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Ruines historiques de France : chateaux et abbayes

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Academic year: 2021

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BIBIIOTHECA UNIV. JAGELL.

CRACOVIENISIS

B 510673

RUI NE S

H I S T O R I Q U E S

DE

F R A N G E

PAR

ALEXANDRE DE LAVERGNE

P A R I S

A M Y O T , R U E D E L A P A I X

(2)

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(3)

R U I N E S H I S T O R I Q U E S

DE F RANCE

C H A T E A U X E T A B B A Y E S

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RUINES

H I S T O R I Q U E S

DE

F R A N C E

C H A T E A U X E T A B B A Y E S

PAR

A L E X A N D R E D E L A V E R G N E

P A R I S

A M Y O T, É D IT E U R , 8 , R U E D E LA P A IX

M D C C C L X

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B i b l i o t e k a J a g i e l l o ń s k a

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P R É F A C E

II y a aujourd’hui trente-cinq ans, un poëte, qui, bien jeune encore à cette époque, préludait déjà à sa gloire future, exhalait dans des strophes non moins éloquentes qu’harm onieuses le sentim ent de mélanco­

lique rêverie dont son âme ne pouvait se défendre, à la vue des m onum ents des vieux âges de notre histoire que le temps a respectés et que la m ain des hommes s’attache incessamment à profaner, sinon même à dé­

tru ire. Dans un élan sublim e, le poëte, s’adressant à ces ruines de notre France, s’écriait :

O m u rs ! ô créneaux ! ô to u relle s ! R em p arts ! fossés aux p onts m o u v an ts ! L o u rd s faisceaux de colonnes frêles ! F iers châteaux ! m odestes couvents ! C loîtres poudreux, salles an tiq u es, Où gém issaient les sa in ts c a n tiq u e s , Où ria ie n t les b an q u ets joyeux ! Lieux où le cœ u r m et ses chim ères!

Églises où p ria ie n t nos m ères ! T o u rs où co m b attaien t nos aïeux ! P arv is où n o tre orgueil s’enflam m e ! M aisons de D ieu ! m an o irs des rois!

T em ples q u e g ard ait l’oriflam m e!

P alais que p ro tég eait la croix ! R éd u its d ’am o u r, a rc s de v ic to ire s , Vous qu i tém oignez de nos g lo ire s.

Vous q u i proclam ez nos g ra n d e u rs ! C hapelles, d o n jo n s, m o n astè res ! M urs voilés do ta n t de m ystères ! M urs b rillan ts de ta n t de sp len d eu rs!

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VI P R É F A C E . 0 d é b ris, ru in e s de F ra n c e , Que n o tre a m o u r en vain défend ! Séjours de joie ou de so u ffran ce, Vieux m onum ents d’un peuple e n fa n t!

Itestes, s u r qui le tem ps s’a v a n c e , De l’A rm orique à la P ro v e n c e , Vous q u e l ’h o n n e u r e u t p o u r a b ri ! A rceaux tom bés! voûtes brisées!

Vestiges des races passées ! L it sacré d ’un fleuve ta ri!

O u i, je c ro is, q u and je vous c o n te m p le , Des héros en ten d re l’adieu ;

S ouvent d a n s les débris du tem ple B rille com m e u n rayon de D ieu.

Mes pas e rra n ts ch erch en t la tra c e De ces fiers g u erriers d ont l ’audace F a isa it un trô n e d ’un p av o is:

Je d e m a n d e , o u b lian t les h e u r e s , Au vieil écho de le u rs dem eures

Ce qui lui reste de le u rs voix.

A u jo u rd ’h u i p arm i 'es cascad es, Sous le dôme des bois to u ffu s, Les p ilie rs, les sveltes a rc a d e s , Hélas! pen ch en t le u rs fro n ts c o n fu s:

Les forteresses écro u lées, P a r la chèvre e rra n te fo u lées, C o urbent leu rs têtes do g ra n it:

Restes q u ’en aim e e t q u ’on vénère ! L ’aigle à le u rs to u rs suspend son a ir e , L ’h irondelle y cache son nid.

En lisant ces belles strophes de Victor Hugo, l’auteur du présent livre s’est demandé si ce ne serait pas une tâche utile que de retracer, pendant qu’il reste encore quelques vestiges des antiques palais de nos rois, des châteaux et des monastères même qui ont souvent abrité leurs tètes, les souvenirs de toute espèce qui se rattachent à ces demeures et qui les ont rendues à jamais célèbres ; si aujourd’hui plus que jam ais le mo­

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P R É F A C E . VII

m ent n ’était pas venu de chercher à réveiller les échos endormis dans ces ruines qu’habitent m aintenant l ’obs­

curité et le silence, succédant à tant de lum ière et à tant de bruit. Il a semblé à l’auteur que l’histoire de notre pays, enregistrée en quelque sorte année par année, quelquefois môme jo u r par jo u r, dans ces pages de pierre, pourrait n ’être pas sans quelque intérêt pour ceux (et le nom bre en est grand à présent) qui aim ent à vivre dans le passé et à interroger jusque dans scs m oindres replis le voile qui le couvre.

Il y avait sous ce point de vue, l ’auteur le croit du moins, une véritable lacune qu’il a cherché à combler de son mieux, recueillant dans les riches collections de mémoires des deux derniers siècles, et dans les naïfs récits des vieux chroniqueurs, tout ce qui se rattachait à son sujet, et butinant ainsi entre toutes ces fleurs quelques rayons d’un miel plus ou moins pur, plus ou moins savoureux, qu’il offre aujourd’hui au public.

Ces études, ces esquisses, si l ’on veut, auraient pu être beaucoup plus développées, et ce ne sont point les m atériaux qui ont m anqué à l ’auteur pour construire sur chacun des palais, châteaux ou monastères dont il est parlé dans ce livre, une véritable monographie ; mais indépendam m ent de l’étendue qu’il eût été né­

cessaire de donner à un semblable travail, l ’auteur se serait ainsi écarté de son plan, qui est sim plem ent de présenter le résumé des impressions que lui ont lais—

1 sées les nom breux documents dont il a dû prendre connaissance, avant d’entreprendre l’accomplissement de sa tâche.

Si quelquefois l’auteur s’est laissé en tra în e r, sous l ’influence de ces mêmes im pressions, à dram atiser les événements r u ’il avait à retracer, pensant leur donner ainsi une forme plus saisissante, il a toujours pris soin de s’appuyer sur la réalité, ou, du moins, sur les

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v i n P R É F A C E *

témoignages qui constituent un fait, historiquem ent parlant. Au surplus, il doit s’empresser de le déclarer, il n ’a point la prétention de se poser ici en annaliste bénédictin, pas plus qu’en peintre, en sculpteur, en architecte, à propos de tous les chefs-d’œuvre de l ’art q u ’il a eu à décrire. A la vue des fragments encore debout de tant de merveilleuses constructions qui ont fait la gloire et l ’honneur des siècles écoulés, au récit des événements accomplis dans ces antiques résidences, l’auteur a éprouvé des sensations vives et profondes, et il a cherché de bonne foi à les faire partager à ceux qui voudront bien lire son livre. Tel a été, tel est encore son seul but. C’est au lecteur à décider s’il a su le rem plir.

Les dix-huit études dont se compose le présent vo­

lum e sont autant de bornes m illiaires éparses dans le vaste champ de nos annales comme pour m arquer les pas de l ’histoire. Il n ’en est pas une seule, en effet, on pourra s’en convaincre aisém ent, où les plus grands sou­

venirs ne se trouvent évoqués, et où l’on ne voie souvent apparaître les personnes royales, à une époque où, il convient de le rappeler, le mot célèbre de Louis XIV avait presque la valeur d’un axiome, et où l ’État c’était véritablem ent le roi de France.

Que si l’on voulait résum er par quelques noms seu­

lem ent l ’histoire des dix-huit palais, châteaux ou mo­

nastères que nous avons essayé de faire revivre pendant quelques instants, tels qu’ils étaient aux anciens jours, voici ce qu’on trouverait :

P our Ch e l l e s, l a puissante abbaye, deux reines et une fille de F rance, Frédégonde et Bathildc, puis Louise d’Orléans, sans compter même un em pereur, et quel em pereur! Cbarlemagne.

Pour Jumieoes, le savant m onastère, Guillaume Lon­

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l ’ K É F A C K . I X

gue-Épée, duc de Normandie ; Edouard le Confesseur, roi d’A ngleterre; Charles VII, roi de France.

Pour Ch i n o n, sombre donjon royal, H enri II , roi d’Angleterre, et ses quatre fils ingrats; Charles VII et la Pucelle, Louis XI et l’un de ses héritiers les plus directs, bien que non issu comme lui de sang royal, le terrible cardinal de Richelieu.

P o u r Lo c h e s, à la fois palais et prison, Charles VII et Agnès Sorel, Louis XII et Anne de Bretagne, c’est- à-dire des amours royales, puis le cardinal la Balue, Charles de M elun, Ludovic Sforce, c’est-à-dire des cages de fer, des tortures et des exécutions à m ort.

Pour Bl a n d y, l’un des plus inexpugnables châteaux forts de la Brie, le comte de Dunois, la belle Marie de Clèves et la triste dynastie des comtes de B ourbon- Soissons.

Pour Am b o i s e, château royal, Charles VIII, F ran ­ çois Ier, Louis XII, tous nos rois enfin, jusqu’au com­

m encem ent du dix-septième siècle.

Pour Bl o i s, château royal aussi, Valentine de Milan, puis les Valois et les Guises, un grand duel term iné par un assassinat.

Pour Ch a n t i l l y, m anoir féodal du prem ier baron chrétien, les Montmorency et les Condé, c’est-à-dire, et à la fois pour les uns comme pour les autres, la gloire et le m alheur.

Pour Ch a m b o r d, encore un château royal, François Ier et la duchesse d ’Étampes, Louis XIV et la duchesse de la Vallière.

Pour Ch e n o n c e a l x, Diane de Poitiers, Catherine de

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X

Médicis, Marguerite de Valois, Marie Stuart, tout ce qui a brillé, enfin, par l ’esprit et la beauté d urant le seizième siècle.

Pour An e t, Diane de Poitiers encore, et toute l a

dynastie des ducs de Vendôme, ces rejetons épicuriens des am ours du Béarnais et de la charm ante Gabrielle.

Pour Ga i l l o n, les cardinaux d’Amboise et de Bour­

bon, l’un qui faillit devenir pape, l ’autre qui faillit de­

venir roi.

Pour Ma r ł y, ce magnifique p a la is dont il reste à peine quelques vestiges, Louis XIV et les deux anges gardiens de sa triste vieillesse, madame de Maintenon et la duchesse de Bourgogne.

Pour l’abbaye de Po r t- Ro y a l d e s Ch a m p s, Arnauld, Biaise Pascal, Jean Racine, les gloires les plus pures du dix-septième siècle.

Pour le château de Sc e a u x, dont il ne reste pas plus de vestiges que du palais do Marly, Colbert et la du­

chesse du Maine, u n grand m inistre et une grande ambitieuse.

Pour Ch a n t e l o u p, qui n ’existe plus que par sa pa­

gode, la princesse des Ursins et le duc de Choiseul, une cam arera-m ayor et un prem ier m inistre.

Pour Ch o is y-l e- Ro i, Mademoiselle, la grande Made­

moiselle, aux pieds du beau Lauzun, puis Louis XV aux genoux de madame de P om padour, c’est-à-dire une double dérogation.

P our Ma lm a iso n, e n f in , Napoléon et Joséphine, en­

core et plus que jam ais la gloire et le m alheur.

Ces prémisses posées, le lecteur reconnaîtra q u ’il

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P R É F A C E . XI

était impossible de soumettre les études contenues dans l’ouvrage que nous lui présentons à un ordre méthodi­

que, à une classification rigoureusem ent établie. En effet, il est telle ruine qui, bien que sa construction primitive remonte presque au berceau de la m onarchie, n ’a commencé à jouer un rôle que bien postérieure­

m ent, comme l’abbaye de Port-Royal des Champs par exemple. Parfois m ê m e , pendant u n laps d’années considérable, les nuages se sont amoncelés tout autour, et il a fallu quelqu’un de ces coups de foudre qui re­

tentissent si souvent dans l’histoire, pour dissiper les ténèbres et illum iner de nouveau l ’édifice d’une au­

réole glorieuse ou sanglante. Les m onum ents o n t , comme toute chose ici-bas, leurs jours radieux ou som­

bres, et le soleil ne luit pour eux que par intervalles.

Cependant les esprits positifs qui voudraient se rendre un compte exact de la division qu’on eût pu adopter pour les m atériaux dont se compose le présent ouvrage, arriveront aisément à les grouper dans cinq époques distinctes, dont nous avons cherché à suivre l’ordre chronologique.

La prem ière époque, qui embrasse les dynasties mé­

rovingienne et carlovingienne jusqu’au temps des croi­

sades, s’applique aux abbayes de Chelles et de Jum ié- ges. C’est l’époque de la puissance ecclésiastique dans sa plus haute extension et le règne de l’architecture lombarde.

La deuxième époque s’étend ju sq u ’à la m ort de Louis XI, et compose tout le moyen-âge. C’est le temps de l’architecture féodale, dont on peut étudier les phases diverses dans ce qui reste des donjons de Chinon, Loches, Blois, Amboise et Blandy.

La troisième époque, la plus riche de toutes, est celle de la Renaissance, et a produit, au seizième siècle, Chantilly, Gaillon, Anet, Chambord et Chenonceaux.

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La quatrièm e époque est celle de Louis XIV. Marly, Sceaux, et ce qu’on appela d’abord Cboisy-Mademoi- selle, se rattachent à cette époque, qui est personnifiée en quelque sorte dans les deux Mansard.

La cinquième et dernière époque, celle de Louis XV, a vu l ’épanouissement d’un nouveau style d’architec­

tu re, né du caprice et de la fantaisie, mais destiné à ne pas leur survivre. Les châteaux réédifiés de Choisy-le- Roi et de Clianteloup en ont été u n m om ent l ’expres­

sion la plus complète.

Hélas ! do ces palais, de ces châteaux, de ces monas­

tères, que nous reste-t-il aujourd’h u i? ... À part Blois, Chenonceaux et Chambord, trois résidences royales à présent découronnées, et bien que toujours debout, elles aussi frappées de m ort, n ’est-ce pas bien le cas de répéter encore avec le poëte :

A ujourd’h u i , p a rm i les c a sc a d e s, Sous le dôm e des bois touffus , L es p ilie rs , les sveltes a rc a d e s ,

Hélas! p en ch en t leu rs fronts c o n fu s;

Les forteresses écro u lées, P a r la chèvre e rra n te fo u lé e s, C ourbant leurs têtes de g ra n it ; Restes q u ’on aim e e t q u ’on vénère ! L ’aigle à leu rs to u rs suspend son a ir e , L ’hirondelle y cache son nid.

A l e x a n d r e d e LAVERGNE.

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R U I N E S H I S T O R I Q U E S

DE F R A N C E

C H A T E A U X E T A B B A Y E S

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C H E L I E S

A six lieues à l’est de P a ris su r la ro u te de L a g n y , au m ilieu d ’une v erte cein tu re de vignobles e t de p ra irie s qui s’éte n d e n t en am p h ith é â tre ju s q u ’aux b o rd s de la M arne, on ap erço it un gros b o u rg q ue dom ine à l ’un e de ses extrém ités u ne vieille église g o th iq u e. Cette église, d o n t la co n stru ctio n accuse le travail du treizièm e siècle, est la seule qui re s t e en cet en d ro it de n eu f q u ’on y co m p tait ja d is. Ce b o u rg , où l’on ne voit que des toits de chaum e et de tuile m oussue, où la m aison d u S eigneur est si délab rée, c’est le b o u rg de C helles; C helles, le p a ­ lais dans lequel o n t trô n é ta n t de nos ro is; Chelles, l’abbaye d an s laquelle sont m ortes au m onde ta n t de nos rein es, d u ra n t les p rem iers âges de la m o­

narchie.

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Une vieille tra d itio n ra p p o rte q u e, q uelque tem p s ap rès la m o rt d u roi Ulovis II, la rein e B ath ild e, sa fem m e, é ta n t allée p rie r su r son to m b eau , e u t une vision ; il lu i sem bla voir une échelle d ressée devant l’autel de N otre-D am e, com m e celle qui a p p a ru t en songe à Jacob. Cette échelle, d ’une h a u te u r prodi­

g ieuse, avait percé la voûte de l’église, et, s’élevant d an s les airs, p a ra issa it m o n ter ju s q u ’au ciel. E n m êm e tem p s, des accords d ’une ineffable harm onie se fire n t,e n te n d re, et une tro u p e d ’anges é ta n t a p ­ p a ru e , B athilde les v it s’ap p ro ch er en lu i so u rian t.

B ientôt elle se se n tit m ollem ent tra n sp o rté e ju s q u ’au p ied de l’échelle, do n t elle com m ença à g rav ir les deg rés avec u ne m erveilleuse facilité. P e n d a n t q u ’elle m o n tait soutenue su r les ailes des sé rap h in s, les h a rp e s célestes re te n tissa ie n t m élodieusem ent à ses oreilles, e t déjà elle en trev o y ait au som m et des d e ­ g ré s des m y riad es d ’anges qui s’a p p rê ta ie n t à la re ­ cevoir au m ilieu des n uages. T o u t à coup, éblouie p a r l e s to rren ts de lu m ière d’en h a u t, elle abaissa ses re g a rd s s u r la te rre : alors en vo y an t sous ses p ied s l’abîm e inco m m en su rab le qui l’en sé p a ra it, elle fu t prise d ’u n h o rrib le v ertige ; elle v o u lu t se c ram p o n n er à l ’échelle, m ais dans leu r é tre in te con­

vulsive ses deux m ains ne saisiren t que de l ’a ir, et il lui sem bla q ue, lancée violem m ent d an s l’espace,

son corps allait re to m b er brisé s u r la te r r e ...

La vision é ta it passée, e t B athilde se retro u v a agenouillée d ev an t la tom be de son époux, S eule­

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G U E L L E S . O

m en t, bien q u ’elle y fût venue dès le m alin , elle r e ­ co n n u t avec su rp rise que les rayons de la lune, p é ­ n é tra n t à tra v e rs u n e des fenêtres de l’église, d o n ­ n a ie n t déjà en plein s u r le sarco p h ag e. E ffrayée, la rein e re g ag n a p récip itam m en t son p alais, e t o rdonna d ’aller ch e rc h e r su r-le -c h a m p l’évêque de P aris p o u r ui dem ander l’explication de cette te rrib le vision.

On le nom m ait S igebrand. In tro d u it d ev an t sa sou­

v erain e, le p ré la t rép o n d it q ue D ieu lui avait fait co n n aître ainsi sa volonté, q u i é ta it q u ’elle fo n d ât un m o nastère à C helles (échelle). On voit que les jeux de m ots ont été de to u t te m p s en h o n n eu r : celui-là est d u septièm e siècle.

Chelles, à cette époque, é ta it u ne résid en ce royale fo rt affectionnée des rois de la p rem ière race, parce q u ’elle se tro u v ait d an s le voisinage d’un g ra n d nom bre de bois e t de fo rêts, ce qui le u r p e rm e tta it de se livrer ainsi aux plaisirs de la chasse, le u r p lu s ch er exercice a p rè s la g u e rre . La rein e B athilde p a rtit donc p o u r C helles, accom pagnée de l ’évêque S igebrand, afin de se conform er aux in ten tio n s du Seig n eu r, en su rv eillan t elle-m êm e la construction d u m onastère. B athilde é ta it d ’une ra re b e au té : enlevée d an s son enfance p a r des co rsaires, e t v en­

due p a r eux à E rch in o ald , m aire d u p alais de Clovis II, elle n ’avait m êm e d û q u ’aux charm es do n t la n a tu re l’av ait douée l’h o n n e u r de p a r ta ­ g er le trô n e de ce m o n arq u e fain éan t L’évêque Si- g e b ra u d , fier de la confiance de sa souveraine, et

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6

adm is jo u rn ellem en t dans son in tim ité , ne ta rd a p as à concevoir p o u r elle la p lu s vive passion. T o u te­

fois, conn aissan t to u te sa p ié té , il d em eu ra lo n g ­ tem p s sans oser lui d éclarer son am our.

Un soir q u ’ils se p ro m en aien t ensem ble s u r les b o rd s de la M arne, la reine se se n tit fatiguée e t s’as­

sit s u r une grosse p ie rre au m ilieu d’une p ra irie . S igebrand la contem pla qu elq u es in sta n ts. B athilde é ta it pâle de fatig u e, m ais cette p â le u r d o n n ait en ­ core p lu s d’a ttra its à sa physionom ie. « 0 m a belle re in e , lui d it S ig eb ran d , connaissez-vous l’histoire de cette p ie rre s u r laquelle vous êtes assise? » E f­

frayée du tro u b le profond avec lequel le p rê tre avait prononcé ces p aro les, B athilde ne rép o n d it que p a r un signe négatif. « V oulez-vous que je vous raconte cette h isto ire ? » ajo u ta S igebrand ; e t, sans a tte n d re m êm e la réponse de la rein e, il se coucha à ses pieds.

« 11 y a environ soixante an s, dit-il, vivait dans le p alais de C helles u ne rein e non m oins belle que vous, m ais aussi crim inelle que vous êtes v ertu eu se : on la nom m ait F rédégonde. »

A ce seul nom , B athilde ne p u t ré p rim e r u n m o u ­ v em en t d ’ho rre u r. Le p rê tre continua : « Un m atin q u ’elle é ta it à sa to ile tte , un hom m e s’a p ­ pro ch a d ’elle e t la fra p p a lég èrem en t avec u ne b a g u ette q u ’il te n a it à la m ain. F réd ég o n d e p e n sa n t que c’é ta it son a m an t, L andry, le m aire d u palais du roi C hilpéric, s ’écria san s se re to u rn e r : « Ce

« n ’est p o in t ainsi q u ’on doit fra p p e r u ne fem m e,

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C II E L L E S.

(i 6 m on L andry ; tu m ’as fait m al. » L’hom m e à qui s’ad ressaien t ces p aro les so rtit p récip itam m en t ap rès les avoir en ten d u es. Ce n ’é ta it p o in t L a n d ry , c’était le roi Chilpéric. F réd ég o n d e re c o n n u t son e rre u r ; il était tro p ta rd p o u r la ré p a re r ; m ais le soir m êm e, en re v e n a n t de la chasse, C hilpéric fu t assassiné, et c’est su r cette p ierre où vous êtes assise q u ’il est venu expirer. »

B athilde se leva épouvantée, e t se m e tta n t à m a r­

c h er p récip itam m en t vers le palais. « Il est ta rd , d it-e lle ; r e n tr o n s ! ... — Eli bien, s’écria S igebrand en s’a tta c h a n t à ses p as, m a belle B athilde, fussiez- vous aussi crim inelle q ue F réd é g o n d e , e t d u ssé -je être forcé de devenir hom icide, je voudrais être votre L andry. » La rein e ne rép o n d it pas. Le lendem ain S ig eb ran d se p ré se n ta au palais com m e d ’ordinaire e t dem anda à voir la rein e. « S eigneur évêque, nous ne pouvons vous laisser e n tre r, ré p o n d iren t les g a r­

des ; la reine ne reço it p e rso n n e a u jo u rd ’h u i. —

— E xcepté m oi, p o u rta n t, rép o n d it avec arrogance le p ré la t, qui se m it en devoir de se fra y e r un p a s ­ sage. —- Si vous faites u n p as de p lu s, s’écria un officier d u p alais, vous êtes m ort. — Q u’est-ce à d ire? ré p liq u a l’orgueilleux S igebrand en h ard i peut- être p a r le silence q u e B athilde avait g a rd é avec lui la veille. Insolents su je ts, si vous ne respectez pas l’élu du S eig n eu r, respectez au m oins l’élu de votre reine. » À peine avait-il prononcé ces m ots, q u ’il fu t assailli de to u te s p a rts et frap p é à m o rt. Son sang

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8 R U I H ii S i i [ S Ï O I i 1 Q C E S.

rejaillit s u r les m u rs d u palais de Chelles. A quelque tem ps de là, ren o n çan t au m onde, d o n t elle était l’o rn em en t p a r sa b e a u té , au trô n e q u ’elle h o n o rait p a r ses v e rtu s, la reine B athilde, a p rè s avoir com ­ m andé en souveraine à la plu s belliqueuse de to u tes les n atio n s, d evenait la p lu s h um ble e t la p lu s obéissante de toutes les religieuses dans le m onastère fondé p a r ses soins. Elle y v écu t quinze années dans to u te s les au sté rité s d u clo ître, san s re g re tte r un seul in sta n t, ajoute son histo rien , son beau palais d e Chelles, do n t elle n ’é ta it sép arée que p a r un m ur, n i les hom m ages qui l’v en vironnaient. Aussi, l’E ­ glise l’a canonisée. Priez p o u r nous, sain te B athilde !

Q uel q ue soit le d eg ré de confiance q u ’on doive acco rd er à ces trad itio n s des âg es de b a rb a rie , il est c o n stan t qu e les arm o iries ue l’abbaye de Chelles é ta ie n t u ne échelle accostée de deux fleurs de lis, en tém oignage de sa royale origine, et q u ’on m ontre encore dans une p ra irie , voisine du bourg, u ne grosse p ie rre q u ’on appelle la p ie rre de C hilpéric.

Comme l ’histoire de n o tre m onarchie, l ’histoire de C helles p résen te tro is époques bien d istin ctes, auxquelles trois systèm es différents d ’a rc h ite c tu re o n t im prim é chacun un sceau caractéristiq u e. J u s ­ q u ’au onzièm e siècle, la lo u rd e a rc h ite c tu re lom ­ b a rd e pèse su r le sol, com m e la règle de S ain t- B enoît, avec son jo u g de plom b, s u r l’âm e e t su r le corps des relig ieu ses ; c’est le tem p s où le flam beau de la foi ré p a n d seul au m ilieu des tén èb res de la

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O l i Ji L L K S. 9

b a rb a rie une lu m ière pâle e t étouffée. V iennent les croisades, e t sa lu m ière ray o n n e ra vive et p u re sous des voûtes spacieuses a u m ilieu des pro d ig es de l’a rt g o th iq u e qui s’éveille aux ray o n s d u soleil d ’O rien t ; m ais aussi ce soleil a fait g erm er d an s les tê tes chevelues des g u e rrie rs francs to u tes ces idées d ’am o u r et de g alan terie q u i, écloses au sein des p alais e t des château x , fra n c h iro n t b ie n tô t les g rilles des couvents tra în a n t à leu r suite toutes les passions et to u s les vices. M alheur ! m a lh e u r à l’ab b ay e de Chelles ! voilà que le flam beau p â lit. L u th er est v en u , les trèfles, les ogives, to u te la d entelle de p ierre d isp araissen t. L’arch itecte e m p ru n te ses souvenirs aux tem p s a n tiq u e s do n t il ch erch e à re ssu sc ite r les lignes p u re s e t h arm onieuses. Le tem p s du doute e t de la philosophie ap p ro ch e ; d éjà la foi ne je tte p lu s à Chelles q u ’une faible lu m iè re , ju s q u ’à ce q u ’étein te p a r la tem p ête de 1 7 8 9 , elle tom be enfin renversée sous les d éb ris de l ’abbaye.

L aissons p asser les M érovingiens.

Un siècle s’est écoulé depuis la m o rt de la reine B athilde ; u n e nouvelle d y n astie occupe le trône.

Au n o rd , au m idi, à l’o rie n t, à l’o ccident, p a rto u t, de tous côtés, re te n tisse n t des b ru its de g u erre.

Le cor des preu x résonne à la fois su r le som m et des Alpes et des P y rén ées, et d an s les forêts de la G er­

m anie. Place ! place ! voici v en ir le g ra n d em p ereu r d ’O ccident, C harlem agne, tra în a n t à son c h a r les

i.

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n ations enchaînées. 11 v ien t à Ghelles p o u r assister à une double prise de voile. Sa sœ ur et sa fille, fati­

guées de suivre les p as d u co n q u é ra n t, de son palais de Vérone à son palais d ’A ix -la-C h ap elle; de la c ath éd rale de Milan au tem ple d ’Irm in su l, o n t résolu de se rep o ser dans l’abbaye de Chelles, en p ra ti­

q u a n t la règle de S aint-B enoît. L’église du m o­

nastère s’est ém ue ju s q u e dans ses fondem en ts lors­

q u ’elle a vu l’un des plu s g ra u d s co n q u éran ts du m onde escorté de ses douze p a irs, des hom m es les p lu s sav an ts de l’E u ro p e , A lcuin, P ie rre de P ise, E g in h a rd , e t d ’un cortège de rois vaincus, s ’age­

n o u iller en p le u ra n t s u r les dalles, e t te n d re une d e rn iè re fois les b ra s aux deux fem m es q u ’il avait le p lu s aim ées, e t qu e le cloître lui enlevait p o u r jam ais. Qui sa it si l’une de ces fem m es, celle q u ’il nom m ait sa tille, ne s’a rra c h a it pas ainsi à un am our rép ro u v é p a r le ciel, à cet am our sacrilège qui a fait des p a rricid es com m e B éatrix C enci? O h ! quoi q u ’il en soit, il y a un g ra n d souvenir attach é à l ’abbaye de Chelles : C harlem agne a p le u ré là ! P u is il est re p a rti, le cœ ur n a v ré , p o u r co m battre W itik in d .

Au m ilieu de toute sa gloire, se n ta n t p e u t-ê tre sa fin a p p ro ch er, il v o u lu t rev o ir en core, a v a n t de m o u rir, les deux relig ieu ses q u ’il avait laissées à l’abbaye de Chelles. En 808, il v in t y faire u n séjour de plusieurs sem aines. Il revit sa sœ u r et sa fille qui lu i firent ad m irer les chan g em en ts q u ’elles av aient

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G H J5 L L K S. H

opérés dans le m onastère. Les bâtim en ts av aien t été ag ran d is p a r leu rs soins, l’église reco n stru ite dans le style byzantin : elles é ta ie n t h eu re u se s, ces deux fem m es ; m ais lu i? ... 11 avait re ç u des p ré ­ sen ts du calife H aroun -al-R aschid, et il avait refusé la m ain de l ’im pératrice Irèn e.

On sa it quel tris te so rt a tte n d a it ses succes­

seurs. Le palais de C helles a rete n ti p lu s d ’une fois des dissensions de ses p etits-fils. P lus d ’une fois Louis le D ébonnaire s’y est je té aux genoux de ses p ro p re s enfants en les su p p lia n t d’a tte n d re q u ’il e û t ferm é les yeux p o u r se d isp u te r en tre eux le vaste h é rita g e de G harlem agne. Les insensés ! p en ­ d a n t q u ’ils s’a rra c h e n t les lam beaux de la m o n ar­

chie, les hom m es d u N ord a p p a ra isse n t à l’e m b o u ­ ch u re de la Seine, dans leu rs b arq u e s grossières d o n t ils ne d escen d en t que le fe r e t la flamme à la m ain. Les m oissons, les récoltes so n t incendiées ; les popu latio n s s’en fu ien t épouvantées. P riez, nonnes de C helles, priez D ieu q u ’il délivre le b eau ro yaum e

F ra n c e des N orthm ans. Les rois e t les fds de rois o n t bien a u tre chose à faire q u e de le d éfendre : ils s’e n tre -tu e n t !

V ers la fin d u neuvièm e siècle, il y e u t encore u n e m ém orable p rise de voile à l’abbaye de Chelles ; m ais ce fu t la d ern ière de la fam ille d es C arlovin- giens. C’é la il H e rm a n lru d e , fem m e de l'e m p e re u r C harles le Chauve.

A q u e lq u e tem p s de là, et com m e p a r com pensa-

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12 El Ü IJI U-s H I S T O R I Q U E S .

lion, le roi Louis 11 enleva une religieuse de l’abbaye e t en fit sa concubine.

D ans ces tem ps fu n estes, le couvent n ’é ta it m êm e plu s un asile. Au fléau des g u e rre s in testin es s’en é ta it jo in t un a u tre p lu s te rrib le encore : l ’invasion des b a rb a re s au cœ ur de la F ran ce. Comme le ciel est ro u g e aux deux p o in ts opposés de l’h o ri­

zon, à l’est e t à l’ouest ! C’e st Crécy, c’est L agny, c’est P a ris q u i b rû len t. On en ten d dans le loin­

tain des hu rlem en ts s a u v a g e s , e t p o u r p eu q u ’on fixe ses re g a rd s s u r le cours de la M arne, on re ­ co n n aît q u ’elle ch arrie des c a d a v re s , pu is on a p e r­

çoit des b arq u e s rem plies de g u e rrie rs inconnus.

F u y ez, nonnes de Chelles! Fuyez! voici les N o rth - m a n s! Mais il n ’est p lu s te m p s : ils ap p ro ch en t d u rivage, ils o n t am arré leu rs b arq u es. Épouses d u C h rist, songez à votre divin époux ! Oh ! s’il est d an s les caveaux de votre abbaye q uelque obscure e t h um ide re tra ite où le p ied ne foule q ue les ossem ents des m o rts, q u elq u e re tra ite qui p u isse bien tro m p e r to u s les re g a rd s, il fau t vous h â te r de vous y ensevelir. D ussiez-vous être dévo­

rées p a r les rep tiles qui y font le u r séjo u r, m ieux v a u d ra it, p o u r vous, une telle m o rt q ue de to m b er vivantes en tre les m ains des N orthm ans !

Il fa u t ren o n cer à d écrire le d én o û m en t du p re ­ m ier acte de cette trilogie sacrée d o n t se compose l’h isto ire de l’abbaye de Chelles.

Au onzième siècle, les C apétiens, c raig n an t sans

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doute de re n c o n trer d an s le palais de C helles les om bres des successeurs de C harlem agne q u ’ils avaient dépossédés du trô n e , a b a n d o n n èren t ce sé ­ jo u r où s’étaien t ten u s ta n t de p laid s, de synodes, de cours plénières sous les rois des deux prem ières races. Les b âtim en ts se tro u v è re n t ainsi réu n is à ceux de l’abbaye, qui désorm ais dev in t la seule con­

sécration d u b o u rg de Chelles.

Vers la m êm e époque re te n tissa ie n t dans to u te la F ra n c e les p réd icatio n s des p èlerin s, ap p e la n t tous les hom m es en é ta t de p o rte r les arm es à la d éli­

vrance du sain t sépulcre. D’ab o rd , les pasto u reau x ré p o n d ire n t seuls à leu r appel ; m ais b ien tô t, les b a ­ rons s’é m u ren t au fond de leurs m anoirs, et il vint un m om ent où toute la noblesse du royaum e, ren o n ­ çan t aux douceurs de l’oisiveté et aux g en tils p ro ­ pos d’am o u r, p a rtit p o u r la g u e rre sainte. Q ue p o u ­ v aient devenir alors dans le u rs château x d éserts les triste s ép o u sées? Les p ag es, les v arlets av aient fui s u r les traces de leu rs m aîtres ; les hom m es d ’arm es eux-m êm es étaien t en P alestine e t ne p o u v aien t plus défendre les h au tes m u railles du m anoir contre les te n tativ es d ’escalade des p ay san s révoltés ou des chevaliers félons. D ans ces douloureuses circon­

stances l’abbaye de C helles d evint u n refuge p o u r les châtelain es délaissées. Là, du m oins, sous la pro tectio n de Dieu e t du roi de F rance, elles p o u r­

ra ie n t a tte n d re en paix, e t sans d a n g e r p o u r leu r v e rtu , le re to u r de la croisade. De to u s les châteaux

C H E L L E S . 1 3

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de la C ham pagne et de la B rie, on les voit v enir su r leu rs palefrois et d escendre à la p o rte du m onastère.

Le couvent n’est plus assez vaste p o u r satisfaire aux devoirs de l ’h o sp ita lité ; G isèle, la sœ ur de C harle- rnagne, avait fait co n stru ire une église, double en g ra n d e u r de celle de la rein e B ath ild e, e t voilà que l ’église de Gisèle ne suffit p lus. Les m oines b én é­

dictins du couvent voisin ne savent p lu s à qui en ■ te n d re , ta n t ils ont de p én iten tes à confesser.

C helles, séjo u r de paix et de silence d ep u is que les rois francs n ’y v ien n en t p lu s se rep o ser b ru y a m ­ m ent, au sein d ’une o rg ie, des fatigues d ’une chasse d an s les forets p ro ch ain es, Chelles est red ev en u to u t tu m u lte e t to u t b ru it. On en ten d piaffer dans les écuries, q u i, a u jo u rd ’h u i en co re, b o rd e n t la ro u te de L ag n y , les palefrois, les haqu en ées e t les g en ets d’E spagne. P uis, q u a n d la n u it est venue, m ille .clartés s’allu m en t aux étro ites fenêtres du couvent. Q uelquefois u ne de ces fen êtres s’ouvre, u n c h a n t re te n tit, e t ce ne so n t p o in t p aroles de psaum e ou de litan ie, c’est quelque doux refrain de ballade d ’am our m u rm u ré p a r une noble dam e, un écho d u passé qui re te n tit d an s une âm e ten d re, un sou­

v en ir échangé contre une vag u e esp éran ce.

Las ! on ne revient p as to u jo u rs de la croisade : souvent, les hom m es d 'a rm e s e t les a rb a lé triers so n t re n trés a u m anoir féodal avec le u rs enseignes couvertes d’u n voile n o ir, et les tro m p ettes o n t fait en te n d re de loin un air funèbre. L eur noble sire

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C U li L L li S. l a

é ta it m o rt en te rre s a in te ; q u elq u e im pie S arrasin lu i avait fait g ag n er le P arad is au lieu de dix années d ’indulgences. Q ue de veuves inconsolables, que de triste s fiancées ont re p ris alors la ro u te de Chelles , mais cette fois p o u r ne p lu s so rtir de l’abbaye! Elles o n t laissé d e rriè re la grille du couvent le u rs p ages, leu rs v arlets en splendides liv rées; elles o n t échangé le u rs rich es vêlem en ts de d ra p d ’or, de velours et d ’h erm in e, co n tre une robe de b u re blanche et un g ro ssier scap u laire. La seule chose q u ’elles aient oublié de d ép o ser à la grille du couvent, c’est leu r orgueil. En 4 2 2 5 , elles font co n stru ire un clocher : il fau t q ue la flèche de ce clocher dépasse en h a u te u r toutes celles des a u tre s m o n astères. P lus ta rd , il fa u d ra q ue tous les ch âtelain s des environs le u r p rê ­ te n t foi e t hom m age, que les p ay san s leu r a p p o rte n t leu rs p lu s beaux fru its, les prém ices de le u rs m ois­

sons et de leu rs récoltes. E n fin , au quatorzièm e siècle, le b o u rg de C helles, fier de co m p ter dans son sein n eu f églises, a y a n t osé s ’érig er en com ­ m une et p re n d re u n sceau, l’a b b esse, M arguerite de P acy, o rd o n n era de d issoudre la com m une e t de b rise r le sceau , e t le p arlem en t de P a ris san ctio n ­ n e ra sa conduite p a r un a rrêt. Les daines de Chelles on t u n bailli to u t p rê t p o u r ju g e r celui qui te n te ra it de le u r désobéir e t u n b o u rre a u p o u r ex écu ter la sentence. La M arne qui coule au bas du coteau, les p ré s, les bois, les vig n es, les ch âteau x , les c h a u ­ m ières, les clercs, les b o urgeois, les nobles m êm e,

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to u t ce qui a nom d ’hom m e ou de chose, à deux lieues à la ro n d e, a p p a rtie n t aux dam es de Chelles.

Bientôt l ’orgue aux graves e t sublim es accents, b ie n tô t les saints can tiq u es ont cessé de re te n tir, si ce n ’est aux jo u rs de fêtes solennelles. L’église est d é se rte à l ’h eu re de m atin es ; le b o u rd o n n em en t confus de m ille discours frivoles a succédé sous les cloîtres au silence e t au recueillem ent p rescrits p ar la règle de Saint-B enoît. Le. confessionnal est vide, e t, si l’on p a rc o u ra it les cellules, on en. tro u v e ­ ra it difficilem ent u ne seule sans un vase de fleurs e t un m iro ir de Venise. L a su p rém atie de i’abbesse n ’existe plus que de nom. Chaque religieuse vit à sa guise. 11 est vrai que le trône de F ra n c e est occupé p a r C harles VI e t lsab eau de B avière : com m ent le d éso rd re et l’an arch ie ne ré g n e r a ie n t- ils p as à Chelles com m e d an s tout le royaum e !

Un jo u r, u ne g ran d e nouvelle se ré p an d au cou­

v e n t ; les A nglais ont d éb arq u é s u r les côtes de F ran ce, d éjà ils sont m aîtres de to u te la N orm andie, et sous p eu ils se ro n t aux p o rtes de P aris. Que d e ­ viendra l’abbaye ? que d ev ien d ro n t les religieuses ? Aux alen to u rs chacun fu it d evant l’étra n g e r, em ­ p o rta n t ce q u ’il a de plu s p récieu x ; m ais on ne fuit pas à Chelles : serait-ce donc q u ’il est avec les v a in q u eu rs des accom m odem ents?

Vers le com m encem ent du quinzièm e siècle, p a r une chaude n u it d’été, la nuée d o n t p a rle n t les sain tes É c ritu re s, celle nuée qui en g lo u tit G o-

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C II E E L E S. 1 7

m orrlie p assa su r l’abbaye de Chelles. V ers m i­

n u it to u tes les nonnes fu re n t réveillées en su rsa u t p a r un orage épouvantable. La lune qui s ’é ta it le­

vée clans un ciel sans nuages, b rilla it d ’un éclat si p u r q u an d elles s’étaien t couchées, q u ’elles croyaient rêv er, en proie à un horrible cau ch em ar, en voyant leur m o n astère to u t en feu e t en e n te n d a n t g ro n d er la foudre. Alors elles se so u v in ren t de D ieu, e t elles se m ire n t en p riè re s ; m ais Dieu avait a tte n d u tro p lon g tem p s cette m arq u e de re p e n tir, e t la nuée éclata s u r l’abbaye avec p lu s de violence e n co re; le to n n e rre to m b a su r le réfectoire, e t en un in s ta n t to u s les b â tim e n ts d e v in re n t la proie des flammes.

Ce fu t un te rrib le spectacle que celui de ces m urs qui s’écroulaient avec fracas, com m e ja d is les re m ­ p a rts de Jé ric h o , p e n d a n t que p âles, les yeux h a ­ g a rd s, to u te s les nonnes à dem i v êtues s’en fu y aien t à tra v e rs les débris e t les p o u tres enflam m ées en p o u ssan t des cris lam en tab les. La foudre ne re s­

p ecta pas m êm e le repos de la m ort, e t, soulevant les p ierres des tom beaux, elle lab o u ra les cercueils e t en rejeta des ossem ents et des cadavres. Une vieille tra d itio n rap p o rte q u ’au p lu s fo rt de la tem ­ p ête on vit se p t dém ons d a n se r u ne ronde infernale a u to u r de chacun des piliers d u cloître. C’étaien t sans doute les sep t péchés capitaux, Une heure ap rè s, il ne re sta it de l’abbaye de C helles qu e des ru in es a u -d e ssu s desquelles s’élevait m ajestu eu se­

m en t l’église gothique d u m o n astère restée seule

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deb o u t avec son lian t clocher. La nuée é ta it passée, la lune avait re p a ru , et ses rayons qui com m en­

çaient à s’in clin er vers le co u ch an t in o n d aien t de leu r pâle clarté cette scène de désolation.

P e n d a n t ce te m p s-là les religieuses se ré p a n ­ d a ie n t dans le b o u rg et dans la cam pagne, e t allaien t fra p p e r à to u tes les p o rtes des ch au m ières, en de­

m a n d a n t des secours e t un asile ; m ais les p ay san s, en voyant a p p a ra ître au m ilieu de la n u it ces b lancs fantôm es su r leu r seuil, se sig n aien t en tre m b la n t, s’im ag in an t qu e c’éta ie n t des nonnes trép assées échappées de leurs tom bes, e t s’em p ressaien t de re fe rm e r le u r porte. L orsque le jo u r fu t venu et q u ’ils e u re n t reconnu leu r e rre u r, alors ils c h a n ­ g è re n t de langage : « Nobles dam es de Chelles,

« d iren t-ils, vous n o u s dem andez aide et p ro te c -

« tio n , e t c’est vous q u i nous les devez : car nous

« som m es vos h u m b les vassaux, les ten an ciers de

« l’ab b ay e, e t nous ne m an q u ero n s p as d ’aller vous

« p o rte r les prém ices de n o tre ré c o lte ... à h a b ­ it baye. » A près avoir ainsi p a rlé , ils to u rn a ie n t b ru sq u e m e n t le dos aux relig ieu ses, qui s’en allaien t triste s e t le cœ ur n av ré le long des ro u te s, en d e­

m a n d a n t la c h a rité aux p assa n ts ; m ais les passan ts les to u rn aien t en dérision, e t c ria ie n t au loin su r le chem in, en les m o n tra n t d u doigt : « Voilà les

« v ierges folles qui n ’o n t p lu s d ’huile dans leu rs

« lam pes : laissez p a sser la ju stice de Dieu! » Elles e rrè re n t ainsi p e n d a n t de longues années

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G H K L L E S. 19

de couvents en couvents, car c’é ta it là le seul asile où l’on v o u lû t bien leu r accorder l’h o sp italité, ju s ­ q u ’à ce q u ’enfin l’évêque de P aris, les p re n a n t en p itié, fit re sta u re r le u r m o nastère et les y réin té g ra , sous la direction de q uelques religieuses de l’a b ­ baye de F o n tev rau lt. T elle fu t la seconde période de l’histoire de Chelles.

P e n d a n t un siècle en tie r, de 1Æ62 à 15 5 9 , le c h âtim en t funeste infligé à l’abbaye p o rta ses fru its.

La règle de Liteaux avait été rétab lie dans to u te son a u stérité ; les abbesses éta ie n t devenues trien n ales au lieu d ’être à v ie; le p rin cip e d ém ocratique de l’é ­ lection avait é p u ré le m auvais levain q ue les p ré ­ rogatives nobiliaires e t seig n eu riales av aient déposé d an s le couvent. H eureuses les nonnes de Chelles, si cet é ta t de choses e û t p u être d u rab le ! Mais viennent les trois fils de H enri II, et u ne nouvelle ère va com m encer ; non p lu s une ère de lib e rtin a g e e t de vices grossiers com m e au m oyen-âge, m ais un m élange confus d ’im piétés e t de dévotion, d ’au s­

tè re s p ra tiq u e s e t de vie m ondaine, et ju sq u e dans les p lu s coupables éc a rts, q uelque chose d’élég an t e t de raffiné q u i sen t la Cour.

Les filles d’h o n n e u r de C atherine de Médicis e t de Marie S tu a rt, qui p rév o ien t sans doute le cas où l’infidélité de le u rs am an ts les forcera d’e n tre r au couvent, v eu len t re n d re à la ro y a u té l’u n de ses p lu s beaux p rivilèges, celui de nom m er les abbesses de C helles e t de les ren d re inam ovibles. En fait de

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20 R ii 1 « K S H I S T O R I Q U K S.

privilèges, les rois se la isse n t aisém en t p e rsu a d e r, s u rto u t p ar de jolies bouches. Un beau m atin , une ordonnance du roi F ran ço is II enjoint aux re li­

gieuses de Chelles de ren o n cer au p rin cip e électif, ce p rin cip e su b v ersif de to u te m orale, e t de recon­

n a ître p o u r le u r abbesse, sa vie d u ra n t, quelque ch a rm a n te duchesse encore au b erceau , et dont un des astro lo g u es su iv a n t la .cour a révélé l ’im m an­

q u ab le vocation religieuse Dès lors le livre d’or de Venise a tro u v é son p e n d a n t en F ra n c e , c’est le c h a rtrie r de l’abbaye de Chelles.

Il fau t e n tre r d an s la salle d u conseil où sont les p o rtra its des a b b e sse s; co n tem p ler d an s leurs cad res noircis cette longue su ite de bu stes fém inins, tous u niform ém ent v ê tu s, dep u is 1 6 1 4 , d u som bre costum e de le u r o rd re. Voici H en riette de B ourbon, fdle n a tu re lle de H enri IV : Je an n e de Montmo­

re n c y , C atherine de la M eilleraye, M arie de V illars : ces deux d ern ières, sœ urs de m aréchaux de F ran ce ? e t enfin, la p lu s belle, com m e la p lu s illu stre de to u tes, u ne princesse du san g royal, L ouise-A dé­

laïd e d ’O rléans. Ne so n t-c e p as là de nobles nom s:

Q uel air de b é a titu d e et de sérén ité em p rein t dans to u s ces p o rtra its ! Q ue cette vie m onotone et. ré g u ­ lière du couvent est préférab le aux ag itatio n s du m onde! Ces fem m es-là, n ’est-ce p as, n ’ont jam ais connu les tro u b les de l’âm e? J a m a is ? ... D étrom pez- vous : si ces yeux sont baissés si d évotem ent, c’est que la p lu p a rt o n t à cach er des larm es, larm es

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C I I E L L F. S. 21

de joie e t de d o u leu r, larm es d ’am our et de haine : si ces p o itrin es so n t si calm es en ap p aren ce sous la guim pe m onastique qui les enveloppe, c’e st que les passions ard en tes qui y o n t bouillonné ja d is ont fini p a r les b riser. M ensonges ! m ensonges que tous ces p o rtra its ! N’est-ce p a s, H en riette de B o urbon?

N’est-ce p as, Jean n e de M ontmorency ? e t vous s u r­

to u t, belle Louise d ’O rléans ; vous q u i, p e n d a n t les v in g t-six ans que vous avez p assés au m o n as­

tè re , avez sem blé p ren d re à tâch e de résu m e r en vous toutes les v e rtu s, to u tes les q u alités b rilla n te s, com m e aussi to u s les vices de vos devancières ? La m ém oire de votre nom plane su r Chelles com m e u n e éclatan te auréole : et q u an d on l’a p rononcé, ce nom , on oublie tous les a u tres.

C’é tait, s’il fau t en croire le p o rtra it qu e S ain t- Simon nous a laissé de cette p rin cesse, une des fem m es les plu s vives, les p lu s ch an g ean tes, les p lu s sp iritu elles de son ép o q u e, qu e cette fille du ré g en t. T our à to u r passionnée p o u r les exercices les jilus violents d u corps et p o u r les plu s nobles occupations de l’e sp rit, p o u r les a rts e t p o u r la théologie, com m e le d o cteu r F a u s t, elle v o u lu t to u t co n n aître, e t, d an s sa soif de la science, elle ép u isa la coupe ju s q u ’à la lie. Ja m ais existence plu s ro ­ m anesque ne s ’écoula d an s un p lu s étro it espace î e t q u an d on songe q ue c’est e n tre les m u rs d’une abbaye que s’est épanchée cette im agination fié­

vreuse e t d érég lée, on frém it en se d em an d an t ce

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que se ra it devenu un em pire livré aux caprices de cette fem m e.

Au com m encem en t du d ix -h u itièm e siècle, la com m unauté de Chelles é ta it rég ie p a r une sœ ur du m aréch al de V illars, lorsque Louise d ’O rléans, alors à peine âgée de quatorze an s, se m it en tête de lui succéder. Louis X IV , ce m o n arq u e si absolu, d u t céd er au caprice d ’u n e n fan t, et la p au v re ab­

besse o b tin t, en échange de son scep tre ab b atial, une pension de '12,000 liv res, avec invitation de ve­

n ir en jo u ir à P aris. P e n d a n t ce tem p s, la route de P a ris à C helles re te n tissa it d ’un fracas inaccou­

tu m é. C’é ta ie n t to u s les g ra n d s seig n eu rs de la co u r q u i accouraient voir de quel air une je u n e p rin cesse, placée si p rè s du trô n e e t do n t les p ré ­ coces a ttra its avaient déjà fixé l ’atten tio n des con­

n a isseu rs, ren o n cerait à tous les a ttrib u ts de sa h a u te naissance. M ademoiselle d ’O rléans p a ru t ac­

com plir ce sacrifice le plu s gaiem en t du m onde, et le vieux card in al de Noailles, e n tre les m ains d u ­ quel elle fit profession, en fu t lu i-m êm e étonné.

Seulem ent, la nouvelle abbesse fit observer que les b âtim en ts éta ie n t bien noirs et bien enfum és, et que l ’in té rie u r de l’église é ta it d ’une sim plicité presq u e ru stiq u e . Le len d em ain , des ouvriers fu re n t m andés de P a ris, et 011 le u r o rd o n n a de re s ta u re r l’abbaye de fond en com ble. P e n d a n t six m ois en tiers, il ne fu t question à Chelles qu e de détails de scu lp tu re e t de m açonnerie. Des m a rb re s p ré c ie u x , des

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C H E L L L E S. 23 châsses, des tab ern acles d’or et. d ’a rg e n t a rriv aien t de tous les p o in ts de la F ran ce. P ie rre D enys, le p lu s habile o uvrier en fer d’E u ro p e, é ta it en confé­

ren ces p erp étu elles avec m adam e l’abbesse p o u r u n e grille du ch œ u r qui d ev ait ê tre e t q u i fu t en effet un ch ef -d’œ uvre.

Le septièm e m ois, Louise d ’O rléans se réveilla un m atin avec u n g o û t des p lu s vifs p o u r la m usi­

q ue : nouveaux c o u rrie rs à P a ris! C ette fois ils ra ­ m e n è re n t, devinez q u i ? ... des ch a n te u rs de l’O péra.

G rand scandale au cloître p arm i les vieilles nonnes!

g ran d e joie p arm i les je u n e s néop h y tes ! Ce n ’é ta it rien encore : un jo u r q ue la com m unauté se re n ­ d a it au réfectoire, les sœ urs converses v in ren t invi­

te r les religieuses à re b ro u sser chem in. Madame l ’abbesse v oulait d o n n er la com édie, e t les ouvriers é taien t en train de co n stru ire un th é â tre . Une a u tre fois, ap rès avoir m û rem en t réfléchi s u r les d an g ers de l’oisiveté, elle m étam o rp h o sa la salle d u conseil en atelier de p e in tu re e t en jo ig n it à to u tes ses re li­

gieuses de se liv re r à ce trav ail. Enfin, il v in t un m om ent où, lasse de to u s ces divertissem ents, elle en rêva d ’au tres assez inconciliables avec le vœ u de clau stratio n au q u el elle s’é ta it soum ise, la chasse, p a r exem ple. O btint-elle à cet effet u n e dispense d u p a p e ? 11 fau t le cro ire, car on la vit souvent m ontée su r un cheval fougueux et p récédée d ’une m eute nom breuse , courre le cerf dans les bois d u voisinage. Ne p ensez-vous pas que c’é ta it un

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