Ondelettes et poids de Muckenhoupt
par
P I E R R E G I L L E S L E M A R I ´ E - R I E U S S E T (Orsay)
Abstract. We study, for a basis of H¨ olderian compactly supported wavelets, the boundedness and convergence of the associated projectors P
jon the space L
p(dµ) for some p in ]1, ∞[ and some nonnegative Borel measure µ on R. We show that the convergence properties are related to the A
pcriterion of Muckenhoupt.
Introduction. Les bases d’ondelettes sont des bases orthonorm´ ees de L
2(R, dx) mais elles sont ´egalement des bases inconditionnelles de nombreux espaces fonctionnels. Nous nous proposons d’´ etudier dans cet article les propri´ et´ es des bases d’ondelettes dans les espaces L
p(dµ).
Nous consid´ erons une base d’ondelettes h¨ old´ eriennes ` a support compact telles qu’en a construites I. Daubechies. En particulier, le projecteur or- thogonal P
jde L
2(R, dx) sur l’espace V
jde l’analyse multi-r´ esolution sous- jacente v´ erifie que si f est continue ` a support compact alors P
jf est encore continue ` a support compact; de plus, lorsque j tend vers ∞, P
jf converge uniform´ ement vers f et reste, pour j ≥ 0, ` a support dans un compact fixe, de sorte que, pour toute mesure bor´ elienne positive µ sur R et tout p ∈ [1, ∞[
on a, pour f continue ` a support compact, lim
j→∞R |P
jf − f |
pdµ = 0.
Le but de cet article est de d´ emontrer le th´ eor` eme suivant :
Th´ eor` eme 1. (a) Soit (V
j)
j∈Zune analyse multi-r´ esolution d’I. Daube- chies (` a ondelettes h¨ old´ eriennes ` a support compact ), µ une mesure bor´ elienne positive sur R et p ∈ ]1, ∞[. Alors les assertions suivantes sont ´equivalentes : (A1) les P
jsont continus sur L
p(dµ) et on a, pour tout f ∈ L
p(dµ),
j→∞
lim kf − P
jf k
Lp(dµ)= 0 et lim
j→−∞
kP
jf k
Lp(dµ)= 0 ; (A2) dµ = v(x)dx o` u v appartient ` a la classe A
pde Muckenhoupt ; (A3) les ondelettes (ψ
j,k) (j ∈ Z, k ∈ Z) forment une base incondition-
nelle de L
p(dµ).
1991 Mathematics Subject Classification: 42C15, 42B20.
Key words and phrases: singular integrals, wavelets, weighted Lebesgue spaces.
(b) Pour p = 1, les assertions suivantes sont ´ equivalentes : (B1) les op´ erateurs P
j, j ∈ Z, sont ´equicontinus sur L
1(dµ);
(B2) dµ = v(x)dx o` u v appartient ` a la classe A
1de Muckenhoupt.
Rappelons la d´ efinition des classes A
pde Muckenhoupt . Un poids v(x) sur R (c’est-`a-dire une fonction localement int´egrable pour la mesure de Lebesgue et positive) appartient ` a la classe A
pde Muckenhoupt (1 ≤ p < ∞) s’il existe une constante C ≥ 1 telle que pour tout intervalle I (de longueur
|I|) on ait (1.1) 1
|I|
R
I
v dx
1/pR
I
v
−1/(p−1)dx
(p−1)/p≤ C si p > 1 ,
(1.2) 1
|I|
R
I
v dx ≤ C ess inf
x∈I
v(x) si p = 1 .
Notation. Pour µ mesure bor´ elienne positive sur R, p ∈ [1, ∞[ et f bor´ elienne born´ ee ` a support compact on notera
|||f |||
p,µ=
R
|f |
pdµ
1/p,
|||f |||
p,µ,∗= sup n
R f g dx
: g continue ` a support compact, |||g|||
p,µ≤ 1 o . On remarquera que |||f |||
p,µ,∗< ∞ si et seulement si il existe h ∈ L
p/(p−1)(dµ) telle que les mesures f dx et hdµ soient ´ egales. Lorsque dµ = vdx, on notera |||f |||
p,vet |||f |||
p,v,∗au lieu de |||f |||
p,vdxet |||f |||
p,vdx,∗. On a alors, si p > 1,
|||f |||
p,v,∗= R
|f (x)|
p/(p−1)v(x)
−1/(p−1)dx
(p−1)/pet
|||f |||
1,v,∗= ess sup |f (x)|
|v(x)| . Par cons´ equent,
(1.3) v ∈ A
pssi sup
I
1
|I| |||χ
I|||
p,v|||χ
I|||
p,v,∗< ∞ (o` u χ
Id´ esigne la fonction caract´ eristique de l’intervalle I).
Le th´ eor` eme 1 repose essentiellement sur le th´ eor` eme suivant :
Th´ eor` eme 2. Soit (V
j)
j∈Zune analyse multi-r´ esolution d’I. Daubechies (` a ondelettes h¨ old´ eriennes ` a support compact ), µ une mesure bor´ elienne po- sitive sur R et p ∈ [1, ∞[. Alors les assertions suivantes sont ´equivalentes : (C1) C
1= sup{|||P
0f |||
p,µ: f continue ` a support compact , |||f |||
p,µ≤ 1}
< ∞;
(C2) C
2= sup
|I|=1|||χ
I|||
p,µ|||χ
I|||
p,µ,∗< ∞.
De plus, C
2se majore en fonction seulement de C
1, de p et du choix de (V
j)
j∈Z.
Le th´ eor` eme 2 peut se paraphraser de la mani` ere suivante :
Proposition 1. Soit (V
j) une analyse multi-r´ esolution d’I. Daubechies (` a ondelettes h¨ old´ eriennes ` a support compact ), µ une mesure bor´ elienne po- sitive sur R et p ∈ [1, ∞[. Alors :
(i) P
jest continu sur L
p(dµ) pour (au moins un) j ∈ Z si et seulement si on a pour (au moins un) R > 0,
sup
|I|=R
1
|I| |||χ
I|||
p,µ|||χ
I|||
p,µ,∗< ∞ ;
(ii) les P
jsont continus sur L
p(dµ) et pour tout f ∈ L
p(dµ),
j→∞
lim |||P
jf − f |||
p,µ= 0 si et seulement si on a pour (au moins un) R > 0,
sup
|I|≤R
1
|I| |||χ
I|||
p,µ|||χ
I|||
p,µ,∗< ∞ .
De plus, dans ce cas, la mesure µ est absolument continue par rapport ` a la mesure de Lebesgue : dµ = vdx avec v localement int´ egrable.
(iii) Les P
j, j ∈ Z, sont ´equicontinus sur L
p(dµ) si et seulement si v ∈ A
p, ou encore,
sup
I
1
|I| |||χ
I|||
p,µ|||χ
I|||
p,µ,∗< ∞ .
La proposition 1 introduit donc des crit` eres de Muckenhoupt ` a une
´
echelle (cas (i)) ou local ou aux petites ´ echelles (cas (ii)) en plus du crit` ere global (1.3). Le crit` ere local peut se r´ ev´ eler tr` es utile dans la mesure o` u dans de nombreux probl` emes on ne d´ ecompose pas les fonctions ` a toutes les
´
echelles (sur tous les W
j) mais seulement sur les petites ´ echelles (sur V
j0et sur les W
j, j ≥ j
0).
1. Rappels sur les ondelettes de Daubechies. Pour tout N ≥ 2, I. Daubechies a construit dans [1] une fonction ϕ qui v´ erifie :
(2.1) ϕ est de classe C
αN(o` u α > 0 ne d´ epend pas de N ), ` a valeurs r´ eelles et ` a support compact dans R;
(2.2) les ϕ(x − k), k ∈ Z, forment une famille orthonorm´ee de L
2(R, dx);
(2.3) ϕ(x/2) = P
2N −1k=0
a
kϕ(x − k) avec a
06= 0 et a
2N −16= 0.
La fonction ϕ est alors la fonction d’´ echelle d’une analyse multi-r´ esolution (V
j)
j∈Zau sens de S. Mallat [5]. Plus pr´ ecis´ ement, on d´ efinit :
(3.1) ϕ
j,k(x) = 2
j/2ϕ(2
jx − k) (j ∈ Z, k ∈ Z);
(3.2) V
jest le sous-espace ferm´ e de L
2(R, dx) engendr´e par les ϕ
j,k, k ∈ Z;
(3.3) P
jf (x) = P
k∈Z
hf | ϕ
j,kiϕ
j,k(x).
P
jest le projecteur orthogonal de L
2(R, dx) sur V
j(hf | gi d´ esigne le produit scalaire R
∞−∞
f (x)g(x) dx dans L
2(R, dx)). Dire que (V
j)
j∈Zest une analyse multi-r´ esolution de fonction d’´ echelle ϕ, c’est par d´ efinition dire que (V
j) v´ erifie :
(4.1) V
j⊂ V
j+1, T
j∈Z
V
j= {0}, S
j∈Z
V
jest dense dans L
2(R, dx), (4.2) f (x) ∈ V
jssi f (2x) ∈ V
j+1,
(4.3) les ϕ(x − k), k ∈ Z, forment une base orthonorm´ee de V
0. A la fonction d’´ echelle ϕ est associ´ ee une ondelette ψ d´ efinie par
(5) ψ(x) =
2N −1
X
k=0
(−1)
ka
2N −1−kϕ(x − k) . On d´ efinit alors ´ egalement :
(6.1) ψ
j,k(x) = 2
j/2ψ(2
jx − k);
(6.2) W
jest le compl´ ementaire orthogonal de V
jdans V
j+1; (6.3) Q
jf (x) = P
k∈Z
hf | ψ
j,kiψ
j,k.
Alors les ψ
j,k, k ∈ Z, forment une base orthonorm´ee de W
jet Q
j= P
j+1−P
jest le projecteur orthogonal de L
2(R, dx) sur W
j. En particulier, les ψ
j,k(j ∈ Z, k ∈ Z) forment une base d’ondelettes de L
2(R, dx), c’est-`a-dire une base orthonorm´ ee de L
2(R, dx) engendr´ee `a partir d’une seule fonction ψ par les translations-dilatations dyadiques (6.1).
Les principales propri´ et´ es de ces bases d’ondelettes sont d´ ecrites dans le livre de Y. Meyer [6]. Celles que nous utiliserons plus particuli` erement sont les suivantes :
(7.1) P
k∈Z
ϕ(x − k) = 1;
(7.2) R ψ dx = 0;
(7.3) Supp ϕ = Supp ψ = [0, 2N − 1];
(7.4) si P λ
kϕ(x − k) est nulle sur un intervalle I et si |I ∩ Supp ϕ(x − k
0)|
> 0, alors λ
k0= 0.
Les propri´ et´ es (7.3) et (7.4) ont ´ et´ e d´ emontr´ ees r´ ecemment par G. Mal- gouyres [3], [4].
R e m a r q u e. De (7.1) on d´ eduit effectivement la propri´ et´ e, ´ evoqu´ ee dans l’introduction, que P
jf tend vers f uniform´ ement lorsque f est continue
`
a support compact :
|P
jf (x) − f (x)| ≤ X
k∈Z
|ϕ(2
jx − k)| · |hf (y) | 2
jϕ(2
jy − k)i − f (x)|
≤ X
k∈Z
|ϕ(2
jx − k)| ·
R (f (y) − f (x))2jϕ(2
jy − k) dy
≤ (2N − 1)
2kϕk
2∞sup
|x−y|≤(2N −1)/2j
|f (x) − f (y)| .
2. D´ emonstration du th´ eor` eme 2. Avant de d´ emontrer le th´ eor` eme 2, remarquons la propri´ et´ e suivante :
Lemme 1. On note
α
0= sup
|I|=1
|||χ
I|||
p,µ|||χ
I|||
p,µ,∗et
α
1= sup
k∈Z
|||ϕ(x − k)|||
p,µ|||ϕ(x − k)|||
p,µ,∗. (i) Si α
0< ∞, il existe β
0= 4α
20tel que, pour tout x ∈ R,
1 β
0|||χ
[x,x+1]|||
p,µ≤ |||χ
[x+1,x+2]|||
p,µ≤ β
0|||χ
[x,x+1]|||
p,µ.
(ii) Si α
1< ∞, il existe β
1= β
2(ϕ)α
1(o` u β
2(ϕ) ne d´ epend que de ϕ) tel que, pour tout k ∈ Z,
1 β
1|||ϕ(x − k)|||
p,µ≤ |||ϕ(x − k − 1)|||
p,µ≤ β
1|||ϕ(x − k)|||
p,µ.
(iii) α
0< ∞ est ´ equivalent ` a α
1< ∞ et α
0ne se majore qu’en fonction de α
1, p et ϕ (et de mˆ eme α
1en fonction de α
0, p et ϕ) :
α
0≤ 4N
2β
14N −2α
1et α
1≤ (2N − 1)
2kϕk
2∞β
04N −4α
0. D ´ e m o n s t r a t i o n. (i) En effet, on a
R χ[x,x+1](t)χ
[x+1/2,x+3/2](t) dt = 1 2 et donc
|||χ
[x,x+1]|||
p,µ= 4|||χ
[x,x+1]|||
p,µR
χ
[x,x+1]χ
[x+1/2,x+3/2]dt
× R
χ
[x+1/2,x+3/2]χ
[x+1,x+2]dt
≤ 4|||χ
[x,x+1]|||
p,µ|||χ
[x,x+1]|||
p,µ,∗|||χ
[x+1/2,x+3/2]|||
p,µ× |||χ
[x+1/2,x+3/2]|||
p,µ,∗|||χ
[x+1,x+2]|||
p,µ≤ 4α
20|||χ
[x+1,x+2]|||
p,µet de mˆ eme |||χ
[x,x+1]|||
p,µ≤ 4α
20|||χ
[x−1,x]|||
p,µ.
(ii) D’apr` es (7.3), Supp ϕ(x)ϕ(x − 1) = [1, 2N − 1] et donc il existe h continue ` a support compact telle que
R h(x)ϕ(x)ϕ(x − 1) dx = 1 . On a alors
|||ϕ(x − k)|||
p,µ= |||ϕ(x − k)|||
p,µR h(x − k)ϕ(x − k)ϕ(x − k − 1) dx
≤ |||ϕ(x − k)|||
p,µ|||ϕ(x − k)|||
p,µ,∗|||h(x − k)ϕ(x − k − 1)|||
p,µ≤ α
1khk
∞|||ϕ(x − k − 1)|||
p,µet de mˆ eme |||ϕ(x − k)|||
p,µ≤ α
1khk
∞|||ϕ(x − k + 1)|||
p,µ. (iii) En effet, Supp ϕ(x − k) = [k, k + 2N − 1] et donc
|||ϕ(x − k)|||
p,µ≤ kϕk
∞2N −2
X
p=0
|||χ
[k+p,k+p+1]|||
p,µ≤ (2N − 1)β
02N −2kϕk
∞|||χ
[k,k+1]|||
p,µet
|||ϕ(x − k)|||
p,µ,∗≤ kϕk
∞2N −2
X
p=0
|||χ
[k+p,k+p+1]|||
p,µ,∗≤ α
0kϕk
∞2N −2
X
p=0
1
|||χ
[k+p,k+p+1]|||
p,µ≤ α
0(2N − 1)β
2N −20kϕk
∞1
|||χ
[k,k+1]|||
p,µ, d’o` u α
1≤ kϕk
2∞α
0(2N − 1)
2β
4N −40.
Inversement, si k ≤ x < k + 1, alors χ
[x,x+1](t) = χ
[x,x+1](t)
2N −2
X
p=−1
ϕ(t − k + p) et donc
|||χ
[x,x+1]|||
p,µ≤
2N −2
X
p=−1
|||ϕ(t − k + p)|||
p,µ≤ 2N β
12N −1|||ϕ(t − k − 1)|||
p,µet
|||χ
[x,x+1]|||
p,µ,∗≤ α
12N −2
X
p=−1
1
|||ϕ(t − k + p)|||
p,µ,∗≤ 2N α
1β
12N −11
|||ϕ(t − k − 1)|||
p,µ,
d’o` u α
0≤ α
14N
2β
14N −2.
D´ emontrer le th´ eor` eme 2 revient alors ` a d´ emontrer le th´ eor` eme suivant : Th´ eor` eme 2bis. Pour p ∈ [1, ∞[ et C ≥ 1 on note K
C,pl’ensemble des mesures bor´ eliennes positives µ sur R telles que :
(i) R |ϕ(x)|
pdµ(x) = 1;
(ii) pour toute fonction f continue ` a support compact ,
R |P0f |
pdµ ≤ C R
|f |
pdµ .
Alors K
C,p, muni de la topologie de la convergence vague, est un compact m´ etrisable et
(8) sup
µ∈KC,p
sup
|||f |||p,µ=1
R f ϕ dx < ∞ .
Pour d´ emontrer ce th´ eor` eme, nous allons recourir ` a une s´ erie de lemmes interm´ ediaires. Dans ce qui suit, le lettre C
0d´ esignera diverses constantes d´ ependant de C, p et ϕ mais pas de µ.
Lemme 2. |||ϕ(x − k)|||
p,µ≤ C
0|k|pour tout k ∈ Z et toute µ ∈ K
C,p. En effet, on peut trouver une fonction h
0continue ` a support compact telle que
R h0(x)ϕ(x)ϕ(x − p) dx = δ
1,p
(o` u δ
1,p= 1 si p = 1, et 0 si p 6= 1). Cela provient du fait que si
2N −2
X
p=−2N +2
α
pϕ(x)ϕ(x − p) = 0 p.p.
alors P α
pϕ(x − p) est nulle p.p. sur un ouvert dense de [0, 2N − 1] (puisque Supp ϕ = [0, 2N −1] et donc que ϕ(x) 6= 0 sur un ouvert dense de ]0, 2N −1]) et donc P α
pϕ(x − p) est nulle sur [0, 2N − 1]; par (7.4) on obtient que tous les α
psont nuls. Les formes lin´ eaires h → R hϕ(x)ϕ(x − p) dx (pour
−2N +2 ≤ p ≤ 2N −2) sont donc lin´ eairement ind´ ependantes sur l’espace des fonctions continues (nulles ` a l’infini) et un lemme classique assure l’existence de h
0(qu’on peut supposer ` a support compact puisque seules ses valeurs sur [0, 2N − 1] interviennent). Mais alors on a
ϕ(x − k − 1) = P
0(h
0(x − k)ϕ(x − k)) et
ϕ(x + k + 1) = P
0(h
0(x + k + 1)ϕ(x + k)) , d’o` u
|||ϕ(x − k − 1)|||
p,µ≤ Ckh
0k
∞|||ϕ(x − k)|||
p,µet de mˆ eme
|||ϕ(x + k + 1)|||
p,µ≤ Ckh
0k
∞|||ϕ(x + k)|||
p,µ.
Lemme 3. ∀µ ∈ K
C,p, ∀n ∈ N, µ([−n, n]) ≤ C
0n. Cela provient directement de (7.1) et du lemme 2 :
µ([−n, n]) = R
[−n,n]
X
k
ϕ(x − k)
p
dµ
≤
n−1X
k=−n−2N +2
|||ϕ(x − k)|||
p,µp≤
n−1X
k=−n−2N +2
C
0|k| p≤ C
0np2
∞
X
k=0
1 C
0k p≤ C
00n.
Lemme 4. K
C,pest un compact m´ etrisable pour la topologie de la con- vergence vague.
La topologie de la convergence vague est d´ efinie sur l’espace des mesures bor´ eliennes par les semi-normes kµk
f= | R f dµ| o` u f d´ ecrit l’espace des fonctions continues ` a support compact. On note B
nla boule ferm´ ee de centre 0 et de rayon C
0n(o` u C
0est la constante du lemme 3) dans l’espace des mesures bor´ eliennes sur [−n, n]; B
nmuni de la topologie de la convergence vague est un compact m´ etrisable d’apr` es le th´ eor` eme de Banach–Alaoglu;
or K s’identifie ` a un ferm´ e de Q
n∈N
B
npar l’application µ → (µ|
[−n,n])
n∈N. Le lemme est donc d´ emontr´ e.
Lemme 5. ∀µ ∈ K
C,p, Supp µ = R.
En effet, consid´ erons un intervalle I born´ e tel que |I| > 0. Fixons k
0∈ Z tel que |[k
0, k
0+ 2N − 1] ∩ I| > 0. Le mˆ eme argument que dans la d´ emonstration du lemme 2 montre qu’il existe h
Icontinue ` a support com- pact telle que R h
I(x)χ
I(x)ϕ(x − k) dx = δ
k,k0(la mesure χ
I(x)ϕ(x − k
0)dx
´
etant lin´ eairement ind´ ependante, d’apr` es (7.4), des χ
Iϕ(x − k)dx avec k 6=
k
0). On a alors
|||ϕ(x − k
0)|||
p,µ≤ Ckh
Ik
∞µ(I)
1/p. Or la d´ emonstration du lemme 2 montre que
|||ϕ(x − k
0)|||
p,µ≥ C
0−|k0|> 0 et donc µ(I) > 0.
Lemme 6. On note K = {(ε
k)
−2N +2≤k≤2N −2: P |ε
k|
p= 1}. Alors
ε∈K
inf inf
µ∈KC,p
R
[0,2N −1]
2N −2
X
k=−2N +2
ε
kϕ(x − k)
p
dµ(x) > 0 .
Remarquons d’abord que l’application F qui ` a (ε, µ) ∈ K × K
C,passocie F (ε, µ) = R
[0,2N −1]
X
k
ε
kϕ(x − k)
p
dµ
est continue : en effet, si (ε
n, µ
n) converge vers (ε, µ) (µ
nconvergeant vers µ au sens de la convergence vague) alors
2N −2
X
k=−2N +2
ε
k,nϕ(x − k) converge uniform´ ement vers
2N −2
X
k=−2N +2
ε
kϕ(x − k);
comme, d’apr` es le lemme 3, sup
nµ
n([0, 2N − 1]) < ∞ il est clair que
n→∞
lim F (ε
n, µ
n) − F (ε, µ
n) = 0;
par ailleurs F (ε, µ
n) converge vers F (ε, µ). F est donc continue; comme K et K
C,psont compacts, la borne inf´ erieure de F sur K × K
C,pest atteinte.
Il reste ` a montrer qu’elle est non nulle.
Supposons que F (ε, µ) soit nul; cela implique que χ
[0,2N −1](x)
2N −2X
k=−2N +2
ε
kϕ(x − k)
soit nulle µ-presque partout; or la fonction P ε
kϕ(x − k) est continue; si elle
´
etait non nulle en un point de ]0, 2N − 1[, elle serait non nulle sur un (petit) intervalle I autour de ce point; or d’apr` es le lemme 5, µ(I) > 0; on obtient donc que P ε
kϕ(x − k) doit ˆ etre nulle sur [0, 2N − 1] et (7.4) entraˆıne alors que les ε
ksont nuls pour −2N + 2 ≤ k ≤ 2N − 2; ce dernier r´ esultat est absurde puisque P ε
pk= 1. F (ε, µ) est donc non nul. Le lemme 6 est alors d´ emontr´ e.
Le th´ eor` eme 2bis est alors imm´ ediat. Appelons α la borne inf´ erieure de F (ε, µ) sur K × K
C,p. Alors on a
|hf | ϕi| ≤
2N −2X
k=−2N +2
|hf | ϕ(x − k)i|
p1/p≤ 1 α
R
[0,2N −1]
X hf | ϕ(x − k)iϕ(x − k)
p
dµ
1/p≤ α
−1/p|||P
0f |||
p,µ≤ Cα
−1/p|||f |||
p,µ.
Le th´ eor` eme 2bis est donc d´ emontr´ e.
Nous pouvons maintenant d´ emontrer le th´ eor` eme 2. Supposons que C
1= sup
|||f |||p,µ=1
|||P
0f |||
p,µ< ∞ .
Remarquons qu’alors tous les |||ϕ(x − k)|||
p,µ, k ∈ Z, sont non nuls (si µ est non nulle) : il suffit de reprendre les d´ emonstrations des lemmes 2 et 3 pour voir que si ϕ = 0 dans L
p(dµ) et si P
0est continu sur L
p(dµ) alors tous les ϕ(x − k), k ∈ Z, sont nuls et pour finir µ est nulle. On remarque alors que µ
kd´ efinie par
R f (x) dµk= R
f (x − k) dµ
|||ϕ(x − k)|||
pp,µv´ erifie que µ
k∈ K
C1,pet donc |||ϕ|||
p,µk,∗≤ C
0d’apr` es le th´ eor` eme 2bis; or
|||ϕ|||
p,µk,∗= |||ϕ(x − k)|||
p,µ|||ϕ(x − k)|||
p,µ,∗. On utilise alors le lemme 1 pour conclure que
C
2= sup
|I|=1
|||χ
I|||
p,µ|||χ
I|||
p,µ,∗est fini et se majore en fonction de C
1, p et ϕ, mais ind´ ependamment de µ.
R´ eciproquement, si C
2< ∞, alors C
3= sup |||ϕ(x − k)|||
p,µ×
|||ϕ(x − k)|||
p,µ,∗est fini (toujours d’apr` es le lemme 1). On a alors
|||P
0f |||
p,µ≤
2N −1
X
r=1
X
k∈Z
hf | ϕ(x − k(2N − 1) − r)i
× ϕ(x − k(2N − 1) − r)
p,µ≤
2N −1
X
r=1
X
k∈Z
|hf | ϕ(x − k(2N − 1) − r)i|
p× |||ϕ(x − k(2N − 1) − r)|||
pp,µ1/p(car ϕ(x) et ϕ(x − k(2N − 1)) sont ` a supports disjoints) et donc
|||P
0f |||
p,µ≤ (2N − 1)
(p−1)/pX
k∈Z
|hf | ϕ(x − k)i|
p|||ϕ(x − k)|||
pp,µ1/p≤ (2N − 1)
(p−1)/p× X
k∈Z
|||f χ
[k,k+2N −1]|||
pp,µ|||ϕ(x − k)|||
pp,µ,∗|||ϕ(x − k)|||
pp,µ1/p≤ (2N − 1)
(p−1)/pC
3(2N − 1)
1/p|||f |||
p,µet donc C
1≤ (2N − 1)C
3.
Le th´ eor` eme 2 est donc d´ emontr´ e.
3. D´ emonstration de la proposition 1. Commen¸ cons par noter pour R > 0, p ∈ [1, ∞] et µ mesure bor´ elienne positive
(9) α(R) = sup
|I|=R
1
|I| |||χ
I|||
p,µ|||χ
I|||
p,µ,∗. On a le r´ esultat simple suivant:
Lemme 7. Si R ≤ R
0≤ 2R alors
12α(R) ≤ α(R
0) ≤ 16α(R)
3.
En effet, soit I = [x
0− R/2, x
0+ R/2] un intervalle de longueur R et I
0= [x
0− R
0/2, x
0+ R
0/2]. Alors il est clair que |||χ
I|||
p,µ≤ |||χ
I0|||
p,µet que |||χ
I|||
p,µ,∗≤ |||χ
I0|||
p,µ,∗, et donc
1
R |||χ
I|||
p,µ|||χ
I|||
p,µ,∗≤ R
0R
1
R
0|||χ
I0|||
p,µ|||χ
I0|||
p,µ,∗≤ 2α(R
0) , d’o` u α(R) ≤ 2α(R
0).
D´ ecomposons maintenant I
0en I
1∪ I
2avec
I
1= [x
0− R
0/2, x
0+ R − R
0/2] et I
2= [x
0+ R
0/2 − R, x
0+ R
0/2] . On a
|||χ
I|||
p,µ≤ |||χ
I1|||
p,µ+ |||χ
I2|||
p,µet
|||χ
I|||
p,µ,∗≤ |||χ
I1|||
p,µ,∗+ |||χ
I2|||
p,µ,∗. Or
R
2 ≤ 3R − R
02 = |I
1∩ I|
≤ |||χ
I1|||
p,µ|||χ
I|||
p,µ,∗≤ Rα(R)
|||χ
I1|||
p,µ,∗|||χ
I|||
p,µ,∗, d’o` u
|||χ
I1|||
p,µ,∗≤ 2α(R)|||χ
I|||
p,µ,∗. On obtient de mˆ eme
|||χ
I1|||
p,µ≤ 2α(R)|||χ
I|||
p,µ, |||χ
I2|||
p,µ≤ 2α(R)|||χ
I|||
p,µet
|||χ
I2|||
p,µ,∗≤ 2α(R)|||χ
I|||
p,µ,∗, et en fin de compte
1
R
0|||χ
I0|||
p,µ|||χ
I0|||
p,µ,∗≤ R
R
016α(R)
21
R |||χ
I|||
p,µ|||χ
I|||
p,µ,∗≤ 16α(R)
3. Le lemme 7 est donc d´ emontr´ e.
Lemme 8. |||P
jf |||
p,µ≤ (2N − 1)
2kϕk
2∞α((2N − 1)/2
j)|||f |||
p,µ.
En effet, la d´ emonstration du th´ eor` eme 2 donne
|||P
jf |||
p,µ≤ (2N − 1)(sup
k∈Z
|||ϕ
j,k|||
p,µ|||ϕ
j,k|||
p,µ,∗)|||f |||
p,µ. Or on a
|ϕ
j,k(x)| ≤ 2
j/2kϕk
∞χ
[k/2j,(k+2N −1)/2j](x) et donc
|||ϕ
j,k|||
p,µ|||ϕ
j,k|||
p,µ,∗≤ (2N − 1)α 2N − 1 2
jkϕk
2∞.
De ce lemme 8 on tire les conclusions suivantes. Si les α(R) sont finis (crit` ere de Muckenhoupt ` a une ´ echelle), les projecteurs P
jsont continus sur L
p(dµ) (et r´ eciproquement d’apr` es le th´ eor` eme 2). Si les α(R) restent born´ es quand R tend vers 0 (crit` ere de Muckenhoupt aux petites ´ echelles), les projecteurs P
jsont ´ equicontinus pour j ≥ 0 (et r´ eciproquement, en appli- quant le th´ eor` eme 2 aux mesures µ
j(x) d´ efinies par R f dµ
j= R f (2
jx) dµ).
De mˆ eme, les P
j, j ∈ Z, sont ´equicontinus sur L
p(dµ) si et seulement si sup
Rα(R) < ∞ (crit` ere de Muckenhoupt global).
De plus, si les P
jsont ´ equicontinus sur L
p(dµ) pour j ≥ 0, comme P
jf converge vers f dans L
p(dµ) pour f continue ` a support compact, on a lim
j→∞|||P
jf − f |||
p,µ= 0 pour tout f ∈ L
p(dµ). La r´ eciproque est
´
egalement vraie d’apr` es le th´ eor` eme de Banach–Steinhaus. De plus, si E est un bor´ elien born´ e tel que |E| = 0, alors P
j(χ
E) = 0 pour tout j et donc, si sup
R≤1α(R) < ∞, on a |||χ
E|||
p,µ= 0 et donc µ(E) = 0, ce qui montre que µ est absolument continue par rapport ` a la mesure de Lebesgue.
La proposition 1 est donc d´ emontr´ ee. L’´ equivalence (B1)⇔(B2) du th´ eo- r` eme 1 a ´ et´ e ´ egalement d´ emontr´ ee. L’´ equivalence (A1)⇔(A2) est imm´ ediate : si (A1) est v´ erifi´ ee, alors les P
jsont ´ equicontinus (par Banach–Steinhaus) et donc v ∈ A
p; inversement, si v ∈ A
p, les P
jsont ´ equicontinus et pour tout f ∈ L
p(dµ), lim
j→∞|||P
jf − f |||
p,µ= 0. Il reste ` a v´ erifier que pour f ∈ D, D dense dans L
p(dµ), lim
j→−∞|||P
jf |||
p,µ= 0. Consid´ erons le cas de f born´ ee ` a support dans [−M, M ]; alors on a
|P
jf (x)| ≤ X
k∈Z
2
j|hf | ϕ(2
jx − k)i| |ϕ(2
jx − k)|
≤ 2M kf k
∞kϕk
2∞× 2
jX
[k/2j,(k+2N −1)/2j]∩[−M,M ]6=∅
χ
[k/2j,(k+2N −1)/2j](x)
≤ 2M kf k
∞kϕk
2∞2
j(2N − 1)χ
[−M −(2N −1)/2j,M +(2N −1)/2j]et donc
|||P
jf |||
p,µ≤ C 2
j|||χ
[−M −(2N −1)/2j,M +(2N −1)/2j]|||
p,µ≤ C
01
|||χ
[−M −(2N −1)/2j,M +(2N −1)/2j]|||
p,µ,∗. Or on a dµ = vdx et
|||χ
[−M −(2N −1)/2j,M +(2N −1)/2j]|||
p,µ,∗=
R
[−M −(2N −1)/2j,M +(2N −1)/2j]
v
−1/(p−1)dx
(p−1)/pet il suffit donc de v´ erifier que si v ∈ A
p,
∞
R
−∞
v
−1/(p−1)dx = ∞ . Or
2N +1
R
0
v
−1/(p−1)dx
(p−1)/p=
2N +1
R
0
v
−1/(p−1)dx
(p−1)/p1 2
NR χ[0,2N +1]χ
[2N,2N +1]dx
≤ 1 2
N 2N +1
R
0
v
−1/(p−1)dx
(p−1)/p×
2N +1
R
0
v dx
1/p2N +1
R
2N
v
−1/(p−1)dx
(p−1)/p≤ C
2N +1
R
2N
v
−1/(p−1)dx
(p−1)/pet on voit que
N →∞
lim
2N +1
R
0
v
−1/(p−1)dx = ∞ .
On a bien (A1)⇔(A2). Lorsque p = 1, (A1) n’est pas v´ erifi´ e pour v ∈ A
1en g´ en´ eral : par exemple pour v = 1 on a R P
jf dx = R f dx pour tout f ∈ L
1(dx) (car
R Pjf dx = R X
hf | ϕ
j,kiϕ
j,kdx = X
hf | ϕ
j,ki2
−j/2= R
f (x) X
ϕ(2
jx − k) dx = R
f dx
par (7.1)) et donc si R f dx 6= 0 on ne peut avoir lim
j→−∞|||P
jf |||
1,1= 0.
4. Bases inconditionnelles et op´ erateurs de Calder´ on–Zygmund.
Nous allons montrer que les ondelettes (ψ
j,k) forment une base incondition- nelle de L
p(vdx) lorsque v ∈ A
pet 1 < p < ∞ (nous excluons le cas p = 1 car les espaces L
1(vdx) n’admettent pas de bases inconditionnelles). De mˆ eme, la famille (ϕ
j0,k)
k∈Z∪ (ψ
j,k)
j≥j0,k∈Zforme une base inconditionnelle de L
p(vdx) si et seulement si v satisfait le crit` ere local (ou aux petites
´
echelles) de Muckenhoupt.
Proposition 2. Soit (V
j) une analyse multi-r´ esolution d’I. Daubechies (` a ondelettes h¨ old´ eriennes ` a support compact ), v une fonction de poids sur R (v ≥ 0 p.p., v localement int´ egrable) et p ∈ ]1, ∞[. Alors :
(i) Les assertions suivantes sont ´ equivalentes :
(D1) les ψ
j,k, j ∈ Z, k ∈ Z, forment une base inconditionnelle de L
p(vdx);
(D2) la norme |||f |||
p,vest ´ equivalente ` a la norme N
p,v(f ) =
X
j∈Z
X
k∈Z
|hf | ψ
j,ki|
2χ
j,k(x)
2 1/2p,v
o` u χ
0= χ
[0,1]et χ
j,k(x) = 2
j/2χ(2
jx − k);
(D3) v ∈ A
p.
(ii) Les assertions suivantes sont ´ equivalentes :
(E1) les (ϕ
j0,k), k ∈ Z, et les (ψ
j,k), j ≥ j
0, k ∈ Z, forment une base inconditionnelle de L
p(vdx);
(E2) la norme |||f |||
p,vest ´ equivalente ` a la norme M
p,v,j0(f ) = X
k∈Z
|hf | ϕ
j0,ki|
p|||ϕ
j0,k|||
pp,v1/p+
X
j≥j0
X
k
|hf | ψ
j,ki|
2χ
j,k(x)
2 1/2p,v
; (E3) sup
|I|≤1|I|
−1|||χ
I|||
p,v|||χ
I|||
p,v,∗< ∞.
Rappelons qu’une suite (b
n)
n∈Nest une base inconditionnelle d’un espace de Banach B si :
(i) tout ´ el´ ement b de B s’´ ecrit b = lim
N →∞P
Nk=0
β
k(b)b
k, la conver- gence ayant lieu dans B et les coefficients β
k(b) ´ etant uniques;
(ii) il existe une constante C telle que
∀b ∈ B, ∀ε ∈ {−1, 1}
N,
X
n∈N
ε(n)β
n(b)b
nB
≤ Ckbk
B.
Les familles (ε(n)β
n(b)b
n)
n∈Nsont alors sommables dans B et les s´ eries sont commutativement convergentes, de sorte que la fa¸ con d’indexer la famille (b
n) est indiff´ erente.
Si (b
n)
n∈Nest une base inconditionnelle de B et si A ⊂ N, l’op´erateur de somme partielle b → P
A(b) = P
n∈A
β
n(b)b
nest continu et sa norme d’op´ erateur se majore ind´ ependamment de A, puisque 2P
A(b) − b = P
n∈N
ε
A(n)β
n(b)b
navec ε
A(n) = 1 si n ∈ A et ε
A(n) = −1 si n 6∈ A.
On en conclut imm´ ediatement que (D2)⇒(D1), que (D1) implique que les op´ erateurs P
jsont ´ equicontinus (car on a
P
jf = X
l<j
X
k
hf | ψ
l,kiψ
l,ket donc P
jest un op´ erateur de somme partielle) et donc que (D1)⇒(D3).
De mˆ eme (E2)⇒(E1) et (E1)⇒(E3).
On est donc ramen´ e ` a montrer (D3)⇒(D2) et (E3)⇒(E2). En fait, il suffit de montrer que v ∈ A
pimplique
(9)
X
j∈Z
X
k∈Z
|hf | ψ
j,ki|
2χ
j,k(x)
21/2p,v
≤ C
p,v|||f |||
p,vet, de mˆ eme, que sup
|I|≤1|I|
−1|||χ
I|||
p,v|||χ
I|||
p,v,∗< ∞ implique que
(10.1) X
k∈Z
|hf | ϕ
j0,ki|
p|||ϕ
j0,k|||
pp,v1/p≤ C
j0,p,v|||f |||
p,v,
(10.2)
X
j≥j0
X
k∈Z
|hf | ψ
j,ki|
2χ
j,k(x)
21/2p,v
≤ C
j0,p,v|||f |||
p,v.
Les in´ egalit´ es r´ eciproques s’obtiennent par dualit´ e, car h | i identifie le dual de L
p(vdx) ` a L
p∗(v
∗dx) avec p
∗= p/(p − 1) et v
∗= v
−1/(p−1); de plus,
|||χ
I|||
p,v= |||χ
I|||
p∗,v∗,∗et |||χ
I|||
p,v,∗= |||χ
I|||
p,vde sorte que (9) (ou (10)) est ´ egalement v´ erifi´ ee pour p
∗, v
∗, et donc
|||f |||
p,v= sup{|hf | gi| : g ∈ L
p∗(v
∗dx), |||g|||
p∗,v∗≤ 1}
= sup n
X
j,k
|hf | ψ
j,kihψ
j,k| gi
: g ∈ L
p∗(v
∗dx), |||g|||
p∗,v∗≤ 1 o
≤ sup n X
j,k
|hf | ψ
j,ki||hψ
j,k| gi| R
χ
2j,kdx : g ∈ L
p∗(v
∗dx), |||g|||
p∗,v∗≤ 1 o
≤ sup n R X
j,k
|hf | ψ
j,ki|
2χ
j,k(x)
2 1/2× X
j,k
|hg | ψ
j,ki|
2χ
j,k(x)
21/2dx : |||g|||
p∗,v∗≤ 1 o
≤ N
p,v(f ) sup{N
p∗,v∗(g) : |||g|||
p∗,v∗≤ 1} ≤ C
p∗,v∗N
p,v(f )
(et de mˆ eme on contrˆ ole |||f |||
p,vpar M
p,v(f ) grˆ ace ` a (10) appliqu´ ee ` a p
∗, v
∗).
On est donc ramen´ e ` a ´ etablir (9) et (10). (10.1) est imm´ ediat puisque
|hf | ϕ
j0,ki|
p≤ |||ϕ
j0,k|||
pp,v,∗R
[k/2j0,(k+2N −1)/2j0]
|f |
pv dx
et qu’on a vu que sup
k|||ϕ
j0,k|||
p,v|||ϕ
j0,k|||
p,v,∗´ etait born´ e en fonction de sup
|I|≤1
1
|I| |||χ
I|||
p,v|||χ
I|||
p,v,∗.
Par ailleurs on note ω une fonction C
∞` a support dans [−1, 2] et valant sur [0, 1]. On va montrer que
(9bis) sup
ε
X
j
X
k
ε(j, k)hf | ψ
j,kiω
j,kp,v
≤ C
p,v|||f |||
p,vo` u ε ∈ {−1, 1}
Z2, ω
j,k(x) = 2
j/2ω(2
jx − k) et v ∈ A
p, et de mˆ eme,
(10bis) sup
ε
X
j≥j0
X
k
ε(j, k)hf | ψ
j,kiω
j,kp,v
≤ C
p,v|||f |||
p,vlorsque sup
|I|≤1|I|
−1|||χ
I|||
p,v|||χ
I|||
p,v,∗< ∞. Si on moyenne (9bis) sur tous les choix possibles de ε, on obtient, par l’in´ egalit´ e de Khintchine,
R
{−1,1}Z2
X
j
X
k
ε(j, k)hf | ψ
j,kiω
j,k(x)
p
dε
≥ γ
pX
j
X
k
|hf | ψ
j,ki|
2ω
j,k(x)
2 p/2et donc γ
pR X
j
X
k
|hf | ψ
j,ki|
2ω
j,k(x)
2 p/2v dx ≤ C
p,vp|||f |||
pp,v;
comme |ω
j,k(x)| ≥ χ
j,k(x), (9) se d´ eduit de (9bis) et de mˆ eme (10) se d´ eduit de (10bis).
On conclut alors grˆ ace ` a la th´ eorie des op´ erateurs de Calder´ on–Zygmund [7]. Si T est un op´ erateur lin´ eaire continu de L
2(R, dx) dans L
2(R, dx) tel que le noyau-distribution K(x, y) de T co¨ıncide en dehors de la diagonale x = y avec une fonction continue localement h¨ old´ erienne (d’exposant α > 0) telle que
(11.1) |K(x, y)| ≤ C
11
|x − y| ,
(11.2) |K(x, y) − K(x + z, y)| + |K(x, y) − K(x, y + z)| ≤ C
2|z|
α|x − y|
1+αpour z <
12|x − y|,
(11.3) kT f k
2≤ C
3kf k
2et si v ∈ A
p,
(11.4) ∀I 1
|I| |||χ
I|||
p,v|||χ
I|||
p,v,∗≤ C
4pour un p ∈ ]1, ∞[, alors on a
(11.5) |||T f |||
p,v≤ C
5|||f |||
p,vo` u C
5ne d´ epend que de α, C
1, C
2, C
3, C
4et p.
(9bis) est alors imm´ ediat. On note T
εl’op´ erateur
f → X
ε
(j,k)hf | ψ
j,kiω
j,ket K
εson noyau. En dehors de la diagonale, on a
K
ε(x, y) = X
ε
(j,k)ψ
j,k(y)ω
j,k(x) et donc
|K
ε(x, y)| ≤ X
j
X
k
2
j|ψ(2
jy − k)| · |ω(2
jx − k)| .
Or ψ(2
jy − k) est non nul seulement si 2
jy − 2N + 1 < k < 2
jy et de mˆ eme ω(2
jx − k) est non nul seulement si 2
jx − 2 < k < 2
jx + 1; le produit est non nul seulement si −2 < 2
j(y − x) < 2N et donc 2
j|y − x| ≤ 2N . On a alors
|K
ε(x, y)| ≤ X
2j|y−x|≤2N
2
jkψk
∞kωk
∞· 3 ≤ C
|x − y| . De mˆ eme on a
|K
ε(x, y) − K
ε(x, z + y)|
≤ X
j
X
k
2
j|ω(2
jx − k)| · |ψ(2
jy − k) − ψ(2
j(z + y) − k)| . Or ψ est h¨ old´ erienne d’exposant β > 0, de sorte qu’on a
|ψ(2
jy − k) − ψ(2
j(y + z) − k)| ≤ C2
jβ|z|
β.
La somme court ` a nouveau pour 2
j|y − x| ≤ 4N si |z| ≤
12|x − y| et on obtient
|K
ε(x, y) − K
ε(x, y + z)| ≤ X
2j|y−x|≤4N
2
jC2
jβ|z|
βkωk
∞· 3
≤ C
0|z|
β|x − y|
1+βpour |z| <
12|x − y| .
On obtient de mˆ eme
|K
ε(x, y) − K
ε(x + z, y)| ≤ C
0|z|
β|x − y|
1+βpour |z| <
12|x − y| . Enfin, il suffit de v´ erifier que
X
j,k
λ
j,kω
j,k2 2
≤ C X
j,k
|λ
j,k|
2pour obtenir
kT
εf k
22≤ C X
j,k
|hf | ψ
j,ki|
2≤ Ckf k
22. Or cette in´ egalit´ e est ´ el´ ementaire (voir [2] par exemple).
Les T
ε, ε ∈ {−1, 1}
Z2, v´ erifient donc (11.1) ` a (11.4) uniform´ ement;
ils sont donc ´ equicontinus sur L
p(vdx) lorsque v ∈ A
pet (9bis) est donc d´ emontr´ e.
Pour d´ emontrer (10bis), posons S
ε= T
ε◦ (Id −P
j0) : S
εf = X
j≥j0
X
k
ε(j, k)hf | ψ
j,kiω
j,k.
Il est clair qu’` a nouveau les S
ε, ε ∈ {−1, 1}
Z2, v´ erifient (11.1) ` a (11.4) uniform´ ement. De plus le noyau G
ε(x, y) de S
εv´ erifie
G
ε(x, y) = 0 si |x − y| ≥ 2N · (1/2)
j0.
Supposons maintenant que v satisfasse le crit` ere de Muckenhoupt aux petites ´ echelles :
sup
|I|≤1
1
|I| |||χ
I|||
p,v|||χ
I|||
p,v,∗< ∞ .
On consid` ere f ∈ L
p(vdx) et on pose f
k= f χ
[k/2j0,(k+1)/2j0]. On va montrer que
|||S
εf
k|||
p,v≤ C|||f
k|||
p,vo` u C est ind´ ependante de ε et de k. Comme Supp S
εf
k⊂ [(k − 2N )/2
j0, (k + 2N + 1)/2
j0], on obtient alors :
|||S
εf |||
p,v≤
4N
X
r=0
X
k∈Z
S
εf
r+(4N +1)kp,v
≤ (4N + 1)
(p−1)/pX
k∈Z
|||S
εf
k|||
pp,v1/p≤ C(4N + 1)
(p−1)/p|||f |||
p,vet (10bis) sera d´ emontr´ e.
Pour estimer |||S
εf
k|||
p,von d´ efinit le poids v
kpar :
(i) v
k= v sur k − 2N
2
j0, k + 2N + 1 2
j0, (ii) v
k(x) = v
2 k + 2N + 1 2
j0− x
sur k + 2N + 1
2
j0, k + 6N + 2 2
j0, (iii) v
kest ´ etendu en dehors de [(k − 2N )/2
j0, (k + 6N + 2)/2
j0] par p´ eriodicit´ e de p´ eriode (8N + 2)/2
j0.
Alors :
(j) |||S
εf
k|||
p,vk= |||S
εf
k|||
p,vet |||f
k|||
p,vk= |||f
k|||
p,v, (jj) sup
ksup
I|I|
−1|||χ
I|||
p,vk|||χ
I|||
p,vk,∗< ∞.
En effet, si |I| ≥ (8N + 2)/2
j0, alors si 2
q8N + 2
2
j0≤ |I| ≤ 2
q+18N + 2 2
j0, on a
2
q/p|||χ
[0,(8N +2)/2j0]|||
p,vk≤ |||χ
I|||
p,vk≤ 2
(q+1)/p|||χ
[0,(8N +2)/2j0]|||
p,vk, 2
q(p−1)/p|||χ
[0,(8N +2)/2j0]|||
p,vk,∗≤ |||χ
I|||
p,vk,∗≤ 2
(q+1)(p−1)/p|||χ
[0,(8N +2)/2j0]|||
p,vk,∗et
|||χ
[0,(8N +2)/2j0]|||
p,vk= 2
1/p|||χ
[(k−2N )/2j0,(k+2N +1)/2j0]|||
p,v,
|||χ
[0,(8N +2)/2j0]|||
p,vk,∗= 2
(p−1)/p|||χ
[(k−2N )/2j0,(k+2N +1)/2j0]|||
p,v,∗et enfin, 1
|I| |||χ
I|||
p,vk|||χ
I|||
p,vk,∗≤ 2
j0+28N + 2 |||χ
[(k−2N )/2j0,(k+2N +1)/2j0]|||
p,v× |||χ
[(k−2N )/2j0,(k+2N +1)/2j0]|||
p,v,∗≤ 2α 4N + 1 2
j0.
Supposons maintenant |I| ≤ (8N + 2)/2
j0. Trois cas sont alors possi- bles :
(i) I est enti` erement contenu dans un translat´ e de
k − 2N
2
j0, k + 2N + 1 2
j0ou k + 2N + 1
2
j0, k + 6N + 2 2
j0. Alors |I|
−1|||χ
I|||
p,vk|||χ
I|||
p,vk,∗se contrˆ ole imm´ ediatement par α(|I|).
(ii) I contient un translat´ e de
k − 2N
2
j0, k + 2N + 1 2
j0ou k + 2N + 1
2
j0, k + 6N + 2 2
j0.
Alors |I| ≥ (4N + 1)/2
j0tandis que
|||χ
I|||
p,vk≤ |||χ
[0,(8N +2)/2j0]|||
p,vket
|||χ
I|||
p,vk,∗≤ |||χ
[0,(8N +2)/2j0]|||
p,vk,∗. On obtient alors
1
|I| |||χ
I|||
p,vk|||χ
I|||
p,vk,∗≤ 2 1
|[0, (8N + 2)/2
j0]| |||χ
[0,(8N +2)/2j0]|||
p,vk|||χ
[0,(8N +2)/2j0]|||
p,vk,∗≤ 4α 4N + 1 2
j0.
(iii) Dans le cas contraire, on a I = ˜ I ∪ ˜ I o` ˜ u ˜ I et ˜ I ont une extr´ ˜ emit´ e commune et sont contenus dans des translat´ es de
k − 2N
2
j0, k + 2N + 1 2
j0et k + 2N + 1
2
j0, k + 6N + 2 2
j0. Si | ˜ I| ≥ | ˜ I|, on a ˜
|||χ
I˜˜|||
p,vk≤ |||χ
I˜|||
p,vk, |||χ
I˜˜|||
p,vk,∗≤ |||χ
I˜|||
p,vk,∗, et donc
1
|I| |||χ
I|||
p,vk|||χ
I|||
p,vk,∗≤ 2
|I| |||χ
I˜|||
p,vk|||χ
I˜|||
p,vk,∗≤ 4α(| ˜ I|) . Au total,
sup
I
1
|I| |||χ
I|||
p,vk|||χ
I|||
p,vk,∗≤ 4 sup
|I|≤(4N +1)/2j0
1
|I| |||χ
I|||
p,v|||χ
I|||
p,v,∗. Les v
ksont donc uniform´ ement dans la classe A
pet on a bien
|||S
εf
k|||
p,vk≤ C|||f |||
p,vkuniform´ ement par rapport ` a ε et ` a k.
La proposition 2 est donc d´ emontr´ ee.
Bibliographie
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[7] —, Ondelettes et op´ erateurs, tome II, Hermann, Paris, 1991.
UA CNRS 757
UNIVERSIT ´E DE PARIS-SUD MATH ´EMATIQUES
B ˆATIMENT 425
91405 ORSAY CEDEX, FRANCE