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Le pouvoir temporel des papes et le roi de Prusse

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Academic year: 2022

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(1)

L E

POWOIR TEMPOEEL

D E S

P A P E S

E T

LE ROI DE PRUSSE

3?-A_K

|vł. DE JSaUCLTEF^ES.

VIE NNE.

C H E Z L. CH, Z A M A R S K I , L I B R A I R E - E D I T E U R . AYRIIj 1871.

C <»V StA

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L E

POUYOIR TEMPOBEL

P A P E S

E T

LE ROI DE PRUSSE;

P A E

Y1 E NNE.

C H E Z L. C H . Z A M A R S K I , L I B R A I R E - E D I T E U R . A Y E I L 1871.

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g l ł S O S S l Ł

(5)

LE

POUVOIR TEMPOREL

DES

PAP E S

ET

LE R O I D E P R U S S E .

B i e ń des catlioliąues sim aginent que le ro i de Prusse, apres avoir conclu la paix avec la F ran c e , fait son entree triom phale a B erlin et ouvert le parlem ent de 1’em pire d’A lle m a g n e (l), s’en ira guerro y er en Italie et retab lir le Pape dans ses E t a t s , sinon p ar am our pour 1’ Eglise et la

(1) II est bon de faire rem arąu er ici que le roi de P ru s s e , dans son disoours d W e r t u r e des Cliam bres allem andes, (20 m ars 1871), n ’a pas dit un senl m ot du Saint-PSre, ni directem ent, n i indirectem ent. Cela nous p a ra it tres sigm ficatif; c’est au m oins un e preu v e m orale que Sa M ajeste im pćriale et royale p ro lestan te n ’a nullem ent 1’in tention de se brouiller avec 1’Ita lie &

propos de la b ru tale co nquśte de Rome.

1 *

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Papautć, du moins pour se faire gran d comme Charlem agne, en frap p an t de son epee les irreconciliables ennemis de Rome et de Pie IX . L ’orgueil de la victoire a quelquefois son ivresse comme le vin. E t a l ’ap p u i de cette etrange opinion, les memes catlioliques nous citent bien des faits, qui tem oigneraient des pretendues esperances de Pie IX et de ses relations am icales avec le nouvel enipereur d A lle- magne, avec ce roi fanatique et pietiste, qui se croit appele de D ieu, sans doute a T in star d A ttila , pour etendre ses conquetes et porter la destruction aux quatre horizons de 1’Europe.

Le Pape, nous disent avec un im perturbable sang-froid ces naifs catholkpies, a u rait dernierem ent adressó au roi G uillaum e une le ttre de felicitation a 1’ occasion de la dignite im periale, dont Sa M ajeste prussienne yient d’etre revetue; il a u rait meme envoye a Versailles des Ablegats pour solliciter un secours, depuis longtem ps promis, contrę l ’usurpateur de son pouvoir temporel. O n sait aujourd’liui que ces deux nouvelles a liaute sensation ótaient fau sses:

plusieurs jo u rn au x de Rome les ont officiellement dementies.

I)’autre part, l ’b abile comedie, jouee avec 1’autorisation de M. le duc d eB ism ark p a r le b aro n dA rnim , m inistre du roi de Prusse a Rome, et commentee avec une certaine adresse p a r toutes les gazettes lutlieriennes d A llem ag n e, a paru aux susdits catholiques comme une preuve irrefrag ab le des bonncs intentions de Sa Majeste 1’em pereur et roi envers le Souverain-Pontife odieusem ent depouille.

E t nos pieu x reveurs se disaient m ysterieusem ent a 1’oreille, apres cliaque victoire prussienne: „Tout y a bien.

„G uillaum e, vainqueur de la F ran c e , brisera 1’unitę de

„1’ Italie et re ta b lira Pie I X dans s e sE ta ts“. Leurs illusions sont meme encore aujourd.’liui si grandes, surtout parm i les catholicjues d A lle m a g n e, qu’ils voicnt deja leu r augustę em pereur converti et couronne p a r le P ap e dans a Basi-

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lique de Saint-Pierre. lis n ’ont donc pas vu le baron d ’Arniin, q u atre jours ayant l ’attaq u e de Rome (17 septembre), se ren d re aupres du generał C adorna pour lui offrir ses senices personnels (1) et lu i dire peut-etre cette parole de Napoleon a C ialdini, en 186 0 : „Mais, surtout, faites vite?“ lis ont done oublie que ce fu t le meme m inistre prussien qui alla le prem ier, et meme le seul de tous les diplom ates accre- dites pres le Saint-Siege, presenter ses tres hum bles hom- mages au prinee H u m b ert dans le palais du Q uirinal? E t ils ne savent donc pas ce q u i,s’est passe au Gorso de Rome pendant les derniers jo u rs du carnaval? Aucun am bassa- deur n’ etait present a la fete. L e baron d’A rnim seul se trouvait a un balcon de la place San-Carlo, reg ard an t passer avec un plaisir to u t lutłierien la sacrilege parodie du Pape Infaillible et je ta n t des bouquets a son voisin le prince H um bert, q u i lu i en je ta it aussi. E tait-ce la un commen- cement de g u erre beaucoup plus serieuse ou bien une preuve d’entente borusso - ita lie n n e ,' une coquetterie en tre deux allies? Les bons patriotes applaudissaient du geste et de la v o ix , et ils criaient avec un enthousiasm e fren6tique:

„Yive Tem pereur G uillaum e 1“ Q uant aux catlioliquesitaliens, qui ont un peu trop naivem ent compte sur u n secours de la P ru s s e , ils sont a cette heure consternes, dit une lettre de Rome publiee dernierem ent p a r la Correspondance H avas.

Cette petite guerre a coups de bouquets ne leu r presage rien de bon.

Mais laissons les intrigues bism arquistes a ceux qui ne yeulent rien comprendre, ni rien voir, et dem ontrons que le roi G uillaum e ou son prem ier m inistre n ’ajam ais eu l ’intention de declarer la guerre a 1’Italie pour retab lir le P a p e dans son pouyoir tem porel, quoiqu’il repugne a la raison de discuter une utopie, une absurdite.

(1) Y oir tous les jo u rn a u x italiens et pru ssien s de cette epoque.

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E t cTabord, nous ferons rem arq u er que l ’unitó de 1’Italie, qui a ren d u un si g ran d service a la Prusse en 1866, est devenue presąue indispensable- aux desseins poli- tiques de M. le duc de Bism ark. C’est comme une epee de Damocles suspendue su r 1’A utricłie et to u t a la fois un boulet de gros calibre attache aux pieds de la France. Le roi G uillaum e a v ait bien fait quelque difficultó, en 1862, p o u r reconnaltre cette chose inique et odieuse, cette oeuvre tenebreuse conęue p ar 1’intrigue, ourdie p a r l ’astuce, con- sommee p a r la violence et la tyahison, qui sap p elle Royaume d’Italie; il avait bien eu quelque repugnance, p eu t-etreu n e fausse lionte a compter parm i le sE ta ts honnetes ce royaum e que le baron de Schleinitz avait si energiquem ent fletri, le 13 septem bre 1860, dans une N ote adressee au comte B rassier de Saint-Simon, m inistre du roi de Prusse pres la Cour de Turin. P o u rtan t le scandale de cette recon- naissance eut lieu, grace a 1’inepte politique du Grouver- nem ent franęais, et nous savons tout le p a rti que M. le duc de B ism ark en a tire. L ’A utriclie a eto vaincue, apres sept jours de combats, et la F ran c e vient d’etre ecrasee p a r un bru tal vainqueur, apres septm ois d u n e lu tte p le in e d ’ineptie, dlieroism e et de trahison. Q uant a 1 'e^-democrate couronne il expie fort doucem ent a cette heure les fautes et les tur- pitudes d ’un regne m alheureusem ent trop long. C’est a 1’unite de l ’Italie, a cette fatale unitę seule, que lA u triclie et la France doivent leurs d ern iers m allieurs; la Prusse lui doit ses rócentes conquetes et sa prodigieuse ćlevation.

L u n ite de 1’A llem agne, disons-le hardim ent, ne se serait jam ais faite, n i p a r la diplom atie, ni p a r les armes, si lu n ite de 1’ItaKe n ’a v ait pas existe. T out cela nous p a ra lt incontestable.

Eh! bien, comment peut-on supposer que le roi de P russe s’en ira benevolem ent p o rter la g u erre dans un E ta t, qui lui a etó et qui peut encore lui etre si utile, soit

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dans un nouveau confłit avec la France, soit pour com pleter l ’unite de 1’em pire allem and? Ce serait une politique d’insensó. M. le duc de B ism ark n e s t pas capable de com m ettre une pareille faute, quoique nous lui supposions moins de veritable liabilctć que de ro u e rie (l). Nous ne parlons pas de son em pereur, qui n ’a ni gran d eu r d ’ame, ni g e n ie ; c’est un m ódiocre roi, conduit p a r son prem ier m inistre et conduisant lui-m em e des m achines au pillage, a 1’incendie des villes ou aux batailles; il ira it d eliv rer le Pape ou le G rand-Turc, si Bism ark le voulait.

Mais ce n ’est pas tout. Les deux alliees de 1866 sont restees fideles a leu r tenebreuse alliance, pendant les combats de 1870. On dirait qu’elles s’aident m utuellem ent en leurs m allionnćtes exploits. Q uelques rapprochem ents de dates

suffiront pour le dem ontrer.

Pendant que le roi de Prusse m arcliait rapidem ent a la guerre, ourdie de longue m ain p a r Bism ark, et que Napolćon faisait secretem ent annoncer au C abinet de Florence q u ’il allait re tire r ses troupes de Rome, M. Yis- conti-Yenosta, interpelle p ar quatre Italianissim es su r cette question, se contentait de repondre que toute discussion sur la politique etrangere etait inopportune en ce moment, et que les au teu rs de lm te rp e lla tio n au raien t bientSt lieu d’etre satisfaits. E t M. le m inistre italien a jo u ta it: „Le ,,G ouvernem ent ne croit pas que le m om ent soit opportun

„pour soulever une p areille question. Le C abinet demande

(1) Les conditions de paix que M. le duo de B ism ark v ien t de dioter a la F ran ce p ro u v en t 1’orgueil in so len t de cet hom m e d’E ta t; elles ne tem oignent p as en fayeur cle sa p reten d u e habilete. L a veritable liabilete consiste a fonder quelque chose de stable. Or, la paix, qui va ś tre definitiyem ent signee aB ruxelles, ne sera q u ’une sim ple h a lte au m ilieu des b atailles; et le nouyel em pire d’A llem agne p o u rrait tr5s bien s’ścrouler au p rem ier choc des peuples, comme un ch&teau b&ti sur le sable, m oins que le cesarism e p ro te sta n t ne doive s’etablir en G erm anie p our la punition des liberaux.

Q uant a M. le duc de B ism ark, il p arait grand, parce que tous les homm es d ’E ta t m odernes sont tres p etits.

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„une Ii ber te d’action proportionnee a sa responsabilite.

„ J ’engage donc vivernent la Cliarnbre a renoncer a toute

„discussion.“ L a Cham bre, obeisssant a la voix du m inistre, ne p erm it pas au depute Micelli de deyelopper son interpel- lation. Ccci se passait le 11 ju ille t 1870. M. Yisconti- Yenosta etait peut-etre deja sur de pouvoir faire entrer procłiainem ent les troupes italiennes a Rome, au b ru it des vietoires borusso-allem andes. Quelques coups de canon deyaient suffire p o u r enfoneer les portes de la cite des Papes, lorsqu'elle ne serait plus sous la protection du drapeau franęais. .11 etait donc lorce de se taire, pour ne pas eyenter tout a la fois ses intrigues avec B ism ark et ses projets; mais il arm ait fort secretem ent ses lógions. pour aller conquerir Rome sur un faible vieillard, abandonne p a r toutes les puissances catlioliąues et a peine defendu p a r quelques vaillants soldats.

Dans une autre seance, tenue cpiatre jours apres, M. L ap o rta in terp elle le G ouvernem ent italien pour eon- n aitre la ligne de conduite qu’il va suivre dans le confl.it franco-prussien. E n 1’absence de M. Y isconti-Y enosta, le m inistre Lanza se borne a dire q u ’il ne peut pas repondre a cette ąuestion, m ais q u ’il en conferera avec M. le m inistre des affaires etrangeres pour savoir s’il doit faire connaltre la ligne de conduite suiyie p a r le Cabinet. L a guerre etait desormais eertaine; la victoire ne 1 etait pas, c’est ce cpd explique cette parole de M. Y isco n ti-Y en o sta : „Nous

„conseryons, comme les autres puissances, une politique

„d’observation.“ L ’allie de 1866 ne pouvait pas, en effet, reveler au m onde que Rome serait bientot la recompense de sa n eu tralite ou plutót de sa lachę attitude dans le conflit franco-prussien. Mais comme son interet et Tin-- certitude des evenements le foręaient encore a se me­

nager tout a la fois 1’am itie de B ism ark et celle de Napo­

leon, il prom ettait a 1 un le contraire de ce quJil faisait

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espercr a 1’autre, to u t en desirant et atten d an t un prem ier succes prussien p o u r je te r son m asque d’hypocrisie.

Enfin la guerre eclate. L ’Ita lie est deja sous les armes, m algre les dem entis reitóres de ses officieux; mais c’est pour garantir le maintien de l’ordre, av ait d it a la C ham bre le m inistre Sella. P endant ce temps, on rep an d ait fort dis- cretem ent le b ru it que le G ouvernem ent subalpin a lla it en- voyer 300,000 łiommes pour aid er la France dans la formi- dable lu tte qui venait de s’engager. Le prince H um bert dey ait com m ander en chef les troupes italienncs. U ne au tre nouvelle non m oins im portante sem blait confirmer le b ru it d’une all iance franco-italienne: la cession de Rome en etait la recompense. On disait que les liauts employes des chemins de fer italiens avaient ete convoques a Florence et somines p a rM . le m inistre de la g u erre de se te n ir p rets a transporter, dans le plus b re f delai possible, une arm ee de 100,000 liomm.es et tout un m ateriel de g u erre dans le nord de i'Italie. Cela se passait vers le 18 ou le 20 du mois de juillet. Heux ou trois jo u rs apres, le projet re latif au cbem in de fer du S ain t-G o th ard etait approuve p a r une commission de la C ham bre ita lie n n e ; et M. B rassier de Saint-Simon, m inistre de la Confederation de rA lle m a g n e du N ord pres le roi dTtalie, p artait pour Berlin, ou il a lla it sans doute rendre compte des bonnes dispositions du Gou- vernem ent subalpin. Evidem m ent, le C abinet de Florence se jo u a it de Napoleon-, car, au lieu de m archer au seeours de la France, les troupes italiennes allaient profiter de ses em barras po u r conquerir Rome, apres quoi elles rem et- traien t bravem ent l ’epee dans le fourreau.

S ur ces entrefaites, u n comite, reste inconnu, oi’ganisait h Florence une dem onstration en fav eu r de la n eutralite de 1’Italie et distribuait au peuple une espece de procla- mation, dont voici u n extrait fort cu rie u x : „La Prusse nous 7,a donnę le Q uadrilatere, grace a la bataille de Sadowa-,

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,la P russe g aran tit notre independance; la Prusse n ’a

„jam ais offense la dignite italienne. Les Italiens ne doivent

„av o ir qu ’un seul cri: IMeutralite! Rome! Que tous ceux nqui sentent dans le u r coeur 1’offense du jamais, et qui ont

„encore le sentim ent de la dignite nationale, ne m anquent

„point a l ’ap p el.“ L a dem onstration eut lieu, bannieres deployees; et les Italianissim es h u rle re n t: M ort a la F ra n ce! Vive la Prusse! Ils erierent a u ss i: Rome capitale!

L e G ouvernem ent de Florence n ’eut pas beaucoup de peine a se laisser forcer la main.

Mais voila que tout a coup le tćlegraphe annonce officiellement que les troupes franęaises ont reęu Tordre de q uitter le te rrito ire pontifical dans un delai tres rapproclie (1).

Cette grave resolution avait ete notifiee au Saint-Siege, le 27 ju illet, en la m otiv an t p a r une excuse assez v ra isem_

b la b le : le G ouvernem ent franęais voulait avoir en ce m om ent toutes ses troupes disponibles. Le C abinet de Florence, conformement a laC onvention du 15 septem bre, s’engageait a respecter et a faire respecter le territoire pon­

tifical, en yeillant 1’arm e au bras sur les frontieres romaines.

C’etait m ettre le loup anx portes de la bergerie. Quelques jours apres, les troupes franęaises s’em barquaient a Civita- Vecchia, abandonnant le P ape a l ’alliee de la Prusse, ou p eut-etre fuyant sans com bat d e sa n t une menace, qui sait?

desertant un poste ddionneur pour une vaine prom esse d ’alliance deja faite a Bisruark. L liisto ire nous rev elera plus tard sans doute le m ystere de cette retraite lachę ou perfide, qui n ’a point sauve la France d’epouvantables de- sastres, ni empeche la chute hum iliante de Napoleon.

(1) Dfes le 19 ju illet, un telegram m e de F lorence annonęait a tous les jo u rn a u i d ’E urope que, le dogme de 1’infaillibilite du P ap e ayant ete proelam ś (18 ju ille t), le G ouyernem ent franęais avait resolu de retire r ses troupes de Home. L a nouvelle etait v r a i e ; le p retex te seul m an ąu a it de fondem ent.

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Quoi qu'ii en soit, voici une serie de dates et de faits bien plus ótonnante encore. Le 2 aoftt, prem ier jo u r des b atailles entre la France et la Prusse, le Gouvernem ent italien śtablit un cordon de troupes sur la frontiere rom aine pour proteger, disait-on avec liypocrisie, la Y ille eternelle contrę toute agression extćrieurc. Com bat et prise de Sarre- bruck p a r les F ranęais. Le 3, M. Scialoja interpelle le G ouvernem cnt sur la ąuestion de Rome. II exprim e le desir qu’on n ’ait plus a deplorer un autre A sprom onte ou u n au tre M entana, et il dem ande que le m inistere agisse energiquem ent. M. Y isconti-Y enosta lui repond: v Nous

„respecterons la Corwentlon de septembre; car la violence ne

„peut resoudre une question m orale telle que la question

„romaine. Le G ouvernem ent ne p erm ettra donc a personne

„de lu i enlever l’initiative de resoudre cette q u e s t i o n e t M. Lanza ajoute a cette d ćclaratio n : „Le M inistere ne souf-

„frira pas que 1’action du G ouyernem ent soit rem placee

„par l ’initiative privee.“ M. Scialoja pren d acte de ces pa- roles et se declare pleinem ent satisfait.

Le 4, 1’arm ee franęaise est battue a W issem bourg p ar des forces prussiennes tres considerables, liabilem ent cachees et massees dans les bois qui bordent la L auter. L eyacuation des troupes de Rome continue ce jo u r-la avec une grandę activ ite ; elle avait ete un peu retardee p a r le m auvais etat de la mer. Les Italiens concentrent un nouveau corps d’arm ee sur la frontiere pontificale. Un second Castel- fidardo se prepare. Le 6, bataille de Woerth. U n contrę dix. L e m arćcłial Mac M ahoń est completement battu.

Le drapeau franęais, salue des le m atin p ar toute 1'artillerie des forts, ne flotte plus le soir a Civita-Y ecchia. L e ge­

n erał Dum ont s’em barque avec ses dernieres troupes, qui s’en yont pren d re p a rt aux m alheureuses defaites de la France. Q uatre jo u rs apres, le G ouvernem ent italien appelle plusieurs classes sous les drapeaux. Florence se rem plit

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de troupes, comme a la yeille de quelque g ran d combat.

Q ui menace donc le royaum e d 'Italie? ou plutót qui me- n ace-t-il? Sur ces entrefaites, M. Yisconti-Yenosta declare pour la prem iere fois a la C ham bre' que lTtalie restera neutre dans le conflit franco-prussien, et qu’il entretient de tres bons rap p o rts avec le Gouvernem ent austro-hongrois.

L a lig u e des n e u tre s(l) commence a se former, et le comte

(1) L ’idee prem iero de la ligue des n eu tres fut adroitem ent in sp irśe p a r le C abinet do S a in t-P e te rs b o u rg , dans l ’unique b u t d’isoler la F ran ce et d’em peclier l ’A u triclie, 1’Ita lic et le D anem ark do p ren d re p a rti contro la P ru sse. L e G abinet de F lorence s’y ję ta a corps p e rd u , sans s’apcrcevoir qu’il servait niaisem ont des interfits to u t a fait contraires aux s ie n s ; car la L o rraine et 1’A lsace ne sau raien t suffiro a 1’a p p ćtit prussien. E n effet, l ’em pire d A lle m a g n e , róyó p a r la m aison do H ohenzollern et M. lo duc de B ism ark, ne com prend pas seulem ont l ’arcliiduche d A u tric h e , la Bolieme et le rI yrol : il s’etend ju s q u ’au ()u a d rila te ro , u n form idable rem p art dans une g uerre entre la race germ aine et la race latin e ; il va m em e ju sq u ’ a Y e n ise , si necessaire avec T rieste p o u r fournir un debouclie au com m erće allem and. Los C abinets de F lorence et de Y ionne ne p araissen t pas ayoir com pris le yaste program m e de Berlin,

Un liommo d’E ta t, qui croit ayoir deyine los projots do M. do Bism ark, nous disait dernierem ent que la P ru sse n ’a nullem ent 1’intention do s’annexer les proyincos tclieques. ot allem andes de 1’em pire d’A utriclie, m ais seulem ent de forcer p a r une nouyelle g uerre le souyerain de cot E ta t a n ’etre plus q u ’un simple yassal ou lieu ten an t de S. M. 1’em pereur d A lle ­ m agne. L a R ussie tire ra it lo prem ier coup de canon sous un pretexto bien facile a tio u y e r, et elle s’em parerait de la G alicie, p e n d a n t que les S erbes et los V alaques arrondiraient au to u r d’eux leu r p e tit E t a t ; de sorte que 1’em pire d A u tric h e , demem bre a 1’orient, au nord et au m idi et ne p o u y an t plus esperer aucun seeours de la Franco, ecrasee ii dośsein p our yingt-einq a n s, so y errait force d’im iter la B aviere, lo W urtom berg e t la Saxe. L ’em pire d A lle m a g n e , ainsi form (5 sous lo m ilitarism e prussien, d eyiendrait la p lu s red o u tab le p uissance du m onde. T el serait, nous dit-on, le yeritab le r6ye du ro i G uillaum e et de son p rem ier m inistre. U ne seule cliose p o u rra it toutefois con trarier les dosseins du com te de B ism ark, e’est la m ort de l’em pereur A lexandre ; car lo prince liereditaire de E ussie p a ra it ayoir une profonde an tip ath ie p o u r les A llem ands.

L a ligue des n eu tres n ’a donc eto q u ’une com edie, concertee entre le p rince G ortschakoff et le duc de B ism ark; ou p lu tó t ee fu t une yeritable so u riciere, habilem ent dressee p our prendre quelques diplom ates inno- cents. E lle a ten u les puissances dans 1’inaction et p rep are la ruinę de lA u tric h e . Ce n ’est pas la F ran ce yaincue, m utilee, e c ra s e e , qui p o u rra it <3tre d’un grand seeours a la m onareliie austro-łiongroiso dans

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Arese reęoit la m ission de la proposer au C abinet de Yienne, qui s’em pressera bientot d ’y ad h ó rer pour ne pas av o ir une seconde gu erre de 1866, mais avec la Russie cette fois.

Desormais, M. le duc de Bism ark peut ra vager, piller, b rtd er impunement, ou bien annexer la France a 1’em pire d A lle ­ m agne; aucune puissance ne Ten empecliera,

A m esure que nous approclions des grands evenements, les preparatifs belliqueux de 1’Ita lie deviennent de plus en plus form idables. On d irait qu’A ttila avec ses hordes barbares se tro u v e aux portes du royaum e subalpin. D u 14 ou 19 aout, le m arechal Bazaine livre trois sanglantes et glorieuses b atailles, qui furent presque des victoires, mais qui n’em pecherent pas la jonction des arm ees prussiennes et ne les firent p o in t reculer. II est y ra i de dire que le com m andant des troupes franęaises ne cherchai t pas a rejoindre Mac Mahoń. Son plan, devoile aujourd’hui par ses propres officiers, ćtait de se re tire r sous Metz po ur y attendre la famine et capituler lionteusem ent. Ilp re lu d a it p a r des combats de geants pour liy re r ensuite toute son armee a 1’e n n em i, apres lu i avoir fait subir pendant un long mois les horribles etreintes de la faim.

nno guerre contrę la P ru sse ou contrę la R ussie. Q uant a 1'Ita lie , si em pressee a en trer dans cette ligue, elle n ’avait qu’un seul b u t : favoriser la politique prussienne, p o u r m ieux rayir au P a p e les derniers lam beaux de son pouYoir tem porel. Nous verrons p e u t-e tre bientót si D ieu a donnę a M. Y isco n ti-Y en o sta un b re v e t, san ctio n n an t les aspirations nationales du royaum e subalpin.

II nous parafa treS im p o rtan t de faire rem arąu er ici q u e , lc 19 juillet, le Conseil m unicipal de Y ienne et le docteur Sturm , dans une sćance du Conseil m unicipal de B riinn ,• en M oravie, ayaient deja dem ande que F A utriche re s ta t com pletem ent neutre dans le conllit fran co -p ru ssien , si elle ne youla,it p o in t m arclier ayec lA lle m a g n e contrę l’ennemi herćditaire de la patrie. On sait que ces deux Conseils m unicipaux ne sont en g en erał com posśs cpio d A u tric liie n s borussianisants. Uno autre rernarąue fort im- p o rtan te a faire , e t qui confirme ce que nous disions plus liau t sur les projets dc M. le duc de B ism ark, c’e st-q u ’ en g śn ź ra l les A llem ands d’A u- trich e sont p o u r une alliance avec la P russe ou i’ A ilem agnb; ten d an c e qui est fayorisee p a r to u tes les g azettes bism arquistes de Y ienne.

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Pendant ce temps-la, (16 aoilt), le president du Cabinet italien, M. L anza, disait a la tribune de la C ham bre q u ’il

„etait u rg en t d,’augm enter les forces du pays p o u r assurer

„la tranąuillite intórieureiL, et il dem ańdait l ’appel im m ediat de deux autres elasses sous les d rap eau x , plus un credit de 40 m illions qui seraient fournis p a r la B anque nationale.

Trois fregates italiennes entrent dans la rad e de Civita- Y ecchia po u r surveiller le p o rt; et le generał Bixio s’en va en pelerinage revolutionnaire, non pas a Calcuta ou a H o n g - K o n g , ainsi qu’il en avait le projet, m ais a Rom e, ou cir- culent deja quelques sinistres figures p re p a ran t sans doute les Yoies aux envałiisseurs. M. Yisconti-Yenosta, repondant au depute G uerzoni, (19 aoCit), a meme Tim pudence de d eclarer en plein parlem ent que la Prusse n’est p o in t hostile aux interets et aux vues de VItalie, et il donnę un dómenti form el a toutes les declarations contraires recem m ent publiees p a r les journaux. U n m asque fatig u eto u jo urs celui qui le porte, fUt-il liomme d’E ta t; c’est pourquoi M. le m inistre p a rle cette fois a visage decouvert. 8i les catho- liques borussianisants d’Allem agne ou d’Italie conservent encore quelque illusion su r une pretendue delivrance du P ap e p a r les arm es im periales du roi de P russe, le tem ps seul peut les g u e rir de leu r faclLeuse myopie.

Enfin, nous voici arriyós au denouement d e ,ce tte odieuse com edie, qui commence p a r un hypocrite respect de la Convention de septem bre, et qui finit p a r l ’invasion de l E t a t pontifical. Le 20 aout, la C ham bre italienne presse de nouveau le G ouvernem ent de com pleter l ’unite nationale, de sauver le p a y s , d it M. Nicotera, en s’em parant de Rome.

L a Gauch.e et la D roite sont parfaitem ent d’accord su r le b u t; elles ne different que sur les moyens. C elle-la yeut tout p rix sa capitale; le m oment d ’ailleurs lui p a ra lt tres propice, dit M. Planciani, pour tra n sp o rte r ses penates au C apitole ou au Q uirinal. Celle-ci se contente de repondre

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p a r 1 organe de M. P isan elli qu’elle reconnait le droit des Italiens sur R o m e, mais qu’elle ne veut p as d'un coup de m ain: simple scrupule de eonseienee, si ce n’est pas une hypocrisie; c’etait peut-etre une yolonte royale ou la p eu r de l’avenir.

Le 22, une batterie com plete de douze canons est envoyee p a r ordre du G ouvernem ent italien sur la frontiere pontificale. Le prince Napoleon, a rriv e la veille a Florence, avait ete im m ediatem ent adm is dansun conseil des m inistres, convoque p o u r le reeevoir et entendre les Communications qu’il etait charge de faire au Gouvernem ent. On disait que Son A ltesse Im periale avait mission de solliciter et de presser une intervention de 1’Ita lie en faveur de la France. On lui rćpond qu’il est trop tard, que 1’arm ee n ’etait point p rete pour une grandę guerre et que d’ailleurs 1’opinion publique ne se m ontrait point favorable a des entreprises belliqueuses contrę la Prusse. D a u tre s pretendent que le cousin Rouge, connaissant les intrigues du comte de B ism ark avec les revo- lutionnaires ita lie n s, etait alle precipiter la solution de la question rom aine po u r s’a ttire r la reconnaissance des freres et amis et avoir to u t a la fois les benefices d ’une pareille solution; m iserable jeu, qui ne lui a point profitó. Bism ark av ait dóvance le tro p h ab ile cousin.

Quoi qu’il en soit, le m inistre depute, M. Sella, dans une reunion de la G-auche tenue le meme jo u r en prósence de Jćrom e N apoleon B o n ap arte, prenait 1’ engagem ent solennel, au nom de tout le GouYernement, de faire occuper Rome tres prochainem ent et de la declarer capitale de 1’Italie. C’est la R ifo rm a , organe officiel et borussien de la G auche, qui nous donnę cette nouvelle. E n effet, des le lendem ain, 23 aodt, le góneral Cadorna, a la tete de 60,000 hommes, commenęait a enyahir sur plusieurs points le te rri­

toire pontifical, pendant qu’une lettre de F lo ren ce, com- m uniquee a V Osservatore romano p ar Mgr. Negroni, ministre

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de 1’ interieur, affirmait de la m anierę la plus formelle que le Pape n a v a it rien a craindre; que le Gouvernement italien ri ordonnerait jam ais a ses troupes de fra n cld r les frontieres pontificales, et que pas un soldat du roi ne mettrait les pieds

sur U, territoire du Pape.

Cependant une fregate anglaise, la Defense, entrait presque en meme temps dans le po rt de Civita-Vecchia, pour pro teg er la re tra ite du P ap e et au besoin les enfants d ’A lb io n (l). Le C abinet de Lonclres entrevoyait deja le fatal denouement. De son c6te, la Firance faisait p artir en toute liate une division navale cuirassee sous les ordres du contre-am iral Didelot, po u r aller croiser sur les cotes pon­

tificales, quoique sans aucune m ission bien specifiće, ce qui faisait pousser des cris de panthere a TOpinion nationale de Paris. Le meme jo-ur et peut-etre a la meme lieure, le Journal de Rome p u b lia it la declaration suivante: „Le

„Nord, affirme que le Y atican s’est je te dans les bras de la

(1) Le 21 feyrier 1871, L ord O ranm ore dans la C ham bre des seigneurs et Sir W . Jo h n s to n dans la C ham bre des eom m unes, deux fanatiqu.es anglicans, in terp elleren t le G ouvernem cnt a ee sujet. L ord G ranville et Sir G ladstone re p o n d ire n t cjue la ąu estio n de Home et la lib erte du P a p e devaient p rśooouper viyem ent la n atio n a n g la ise ; car ils yoyaient la une ąuestion politiq(ue et sociale d’un tres grand in teret. II y a, en effet, dans la G rande- B retagne liu it m illions des catholiąues rom ains, disait le comte de D enbing, en s’ap p u y an t sur le temoig-nage de L ord E llen b o ro u g h et sur celui de L ord Broug-ham. E t ce nom bre do Łuit m illions s’accroit tous les jo u rs en A n g ie te rre , m algrś les intrigues do la Socićte biblique. L a C ham bre des eom m unes passa a 1’ ordre du jo u r sur cette ąu estio n a une tr&s grandę m ajorite. L a C ham bre des L ords en fit au tan t.

II resu lte de cette double in terp ellatio n que les pro testan ta, ii quelques exceptions pres, s’ entendent tous, en F ran ce, en A n g ieterre et en A llem a- gne, contrę le pouyoir tem p o rel des P a p e s, do n t ils celebreraient la cliute dśfinitiye comme une yictoire p o u r les sectes dc L u th e r, de Calvin et de Ile n riY II I, ce p reten d u reformatem- de 1’E glise qui faisait s ip e u chretienne- m ent couper la te te a ses fem mes p o u r en ópouser une autre. Comm ent un ro i de P ru sse, p ro te sta n t tres fanatiąue, p o u rrait-il donc ayoir la pensee de guerroyer contrę 1’Italie en l’honn eu r du pouyoir tem p o rel? Le G rand- T urc a c tu e l, a la tete de ses m ah o m etan s, nous p a ra ltra it plus digne de cette noble entreprise.

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„Prusse, et le eorrespondant rom ain de cette gazette donnę

„meme quelques details a ce sujet. Nous pouvons affirmer

„que ces assertions n ’ont aucun fondement. Le Y atican ne

„se jette que dans les bras du divin fondateur de 1’Eglise

„catholiqUe.“ T out cela est-il assez clair? Le Pape ne veut pas appeler a son seeours un roi protestant qui ócrase la France catliolique, un souverain grand-m aitre de lafranc- maęonnerie, l’allie des revolutionnaires italiens. Une chose pourtant est encore fort em brouillee, ce sont les intrigues diverses qui se sont faites en meme temps a Paris, a Florence et a B erlin au to u r de la question rom aine. Mais poursui- vons notre curieux rapprochem ent de dates et de faits.

Q uelques jours av an t la m ystćrieuse catastrophe de Sedan, ou Ton vit un em pereur des Franęais rendre hum - blement son epee au ro i de Prusse, le g ćn eral Cadorna re ę u t l ’ordre de reb ro u sser chemin, le stal u quo etant encore m aintenu pour quelques jo u rs a R om e, afin de ne pas en tra y er la grandę oeuvre de 1’entente entre les puissances neutres. L’em pereur d A u tric h e en av ait fait une condition expi’csse des nćgociations. Le G ouyernem ent italien se fit donc tres hum b le et tres obeissant, puisqu’il desirait avant toutes choses etab lir cette fam euse ligue des neutres, a laquelle il tra ^ a illa it avec la plus grandę ardeur, moins p o u r son propre compte ou pour etre utile a la France, que dans 1’in teret de Prusse et p o u r p laire h M. de Bism ark.

„Apres tout, disait M. V isconti-V enosta un peu mortifie,

„ćest une simple ąuestion de temps, Home est desormais a

„nous, inÓYitablement a nous. L a diplom atie ne s’y oppose

„pas en principe; elle nous invite seulement a prendre quel-

„ques jours de patience et a nous occuper d’ab o rd d u n e

„question politique beaucoup plus im portante pour la paix

„de l ’E urope.“

L a Yoil^ donc resolue cette fameuse question de temps.

L arm ó e d e Mac M ahoń n ’existe plus; celle de Bazaine, en-

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fermee sous les forts cle Metz, est tenue en ćchec p ar 250,000 Prussiens; Napoleon, qui n’a pas su m ourir avec honneur sur un eliamp cle bataille, est prisonnier de guerre, et la F rance se voit dans la nścessite de concentrer a la liate d’imposantes forces pour defendre sa capitale, qui ya etre bientot investie de toutes parts. C’est ce m om ent-la que le G ouvernem ent de Florence clioisit, apres avoir, elit on, obtenu Tagrement des puissances, pour faire son odieux coup de main sur la cite des Papes. M. M inghetti est cliargó de notifier cette dścisiou au Cabinet de Yienne.

Y it-on jam ais une politique plus audacieuse, plus ingrate et tout a la fois plus infame? L ’atliee Visconti-Venosta aurait depasse son m aitre MacTnavel. s’il n e ta it encore le m annequin de B ism ark (1).

(1) Voioi un artiole fort curieux piiblie le 3 septem bre 1870 p a r V Opiniom nazionale, g azette italianissim e de F lorence. Nous engageons les catlio- liąu es allem ands et italiens a le lirę ayee atten tio n et a le m editer.

„II y a plusieurs jo u rs que le m inistre de P ru sse (le com te B rassięr de Saint-Sim on) s’est rendu p o u r la ąuatrieme fois chez M. Y isconti-V enosta.

II l ’a cn treten u de la situ atio n de 1’Ita lie , p a r ra p p o rt a la ąuestion rom aine.

„II ne lu i a pas dissim ule que V interet de VAllemagne demcmde ćlairement que i’Itcdie soit fortement et definitivement constituee, afin qu’elle n ’ait plus a subir 1’influence franęaise et qu’ elle ait sa propre politique.

L e Gouvernement de B erlin werrąit avec une vive satisfciction la solution de la ąuestion romaine dans le sens des aspirations ita lien n es, p ourvu qu’on trouv&t le m oyen d’assurer au Souyerain-Pontife l’independance de son m inistere spirituel.

„II a ajoute que le C abinet de F lorence ferait bien de profiter de l’occasion actitelle et de ne p as atten d re que les śy śn em en ts, qui se dc- ro u lcn t en F rance, fussent entierem ent accom plis.

„ E t comm e M. Y isconti -V e n o s ta sem blait objecter la necessite de consulter les autres puissances e u ro p ć e n n e s, ayant de p ren d re une resolution, le comte B rassier de Saint-Sim on lui au rait rcp resen te:

„1° Que le consentement de la Prusse etait deja quelque chose;

„2° Que celni de la R ussie ne p o m a it p a s faire d e fa u t;

„3° Que 1’A u tric h e , qui eonseillait de ne pąs ren o u y eler la Con- yention de septem bre et m ontrait de la m auyaise lm m eur a 1’ c%ard dc la Cour de Rome, ne s’y o p p o serait certainem ent p a s ;

„4° Q ue , p a r consequent , 1’assentim ent de 1’E spagne ne p o u y an t 6tre doutcux, il ne re s ta it que la France.

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Mais comme on entrevoit une lutte tres Yive avec les troupes pontificales, on se liate d’envoyer au. generał Ca- dorna des medeeins et des ambulances, tout 1’attirail des douloureus pansem ents sur un ckam p de bataille. On a meme la precaution d ’expedier au com m andant en cli c i des employes po u r le service de la poste et du telegraphe. E t quand les dei'niers preparatifs des guerres sont termines, lorsque les envaliisseurs subalpins n’ont plus rien a craindre de la F rance, et que 1’escadre italienne a mis a la voile p o u r aller croiser devant Civita-Veceliia, dans le b u t de s’opposer au depart de Pie IX , alors le Gouvernem ent de Florence ordonne au generał C adorna „de francliir la fron-

„tiere romaine, m ais dans le cas seulement ou 1’agitation,

„qui g ran d it sur le territo ire pontifieal, deviendrait mena-

„ęante pour la securite publique ou am enerait des conflits

„entre les habitants et lestroupe-s etrangeres. L’arm ee italienne

„%e deuait po in t attaquer les troupes pontificales, n i la ville

„de Home, m ais se b o rn er a entrer la oti elle serait appelee

„par les łiabitants." Q uelle m iserable comedie! On dirait que le Grouvernement italien subit deux influences eon- traires, ou qu’une terreu r m ysterieuse a saisi sa conscience au moment oii rien 11’enrpecłie plus 1’attentat. P ren d rait-il

„Mais la France, au rait a jo a tś le diplom ate prussien, sera pendant bien des annees dans V impuissance de s’occuper des affaires des a u tr e s ...

„M. Y isco n ti-Y en o sta ay an t laisse to m b er dans la conyersation le m ot de co n g res, 1’ am bassadeur prussien , en p ren an t congćT, lui au rait d i t : P ren ez g a r d ę ! un congres p o u rra se taire ou ratifier un fait acco m p li;

mais il ne depouillera jam ais personne, II p o u rra it, a u c o n tr a ir e , arriyer ąue Tidee de la n eu tralisatio n des proyinces pontificales trouv&t des de- fenseurs dans son sein.“

L ’Opinione affirme que telle est la substance de 1’entretien qui a eu lieu entre le com te B rassier de S ain t-S im o n et M. V isc o n ti-Y e n o sta , et elle ajoute que 1'am bassadeur p ru ssien au rait exprim e le meme sentim ent et avec le m em e cynism e diplom atique dans plusieurs eonyersations p arti- euliferes. U n autre jo u rn a l, la G azzetta d’I t a l i a , ann o n ęait le mSme jour qu’ayant la fin de septem bre le G ouvornem ent italien serait transfere a Rome. Nous allons yoir to u t a l’heure qu’ il etait fort bien renseigne.

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p ar hasard 1’air d’une yietime, m areliant a contre-cosur pour faire la police dans le petit E ta t de Pie IX ? Quoi qu’il en soit, le crime va se commettre.

Łe 11 septembre, les avant-gardes prussiennes ne sont plus qu ’a quelques lieues de P a ris; et la Gazette ofjicielle de Florence annonce le meme jo u r que „le roi vien t d’or-

„donner au genóral C adorna d’en trer avec ses troupes dans

„les proyincea ro m ain es“ afin de maintenir 1’ordre et d’as- surer TinviolabiJite dit sol italien, ainsi que la securite du Saint-Siege. II est y rai de dire que, depuis trois jours, quelques eentaines de m auvais sujets faisaient un peu par- tout du yacarm e, pour que les gazettes revoIutionnaires pussent ćcrire avec une certaine apparence de y e r ite : „Une

„grandę agitation regne dans les E tats du Pape. Plusieurs

„eommunes du te rrito ire pontifical ont arb o re spontanSment

„le drapeau italien et se sont insurgóes aux cris d e: Viye

„le R o i! Les troupes royales sont partout accueillies avec

„enthousiasme.“

Le 14, les Prussiens sont aux portes de Paris, capitale du monde civilise, et les Italiens sont aux portes de Rome, capitale du m onde chretien. II se liy re quelques combats dayant-poste au to u r des deux grandes cites, qui vont donner aux peuples des exem ples bien differents, to u t en subissant le meme sort, du moins la meme hum iliation.

Le 16, Civita-Veecliia est livree aux Italiens, sans avoir sauve p a r un sim ple coup de canon 1’bonneur du drapeau;

les Prussiens vont s’em parer de Versailles, et ils etabliront definitivement le u r q u artier - generał dans la cite de Louis X IV . Le p o rt des Papes et la ville des rois tom bent presque le meme jo u r au pouyoir de l ’ennemi. Cliose etrange!

la b a rb arie et le sacrilege sem blent m arclier d’un pas egal a Taccomplissement de leurs detestables projets. La Prusse veut ecraser la F ran ce, qui la gene dans son ambition.

L ’Italie pretend avoir le droit et le devoir de sauver le

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S aint-Si eg 1’Eglise et la Papaute des graves dangers qui les menac,ent(l). L a Prusse conguiert 1’A lsace et la L orraine pour preserver d’une attaąu e ou d ’une invasion ses fron- tieres occidentales. LLtalie, tout aussi effrontee, ose dire que sa propre seeurite serait compromise, si elle persistait a maintenir dans une enclave de la Peninsule un Gouver-

(1) Mais qui m enaęait donc 1’Eglise et la P a p a u te ? Les reyolutionnaires qui n ’ agissent et ne p a rlc n t jam ais dans la question rom aine sans la com plicitś du G ouyernem ent italien. E n yoici la preuye, tiree de la Gazette officielle cUItalie. Seance de la C ham bre des deputes, 24 jan y ier et 1 " fevrier 1871.

„La P a p a u te est le g ran d crim inel, qui a e tś la cause des m alheurs de

„riiu m an itd .“ — „Ce sont les pretres c a th o liq u e s , qui ont excite les

„peuples aux guerres fratricides." - „Lo P a p e a fait de la F ran ce le Cain

„do la race la tin e .“ — „T outes les mis&res, to u te s les souffrances que

„nous subissons en ce bas-m onde sont les consequences de 1’influence

„religieuse.11 — „L ’E glise est la nógation de la yerite et du ro it.“ —

„L’E glise doit disparaitre de l’Ita lie .“ — „Le catholicisjne e s tu n in stru m en t

„do discorde, de m a lh e u r ; nous deyons le d śtru ire.“ — „La religion

„catholique est une ceuvre de satan ; c’est une audacieuse tcn tatiy o de

„reaction. C’est notre enriemi. II faut l ’a b a ttre .“

Le depute A n d reo tti s’dtait ecrie dans une au tre seance dc la Cham bre qu’il fallait faire une rem lution contrę le culte catholiąue. Lo depute M icelli avait egalem ent dit q u ’on deyait demolir la P apaute. U n autre Ita lia n iss im e , C astig lia, h u rla it un jo u r en plein p arlem en t que le catholi- cisme est l’ennemi de V Ita lie ; et Crispi avait yociferś, en accom pagnant ses paroles d’un geste tragique : I I fa u t le renverser. P etru celli della G attina, qui est to u t a la fois ecriyain et orateur, correspondant d’un jo u rn al p arisien et d e p u te, dem andait q u ’on ecrasat le P ontife du Christ. C’etait une rdm iniscence yoltairienne. E nfin, G arib ald i, cet ayenturier goutteux et b ilie u x , dont les bandes ont laisse en B ourgogne une rep u tatio n bien m eritee de buyeurs et de p illa rd s, a jettś ta n t d’injures contrę 1’Eglise et lc P a p e , en S icile, en Italie et m śm e dernierem ent en F ra n c e , qu’il faudrait ecrire un yołum e p our en donner un simple extrait.

U ne chose est a rem arquer, c’est que le P arlem en t et le G ouyernem ent italiens ont entendu to u tes ces odieuses paroles sans qu’il s’eleyiit une seule yoix de p ro testatio n contrę cle tels insulteurs. C’est que le M inistere et la C ham bre sont les com plices n aturels de cette oeuvre insensee cl’outrages. L e b u t com m un etait R o m e, capitale de tI ta lie ; to u s les m oyens, m oraux ou im m o ra u s, leu r sem blaient bons. MM. Y isconti- Y en o sta et L anza ay aien t bien raison de dire que de graves perils mena- ęaient 1’E glise et la P a p au te, si ce n ’est q u ’ils tray aillaien t eux-m śm es a accroltre les perils !

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nemenł tlieocratiąue en hostilite cleclaree avec VItalie (1).

Meme soif des conąuetes, meme im pudence des deux cótes, si ce n est que la Prusse attaque une grandę nation capable de se defendre, tandis que 1'autre royaum e m enace un p retre, un vieillard, qui ne peu t et ne veut se defendre que po u r sauver 1’honneur, p o u r p ro tester devant Dieu et devant les honunes contrę la violence odieuse qui lui est faite p a r un insolent agresseur.

Le 18, P a ris et Rome sont investis presąue de tous les cótes, a l ’exeeption d u n seul point. Le 19, lm v estis- sement des deux capitales est complet. Les canons vont faire leu r sanglant office. Quel singulier rap p ro ch em en t!

Mais Yoici quelque cliose de bien plus singulier encore.

Le q u artier-g eń eral des troupes pontificales etait ce jour-la au Vatican, chez le E,oi des catholiques et des P o m ain s;

et le meme jour, le q n artier-g en eral des Prussiens s’in- stallait au chateau de Ferrieres, chez le baron de P o th - schild, cet ancien roi d esb an ąu iers et desjuifs, ainsi nomme depuis fort longtem ps p a r tous les peuples d’Europe, a cause de sa grandę fortunę. Q uel contraste dans cette epouvantable melee, oti se joue le sort de deux Etats!

Enfin, le 20 septembre, apres une vive canonnade cjui je tte leffro i et la consternation dans Rome et red u it en cendres la y illa B onaparte (2), le P ap e ordonne a ses troupes de cesser le feu et livre aux envahisseurs la der- niere ville de ses E tats, la yille-reine de la catholicite.

Les troupes italiennes font leu r entree triom phale, a 10 heures du m atin, p a r la porte Pie (3). Des bandes de yauriens

(1) V oir la circulaire de M. V isconti-V enosta aux rep resen tan ts du roi d’Italie

a 1’etrang-er, en date du 7 septem bre 1870, e t la le ttre du m inistre L anza » au eom te P o n za di San-M artino, 8 septem bre de la m em e annee.

(2) Les Ita lie n s ont brule cette Yilla, et les P ru ssien s ont fait de la residence im periale de S a in t-C lo u d un m orceau de ruines. Ces d e u s faits sont au th en tiąu es.

(3) C est cgiilcmcnt; a 10 h eures du m atin que les P russiens sont entres a P aris.

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soudoyes les accompagnent, en c ria n t: „Vive lT talie ! M ort

„aux p retres! A bas le P a p e !“ Q uatre mois apres, le 20 ja n y ie r 1871, a 1’heure peut-etre oti, soixante-dix-huit ans auparavant, les m inistres de la Convention signifiaient au roi Louis X V I son arre t de mort, cause d e ta n t de m alheurs p o u r la France, P aris preludait a sa capitulation p a r un armistice de 48 heures. On youlait seulem ent de p a rt et d ’autre relev er les blesses et enterrer les m orts, tristes yic- times des combats de la yeille. Mais, la capitidation signee, les Prussiens e n tra ie n t(l) dans la cite-forteresse, yaincue, non p ar les bombes ennemies, m ais p a r la discorde et la faim.

Voila de singulieres coincidenćes qui ressem blent presque a une conspiration, si ee n ’est pas le doigt de

(1) II n ’ est p as exact de dire que les P ru ssien s sont entres dans P a ris ; car ils n ont pas depasse la place de la Concorde. L eurs ay an t-g ard es seules sont allees ju s q u ’aux T u ileries et au L ouyre. II n ’y a donc pas eu d’ entree trio m p h a le , comme le p re te n d a ie n t d’abord to u te s le g azettes borusso- nllem andes, m ais une sim ple rev u e ou p arad ę dans les longues et yastes allees, qui ab o u tissen t a P aris , du- cóte de V ersailles. E t m em e cette p reten d u e m arche triom pliale des P ru ssien s a t*avers deux ou trois grandes avenues ressem ble un peu a 1’ entree fort p iteu se de Y ictor-E m m anuel dans R o m e, si Ce n ’ est que la T oiture du ro i d’Ita lie etait entouree de patriotes romcdns qui criaien t: „Y ive notre r o i ! “ p e n d a n t que d ’autres non moins patriotes h u rla ie n t: „A b as les je s u it e s !“ A u to u r du cheYal du roi G u illa u m e , il y avait comme un desert. L a canaille seule, toujours curieuse, jam ais p a trio tę , b eaucoup d’ e n fa n ts, des m archands avides de gain et un certain m onde sans p u d eu r ento u raien t les P ru s s ie n s ; les veri- tab les p atrio tes de P a ris etaien t restźs chea eux. L a douleur fu it de pareils spectacles.

Le p a rti m ilitaire allem and y o u lait bien faire une entree triom phale dans la grandę c ite , prise p a r la faim , et aller dejeuner au p alais des T u ile rie s; m ais le nouvel em pereur d A lle m a g n e , beaucoup plus sage, s’y est oppose tres en erg iąu em en t, ćlit-on. II a sans doute pense q u ’il serait im p ru d en t d’hum ilier une yille bom bardee p a r ses o rd re s, et il s’est p e u t- e tr e rappele que, depuis le siecle de Y oltaire, l ’am i de son aieul, la capitale de la F ran ce p o rte m alh eu r aux souyerains. Mais Rome, aussi, est fatale a certains r o i s ! Que V ictor-E m m anuel refiechisse sur cette parole d’un em inent publiciste rom ain! Les foudres du yatican sont bien plus a red o u ter que la foudre du ciel, dechirant les nues ayec un form idable eclat.

L ’hom m e n ’a p as encore inyente un p arato n n erre p our s’ en g a ra n tir, si ce n ’ est la pdnitence et le rem ords.

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D ieu! U n seul eontraste nous frappe. L e roi G u illau m e s’etait mis a la tete de ses troupes, et il assistait aux ba­

tailles. Le roi Y ictor-Em m anuel a fait conquerir Rome p ar un sim ple generał. Sa conscience róp u g n ait peut-etre a une entreprise plus digne d ’A ttila que d’un roi eh retien ! M aintenant, que faut - il conclure de cet etrange rap - procliem ent de dates et de faits ? E n attendant les reyelations de 1’ h isto ire , nous croyons pouyoir affirmer que les deux alliees de 18G6 sont restees fideles a leu r tenebreuse alliance pendant la guerre de 1870, et que le comte de B ism ark a jo u e les catlioliques d’A llem agne, en leu r faisant croire que les armóes prussiennes iraient dćliyrer le P a p e , apres la conclusion de la paix. Mais le baron d A rn im n ’ a pas joue Pie IX , qui ne pouvait ni esp erer, ni desirer un seeours impossible. Mgr. L edochow ski, archeyeque de Posen , ne nous dem entira pas. U ne chose nous etonne cependant, c est qu’u n prince de 1’E glise, fort eonnu p ar son intelligence et son am our pour le Saint-Siege, ait pu concevoir 1’ idóe qu un roi protestant et grand-m aitre de la franc-maęonnerie consentirait a envoyer des armóes protestantes pour re ta b lir le P ape dans son pouyoir tem porel. L ’ unitę italienne~est trop utile au roi Guillaume, 1’amitie de 1’em pereur de Russie lu i est trop cliere et la P apaute tro p indiffórente, pour qu’u n p areil r^ye se realise jam ais. Ge n ’est pas de l’Alle- m agne pliilosopliique et protestante que le P ap e doit attendre un puissant seeours. Dieu lui en suscitera un autre, b eau ­ coup moins interesse a saisir cette occasion p o u r faire des conquetes en Italie.

Mais, en supposant que le roi de Prusse ait reellem ent la pensee de se faire le gendarm e de l ’ordre en Italie, apres ayoir óte 1’im pitoyable yautour de la F ra n c e , on nous accordera bien sans doute que, pour une parci He entreprise, 300,000 hommes ne seraient pas de tro p , sans parler d ’un immense m aterici de guerre aussi utile que des appro-

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visionnements considerableś po u r 1’entretien et la n o u rritu re des troupes. E h ! b ie n , p ar ou la Prusse fera-t-elle passer tout cela? P a r la B aviere, dont le roi n’ est plus qu ! un sim ple lieutenant cle S. M. 1’em pereur d ’ Allemagne, et qui, p ar consecpicnt, n’a pas d ’ordre a lui donner, mais a en :recevoir? Tres bien. Mais, de la B aviere en Ita lie , il y a une province non prussienne qu’on nomme le Tyrol. L ’em- pereur d ’ A utriche accordera-t-il a 1’ A igle noire du Nord le passage des troupes allemandes sur le te rrito ire de ses E tats? V oila un p rem ier obstacle qui n ’est pas facile a surmonter, a moins qu’ on ne suppose une guerre prealab le entre les A ustro-H ongrois et les Borusso-Germ ains. La chose ne nous p a ra lt pas absolum ent impossible. Dans ce cas, la France p o u rrait bien saisir cette occasion po u r prendre sa re v a n c h e , de sorte qu ’ au lieu d’ aller a Rome faire le C h arlem ag n e, le ro i de Prusse s’ en reto u rn erait peut-etre a Berlin, sans avoir fran ch i les montagnes du Tyrol. Les princes eatholiques sauront bien deliv rer le P ap e, quand le m oment opportun sera venu; ils n a u ro n t pas besoin d’im plorer pour cela 1’ intervention d’un souverain pietiste et franc-maęon.

Admettons cependant qu ’ il n’ y ait pas de bataille entre les deux Aigles im periales dA llem agne, et que le roi G uillaum e renouvelle plus am icalem ent encore sur la joue de 1’ em pereur Franęois-Joseph le fam eux baiser de (Jastein-, car, a quoi s e rtd ’ etre belliqueux, quand tout peut s’arran g er paisiblem ent autour cl’ un tapis vert ? Quel avantage retirerait lA u trich e de sa condescendance envers la Prusse? L ’lionneur d’ avoir contribue a la delivrance du P ap e et tout a la fois au cM tim en t de 1’Ita lie ? Ce serait quelque chose, surtout lo rsq u ’ on a dóclare form ellem ent dans le L w re rouge ne pouyoir rien faire pour 1’independance de la P a p a u te, et qu’ en effet 1’ em pereur F ranęois-Joseph ne p eut pas s’exposer a une double g u e rre , dans laquelle il au rait cette fois

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1’ Ita lie en face, et la Prusse ou 1’A llem agne entiere dans le dos.

Mais il y a dans cette question une raison politiąue, fort gray-e pour 1’ A u tri c h e , qui lu i ferait u n devoir de refu ser le passage au x troupes allemandes. E n effet, le roi G uillaum e, apres avoir rem porte une nouvelle serie de yictoires sur les Italien s e tre to u rn a n t dans ses Etats, couvert de glorieux la u rie rs, ne pourrait-il pas a ttire r doucement a lu i tous les A llem ands autrichiens qui allum ent en ce moment des feux de joie en 1’honneur des armes im periales de P ru sse? L ’aim ant attire le fe r; mais les G erm ains attiren t aussi les Germ ains. On l’a vu pendant la derniere guerre. L ’ unitę de 1’ A llem agne serait fa ite , et 1’ em pire d A u tric h e n existerait plus. Le protestantism e prussien dom inerait bientot sur toute 1’Europe. II n ’ au rait delivre le P ap e et b rise lu n ite de 1’ Ita lie que pour m ieux ćtouffcr le catholicism e et 1’em pire des H a p sb o u rg ; ce qui produirait de violentes reactions parm i les peuples catholiques et des guerres form idables. L empire austro-hongrois ne p o u rrait pas cesser d’etre, sans qu’il y eut en E uropę un boule- yersem ent generał. A ucun homme d’ E ta t autriehien ne cóm- m ettra donc jam ais une faute aussi grave, a moins que l ’em- pereu r Franęois-Joseph ne yeuille reg n er a l’ayenir quesur.

quelques millions de Croates, de Serbes, de Y alaques, de Slovaques, de Polonais et de M agyars.

Les catlioliques allem ands nous diront p e u t-e tre que le roi de P ru sse p o u rrait tres bien m archer avec 1’em pereur d’ A utriche contrę les Ita lie n s, comme cela eut lieu en 1863 dans la guerre du Schlesw ig-H olstein, ou dem ander le passage de ses troupes a la Suisse, ou bien encore atten d re 1’ouverture du S aint - G othard. Nous ne repon- drons que deux mots a ces trois utópies. L’ A utriche ne m arch era pas avec la Prusse contrę les I ta lie n s , de peur de tirer une seconde fois les m arrons du feu po u r les faire

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m anger aux G erm ains du Nord. On parle b ie n , il est v ra i, depuis la cap itu latio n de P a ris , d’une Sainte- Alliance austro - prusso - ru&sej mais c’est une comedie prussienne, qui n ’a u rait certainem ent pas pour bu t le triom phe du catholicism e et le retablissem ent du P ape dans ses E tats (1). Le passage a trav ers la Suisse ne- sera ni dem ande, n i accorde, po u r ne point souleyer de fa- clieuses complications. Q uant a 1’ ouverture du Saint- G o th a rd , dont le chem in de fer reliera tout le reseau allem and au róseau italien , c’est un gigantescpie trav ail qui n ’ est pas encore commence et ne sera probablem ent pas fini av an t dix ans, quinze ans peut-etre. Le royaum e d ’Italie p o u rrait bien ne plus exister alors. P a r toutes ces ra iso n s, il n’ est pas yraisem blable que le ro i de Prusse ait reellem ent a cette heure 1’intention d’aller re ta b lir le pouyoir tem porel du S ouverain-P ontife. G e st un reve qu’un homme d ’E ta t prussien ne saurait faire qu’ apres avoir ru in ę 1’em pire d’A utriche et conquis le Tyrol. Nous ne revoquons pas en d o u te P e sp rit de conquete, nous com-

battons 1’utopie.

E t quel si grand in te re t a u ra it le roi G uillaum e a s’en aller g u erro y er contrę les Italiens, pour rendre au Pape son pouYoir tem porel, et a 1’E g lise catholique sa splendeur d au trefo is? G uillaum e le B atailleur ou le Con- quei ant n e st-il pas toujours ce ro i fanatique et pietiste, qui regarde encore le P ap e comme 1 ’ Antećhrist, et pour qui P o m e 'n ’est rien de plus que la Prostituee ou la Bctbylone, dont L u th er et C alvin p a rla ien t a leurs sectaires avec tan t de fiel de m epris? Ne sait-on pas que les L utheriens de la

(1) La Correspondance de Geneve, organe des catholiques allem ands, nous faisait, au contraire, e n tre ro ir dernierem ent, dans une le ttre qui lui etait adressee de F lo ren ce, la possibilite d im e triple alliance italo-prusso-russe contrę la F ran ce et 1’A utricłie. On ne pense donc pas serieusem ent k Florence et a G eneve que le roi G uillaum e ait 1’intention de ddliyrer Eom e et de retab lir le P a p e dans ses E ta ts? — Y oir le N°- du 19 m ars 1871.

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Prusse, d e la S a x e e td u W urtem berg sont les plus fanatiąues d e to u slesp ro te stan ts (1)? D ’au tre part, les journalistes, les philosophes et les francs - maęons g e rm a in s, ainsi que les dem ocrates, q u i , tous, ont com battu avec au tan t d’igno- rance que d ’ acharnem ent le dogme de 1’ infaillibilite du Pape, verraient-ils avec p laisir leur roi s’en a lle r relever ce meme pouvoir tem porel q u ’ ils n ’ ont attaque pendant si longtem ps que p o u r m ieux detruire le catholicism e et la Papaute? E t que d ira it enfin 1’ em pereur de Russie, dont 1’ amitie po u r le roi de Prusse se m anifestait encore dernierem ent p a r un telegram m e de pompeuses felici- tations, s’il voyait son ro y al am i se faire le C harlem agne en Ita lie , apres avoir ćte en F ran ce uu b arb are A ttila ? 11 dirait probablem ent, ou il penserait que le roi Guillaum e est devenu pap a lin dans ses vieux ans.

U ne pareille idee est donc un r e v e , si ce n’ est pas une intrigue de M. la duc de Bism ark pour interesser a ses desseins pendant la g u erre tous les catholiques borusso- allemands. Q uelques Eveques ont donnę dans le piege;

mais, la guerre finie, les illusions vont s’evanouir. Le roi de Prusse ou son habile chancelier ne m anquera pas de renvoyer les pieux intercesseurs aux calendes grecques, en leu r faisant d ire que les armees prussiennes ont besoin de repos. Qui sait meme si les gazettes protestantes d’ A lle-

(1) U n colonel p ru ssie n , le prince de H olstein, ścriy ait au mois d ’aout 1870 li M. E m ile de G irardin une le ttre fort curieuse p our lui annoncer que, le 15 sep tem b re , il dśfilerait avec son regim ent deyant la m aison du celebre publiciste. Cette le ttre est y eritable m odele de liaine p ro testan te contrę les cath o liąu es, le P a p e et le dogme de l’infaillibilite. „La P ru sse, dit ce

„colonel lu th e rie n , rep resen te le progrfes, la c iy ilisa tio n , l ’a y e n ir, la

„science; la F ran ce ne rep resen te que le passe et Tidiotisme cathóligue.1' — A b ano disce omnes. — Nous regrettons de ne plus ayoir sous les yeux ce ch ef d’oeuvre de fanatism e p r o s te s ta n t; il eut etć bon de le faire connaitre aux catholiques d’A ]lem agne p o u r les eclairer sur le yeritables tendances religieuses du G ouyernem ent prussien. — Y oir la LibertŁ du 15 au 25 ao u t 1870.

Cytaty

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