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Les domaines de la théorie de l'être

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Stanisław Kamiński

Les domaines de la théorie de l’être

Collectanea Theologica 49/Fasciculus specialis, 57-76

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C o lle c ta n e a T h eo lo g ica 49 (1979) fasc. sp ecialis

STA N ISŁA W K A M IŃ SK I, LUBLIN

LES DOMAINES DE LA THÉORIE DE L'ÊTRE

Dans tous les genres de la connaissance se m anifeste la tendance à la spécialisation et à la différenciation, et en même tem ps à l'uni­ fication. Il est donc difficile d'établir combien de disciplines et quel­ les disciplines comprend une science ou une section de la science. Il en est de même de to u te la philosophie. Pour les philosophes classiques, le problèm e qui consiste à déterm iner les dom aines de la th éo rie de l'être paraît encore plus complexe. Evidemment, la déterm ination de leur nom bre et de leurs relations m utuelles dépend au plus haut point de la conception elle-même de la théorie de l'être. Pour présenter une division sérieuse de la théorie de l'être en dif­ férentes disciplines et caractériser leurs relations m éthodologiques, il convient de justifier d ’abord pourquoi on adm et une conception épistém ologique de la théorie de l'être plutôt qu'une autre; il faut aussi justifier le choix du principe de la division.

U ne telle tâ ch e dépasse les limites d'un article. M ais la réalisa­ tion de ce but, du moins sous forme d'esquisse, paraît indispensable pour le thèm e signalé. C 'est pourquoi je parlerai d'abord des con­ ceptions les plus typiques (et des divisions) de la théorie de l'être, pour choisir ensuite l'une d'en tre elles. Je ferai ensuite la distinction m éthodologique et l’arrangem ent des domaines de la théorie de l'être. J e voudrais en même temps signaler que, m algré les appa­ rences, il ne s'agit pas ici de résoudre la problém atique historique. Il est donc d'im portance secondaire de connaître l'au teu r d'une opi­ nion, de savoir si un philosophe était de tel avis ou non. Si j'av an ce l'opinion de quelqu'un, c'est qu'elle servira à éclairer une propo­ sition.

La théorie classique de l'être se trouve exposée dans toute sa clarté par A r i s t о t e. Il est le prem ier à avoir formulé d'une façon précise la question: G râce à quoi la réalité est-elle ce qu'elle est et ceci nécessairem ent? Il recherchait à ce propos les principes on­ tiques de la réalité; ce furent les formes substancielles des choses, données hiérarchiquem ent. Dans le recueil appelé M étaphysique, il emploie différents term es pour désigner la théorie de l'être. Les com m entateurs actuels découvrent chez le Stagyrite l'étiologie (con­ naissance par la sagesse des causes dernières ontiques de l’être, li­ vre I), l'ontologie (philosophie première, qui étudie l’être en ta n t

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qu'être, livre II), la m étascience (science prem ière des principes les plus généraux ou les fondem ents des sciences, livre XI) et la th éo ­ logie (théorie de l'Etre Suprême, livres V et X)1. A cceptant de traiter d'une m anière analogique l ’objet de to u te la m étaphysique, les pé- ripatéticiens défendent surtout l'unité de la th éo rie de l'être; ils voient en même temps la possibilité d'accentuer en elle différents ordres de problèmes. Si on tien t compte surtout de la cause et de la fin, on aura avant tout la théologie; si c'est la cause formelle, ce sera l'ontologie; si on considère toutes les causes, ce sera l'étiologie. La dernière conception semble la plus autorisée en tan t que princi­ pale, mais ceci n'exclut pas les divisions de la théorie de l'être, parmi lesquelles on énum ère comme fondam entale la distinction par le degré d'abstraction de l'ob jet et par l'objet d'in térêt p articulière­ m ent étendu2.

T h o m a s d'A q u i n a sérieusem ent modifié la conception d'A r i s t о t e. L’objet de la théorie de l'être n ’est pas une abstrac­ tion, mais devient plus intelligible et en même tem ps plus concret (nouvelle théorie de l'analogie et de la transcendance) et hom ogène (nouvelle conception de la causalité basée sur la distinction de l’es­ sence et de l'existence) et englobant tout être3. L’arrangem ent des réflexions sur les différents typ es d 'être est nettem ent théocentrique. La m étaphysique est appelée scientia divina, et donc théologie n a ­ turelle. En plus, la théorie de l'être en tan t q u ’être donne les prin­ cipes à toutes les disciplines philosophiques, étan t en même temps l'étap e finale de leurs recherches. C'est pourquoi elle devrait être

1 O n d o n n e en g é n é ra l u n e se u le d éfin itio n de la th é o rie de l'ê tr e (étudie l'ê tr e en ta n t q u 'ê tr e à la lu m iè re des c au ses d e rn iè re s), c o n sid é ra n t q u 'o n a u n e se u le sc ie n c e d an s la q u e lle on p e u t d is tin g u e r les g ro u p e s de th è s e s o n to lo g iq u es, é tio lo g iq u e s e t th é o lo g iq u e s. Cf. p.ex. J. K a l i n o w s k i , O n to lo g ia c z y aitio lo -

gia?, Z nak 15 (1963) 1069-1073 e t M. A. K r ą p i e c , O ro zu m ien ie m e ta iiz y k i, ibid., 1077— 1082.

2 O n dit le p lu s so u v e n t q u e la th é o rie de l ’ê tre d ’A r i s t о t e se d iv ise en p h ilo so p h ie p re m iè re (de l ’ê tr e en g é n é ra l et de ses p ro p rié té s les p lu s g én érales) et en p h ilo so p h ie seco n d e (des d iffé re n ts ty p e s d ’ê tre , p h ilo so p h ie de la n a tu r e et p h ilo so p h ie de l ’hom m e). Cf. p. ex. A. M a n s i o n , P h ilo so p h ie prem ière,

p h ilo so p h ie seco n d e e t m é ta p h y siq u e ch ez A r is to te , R ev u e P h ilo so p h iq u e d e Lou­

v ain 56/1958/165— 221 e t J. O w en s, T h e D octrine o l B ein g in th e A ris to te lia n M e ­

ta p h y sic s, T o ro n to 1951. P arfo is c e p e n d a n t on c o n sid è re q u e la p h ilo so p h ie p re m iè ­

re c o n c e rn e l’ê tr e p re m ie r (d'où p a r m éto n y m ie on p e u t l'a p p e le r p h ilo so p h ie de D ieu) e t la p h ilo so p h ie se c o n d e s 'in té re s s e u n iq u e m e n t a u x ê tre s a c c id e n te ls . Cf. J. K a l i n o w s k i , O is to c ie i je d n o ś c i iilo zo iii, R oczniki F ilozoficzne KUL, 6 (1958) fasc. 1, 5— 17.

3 M eta p h ysic a ... circa m a x im e in te llig ib ilia v e rs a tu r (proem ium in M et. A rist.). S o u v en t on ré p è te q u e l'o b je t de la m é ta p h y siq u e c 'e st: e n s com m une, s u b s ta n ­

tiae separatae, en s e t ea, auae c o n se q u u n tu r ip su m (In III M et., 1. 5; In IV M et.,

1. 5: In V M et., 1. 7; In V II M et., 1. 1,2,13; In V III M et., 1. 1; In XI M et., 1.).

P h ilosophia prim a c o n sid e ra tio n e m suam e x te n d it a prim o u sq u e ad e n s in p o ­ ten tia , quod est u ltim u m in e n tib u s (C. G ent., I, 70). Cf. H. R e i t h, T h e M e ta p h y ­ sics о! St. T h o m a s A q u in a s, M ilw a u k e e 1958.

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enseignée après toutes les parties de la philosophie, bien que celles- -ci tirent d’elle to u te leur vérité et leur justification définitive4.

C ette m anière d 'interpréter la doctrine de T h o m a s d’A q u i n concernant la relation des domaines de la théorie de l’être n ’est pas la seule. A utrefois comme aujourd'hui, on a essayé de découvrir, du fait que T h o m a s a admis plusieurs degrés d'abstraction de l ’objet de la théorie de l'être ou prévu plusieurs m éthodes pour la réflexion m étaphysique (notamment le m odus rationalis et le m o­

dus intellectualis) u ne distinction plus tran ch an te des disciplines

de la théorie de l'ê tre 5. Dans la déterm ination de l'o b jet propre lui-même de la théorie de l'être on prenait une position qui diffé­ rait en même tem ps de l'aristotélism e et de T h o m a s . Si dans A r i s t o t e la m étaphysique concernait la substance comme nature, et dans T h o m a s d'A q u i n l'ê tre comme un être existant con­ crètement, dans les temps m odernes elle s'occupait de la nature en soi saisie dans la définition (universale m etaphysicum ). Déjà à l'é ­ poque de la R enaissance on a commencé à rapprocher la théorie de l ’être des thèm es scientifiques (W. W i n d e l b a n d parle même du processus de la transform ation de la philosophie en sciences n a ­ turelles), de même a suivi une autonom isation des dom aines phi­ losophiques par suite de l'objet de leurs recherches.

Dans F. B a c o n la philosophie envisage Dieu, l’homme et la natu re (objet principal d’intérêt). D e s c a r t e s défend sans doute l'unité de tou te la connaissance, mais la philosophie a cessé d 'être théorie de l'être en ta n t qu'être, et a pris l'aspect (basé sur une théorie de la connaissance personnelle, parce que la théorie de l'être

4 O m n e s aliae sc ie n tia e o rd in a n tu r ad M e ta p h y sic a m sic u t in lin e m (In I M et., 1. 3) ...d e p e n d e n t a M e ta p h y sic a a q u a c a p iu n t su a p rin c ip ia (In XI M et,, 1. 1).. Me-

ta p h y sic a su p rem a v ero in te r sc ie n tia s p h ilo so p h ica s (S. th. I, q. 1, a. 8) ...cu m .Iere to tiu s p h ilo so p h ia e c o n sid e ra tio ad D ei co g n itio n e m o rd in etu r (C. G ent., I, 4). f o t a a u tem ra tio n is co n sid e ra tio re s o lv e n tis in o m n ib u s sc ie n tiis ad c o n sid e ra tio n e m d iv in a e sc ie n tia e term in a tu r (In B oeth., de T rin it., q. V I, a. 1, ad 3). Id eo term in u s re so lu tio n is in has v ia u ltim u s e s t c o n sid era tio e n tis e t eo ru m quae s u n t en tis in q u a n tu m h u iu sm o d i. H aec a u te m su n t, de q u ib u s d iv in a sc ie n tia co n sid era t

(In B oeth. de T rin it. q. V I, a. 1). M e ta p h y sic u s c o n sid era t etia m d e sin g u la rib u s

e n tib u s n o n se c u n d u m proprias ra tio n es, per quas su n t tale v e l tale e n s, sed se c u n d u m q u o d p a rticip a n t co m m u n e m e n tis re tio n e m (In B oeth. de T rinit.,

q. V , a. 4, ad 6). P hilosophia prim a e st scien tia eiu s v e rita tis, quae e s t origo

o m n is v e r ita tis (C. G ent., I ,1). In te r p h ilo so p h ia e p a rtes u ltim a re m a n e t a d d is c e n ­ da M e ta p h y sic a (C. G ent., I, 4).

5 D e rn iè re m e n t on tro u v e chez T hom as l ’o rd re h ié ra rc h iq u e des scien ces p h ilo so p h iq u e s, p. ex. M. J a w o r s k i (Z a g a d n ien ie re in te rp r e ta c fi p u n k tu w y jś ­

cia iilo z o iic zn e g o po zn a n ia Вода, dans: S tu d ia z iilo z o iii Boga, t. II, W a rs z a w a

1873, 164·—191). Il y a u ra it d ’a b o rd la théorie, de l’ê tre d o n n é d ire c te m e n t (m a­ té rie l), où o b lig e ra it la m é th o d e ra tio n a lis. C e tte th é o rie c o n d u ira it e n su ite à la sc ie n c e tr a ita n t d es p rin c ip e s les plus g é n é ra u x de l ’ê tre , où le m o d u s in te lle c tu ­

alis s e ra it la m éth o d e. Il p e n se que, v u l ’o b je t p a rtic u lie r e t la m éth o d e de

c h a c u n de ces ty p e s de c o n n a is sa n c e , il fą u t p a rle r de scien ces p h ilo so p h iq u es d iffé re n te s, e t n o n de d e u x é ta p e s de la ré fle x io n m é ta p h y siq u e .

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commence par une analyse de la conscience) de théorie de diffé­ rents types d'être. Enfin, celui qui eut de l’influence dans la fixation des dom aines de la théorie de l’être, ce fut Ch. W o l f f . Il a mo­ difié le dom aine de l’objet de la m étaphysique, l'éten d an t à toutes les possibilités objectives. Q uant aux différentes parties de la m é­ taphysique, il les a ordonnées selon la dépendance m éthodologique

(d’après ceci: qui prend les principes de qui). La m étaphysique se divise alors en m étaphysique générale (philosophia prima seu anto­

logia) et en m étaphysique spéciale qui comprend la cosmologie, la

psychologie et la théologie n aturelle8. Il a en outre souligné qu'aux différentes disciplines m étaphysiques (rationalisme) répondent les disciplines empiriques, qui en sont l'introduction nécessaire (elles apportent les m atériaux et confirment les thèses déduites). En outre l'ontologie s'enracine directem ent dans l'épistém ologie.

Ensuite, grâce à L o c k e et H u m e , la théorie de l'être s'est transform ée en une analyse psychologique de l'origine des notions et des convictions fondam entales pour déterm iner les critères ra ­ tionnels de leur acceptation. Dans I. K a n t enfin la m étaphysique est devenue exclusivem ent la logique du pur intellect.

Tels étaient dans la tradition les fondem ents sur lesquels se sont formées les nouvelles conceptions de la théorie classique de l'être vers la fin du XIXe s. et au début du XXe s. et se sont réciproque­ m ent ordonnées les différents disciplines. Il faut ajouter les orien­ tations actuelles de la conception de la philosophie. Il s'agit surtout du ty p e épistém ologique de philosopher qui le plus souvent a rem­ placé le type m étaphysique, et de la vulgarisation de la philosophie scientiste (c.à.d. construite sur les sciences précises et même conçue comme leur produit accessoire) en opposition à l'autonom ie de la philosophie classique. Le résu ltat en est que le plus souvent on op­ pose la th éo rie de l'ê tre à la th éo rie de la connaissance. On la d is­ tingue parfois de la théorie de la valeur (quand on tra ite les valeurs comme existentiellem ent distinctes de l’être). D 'ordinaire également, acceptant la différence de la philosophie théorique et de la philo­ sophie pratique, on n'incorpore pas à la théorie de l'être la théorie de l'activité hum aine et de ses créations (théorie de la conduite ou de la création de la culture)7. A la suite des nouvelles ontologies

° Les rem arques, h is to riq u e s su r la d iv isio n de la m é ta p h y siq u e e n m é ta ­ p h y siq u e g é n é ra le et m é ta p h y siq u e sp é c ia le so n t c o n te n u e s d ans E. V o l b r a t h ,

D ie G lied eru n g der M e ta p h y s ik in ein e M e ta p h y sic a g en era lis u nd e in e M eta- p h y sic a sp ecia lis, Z eitsch rift fü r p h ilo so p h isc h e F o rsc h u n g 16/1962/258— 284 e t ibid. 23/1969/495— 515.

7 La p h ilo so p h ie des d o m ain es c u ltu re ls se d é v e lo p p e d 'u n e m a n iè re sin g u ­ liè re m e n t in te n s e é ta n t d o n n é l ’é p a n o u is se m e n t des h u m a n ité s e t de l’a n th ro p o ­ c e n trism e p h ilo so p h iq u e e t g râ c e a u fa it q u 'e lle a so u v e n t re m p la c é to u te la th é o rie c la ssiq u e de l'ê tre . D ans la seco n d e m o itié du X IX e s. o n a, e n effet, co m m en cé à o p p o se r la m é ta p h y siq u e e t la p h ilo so p h ie, r e je ta n t la p re m iè re e t re te n a n t la seco n d e.

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s'est imposée chez les philosophes classiques l'opposition de la mé­ taphysique en tan t que théorie de l'ê tre réel et de l'ontologie en tant que théorie de l’être possible (pures possibilités). Toutefois, le plus généralem ent on distingue la m étaphysique générale et la m é­ taphysique spéciale. La prem ière étudie l'être en ta n t que tel et ses propriétés les plus générales, la seconde les types particuliers des êtres (surtout le cosmos, l'homme et Dieu).

Des essais d ’unification des dom aines de la théorie de l'être fu­ ren t cependant tentés. Ils furent provoqués par les recherches his­ toriques entreprises pour découvrir la conception de la théorie de l'être authentique, m édiévale, et sous l'influence de la tendance à unifier la connaissance humaine. La te n tativ e de dém ontrer le ca­ ractère particulier de la connaissance philosophique et de la distin­ guer des autres sciences ou des m étasciences a joué ici un grand rôle. On a voulu garantir l'unité de la philosophie classique même au prix de l'appauvrissem ent de la problém atique qui s'était accu­ m ulée au cours des siècles dans les différentes disciplines philoso­ phiques8.

C 'est sur ce fond général qu'a pris naissance la problém atique actuelle qui distingue les disciplines de la théorie de l'être. Des ra i­ sons particulières s'y ajou ten t encore. Ainsi p.ex. l'im portance sous plusieurs aspects de la problém atique philosophique de Dieu et l'aspiration à m oderniser la théologie naturelle (et surtout à la rendre indépendante de la m étaphysique traditionnelle ou à la rendre scien­ tifique) ont fait que sa place dans la théorie de l'être ou même de la connaissance en général et sa qualité m éthodologique sont soumises à une discussion continuelle. Non moins difficile apparaît la d éter­ m ination de la propriété épistém ologique de la philosophie de la n a ­ tu re et de l'homme face à la m étaphysique classique d'une part, des sciences naturelles et des sciences anthropologiques spéciales d 'au­ tre part. Enfin, le fait de lier l’éthique, l'esth étiq u e et la théorie de la connaissance avec la théorie de l'être suscite des complications. En effet, la dépendance logique des sciences pratiques par rapport aux sciences théoriques est un problèm e qui connaît une solution aujourd'hui si controversée. En outre, le caractère spécifique de la th éo rie de la connaissance et sa fonction croissante dans la carac­ térisatio n de la connaissance de la valeur ne facilitent pas l'accès des conclusions acceptées. Rien d’étonnant que ceux qui sont les adeptes de la théorie de l'être prennent des positions si divergentes quand il s'agit de distinguer les domaines.

1. Les positions concernant l'éten d ue de la théorie de l'être peu­ v en t se ram ener aux suivantes:

8 O n a s u rto u t e s s a y é de lie r la m é ta p h y siq u e g é n é ra le a v e c la th é o lo g ie n a tu r e lle , so u lig n a n t le u r m a n q u e de p lé n itu d e q u a n d elles so n t sé p a ré e s, e t le u r in té g ra lité .quad e lle s so n t un ies. O n a d m e t to u t au p lu s le u r p a rtic u la rité d id a c tiq u e .

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a) la théorie de l’être est l'une des quatre parties de la philo­ sophie (à côté de la philosophie de la connaissance, de la philosophie de l'action et de la philosophie de la culture); b) la théorie de l'être et la théorie de l'action (qui comprend

la logique, l'éthique et la philosophie de la culture) épuisent le dom aine de la philosophie9;

c) il convient d'adm ettre au moins deux sciences philosophi­ ques différentes, la théorie de la connaissance et la théorie de l'être, c.à.d. la m étaphysique (si on considère la valeur comme quelque chose de différent de l'être, l'axiologie se­ rait une troisièm e science philosophique);

d) la théorie de l'être est l'expression principale et essentielle de la philosophie, on peut donc identifier la philosophie avec la théorie de l'être, c.à.d. avec la m étaphysique.

2. Du point de vue caractéristique des dom aines de la théorie de l'être il convient de souligner les propositions générales sui­ vantes:

a) la théorie de l'être est un ensem ble organique, et c'est u n i­ quem ent pour des raisons didactiques ou à cause de l'im­ portance sociale q u ’on peut traiter certaines parties comme autonom es et les appeler (par analogie d'attribution) théorie de l'être en com plétant par un déterm inatif;

b) la théorie de l'être constitue une science unique et indivisi­ ble quant à l'objet formel (propre) et au ty p e d e la m étho­ de d'explication; il est possible d 'y distinguer des disciplines partiellem ent autonomes, étan t donné le point de départ p ar­ ticulier (l'ensem ble des faits convenablem ent riche et ho­ mogène)10.

c) des disciplines indépendantes, du moins du point de vue de l'objet, com posent la théorie de l’ê tre11.

9 La th é o rie de l'ê tre d é c o u v re l'o rd re de l’ê tre e t c o m p ren d la th é o rie de la c o n n a is sa n c e e t la m é ta p h y siq u e g é n é ra le e t la m é ta p h y siq u e sp éciale. P arfo is on d iv ise la th é o rie de l'ê tre . P. ex. H. P f e i l o p p o se la th é o rie d e la co n n a is­ sa n c e et la th é o rie de l'a c tio n e t la d iv ise e n m é ta p h y siq u e g é n é ra le (o ntologie e t th é o lo g ie n a tu re lle ) e t e n m é ta p h y siq u e sp é c ia le (cosm ologie, a n th ro p o lo g ie , p h ilo so p h ie de la so c ié té , p h ilo so p h ie de l'h is to ire e t p h ilo so p h ie de la cu ltu re).

10 P arfois on dit q u e les o b je t m a té rie ls de la th é o rie de l'ê tr e p e u v e n t ê tr e d iv ers. O n p e u t n o ta m m e n t n e d is tin g u e r au c u n ty p e d 'ê tr e au p o in t de d é p a rt, ou b ien s'o c c u p e r e x c lu s iv e m e n t des ty p e s d 'ê tr e d é te rm in é s.- Cf. М. A. К r ą p i e c, M e ta fiz y k a — ale jaka? R oczniki Filozoficzne KUL, 17 (1969) fase. 1, 55— 62.

11 L 'in te rd é p e n d a n c e m éth o d o lo g iq u e des scien ces in te rv ie n t q u a n d a) l'u n e d 'e n tr e elles c o n stitu e l'o b je t d e l'a u tr e (dans c e tte d é p e n d a n c e so n t la th é o rie et la m é ta th é o rie ), b) l ’u n e e st c o n stru ite su r l'a u tre (est le d é v e lo p p e m e n t de l'a u tre ) à la b a se in té rie u re de l'a u tr e a p p a ra is s e n t n é c e s s a ire m e n t les th èses de la p rem ière, m ais n o n e lle s se u le s, c) l'u n e e st im p liq u ée d ans l'a u tre (les th è s e s de la p re m iè re a p p a ra is s e n t d 'u n e m a n iè re e ss e n tie lle à la b a se e x té rie u re de l ’a u tre ). La c o n stru c tio n de la sc ie n c e s u r u n e a u tr e p e u t a v o ir le c a ra c tè re

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3. Tenant compte de la dépendance m éthodologique des dom ai­ nes de la théorie de l'être, il faut considérer au moins deux situa­ tions fondam entales:

A. L'ordre de dépendance passe de la m étaphysique spéciale à la m étaphysique générale; ceci se produit dans les trois

variantes les plus caractéristiques:

1) les investigations de la théorie de l'être devraient com­ m encer par les différentes espèces d 'être accidentelles (de la nature et de l'homme), à la lum ière de cette con­ naissance passer à la connaissance de Dieu et, seulem ent

à la fin, à la connaissance des lois de l’être en tant qu'être; et les lois existentielles précèdent dans les diffé­ rentes phases les thèses essentielles12;

2) la théorie de l ’être se divise en deux sciences fondam en­ tales, en théorie de l'être donné directem ent (les discipli­ nes de la m étaphysique spéciale, y compris la théologie naturelle, saisissant leur objet au prem ier degré d ’abs­ traction et se servant de la m éthode que T h o m a s d'A- q u i n appelait m odus rationalis) et la théorie de l'être en tan t que tel et ses principaux principes (m étaphysique générale, saisissant son objet dans le processus de ce qu’on appelle la séparation et se servant de la m éthode que T h o m a s appelait m odus intellectualis); les pre­ m ières disciplines conduisent à la m étaphysique géné­ rale, sont pour elle une anticipation (sa pratique est pos­ sible à partir du moment où on a posé comme postulat ce vers quoi elles conduisent) ne sont pas seulem ent géné­ tiquement, mais aussi logiquem ent antérieures13;

de p a rtic u la ris a tio n , de tra n sfo rm a tio n a n a lo g iq u e ou m êm e d ’in te rp ré ta tio n (d'une th é o rie form elle). La s u b o rd in a tio n des o b je ts e s t le fo n d em en t de la s u p e rs tru c ­ tu re. C e tte su b o rd in a tio n in te rv ie n t p.ex. q u a n d l'u n e st com posé ou m oins a b ­ s tra it q u e l'a u tre . P a r c o n tre , la su b o rd in a tio n d es b u ts o b jectifs des sciences a lie u p.ex. e n tr e la sc ie n c e d e s c rip tiv e e t la sc ien ce th é o riq u e , e t e n tre la scien ce th é o riq u e e t la scien ce p ra tiq u e . P arfo is, on c o n sid è re qu e so n t su b o r­ d o n n ées m é th o d o lo g iq u e m e n t au ssi les scien ces d an s le s q u e lle s l'u n e fa c ilite la p ra tiq u e de l'a u tr e (p.ex. q u a n d on u tilis e l'a p p a r e il c o n c e p tu e l de l'u n e p o u r c ré e r la la n g u e de l'a u tre ou q u a n d on p u ise d an s la p re m iè re les m o d èles h e u ­ ristiq u e s e t illu s tra tifs p o u r la seconde).

12 J. K a l i n o w s k i , d an s les a rt. cités, p ro p o se cet o rd re des do m ain es de la th é o rie d e l ’être. D e la m êm e m a n iè re les su b o rd in a tio n s des do m ain es de la th é o rie de l'ê tr e so n t p ré s e n té e s p a r J. M a r i t a i n e t F. X. M a q u a r t. Le p re m ie r d istin g u e dans la th é o rie de l ’ê tre (p h ilo so p h ie th éo riq u e) la cosm ologie, l ’a n th ro p o lo g ie e t la m é ta p h y siq u e qui c o m p ren d la c ritiq u e de la c o n n a issa n c e , l’o n to lo g ie e t la th é o lo g ie n a tu re lle . P o u r M a q u a r t, la th é o rie de l ’ê tre (philo­

so p h ia principalis) e s t la p re m iè re p a rtie de la p h ilo so p h ie n a tu r e lle (cosm ologie

e t p sy ch o lo g ie) e t la se co n d e p a rtie de la m é ta p h y siq u e , qui e st d é fe n siv e (th éo rie de la c o n n a is sa n c e —- an s it en s e x tr a c o g n itio n e m e t quo m o d o sit in c o g n itio n e) ou p ré s e n ta tio n (tra ité de e n te in c o m m u n i — o n to lo g ie e t tr a ité de causa prim a

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3) il est nécessaire de rem arquer dans la théorie de l'être trois plans de réflexion (qui s'entrelacent continuellem ent l'ontologie) analyse prélim inaire des idées; principes et possibilités non contradictoires, la théorie de l'être comme donné immédiat (m étaphysique spéciale) dont la théolo­ gie naturelle et la théorie de l'être en tant q u 'être (mé­ taphysique générale)14 est le terme.

B. L'ordre de dépendance passe de la m étaphysique générale à la m étaphysique spéciale, et ceci en deux variantes: 1) la théorie de l'être est l'ensem ble des disciplines pour

lesquelles l'ontologie est la science fondamentale, leur fournissant les prém isses définitives; éventuellem ent aus­ si la théorie de la connaissance leur est essentielle; la m é­ taphysique générale comprend l'ontologie et la théologie naturelle, et la m étaphysique spéciale comprend les th éo ­ ries des différents types d 'être (philosophie de la nature et philosophie de l'homme) qui sont l'application des th è ­ ses de l'ontologie pour expliquer les données em piriques spéciales15;

2) l'exercice de la théorie de l'être est l'étap e suivante qui construit sur la m étaphysique générale (sans distinction m éthodologique de l’ontologie et de la théologie n atu rel­ le) les disciplines de la m étaphysique spéciale autonom es uniquem ent à cause du point de départ particulier; il s'agit notam m ent de la cosmologie et de l'anthropologie et aussi de la m étaphysique de l'action hum aine et de ses créations16.

J'essaierai m aintenant de justifier la déterm ination des domaines de la théorie de l'être consistant dans les positions que nous avons

13 Cf. M. J a w o r s к i, art. cit., 188 ss. Il d éfin it la m é ta p h y siq u e sp éciale com m e la th é o rie de l'ê tre ici p ré s e n t (être p rius q u o a d n o s) d o n n é d ans l'e x p é ­ r ie n c e co m p rise a u sen s trè s la rg e . A c e tte th é o rie de l'ê tr e d e v ra it a p p a rte n ir la c o n n a is sa n c e p h ilo so p h iq u e de l'e x is te n c e de D ieu et la sc ien ce p h ilo so p h iq u e d e la n a tu r e e t de l'hom m e.

14 Cf. B. D e m b o w s k i , Z a g a d n ien ie s to s u n k u tilo z o iii Boga do filo z o fii b y tu , d ans: Stu d ia z fiio z o iii Boga, t. II, 192— 203. Les p la n s d istin g u é s, d 'a p rë s to u t le co n te x te , c o n s titu e n t tro is d o m ain es, du m oins d id a c tiq u e s, de la th é o rie de l'ê tre .

15 C 'e st la p o sitio n p.ex. de J. d e V r i e s, W . B r u g g e r e t J. B. L о t z. C e d e rn ie r so u lig n e en o u tre q u e l'o n to lo g ie e t la th é o rie de la c o n n a is sa n c e ,,suo m odo p rim a fu n d a m e n ta e x p lo ra n t (...) c ritic a m n e c e ss a rio th e o ria m e n tis im p licare, e t o n to lo g iam in c lu d e re th e o ria m co g n itio n is. H inc c ritic a q u o q u e d isc ip lin a m e ­ ta p h y s ic a e st et v o c a ri p ro te s t m e ta p h y sic a fu n d a m e n ta lis (...) q u ia ipsa e n u c le a n ­ do co g n itio n em e n tis p o ss ib ilita te m m e ta p h y sic a e fu n d a t" (O n to io g ia , B arcin o n e 1963, 10).

16 U ne d iv isio n plus d é ta illé e de la m é ta p h y siq u e d e l'a c tio n e t de ses cré a tio n s fe ra it a p p a ra îtr e la th é o rie de la c o n n a issa n c e , la th é o rie du co m p o rte ­ m en t m o ral, la th é o rie de la so c ié té e t de l'h isto ire , la th é o rie des d ifféren ts d o ­ m aines de la cu ltu re. C e tte é n u m é ra tio n n 'e s t p as rig id e, c a r on p e u t tr a ite r to u te la m é ta p h y siq u e de l'a c tio n e t de ses c ré a tio n s com m e u n e th é o rie d es do m ain es

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notées en 1 d), 2 b) et 3 В 2). J e considère donc la théorie de l'être comme ay ant le même dom aine que la m étaphysique et je l’identifie à la philosophie classique qui constitue une science indivisible quant à son objet formel (propre) et au ty p e d e la m éthode explicative, dans laquelle cependant on peut distinguer des disciplines partielle­ m ent autonomes, vu leur point de dép art particulier. L'ordre des dis­ ciplines est établi selon leur construction graduelle. Et ainsi sur la base de la m étaphysique générale et de l’ensem ble des propres don­ nées, suffisamm ent riches, on fait de la cosmologie, ensuite de l'an ­ thropologie et enfin de l’action et de ses créations en ta n t que disci­ plines de la m étaphysique.

Les hypothèses générales sur lesquelles je fonde cette conception se réduisent d'abord au postulat qui garantisse l'hom ogénéité à la connaissance philosophique et la différence essentielle par rapport aux autres types de connaissance17. Il faut donc indiquer un aspect commun de la réalité connue qui perm ette de l'expliquer tout en tiè­ re d'une m anière définitive et inattaquable, et en même tem ps d'une m anière inform ative pour au tan t qu'il est nécessaire à la consolida­ tion des principes philosophiques impliqués par la science et aux fondem ents rationnels les plus nécessaires à la vision du monde. Ensuite j'adm ets que la philosophie devrait remplir les critères fon­ dam entaux épistém ologiques et m éthodologiques de la connaissance spécialisée et théoriquem ent avancée. Il s'agit spécialem ent de sa transm ission sociale et du contrôle intersubjectif.

Pour prouver que ma position à l'égard d e la déterm ination des dom aines de la théorie de l'être réalise les postulats cités, je caracté­

riserai la structure de la théorie de l'être. Ensuite j'ap p o rterai les argum ents qui m ilitent en faveur du fait que la philosophie classique peut être identifiée à la m étaphysique et qu’on doit pratiquer la m é­ taphysique générale avant la m étaphysique spéciale, m ais en ten an t compte de l'histoire de to u te la problém atique de la th éo rie de l'être. Et enfin, j'essaierai de définir l'autonom ie des dom aines de la théorie de l'être et de m ontrer surtout quelle est la relation de la théologie naturelle à la m étaphysique.

La construction de la th éo rie de l'ê tre est certainem ent spécifique si on la com pare à l'approche de la théorie scientifique, cependant pas au point que l'on puisse suspecter l'indication de quelque ana­ logie entre le systèm e de la m étaphysique et le systèm e d'une scien­ ce spéciale d'introduire dans la théo rie de l'être un m odèle néopo­ sitiviste de la science18. De même on a form ellem ent soutenu il de la c u ltu re (p.ex. de la re lig io n , de la m o ra le de la scien ce, de l'a rt, d e la so ­ c ié té e t de l'h isto ire ).

17 La p h ilo so p h ie qui a u ra it é p isté m o lo g iq u e m e n t le c a ra c tè re de g ra d a tio n e n tre la scien ce, l'a r t e t la re lig io n , n e p e u t fo u rn ir de fo n d e m e n t ra tio n n e l a u x d ire c tiv e s du c o m p o rte m e n t de l'hom m e.

18 Cf. M. G о g a c z, S y s te m o w e u w a ru n k o w a n ia p ro b lem u istn ie n ia Вода, 5 C o ll e c t a n e a T h e o lo g ic a

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y a longtem ps et actuellem ent (entre autres autrefois A r i s t о t e, et actuellem ent М. A. К r ą p i e c) un certain historicism e dans l'exercice de la m étaphysique. Mais dire que les points de départ de la m étaphysique sont des données historiques de la théorie de l'ê tre peut au moins susciter un m alentendu. Il n 'est non plus n é ­ cessaire de com battre l'opinion soutenant que les phrases qui décri­ vent la structure ontique des choses réelles sont un point de départ de la m étaphysique, car peu nom breux sont ceux qui le pensent19. Et enfin une dernière rem arque prélim inaire. La déterm ination de l'o bjet de la théorie de l'être est un point névralgique dans la carac­ téristique de la m étaphysique. Même les auteurs sérieux ne sont pas sur ce point assez com pétents20. C 'est pourquoi nous commencerons par ce point la présentation de la structure de la théorie de l'être.

Dans le cas de la création de la théorie scientifique, la différence n'est pas relativem ent grande entre l'objet de l'expérience et l'objet des phrases théoriques qui lui répondent. Le prem ier est constitué p ar les choses concrètes décrites au m oyen de term es d ’observation, le second, par les abstractions, les idéalisations ou en général par certains états supposés comme des signifiés des term es théoriques. A u point de départ de chaque science comme champ spécifique de recherche seuls sont acceptables les objets du prem ier genre. Ce­ pendant la théorie explicative atteint avant to ut les seconds, s’ef­ forçant de les relier par des dépendances non seulem ent en tre eux, m ais aussi avec les prem iers. La déterm ination m étascientifique de l'o b jet de la th éo rie scientifique indique dans la réalité qui nous entoure un côté formel, quantitatif ou qualitatif, ce qu'on peut faci­ lem ent saisir. Dans la m esure où croît la généralité de la théorie décroît la visibilité et la représen tativ ité de l'o b jet propre de cette théorie. C 'est pourquoi les m éthodologues se lim itent à sa déterm i­ nation opérationnelle ou bien abandonnent sa définition à to utes les thèses de la théorie qui constituent comme la définition par les pos­ tulats des term es théoriques.

Comment cela se présente-t-il dans la th éo rie de l'être? Il n 'y a presque pas de différence quand il s'agit du point de départ m a­ tériel. Même la m étaphysique commence sa connaissance à partir d ans: S tu d ia z iiio z o iii Boga, t. II, 122 e t 125. M ais ce m êm e a u te u r c o n s ta te (124 e t 126) qu e l'o n v é rifie les a ffirm atio n s de la m é ta p h y s iq u e p a r la co n sid é ­ ra tio n de le u rs c o n sé q u e n c e s, ce qui ré p o n d à la p ro c é d u re ty p iq u e de v é rific a tio n . 19 C 'e st l'a v is de l'a u te u r cité, du m o m en t q u 'il é c rit (126), qu e ces én o n cés so n t o b je t de l'a n a ly s e p h ilo so p h iq u e . D 'a ille u rs on tr o u v e d es fo rm u la tio n s in­ su ffisam m en t h a rm o n isé e s. O n é c rit p.ex. q u e la m é ta p h y siq u e n e com m ence n i au x ju g e m e n ts e x is te n tie ls n i l'in tu itio n , e t e n s u ite (127, 136) q u e la d e sc rip ­ tio n d e l'ê tre e st o b te n u e p a r le ra iso n n e m e n t ,,à p a rtir des e x p é rie n c e s c o g n itiv e s se n s.itiv o -in tellectu elles".

20 C 'e st la re m a rq u e q u e fa it К. К ł ó s a к, in d iq u a n t tro is th é o rie s m é ta ­ p h y siq u e s chez J. M a r i t a i n , d iffé re n te s e t a p p a ra is s a n t to u r à to u r (Próba

u w sp ó łc z e śn ie n ia T o m a szo w e j a rg u m e n ta c ji za is tn ie n ie m Boga z p r z y c z y n o w ości sp r a w c z e j, d an s: S tu d ia z iiio z o iii Boga, t. II, 206 ss).

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de la réalité im m édiatem ent donnée21. Cependant, m ettant à profit l'expérience historique sur la valeur cognitive des points de départ choisis, c.à.d. des objets de recherches formelles, d'em blée elle dé­ term ine son propre point de vue. Elle ne s'intéresse pas à l'élém ent qualitatif, quantitatif ou purem ent formel de la réalité, mais à son aspect existentiel. En outre, le théoricien de l'ê tre v eu t expliquer la réalité du point de vue le plus général (transcendance), m aintenant dans sa conception une ju ste proportion entre l'existence et l’attri­ bution qualitative des choses (analogie). Pour le garantir, avant de construire la théorie elle-même, il déterm ine avec détails son objet formel. C 'est en même tem ps la création de l'être, notion fondam en­ ta le théorique de la m étaphysique. C 'est pourquoi la formation de la notion de l'être décide du caractère épistém ologico-m éthodique de to u t le systèm e de la m étaphysique. Car to u te explication m éta­ physique se fait sous l'aspect de l'être, c.à.d. dans la m esure où les m atières concrètes existent, de quelle m anière elles existent et grâce à quoi et pourquoi elles existent. Sans doute l'existence en elle- -même n 'est pas concevable, m ais les m anières d 'exister subordon­ n ées aux êtres précis peuvent être saisies dans une notion (partir culière sans doute).

L'aspect d 'être (ons sub ratione entitatis) de la réalité est trans- cendentalem ent général (il dépasse les catégories des choses et em­ brasse tout ce qui existe), est analogiquem ent nécessaire les rap ­ ports entre les êtres n e peu ven t pas ne pas exister dans les relations proportionnelles qui se tro u v en t dans la notion de l'être). C'est pourquoi la notion aussi particulière de l'être diffère de la notion universelle, qui exprim e les aspects du seul contenu de quelque être et non de l'être en ta n t qu 'être. En outre elle concerne unique­ m ent la chose d e l'être, de laquelle et pour laquelle il a été abstrait. C 'est pourquoi, dire que la notion de l'ê tre en ta n t q u 'être peut être obtenue uniquem ent après qu'on a prouvé l'existence de tous les types d'être, ce serait supprim er com plètem ent les différences entre ,,le transcendental" et „l'universel''12.

21 C ’e st d o n c s u r u n m a le n te n d u q u e s'a p p u ie la d iffé re n c ia tio n des do m ain es d e la m é ta p h y s iq u e te lle q u e l'u n c o n c e rn e l'ê t r e d o n n é im m édiat, m a té rie l, e t l ’a u tre , l'ê tre en ta n t q u e te l (cf. M. J a w o r s k i , art. cit., 168 ss, 176 ss e t 188 ss). T o u te m é ta p h y siq u e , e t m êm e to u te sc ie n c e ré e lle c o n c e rn e au p o in t de d é p a rt, la r é a lité d o n n é e im m éd iatem en t, m ais en ta n t q u e th é o rie (et n o n en ta n t q u e d escrip tio n ) c o n c e rn e q u e lq u e ch o se qui n 'e s t p as o b se rv a b le , m ais q u 'e x p liq u e l'o b je t d o n n é im m éd iatem en t. P e u t-ê tre la c h o se se p ré s e n te -t-e lle d ifférem m en t a u p re m ie r co u p d 'o e il d ans l'a p p lic a tio n de la m é th o d e p h én o m én o lo g iq u e. O n y p a r­

le en effet de l'o b s e rv a tio n de la n a tu r e de la chose. O n n 'y a rr iv e p o u rta n t pas d ire c te m e n t, m ais a p rè s p lu s ie u rs o p é ra tio n s c o g n itiv es. P a r a ille u rs, plus l'o p é ­ ra tio n e s t p ro c h e de l'o b s e rv a tio n d ire c te , p lu s e lle e s t é lo ig n é e de la c o n n a is sa n c e ré a liste .

22 Cf. J. К a 1 i n o w s к i, O is to c ie i je d n o ś c i tilo z o lii, 14 e t M. J a w o r s k i ,

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De même que pour former la notion universelle il n 'est pas n é­ cessaire de prouver préalablem ent l'existence de tous les signifiés d e la classe d'objets déterm inés par le contenu, de même à plus forte raison il n ’est pas nécessaire de dém ontrer l'existence de tous les types d ’ê tre pour former la notion de l'être en tan t qu'être. Il suffit de constater que quelque chose existe, que quelque chose change (passe de l'inexistence à l'existence) et qu'il existe au moins deu x objets différents23. L'analyse du contenu concret dans les êtres pour prouver qu'il ne peut pas être exclusivem ent ce ty p e (spéci­ fique ni pour les êtres m atériels, ni pour les êtres immatériels, etc...), n 'est nécessaire que pour préciser la notion de l'être, et non pas dans sa construction préalable. La notion de l'être en tan t qu 'être défini­ tivem ent précisée est obtenue comme résu ltat de la création de to u te la m étaphysique, dont les thèses (contenant le term e de l'être) constituent la définition par les postulats de la notion de l'être. La notion non précisée de l’être en tan t q u ’être, étan t en même temps la déterm ination de l'aspect de la réalité, qui concerne toute la m é­ taphysique, se crée avant la construction de la théorie de l'être el­ le-même, mais précisém ent pour rendre possible cette construction. Autrem ent, la théorie de l’être n 'au rait ni un dom aine unique de ré­ férence, ni un ty p e hom ogène de thèses24.

La construction de la théorie elle-même consiste à préciser la n o ­ tio n de l'être sous tous ses aspects. Ce n'est pas cependant une opé­ ration faite sur la notion, mais une analyse qui précise la réalité sous l'aspect de l'être en tan t q u ’être et en ten an t compte de la po­ sition traditionnelle de la problém atique m étaphysique. Dans cette analyse, s'en ten an t d ’abord à la perspective de l'être général, nous accentuons l'asp ect essentiel ou existentiel de la réalité et nous exam inons la réalité en elle-même ou d ev an t les différentes puissan­ ces de l'intellect. N ous passons ensuite à l'an aly se qui précise les différentes m anières d'être, ce qui donne en résu ltat la théorie des élém ents constitutifs de l'ê tre et des ty pes d 'être et la théorie de la causalité. Enfin la dernière étape de l'an aly se explicative consiste â expliquer pourquoi quelque chose existe, du moment qu'il n 'est pas nécessaire que cela existe. Il apparaît que l’existence de l ’A bso­

23 C eci p e rm e t de sa isir in te lle c tu e lle m e n t q u e ce qui e x is te e s t q u e lq u e ch o ­ se, u n c o n te n u c o n c re t p récis, qui e s t n é c e ss a ire m e n t e t c o n v e n a b le m e n t lié à l'e x iste n c e .

24 La n o tio n d 'ê tre qui n 'a p as é té p ré c isé e n 'e s t c e p e n d a n t n i u n e c o n cep tio n c o u ra n te d e l 'ê t r e n i u n e d é te rm in a tio n u n iq u e m e n t d 'e n c a d re m e n t du d o m ain e d e s tra n s c e n d e n ta u x . D 'a u tre p a rt, la n o tio n de l'ê tr e p ré c isé e d ans la m é ta p h y s i­ q u e g é n é ra le c o n tie n t le ré s u lta t de l'a n a ly s e qui e x p liq u e to u te s so rte s d 'e x is te n ­ c e p o u r a u ta n t q u e c 'e s t n é c e s s a ire p o u r s a is ir les d iffé re n te s c o m p o san tes de l'ê tre . C e n ’e st p as su ffisa n t p o u r les th è s e s p ré c ise s s u r l'e x is te n c e e t la n a tu r e d e s d iffé re n ts ty p e s d 'ê tr e (à p a rt l'A b so lu , su r le q u e l les th è s e s s'a c q u iè re n t sans q u 'o n c o n sid è re les d o n n é e s sp écifiq u e s, m ais se u le m e n t e n p o u ss a n t plus loin l'a n a ly s e e x p lic a tiv e ).

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lu justifie finalem ent l'existence non nécessaire de quelque chose. Les recherches com plém entaires sur la déterm ination ontique d e la natu re de l'A bsolu ferm ent le dom aine de la m étaphysique géné­ rale25.

Le cours de la pensée indiqué sous forme d'esquisse ne se dé­ veloppe pas à volonté en ce qui concerne la succession des expli­ cations particulières (dernières au plan ontique et concernant intel­ lectuellem ent les aspects respectifs de la réalité) et en même temps les précisions des m atières contenues im plicitem ent dans la notion de l'être. C ependant il n'a d'aucune façon le caractère du procédé déductif. En m étaphysique générale on peut distinguer les parties comme des étapes de l'activ ité cognitive et comme des ensembles de thèses assem blés à un degré supérieur et moins liés au reste de la théorie. Toutes les thèses constituent donc une structure suffi­ samment cohérente, en quelque sorte granuleuse et à grandes m ail­ les. Les grandes graines constituent de petits systèm es d'affirm ation des propriétés transcendentales de l'être, des élém ents constitutifs de l'être, et en conséquence, des m anières d'exister, des types d ’être, des causalités d e l'ê tre et de la cause prem ière de l'être. Ces petits systèm es sont unis entre eux d 'un e m anière plus lâche, car les re ­ lations sont plus substantielles que formelles-logiques. M ais elles constituent une même discipline, car elles ont le même objet formel pour des choses m atériellem ent différentes (l'être en tan t qu'être), car elles se servent du même ty p e de m éthode (l’an alyse expliquant sous l'aspect ontique les états de choses saisies du point de v u e in­ tellectuel), car elles apparaissent dans les opérations créant la con­ naissance à partir de l'an aly se d'un ty p e choisi de la réalité (et non de la com position assez riche d e données d 'u n seul ty p e de la réalité, comme c'est le cas pour les disciplines de la m étaphysique spéciale). C 'est conditionnellem ent et relativem ent qu'on distingue unique­ m ent ces petits systèm es. Il convient seulem ent d’ajouter qu'elles sont accom pagnées de considérations m étasystém atiques et com plé­ té es par les inform ations qui n'ap p artien n ent pas à la th éo rie de l'être, m ais sont liées m atériellem ent par le contenu) au thème*8. Il est vrai que plus haut on a caractérisé av an t tout la m étaphy­ sique générale, m ais c’était en même tem ps la déterm ination (quant à l’objet formel, au but objectif et à la méthode) de to u te la théorie de l'être, et de ce fait, de to ute la philosophie classique. En effet, si

25 O n tr a ite de la m a n iè re p ro p re à la m é ta p h y siq u e g é n é ra le des fa c te u rs de l'ê tr e e t d es ty p e s d 'ê tr e p a r r a p p o r t à sa co m p o sitio n . Cf. М. A. К r ą p i e c.

M e ta fiz y k a , P o zn ań 1966, 65—69, 104— 111.

25 O n p e u t c ite r de n o m b re u se s ra iso n s d id a c tiq u e s e n fa v e u r d u fa it q u e c e tte a ttitu d e p e rm e t d e m ieu x c o m p re n d re la m é ta p h y siq u e g e n e ra le . M ais p o u r d es ra iso n s m é th o d o lo g iq u e s, il fa u d ra it d is tin g u e r p lu s n e tte m e n t ce q u i co n s­ titu e la th é o r ie d e l ’ê tr e , e t la m é ta th é o r ie ,et c e q u ’il s e r a it u tile d e s a v o ir s u r c e thèm e.

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la philosophie doit être une connaissance autonom e et réelle (diffé­ ren te des sciences particulières) des aspects nécessaires de la réalité en donnant les explications dernières du point d e vue ontique, les conditions sont rem plies par la seule théorie de l'être. Toutes les autres disciplines théoriques, quant à la déterm ination de l'o b jet for­ mel et du ty p e de la m éthode, se réduisent à la théorie de l'être. Il n 'y a aucune nécessité de distinguer la philosophie de la culture comme une science de ty p e différent et indépendant de la philo­ sophie de l’action. Les créations de la culture ne peuvent pas s’ex ­ pliquer sous l'aspect de l'ê tre en dernière analyse transcendentale autrem ent que par le caractère ontique de l'action humaine, ensuite par la n atu re d 'être de celui qui agit.

M algré de nom breuses apparences, la philosophie de l'action doit se situer, quant à la m éthode d'explication, dans le cadre de la th éo ­ rie de l’être. La structure ontique de l'homme et ses attributs trans- cendentaux constituent la justification dernière de l'action et d e la création. Non seulem ent operari sequitur esse, m ais dans sa plus grande profondeur elle est l'esse de quelqu'un. La situation ne chan­ gera pas quand on com prendra la philosophie d e l'action comme une axiologie. La valeur, en effet, si elle existe réellem ent, constitue un ty p e d ’être (mode, aspect, propriété relativ e mais transcenden­ tale de l'être). Il n 'en est pas autrem ent dans le cas où on la traite exclusivem ent comme objet d'appréciation. Les appréciations, en effet, non seulem ent contiennent un élém ent de l'attitu d e person­ n elle et de stim ulant, mais aussi d'inform ation concernant un état de la chose. L’explication dernière de la valeur ainsi com prise se fait par l'indication de la dynam ique n atu relle et ontique de l'objet, dont l'action ou le choix sont soumis à l'appréciation27.

Le plus souvent les philosophes classiques placent en dehors des lim ites de la théorie de l'être la théorie de la connaissance; celle-ci s'est acquis dans la pensée m oderne et contem poraine une grande autonom ie. Il semble possible de dém ontrer la futilité d'une telle pratique. Si elle doit ê tre une philosophie classique, la théorie de la connaissance, en tan t que théorie explicative définitive, appartient au ty p e de connaissance propre à la th éorie de l'être. Evidemment, il ne s'agit pas ici d'une simple conversion de la théorie de la con­ naissance en m étaphysique de la connaissance conçue comme un être intentionnel. La th éorie de la connaissance étan t u n e m ètascien- ce particulière, étudiant d'une m anière non dogm atique la connais­ sance hum aine comme un inform ateur honnête et recherchant les ultim es (de l'ordre ontique) raisons de la valeur, devient précisé­

27 C o n fo rm ém en t à c e tte p o sitio n , l ’é th iq u e , l ’e s th é tiq u e e t la p h ilo so p h ie de la c u ltu re se tro u v e n t d an s la d e rn iè re p h a se du p o in t de v u e de l'a s p e c t’ e t de la m a n iè re d ’e x p liq u e r la th é o rie de l'ê tre .

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ment dans la dernière étape, une connaissance ty p e pour la théorie de l'être.

A utrem ent dit, l'indication des raisons ontiques ultim es pour la valeur de la connaissance se réd u it à la th éo rie de l'être, du point de vue de la m éthode et de l'o b jet formel. C ette réduction est visi­ ble quand on traite la théorie de la connaissance comme théorie de l'action hum aine ou th éo rie de la valeur. La théorie de la connais­ sance, il est vrai, est partiellem ent autonom e (notam ment du point de vue de point d e départ), m ais ne diffère pas d e la théo rie de l'être par le ty p e d'explication et de justification ni sous l'aspect de l'objet. Le caractère m étascientifique de la théorie de la connais­ sance ne lui nuit pas. Si elle veut être une philosophie classique, la m étascience prem ière (car toutes les m étasciences sont subordon­ nées au but de la th éo rie de la connaissance) devrait faire appel en dernier ressort aux états d 'être (structure intérieure de l'être). Elle peut le faire, car sa m étalangue contient en elle la langue objective (autrem ent elle n e traitera it pas p.ex. de la vérité au sens classique) et parce que les thèses sur la connaissance n 'excluent pas sa v alid a­ tion dans les thèses sur le connaissant et le connu. De la même m a­ nière d'ailleurs que toutes les estim ations et les norm es de l'action hum aine n'excluent pas la possibilité de les justifier p ar la n atu re de l'agissant et de l’objet et du but de l'action28.

Assez souvent (sous l'influence de l'approche épistém ologique de to ute la philosophie) on soutient l'indépendance de la théorie de la connaissance par rapport à la m étaphysique, ou bien on re­ connaît (p. ex. J. B. L о t z) les deux disciplines comme prem ières dans la classification des dom aines de la philosophie. Il en est ainsi parce q u ’on suppose que la philosophie de la réalité est possible quand on a prouvé l'existence en général d 'u n e connaissance d e la valeur. M ais ce postulat est précisém ent étranger à la philosophie classique et d'ordinaire conduit à l’idéalisme. Même si on voulait la placer de force dans la philosophie classique, la théorie de la con­ naissance ne peut pas en appeler aux thèses de l'être (dépendance structurale), du moins implicitem ent. C 'est pour cette raison

préci-28 La te n d a n c e à tr a ite r d 'u n e m a n iè re u n ifo rm e to u te la p h ilo so p h ie d e v ie n t de p lu s en p lu s v is ib le d an s la p e n s é e c o n te m p o ra in e . La p h ilo so p h ie elle-m êm e e st c e p e n d a n t co n çu e o n to lo g iq u e m e n t e t é p isté m o lo g iq u e m e n t. R e c o n n a iss a n t la n é c e s s ité e t la p o ss ib ilité d e la s p é c ia lisa tio n de la re c h e rc h e , on p o s tu le la n é ­ c e s s ité a b so lu e de s'e m p a re r de la to ta lité de la p h ilo so p h ie e t d e s e r v ir d 'u n seu l ty p e d e m é th o d e , q u o iq u e celle-ci so it u n iv e rs e lle . Il e st p o ss ib le de to u t r é a lis e r e n s u p p o s a n t l'id e n tité e s s e n tie lle de l'o b je t fo rm el de to u te la p h ilo ­ so p h ie e t l'u n ifo rm ité d e son b u t o b jectif. C e tte u n ific a tio n e n c e qui c o n c e rn e la p h ilo so p h ie m a rx iste e s t p o s tu lé e p a r J . Ł a d o s z, T ra d y c y jn e p o d zia ły n a u k

filo z o fic z n y c h a s tru k tu r a filo z o fii m a r k s is to w s k ie j, S tu d ia F ilo zo ficzn e 11 (1974)

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sèm ent qu'on devrait reconnaître à la th éo rie de la connaissance uniquem ent une autonom ie partielle29.

La question de l'o rd re dans lequel il faut pratiquer les disciplines de la théorie de l'être suscite d'assez vives controverses. On discute notam m ent pour savoir s'il faut pratiquer d'abord la m étaphysique générale ou la m étaphysique spéciale. Il semble qu'en prenant en défense l'un ité essentielle de to u te la th éorie de l'être et en recon­ naissant un certain ordre cyclique des opérations créatrices m éta­ physiques, on peut justifier l'opinion selon laquelle la m étaphysique générale occupe du point de v u e m éthodologique la prem ière place dans la structure de la th éo rie de l'être.

Par contre il est difficile de déterm iner le passage cognitif d e la m étaphysique spéciale à la m étaphysique générale comme explica­ tion graduelle du m ystère de la réalité. O n n 'a pas besoin de con­ tester la nécessité de conserver l'id entité des ordres de la découverte et de l'exposer dans la pratiq u e m étaphysique. M ais c'est autrem ent qu'il faut com prendre l'explication m étaphysique. Elle n 'est pas une généralisation du dom aine du contenu, m ais épuisem ent du dom aine général par la précision du contenu. Les dom aines de la m étaphy­ sique spéciale ayan t leur propre point de départ, expliquent en der­ nier ressor et con stitu en t son appareil conceptuel dans le cadre et sur la base de la m étaphysique générale.

La position de ceux qui p rétendent que la m étaphysique géné­ rale arrive naturellem ent après les disciplines de la m étaphysique spéciale suppose l'ordre de la connaissance m étaphysique à partir du moins général au plus général. C ependant m odus intellectualis propre à la th éo rie d e l'ê tre consiste précisém ent en ce que d'abord on saisit l'objet globalem ent, indistinctem ent et uniformément, et ensuite a lieu la précision et la découverte en lui de la com plexité et de la m ultiplicité30. Telle d evrait être la structure d e la théorie de l'être. Les thèses de la m étaphysique générale sont la base interne (mais non pas la seule) de la m étaphysique spéciale. C 'est à elles que nous en appelons dans l'explication la plus théorique de la n a ­ tu re des différents ty p es d'être. On recherche en effet la raison in­ te rn e ultim e de l'être; or les thèses sur la structure interne de l'être appartiennent à la m étaphysique générale. Sans les principes de la m étaphysique générale serait impossible la com plète connaissance m étaphysique de ce qui appartient à l'être du ty p e précis31.

Evidemment, la construction de la th éorie d e l'être dans cet ordre est possible quand toutes les recherches se font dans la perspective

22 Cf. C. G ent. II. 4: secu n d u m diversa reru m g en era d iv e r sa e p a rtes p h ilo ­

so p h ia e in v e n iu n tu r .

50 In te lle c tu s a u te m e c o n v e rs o p er p riu s u n a m e t sim p lic e m v e r ita te m c o n ­

sid e ra t e t in illa to tiu s m u ltitu d in is c o g n itio n e m ca p it (...). In te lle c tu s in u no m u ltitu d in e m c o m p re h e n d it (In B oeth. d e T rinit., q. 6, a. 1).

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de l'être en tan t qu 'être et quand on envisage la problém atique mé­ taphysique connue par la tradition m étaphysique qui rem plit en quelque sorte le rôle d'indicateur de direction. Etant donné la con­ naissance des différentes form ulations connues du problèm e et de leurs solutions et m otivations, nous pouvons év iter plus facilem ent les pseudoproblèm es et les essais de m otivation d'affirm ations non convenables. Indépendam m ent de cela, souvenons-nous que les opé­ rations cognitives de toute la théorie de l'être sont caractérisées p ar le retour continuel à l'explication de l'état de la chose, aux idées fon­ dam entales et aux principes essentiels. Les différentes disciplines de la m étaphysique spéciale sont des classifications de thèses d e sous-classes qu'on n e peut pas réunir au m oyen d e la déduction en un système, mais qui sont en dernier ressort m otivées dans la pers­ pective de l'ê tre en tan t qu'être. C 'est pourquoi, pour des raisons didactiques il peut être utile de couronner la pratique de la théorie de l'être par la reprise de la construction de la m étaphysique géné­ rale, ce que semble dire T h o m a s d'A q u i n 32.

Mais toutes les rem arques concernent l’unité de la théorie de l'ê tre et ne supprim ent pas l'autonom ie partielle de ses domaines. Vu un assez riche ensem ble de données de point de départ sur les ty p es de l'être, il faut distinguer la m étaphysique générale et la m é­ taphysique spéciale, e t dans cette dernière, la philosophie de la n a ­ ture, la philosophie de l'homme et de la société, l'éthique, l'esth é­ tique, la philosophie de la culture (et de l'histoire) et la théorie de la connaissance. L’ordre de ces dom aines ju sq u 'à la philosophie de l'homme et de la société, ne suscite pas de discussion pour celui qui accepte la conception de l’être projetée plus haut. En effet on passe successivem ent des recherches sur l'être en général aux ex­ plications de données sur des types d 'être de plus en plus com plexes et dotés de qualités. Nous avons ensuite la philosophie de l'activité hum aine et de ses créations. Ici règne déjà un certain choix de no­ tions, La plus grande v ariété apparaît probablem ent dans la pra­ tique de la théorie de la connaissance33. M ais l’éthique égalem ent peut ê tre traitée de différentes m anières, comme p. ex. une m éta­ physique de la conduite interpersonnelle (dernièrem ent comme une certaine relation interpersonnelle prise dynam iquem ent) ou comme une m étaphysique de certaine valeur de la création culturelle (du bien culturel envisagé sous l'asp ect relatif de l'être humain).

Le caractère arbitraire et la v ariété des notions de ces dom aines de l'être, en principe, ne porte pas attein te au principe même de la

82 Cf. p lu s h a u t fin d e la n o tic e 4.

8 En d e h o rs de la p h ilo so p h ie il y a e n c o re e x c e p tio n n e lle m e n t d e n o m ­ b re u s e s c o n c e p tio n s de la th é o rie d e la c o n n a is sa n c e ; e lle s ré s u lte n t d e l'in flu e n c e de la tra d itio n p h ilo so p h iq u e m o d e rn e e t c o n tem p o rain e. D 'où c e tte v a rié té de th é o rie s de la c o n n a is sa n c e p ré s e n té e m êm e d a n s un c o u ra n t p h ilo so p h iq u e p récis.

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division, ni à l'unité de la théorie de l'être. Dans la dernière phase de l'explication m étaphysique chaque notion de la discipline de la m étaphysique spéciale prend le même caractère cognitif. P. ex. la différentiation des notions de la m étaphysique d e la m orale con­ cerne avant tou t le point de départ et la phase préalable de l'expli­ cation, et non la théorie finale. En outre il faut se rappeler que tous les domaines de la m étaphysique spéciale sont pratiquées à partir de la base et com mencent par les données sur l'être34. C 'est pourquoi leur prem ière étape d'opération est assez compliquée. Elles doivent en effet transposer en notion sous l'aspect de l'ê tre en ta n t que tel l'approche plus ou moins p artielle du ty p e d'être. Il faut p. ex. traiter la religion ou la m orale dans la catégorie exclusivem ent ontique et m otiver leur existence et leur natu re par la structure interne et par les relations réciproques des êtres respectifs. La problém atique phi­ losophique de la religion, de l'obligation morale, de la valeur, etc..., est im pliquée en dernière analyse dans la théorie de l'être en tant qu'être, et plus directem ent de l'être hum ain35.

Pour term iner j'exam inerai d'une m anière plus précise la relation de la théologie n atu relle avec la théorie de l'être. Il s'agit avant tout de reje ter l'opinion selon laquelle la philosophie de l’Etre nécessaire constitue un dom aine de la m étaphysique spéciale ou „une p artie de la philosophie de l'ê tre qui nous est donné directem ent". C ette opinion se base le plus souvent sur l'h y p o th èse que la preuve de l'existence de Dieu provient de données de la simple expérience et qu'on ne peut poser de principes m étaphysiques de causalité qu'après avoir accepté l'ex isten ce de l'A bsolu. A la lum ière de ce qui a été dit de la structure de la théorie de l'être, il semble que chaque sous- -classe des thèses est le résultat de l'explication de données de l'ex ­ périence de la réalité. Chaque opération m étaphysique débute par

34 II n 'e s t c e p e n d a n t p a s lé g itim e d 'a d m e ttre a u rô le du p re m ie r d o m ain e (phase, plan) d e la ré fle x io n p h ilo so p h iq u e l'o n to lo g ie (g é n é ra le ou sp éciale), m êm e si celle-ci est co m p rise com m e u n e a n a ly s e p ré a la b le des id ées, p rin cip es ou p o ssib ilité s n o n c o n tra d ic to ire s . Si c 'e st u n e a n a ly s e de n o tio n s, e lle n e p e u t ê tr e in c lu e d an s la th é o rie de l'ê tr e en ta n t q u 'ê tre , m ais d an s sa m é ta th é o rie . C e p e n d a n t si e lle p re n d le c a ra c tè re de th é o rie de p u re s p o ssib ilité s, d a n s ce cas il n 'e s t p as p o ss ib le de la m e ttre au ra n g de la th é o rie d e l'ê tr e ré e l; e lle n 'e s t n o n p lu s e n h a rm o n ie a v e c la p h ilo so p h ie c la s siq u e e n g é n é ra l. E lle e s t le ré s u lta t du fa it q u 'o n tr a ite la p h ilo so p h ie ép istém o lo g iq u em en t.

35 N e sem b le p as lé g itim e la d é fin itio n de la m é ta p h y siq u e sp é c ia le com m e u n e p a rtic u la ris a tio n ou u n e acco m m o d atio n de la m é ta p h y siq u e g é n é ra le (en te n a n t co m p te de l'a p p a r e il c a té g o rie l), e t à p lu s fo rte ra iso n com m e u n e x e m ­ p la ire o u u n e a p p lic a tio n de la m é ta p h y siq u e g é n é ra le . O n n e c o n s tru it p as le do­ m ain e de la m é ta p h y siq u e s p é c ia le en le tr a ita n t p a r des d é ta ils ou e n accom m o­ d a n t des th è s e s de la m é ta p h y siq u e g é n é ra le à l'ê tr e d e q u e lq u e ty p e , m ais en co m m en çan t p a r les d o n n é e s p a rtic u liè re s s u r ce ty p e d 'ê tre , on les fo rm u le en te rm e s o n tiq u e s e t on e x p liq u e d a n s le c a d re d e la m é ta p h y siq u e g é n é ra le (en la fa is a n t en q u e lq u e so rte p a rtic ip e r à la m é ta p h y siq u e g é n é ra le ). Cf. K. K ł o ­ s a k, S to s u n e k filo z o fii p r z y r o d y do m e ta fiz y k i w u ję c iu w s p ó łc z e s n y c h n eo sch o -

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