) (l1,...,ls)β (ξs+1,...,ξs+r)
(ls+1,...,ls+r) . L’ensemble Pl avec la naturelle
addition de s´eries, multiplication par les scalaires et multiplication d´ecrite ci-dessus constitue une alg`ebre (avec unit´e 1).
Soient f1, . . . , fl ∈ g tels que fν(t) =
∞ X
j=−∞
Aj,νeijt, ν = 1, . . . , l.
L’´evaluation de la s´erie formelle (3.3) sur le vecteur (f1, . . . , fl) est
(3.6) ω(f1, . . . , fl) =
∞ X
j=−∞ βjeijt o`u βj est la s´erie formelle de la forme
(3.7) βj = X j1+...+js=j s=1,2,... α(ν1,...,νs) (j1,...,js)Aj1,ν1. . . Ajs,νs pour j 6= 0, β0= α0I + X j1,...,js=0 s=1,2,... α(ν1,...,νs) (j1,...,js)Aj1,ν1. . . Ajs,νs
(nous d´esignons par I la matrice unit´e).
la s´erie (3.8) |α0| + ∞ X j=−∞ X j1+...+js=j s=1,2,... |α(ν1,...,νs) (j1,...,js)| · kAj1,ν1k . . . kAjs,νsk
est convergente. En ce cas la somme (3.8) est not´ee |ω(f1, . . . , fl)|. (Rappelons que k k d´esigne la norme d’op´erateur sur gl(N, C).)
Lemme 3.2. Nous avons
|(ω1+ ω2)(f1, . . . , fl)| ≤ |ω1(f1, . . . , fl)| + |ω2(f1, . . . , fl)|, |(ω1· ω2)(f1, . . . , fl)| ≤ |ω1(f1, . . . , fl)| · |ω2(f1, . . . , fl)|.
La d´eriv´ee formelle de la s´erie formelle (3.3) donn´ee par αω est la s´erie ω0 donn´ee par αω0 : Υ → C o`u
αω0((ν1, . . . , νs); (j1, . . . , js)) = i(j1+ . . . + js)α(ν1,...,νs)
(j1,...,js), αω
0(0) = 0
(i signifie l’unit´e imaginaire). Par r´ecurrence, nous d´efinissons la k-i`eme d´eriv´ee formelle ω(k) comme la d´eriv´ee de ω(k−1).
Exemple 3.3. Soit ω∈P1, ω((Xj)∞j=−∞) = Xn pour n fix´e. Alors on a ω(k)((Xj)∞j=−∞) = (n · i)kXn.
Lemme 3.4. La diff´erentiation dans Pl ob´eit la formule de Leibniz :
(ω1ω2)(k) = X k1+k2=k k1,k2≥0 k k1 ω(k1) 1 ω (k2) 2 .
D ´e m o n s t r a t i o n. Il suffit de montrer que (ω1· ω2)0 = ω10· ω2+ ω1· ω20. Avec les d´efinitions (3.4) et (3.5) nous avons
(ω1ω2)0= Xi(j1+ . . . + js)β0α(ν1,...,νs) (j1,...,js)Xj1,ν1. . . Xjs,νs +Xi(k1+ . . . + kr)α0β(µ1,...,µr) (k1,...,kr)Xk1,µ1. . . Xkr,µr +Xi(j1+ . . . + js+ k1+ . . . + kr) × X s+r=p α(ν1,...,νs) (j1,...,js)β (µ1,...,µr) (k1,...,kr)Xj1,ν1. . . Xjs,νsXk1,µ1. . . Xkr,µr . D’autre part, ω10ω2+ ω1ω02=Xi(j1+ . . . + js)α(ν1,...,νs) (j1,...,js)Xj1,ν1· . . . · Xjs,νs ×β01 +Xβ(µ1,...,µr) (k1,...,kr)Xk1,µ1· . . . · Xkr,µr +α01 +Xα(ν1,...,νs) (j1,...,js)Xj1,ν1· . . . · Xjs,νs ×Xi(k1+ . . . + kr)β(µ1,...,µr) (k1,...,kr)Xk1,µ1· . . . · Xkr,µr
= Xi(j1+ . . . + js)β0α(ν1,...,νs) (j1,...,js)Xj1,ν1· . . . · Xjs,νs+ +Xi(k1+ . . . + kr)α0β(µ1,...,µr) (k1,...,kr)Xk1,µ1· . . . · Xkr,µr+ +X X s+r=p i(j1+ . . . + js+ k1+ . . . + kr)α(ν1,...,νs) (j1,...,js)β (µ1,...,µr) (k1,...,kr) · · Xj1,ν1· . . . · Xjs,νs· Xk1,µ1· . . . · Xkr,µr = (ω1· ω2) 0.
Lemme 3.5. Pour tous ω1, ω2∈ Pl et pour toutes fonctions f1, . . . , fl ∈ g on a |(ω1· ω2)(k)(f1, . . . , fl)| ≤ X k1+k2=k k1,k2≥0 k k1 |ω(k1) 1 (f1, . . . fl)| · |ω (k2) 2 (f1, . . . , fl)|.
D ´e m o n s t r a t i o n. Il suffit d’employer les lemmes 3.2 et 3.4. Exemple 3.6. Soit F : C → C une fonction analytique
F (z) = ∞ X
k=0 akzk. Nous d´efinissons la s´erie ω ∈ P1par
(3.9) ω((Xj)∞j=−∞) = a01 + ∞ X k=1 ak(Xn)k = F (Xn), c’est-`a-dire, α0 = a0 et α(1,...,1)(j 1,...,js) = δ n j1δ n j2. . . δ n jsas o`u δ i
j est le symbole de Kro-necker. Alors, αω0((1, 1, . . . , 1) | {z } s fois 1 ; (n, n, . . . , n) | {z } s fois n ) = (i · n · s)as. Autrement dit, ω0((Xj)∞j=−∞) = ∞ X k=1 ak(ink)(Xn)k = (inXn) · ∞ X k=1 kak(Xn)k−1 = (inXn) · F0(Xn) = F0(Xn) · (Xn)0.
Nous avons donc le lemme suivant :
Lemme 3.7. La diff´erentiation des s´eries formelles de la forme (3.9) ob´eit la formule de diff´erentiation de fonctions compos´ees (la formule de Faa di Bruno). En particulier , si F (z) = ez, nous avons
ω(k)((Xj)∞j=−∞)
= exp(Xn) X
l1·1+...+lk·k=k
l1,...,lk≥0
κ(l1, . . . , lk)(inXn)l1((in)2Xn)l2. . . ((in)kXn)lk
pour κ(l1, . . . , lk) = k!/(l1!(1!)l1· . . . · l
k!(k!)lk) et k = 1, 2, . . . Les lemmes 3.5 et 3.7 entraˆınent
Lemme 3.8. Pour ω((Xj)∞j=−∞) = exp(Xn) et f (t) = P∞ j=−∞Aje ijt nous avons |ω(k)(f )| ≤ exp(kAjk) × X l1·1+...+lk·k=k l1,...,lk≥0 κ(l1, . . . , lk)(|n|kAnk)l1(n2kA nk)l2· . . . · (|n|kkAnk)lk pour k = 1, 2, . . . Exemple 3.9. Soit ω ∈ P2, ω((Xj,1)∞j=−∞, (Xj,2)∞j=−∞) = ∞ X m=0 (−1)mad m Xn,1Xn,2 (m + 1)! pour n fix´e. Nous avons
ω(k)((Xj,1)∞j=−∞, (Xj,2)∞j=−∞) = ∞ X m=0 (−1)m(i(m + 1)n) kadm Xn,1Xn,2 (m + 1)! . Si f (t) =P∞j=−∞Ajeijtet h(t) =P∞
j=−∞Hjeijt, nous avons |ω(k)(f, h)| ≤ exp(CkkA
nk) · nkkHnk o`u Ck est une constante ne d´ependant que de k.
Exemple 3.10. Soit ω ∈ Pk+1 (k = 1, 2, . . .) d´efinie par ω((Xj,1)∞j=−∞, . . . , (Xj,k+1)∞j=−∞) = ∞ X m=k−1 P σ∈Sm( Qm s=1adYσ(s))Xn,k0+1 (m + 1)!(m − k + 1)!
o`u Y1 = Xn,1, . . . , Ym−k+1 = Xn,1, Ym−k+2 = Xn,2, Ym−k+3 = Xn,3, . . . , Ym−k+k0 = Xn,k0, Ym−k+k0+1 = Xn,k0+2, . . . , Ym = Xn,k+1. Si f (t) =
P∞
j=−∞Aje
ijt et hν(t) =P∞
j=−∞Hj,νe
ijt pour ν = 1, . . . , k, nous avons
|ω(l)(f, h1, . . . , hk)| ≤ exp(ClkA
nk) · kHn,1k · . . . · kHn,kknl o`u Cl est une constante qui ne d´epend que de l.
Lemme 3.11. Soient ω ∈ Pl et f1, . . . , fl ∈ g. Supposons que |ω(k)(f1, . . . , fl)| = Ck< ∞
(k = 0, 1, 2, . . .). Alors
(a) la s´erie (3.7) est convergente, (b) ω(f1, . . . , fl) ∈ g et
kω(f1, . . . , fl)kk ≤ C0+ Ck (rappelons que k kk est la norme (1.9)).
D ´e m o n s t r a t i o n. (a) La convergence de la s´erie (3.8) implique la conver-gence absolue de la s´erie (3.7).
(b)P∞j=−∞βjeijt∈ g lorsque, pour tout k = 0, 1, 2, . . . , (∗) ∞ X j=−∞ |j|kkβ jk < ∞.
Mais ω(k)(f1, . . . , fl) =P∞j=−∞(ij)kβjeijt. De l’hypoth`ese et de la sous-multipli-cativit´e de la norme k k nous avons
(∗∗)
∞ X
j=−∞
|j|kkβjk ≤ Ck
et le fait que les nombres Cksont finis signifie que la premi`ere partie de l’assertion (b) a lieu. L’estimation kω(f1, . . . , fl)kk ≤ C0 + Ck r´esulte de (∗∗) et de la d´efinition de la norme k kk.
2. L’application Q est lisse apprivois´ee. D´efinissons d’abord quelques applications auxiliaires g → G : Q+(f )(t) = ∞ Y j=1 Exp(Ajeijt), (3.10) Q+n(f )(t) = n Y j=1 Exp(Ajeijt) o`u n = 1, 2, 3, . . . , (3.11) Q0(f ) = Exp(A0), (3.12) Q−(f )(t) = −1 Y j=−∞ Exp(Ajeijt), (3.13)
les facteurs des produits ´etant toujours num´erot´es “de gauche `a droite”.
L’application Q est maintenant repr´esent´ee comme Q(f )=Q−(f )Q0(f )Q+(f ). D’apr`es la proposition 1.14 il suffit de montrer que Q−, Q0 et Q+ sont lisses apprivois´ees. Le cas de Q0 est ´evident. Par sym´etrie il suffit de consid´erer Q+. Il r´esulte de la proposition 1.14 et de la d´emonstration de la proposition 2.2 que les Q+
n sont lisses. En utilisant le th´eor`eme 0.2.3 de [2], nous allons montrer que l’application (3.14) Q+ = Q+1 + ∞ X n=2 (Q+n − Q + n−1) est lisse.
D´efinition 3.12. Pour k = 0, 1, 2, . . . nous disons que les entiers non n´egatifs c1, . . . , cl v´erifient la condition b(k), et nous ´ecrivons (c1, . . . , cl) ∈ b(k), quand
c1· 1 + c2· 2 + . . . + cl· l = k.
Lemme 3.13. Pour tout entier positif k et tous r´eels a1, b1, . . . , ak, bk, X k1+k2=k k1,k2≥0 k k1 X (c1,...,ck)∈b(k1) k1! c1!(1!)c1. . . ck!(k!)cka c1 1 . . . a ck k (3.15) × X (d1,...,dk)∈b(k2) k2! d1!(1!)d1. . . dk!(k!)dkb d1 1 . . . b dk k = X (l1,...,lk)∈b(k) κ(l1, . . . , lk)(a1+ b1)l1. . . (ak+ bk)lk.
D ´e m o n s t r a t i o n. Nous groupons le membre gauche de (3.15) en sommes de produits tels que, pour une solution fix´ee de l’´equation
l1· 1 + l2· 2 + . . . + lk· k = k, on a les ´egalit´es c1+ d1= l1, c2+ d2= l2, . . . , ck+ dk = lk. En ce cas k k1 k1! c1!(1!)c1. . . ck!(k!)cka c1 1 . . . a ck k k2! d1!(1!)d1. . . dk!(k!)dkb d1 1 . . . b dk k = k! l1!(1!)l1. . . lk!(k!)lka c1 1 b d1 1 l1 c1 . . . ack k b dk k lk ck . Donc la somme correspondant `a (l1, . . . , lk) ∈ b(k) est
k!
l1!(1!)l1. . . lk!(k!)lk(a1+ b1)
l1. . . (ak+ bk)lk,
ce qui termine la d´emonstration.
Lemme 3.14. Pour tout entier positif n, toute norme de (1.9) et toute fonction f ∈ g (f (t) =P∞j=−∞Ajeijt) on a kQ+n(f )k0≤ exp n X j=1 kAjk , (3.16) kQ+n(f )kk≤ exp n X j=1 kAjk ×1 + X (l1,...,lk)∈b(k) κ(l1, . . . , lk) · n X j=1 jkAjkl1. . . n X j=1 jkkAjk lk . D ´e m o n s t r a t i o n. Soit γn ∈ P1, γn((Xj)∞j=−∞) = exp(Xn) et soit ωn ∈ P1 d´efinie par ωn =
Qn
j=1γj. Nous avons γn(f ) = Exp(Ane
int) et ωn(f ) = Q+n(f ) pour n = 1, 2, . . . Nous allons montrer, par r´ecurrence sur n, que pour k = 0, 1, 2, . . . ,
(3.17) |ω(k) n (f )| ≤ exp Xn j=1 kAjk × X (l1,...,lk)∈b(k) κ(l1, . . . , lk) · Xn j=1 jkAjk l1Xn j=1 j2kAjk l2 . . . Xn j=1 jkkAjk lk . Pour n = 1, ω1 = γ1 et l’in´egalit´e (3.17) a lieu, pour k = 1, 2, . . . , en vertu du lemme 3.8. Supposons que (3.17) a lieu pour les entiers inf´erieurs `a n et pour tout k = 0, 1, 2, . . . (pour k = 0 le deuxi`eme facteur de (3.17) manque). Du lemme 3.4 nous avons ωn(k) = X k1+k2=k k1,k2≥0 k k1 ω(k1) n−1γ (k2) n . D’o`u et du lemme 3.5, |ω(k) n (f )| ≤ X k1+k2=k k1,k2≥0 k k1 |ω(k1) n−1(f )| · |γ (k2) n |.
De l’hypoth`ese de r´ecurrence appliqu´ee `a ω(k1)
n−1, k1 = 0, 1, . . . , k, et des lemmes 3.13 et 3.8 appliqu´es `a γ(k2)
n , k2= 0, 1, . . . , k, nous obtenons (3.17). L’in´egalit´e (3.16) r´esulte du lemme 3.11(b).
Corollaire 3.15. Pour chaque f ∈ C∞(S1, gl(N, C)) et k = 0, 1, 2, . . . la suite (kQ+
n(f )kk)∞n=1 est born´ee par une constante Cf,k.
Proposition 3.16. L’application Q+: g → G est bien d´efinie, lisse et appri-vois´ee sur {f : kf k0< C} pour tout C > 0.
D ´e m o n s t r a t i o n. Nous allons montrer que la s´erie d’applications (3.14) satisfait aux hypoth`eses du th´eor`eme sur la diff´erentiabilit´e au sens de Michel– Bastiani (les points (a), (b), (d) de la d´emonstration) (cf. 0.2.3 dans [2]). Notam-ment, nous allons montrer que :
(a) La s´erie (3.14) converge en chaque point.
(b) La s´erie des d´eriv´ees suivant les directions du second membre de (3.14) converge en chaque point.
(c) L’application Q+ ainsi que ses d´eriv´ees suivant les directions satisfont aux estimations apprivois´ees, du degr´e 0 avec la base 0, pour la gradation (1.9).
(d) Pour toutes f, h1, . . . , hk ∈ g et pour toute norme (1.9) il existe un voisi-nage ouvert U de f et un voisivoisi-nage ouvert Uj de hj (j = 1, . . . , k) tels que la s´erie DkQ+1(f ){h1, . . . , hk} + ∞ X n=2 Dk(Q+n − Q+ n−1)(f ){h1, . . . , hk} converge uniform´ement sur U × U1× . . . × Uk.
(a) Nous allons montrer davantage, `a savoir que la s´erie (3.14) converge abso-lument en chaque point. Pour tout k nous avons
kQ+ 1(f )kk+ ∞ X j=2 kQ+ j (f ) − Q + j−1(f )kk = kQ+1(f )kk+ ∞ X j=2
kQ+j−1(f )(Exp(Ajeijt) − I)kk.
En vertu de la proposition 1.12, le membre droit ne d´epasse pas kQ+1(f )kk+ Ck·
∞ X
j=2
kQ+j−1(f )kk· k Exp(Ajeijt) − Ik0
+kQ+j−1(f )k0· k Exp(Ajeijt) − Ikk ≤ kQ+1(f )kk+ Ck· (Cf,k+ Cf,0) ·
∞ X
j=2
k Exp(Ajeijt) − Ikk
d’apr`es le corollaire 3.15, ce qui est major´e par |ω1(k)(f )| + |ω1(f )| + Ck· (Cf,k+ Cf,0) ·
X∞
j=2
(|γj(k)(f )| + |γj(f )| − 1)
pour ωj et γj d´efinies comme dans la d´emonstration du lemme 3.14.
Pour prouver la convergence de la s´erie ci-dessus, notons que la s´erie P∞
j=2|γj(f ) − 1| = P∞
j=2(exp(kAjk) − 1) est convergente parce que la s´erie P∞
j=−∞kAjk l’est. En employant la formule du lemme 3.8 on voit ais´ement que ∞ X j=1 |γj(k)(f )| ≤ exp ∞ X j=1 kAjk· X (l1,...,lk)∈b(k) κ(l1, . . . , lk) · ∞ X j=1 jk· kAjkl1+...+lk < ∞.
La convergence ponctuelle de Q+n signifie que Q+ est bien d´efinie.
(b) Nous allons montrer que la s´erie des d´eriv´ees suivant les directions des applications en (3.14) est, en chaque point et pour toute famille de directions, absolument convergente. Nous commen¸cons par montrer que les d´eriv´ees suivant les directions des applications Q+
n sont, en un point fix´e et pour les directions fix´ees, born´ees dans leur ensemble en norme arbitraire de la gradation (1.9) fix´ee. Dans ce but nous allons ´ecrire la formule de la k-i`eme d´eriv´ee suivant les directions de l’application Q+
Soient h1, . . . , hk ∈ g avec hs(t) = ∞ X j=−∞ Hj,seijt (s = 1, . . . , k). D’apr`es (1.12) nous avons
(3.18) DkQ+n(f ){h1, . . . , hk} = X W1∪...∪Wn={1,...,k} Wi∩Wj =∅ n Y j=1 D|Wj|Exp(Ajeijt){H j,kj1e ijt , . . . , Hj,kj |Wj |e ijt} o`u {kj1, . . . , kj|W
j|} = Wj. (Remarquons que pour un terme fix´e, tout au plus k
ensembles Wj sont non vides.) D’apr`es (1.17) nous avons (3.19) DkQ+n(f ){h1, . . . , hk} = X W1∪...∪Wn={1,...,k} Wi∩Wj =∅ X (τ1j,...,τj |Wj |)∈b(|Wj|) X partitions du type 1τ j 1...|Wj| τj |Wj | n Y j=1 Exp(Ajeijt) · τ1j+...+τj |Wj | Y ν=1 ∞ X m=|Aj,ν|−1 (−1)m P σ∈Smadgσ(1)· . . . · adgσ(m)Hj,k1j,νe ijt (m + 1)!(m − |Aj,ν| + 1)!
o`u Aj,ν est un ´el´ement de la partition de Wj, l’indice ν ´etant conforme `a l’ordre d´ecrit en (1.16), Aj,ν = {k j,ν 1 , . . . , k j,ν |Aj,ν|}, k j,ν 1 < k j,ν 2 < . . . < k j,ν |Aj,ν|, et g1= Ajeijt, . . . , gm−|Aj,ν|+1 = Aje ijt, gm−|Aj,ν|+2 = Hj,kj,ν2 e ijt, . . . , gm= H j,kj,ν |Aj,ν | eijt.
Nous allons estimer les normes de la fonction (3.19) en employant le sch´ema du premier paragraphe de ce chapitre. En substituant, dans (3.19), Ajeijt par Xj,1 et Hj,νeijt par Xj,ν+1 nous obtenons la s´erie ωn ∈ Pk+1 telle que
ωn(f, h1, . . . , hk) = DkQ+n(f ){h1, . . . , hk}
pour tout (f, h1, . . . , hk) ∈ gk+1. Chaque terme η ∈ Pk+1 de ωn est de la forme η((Xj,1)∞j=−∞, . . . , (Xj,k+1)∞j=−∞) = n Y j=1 Exp(Xj,1) τj Y ν=1 ∞ X m=|Aj,ν|−1 (−1)m P σ∈Smadgσ(1). . . adgσ(m)Xj,kj,ν1 +1 (m + 1)!(m − |Aj,ν| + 1)! o`u g1 = Xj,1, . . . , gm−|Aj,ν|+1 = Xj,1, gm−|Aj,ν|+2 = Xj,kj,ν2 +1, . . . , gm = Xj,kj,ν |Aj,ν |+1 et τj = τ1j+ . . . + τ|Wj j|.
Nous allons estimer d’abord la norme de |η(l)(f, h1, . . . , hk)|. Dans ce but nous divisons la s´erie η(l) en termes η(l)
0 + η (l)
1 + . . . + η (l)
l = η(l) d´efinis de la mani`ere suivante :
• η(l)0 se forme de la s´erie η quand les diff´erentiations formelles ne tombent que sur les facteurs Exp(Xj,1),
• η(l)1 se forme de la s´erie η quand sur les facteurs Exp(Xj,1) tombent (l − 1) diff´erentiations et une diff´erentiation tombe sur un d’autres facteurs, etc. jusqu’`a
• η(l)l o`u les diff´erentiations ne tombent qu’outre les facteurs Exp(Xj,1). Nous profiterons du fait que les Wj, j = j1, . . . , jr, r ≤ k, sont vides sauf pour un nombre fini d’indices j et que les ensembles de la partition de Wj 6= ∅ sont ordonn´es conform´ement `a (1.16).
Soit Aj,ν la partition de Wj et ν = 1, . . . , τj. Soient k1, . . . , kp les plus petits ´
el´ements des Aj,ν(j = j1, . . . , jr; ν = 1, . . . , τji; p = τj1+ . . . + τjr), c’est-`a-dire
k1= kj1,1 1 , k2= k j1,2 1 , . . . , kp= k jr,τjr 1 . Posons aussi Wj1\ {k1, k2, . . . , kτ1} = {q1, . . . , q|Wj1|−τ1}, Wj2\ {kτ1+1, . . . , kτ1+τ2} = {q|Wj1|−τ1+1, . . . , q|Wj1|+|Wj2|−τ1−τ2}
etc. En vertu de (3.17) et de l’exemple 3.10, nous avons, pour s = 0, 1, . . . , l, les estimations (3.20) |η(l) s (f, h1, . . . , hk)| ≤ l s exp Xn j=1 kAjk X (p1,...,pl−s)∈b(l−s) κ(p1, . . . , pl−s) · n X j=1 jkAjk p1 . . . Xn j=1 jl−skAjk pl−s
exp(k · Cs(kAj1k + . . . + kAjrk))
× X s1+...+sp=s si≥0 s s1, . . . , sp · js1 1 kHj1,k1k · . . . · j sp r kHjr,kpk ×kHj1,q1k · . . . · kHjr,qk−τ1−...−τrk
o`u Cs (s = 1, . . . , l) sont les constantes de l’exemple 3.10.
Nous additionnons ceux parmi les termes de la s´erie η qui sont d´efinis par un certain nombre r d’ensembles non vides Wj (o`u r ≤ k) et les ensembles Wj sont relatifs aux mˆemes partitions en ensembles Aj,ν. Autrement dit, il existe des indices j1, . . . , jr correspondants `a un terme de η et des indices j10, . . . , jr0 correspondants `a un autre terme de η tels que
Wj1= Wj10, . . . , Wj1 = Wjr0; τji = τji0; Aji,ν = Aji0,ν.
s´eries η(l)s nous avons l’´egalit´e ξ(l) = ξ0(l)+ . . . + ξl(l) et les estimations r´esultant de (3.20) : (3.21) |ξ(l)(f, h1, . . . , hk)| ≤ l X s=0 l s exp Xn j=1 kAjk · X (p1,...,pl−s)∈b(l−s) κ(p1, . . . , pl−s) × n X j=1 jkAjkp1. . . n X j=1 jl−skAjk pl−s expk · Cs· n X j=1 kAjk × X s1+...+sp=s si≥0 s s1, . . . , sp Xn j=1 js1kH j,k1k . . . n X j=1 jspkH j,kpk × n X j=1 kHj,q1k . . . n X j=1 kHj,qk−τ1−...−τrk .
La s´erie ωn est compos´ee des termes ξ. Leur nombre, pour n > k, ne d´epend pas de n et ne d´epasse pas
bk+ X j1+j2=k ji≥1 bj1· bj2+ . . . + X j1+...+jk−1=k ji≥1 bj1· . . . · bjk−1+ 1 = Bk
o`u bj est le j-i`eme nombre de Bell.
La norme de l’´evaluation ωn(l)(f, h1, . . . , hk) s’estime alors par
(3.22) Bk· l X s=0 l s exp n X j=1 kAjk × X (p1,...,pl−s)∈b(l−s) κ(p1, . . . , pl−s) expk · Cs n X j=1 kAjk × X s1+...+sk=s si≥0 s s1, . . . , sk Xn j=1 js1kH j,1k . . . Xn j=1 jskkH j,kk .
Elle est donc born´ee par une constante Cf,h1,...,hk,l qui ne d´epend pas de n.
Comme en point (a), la convergence de la s´erie kDkQ+1(f ){h1, . . . , hk}kl+ ∞ X j=2 kDk(Q+j − Q+j−1)(f ){h1, . . . , hk}kl = kDkQ+1(f ){h1, . . . , hk}kl+ ∞ X j=2 kDk(Q+j−1· (Exp ◦Pj − id))(f ){h1, . . . , hk}kl,
o`u Pj(f ) = Ajeijt, ne d´epend que de la convergence de la s´erie ∞
X
j=2
kDk(Exp −id)(Ajeijt){Hj,1eijt, . . . , Hj,keijt}kl.
En employant (1.17) et en utilisant les m´ethodes de groupement des termes, d´ecrites en cas de ωn, nous voyons que la s´erie ci-dessus est major´ee par
2 exp (kCl+ 1) ∞ X j=1 kAjk X∞ j=1 X (c1,...,ck)∈b(k) κ(c1, . . . , ck) × X s0+...+sc1+...+ck=l si≥0 l s0, . . . , sc1+...+ck · X (d1,...,ds0)∈b(s0) κ(d1, . . . , ds0) × jlkA jkd1+...+ds0 · kHj,1k . . . kHj,kk (c) De la formule (3.17) et des in´egalit´es
(i) ∞ X j=1 jkkAjk l ≤ ∞ X j=1 jk·lkAjk X∞ j=1 kAjk l−1
(cf. l’in´egalit´e de Jensen) et X∞ j=1 jkkAjk X∞ j=1 jlkHjk ≤ ∞ X j=1 jk+1kAjk X∞ j=1 kHjk (ii) + X∞ j=1 kAjk ∞ X j=1 jk+1kAjk
(cf. 1.10) il s’ensuit que, pour kf k0≤ C, kQ+(f )k0≤ exp ∞ X j=1 kAjk ≤ C0(1 + kf k0), kQ+(f )kk ≤ 2k−1· ∞ X j=1 kAjk × X (l1,...,lk)∈b(k) κ(l1, . . . , lk) X∞ j=1 jkkAjk X∞ j=1 kAjk l1+...+lk−p(l1,...,lk)
o`u p(l1, . . . , lk) est le nombre des li≥ 1. Pour les fonctions f telles que kf k0< C, chaque terme du membre droit de l’in´egalit´e ci-dessus est ≤ Ck· kf kk. L’applica-tion Q+ satisfait donc aux estimations apprivois´ees, du degr´e 0 avec la base 0, pour la gradation (1.9).
D’apr`es (i) et (ii) chaque terme de (3.22) s’estime, pour tout n, par exp(kCs+ 1) ∞ X j=1 kAjk hX∞ j=1 jlkAjk X∞ j=1 kHj,1k . . . ∞ X j=1 kHj,kk + X∞ j=1 kAjk X∞ j=1 jlkHj,1k X∞ j=1 kHj,2k . . . X∞ j=1 kHj,kk + . . . + ∞ X j=1 kAjk ∞ X j=1 kHj,1k. . . ∞ X j=1 jlkHj,kki,
ce qui signifie que les d´eriv´ees suivant les directions de Q+v´erifient des estimations apprivois´ees, du degr´e 0 avec la base 0, pour la gradation (1.9).
(d) D’abord, nous allons montrer la convergence locale uniforme, par rapport `
a chaque norme (1.9), de Q+
n vers Q+.
Soit U(l) = {g ∈ g : kgkl+2 < 1}. Soit f ∈ g et soit P∞j=−∞Ajeijt son d´eveloppement en s´erie de Fourier. Chaque g ∈ U(l) a un d´eveloppement P∞
j=−∞Gje
ijt. Nous allons montrer que, par rapport `a la l-i`eme norme (1.9), la suite Q+
n converge uniform´ement sur U = f + U(l). Remarquons que kQ+(f + g) − Q+n(f + g)kl= Q + n(f + g) Y∞ j=n+1 Exp((Aj + Gj)eijt) − I l. D’apr`es la proposition 1.12 le membre droit ne d´epasse pas
Cl kQ+n(f + g)kl· ∞ Y j=n+1 Exp((Aj+ Gj)eijt) − I 0 +kQ+n(f + g)k0· ∞ Y j=n+1 Exp((Aj + Gj)eijt) − I l . Puisque Q+ v´erifie les estimations apprivois´ees il existe une constante positive Cf,l, ne d´ependant que de f , telle que l’expression ci-dessus s’estime par
Cf,l(kf kl+ 1)exp ∞ X j=n+1 kAjk − 1exp ∞ X j=n+1 kGjk +exp ∞ X j=n+1 kGjk − 1+ ∞ X j=n+1 (jl+ 1)kAjk + ∞ X j=n+1 (jl+ 1)kGjk ≤ Cf,l0 exp X∞ j=n+1 kAjk − 1+ exp X∞ j=n+1 kGjk − 1 + ∞ X j=n+1 (jl+ 1)kAjk + ∞ X j=n+1 (jl+ 1)kGjk.
Pour ε > 0 fix´e nous pouvons choisir un n0 tel que pour tout n > n0 chaque terme de la somme ci-dessus soit inf´erieur `a ε/(4Cf,l0 ), ce qui donne le r´esultat voulu.
Posons
Ul = (f + U(l)) × (h1+ U(l)) × . . . × (hk+ U(l)).
Nous allons montrer que la suite des k-i`emes d´eriv´ees suivant les directions {h1, . . . , hk} des Q+
n converge, en l-i`eme norme, vers la k-i`eme d´eriv´ee de Q+. Nous avons (3.23) DkQ+(f + g){h1+ g1, . . . , hk+ gk} − DkQ+n(f + g){h1+ g1, . . . , hk+ gk} = DkQ+n · ∞ Y j=n+1 (Exp ◦Pj) − I(f + g){h1+ g1, . . . , hk+ gk} o`u Pj(f ) = Ajeijt. D’apr`es (1.12) et le fait que la l-i`eme norme de DkQ+n(f + g){h1+ g1, . . . , hk+ gk} est born´ee sur Ul (une cons´equence de (3.22)) il suffit de d´emontrer la convergence uniforme de la suite
D k ∞ Y j=n+1 (Exp ◦Pj) − I(f + g){h1+ g1, . . . , hk+ gk} l
o`u k ≥ 1 est fix´e (le cas o`u k = 0 a ´et´e consid´er´e au d´ebut de la d´emonstration du point (d). Il est ´evident qu’il suffit de d´emontrer la convergence uniforme, vers 0, de la suite D k ∞ Y j=n+1 Exp ◦Pj(f + g){h1+ g1, . . . , hk+ gk} l
pour k fix´e, ce qui r´esulte imm´ediatement de l’observation que les d´eriv´ees des applicationsQ∞j=n+1Exp ◦Pj satisfont, pareillement `a Q+, `a des estimations ap-privois´ees par rapport `a la gradation (1.9).
3. La d´eriv´ee suivant la direction de Q est bijective, la famille
d’inverses V Q est continue apprivois´ee. La proposition 3.16 et les remar-ques au d´ebut du paragraphe 2 de ce chapitre montrent que la d´eriv´ee suivant la direction de Q+ est la limite des d´eriv´ees correspondantes de Q+
n. On remarque ais´ement que la d´eriv´ee suivant la direction de Q est la limite des d´eriv´ees suivant la direction des applications Q−n · Q0· Q+
n, o`u Q−n(f )(t) = −1 Y j=−n Exp(Ajeijt), n = 1, 2, 3, . . . Par cons´equent, la d´eriv´ee DQ(f )h est ´egale `a
(3.24) ∞ X n=−∞ n Y j=−∞
Exp(Ajeijt)(Φ(− adAneint)Hne
int ) ∞ Y j=n+1 Exp(Ajeijt).
Rappelons que la fonction f a les coefficients de Fourier Aj et h a les coefficients Hj. La fonction Φ : C → C est donn´ee par Φ(z) = (ez− 1)/z. Remarquons que
(3.25) (DQ(f )h)(t) = −1 X n=−∞ n−1Y j=−∞ Exp(Ajeijt)
(Φ(adAneint)Hne
int ) Y∞ j=n Exp(Ajeijt) + ∞ X n=0 Yn j=−∞ Exp(Ajeijt)
(Φ(− adAneint)Hne
int ) Y∞ j=n+1 Exp(Ajeijt) . La bijectivit´e de la d´eriv´ee suivant la direction h de l’application exp : C∞(S1, C) → C∞(S1, C) est ´evidente : D exp(f )h = exp(f ) · h et l’´equation D exp(f )h = k a une seule solution h = exp(−f ) · k pour toute f ∈ C∞(S1, C). Pour Exp : g → G on a D Exp(f )h = Exp(f )·(Φ(− adf)h) et l’´equation D Exp(f )h = k a une seule solution h = Φ−1(− adf)(Exp(−f ) · h) pour f d’un voisinage ouvert de z´ero de g. Clairement en ces deux cas la solution de l’´equation donn´ee est en rapport avec la transformation g 7→ Exp(−f ) · g pour g ∈ C∞(S1, C) ou g ∈ C∞(S1, gl(N, C)). En cherchant une transformation analogue, convenable pour l’´equation
(3.26) DQ(f )h = k
o`u k(t) = P∞j=−∞Cjeijt, nous avons une difficult´e `a surmonter; notamment, chaque matrice Cj est une somme infinie de termes d´ependant des matrices (Aj)∞j=−∞ et (Hj)∞j=−∞.
Pour tout entier n et pour toute f ∈ g nous d´efinissons l’application Rn : g → g par (3.27) Rn(g)(t) = −∞ Y j=n Exp(−Ajeijt) · g(t) · n+1 Y j=∞ Exp(−Ajeijt).
Lemme 3.17. Rn est un automorphisme lin´eaire lisse apprivois´e de g. L’appli-cation g × g 3 (f, g) 7→ Rn(g) ∈ g est lisse apprivois´ee. L’application inverse R−1n a les mˆemes propri´et´es.
D ´e m o n s t r a t i o n. La d´emonstration est une adaptation des raisonnements du paragraphe 2 de ce chapitre. L’application inverse `a Rn est donn´ee par
R−1n (g)(t) = n Y j=−∞ Exp(Ajeijt)g(t) ∞ Y j=n+1 Exp(Ajeijt).
Le pas suivant, qui pr´epare la d´emonstration du th´eor`eme principal de ce chapitre, consiste `a d´efinir et `a examiner quelques propri´et´es d’une application F : g → g. En se servant d’elle nous allons montrer que la famille V Q d’inverses par rapport `a la d´eriv´ee suivant la direction DQ, ´etant continue, satisfait aux estimations apprivois´ees. D´efinissons d’abord les applications Fn : g → g, pour
n = 0, 1, 2, . . . , par (Fn(f ))(t) = ∞ Y j=1 Exp(2Ajeijt) − I n .
Il r´esulte du d´ebut du paragraphe 2 et de la proposition 1.14 que les Fnsont lisses apprivois´ees.
Lemme 3.18. L’application F donn´ee par F =P∞n=0Fn est lisse apprivois´ee sur V = {f ∈ g : kf k0< 12ln 2}. Posons d(t) = ∞ X j=−∞ Djeijt. Le n-i`eme coefficient de Fourier de la fonction
F · id(f, d) = ∞ X j=0 Fj(f ) · d est (3.28) n−1 X q=1 n−q X k=1 X (i11,...,i1 p1)∈b(p1) ... (ik 1,...,i k pk)∈b(pk) p1+...+pk=n−q p1≥1,...,pk≥1 k Y l=1 pl Y j=1 (2Aj)ilj il j! Dq.
D ´e m o n s t r a t i o n. (Remarquons que F est une analogie de la fonction λ : C → C, λ(z) =P∞n=0(e
z− 1)n, bien connue de l’analyse combinatoire; cf. [4].) Soit ωn∈ P1, ωn((Xj)∞j=−∞) = (Q∞j=1exp(2Xj) − 1)n. Nous avons ωm(f ) = Fm(f ) et ω(k)m = X k1+...+km=k ki≥0 k k1, . . . , km m Y ν=1 Y∞ j=1 exp(2Xj) − 1 (kν) . Donc |ωm(f )| ≤exp2 ∞ X j=1 kAjk − 1n et |ω(k) m (f )| ≤ Ckm kexp2 ∞ X j=1 kAjk − 1m−kexp2 ∞ X j=1 kAjk k ×2 ∞ X j=1 kAjk k−1 2 ∞ X j=1 jkkAjk pour k = 1, 2, . . .
Pour f ∈ V la s´erieP∞n=k+1kFn(f )kkest donc convergente, l’application F est bien d´efinie et satisfait `a des estimations apprivois´ees. En r´ep´etant les arguments du point (d) de la d´emonstration de la proposition 3.16 nous obtenons la conver-gence uniforme de P∞n=0Fn sur un voisinage ouvert convenable de chaque point f ∈ V. Rappelons que ces voisinages sont choisis par rapport `a une norme (1.9) fix´ee. L’application F est donc continue. La d´emonstration de la formule (3.28) consiste `a l’observation suivante : Dans la construction du n-i`eme coefficient de l’expansion en s´erie de Fourier de F · id(f, d) prennent partie les coefficients Dq pour 1 ≤ q ≤ n et certains termes des s´eries F1(f ), . . . , Fn−q(f ); notamment, les termes de F1(f ) de la forme (2A1)i11 i1 1! · . . . · (2Ap1) i1 p1 i1 p1! o`u i1
1· 1 + . . . + i1p1· p1= n − q; les termes de F2(f ) de la forme
(2A1)i11 i11! · . . . · (2Ap1) i1 p1 i1 p1! ·(2A1) i21 i21! · . . . · (2Ap2) i2 p2 i2 p2! o`u i11· 1 + . . . + i1p1· p1+ i 2 1· 1 + . . . + i2p2· p2= n − q, p1+ p2= n − q et p1≥ 1,
p2≥ 1, etc. jusqu’au terme avec p1+ . . . + pn−q = n − q (ce qui est possible quand pi= 1), c’est-`a-dire, jusqu’au terme de Fn−q qui est ´egale `a
(2A1) · . . . · (2A1)
| {z }
n−q facteurs
Proposition 3.19. Pour toute f ∈ V = {f ∈ g : kf k0 < 12ln 2} l’´equation (3.26) a une seule solution V Q(f )k et l’application V Q : V × g → g est continue et apprivois´ee.
D ´e m o n s t r a t i o n. Nous allons ´etablir que
(a) la solution formelle de (3.26) existe, c’est-`a-dire il est possible de calculer Hj en termes de (Aj)∞j=−∞ et (Cj)∞j=−∞,
(b) la solution du point (a) appartient `a g, et la famille V Q est continue et apprivois´ee.
Nous conservons les notations d´ej`a introduites pour les d´eveloppements de Fourier.
(a) Appliquons R0(cf. (3.27)) aux deux membres de (3.26) et notons d = R0(k) la fonction de g `a d´eveloppement d(t) = ∞ X j=−∞ Djeijt. Puisque dans g on a l’identit´e
l’´equation (3.26) prend la forme (3.29) −1 X n=−∞ n Y j=0
exp(− adAjeijt)(Φ(adAneint)Hne
int ) + Φ(− adA0)H0 + ∞ X n=1 n Y j=1
exp(adAjeijt)(Φ(adAneint)Hne
int) = ∞ X
n=−∞
Dneint et donc se d´ecompose en trois ´equations ind´ependantes :
−1 X n=−∞ n Y j=0
exp(− adAjeijt)(Φ(adAneint)Hne
int) = −1 X n=−∞ Dneint, (3.30) Φ(− adA0)H0= D0, (3.31) ∞ X n=1 n Y j=1
exp(adAjeijt)(Φ(− adAneint)Hne
int ) = ∞ X n=1 Djeijt. (3.32) Si kA0k < 1
2, la solution de (3.31) est donn´ee par
(3.33) H0= Φ−1(− adA0)D0.
En ordonnant les membres gauches de (3.30) et (3.32) par rapport au syst`eme {eint}∞
n=−∞ nous obtenons deux syst`emes d’´equations suivants :
(3.34) exp(− adA0)H−1= D−1, exp(− adA0) H−2+ [A−1, H−1] 2 − [A−1, H−1] = D−2, . . . . exp(− adA0) X i1·1+...+ik−1·(k−1)+(ik+l+1)·k=n i1≥0,...,ik−1≥0,l≥0 k Y s=1 (− adA−s) is is! ·(adA−k) l (l + 1)! H−k = D−n, (3.35) H1= D1, H2+ [A1, H1] −[A1, H1] 2 = D2,
H3+ [A1, H2] +[A1, [A1, H1]]
2! − [A1, [A1, H1]] 2! + [A1, [A1, H1]] 3! =D3, . . . . X i1·1+...+ik−1·(k−1)+(ik+l+1)·k=n i1≥0,...ik≥0,l≥0 k Y s=1 (adAs) is is! · (− adAk) l (l + 1)! Hk= Dn.
Les identit´es l X k=0 1 k!· (−1)l−k (l − k + 1)! = 1 (l + 1)!, l X k=0 (−1)k k! · 1 (l − k + 1)! = (−1)l (l + 1)! montrent que les syst`emes (3.34) et (3.35) sont ´equivalents respectivement `a
(3.36) exp(− adA0)H−1= D−1, exp(− adA0) H−2− [A−1, H−1] 2! = D−2, . . . . exp(− adA0) X i1·1+...+ik−1·(k−1)+(ik+1)·k=n i1≥0,...ik≥0 1 (ik+ 1) · k Y l=1 (− adAl) il il! H−k =D−n, (3.37) H1= D1, H2+ [A1, H1] 2! = D2,
H3+ [A1, H1] + [A1, [A1, H1]]
3! , . . . . X i1·1+...+ik−1·(k−1)+(ik+1)·k=n i1≥0,...,ik≥0 1 (ik+ 1) k Y l=1 (adAl) il il! Hk = Dn.
Pour les r´esoudre nous raisonnons par r´ecurrence. Le syst`eme (3.37) se transforme comme suit : H1= D1, H2= D2−[A1, D1] 2! , H3= D3−[A1, [A1, D1]] 3! − [A1, D2] + [A1, [A1, D1]] 2! .
Supposons que pour n ≤ l
(3.38) Hn= Dn+ n−1 X k=1 (−1)k X i11·1+...+i1 p1−1·(p1−1)+(i1p1+1)·p1=n i21·1+...+i 2 p2−1·(p2−1)+(i2p2+1)·p2=p1 ... ik 1·1+...+i k pk−1·(pk−1)+(ikpk+1)·pk=pk−1 k Y s=1 1 (is ps + 1) · k Y s=1 ps Y l=1 (adAl) isl isl! Dpk.