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Les Israélites de Pologne / par Léon Hollaenderski.

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(1)

BIBLIOTEKA UNIWERSYTECKA

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<-LES

(fidilion ornee de gravures.)

PAR

PARIS ,

CHEZ DAGETAU ET Ci°, LIBRAIRES, place dc b Bourse, 12.

1 8 1 6 .

(4)

______________________________________ Paius. — Imprimerie de Lacoi r et eomp.,

(5)

TABLE DES MATIERES.

PREM1ERE PARTIE.

a pag«.

Inlroduction par M. J. Czynski, |X -X IV Leltre de M. A Franek. xv-xvt CHAPITRE I" .

Epoque de 1’elablissement des Juifs en Pologne. 1 Opinion de fhistorien Naru­

szewicz et aulre k cct ógard. 2 Protection accordóe par Mie-

czyslas*)e*Vieux aux Israć-

lites. 4

Lellrcs-patcnles du treizióme siecle alteslant le droit de proprietó dont ilsjouissaient

alors. 4

Frivileges accordes aux Juifs par Bolcslas et Casimir-le-

Giand. 4

L’amour de Casimir-le-Grand pour Esterka. Lcurs eufants

naturels. 5

Lcs Juifs persecutós dans les autres Elats dc 1’Europe, trouvent un asilc en Polo­ gne, sous Casimir-Ic-Grand. 6 Le commerce et Pinduslrie,

abandonnćs aux Juifs,pren- nent de l’cxlension. 6 Fuusscs accusations des chre-

liens contrę les Juifs. 7 Extraits des statuls de Boles-

las-le-Grand, conceruant lcs Juifs et approuYĆs par Casi- mir-lc-Grand. 7*9 Le fanatisme des ckrćliens sur

le crime que les Juifs mas* sacraieot les enfants cbró-

tiens. 10

CHAPITRE II.

Funeste influence de U mort

de Casimir sur le sort des

Israćlilcs. 11

Ncmir et Pełka. 13 Louis, roi de Hongric, succćde

k Casimir. id.

Fin tragique d’Eslhcr. id.

Vexations subies par les Juifs sous le rćgne de Louis de

Hongric. id,

Massacre des Juifs, excitó par le prólrc Budek. 14 Ordonnances imposees aux

Juifs. 13

Nourcau massacre des Israó-

lites. id,

Les Juifs, pcrsćculćs en Bo* hćmc, viennent cliercher un asile en Pologne, sous Sigis-

rnond Ier. 16

Appcl du Synode ć leurs core- ligionnnires. id.

NouycIIc cause de persecution contrę lcs Juifs; quelques uus Yont s’ólablir en Vala-

chie. 17

Lois et dćfenses imposćes aux Juifs sous le regle deSigis-

mond. 18

Altributions lćgislatives des rabbins aprćs la mort de

Casimir. 19

Ordonnances de Sigismond- Auguste concernant les

Juifs. 20

Lcs pcrsćcutions contrę les * Juifs redoublent sous le rć- guc dc Henri dc Yaloisjus- qu’k l’avćnement d’Eliennc Batory au trdne de Pologne. 21 CHAPITRE III.

(6)

Po-vr poges Jognc sous le rógncd'ŹVCRpe

Batory. 22

Chiffrc comparatif des mar­ chanda chrćlicns et Juifs, auloriles et fonelions ju di- ciaires des rabbins et archi* rabbins sur lcurscoreligion*

naires. 24

Narration du Cardinal Commen.-doni sur les Juifs dc Po­

logne. id.

CHAPITRE IV.

On avait admis la noblesso aux

Juifs c o n w iis . 27

Sort des neophitcs. 2 8 Les famillcs remanjuableś des

nóophites, leurs Syslómcs. 2 9 ,3 0 Carnage <tes Israćłiles par les

paysans et lescosaaucs^sous Jeari-Gasimir et ŁadislaalY. 3 0 I/ińtcrdiction des Sciences ma-

thematiques ehez les Juifs. 31 Acfes de violcnce des paysans

cnvers les Juifs. 33

Histoirc du comte Potocki, sa conrersion h la religieh mo- saiąue et son martyre. 33 CUAPITRE V.

Reforine. apparlśe 5 la condi* tion des Israelitcs. en Po­ logne sous le reghe do Sta-

nislas-AuguslQ. 33

Abdication du pouYoir des rab*

bins. id .

Czacki etson pro je l de reforine pour les Juifs. 39 -33 O p fn ion d cM . SurowiccKi, 3 4-63 CIIAPljRE VI.

Lę liberum veto, etat anar-chiquę de la nation, p o li- 1 itique do la Russie, le sort

des Israelitcs. 64-65

Adrcssc des Juifs polonais aux reprósentants des villes de

la Pologne. 66

Dćincmbrement de la Pologne par les trois puissanccs voi-

sines. C9

Sort des Juifs. en Prussc, en

pages Aulriohę ę t e n Russie, ecolc

dc Mcndelsohn. id.

CHAPITRE VII.

Condition des Israelitcs et des babitants en generał, sous la maison de Saxc {duchć dc Varsovie).

Adresśe de& Juifs au gouvcr- nem entpour rcxem ptiondu

service militairc. 72

Koseh&r, impdt sur la y ia n d e . 73 Dófense aux Juifs de tenirdes

cabarets et des auberges. 74 Guerres de 1’indepcndance pos

looaise, Kiliński* Berek. 75 Sąvants et littćrateurs israełifes

en Pologne. 7 6 -7 8

CHAPITRE VIII.

Ćtat des Juifs dans leroyautne de Pologne sous Pempcrcur A lesandre, sa poiitiquo. 79 Le grand-duc Constantin, los

calamites des Israelite$ so • renouvellent sousla diclaturo

de ęe priącc. 8 0

Zaionczek et Lubecki. 81 M-onopole dc la biere et dc

1’eau-de-Yie.

Tyrannie et spoliation excrcee

envers les Juifs. 6 3

Creation d’un comitó charge dc Pexamcn et dc Pamólio- ratión des Juifs en Pologne. id.

L'abbó Chiarini et sqq ou--

vrage. 84

Ecole des rabbins. id.

GftAPITRE IX.

Esprit de civilisalion apportó par 1’armee en Russie aprds l ’invasion en France. 8 c Conspiration do P e s t e l, B es-

tuzewe, Kochowski, etc. 87 ferapereur Nicolas , ses uka-

ses.- R389

La police s e c r ó te , le gónóral

Rosnicki. 3 9

La rćvo!uiion du 29 novem-

(7)

vu

Pages; Czartoryski, Lelerel, ęomite

national, Beniowski. 112-116 Appel aux Israólites poionais

par lecomild national. 117-151 CHAPlTRE XIII.

Les partisdans 1'ómigration; U nouvello Pologne , Mickie­

wicz, Górecki, lęsjourtmux

poionais, Cayoskt. 133-139 Sur les Juifs deserteurs de

l'armee russe, leur sor(. . W La pćtition des Juifs polonats

A Nicolas restee sans

tal. 141

CHAPlTRE XIV.

Le comtą Sł»vąfow publio on 6dit sur 1’orgąnisation d’une ćeolejuire, le B’Lelienlhat, la lellre de Calhęrinę, au gouverneur de Moscou. 143-144 L’ukaso qui ordonoe aux Juifs

de »'ćk>igner de la frofttie* po, les dćpules A SaiąbP5- lersbourg. 145-146 La socićte democraliijue dans

rćmigralion , (e s. Jęsuiles, Ićlrpis mai. 1'Ecfto Miast., 146,

149 CHAPlTRE XV.

Le sort des Juifs dans łoułe 1‘Europe, jusqu'au xvu” sie—

c le . 150-154

PARTIE.

C0APITRE IV.

MoiseMendelsoho,les Juifs po- lonąis conlre sa pliiiosophie, le syslżme des rabbins, l e - ducation primitive des en- fants Juifs en Pologne. 178-187 CHAPlTRE V.

Les Juifs poijonais ne merilent pas d’ćtre regardós comme eiloyens, la cause-,plusicurs preu»cs du Talmud conlre les usages des Juifs polo- nais, etc. 188-198 Pages.

Le dictaleur Chlopicki. 90-91 CflAPłTRE X,

Le sort des Juifs pendant lą derniere guerre , Kruko- wccki, Morawski. 92 94 La leltre du comle Ostrowski

A M. Czyąski, 95-97 Adressc des Juifs au generał

en chef do la gardę na(ip-

nale. 99

Opinion du oomte Ostrowski sur cetle adresse. 100 La ddcision du 30 mai 1851

sur 1'impdt de reernto- m e n t e t le cosluroe de la gardę nationalę. 1(13 CHAPlTRE XI,

Opinion du generał comle Os­ trowski sur les soldals

juifs. 105

Sous 1’espionnage des Juifs en 1831, les martyres des Juifs innocents. Puszat.Szan, opi- nion du comle Ostrowski, Salomon Pozncr. 100-108 Le sort des espions et des lioa-

nStes Israelitescpii sont res- les fidiles au pays. 109 L*ordredu diclaleurChlopickl. 110 CHAPlTRE XII. L'emigratiou polonaisc en Fran«eetdaisd’autrespays, deuxi

£

mi

:

CHAPlTRE

Les Israeliles en gdnóral , la loi de Moise, du Talmud et des rabbins, etc. 1S7-162 CHAPlTRE II.

Nouvclle ćlude du Talmud, du ZoSr, de la Cabale, lespró- juges des Juifs en Poiogoe, ćte.

163-170 CHAPlTRE III.

(8)

VII Pages. CHAPITRE VI.

Encore sur le menie sujel. 1 9 8 -2 0 2 CHAPITRE VII.

Les Polonais ne seront pasin-jusles envers les Israeliles. 203 Tableau statisliąuc dc 1’ćlat acluel

des Israćlitcs en Pologne. CHAriTRE Ier.

Population. 2 0 5-207

CHAPITRE II.

Les Israćlitcs sous le rapport du commcrcc c l do 1'ihdus- iric cn Pologne. ! 2 0 8 -2 1 0 CHAPITRE III.

Du mouvemenl commcrcial ct industriel dans les v illcs de

Pologne. 211-214

CHAPITRE IV.

D e la moralite des Israćli-

« e s.' 2 1 5 -2 2 3

CHAPITRE V.

Costumes des Israćlitcs polo-

aais. . 2 2 4 -2 2 5

Les sccles juives. CHAPITRES I , II, III, IV, V. La sccfe des Carailcs. 2 2 6 -2 4 2 CHAPITRES I, II.

La secie dc Schabbćlhy-Zć

vy. 243-253

Pages. CHAPITRES I, II, III.

La secie des Frankistes. 2 5 4 -2 8 0 CHAPITRES I, II, III.

La secie des Cbassidims. 2 8 1 -2 9 6 La Rćforme.

CHAPITRE Ier,

Disscrlalion sur les Juif3 polo­ nais, sur rćuiancipaliou des Israćlitcs dans les aulres pays, sur 1'esprit du xixe

siecle, etc. 297-301

CHAPITRE II.

La raison sur 1’ćmancipation'des Juifs polonais d’apres I'hu- manilć etd 'ap res 1'opinion du comte Ostrowski. 302-307 C nA PITRE III.

Su r la religion cn genćral, et en parliculier des Juifs p o ­ lonais , sur leur civilisa-

lion, e lc . 308-312

CHAPITRE IV.

Plusieurs qucstions religieuses et talmudiques. 3 1 2 -3 2 0 CHAPITRE V.

Opinion sur le Talmud , Med- rasebime ct Hagadath. 3 2 1-332 CHAPITRE VI.

Sur les rabbins polonais, plan de rćforme, appel au xlsrać- lites ćlrangers, etc. 3 3 3-338 I .’liospice israelito i Varsovie,

la conlribution des Israćlitcs qui arriycnt 4 Varsovie

(T*c-■zettel). g jj

(9)

« Renie la foi de tes peres, oublie a jamais ton glorieux passó, renonce aux lois auxquelles pendant des siócles obeissait toute ta race, cesse d’adręgser tes prióres a 1’fitre-Supróme dans ta langue m aternelle, cróisa ce que nous croyons, accepte nos moeurs et nos usages, ou meurs! » Tel a ótó le langage, qu’au nom de la religion, tenaient les chretiens du moyen- óge, enm enaęantlsrael du glaive de l’extermination.

La race qui a donnć au monde Almse et le Christ, dispersóe aprós la chute de Jerusalem , demandait seulement aux nations civilisóes 1’hospitalitć et une place au soleil, et les ęhrótiens, tout en proclamant pour base de leur croyance 1’amour et la fraternitó, repoussaient leur prochain, violentaient leur cons- cience, pei^ócutaient leur foi et les livraient aux tor- tures des inquisiteUrs et aux supplices deś bourreaux.

II n ’y a pas un seul coin de 1’Europe ou le sang des Israćlites n ’ait laissó des traces de la tyrannie de leurs persecuteurs et de la persóverance des perse- cutes.

Bientót une ignoble politique changea de systeme. Sous le masque d’une hypocrite compassion, elle resolut de spolier la population qu’elle n ’avait pu dompter. On fit gr&ce aux condamnes, on retint la hache suspendue sur leurs tótes, on laissa vivre les m audits, on promit meme de tolerer leur presence, mais a la condition qu’ils paieraient 1’impót de l’air qu’ils respireraient. Si les Juifs voulaient elever un tempie i 1’fiternel, une ócole pour leurs pauvres en- fants, un cimetióre pour leurs morts; s’ils voulaient prier, travailler, il fallait qu’ils payassent une con- tribution qui leur arrachait jusqu’a leur derniere obole.

(10)

X

eut rendu tout ce qu’elle possedait, on la chassa. Les enfants, a peine sortis du sein m aternel, les femmes affaiblies, les vieillards courbes par l’age ne trouverent ni grace ni merci. Toute la race proscrite devait aban- donner les endroits ou reposaient les cpndres de leurs ancetres. Telle fut la conduite dę 1’Ęspagne , de lą Francy, de la Germanie.

Les exiles, en masse, traverserent les pays euro- peens, passerentde ville en ville, et partout la voix a o cnsatrice insultait a leurs roalhpurs. « Soyez maudits, vous qui avez empoisonne les puits, vous qui avez besoin du sang des enfants chretiens pour yqs cere- monies obscenes.» Le peuple egare n’eut ąucune compassion pour les martyrs,

(11)

per-xt

secution religieuśe. Alors Dieu benissait la Pologne,

heureuse et puissante sous le regne des Jagetlans.

Mais ą peine le prem ier jesuite eut-ił mis le pied su? le sol polonais, que tout changea. Le Cardinal Commandoni ne pouvait-en croire ses yeux, il voyait les Juifs polonais habilles comme les nobles catholi- ques, le sąbre au eóte. lis ótaient ricbes et respectós. §on indignation reveiłla la superstition et toutes les passiops. Bientót on defendit aux Juifs de porter des armes, on les relegua dansles coins sales des xilles, qp les foręa

de

porter une raarque sur leurs habits pour les distinguer des autres habitants. Lesextorsions de toutes sortes suivirent les persóeutifens; 1’anarchie

remplaęa la m onarchie; les villes, jadis puissantes,

commerciales, foyers de 1’industrie nationale et des richesses, s’ecroulórent, et avec elles, la puissance de la Pologne, qui, envahie, partagee, expialesabus de la noblesse anarchique et tomba victime des je- suites.

Sur la frontióre de la Pologne s’elevait une nation rivale, issue de la nieme race, jalouse, ambitieuse, entreprenante. Les princes de Moscou enviaient aux rois polonais leurs richesses et leur puissance. P ar es- prit d’opposition, ils adoptaient toujours un systeme et des principes opposćs. La Pologne ćtait catholicjue, la Russie embrassa le schisme; la Pologne ćtait libe­ rale et m onarchique, les princes de Moscou intro- duisirent un despotisme miiitaire. Casimir accueillit les Juifs, c’en fut assez pour que W ładimir et Ivan les repoussaśsent a jam ais, leur interdissent 1’entrće de leurs Etats. Aujourd’hui les princes de Moscou sont devenus maitres absolus de la Pologne. Deux millions et demi d’Israelites sont tombćs sous la domination des princes qui les regatdent comme des maudits.

(12)

XII

ant aimes. Compares a un vil betail, ils paicnt un droit en entrant dans les villes ou il leur est permis de resider. Chassćs, transplantes, ils paient l’impót de leur fortunę, de leur sang, et pour prix de leurs sacri- fices, ils ne recueillent que haine et mśpris. La ty- rannie barbare, aveugle, haineuse, sevit sur les en- fants. Dans une nuit, trente mille furent arraches du sein de leurs meres, pourąuitter la Pologne, pour fournir, un jour, a la Russie desmatelots capables, ou plutótpour m ourir en route de froid et de misere.

La persecution n ’a epargne ni l’śg e , ni le sexe, ni la condition. Quelquefois lavictime parvient a chan- ger de route, et au lieu de suivrele chemin de la Sibe- rie , echappe au bourreau, traverse vingt pays et arrive sur le sol qu’il suffit de toucher pour respirer l’air de la liberte. Quelquefois aussi un membre de cette grandę familie ne vient pas en France seulement pour se soustraire aux tortures, mais pour raconter le sort alfreux de toute sa race malheureuse. II en fut ainsi avec M. Lśon Hollaenderski, 1’auteur decet ouvrage.

Catholique, suivant les preceptes bien compris de ma religion, depuis quinze ans, je consacre ma plume et mes faibles moyens a la cause israelite, a 1’eman- cipation complśte de deux millions et demi de mes compatriotes de la religion de Moise. Si mon nom est parvenujusqu’a eux, si 1’auteur dece livreestvenu me raconter leurs malheurs, je ne 1’attribue pas a mes faibles talents, mais & la perseverance avec laquelle je mesuis devoue a cette sainte cause. C’est sur l’in- sistance deM. Hollaenderski que j ’ecris ces quelques lignes. II aurait du faire un meilleur ehoix. Celui qui a besoin lui-meme de toute 1’indulgence des lecteurs n’aurait pas du etre appele a les bien disposer en fa- veur de 1’auteur de cet ouvrage.

(13)

X III

et sa p a trie , i force de travail, il g&gne son pain quotidien, ćl£ve ses petits enfants et a trouvó encore assez de temps pour recueillir les materiaux de l’his- toire et de la statistique de sescoreligionnaires.il reso- lutde dechirer le voile qui couvre, aux yeux des nations occidentales, le hideux tableau dont la barbarie mo­ dernę offre un douloureux spectacle dans le nord-est de 1'Europe; que d’obstacles n’a-t-il pas eu & vaincre?

N’ayant d’autre fortunę que son travail, comment a-t-il pu trouver les ressources indispensables a une publication? Etranger, comment traduire ses senti- ments dans une langue qu’il commence a peine a etudier? Brise par les adversites et les persecutions, comment pourra-t-il donner a son ceuvre cette formę attrayante, ce charme qui distinguent les productions, des auteurs franćais? Mais rien ne l’a arrete pour- atteindre le noble but qu’il s’etait propose. Souvenfr, je soutins son courage, je lui parlai de la bienveil- lance de la nation librę qui etudie avec patience et sympathie les souffrances des pcuples opprimćs. Je suis heureux si mes faibles encouragements ont ćte pour quelque chose dans sa perseverance. IJauteur connait bien tout ce qui manquc a son ocuvrc sous; le rapport du style. S’il avait ambitionne la palmę d’un ecrivain, il aurait attendu encore, ou peut-etre il aurait confie son manuscrit a une main plus capa- ble. Mais son ouvrage n ’est pas une ceuvre littćraire, ce n ’est que le cri d’une victime, 1’echo de la dou- leur dc tóute une race persecutee. Quel est rhomme- de cocur qui refuserait de venir au secours des mar- tyrs, parce que la vóix de leur douleur n ’est pasetu-- diće ou harmonieuse.

(14)

XIV

dans un avenir peu eioigne. C’est un dramę palpi- tant d’interet, jusqu’a ce jour inconnu, qu’il presente aux regards de 1’Europe. Le genie franęais saura, de ces elements reunis, creer une ceuvre capable de re- veiller la population opprimeej et chiltier, comme il le m erite, 1’absolutisme barbare qui nage dans les larmes et le sang de deux milłions et demi d’Israeli- tes polonais.

C’est un travail utile qu’a accompli M. Hollaen- derski. Au nom de mes compatriotes chretiens, je lui rends grkce pour les lumieres qu’il a jetees en nous tracant les moeurs, les usages, les defauts et les qualites des dificrentes sectes dont les Juifs polonais se composent. II a bien fait d’avoir voue au mepris les miserables qui, sortis de la race juive, jettent la pierre sur leurs anciens eoreligionnaires pour se faire par- donner 1’origine dont ils rougissent, et il a encore mieux agi en signalant tout ce qu’il y a de beau et de grand dans le caractere des Israelites polonais.

L’auteur peut etre tranquille sur l’avenir de son oeuvre. II parait devant le public franęais avec 1’approbation d’un homme q u i, par son savoir et ses merites, s’est eleve au sommet des desirs de ceux qui consacrentleur vie a la scienceet a 1’etude. M. Franek, de 1’Academic francaise, celui dont le style coule clair et limpide comme les eaux d’une riviere pendant un jour calme et serein, a reconnu Tutilitó de son osuvre, lui quiavait le droit d’etre difficile, a oublić la formę, preoccupe de 1’importance du sujet.

Les lecteurs genereux imiteront cet exemple et por- teront toute leur attention sur le sort dc ces parias qui, avec 1’aide de la presse francaise, echapperont aux tortures et aideront un jour la Pologne a relever au bord de la Vistule, 1’industrie, les arts, les Scien­ ces et la vraie liberte.

(15)

PREMIERE PARTIE

(16)
(17)

A M.

Leon Hollaendershi.

M

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U

j

R,

J’ai lu aVK intćret, soiłxent avec ćmotion, votre ouvrage sur les Israelites de Pologne. II sera utile, je n’en doute pas, a cette population de deux mil- lions et demi de p a r ia s , dont on n ’a guere parlć jusqu’a present que pour insulter a son abandon et a sa misere. Vous, m onsieur, vous avez voulu, avant tout, la faire connaitre, persuade que la verite est sa meilleure defense. Vous racontez avec impartialite son histoire, si ignoree encore parmi nous et dans le pays meme qui en est le thć&tre. Vous tracez, d’apres vos souvenirs et votre experience, le ta­ bleau de ses moeurs, de ses usages, de sa vie inte- rieure et exterieure, sans exagerer ses qualites, sans deguiser ses vices, son fanatisme et son abaissement morał, car ce n ’est pas 1’esprit de caste qui vous inspire, c’est la cause de 1’humanite que vous plai- dez; e t , pour reussir dans cette noble entreprise, vous deviez signaler, dans toute leur etendue, les effets devastateurs d’une oppression seculaire.

Vous avez su aussi, en les resumant, enrichir de details nouveaux les savantes recherches de Peter- Becr et les spirituelles revelations de votre compa- triote Salomon maimon sur les sectes religieuses qui divisent les Juifs polonais.

(18)

XVI

a votre ceuvre 1’attention dont elle est digne et qu’elle aura le genre de succćs que vous ambitionnez avant tous les autres, mais qui ne les exclut pas.

Recevez, monsieur, etc.

Signe : Ad. FRANCK.

(19)

1

< JÓjsus—Christ n’a pas dit mon sang lavcra ceh ii-c^ el non ćelu i lb. 11 est mort pour los Juifs ot IcsG cnlils, et il n’a vu dana tous les hommes que des freres. »

( Aiala, Ciutkaubriaicd, 1 8 0 5 , page 1 0 6 .)

Les chroniques polonaises ne s’accordent pas sur l’6po- que oh les Israelites arriverent dans ce pays. AprósPintro- duction du ehristianisme en Pologne, les seigiteurs polo- nais et le nouveau clerge rivaliserent de żele pour dótruire toutes les traditions, ainsi que tous les monumehts du paganisme, eteffachrent ainsi jusqu’aux traces du temps passe. Les plus anciennes traditions nationales commen- cent avec le prince Mieczyslas, c ’est-h-dire au milieu du neuvióme sifecle1.

1 La dispersion (an 997) (G ani, Zimach David, pag. 181) arrivie en Orient contribua & les mulliplier en ce pays-li, et dans les royaumes yoisins, comme la Hongrie et la Pologne. Villalpand (in Ezech. tom. 3,

(20)

2

L’historien Naruszewicz soutient que 1’etablissementdes Juifs en Pologne a prócede de beaucoup les chroniques les plus anciennes de cepays. D’autres historiens pretendent qu’au tempsdes persócutions des chevaliers Porte-Glaives en Allemagne, un grand nombre de Juifs chercherent et trouvórent un asile et une hospitalite en Pologne* 1 2. Nous croyons pouvoir concilier ces deux opinions qui semblent se contredire au premier abord. Nous pensons que les Israelites etablis au nord de la Pologne y arriverent au commencement du onzieme siecle d ’Allemagne ou regnaient alors d’affreuses persecutions contrę eux’, tandis que dans les provinces meridionales, les Israelites semblent avoir ete etablis a une epoque beaucoup plus eloignee. II y a une grandę apparence qu’ils y arriyerent au temps des

c. 58, pag. 543) les fail beaucoup plus anciens dans ce dernier royaume, parce qu’il avait appris de rambassadeur dc Pologne a Naples qu’on y avait ouvert un tombeau, dans lequel on avait lrouvó un corps d’une si prodigieuse grandeur, quel’anncau qu’ilportait au doigl pouvait servir de bracelet, et enlrer dans Ic bras d’un juif qui reposait la depuis les temps heureux, ou la republique d’Israel florissait; car on y trouva un grand nombre de sicles d’argent, commc sont ordinairement ceux des Juifs, et puis qu’Agrippa assuratl que cettc nation avait penetre fort avant dans le pont, on ne doit pas douter qu’elle n’eut passó en Pologne long- temps avant la naissance du chrislianismc. (Basnage, histoire des Juifs, 1706, l. 4, pag. 1089).

1 W. Grabowski rapporte dans son ourrage sur les Juifs polonais (Ad. de 1611; § i), quc cc ful vcrs fan 1096 que l’on vit les premiers Juifs cn Pologne.

2 Leur arrivće des pays de FAllcmagne est cncore prouvee par l*a-

nalogie qu’on trouve dans leurs cerómonies et leurs prióres avec celle des Juifs allemands (‘). Leur idiome, qui est un allcmand tres vieux, monlre ógalcment leur origine commune dans les temps trós anciens.

(21)

3

inyasions des hordes barbares qui se poussaient alors de 1’Orient & 1’Occident. Dans une lettre au ministre Abd-el- Rahman au roi des Khazars, il est fait mention de deux Israólites polonais : Marc Saoul et Marc Joseph, venus h Cordoue avec les envoyós de ce prince1. M. Carmoly dit dans son ouvrage : que l’existence des Israólites en Po- logne remonte a une ćpoque peut-ótre fort rapprochee de la fpndation de Gette monarchie, puisque on en comptait dójkuń grand nombre sous Zimomislas. Sur le sommet du Caucase, la religion de Mpise est adoptee et professóe par le roi de Khazars, ce qui donnę lieu de croire que les Israólites n’y ótaient pas en petit nombre et qu’ils y exer- ęaient une grandę influence. De Ih, ils s’introduisirent dans les protyinces russes et polonaiseś, oh ils s’occupaient du ęommerce, d e 1’óchange des produits agricoles et ser- yaient d'intermediaires entre le nord et le midi.

Czacki, dans son estimable óuvrage (Dissertation sur les Juifs, Rozprawa o Żydach), semble confirmer ce que nóus venons d ’avancer. 11 dit aussi (pag. 69): qu’un geographe arabe, Ebn Haukel, vivant au commencement du dixióme siócle, atteste qu’il eżistait un royaume, repute pour son agriculture sur les bords du Menod-Atel ou Yolga, dont Je roi ótait un Juif. 11 avait 9 cadis et 1,200 soldats; dans są capitale nommee Bat, les habitants de diverses croyances jouissaient des memes privileges.

Massandi, un autre geographe arabe, contemporain dE bn Hankel,affirme que dans la capitale des Khazars se ttouvaient egalement des Juifs, que leur roi etait un Israe- lite et que leur capitale s’appelait Amot.

(22)

4

rien, ettousles chroniqueurs russes s’accordent que les Juifs s’ćtablirent dans ce pays avant lc dixifeme sifccle.

Nestor raconte que les Juifs du royaume des Khazars voulaient enlrainerpar leurs discours, Władimir, grand duc de Moscovie, a adopter leur religion *.

Dans la bibliotheque du Vatican. on trouve des livres publies par les Israelites de la Russie, de Fan 1094.

Yincent Kadłubek,chr. polon.,fait mention pour la pre- miere fois, des Juifs, Fan 1176. Les chretiens, d’apres son recit, par manihre de passe-temps, attaquhrent les Juifs; Mieczyslasle Vieux, prince de Pologne, et les autorites d’alors les prirent sous leur protection. Les chrótiens furent punis comme etant les agresseurs.

Des lettres patentes du treizieme siecle (de 1’annee 1203 et 1207) attestent que les Juifs pouvaient acquerir des pro- prietes territoriales; car il y est fait mention de villages qu’ils possódferent par droit d'heredite.

Boleslas, prince de la grandę Pologne, accorda, en 1264, aux Israelites quelques privileges que Casimir-le-Grand etendit a toutes les autres provinces.

Ce grand monarque etait souvent oblige de punir avec sevćriie les moines et les nobles qui cherchaient a con- trarier ses vceux paternels. Sensible aux malheurs des paysans et de tous ceux qui, gagnant un morceau de pain bis a la sueur de leur front, etaient exposes a la barbarie de leurs seigneurs inbumains; il etait empressó a les pro- tóger et chercha a relever les villes en y faisant fleurir le commerce et 1’industrie, ce qui lui valut, de la part de la noblesse , d’etre appele par derision le roi des paysans

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(kroi chłopów). Ils ne s’aperęurent pas qu’en luidon- nant le surnom de roi des paysans, ils 1’honorórent sans le vouloir, du plus beau titre qu’un grand prince puisse ambitionner.

Casimir-le-Grand avait reęu aussi le surnom d’As-

suerus, pour insinuer que malgre ses grandes qualitós

et ses sublimes vertus, il n’etait pas exempt des passions humaines. lmpressionable et sensible aux charmes des femmes, et aussi inconstant qu’il etait vif, ilchangeait sou- vent de maitresse jusqu’a admettre dans sa couche royale une juive d’une beaute ravissante, nomme Esterka, nee a Opoczno. II la prefera a Adelaide, filie du Landgraf de Hesse, et il eloigna egalement de son palais la belle Roki - czana. princesse de Boheme. II eut d’Esther deux fils: Nemir et Pełka1. Ceux qui analysąient mai les choses, attribuaient a ses passions sa bienveillance royale envers les Juifs, emus par la jalousie et les prejuges, ils le com- parerent a VAssuerus de la Bibie. Mais quand on reflechit serieusement, on voit que la Pologne d’alors etant couverte de foróts immenses et ayant peu d’habitants et manquant de villes, 1’industrie et le commerce etant a creer, Casi­ mir-le-Grand ne pouvait rien faire de mieux que de pro- teger les Juifs. Qu’on consiaere qu’il batit 70 villes et que ce fut lui qui dota la Pologne d’ecoles et de lois, cela seul suffit a prouver que son esprit etait trop eleve et trop

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noble poiir attribuer des motifs si bas aux actes de sa haute politiąue.

Les sages lois de ce grand prince, a l’exócution des- ąuelles il veillait lui-meme, ont produit pour resultat que les Juifs, dćcimes en Allemagne et persecutes dans toute 1’Europe, vinrent chercher un asile sur les bords de la Vistule. Ils y fonderent des colonies et des villes, etabli- rent des ateliers et s’enrichirent en enrichissant le pays. L’ordre equestre polonais avait de la repugnance pour le commerce; ce furent donc les Juifs qui s’en occupórent exclusivement etqui elevaient des fabriques et exeręaient tous les metiers. La monnaie et les matieres premieres pas- saient toutes par leursmains.

C’est i cette epoque qu’ils etablirent des greniers im- menses appeles du nom de leur bienfaiteur : Kazimierz, dont on voit encore aujourdhui les ruines entre Cracovie et Lublin. A Cracovie le batiment monstre Sukiennięa, ainsi nomme parce qu’on y fabriquait les draps pour tout le royaume, etonne les yoyageurs par sa magnificence, et temoigne de la noble bienveillance du sagę roi.

Czacki soutient avec raison que ce n etaient pas seule- ment les Juifs polonais mais aussi des Juifs etrangers qui fournirent a ce roi les capitaux necessaires pour elever les 70 villes dont nous avons parle plus haut. « Sous ce digne r o i, dit Czacki, les chretiens ne meprisaient point les juifs; comme il prosperaient tous a 1’ombre de la li- berte, ils benissaient et remerciaient le c ie l, le chretien dans son ćgliseet 1’israelite dans sa synagogue, du bonheur de vivre dans la mćme patrie et de jouir d’une justice ógale. »

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Juifs pour aćoabler pes derniers et leur attirer, au łieu de la sympatbie royale, la baine universelle.

Ce peuple, qui apportait en Pologne ses capitaux, y elevait des fabriques et donna par la une nouve)le vie b 1’industrie polonaise, on osa 1’accuser du crime aussi absurde qu’il serait atroce, d’employer du sang d’un enfant chretien dans leurs ceremonies religieuses. Le roi ordonna de faire des recherches sur ce pretendu crime, et s’etant convaincu de 1’innocence des Israelites, il publia un ć d it, pu il disculpa les Juifs de cette ac- cusation aussi barbare que ridicule; et en commemora- tion de ce fait, il fit batir une óglise a Cracovie, sous le nom des chanoinej reguliers.

Nous ne pouvons pas nous dispenser de donner ici quelques extraits des statuts dc Boleslas, approuves par Casimir-le-Grand et mis en execution dans tout son royaume.

Ces statuls feront connaltre deux choses : '1 ’ La justice des rois de Pologne;

2° L’esprit etroit et barbare de 1’Europe a cette epoque, qui reprochait au grand roi de Pologne son exces de bien- yeillance pour les Israelites.

1. «Lorsqu’il se trouve une alFaire contrę un Israelite, ou il faut des temoins, le juif doił ćlre confronte avec ces temoins, dont deux doivent 6tre catholiques et le troi- sieme un juif connaissant bien les lois israelites. »

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2. «11 est permis aux Israelites de prendre toutes sortes de gages exceptó les efFets des eglises. Si V effet se trouve ótre un objet vole, le juif est force de declarer avec ser- ment qu’il n’en savait rien et doit rendre en argent la moi- tie de la valeur de cet effet engagć. »

3. « Dans 1’affaire du degagement d’un objet apparte- nant a un chretien, le juif a le privilege de plus que le chretien de nier l’objet engage ou de soutenir qu’il l’a pris pour telle ou telle somme, etc. »

i . «Lesamendes provenaut des querelles entre Juifs nappartiennent pasau jugede la ville, maisdoivent ćtre versees dans le tresor du prince rćgnant. Le noble doit payer pour des blessures faites a un juif, la mćme amende que pour celles faites a un noble.»

5. « Aucun droit ne sera peręu pour le transport des morts. Le chretien, qui degradera un cimetićre juif, sera puni de la confiscation de ses biens.»

6. «Celui qui jettera des pierres sur une synagoguesera condamne a payer au starostę une amende de 2 livres de poivre. »

Le poivre etait alors une offre tres precieuse, parce qu’il etait tres recherche et rare. Aujourd’hui encorc, pour conserver la memoire de la levće de 1’octroi, les negociants de Worms et de Bomberg envoient les jours anniversaires de ce privilege, unelivrede poivreaubourg- mestre de Francfort.»

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8. « Si on n’a pas de preuves positives contrę des per-sonnes accusees d’avoir assassine un juif, on doit en aver-

tir le prince regnant. » • ■

9. « Dans la procedurę Cbntre des Juifs, touchant l’as- sassinat d’un enfant chretien, il faut trois temoins chretiens etautant de juifs. L’accusateur qui ne prouvera pasie crime subira le móme chatiment qu’aurait subi 1’accuse s’il en avait ete comaincu .

40. « II n’est pas permis aux Juifs de voler des enfants; celui qui en volera un , sera puni commfe un voleur. »

11. « II est permis aux juifs d’acheter toules sortes de marchandises, de toucher au pain et a d’autres produc- tions.»

Quand on reflechitque le fanatisme et la superstition de ces temps-la repandaient partout cette' calomnie que les Juifs avaient besoin du sang d’un enfant chretien1*, et qu’on se rappelle qu’on ne se faisait- point de scrupułe de les en accuser injustement , on comprendra pourquoi

i Od auraij^tort de s’etonner que quelques fanatiques de ce tcinps- la aient eu ces idćes chimeriques sur 1'emploi du sang d’enfants chróliens dans les cerómonies des Juifs, puisque nieme aujourd’hui, dans ce siecle si óclaire, un illustre corale polonais, le góneral Oslrowskij se permet de dire, dans son ouvrage sur la reforme des Juifs, page 16 : < On ne pcut aucunement nier la possibililó du crime du massacrc des enfanls chre- liens; car les procedures judiciaires nous ont conseryó des lemoignages de ccs crimes et de leur punition. >

Nous regrettons vivemenl que cet auleur ne se soit pas formę une opinion sur ce sujel. S’il s'elait seulement donnę la peine de lirę ce que J. Tugendhold en d i t , dans ses ócrils (Obrona Izraelitów) , il y aurait trouvć des preuvcs dignes de foi de sónaieurs et d‘inquisiteurs contrę l’im- putalion injustc d? ce genre de crime.

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la loi exigeait des temoins Israelites aussi bien que des tómoins chretiens avant de punir ce crime. Le supersti- tieux chanoine Żukowski pretend que dans 1’espace de 300 ans les Juifs massacróreńt 86 enfants chrótiens. II est vrai qu’on trouve deux decrets qui condamnent les juifs pour ce pretendu crime; cela est penible sans doute , mais ces decrets s’appuyaient sur des aveux ar- raches par la torturę. (Voyez, k ce sujet, l’aveu de M. Tu- gendhold dans son ouvrage : Defense des Juifs, Varsovie, 1831

1 Le fanatisme ridicule 11’est pas encore tout A fait śteint dans les Cours chrótiennes, meme de nosjours, comme nous n’en avons que trop souvent des exemples. Outre 1’affaire recente de Damas, en voici un aulre :

< Nolre ville (Tarnów en Galicie) vient d’etre le thśAtre d’une emeule contrę les Juifs, semblabie a celle qui eut lieu, il y a quclqucs annćes, a Damas en Syrie.

> Un petit garęon Age de neuf ans disparut subitement de chez un sieur Dellemba, son tuteur, peu de jours avant la PAque des Israelites : et cn móme temps le bruitse repandit que cet enfant aurait ćte enleve par les Juifs de nolre ville, qyi 1’auraienl egorge et cmploye son sang comme in- grćdienldans les pains azymes qu’ils venaient de fabriqucr.Aussilót, toute la populalion s’ameuta et envahit le quartier des Juifs, qu’elle parcourut en toussens, en vociferant des imprecations contrę ceux-ci.

o DójA pluśieurs yoies de fait avaient ete commises contrę les Israelites, et contrę leurs proprićtes, lorsque enfin, la police jugea a propos d’inter- venir, mais au lieu d’agir comme elle aurait dd le faire, c’est-a-dire, de proteger les Juifs contrę les injustes attaques dont ils ćlaicnt 1’objet, et au lieu de faire comprendre auxfanaliques 1’absurditć de leur accusation, elle lit tout le conlraire; elle donna raison aux adversaires et sevit contrc es Juifs. Toutes les troupes de la garnison de Tarnów et celles qui sc trouvaient dans les environs, furenl rćunies dans cettc ville.

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u

La mort du grand roi, fait ópoque pour la decadence des villes en Pologne et pour le changement du sort des israe- lites. Une destinee fatale pour la Pologne, a voulu que

agents pousserent leurs recherches eficore plus lo in ; ils levśrent les par- quets de toutes les pifcces et brisćrent les lambris de revćieroent. A la boulangerie juive, ils saisirent touslespains azymeset loutesles cendres tjui furent soum:s les uns et les autres a de nombreuses analyses chi- miques.

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trajte-12

Casiroir-le-Grand ne laiss&t pas d’heritier lógitime. II avait deux fils d’Esther, ce q u i, sans doute, augmentait son amour pour cette belle israelite; mais tout ce q u i, de son

ment que lui faisait subir son luleur. Aussitót, le blocus des rues du quarlier des Juifs fut leve, ct lcs Israelites detenus furenl mis en liberie. On ramcna processionnellement, el comme en triomphe, l*enfant a Tarnów, et alors il sc passa dans les rues de ccitc ville une sceno a la fois tou- chanteet grotesque. Toute la nombreuse population juivc se prócipilasur lc passage de Fcnfant, et chania a pleine voix des hymnes hebrai’ques, pour rendre grice 5 Dieu de l’avoir delivree de Fafiliction e l des pćrils ou elle sc trouvaii naguere.

* Le pupille du sieur Dellcrnba a ete inlerroge par un juge d’instruc- tion et voici, s’ił faul ajouter foi auxparolcsde cetenfant, ce qui aurait eulieu . M. Dellembaavait depuis longtemps une grandę animosile contrę les Israelites, el ii avait conęu le projet de leur jouer un mauvais tour. A cet effel, il engagea son pupille a aller dćclarer i la police que les Juifs voulaient l’enlever, et comme Fenfant rcfusait óbstinćraent de le faire, M. Dęllcmba Fen ferma dans une pelile chambre, et lui dit qułil ne scrait remis en liberló quc lorsqu’il lui aurait obći.

» fen fan t pawint a s’ćvadcr et se refugia chez un de ses parents, de- mcuranl dans un yillagc pres dc Tarnów, ou bicntót M. Dellemba le dć- courritet voulul le forcer a s’cmbarquer sur le Dniester: mais dans le mo­ ment menie ou ils allaicnl monter sur un n»vire, quelques Israelites de ceux qui parcouraient le pajs pour rechercherle pupille deM. Dellemba, survinrcnl, s’emparerent de Fenfant et le ramcnerent & Tarnów.

» Immćdialement apres que M. Dellemba eut enfermćcnez lui son pu­ pille, il courut declarcr a la police quc cet enfant avait disparu, etqu’il soupęonnait les Juifs de l ’avoir cnlcve, pour Fegorger etm ćier son sanga la p ile des pains azymes. Aussitól apres, le conseil du cercie dc Tarnów se rćunil, et apres avoir pris connaissance de la declaration du sieur Dellemba, il lit inviter Farchevćquc dc Tarnów a assisler a sa seance. Lc prćlat se rcndil a cette invitation et emit Favis qu’il faudrail faire les perquisilions lcs plus minulieuses chez les Israćliles. Cet avis fut parlage par le conseil, qui sur-le champ, lit prendre les mesures rigoureuses que Fon sait.

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vivant, causait le respect pour sa maltresse, devint, aprfcs sa mort, un motif de haine et de vengeance. Nemir et Pełka, enfants naturelsdu roi, disparurent comme victiraes de la noblesse jalouse et peut-ótredesprótres courroucós. On craignait que ces deux bhtards du grand roi et de la juive n’exeręassent une influence dangereuse sur le pays, la couronne et la religion. Appeló sur le tróne, Louis, roi deHongrie, fit connaltre bientót, ee que la Pologne devait espórer des rois ótrangers. Louis, plus attache alaH on- grie qu’h la Pologne, gouverna cette dernióre par ses lieu- tenants. Pour conserver le pouvoir, il devait flatter les óvóques et la noblesse; mais les habitants des villes et particuliórement les Juifs aussi bien que les paysans, fu- rent livres de nouveau au despotisme des seigneurs, fiers, oisifs et sans pitie. Les Juifs durent quitter les villes. Cer- tains bruits circulaient alors qu’Esther, qui naguóre ótait au falte des grandeurs et rópandait les faveurs a pleines mains, ne pouyant supporter son humiliation et le mepris d’anciens flatteurs, ayait terminó sa vie, en se jetant par une fenótre. D’autres soutenaient qu’elle etait inorte de chagrin et de misóre. Cependant tous ces bruits ńe sont pas fondes. Les habitants de Cracovie, montrent encore, dans le jardin royal de Lobzow, 1’endroit ou fut enterróe cette femme cólóbre.

Les Juifs q u i, sous la protection de Casimir-le-Grand, avaient adopte le costume national polonais , qui b&tis- saient de grandes y illes, faisarent venir de grands trósors, aprós sa mort furent obligós de porter des bonnets jaunes

avec une grandę bienveillance, et lout porte & croire que justice sera faite * *.

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pour 6tre reoonnus au premier coup d’ceil. Et c’est ici que commence une longue chalne de machinations fanatiques de quelques prćtres, pour faire hair par le peuple polonais toule la race juive.

En 1407, le pretre Budek, monte en chaire, abusade la cródulite de ses ouailles, en se mettant a dire et repeter, qu’il venait de recevoir une horrible nouvelle, mais qu’il n’osait pas la publier de peur que la vengeance tou- jours juste du peuple, ne le conduisit trop loin. Cette dis- cretion feinte, redouble la ouriosite de la foule, elle presse le prótre de revóler le secret; elle hurle et menace, enfin le prótre s’ecrie : les Juifs ont crache sur la sainte hostie! Et sur le champ le peuple fanatise se rue sur les Juifs : les femmes, les vieillards , les enfants, rien n’est epargnć , et un carnage effroyable dure a Cracovie jusqu’a la nuit

Stanislas de Kazimierz prćchait devantLadislasJagellon, roi de Pologne, qui s’etait nouvellement converti, et cher- chait a inspirerćce monarqueune haine implacable contrę les Israelites. Du reste on les accusait assez góneralement de ne pas eacher leur haine pour les saints sacrements et surłout de percer de coups de couteau la sainte hostie.

C’est sans doute de pareillesimpostures, systematiąue- mentmuries, propagees, qui furenteause, qu’aujourd’hui encore, dansles villes polonaises, pendant les procession6, les Israelites se cachent et ferment portes et fenćtres, de peur que le peuple, induit en erreur, ne se porte a quelque violence envers eux. Chez les Juifs superstitieux, ce fait a oocasionne une defense au nom de la religion, de ne ja- mais regarder les saintes ceremonies des Chretiens sous peine de quarante jours d’excommunication (chairim).

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Ceux qui ne veulent pas approfondir la vie historiąue des Israelites, disent que ce sont eux qui se tiennent h l’e- cart desChretiens, constituent toujours un peuple a part et ne reconnaissent aucun pays pour leur patrie. L’histoire des villes de Pologne, prouve que cette demarcation et le manąue de fusion avec les autres peuples doivent ótre at- tribues aux gouvernements chretiens. Tant que les Israe- lites vecurent sous le roi Gasimir-le-Grand, ils ont adopte volontiers le costume polonais, et les usages du pays, ils se contentaient des tribunaux et des lois des Chretiens. Mais lorsque la noblesse et le clerge se sont laisses influeneer par les prejuges et ont employe toute la violence que le fa­ natisme religieux leur dictait, les Israelites furent reduiłs a la condition la plus miserable. D’abord on leur ordonna: 4° de porter des bonnets jaunes; et despieces rondes, en drap rouge, sur leurs habits; 2° il futdefendu aux Chrś- tiens de manger et de se trouver en compagnie avec eux; 3° ils etaient exempts du service militaire et exclus du service civil; 4° on leur dósigna pour sejour des quartiers separes des Chretiens; 5° on les surchargea d’impółs que le peuple polonais ne supportait pas. Toutes ces mesures, prises ensemble, ont exclu les Juifs du droit commun, Le mepris, les prejuges, la haine sont les resultats ine- vitables d’une conduite aussi injuste et aussi impoli- tique.

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sordre sanglant, punit tous ceu'x qui permirent au peuple de le coramettre \

Sous Sigismond Fr, les Juifs persecutes et depouilles en Boheme, ont reęu lapermission devenir chercher unasile en Pologne, pour s’y ranger sous les memes lois. Le sy- node, c’est-a-dire les notables israelites polonais adres- sferent a leur co-religionnaires 1’appel suivant:

« Jehoya a de nombreux Sephirothes'. Adam nous donna la preuve des differentes perfections. Un israelite donc ne doit pas se borner a une seule science. La premi&re science est sainte, mais les autres Sciences ne doivent pas ćtre omises pour cela. Le meilleur des fruits est la pomme du paradis, mais faut-il pour cela ne point gou- ter d’autres pommes? Toutes les Sciences sont de l’inven- tion de nos pferes, et celui, qui n’est pas impie, trouvera 1’origine de tout notre savoir dansles livres de MoTse. Ce qui a ete la gloire de nos peres, ne peut pas tourner maintenant enhonte. II yavait des juifs a lacourdes rois. Mardehey fut savant. Esther fut sagę. Nehemie fut con- seiller persan et sauva le peuple de l’esclavage. Appli- quez vous aux Sciences, soyez utiles aux rois et aux sei- gneurs , et tout le monde vous estimera. II y a autant de juifs sur la terre que d’etoiles au ciel, et de grains de sable dans la mer, mais cbez nous, ils ne luisent pas comme les etoiles et tout le monde nous foule aux pieds,

i Les sephirothes sont la partie la plus secrele de la cabale. On ne parvient a la connaissance de ces ćntanalions et splendeurs diyines qu’a- vec beaucoup d'ótude et de travail. C'esl la lehaut degró de la thóologie contemplative qui charme et qui enchante ccux qui y sont initiós. II y a dix sephirots: la cooronne, la sagesse, Vinlelligence, la force ou laaórd-

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comme le sable. Notre roi est aussi sagę que Salomon, aussi saint que David, ii a aupres de lui un autre Samnel presque proptóte (il est qnestion ici du celebre chancelier polonais Samuel Maciejowski). 11 regarde son peuple comme uneforót immense. Les vents jettent la semence de tous les arbres et personne ne demande d’ou viennent les plus belles plantes. Pourquoi donc notre tódre du Liban ne s’ólóverait-il pas au milieu des gazons. i>

Si nous croyons Jacques Zaborowski, le roi Alexandre, se soumettant aux remontrances du clerge, aurait voulu chasser tous les Israćlites de la Pologne. Przyluski loue Alexandre d’avoir refuse les offres d’argent que lui fai- saient les Israelites menaces. Czacki fait observer que ce roi aurait mieux fait d’accepter ces offres volontaires, d’enrichir son tresor et de proteger les innocents.

Nous croyons utile de citer ici une circonstance dont nous trouyons les traces dans 1’histoire :

Pendant les discordes religieuses, lesChretiens voulurent faire des Israelites leurs prosćlytes. Ón pretend que ceux- c i, au contraire, en indiquant les erreurs des differentes sectes, avaient pour but de leur faire adopterla religion de Moise. Cette tentative fut cause de nouvelles persćcutions. Le clerge, non-seulement en chaire, mais par des publica- tions de tout genre, excitait lahaine publique contrę eux. Les Juifs, menaces et effrayes s’adressćrent au sułtan de Turquie pour obtenirun asile dans ses ćtats. II est coimu' qu’un grand nombre d’Israólites de cette epoque, victime des persecutions, quitta la Pologne et s’ćtablit en Yala- chie, (Pauties furent arrótćs '

i Cette circonstance est eiprim će dans une leure de Sigismond 1 it P ierre K ni*tla, le 9 ju illc t 1 6 4 0 , qui plaidajl fortcjnent la cause des Juifs.

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o

Parmi les ecrits dont les traces sont rostóes jusqu’a ce jour, nousciterons : De stupendis criminibus Jud(vorum, l'.)ii ,

Cracouiee. L a, 1’auteur inconnu exige que. les synagogues israelites soient abolies. Entre les crimes particuliers que l ’on imputait aux Juifs, il y en a qui reellement portent le eachet d’une ignorance surprenante : les Juifs achetaient des bceufs en Valachie et les vendaient a 1’ćtranger : on a dit tout dc suitę que c e ta it pour affamer le pays. On leur a defendu, sous peine de m o rt, de faire le commerce des chevaux, sans doute. parce que les guerriers polonais trou- vaientleur compte en les prenant gratis, ou aun prix bien minime chez les paysans qui n’en connaissaient pas la vć- ritable valeur.

Dans la diete polonaise, les uns voulaient les chasser, d a u tre sle u rin te rd ire le commerce. Un petitnom breseu- lement youlait les admettre a la jouissance de tous les droits

Jetons un coup d’oeil sur la loi qui concerne les Juifs sous le regne de Sigismond. II leur etait defendu de pren- dre en bail des reyenus de 1’octroi, ilsne pouyaient exer- cer des emplois quelconques et faire le commerce dans les villages. Les Juifs qui habitent les v illesetles villages appartenant au ro i, ne doivent pas compter sur sa proteclion. lis payeront un double impót pendant la guerre

-''Ordinaireinentleshom m es supćrieursparleurslum ieres, leurssentiments genereux etleurs positions, sont au dessus des prej uges et d el’obscurantisme. Cependant, en vain nous

i Czacki.

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parcourons lęs livres des savants polonais, des eerivains catholiques, aussi bien que protestants, ont quelque ohose de commun dans leur haine contrę les Israelites; souvent mfeme, le papę et les evćques se montraient plus justes eńvers les Juifs que 1’ecole protestante.

. Rey de Nagłowic foudroie les Juifs dans ses ecrits, Przyluski egalement, professant les doctrines d’Augs- bourg, les attaque avec plus de frenesie que Tillustre Hosius, evóque et Cardinal ęatholiqne. Kamieniecki, eive- que de Bialobrzez, fait appel aux chretiens pour qu’ils massacrent les Juifs, s’ils ne veulent.pas etre massacres pareux,

Les Israelites etant repousses de toute communauteayec les Chretiens, depuis que le statut de :Casimir-le*Grand avait cesse de les proteger, se gouvernaient de la maniere suivante : les constitutions de temps a autre s’occupant desJuifs, formentune longuećhaine deloisexceptionnelles, dimpositions, de punitions, de prohibitions contrę eu x ; mais iious n’v trouvons point de lois qui reglent les procós et les differends entre eux et les Chretiens, ni entre eux mćmes. II paralt que cette exclusion des Juifs de toute protection, a fait qu’ils durent adopter les livres du Talmud et de Moise pour leurs lois, et les rabbins pour leurs juges. Notre supposition a ćet ógard se trouye justifiee par la de- cision ulterieure du roi Sigismond-Auguste, qui permet a 1’autorite des Juifs de Posen, d’appliquer leurs lois de Moise a tout crime et mćme la peine capitale, et il ordOnne au grand-general de la Grande-Pologne, de faire exócu- ter ses sentences '. Sous le rćgne du mćme roi, on foręait

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los Juifs i) foui nir 1‘argent a tres bas prlx a la nionnaie, tandis quc fon retrecissait leur cornmerce e t que l’on de- fendait aux Chretiens de servir et travailler chez les Juifs. Le móme monarque ordonne aux Juifs de Lithuanie d’obeir a leurs propres autorites religieuses, et il leur defend de porter des chaines en or et de ricbes mćtaux ou pierreries sur leurs ceintures el arm es; quant a leurs femmes, elles ne pou vaient s habiller selon leur fortunę et leur bon plaisir on leur permit seulement de porter des bagues avec l’in- scription du nom de Jćrusalem ou sabbation *. Cette derniere permission de porter des bagues n ’etait pas peu importante dans 1’esprit des Chretiens polonais de ce temps-la. Pendant longtemps, lesdebatsdurerenthcesujet, enfin le roi permit de porter ces bagues avec le nom de Jćrusalem, qui devait rappeler la colćre de Dieu et la pu- nition du pćche des Juifs.

Cette faible protection que leslsraćlites ćprouvaient en- core sous le regne des rois de la race des Jagellons, a.dis- paru presque tout a fait sous les rois ćlectifs. La noblesse n’aim antquel’excćset 1’anarchie partout, arrachaitaux rois des concessions, se dechargeait elle-mćme de toute contri- bution pour les besoins de V Etat et renvoyait le fardeau tout entier aux villes et aux serfs. C’est alors que les paysans les bourgeois et particulićrement les Juifs, eurent a souf-omnibus criminibus ct exccssibus, Judrcos vel urbe pellere, vel etiam vita priyarc, et ul nulla pro hoc difficultas a moderno palaiino, et pro lemporc existenti non infcralur.n

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frir et a se depouiller de tout, car ón ne les regardait móme pas comme des creatures de Dieu. II est penible d’ajouter ici qu a l’arrivee d’Henri de Valois en Pologne, les perse­ cutions religieuses contrę les Juifs redoublerent. Ce prince, qui joua un si triste róle dans la nuit de la saint Barthelemy, en France, devait próter serment en montant sur le tróne de Pologne, qu’il observerait la tolerance envers toutes les religions du royaum e, car c’etait un point principal de sa constitution.

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III

A ce grand monarąue, que 1’histoire a dó placerau pre­ mier rang des princes, qui ont jamais porte le sceptre, on peut adresser un reproche, malgre cette admiration uni- verselle, qne la superiorite de son courage , de son elo- quence, de sa justice et de ses lumieres lui ont attiree. Ce reproche pour unefaute, qu’il avait d’ailleurs expiee de son vivant, peut lui śtre adresse aujourd’hui encore ; car ilavait autorise 1’introductiondes Jesuites enPologne ; tandis qu’il disait et repetait, que Dieu scul peut regir les

consciences. II est vrai, qu’a cette epoque , les Jesuites se

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par une guerre civile et les guerres avec la Suede et les

Cosaques. A 1’admission des jesuites sur le sol polonais, on peut justement attribuer la cause de la dócadence de ce beau royaume , le desordre et 1’anarchie parmi ses habi- tants, enfin la destruction presąue complóte d’une natioń

grandę, belle et genereuse.

Cependant, nous ne pouvons pas passer sous silence , que souvent, dans les debats des representants de la no- blesse, la voix de 1’humanite se faisait entendre. Les fastes desdietesde 4532et 4334, recueillies par Tomicki, prou- ventassez qu’il y avait des Polonais , sachant estimer la gloirede la patrie et le bien public. lis demandaient que justice fut rendue aux Juifs, que la liberte leur fńt accor- dee comrae aux autreshabitants dupays; mais, helas' leur voix futregardee comme achetee. Ces defenseurs des op- primes n’ont pas eu assez de courage civique pour per- severer dans leur tache. Les jesuites les en detournaient et faisaient d’eux des hommes q u i, apres avoir lutte a m ort, au moment de remporter la victoire, y renoncent , crainte d’une scandaleuse accusation.

Les juifs eux-memes se defendaient aussi. II y avait, i cette ćpoque, un ouvrage imprimó par un auteur ano- nyme, mais bien ecritet bien fonde, sous le titre : Adquce- retam mercatorum Cracovice, responsum judceorum declara- ium 1339, etc.

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Pologne il n’y a pas d’ouvriers et que l’on y trouve 500 raarchands chretiens seulement, sur 2,200 marcliands juifs et trois fois autant d’ouvriers juifs. Enfin ilsajoutent, qu’ils ne doivent pasdependre du pouvoir deleglise , etant sous celui des rois dont la protection les a attires et les a fait etablir sur le sol polonais.

ll paralt des lettres circulaires pour les impóts , qu’a- vant la guerre, les juifs etaient soumis a une double per- ception, etlorsqu’il s’agissaitde payer pour un rempla- ę a n t, on exigeait d’eux deuxfois autant que des chre­ tiens.

Lautorite parmiles juifs etait exercee par des rabbins, et il y avait un chef de ces derniers. Le premier, qui rem- plissait ces hautes fonctions, etait Michel de Brześć. Dans un matricul lithuanien , tome V II, se trouve l’ordre de Sigismond I , de 1’annee 1506, appelant Michel a cette di- gnite. Les archi-rabbins dans les villes royales etseigneu- riales exeręaient les fonctions de juges. Ce pouvoir etait bien grand parmi lesjuifs, car les condamnationsa la peine de mort et a l’exil, selon les lois israelites, etaient dans leurs attributions.

Nous ne pouvons pas omettre ici ce que le Cardinal Com-

mandoni, nonce du papę a la cour de Sigismond-Auguste

a dit des Juifs, bien que l’on ne puisse 1’accuser de les avoir favorisśs. Voici ses propres mots :

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et a 1’astrologie; ils ont presąue partout en la commis- sion de lever le droit des entrees et da transport des mar- chandises. Ils peuvent pretendrea nne fortunę assez con- siderable, et non-seulement ils sont au rang des bonnótes gens, mais quelquefois ils leur commandent. lis n’ont meme aucune marque qui les distingue des chretiens; il leur est meme perrnis de porter l’epee et d’aller armes. Enfin, ils jouissent du droit des autres citoyens,. »

Nous faisons observer que Commandoni parle des Juifs des provinces meridionales, ou il a vovage, en adressant des reproches aux Polonais d’avoir accorde de pareilles libertes aux infideles.

Les persecutions religieuses ont ete introduites en Po- logne par 1’influence etrangere. Commandoni prodigue des louanges singulieres aux Juifs de 1’Ukrai'ne .- il dit, qu’il confiait ses lettres aux Juifs et que l’un d’eux qui etait docteur (assurement Simon de Gintzbourg), avait son en- tree chez le roi.

Malgre la ceusure , nous trouvons quelques traces de la litterature israelite en Pologne. II paralt que les cen- seurs ne savaient pas ce qu’ils lisaient, car il y a des livres autorises par eux, dans lesquels les Juifs se moquaient des córemonies chretiennes. Nous citerons ici l’ouvrage *Jad

Chazakaii d’Aron de Kazimierz, dont la publication ótai t per-

mise par le Consistoire archidiocesal de Gniezno en l’annee 1557. II ne manquait pas aussi d’ecrits malicieux de la part des chretiens. Czacki d it: que Przeclas Mojecki, en 1598,et Mierzyński, en1618, ontpublietout ce que l’ani- mosite fanatique a pu dicter au żele religieux. L un d’eux

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accusait les Juifs de sortilóge! A Cracovie parut un ou- vrage, en 1648, sous le titre : Libertinage effrćne des Juifs. Un autre, sous celui: Lamentation des enfanis egorgespar les

Juifs. Et beaucoup d’autres, dont le titre seulprouveou le

manque de bon sens, ou la perversite des Jesuites. Le módecinSleszkowski, jaloux des Juifs qui avaient le bonheur de guórir les malades, ecrivait contrę eux et exi- geait qu’il leur fńt defendu de visiter les patients. II mit a la tóte d’un ecrit ces mots etranges :

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IV

Nous devons maintenant parler des efforts que l’on fai— sait pour changer les Juifs en Polonais. Nous avons vu qu’en s’ecartant de la politique dą Casimir-le-Grand, en persecutant les Israelites, en permettant aux ecriyains fanatiques de livrer au mepris toute une race d’hommes innocents et d’exciter la population superstitieuse contrę e u x ; nous avons yu, qu’au lieu d’attirer, d’eclairer, de mo­ rał iser, enfin changer en bońs citoyens, les uns, et par consequent les rendre agreables et utiles aux autres, une haine implacable et róciproque s’en suivit.

Au commencement du regnede Sigismond-Auguste, le

Statut lithwnien a admis a la noblesse* les Juifs conyertis

que Czacki appelle Neophitet.

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« Aveugles sont ces Juifs du grand-duchć de Lithuanie, qui ne veulent aecepter ni les privileges de noblesse, ni- la yeritable foi en Dieu!» s’ecrie Grabowski dans son ouvrage sur les Israólites, publie a Cracovie, en 4611. Donc le titre de noble, ou la plus haute prórogative du ci- toyen, ne suffisait pas pour que les Juifs, mśprises, persś- cutes, abjur&ssent la religion de leurs ancśtres et sacri- fiassent a l’»ntór#leurs convictions intimes. II nous semble “ qu’il faudrait plutót admirer leur persistance que de la condamner, car la foi ne se vend p a s; personne ne l’a- chete : c’est un tresor de la conscience, auquel Dieu seul a le droit de toucher. Aussi, y avait-il peu d’Israślites qui profiterent de cette loi; quelques familles seulement abju- rerent la religion de Moise et se firent chrśtiens. Mais la conduite des catholiquesenversles neophytes etait atroce. lis les appelaient avec mśpris przekizty, wykszty. Ce mepris atteignait et enveloppait jusqu’A leurs neveiix et arriere-neveux, et meme se faisait jour dans les debats et les decisions des Diśtes.

Lorsque les enfants de neophytes avaient acquis des biens et achete des terres , l’envie des nobles obtint une loi, en 1764, qui leur ordonnait de vendre ces terres sous peine de confiscation. La Constitution de 1768 a aboli cette loi barbare. Cependant, le sort des nóophytes est restó tel, que, repousses par leurs nouveaux co-religio- naires, mepriseset hais parłeś nobles, ilsne faisaientplus que le rebut de la sociótó. Aussi, leurs enfants ou petits- enfants, dfes qu’ils entendent prononcer le seul nom de Juif rougissent-ils en frómissant. Au rósuraó, ils font semblant d'6treennemisdesco-religionnaires de leurs ancótres pour flatterla noblesse quiles meprise eux-mómes.

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