POLONICI MATHEMATICI LXXV.3 (2000)
Noeth´ erianit´ e de certaines alg` ebres de fonctions analytiques et applications
par Abdelhafed Elkhadiri et Mouttaki Hlal (Kinitra)
Abstract. Let M ⊂ R
nbe a real-analytic submanifold and H(M ) the algebra of real analytic functions on M . If K ⊂ M is a compact subset we consider S
K= {f ∈ H(M ) | f (x) 6= 0 for all x ∈ K}; S
Kis a multiplicative subset of H(M ). Let S
K−1H(M ) be the localization of H(M ) with respect to S
K. In this paper we prove, first, that S
−1KH(M ) is a regular ring (hence noetherian) and use this result in two situations:
1) For each open subset Ω ⊂ R
n, we denote by O(Ω) the subalgebra of H(Ω) defined as follows: f ∈ O(Ω) if and only if for all x ∈ Ω, the germ of f at x, f
x, is algebraic on H(R
n). We prove that if Ω is a bounded subanalytic subset, then O(Ω) is a regular ring (hence noetherian).
2) Let M ⊂ R
nbe a Nash submanifold and N (M ) the ring of Nash functions on M ; we have an injection N (M ) → H(M ). In [2] it was proved that every prime ideal ℘ of N (M ) generates a prime ideal of analytic functions ℘H(M ) if M or V (℘) is compact. We use our Theorem 1 to give another proof in the situation where V (℘) is compact. Finally we show that this result holds in some particular situation where M and V (℘) are not assumed to be compact.
Introduction. Soit M ⊂ R
mune sous-vari´ et´ e r´ eelle analytique; on d´ esigne par H(M ) l’alg` ebre des fonctions analytiques sur M . Soit K ⊂ M un compact et consid´ erons S
K= {f ∈ H(M ) | f (x) 6= 0 pour tout x ∈ K};
S
Kest une partie multiplicativement stable. Dans cet article on montre que le localis´ e de H(M ) par rapport ` a S
K, S
−1KH(M ), est un anneau r´ egulier (donc noeth´ erien) et on applique ce r´ esultat aux deux situations :
1) Pour chaque ouvert Ω ⊂ R
n, on d´ esigne par O(Ω) la sous-alg` ebre de H(Ω) form´ ee des f ∈ H(Ω) telles que, pour chaque x ∈ Ω, le germe de f en x, f
x, est alg´ ebrique sur H(R
n). On montre que si Ω est un ouvert
2000 Mathematics Subject Classification: 30H05, 32B20, 14P17.
Key words and phrases: analytic algebra, Nash functions, subanalytic sets, regular rings.
Recherches men´ ees dans le cadre du Programme d’Appui ` a la Recherche Scientifique (PARS MI 33).
[247]
born´ e sous-analytique, alors O(Ω) est un anneau r´ egulier (donc noeth´ erien).
Remarquons que O(Ω) contient l’anneau des fonctions de Nash sur Ω.
2) Soit M ⊂ R
nune sous-vari´ et´ e de Nash ; on d´ esigne par N (M ) l’anneau des fonctions de Nash sur M . On a une injection N (M ) → H(M ). La question suivante a ´ et´ e consid´ er´ ee dans [2] :
L’extension d’un id´ eal premier , ℘, de N (M ) ` a H(M ) est-il premier dans H(M ) ?
Une r´ eponse positive dans le cas o` u M est compacte est donn´ ee dans [2]. Si M est non compacte mais V (℘) (lieu des z´ eros d’un syst` eme de g´ en´ erateurs de ℘) est compact, la r´ eponse est aussi positive [2]. Nous don- nons une preuve directe de ce dernier cas en utilisant le th´ eor` eme 1.
On d´ esigne par Reg V (℘) ⊂ V (℘) les points au voisinage desquels V (℘) est une sous-vari´ et´ e analytique et on pose Sing V (℘) = V (℘) − Reg V (℘).
Si maintenant ni M ni V (℘) n’est suppos´ e compact, la m´ ethode que nous avons utilis´ ee nous permet de traiter le cas particulier suivant :
Sing V (℘) est compact et pour chaque x ∈ Reg V (℘), ℘H
xengendre l’id´ eal des germes de fonctions analytiques qui s’annulent sur le germe de V (℘) en x.
Ces conditions sont automatiqument v´ erifi´ ees dans le cas M = R
2. 1. Localisation de H(M ). Soit M ⊂ R
nune sous-vari´ et´ e r´ eelle an- alytique. On d´ esigne par H(M ) l’anneau des fonctions analytiques sur M . Pour chaque f ∈ H(M ) et chaque x ∈ M , f
xd´ esigne le germe de f en x. Soit K ⊂ M ; on pose S
K= {f ∈ H(M ) | f (x) 6= 0 pour tout x ∈ K}. S
Kest une partie multiplicativement stable de H(M ) ; on note S
K−1H(M ) le localis´ e de H(M ) par rapport ` a S
K. On a un morphisme, i
S: H(M ) → S
K−1H(M ), plat. Pour chaque x ∈ M , M
xd´ esigne l’id´ eal maximal des f ∈ H(M ) qui s’annulent en x et H
xl’anneau des germes de fonctions analytiques en x.
Th´ eor` eme 1. Si K est un compact , alors S
K−1H(M ) est un anneau noeth´ erien.
P r e u v e. Si I est un id´ eal de S
K−1H(M ), soit I un id´ eal de H(M ) tel que i
S(I) engendre I. On consid` ere le faisceau d’id´ eaux I d´ efini comme suit :
I
x= IH
x∀x ∈ M.
I est un faisceau coh´ erent d’id´ eaux sur M . Puisque K est compact, il existe un nombre fini d’´ el´ ements de I, f
1, . . . , f
q, tels que, pour chaque x ∈ K, I
x= (f
1,x, . . . , f
q,x)H
x.
Soit g ∈ I et consid´ erons le faisceau coh´ erent d’id´ eaux J d´ efini par
J
x= (f
1,x, . . . , f
q,x)H
x: g
x∀x ∈ M.
Pour chaque x ∈ K on a J
x= H
x; d’apr` es le th´ eor` eme A de Cartan, pour chaque x ∈ K il existe un voisinage U de x et ϕ
U∈ Γ (M, J ) tels que ϕ
U(y) 6= 0 pour tout y ∈ U . On recouvre K par un nombre fini d’ouverts U
1, . . . , U
set on pose ϕ = P
si=1
(ϕ
Ui)
2. Visiblement, ϕ(x) 6= 0 pour tout x ∈ K et ϕ ∈ Γ (M, J ). Soit M le faisceau coh´ erent d’id´ eaux d´ efini par
M
x= (ϕ
xg
x, f
1,x, . . . , f
q,x)Hx ∀x ∈ M.
Il est clair que pour chaque x ∈ M , M
xest engendr´ e par les germes en x de f
1, . . . , f
q. Le th´ eor` eme B de Cartan entraˆıne alors que Γ (M, M) est engendr´ e sur Γ (M, H) = H(M ) par f
1, . . . , f
q. Comme ϕg ∈ Γ (M, M), on conclut alors que ϕg = P
qj=1
λ
jf
j, λ
j∈ H(M ), j = 1, . . . , q. Puisque ϕ ∈ S
Kon en d´ eduit que I est engendr´ e par (f
1, . . . , f
q).
Corollaire 1. Pour chaque x ∈ M , le localis´ e de H(M ) par rapport ` a l’id´ eal M
x, H(M )
Mx, est un anneau noeth´ erien.
P r e u v e. On suppose que M est connexe et que dim M = m. Soit x ∈ M ; il existe u = (u
1, . . . , u
m) ´ el´ ements de H(M ) qui forment un syst` eme de coordonn´ ees analytiques en x. On a les injections suivantes :
R[u
1, . . . , u
m]
Mx→ H(M )
Mx→ H
x.
On voit alors que le compl´ et´ e de H(M )
Mxpour la topologie M
x-adique est l’anneau des s´ eries formelles R[[u
1, . . . , u
m]]. On en d´ eduit que H(M )
Mxest un anneau r´ egulier de dimension m.
Proposition 1. K ´ etant toujours compact , l’ensemble des id´ eaux max- imaux de S
K−1H(M ) s’identifie ` a K.
P r e u v e. Soit m un id´ e eal maximal de S
K−1H(M ); il existe alors un id´ eal maximal, m, de H(M ) tel que m ∩ S
K= ∅ et l’id´ eal engendr´ e par i
S(m) est m. Supposons que pour chaque x ∈ K il existe f ∈ m tel que f (x) 6= 0. e On recouvre alors K par un nombre fini d’ouverts U
1, . . . , U
spour lesquels il existe f
i∈ m, i = 1, . . . , s, avec f
i(y) 6= 0 pour tout y ∈ U
i. On pose ϕ = P
si=1
f
i2; on a ϕ ∈ m ∩ S
K, ce qui est absurde ; donc il existe x ∈ K tel que m = M
x.
Proposition 2. S
K−1H(M ) est un anneau r´ egulier.
P r e u v e. Ceci d´ ecoule de la proposition 1, du fait que (S
K−1H(M ))
Mx= H(M )
Mxpour chaque x ∈ K, et du corollaire 1.
2. Alg` ebres de Nash analytiques. Soit Ω ⊂ R
nun ouvert; on d´ esigne par O(Ω) la sous-alg` ebre de H(Ω) form´ ee des f ∈ H(Ω) telles que pour chaque x ∈ Ω le germe de f en x est alg´ ebrique sur H(R
n), i.e. v´ erifie une
´
equation P
pi=1
a
if
xi= 0, o` u les a
i∈ H(R
n) sont non tous nuls. Les ´ el´ ements
de O(Ω) seront appel´ es par la suite les fonctions de Nash analytiques.
Visiblement si f ∈ O(Ω) et f (x) 6= 0 pour tout x ∈ Ω, alors 1/f ∈ O(Ω).
On d´ esigne par O
xl’anneau des germes des fonctions de Nash analytiques en x ∈ Ω. Il est clair que l’on a une inclusion H(R
n)
Mx→ O
x. On a, visiblement, la proposition suivante :
Proposition 3. O
xest la fermeture alg´ ebrique de H(R
n)
Mxdans son compl´ et´ e R[[X
1, . . . , X
n]] ; c’est donc le hens´ elis´ e de H(R
n)
Mx; en particulier O
xest un anneau r´ egulier (donc noeth´ erien) de dimension n fid` element plat sur H(R
n)
Mx.
Corollaire 2. Si Ω est connexe, l’anneau O(Ω) est int´ egralement clos.
P r e u v e. Comme Ω est connexe, les anneaux O
xet H(Ω) sont cano- niquement plong´ es dans H
xet on a O(Ω) = O
x∩ H(Ω). D’o` u le r´ esultat car H(Ω) est int´ egralement clos et de mˆ eme pour O
xd’apr` es la proposition pr´ ec´ edente.
3. Alg` ebres Ω-noeth´ eriennes. Une sous-alg` ebre A(Ω) ⊂ H(Ω) est dite Ω-noeth´ erienne [3] si :
(i) R[X
1, . . . , X
n] ⊂ A(Ω) et A(Ω) est stable par d´ erivation.
(ii) Ω muni de la topologie induite par celle de SM A(Ω) (spectre maximal de A(Ω)) est un espace noeth´ erien (tout point x ∈ Ω est identifi´ e ` a l’id´ eal maximal, m
x, des fonctions de A(Ω) qui s’annulent en x).
Pour chaque id´ eal I ⊂ A(Ω) on pose V (I) = {x ∈ Ω | f (x) = 0 pour tout f ∈ I} et on d´ esigne par Reg V (I) l’ensemble des points au voisinage desquels V (I) est une sous-vari´ et´ e ; Reg V (I) est dense dans V (I) (pour la topologie euclidienne). Si I est engendr´ e par un seul ´ el´ ement, f , on ´ ecrit V (f ).
Proposition 4. Soit A(Ω) ⊂ H(Ω) une sous-alg` ebre stable par d´ eriva- tion et contenant l’anneau des polynˆ omes. On suppose que pour chaque f ∈ A(Ω), Reg V (f ) n’a qu’un nombre fini de composantes connexes. Alors A(Ω) est une alg` ebre Ω-noeth´ erienne.
P r e u v e. Soit F ⊂ Ω un ferm´ e pour la topologie induite par celle de SM A(Ω); F = V (I) o` u I est un id´ eal de A(Ω). Montrons d’abord qu’il existe un nombre fini d’´ el´ ements de I, g
1, . . . , g
k, tels que F = V (g
1, . . . , g
k).
Soit g ∈ I, g 6= 0. On a V (I) ⊂ V (g). Reg V (g) n’a qu’un nombre fini de composantes connexes: Γ
1, . . . , Γ
s1; on pose µ
1= max{dim Γ
j| Γ
j6⊂ V (I)}.
Soient Γ
i1, . . . , Γ
iples composantes connexes de Reg V (g) telles que µ
1= dim Γ
ij, j = 1, . . . , p, et Γ
ij6⊂ V (I).
Il existe alors h
ij∈ I, h
ij6= 0 sur Γ
ij, j = 1, . . . , p. On pose h = P
p j=1h
2ij∈ I ; on a V (I) ⊂ V (g, h) ⊂ V (g). Visiblement si r = max{dim Λ
j| Λ
jest
une composante connexe de Reg V (g, h) avec Λ
j6⊂ V (I)}, alors r < µ
1. En
faisant la mˆ eme chose pour V (ψ) o` u ψ = g
2+ h
2, on voit que V (I) = V (ϕ) avec ϕ ∈ I.
Soit maintenant une suite de ferm´ es, (F
i), strictement d´ ecroissante; on a F
i= V (f
i), f
i∈ A(Ω). Associons ` a chaque V (f
i) le n + 1-uplet ν
i= (ν
i,n, ν
i,n−1, . . . , ν
i,0) ∈ N
n+1tel que ν
i,jest le nombre des composantes connexes de Reg V (f
i) de dimension j. On consid` ere sur N
n+1l’ordre lexi- cographique. Alors si V (f
i+1) V (f
i) on a ν
i+1< ν
i, et donc la suite (F
i) est stationnaire.
Remarque. La condition de la proposition 4 n’est pas n´ ecessaire; l’al- g` ebre A(Ω) = R[x, sin x, cos x] est R-noeth´erienne (mˆeme noeth´erienne), cependant Reg V (sin x) = V (sin x) a un nombre infini de composantes con- nexes.
Lemme 1. Soit Ω un ouvert born´ e sous-analytique. Alors l’alg` ebre O(Ω) est Ω-noeth´ erienne et de plus SM O(Ω) s’identifie ` a Ω.
P r e u v e. On peut supposer queΩ est connexe. Il suffit, d’apr` es la propo- sition 4, de montrer que pour tout f ∈ O(Ω), V (f ) est un sous-analytique de R
n; en effet Reg V (f ) sera encore sous-analytique de R
net puisqu’il est born´ e, il n’aura qu’un nombre fini de composantes connexes.
On va montrer que le graphe, G, de f est sous-analytique dans R
n+1. Le probl` eme est local en tout a ∈ ∂Ω ; on peut alors supposer que f est racine d’un polynˆ ome P sans facteurs multiples ` a coefficients analytiques au voisinage de Ω. Soit ∆ le discriminant de P , ∆ 6= 0; on pose Y = {x ∈ Ω |
∆(x) 6= 0}. Visiblement G ∩ Y × R est une r´eunion de composantes connexes de V (P ) ∩ Y × R, est donc sous-analytique; or G = G ∩ Y × R ∩ Ω × R car f est continue, donc G est sous-analytique.
Soit m un id´ eal maximal de O(Ω) ; supposons que pour tout x ∈ Ω, m 6⊂ m
x= {f ∈ O(Ω) | f (x) = 0}. Soit x ∈ Ω ; il existe f
1∈ m avec f
1(x) 6= 0; V (f
1) est non vide, sinon f
1serait inversible dans O(Ω). Soit x
1∈ V (f
1) ; comme m 6⊂ m
x1, il existe f
2∈ m tel que f
2(x
1) 6= 0. On a V (f
1, f
2) ⊂ V (f
1) et V (f
1, f
2) est non vide, sinon ϕ = f
12+ f
22∈ m serait inversible dans O(Ω). En continuant, on construit une suite strictement decroissante de ferm´ es qui est infinie, ce qui est absurde. Donc il existe x ∈ Ω tel que m ⊂ m
x.
Dans la preuve de notre r´ esultat, nous aurons besoin de la proposition suivante qui est une cons´ equence directe de [3, 6.2.1].
Proposition 5. Soit I ⊂ A(Ω) un id´ eal d’une alg` ebre Ω-noeth´ erienne ; il existe un id´ eal I
0⊂ I de type fini tel que pour tout x ∈ Ω, I
0H
x= IH
x.
Proposition 6. Soient Ω un ouvert de R
net a ∈ Ω; alors le localis´ e
de O(Ω) par rapport ` a m
a, O(Ω)
ma, est un anneau local r´ egulier (donc
noeth´ erien) de dimension n fid` element plat sur H(R
n)
Ma.
P r e u v e. Soit Ω
0la composante connexe de Ω qui contient a ; on a O(Ω)
ma= O(Ω
0)
ma. On peut alors supposer que Ω est connexe. Nous avons alors vu que O(Ω) est int´ egralement clos ; O(Ω)
maest donc aussi int´ egralement clos. On a les inclusions suivantes :
H(R
n)
Ma→ O(Ω)
ma→
hH(R
n)
Mao` u
hH(R
n)
Maest le hens´ elis´ e de H(R
n)
Ma. Le r´ esultat d´ ecoule alors de [1, 8.7.11].
Remarquons alors que, Ω ´ etant connexe, O(Ω)
ma→ H
aest fid` element plate.
Th´ eor` eme 2. Soit Ω un ouvert sous-analytique born´ e; alors O(Ω) est un anneau noeth´ erien.
P r e u v e. Puisque Ω n’a qu’un nombre fini de composantes connexes, on peut supposer que Ω est connexe. Soit I ⊂ O(Ω) un id´ eal ; l’alg` ebre O(Ω) ´ etant Ω-noeth´ erienne, il existe un id´ eal I
0⊂ I de type fini tel que pour tout x ∈ Ω, I
0H
x= IH
x(proposition 5). L’injection O(Ω)
mx→ H
xest fid` element plate, donc I
0O(Ω)
mx= IO(Ω)
mxpour tout x ∈ Ω. Comme SM O(Ω) est identifi´ e ` a Ω, on en d´ eduit, par globalisation, que I = I
0.
Corollaire 3. Ω ´ etant un ouvert sous-analytique born´ e, l’alg` ebre O(Ω) est un anneau r´ egulier de dimension n.
4. Probl` eme de s´ eparation. Soit M ⊂ R
nune sous-vari´ et´ e de Nash ; N (M ) d´ esigne l’anneau des fonctions de Nash sur M . Le probl` eme suivant a ´ et´ e consid´ er´ e dans [2] :
Si ℘ est un id´ eal premier de N (M ), engendre-t-il un id´ eal premier dans H(M ) ?
Une r´ eponse positive a ´ et´ e donn´ ee dans le cas o` u M est compact [2]. Si M est non compact mais V (℘) est compact, la r´ eponse est aussi positive [2]. Nous donnons ici une preuve directe de ce dernier cas en utilisant le th´ eor` eme 1. Nous ´ etendons le r´ esultat au cas o` u V (℘) n’est pas compact mais Sing V (℘) est compact et ℘H
xengendre les germes des fonctions analytiques qui s’annulent sur le germe de V (℘) en tout x ∈ Reg V (℘). Soit K ⊂ M un compact ; d’apr` es le th´ eor` eme 1, S
K−1H(M ) est un anneau noeth´ erien.
Lemme 2. L’inclusion ϕ : N (M ) → S
K−1H(M ) est un homomorphisme r´ egulier.
P r e u v e. D’apr` es la preuve de [4, 34.C] il suffit de montrer que pour tout x ∈ K, l’homomorphisme ϕ
x: N (M )
mx→ H(M )
Mxest r´ egulier. Soit (u
1, . . . , u
m) un syst` eme de coordonn´ ees r´ egulier de Nash de M en x ; on a
N (M )
mx ϕ→ H(M )
x Mx ψ→ R[[u
x 1, . . . , u
m]].
N (M )
mx
est un anneau excellent, donc ψ
x◦ ϕ
xest r´ egulier. H(M )
Mxest un anneau local noeth´ erien, donc ψ
xest fid` element plate, d’o` u ϕ
xest r´ egulier [4, 33.B].
Th´ eor` eme 3. Soit ℘ ⊂ N (M ) un id´ eal premier. Alors l’extension de ℘
`
a S
−1KH(M ) est encore un id´ eal premier.
P r e u v e. On peut supposer que M est connexe. On a l’´ egalit´ e ℘ = (h
1, . . . , h
q)N (M ) ; soient f, g ∈ S
K−1H(M ) tels que
(∗) f g =
q
X
j=1
α
jh
j, α
j∈ S
K−1H(M ), j = 1, . . . , q.
On pose
P (x, Y
1, Y
2, . . . , Y
q+2) = Y
1Y
2−
q
X
j=1
Y
j+2h
j∈ N (M )[Y
1, Y
2, . . . , Y
q+2].
ϕ : N (M ) → S
K−1H(M ) ´ etant un morphisme r´ egulier, d’apr` es [5], S
K−1H(M ) est une limite inductive filtrante de N (M )-alg` ebres de type fini lisses. Cela veut dire que tout homomorphisme de N (M )-alg` ebres, B → S
K−1H(M ), o` u B est de type fini sur N (M ), se factorise ` a travers une N (M )-alg` ebre, D, de type fini sur N (M ) tel que l’homomorphisme N (M ) → D soit r´ egulier.
Dans notre situation, on a un N (M )-homomorphisme donn´ e par l’´ equa- tion (∗) :
B = N (M )[Y
1, Y
2, . . . , Y
q+2] P N (M )[Y
1, Y
2, . . . , Y
q+2]
ϕe
→ S
K−1H(M )
qui ` a Y
1associe f , ` a Y
2associe g et ` a Y
j+2associe α
j, j = 1, . . . , q. D’apr` es le th´ eor` eme de Popescu–Spivakovsky [5], il existe alors une N (M )-alg` ebre de type fini D = N (M )[z
1, . . . , z
m]/I telle que l’homomorphisme N (M ) → D
φsoit r´ egulier et on a un diagramme commutatif
N (M ) D
B S
K−1H(M )
φ
//
β ϕe//
α
rrr rrr rrr rr99
N (M ) → D ´etant un morphisme r´
φegulier, puisque N (M ) est un anneau r´ egulier alors D est un anneau r´ egulier, d’o` u I est radical et donc I =
℘
1∩ . . . ∩ ℘
s, ℘
jun id´ eal premier de N (M )[z
1, . . . , z
m], j = 1, . . . , s. Tout id´ eal maximal, m, de N (M )[z
1, . . . , z
m] contenant I, contient un et un seul
℘
jet
N (M )[z
1, . . . , z
m]
m/I = N (M )[z
1, . . . , z
m]
m/℘
j.
D est alors isomorphe au produit des N (M )[z
1, . . . , z
m]/℘
j, j = 1, . . . , s.
Comme S
K−1H(M ) est int` egre, β se factorise via un N (M )[z
1, . . . , z
m]/℘
j. On peut alors supposer que I est un id´ eal premier. Par le mˆ eme argument que dans [2] on peut supposer que I est r´ eel. On pose Z = V (I) ; Z est une sous-vari´ et´ e de Nash de M × R
met D peut ˆ etre identifi´ e comme un sous-anneau de l’anneau des fonctions de Nash sur Z, N (Z).
Pour chaque i = 1, . . . , q + 2, on pose α(Y
i) = H
i∈ D ; on a
(∗∗) H
1H
2=
q
X
j=1
H
j+2h
jsur Z.
On pose β(z
i) = σ
i∈ S
K−1H(M ), i = 1, . . . , m, et
σ(x) = (x, σ
1(x), . . . , σ
m(x)), x dans un voisinage de K.
Il existe alors un voisinage W de K, W ⊂ M , tel que σ : W → Z soit analytique et une section de la projection canonique π : W × R
m→ W . Il existe alors une application polynomiale P : R
n→ R
n× R
mqui approche σ au voisinage de K. Posons P (x) = (P
0(x), P
1(x), . . . , P
m(x)), P
0(x) ∈ R
n.
Soit T un voisinage tubulaire de Z dans W × R
met % : T → Z une r´ etraction de Nash compatible avec la projection canonique, i.e. π ◦ % = π tel que P (W ) ⊂ T . On pose
% ◦ P (x) = Q(x) = (Q
0(x), Q
1(x), . . . , Q
m(x)) ∈ Z.
Comme Q
0est proche de l’identit´ e, quitte ` a r´ etr´ ecir W , Q
0est un diff´ eomor- phisme de W sur W . Soit Q
−10son inverse; on pose
τ (x) = (x, Q
1◦ Q
−10(x), . . . , Q
m◦ Q
−10(x)).
Alors τ est une section de Nash de π : Z → W , proche de σ. On pose G
i= H
i◦ τ , i = 1, . . . , q + 2. Alors G
iest proche de H
i◦ σ pour tout i = 1, . . . , q + 2 ; de plus on a f = H
1◦ σ, g = H
2◦ σ et H
j+2◦ σ = α
j, j = 1, . . . , q.
On d´ eduit de (∗∗) que f ou g est limite de fonctions appartenant ` a
℘H(W ) ; comme ce dernier est ferm´ e dans H(W ), on a, par exemple, f ∈
℘H(W ).
Soit J le faisceau coh´ erent d’id´ eaux d´ efini par J
x= (h
1, . . . , h
q)H
x: f
xpour tout x ∈ M . Pour chaque x ∈ K, J
x= H
x; d’apr` es le th´ eor` eme A de Cartan, pour chaque x
i∈ K il existe un voisinage U
ide x
iet ϕ
i∈ Γ (M, J ) tels que ϕ
i(y) 6= 0 pour tout y ∈ U
i. On recouvre K par un nombre fini d’ouverts U
i, i = 1, . . . , l, et on pose ϕ = P
lµ=1
ϕ
2µ. Alors ϕ ∈ Γ (M, J )
et ϕ(x) 6= 0 pour tout x ∈ K ; d’apr` es la preuve du th´ eor` eme 1, ϕf ∈
(h
1, . . . , h
q)H(M ), donc f ∈ ℘S
K−1H(M ).
Corollaire 4. Soit ℘ ⊂ N (M ) un id´ eal premier tel que K = V (℘) soit compact. Alors l’extension de ℘ ` a H(M ) est encore un id´ eal premier.
P r e u v e. On a ℘ = (h
1, . . . , h
q)N (M ); soient f, g ∈ H(M ) tels que f g ∈ ℘H(M ); d’apr` es le th´ eor` eme 3 on a, par exemple, f ∈ ℘S
K−1H(M ).
Soit I le faisceau coh´ erent d’id´ eaux d´ efini par
I
x= (h
1, . . . , h
q, f )H
x, ∀x ∈ M.
Pour chaque x ∈ M , h
1, . . . , h
qengendrent I
xsur H
x; en effet, si x ∈ K, ceci est d’apr` es le fait que f ∈ ℘S
K−1H(M ) ; si x 6∈ K = V (℘), on a (h
1, . . . , h
q)H
x= H
x. D’apr` es le th´ eor` eme B de Cartan on a Γ (M, I) = P
qi=1