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La phraséologie dans les "Lettres à une inconnue" de Prosper Mérimée

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Wacław Rapak, Jakub Kornhauser & Iwona Piechnik (éds), Kraków, Wyd. UJ, 2012

Leon Zaręba

Université Jagellonne de Cracovie

La phraséologie dans les Lettres à une Inconnue

de Prosper Mérimée

La phraséologie dans les Lettres1 citées dans le titre est abondante. En tant qu’excellent styliste Mérimée se sert souvent d’expressions qui ajoutent à son discours un ton de diversité et de richesse. On peut – me semble-t-il – distinguer, dans cette correspondance, deux types de locutions : d’un côté, on y trouve des groupements de mots relevant du style élevé appartenant à la langue soignée, voire littéraire – de l’autre, on peut noter des locutions courantes et même familières. Parmi ces dernières, ce sont les expressions imagées qui ne sont point rares et dont nous allons maintenant citer quelques-unes dans leur contexte original : « J’ai quitté Madrid par un froid de chien, et tout le long du chemin j’ai grelotté » (vol. II, p. 256), « Hier, j’ai fait une longue promenade en voiture, où nous a surpris un orage épouvan- table, qui m’a mouillé jusqu’aux os et m’a enrhumé » (vol. II, p. 292). Ailleurs, il raconte une rencontre avec des montagnards chantant des airs basques :

« La musique est pleine de caractère, mais triste à porter le diable en terre » (vol. II, p. 294) ; ou bien une locution nominale dans le contexte suivant :

« Nous avons ici mademoiselle, qui est un bon brin de fille » (vol. II, p. 235).

Je ne crois cependant pas qu’il soit intéressant d’aborder notre problème sous cet angle. On va plutôt nous pencher sur l’étude des cas où l’auteur

1 P. Mérimée, Lettres à une Inconnue, volume I et II, Paris, Calman Lévy, 1880.

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s’écarte de la norme. On va donc essayer de relever quelques exemples des particularités de sa phraséologie : ce seront d’une part des usages périmés, donc rares – d’autre part ceux qui sont propres à Mérimée, autrement dit ses néologismes individuels. Les matériaux qui ont servi à notre analyse ont été puisés dans les deux volumes des Lettres. Après chaque citation on trouvera, entre parenthèses, l’indication du volume et la page.

Passons maintenant à l’étude de quelques exemples de deux cas men- tionnés. Dans le deuxième volume des Lettres, on trouve l’expression faire diligence. Cette vieille locution veut dire ‘se hâter’. L’auteur encourage l’Inconnue à lire les épreuves de son roman Chmielnicki qu’il vient de finir, et il dit, en terminant sa lettre : « Adieu, chère amie, je voudrais bien vous décider à faire diligence » (vol. II, p. 224). Alain Rey, dans son fameux Dic- tionnaire des expressions et locutions explique : « ce syntagme verbal est démotivé et suggère en général une voiture à chevaux rapide ». Le mot diligence – complète-t-il – signifie d’abord ‘soin’ puis ‘empressement’ ; au XVIIe siècle, il a pris le sens d’une ‘voiture à chevaux pour voyageurs’ ; « les autres emplois ont disparu »2. Évoquons à ce propos une autre locution au sémantisme rapproché, notamment courir la poste – ‘se hâter, se dépêcher’

qui peut s’employer au sens concret ou au figuré. A. Rey explique : « La poste est ici l’étape entre deux relais sur le parcours des voitures assurant un service régulier (dit lui-même poste) »3. Cette vieille locution relevant comme la précédente du registre soutenu n’est plus notée par la plupart des dictionnaires, tels que le Dictionnaire du français contemporain, le Diction- naire du français vivant ou le Petit Larousse ; on la trouve encore dans le Petit Robert4 et le Lexis5. Voilà le contexte où nous lisons cette expression :

« le métier que je fais est des plus fatigants. Tout le jour, il faut ou marcher ou courir la poste » (vol. I, p. 196).

L’expression être de son village qui signifie ‘faire preuve de beaucoup de naïveté’ est vieillie et rare. La plupart des dictionnaires ne la mentionnent pas6 ; on peut la trouver encore dans Le Bouquetdes expressions imagées7) ; au contraire des deux expressions précédentes elle relève du registre fami-

2 A. Rey, S. Chantreau, Dictionnaire des expressions et locutions, Paris, Les Usuels Robert, 1994, p. 326.

3Ibidem, p. 653.

4 P. Robert, Le Nouveau Petit Robert, Paris, Le Robert, 1994, p. 1738.

5 J. Dubois (dir.), Lexis, Paris, Larousse, 1975, p. 1394.

6 M. Davau, Dictionnaire du français vivant, Paris–Bruxelles–Montréal, Bordas, 1975, J. Dubois (dir.), Dictionnaire du français contemporain, Paris, Larousse, 1980, P. Robert, Le Nouveau Petit Robert, Paris, Le Robert, 1994 ; Le Petit Larousse Illustré, Paris, Larousse, 1994, A. Rey, S. Chantreau, op.cit.

7 C. Duneton, S. Claval, Le Bouquet des expressions imagées, Paris, Seuil, 1994, pp. 276 et 287.

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lier. Voilà le contexte où on peut la trouver dans les Lettres : « Je m’étais figuré, tant j’étais de mon village, que vous préféreriez une ou deux pro- menades avec moi à huit jours de white bait » (vol. I, p. 271).

L’expression faire la chouette à quelqu’un n’est plus notée que par Claude Duneton8 (mais avec le sens qui ne correspond pas à celui du texte de Méri- mée où elle veut dire à peu près ‘faire plaisir à quelqu’un’, tandis que Duneton donne ici le sens qui s’applique aux jeux d’adultes : « jouer seul contre plusieurs qui jouent alternativement »9. L’adjectif chouette, qui signifie ‘beau, joli, agréable’ (une chouette balade), fait penser avant tout à l’expression exclamative « Chouette! Ah, chouette alors! » pour marquer l’enthousiasme, la satisfaction (PR) et la locution verbale avoir quelqu’un à la chouette qui signifie ‘avoir de la sympathie ou de l’amour pour quel- qu’un’. Voici le texte de la lettre LXXIX de Mérimée qui, en mission à Avi- gnon et tout submergé de travail, écrit : « le soir, malgré la fatigue, il faut brocher une douzaine de pages de prose. Je ne parle que des écritures ordinaires, car, de temps en temps, j’ai à faire la chouette à mon ministre » (vol. I, p. 196).

Avoir l’heur, une locution vieille et littéraire, signifie ‘plaire, être accepté’ ; c’est l’ancienne forme de « bonheur, chance du latin classique augurium (présage) ». Dans son Dictionnaire, A. Rey explique : « On trouve l’expression chez Molière […]. Elle s’emploie ironiquement, volontiers à la forme négative »10. Elle n’est plus notée par les autres dictionnaires. Dans le texte de Mérimée, nous trouvons le fragment suivant : « Je suis charmé qu’Aristophane ait eu l’heur de vous plaire » (vol. II, p. 238).

La clé des champs désigne la liberté de mouvements ; la locution est datée du Moyen Âge. Elle ne s’emploie pas d’habitude à la forme nominale, mais s’associe au verbe prendre, moins souvent à donner. Prendre la clé des champs (attestée au XIVe siècle) veut dire ‘s’enfuir, décamper’11. Dans le texte des Lettres, on trouve la forme donner la clé des champs. Le sens en découle clairement de cette phrase de Mérimée : « Mon ministre m’a donné la clé des champs pour trois mois, et j’en ai passé cinq à courir entre Malte, Athènes, Éphèse et Constantinople » (vol. I, p. 50).

Dans une lettre datant du 16 novembre 1863 et relatant les réjouissances d’une fête au château de Compiègne, on trouve la phrase suivante : « Nous avons eu un très beau feu d’artifice, bien qu’une femme qui voulait voir les fusées de trop près ait été tuée tout roide » (vol. II, 234). Signalons à propos que l’ancienne forme roide usitée jusqu’au XIXe siècle a été remplacée par la

8Ibidem, p. 910.

9Ibidem.

10 A. Rey, S. Chantreau, op.cit., p. 430.

11Ibidem, p.181.

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forme raide ; être tué raide ou tomber raide mort désigne une mort brusque et subite.

On trouve la vieille forme n’y voir goutte – ‘ne rien voir’ dans le contexte suivant : « J’ai tellement mal à la tête que je n’y vois goutte » (vol. II, p. 11).

Le mot goutte s’emploie le plus souvent avec le verbe comprendre : n’y comprendre goutte. Alain Rey rappelle que « la locution est une survivance d’une forme de négation propre à l’ancien français et […] qu’elle appartient au registre archaïsant ou plaisant »12.

Notons encore un autre passage avec une belle locution imagée et désuète triste à porter le diable en terre dont le sens est transparent grâce à l’adjectif triste. Dans la lettre XVIII, datée de 1842, Mérimée écrit : « Je suis dans une ville13 qui m’est particulièrement odieuse, seul dans une auberge à écouter un vent du sud-est effroyable qui […] produit dans les grands corridors des harmonies à porter le diable en terre » (vol. I, p. 63).

Citons, pour terminer, deux expressions du registre littéraire avoir souve- nance de (« J’ai souvenance d’avoir été peut-être un peu trop franc dans ma dernière lettre en vous parlant de mon caractère », vol. I, p. 2) et l’ancienne forme de la locution-phrase impersonnelle : « Il me prend des envies de rire de moi-même » (vol. I, p. 233).

Passons maintenant aux modifications que Mérimée apporte à certaines expressions et aux innovations individuelles de l’auteur. Dans le passage que je vais citer, nous verrons la modification de la locution courante et imagée faire dresser les cheveux sur la tête, c’est-à-dire « inspirer de la terreur, épouvanter »14. Voilà ce que Mérimée en a fait : « Les cheveux m’en dressent à la tête rien que d’y penser » (vol. I, p. 34).

Pour exprimer l’idée d’exagérer l’importance d’un fait, d’y voir des diffi- cultés imaginaires le français a à sa disposition une belle expression imagée faire une/des montagne(s) de quelque chose. Or, Mérimée transforme cette locution en faire des monstres de quelque chose. Aucun dictionnaire actuel ne note une telle version sauf Le Bouquet de C. Duneton sous la forme se faire un monstre de quelque chose avec la définition « s’effrayer d’une chose qui n’a rien d’effrayant »15. Regardons le texte de Mérimée : « Je n’ai plus mal à l’œil. Le vôtre, je pense, est toujours aussi brillant. Comme on se fait des monstres de tout » (vol. I, p. 148).

Dans la première lettre de Mérimée à l’Inconnue, nous trouvons une transformation intéressante dans la phrase suivante : « Devinez en mille où j’étais samedi soir, ce que je faisais à minuit. J’étais sur la plate-forme d’une

12Ibidem, p. 411.

13 Il s’agit de Châlons-sur-Saône.

14 A. Rey, S. Chantreau, op.cit., p. 164.

15 C. Duneton, S. Claval, op.cit., p. 232.

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des tours de Notre-Dame » (vol. I, p. 3). Deviner en mille fait certainement penser à l’expression familière le donner en mille à quelqu’un ce qui veut dire ‘mettre au défi de deviner’. Telle est l’idée de cette tournure inhabi- tuelle. Il y a donc probablement ici une sorte de contamination. Qu’il me soit permis d’évoquer encore à ce propos une autre locution avec mille : donner / mettre / taper dans le mille qui a le même noyau sémique ‘deviner juste’.

L’idée de n’être pas si méchant qu’on en a l’air, autrement dit ‘être d’une méchanceté apparente’ est exprimée par la locution : Il n’est pas si diable qu’il est noir. Cette vieille expression paraît chez Mérimée sous la forme : faire le diable plus noir qu’il n’est – forme qui n’est attestée par aucun dictionnaire. Je cite le passage de l’auteur : « N’est-ce pas qu’il fait le diable plus noir qu’il n’est ? Je me réjouis d’apprendre que vous n’êtes pas enrhu- mée » (vol. II, p. 99). La crainte était donc exagérée.

L’expression jeter du gros sel que Mérimée emploie dans une de ses lettres est assez surprenante. Le syntagme nominal du gros sel fait normale- ment partie de la locution adjective fin comme du gros sel qui signifie ‘très sot, obtus’. C’est donc la notion de ‘bêtise’ qu’elle contient qui certainement n’est pas celle de l’expression verbale de son auteur. Ajoutons qu’elle n’est notée par aucun dictionnaire, y compris le Dictionnaire des expressions et locutions et le Bouquet de Duneton. Essayons d’en dégager le sens d’après le contexte où elle se trouve. Le voilà : « Outre les sottises qu’Aristophane jette dans ses pièces comme du gros sel, il y a des chœurs de la poésie la plus belle » (vol. II, p. 239). Serait-ce le sens ‘bêtement, à la légère’ ou peut-être

‘partout’ ?

On trouve souvent chez Mérimée des modifications relatives aux locu- tions comparatives qui, d’ailleurs, sont particulièrement sujettes aux change- ments. Dans l’une des lettres datées de Londres, il se plaint : « rien ne résiste à l’air de ce pays-ci. Ma gorge en est la preuve. Je suis enroué comme un loup et je respire très mal » (vol. II, p. 228). Probablement nous avons affaire ici à une contamination avec l’expression un froid de loup. Ailleurs, Mérimée emploie une locution tout à fait étrange : rire comme un bien- heureux au lieu de dire rire comme un fou. Je cite : « Un passage de votre lettre m’a fait rire comme un bienheureux pendant dix minutes » (vol. I, p. 14). Rappelons en l’occurrence que la notion de rire possède une longue série de locutions synonymiques, telles que : rire comme un bossu / à gorge déployée / à ventre déboutonné / à s’en tenir les côtes / aux larmes / avoir le four rire / se tordre de rire16. Par contre, l’épithète bienheureux peut s’asso- cier au verbe dormir ce que confirment presque tous les dictionnaires.

16 L. Zaręba, « Bossu », [in :] Dictionnaire idiomatique français-polonais, Kraków, Univer- sitas, 2000, p. 120.

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Notons maintenant un fragment de lettre où l’on rencontre la forme réduite de l’expression chercher une aiguille dans une botte de foin. Voilà ce que Mérimée dit à propos d’un livre égaré : « Je vous ai fort accusée de m’avoir pris un livre […] que j’ai cherché comme une aiguille et que j’ai enfin découvert ce matin dans un coin » (vol. II, p. 9). Parfois, on trouve des formes élargies ou plutôt enrichies des locutions ; au lieu de dire j’ai un chat dans la gorge, Mérimée renforce son énoncé en disant : « J’ai eu tous les chats dans la gorge, tous les feux de l’enfer dans la poitrine » (vol. I, p. 105).

Signalons une autre modification qui consiste à changer le nombre du substantif, à employer notamment le pluriel au lieu du singulier. L’expres- sion dorer la pilule à quelqu’un est transformée par Mérimée en dorer les pilules à quelqu’un. Ainsi, l’auteur fait des reproches à l’Inconnue en disant :

« Vous vous entendez, d’ailleurs, à dorer les pilules les plus amères » (vol. I, p. 100).

L’expression verbale être tout miel tout sucre – ‘être d’une douceur affectée’ s’adresse d’habitude aux personnes. Dans le texte de Mérimée, elle est employée pour qualifier un style et sa forme devient chez l’auteur « tout de miel et de sucre ». En voici le contexte : « aujourd’hui le temps est beau : mon humeur s’est adoucie tellement, que je ne veux plus vous écrire que d’un style tout de miel et de sucre” (vol. I, p. 14).

Dans l’emploi actuel courant calendes grecques s’associent au verbe remettre ou renvoyer. Or, Mérimée emploie ici ajourner, en disant : « Vous faites de votre precious self un portrait si brillant que je vois ajourner aux calendes grecques le moment où nous nous reverrons » (vol. I, p. 46).

Le sens ‘pleurer abondamment’ s’exprime par la locution pleurer toutes les larmes de son corps. Ici, la modification de Mérimée concerne l’élément nominal de la locution ; le corps est remplacé, d’ailleurs logiquement, par les yeux. « J’ai trouvé là – dit-il – des gens profondément déconfits, pleurant toutes les larmes de leurs yeux sur les malheurs du Saint-Père » (vol. II, p. 121). Rappelons à l’occasion que la notion de pleurer (comme celle de son antonyme rire, d’ailleurs) est riche en synonymes phraséologiques, tels que : pleurer à chaudes larmes / pleurer comme une Madeleine ; le sens ‘se mettre à pleurer abondamment’ est rendu par fondre en larmes. L’expression imagée se vendre / s’enlever / partir / s’écouler comme des petits pains17 est employée par Mérimée à la forme raccourcie, plus ancienne « se vendre comme du pain » (vol. II, p. 264).

Mérimée, vraiment malade, se plaint souvent dans ses lettres de ses souf- frances. On y trouve, parmi d’autres, le fragment suivant : « j’ai attrapé un rhume qui me met plus bas que jamais » (vol. II, p. 244) ce qui veut dire

17 Au Québec, on dit se vendre comme des petits pains chauds.

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‘dont je me sens très malade, dont je souffre beaucoup’. D’habitude, le syntagme plus bas que se lie avec le verbe être. A. Rey note être au plus bas et être bien bas c’est-à-dire ‘être très malade’18. Les autres dictionnaires donnent la même notation. Dans le Dictionnaire du français vivant, on lit :

« La malade était bien bas »19 autrement dit ‘dans un état de grande faiblesse, très malade’. Le Lexis note : être très bas – ‘être près de la mort’20.

Le syntagme à vau-l’eau qui, lui aussi, fonctionne normalement avec être se trouve lié, chez Mérimée, au verbe mettre ce qui ajoute à l’expression une valeur factitive. En voici le fragment : « peut-être, encore les mauvaises rela- tions entre le sultan et le vice-roi sont-elles suffisantes pour mettre à vau- -l’eau les projets d’excursion » (vol. II, p. 355). Cela veut dire ‘qui peuvent faire échouer les projets d’excursion’.

Dans les Lettres, il y a aussi des phénomènes qui semblent être des néo- logismes individuels de Mérimée. Dans le IIe volume à la page 151, on trouve le passage suivant : « Je me suis fait encore une mauvaise affaire en m’étonnant que la reine de Naples ait fait faire sa photographie avec ses bottes ». L’expression se faire une mauvaise affaire n’est attestée par aucun dictionnaire. À en juger par le contexte on peut présumer que le sens en est :

‘encourir la disgrâce’, ‘s’attirer des ennuis’.

Les dictionnaires ne notent pas non plus l’expression faire les beaux jours que l’on découvre dans le fragment suivant : « J’ai retrouvé […] Madame Pasta, que je n’avais pas revue depuis qu’elle faisait les beaux jours de l’Opéra italien » (vol. II, p. 21). Le sens qui se dégage de ce contexte permet de déduire que la locution veut dire ‘avoir des succès, une période de succès’.

L’expression imagée tendre la corde jusqu’à ce qu’elle casse, tout à fait transparente quant au sens, n’est pas confirmée par les dictionnaires. En voici le contexte politico-social où elle se trouve :

Il me semble que nous […] allons recommencer le cycle des mêmes fautes et peut-être des mêmes catastrophes. Joignez à cela toute la peine que prennent les cléricaux pour se faire détester et pour tendre la corde jusqu’à ce qu’elle casse. Et voilà bien assez pour voir l’avenir d’une vilaine couleur (vol. II, p. 232).

La brève étude présentée plus haut – sans être exhaustive – a montré – espérons-le – la richesse et l’originalité de la phraséologie dans les Lettres à une Inconnue de Prosper Mérimée.

18 A. Rey, S. Chantreau, op.cit., p. 57.

19 M. Davau, Dictionnaire du français vivant, Paris–Bruxelles–Montréal, Bordas, 1975, p. 110.

20 J. Dubois (dir.), Lexis, op.cit., p. 159.

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Bibliographie Bibliographie Bibliographie Bibliographie

DAVAU Maurice, 1975, Dictionnaire du français vivant, Paris–Bruxelles–Montréal, Bordas.

DUBOIS Jean (dir.), 1975, Lexis, Paris, Larousse.

DUBOIS Jean (dir.), 1980, Dictionnaire du français contemporain, Paris, Larousse.

DUNETON Claude, CLAVAL Sylvie, 1990, Le Bouquet des expressions imagées, Paris, Seuil.

FAGUET Émile, 1893, Prosper Mérimée, [in :] Dix-neuvième siècle – études litté- raires, Paris, Lucène, Oudin et Cie, pp. 325–346.

FILON Augustin, 1922, Mérimée, Paris, Hachette.

MÉRIMÉE Prosper, 1880a, Lettres à une Inconnue, vol. I, Paris, Calman Lévy.

MÉRIMÉE Prosper, 1880b, Lettres à une Inconnue, vol. II, Paris, Calman Lévy.

MÉRIMÉE Prosper, 1875, Lettres à une autre Inconnue, Paris, Michel Lévy Frères.

Petit Larousse = Le Petit Larousse Illustré, 1994, Paris, Larousse.

Petit Robert = Le Nouveau Petit Robert, 1994, Paris, Le Robert.

REY Alain, CHANTREAU Sophie, 1994, Dictionnaire des expressions et locutions, Paris, Les Usuels Robert.

ZARĘBA Leon, 2000, Dictionnaire idiomatique français-polonais, Kraków, Univer- sitas.

Summary Summary Summary Summary

Phraseology in The Letters to an Unknown Woman by Prosper Mérimée

In the paper entitled as above the phenomena of phraseology have been examined in a brief analysis. Expressions being beyond limits of the standard of contemporary French e.g. obsolete, rare uses or author’s neologisms have been treated with particular attention. The analysed problems are illustrated by quotations from Letters.

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Phraseology, standard, neologisms, style, Mérimée.



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