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Le déploiement de l'invention dans le temps

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Academic year: 2021

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C I N Q U I È M E P A R T I E COMMUNICATIONS ENVOYÉES

F. Russo

LE DÉPLOIEMENT DE L ’INVENTION DANS LE TEMPS

L ’histoire la p lu s com m une des sciences e t des techniques situe la découverte à un in stan t bien déterm iné. Elle ne nie pas certes que la découverte a été 'précédée d ’u n tem ps de re ch erch e et, q u ’u n e fois faite, elle n ’e s t p as auissitôt reconnue et utilisée. Maris cet avant et cet après de la découverte ne fo n t pas l ’o b jet d ’une analyse précise.

D evenant plus fin e e t p lu s exigeante l'histoire des sciences et ides techniques se doit d ’in sérer d an s ses perspectives d e base le fait d e cet étalem ent dans lie tem p s de la découverte. S ans m inim iser la v aleu r et la signification du m om ent sou vent b ref où a su rg i la découverte, e t qui reste privilégié, on au ra à s’intéresser directem ent et en eux-m êm es aux m om ents qui en cad ren t la découverte p ro p rem en t dite, m om ents où la découverte est “en question” d ’une m anière q u ’il convient ju ste­ m en t d e caractériser aussi exactem ent que possible. La tâche d es a u teu rs de chronologie se tro u v era d e ce fait sans 'doute com pliquée e t l ’h isto ire de la science e t de la technique sera moins étonnante, m oins glorieuse

et m oins simple. Mais elle a u ra l ’avantage d ’ê tre plus vraie.

En dép it de l ’extrêm e variété des circonstances dans desquelles se font les découvertes, il p a ra ît possible et utile, san s aucunem ent fausser la réalité, de con stitu er une g r i l l e d ’a n a 1 y s e de la découverte où se présenteront, à titr e d ’hypothèses d e trav a il, u n e série de types de m om ents ay an t chacun des tr a its caractéristiques. Ces m om ents se succédant depuis la prem ière m anifestation d ’in térêt pour une question scientifique ou technique, ju sq u ’a u m om ent où to u tes les (possibilités, toutes les v irtu alités en o n t été dégagées e t m ises à profit.

Grâce à u n e te lle grille, l’histoire des sciences e t des techniques serait plus 'différenciée, p lus articulée, plus stru ctu rée, e t des points d e vue ju sq u ’ici négligés seraien t e n fin p ris 'en considération comme ils le m éritent. Une te lle grille doit pouvoir ê tre utilisée aussi bien e n histoire des techniques qu ’en histoire des sciences. En effet, en le u r essence, les types d ’étapes d e la découverte o n t la m êm e a llu re dans l’in ven tio n d ’u n procédé technique que d an s da com préhension scientifique d ’u n

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phénom ène. Toutefois l ’hdisitoiire des techniques com pte deux phases sup­ plém entaires qui n e se irencontrenit p as e n histoire des sciences;: le développem ent et l’innovation. M ais ce tte d ern iè re serait p lu s justem ent rattach ée à l’histoire économique.

Le problèm e du déploiem ent .dans le tem ps de la découverte n e p ren d to ut soin in térêt, to u te sa signification que s ’il est relié aux au tre s aspects d u problèm e d e l ’invention. D’u n e p art, nous proposant seule­ m ent ici d’identifier e t d e caractériser les m om ents de lia découverte, ayant principalem ent le souci de îles distin g u er n ettem e n t îles uns des autres., nos analyses appellent un au tre “Chapitre”, l.a problém atique de l’invention consacrée à scru ter de façon approfondie le contenu, la n a tu re de ces mom ents, les divers ty p es d’activités e t les com portem ents psychologiques et intellectuels q u ’y m anifeste le “chercheur”. D’au tre part, isolant la découverte, p a r besoin de clarté, nous 'devons laisser place à une étude com plém entaire des rap p o rts de la découverte avec d’au tre s découvertes, causes ou effet de c e lle -c ii.

Les réflexions qui v o n t être 'présentées relèv en t — il fau t le recon­ n a ître — d ’u n genre p eu cultiv é ju sq u ’ici, savoir, l ' h i s t o i r e d e l a t y p o l o g i e d e s d é m a r c h e s d e l a p e n s é e s c i e n t i ­ f i q u e . C ertains p o u rro n t d o u ter de l'u tilité d e spéculations aussi p u ­ rem en t m éthodologiques. Ne s ’im posent-elles pals cependant, dès lors que l’histoire des sciences e t des techniques en tend assu rer la re stitu ­ tion aussi fidèle et aussi réfléchie que possible du passé?

U ne te lle typologie 'conduit d ’ailleu rs à rap p ro ch er le passé de la science, de la recherche scientifique actuelle. D eux problém atiques qui ju sq u ’ici s'ig n o raie n t ise tro u v e n t aânisi s'éclairer l'u n e l'au tre. Notam­ m ent, reconnaissant aisém ent te l aspect d e la création scientifique actuelle p arce qu'il est n ettem e n t différencié et explicité, o n se tro u v e m ieux à m êm e de le 'discerner à l’é ta t naissant ou, d u moins, peu diffé­ rencié d an s la science d u passé. Ce q u i n ’im plique n ullem ent une ap p li­ cation abusive au passé des schèm es de lia science actuelle. O n doit pouvoir, en effet, a ssu re r isarns peine les transpositions qui respecteront les s tru c tu re s de la science ancienne.

AVANT LA DÉCOUVERTE

A vant la période de rech erch e pro p rem en t dite, le tem ps qui précède la découverte comporte une période d u ra n t laquelle se form e et se développe le p ro je t d e recherche. C ette période p eu t ê tre elle-m êm e

1 Dans ce qui suit, nous appliquerons indifféremment les termes d é c o u ­ v e r t e et i n v e n t i o n aussi bien à la science qu’à la technique. A vouloir en effeit réserver le terme d é c o u v e r t e à la science et le terme i n v e n t i o n

à ,1a technique, on suggère une distinction de nature entre ces deux types de création qui n ’elst pas justifiée, ou, diu moins, on (se perd dans des distinctions subtiles, difficiles à faire partager.

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décomposée e n deux sous-périodes: dans la prem ière, il y a sim plem ent contact avec u n thèm e p lu s ou m oins étendu, p rise de connaissance de l ’é tat d ’u n e question. D ans la seconde, iil se dessine à l'horizon de la réflexion u n p o in t à élucider, une difficulté à vaincre, u n problèm e à résoudre. P eu à peu l’esprit se concentre, se polarise s u r u n e rech erch e à entrep rend re. Alors in te rv ie n t de façon p lu s ou moins explicite la décision 'de recherche qui m arq ue le passage au tem ps p ro prem ent d it d e recherche.

Bien des facteu rs p euv en t co n trib u er a u choix d ’une recherche, les u n s in tern es (goûts, a ttra its divers), des a u tre s ex tern es (existence de m oyens appropriés, incitations de la p a r t d e m aîtres, de collègues, d’amis). A cet égard, id convient d e p o rter une atte n tio n p articu lière à la fonction d’o r i e n t e u r qu’on t joué d an s le passé ides personnages d o n t certains n e fu ren t pas v raim en t des d é c o u v r e u r s. A insi sou­ v en t une p a r t appréciable,^ et m êm e parfois la p lu s grande, d u m é rite de la découverte doit être attrib u é e à celu i q ui a suggéré le thèm e d e recherche. Le systèm e d ’in térêts d ’une époque, l'am biance scientifique, concourent égalem ent a u choix des su je ts de recherches. M ais ii a rriv e aussi à d’inverse qu’ils sont cause de ce q u e certain s idomaines d em eu ren t inexplorés.

A l'époque m oderne, ia d éterm in atio n de la recherche te n d à consti­ tu e r dans d'activité scientifique unie fonction n ettem en t différenciée. Et même, des organism es de niveau non seulem ent inationad, mais; aussi in ternation al, s 'y consacrent directem ent, a ttira n t l'atten tio n s u r des thèm es de recherche particulièrem ent im po rtan ts et allan t ju sq u 'à o ffrir des ressources à ceux qui veulent bien les adopter.

De façon m oins systém atique, m ais cependant d éjà assez efficace, à la fin du X V IF siècle et a u cours du X V IIIe, des 'diverses Académies des sciences apparaissent avoir joué u n te l rôle, notam m ent e n in stitu a n t d es p rix p ou r le m eilleur m ém oire s u r u n s u je t choisi com m e p a rtic u ­ lièrem ent digne d ’investigaition.

La période p roprem ent d ite de recherche com porte des dém arches m atérielles et intellectuelles que nous n 'av o n s pals à d écrire ici e n détail. Elle est to u jo u rs soutenue e t orientée p a r une c ertain e idée de la dé­ couverte à faire. C ette idée e st vague, im précise, p a r définition m êm e de cette période: s i elle é ta it ferm e e t claire nous serions dans la phase de découverte. Elle est la base des Observations, expériences, calculs, qui conduiront à da découverte.

Insistons s u r tin aspect .de :1a dém arche de recherche rarem en t ex p li­ cite: la “prise d'inform ation”. Le chercheur s’efforce de ré u n ir et d’exploiter to u tes les inform ations ex istan tes 'concernant son th èm e d’investigation. A u n stade évolué de l’organisation d e la recherche, q u i n ’est p as encore attein t au jo u rd ’h u i d an s to u s les domaines, u n service spécialisé m et à la disposition d u ch erch eu r tous1 les docum ents

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susceptibles d e lu i être utiles. C elui-ci se tro u v e ainsi, dispensé d ’une tâch e d e ro u tin e sou vent longue e t fastidieuse. Ensuite, qu ’eilles soient réunies p ar d ’au tres ou p ar lui-m êm e, le chercheur procède à une assi­ m ilation de ces inform ations d an s la perspective du problèm e auquel il s ’attache. Ce tem ps fa it véritaiblem ent p artie de la recherche. Parfois, c’est a u cours de te lles lectures réfléchies, que jaillit la découverte, ou que, d u moins, des approches décisives se . tro u v en t opérées.

A cet égard, d’historien des sciences doit s ’efforcer n o n seulem ent de connaître les le ctu res faites p a r l ’in venteur, m ais aussi d e restitu er la m an ière d o n t iils les a com prises et utilisées. Combien, d an s ce cens, sont éclairantes, p a r exemple, p ou r l ’h isto ire d u calcul 'différentiel, les annotations d’u n Leibniz s u r des te x te s d e P ascal e t de G régoire de S aint-V incent.

Le dialogue e t 'la .correspondance o n t joué e t jouent encore -un rôle m ajeur dans cette p rise d ’inform ation.

A PR ÈS LA DÉCOUVERTE

N ous po rterons n o tre atte n tio n essentiellem ent su r tro is aspects de la destinée d e la découverte: son expression, son am élioration, sa d iffu ­ sion. À chacun de ces aspects correspondent des périodes qui, bien entendu, se reco u v ren t bien souvent.

L’EXPRESSION DE LA DÉCOUVERTE

En beaucoup d e cas, ill n ’est p as in u tile d e 'distinguer la découverte elle-m êm e de somj expression. Il arriv e souvent en effet que la pensée se précise au cours d e d’effo rt d e rédaction d ’idées, d e conceptions qui, po ur avoir sans doute é té aperçues d ’abord e n ce q u ’elles o n t d’essentiel, se tro u v en t néanm oins m ieux dom inées lorsque l ’in v en teu r les exprim e d ’u n e façon cohérente su rto ut, comme c’est le plu s souvent le cas, lorsque cette expression a p o u r b u t d e faire 'C o n n a î tr e le ré su lta t attein t. Sou­ v en t u n espace de tem ps appréciable sépare la découverte de cette expression. Mais il est parfois m alaisé de savoir à quel m om ent exacte­ m en t la découverte e st apparue. On n e p e u t pais to u jo u rs se fier su r ce point aux déclarations des inventeurs, qui sont portés assez n atu re l­ lem ent à recu ler à l ’excès le m om ent de le u r découverte, su rto u t lorsqu’il y a querelle d e priorité. D ’ailleurs, la découverte elle-même est souvent étalée dans le tem ps. C’est ainsi que les deux élém ents essentiels de la découverte par O ersted de l’action m agnétique du courant électrique isont séparés p a r u n in terv alle de h u it années. O ersted a conçu, dès 1812, l ’idée d’u n e action d u courant électriqu e su r u n e aiguille

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aim antée, distin cte d é l ’action électriq ue d e oe courant. M ais c'est seu­ lem ent e n 1820 q u ’il a s u réaliser le dispositif confirm ant cette idée.

Dans1 le cas die l ’invention technique, cette expression re v ê t souvent des form es particulières. Ce p eu t être, p o u r les in ventions de l ’époque m oderne, la p rise de ‘brevet. C ette d ate 'est significative à bien des égards, notam m ent p a rc e . qu’elle est considérée comme m a rq u a n t socia­ lem ent le m om ent de la découverte, bien q u ’elle" lui soit souvent assez postérieure. Q uant à la réalisation d ’u n dispositif m e tta n t e n o eu v re l ’idée ide l'invention, b ien q u ’elle exprim e le découverte, nous lia situerons cependant dams la période de l ’invention p ro p rem ent dite, car, dans le dom aine technique, o n n e p eu t le p lu s souvent 'considérer que l ’idée contient to u te l ’invention; celle-ci n ’existe v raim en t que lorsque le dispositif im aginé fonctionne effectivem ent.

L'AMÉLIORATION DE LA DÉCOUVERTE

Il est ra re q u ’une découverte ne fasse p as l ’ob jet d ’am éliorations. Ces am éliorations sero n t le fait soit de l ’in v e n teu r lui-m êm e, soit d ’a u tre s personnes. P a r définition, l’am élioration d e la découverte n e modifie pas essentiellem ent la découverte, m ais elle p e u t lu i ap p o rter des com plém ents de grande portée. D ans le cas de l’invention technique, ces am éliorations so nt souvent la condition sine qua non d e son ap p li­ cation effective. On sait que l’on qualifie “développem ent” les am éliora­ tions qui p erm e tte n t à u n e in v ention d’ê tre fournie à un p rix acceptable, et utilisée dans les conditions de com m odité e t d e sécurité de fonction­ n em ent qui exigent une larg e diffusion.

T ant en histoire des sciences q u ’en histoire des techniques, o n ne ren co n tre pas u n souci su ffisant d e d istin g uer dans la description de la découverte l ’essentiel d e la découverte de ses am éliorations u ltérieu res 2.

LA DIFFUSION DE LA DÉCOUVERTE

Il est aussi trè s im p o rtan t de distinguer le m om ent où une découverte a été faite (moment que nous venons d e déd ou bler e n u n m om ent de découverte proprem ent d ite e t u n m om ent d’expression), du m om ent où elle a été -connue. Cette période elle-m êm e se d é co m p o s e souvent en une série d e sous-périodes, la diffusion é ta n t progressive: connais­ sance de la découverte p a r u n e seule personne, puis p ar u n groupe restrein t, en fin diffusion universelle. On n e sau rait tro p in siste r su r la nécessité d e d éterm in er avec précision les étapes de cette diffusion.

2 Nous rangerons parmi las améliorations de la découverte l ’explioitation de sa portée et de ses virtualités. Nous .avons traité de cette question dans l ’étude que nous avons publiée dans les Mélanges K oyré {Paris 1964) sur l’ap p r é d a t i o n d e l a d é c o u v e r t e .

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Ainsi, ein histoire d e l'astronom ie, il est essentiel d e n o ter que les grandes découvertes d e K epler n ’o n t été prises en considération qu’un dem i-siècle ap rès avo ir été faites. O n connaît aussi le destin des vues de Saccheri s u r le po stu lat d ’Euelide: bien q u 'ay an t fa it l ’objet, e n 1733, d’une publication dans u n ouvrage largem ent accessible, le trav a il de Saccheri est dem euré p resque ignoré p end ant (plus d ’u n siècle.

Reconnaissons q u ’il est bien souvent difficile de re tra c e r les étapes de la diffusion d’u n e découverte. N otam m ent, qu an d une découverte a été publiée nous n e sommes p as assurés q u ’elle ait été effectivem ent lue e t même, si certain s en ont pris connaissance, il re ste à savoir ju sq u ’à quel point ils l ’o n t comprise.

N ous n e traitero n s pais ici d es circonstances qui exp liq u ent le re ta rd avec lequel d e nom breuses découvertes ont été diffusée®. Bien de facteurs p eu vent en être la cause, notam m ent 'le re fu s des1 idées nouvel­ les, dû a u conservatism e n a tu re l des groupes sociaux, m êm e ceux dont la fonction e s t d e faire progresser la connaissance.

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