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Détermination du poids et du conducteur associés aux représentations des points de p-torsion d'une courbe elliptique

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(1)

D I S S E R T A T I O N E S

M A T H E M A T I C A E

(ROZPRAWY MATEMATYCZNE)

K O M I T E T R E D A K C Y J N Y A N D R Z E J B I A L Y N I C K I - B I R U L A, B O G D A N B O J A R S K I, Z B I G N I E W C I E S I E L S K I, J E R Z Y L O ´S, Z B I G N I E W S E M A D E N I, J E R Z Y Z A B C Z Y K redaktor, W I E S L A W ˙Z E L A Z K O zast¸epca redaktora

CCCLXIV

A L A I N K R A U S

etermination du poids et du conducteur

associ´

es aux repr´

esentations des points

de p-torsion d’une courbe elliptique

(2)

Alain Kraus

Universit´e de Paris VI

Institut de Math´ematiques, Case 247 4, place Jussieu

F-75252 Paris Cedex 05, France E-mail: kraus@math.jussieu.fr

Published by the Institute of Mathematics, Polish Academy of Sciences Typeset in TEX at the Institute

Printed and bound by

P R I N T E D I N P O L A N D

c

Copyright by Instytut Matematyczny PAN, Warszawa 1997

(3)

Introduction . . . . 5

I. D´etermination du poids . . . . 5

A. ´Enonc´e des r´esultats . . . . 6

B. D´emonstrations . . . . 7

B.1. Le cas p ≥ 5, v(j) ≥ 0 . . . . 7

1. Pr´eliminaires . . . . 7

2. Description de l’action de I sur Ep . . . . 8

3. Ramification sauvage . . . . 15

4. D´emonstration de l’assertion (b) du th´eor`eme 1 . . . . 16

B.2. Le cas p = 3, v(j) ≥ 0 . . . . 20

1. Pr´eliminaires . . . . 20

2. Description de l’action de I sur E3 . . . . 21

3. D´emonstration de l’assertion (b) du th´eor`eme 2 . . . . 24

B.3. Le cas p ≥ 3, v(j) < 0 . . . . 25

1. Description de l’action de I sur Ep . . . . 25

2. D´emonstration des assertions (a) des th´eor`emes 1 et 2 . . . . 26

B.4. Le cas p = 2 . . . . 27

II. D´etermination du conducteur . . . . 28

A. ´Enonc´e du r´esultat . . . . 28

B. D´emonstration . . . . 28

1. Pr´eliminaires . . . . 29

2. D´emonstration de la proposition . . . . 29

III. Appendice sur l’invariant de Hasse . . . . 30

IV. Appendice sur les courbes elliptiques `a r´eduction ordinaire . . . . 34

Bibliographie . . . . 39

R´esum´e

´

Etant donn´es un nombre premier p et une courbe elliptique E d´efinie sur Q, le groupe de Galois GQ = Gal(Q/Q) agit sur le groupe des points de p-torsion de E(Q) suivant un homo-morphisme continu % : GQ → GL2(Z/pZ). J.-P. Serre associe `a % deux entiers, un poids et un conducteur, qu’il a d´etermin´es dans des cas particuliers. L’objet de ce travail est de les calculer dans tous les cas.

1991 Mathematics Subject Classification: Primary 11G. Received 28.9.1994; revised version 20.6.1996.

(4)

Introduction

Consid´erons un nombre premier p et une courbe elliptique E d´efinie sur Q. Soient Q une clˆoture alg´ebrique de Q, et Ep(Q) le sous-groupe des points de p-torsion de E(Q).

L’action du groupe de Galois Gal(Q/Q) sur Ep(Q) d´efinit une repr´esentation continue

%pde Gal(Q/Q) dans un espace vectoriel de dimension 2 sur Z/pZ. A une repr´esentation

de Gal(Q/Q) dans un espace vectoriel de dimension 2 sur un corps de caract´eristique p, J.-P. Serre ([8], §1 et §2) associe un poids qui est un entier ≥ 2, un conducteur N (%p)

qui est un entier ≥ 1 premier `a p, et un caract`ere de Dirichlet. Le caract`ere de Dirichlet associ´e de la sorte `a %p est le caract`ere trivial. Le but de cet article est de calculer le

poids k associ´e `a %p et de comparer le conducteur N (%p) associ´e `a %p au conducteur de

la courbe elliptique. Nous rappellerons pour m´emoire les cas particuliers dans lesquels le couple (N (%p), k) est d´ej`a connu.

Je remercie J. Oesterl´e pour les conseils qu’il a bien voulu me donner au cours de ce travail, ainsi que J.-P. Serre qui m’a adress´e une lettre qui me fut tr`es utile.

I. D´

etermination du poids

La d´efinition du poids k ne d´epend que de la restriction de la repr´esentation %p au

sous-groupe d’inertie de Gal(Q/Q) d’une place de Q prolongeant la valuation p-adique de Q. C’est pourquoi nous changeons de notations par rapport `a l’introduction et nous nous pla¸cons dans la situation locale suivante :

Nous consid´erons une courbe elliptique E d´efinie sur Qp. Nous notons Qpune clˆoture

alg´ebrique de Qp, Ep le groupe des points de p-torsion de E(Qp), Gp le groupe de Galois

Gal(Qp/Qp), v la valuation de Qp normalis´ee par v(p) = 1, % la repr´esentation continue

de Gpdans le groupe Ep et k le poids qui lui est associ´e par Serre. Il r´esulte de la prop. 2

de [8], et du fait que le d´eterminant de % est le caract`ere donnant l’action de Gp sur

les racines p-i`emes de l’unit´e de Qp, que l’on a k ≡ 2 mod p − 1. J.-P. Serre d´etermine

k lorsque E est `a r´eduction semi-stable : si E a bonne r´eduction, on a k = 2; si E a mauvaise r´eduction de type multiplicatif et si j = j(E) est son invariant modulaire, on a

k =    2 si p divise v(j), p + 1 si p ne divise pas v(j) et p 6= 2, 4 si p ne divise pas v(j) et p = 2

(5)

(cf. loc. cit., 2.9, prop. 5; noter que, `a cet endroit, si p ne divise pas v(j) et si p est ´egal `

a 2, la valeur de k est donn´ee par la d´efinition (2.4.9)). J.-P. Serre indique ´egalement la valeur de k dans un cas particulier o`u E a une r´eduction de type additif (loc. cit., 2.9, remarque 2, et [9]). L’objet de cette partie est de calculer k dans tous les cas o`u E a mauvaise r´eduction de type additif. La m´ethode suivie est directement inspir´ee de celle de [9].

A. ´Enonc´e des r´esultats. Supposons que la courbe elliptique E (d´efinie sur Qp) ait

mauvaise r´eduction de type additif et soit j son invariant modulaire; notons c4, c6, ∆ les

invariants standards associ´es `a un mod`ele minimal de E ([13], 1). Les invariants relatifs `a un autre mod`ele minimal sont c4u4, c6u6, ∆u12, o`u u est une unit´e p-adique; ainsi v(c4),

v(c6) et v(∆) sont ind´ependants du mod`ele choisi.

Th´eor`eme 1. Supposons p ≥ 5 (et E `a r´eduction additive). (a) Supposons v(j) < 0. On a

k = (p

2+ 3)/2 si v(j) ≡ 0 mod p;

(p + 1)2/2 si v(j) 6≡ 0 mod p.

(b) Supposons v(j) ≥ 0. On est alors dans l’un des cas suivants : (i) v(∆) = 2 : k =      14 si p = 7, v(c4) = 1; 2 si p = 7, v(c4) 6= 1; (p2+ 4p + 7)/6 si p ≡ 1 mod 3, p 6= 7; (p2+ 6p + 5)/6 si p ≡ 2 mod 3. (ii) v(∆) = 3 : k =      10 si p = 5, v(c6) = 2; 2 si p = 5, v(c6) 6= 2; (p2+ 2p + 5)/4 si p ≡ 1 mod 4, p 6= 5; (p2+ 4p + 3)/4 si p ≡ 3 mod 4. (iii) v(∆) = 4 : k = (p 2+ p + 4)/3 si p ≡ 1 mod 3; (p2+ 3p + 2)/3 si p ≡ 2 mod 3. (iv) v(∆) = 6 : k = (p2+ 3)/2. (v) v(∆) = 8 : k =    (p2+ 4p + 1)/3 si p ≡ 1 mod 3; (p2+ 3p + 2)/3 si p ≡ 2 mod 3, v(c 4) = 3; (p2+ 5)/3 si p ≡ 2 mod 3, v(c 4) 6= 3. (vi) v(∆) = 9 : k =    (p2+ 6p + 1)/4 si p ≡ 1 mod 4; (p2+ 4p + 3)/4 si p ≡ 3 mod 4, v(c 6) = 5; (p2+ 7)/4 si p ≡ 3 mod 4, v(c 6) 6= 5.

(6)

(vii) v(∆) = 10 : k =      2 si p = 5; (p2+ 10p + 1)/6 si p ≡ 1 mod 3; (p2+ 6p + 5)/6 si p ≡ 2 mod 3, p 6= 5, v(c4) = 4; (p2+ 11)/6 si p ≡ 2 mod 3, p 6= 5, v(c4) 6= 4.

Th´eor`eme 2. Supposons p = 3 (et E `a r´eduction additive). Posons ∆ = 3v(∆)∆0. (a) Supposons v(j) < 0. On a k =    8 si v(∆) 6≡ 0 mod 3; 6 si v(∆) ≡ 0 mod 3 et ∆06≡ ±1 mod 9; 2 si v(∆) ≡ 0 mod 3 et ∆0≡ ±1 mod 9.

(b) Supposons v(j) ≥ 0. On est alors dans l’un des cas du tableau suivant :

v(∆) 3 4 5 6 7 9 10 11 12 13

v(c6) 3 ≥ 4 3 3 4 3 ≥ 5 5 ≥ 6 6 6 7 8 8

k 2 ou 6 (∗) 6 8 8 4 2 ou 6 (∗) 6 8 2 4 4 8 2 4 (∗) On a k = 2 si ∆0≡ ±1 mod 9 et k = 6 sinon.

Th´eor`eme 3. Supposons p = 2 (et E `a r´eduction additive). On a k = 4 si v(∆) est impair ;

2 si v(∆) est pair .

B. D´emonstrations. On introduit les notations suivantes : • Fp le corps `a p ´el´ements;

• Fp le corps r´esiduel de Qp;

• Qp,nr l’extension non ramifi´ee maximale de Qp contenue dans Qp;

• I = Gal(Qp/Qp,nr) le groupe d’inertie de Qpsur Qp;

• Ip le plus grand pro-p-sous-groupe de I, c’est-`a-dire le groupe d’inertie sauvage de

Qp sur Qp;

• µp le groupe des racines p-i`emes de l’unit´e de Qp;

• χ le caract`ere `a valeurs dans F

p donnant l’action de I sur µp;

• conform´ement `a ([6], 1.7), on d´efinit pour tout α ∈ Q un caract`ere continu χα :

I → F∗p de la fa¸con suivante : si s ∈ I, les ´el´ements sx/x de Qp, o`u x d´ecrit l’ensemble

des ´el´ements de Qp de valuation α, sont congrus modulo l’id´eal de v `a un mˆeme ´el´ement de F∗p, qui est par d´efinition χα(s). Le noyau de χαcontient Ip. Tout caract`ere continu

I → F∗p est de la forme χα pour au moins un α ∈ Q. On a χα+α0 = χαχα0; on a χα=1 si

et seulement si α ∈ Z[1/p]. Les caract`eres ψ = χ1/(p2−1) et ψ0= ψp de I sont appel´es par

Serre les caract`eres fondamentaux de niveau 2. On a χ = χ1/(p−1) et ψψ0 = χ.

B.1. Le cas p ≥ 5, v(j) ≥ 0

1. Pr´eliminaires. Le discriminant ∆ ´etant celui d’un mod`ele minimal de E, on a v(∆) ≤ 12 parce que p ≥ 5 et v(j) ≥ 0 ([13], 3, remarque 4). L’´egalit´e c3

(7)

et les in´egalit´es 3v(c4) ≥ v(∆) > 0 impliquent alors que (v(∆), v(c4), v(c6)) est l’un des

triplets intervenant dans le tableau ci-dessous :

v(∆) 2 3 4 6 8 9 10 v(c4) ≥ 1 1 ≥ 2 2 ≥ 3 ≥ 3 3 ≥ 4 v(c6) 1 ≥ 2 2 ≥ 3 3 4 ≥ 5 5 L’´equation (W ) y2= x3− c4 48x − c6 864 est une ´equation minimale de E sur Qp (cf. [13], 1).

Notons L le corps Qp(pv(∆)/12). En effectuant le changement de variables

(1)  x = u

2X,

y = u3Y avec u = p v(∆)/12,

on obtient une ´equation sur L de la courbe elliptique EL d´eduite de E par extension des

scalaires : (WL) Y2= X3− c4 48u4X − c6 864u6.

Cette ´equation est `a coefficients entiers et son discriminant est de valuation 0, donc EL

a bonne r´eduction sur L et (WL) est une ´equation minimale de EL sur L.

Les fonctions t = −x/y et T = −X/Y sont des uniformisantes locales au voisinage du point `a l’infini O et sont li´ees par l’´egalit´e

(2) T = pv(∆)/12t.

Notons h la hauteur de la r´eduction de EL sur L (cf. [6], 1.11); par d´efinition, on a

h = 1 si EL est `a r´eduction ordinaire et h = 2 si EL est `a r´eduction supersinguli`ere.

Lemme 1. (a) Supposons que l’on ait v(∆) ∈ {2, 4, 8, 10} ou que (v(∆), v(c4), v(c6))

soit de la forme (6, n, 3) avec n ≥ 3. L’invariant modulaire j( fEL) de la courbe elliptique

f

EL d´eduite de EL par r´eduction modulo l’id´eal de la valuation de L est 0. On a h = 1 si

p ≡ 1 mod 3, et h = 2 si p ≡ 2 mod 3.

(b) Supposons que l’on ait v(∆) ∈ {3, 9} ou que (v(∆), v(c4), v(c6)) soit de la forme

(6, 2, n) avec n ≥ 4. On a j( fEL) = 1728. On a h = 1 si p ≡ 1 mod 4, et h = 2 si

p ≡ 3 mod 4.

D ´e m o n s t r a t i o n. Sous l’hypoth`ese de (a), on a 3v(c4) > v(∆), donc j(E) = j(EL)

est de valuation > 0 et on a j( fEL) = 0. Sous l’hypoth`ese de (b), on a 2v(c4) > v(∆), donc

j(E) − 1728 = j(EL) − 1728 est de valuation > 0 et on a j( fEL) = 1728. Les assertions

(a) et (b) en r´esultent ([1], p. 252, §4). 2. Description de l’action de I sur Ep

2.1. Rappels. Soient X, Y les fonctions coordonn´ees de Weierstrass de EL dans le

mod`ele (WL). La fonction T = −X/Y est une uniformisante locale de EL au voisinage

(8)

d’une loi de groupe formel sur l’anneau de valuation de L. La multiplication par p dans ce groupe formel est donn´ee par une s´erie enti`ere

[p](T ) = ∞ X n=1 τnTn `

a coefficients dans l’anneau de valuation de L (loc. cit.). La hauteur de ce groupe formel (cf. [6], 1.9) est ´egale `a h (loc. cit., 1.11).

2.2. Notations. Soient

• Np le groupe des points de p-torsion du groupe formel associ´e `a EL, c’est-`a-dire

l’ensemble des ´el´ements a de Qp tels que v(a) > 0 et [p](a) = 0; • Ep le groupe des points de p-torsion de E(Qp) = EL(Qp);

• fEL la courbe elliptique d´eduite de EL par r´eduction modulo l’id´eal de la valuation

de L;

• gEL,p le groupe des points de p-torsion de fEL(Fp);

Enfin, si α ∈ Q, mα (resp. m+α) d´esignera l’ensemble des ´el´ements a de Qp tels que

v(a) ≥ α (resp. v(a) > α). Le quotient mα/m+α est un espace vectoriel de dimension 1

sur m0/m+0 = Fp([6], 1.8). Le groupe Gal(Qp/Qp) op`ere sur le groupe mα/m+α. L’action

du groupe d’inertie I sur mα/m+α est Fp-lin´eaire, et donn´ee par s 7→ χα(s), o`u χαest le

caract`ere d´efini au d´ebut de B; cela d´ecoule de la d´efinition mˆeme de ce caract`ere. 2.3. L’action de I sur Ep

2.3.1. Cas o`u h = 1

Proposition 1. Lorsque h = 1, le nombre α = (p − 1)v(∆)/12 est entier et la repr´esentation de I dans Ep s’´ecrit matriciellement

 χ1−α

0 χα



dans une base convenable de Ep sur Fp.

D ´e m o n s t r a t i o n. Si h = 1, le groupe gEL,pest d’ordre p; on dispose d’une

applica-tion de r´eduction Ep→ gEL,p qui est un homomorphisme surjectif de groupes ([6], 1.11).

Soit Cp son noyau. Il est d’ordre p.

Consid´erons un point P ∈ Ep non nul. On a P ∈ Cp si et seulement si v(Y (P )) < 0,

c’est-`a-dire si et seulement si v(y(P )) < v(∆)/4 (formule (1)). Le sous-groupe Cpde Epest

stable par Gp= Gal(Qp/Qp) puisque l’on a les ´egalit´es v(y(σP )) = v(σ(y(P ))) = v(y(P ))

pour tout σ ∈ Gp.

Si P 6= O est un ´el´ement de Cp, posons T (P ) = −X(P )/Y (P ) et t(P ) = −x(P )/y(P ).

Posons par ailleurs T (O) = t(O) = 0. On a v(T (P )) > 0 pour tout P ∈ Cp, et l’application

P 7→ T (P ) est un isomorphisme du groupe Cp sur le groupe Np. L’´etude du polygˆone

de Newton de la s´erie formelle [p] permet de montrer que pour tout P 6= O dans Cp, on

a v(T (P )) = 1/(p − 1) ([6], 1.10). Cela s’´ecrit aussi v(t(P )) = µ, avec

µ = 1

p − 1− v(∆)

12 d’apr`es la formule (2).

(9)

Consid´erons alors l’application f : Cp→ mµ/m+µ d´efinie par f (P ) = t(P ) mod m+µ.

D´emontrons que t est un homomorphisme injectif de groupes compatible `a l’action de Gp. Soient P , P0 deux points de Cp. On a v(T (P + P0) − T (P ) − T (P0)) > 1/(p − 1) ([12],

3, formule (16)), d’o`u v(t(P + P0) − t(P ) − t(P0)) > µ (formule (2)), et cela prouve que f est un homomorphisme. Le fait que f commute `a l’action de Gp r´esulte de ce que l’on

a t(σP ) =σ(t(P )) pour σ ∈ Gp et P ∈ Cp.

Posons α = (p − 1)v(∆)/12. Le nombre α est entier : c’est clair si v(∆) = 6; si v(∆) 6= 6, on a v(∆) ∈ {2, 3, 4, 8, 9, 10} et cela r´esulte du lemme 1 et de l’hypoth`ese h = 1. On a µ = (1 − α)/(p − 1), et le groupe d’inertie I op`ere sur mµ/m+µ via le

caract`ere χµ = χ1−α. Il op`ere donc aussi sur Cp suivant ce caract`ere. D’autre part, le

d´eterminant de la repr´esentation de I dans Epest le caract`ere cyclotomique χ ([6], 1.11).

Par cons´equent, I op`ere sur Ep/Cp par le caract`ere χα, d’o`u la proposition.

2.3.2. Cas o`u h = 2. Soit τp le coefficient de Tp dans le d´eveloppement de [p](T ).

Proposition 2. Supposons h = 2. Posons α = (p + 1)v(∆)/12. Le nombre α est entier.

(a) Supposons v(τp) < p/(p+1). Dans une base convenable de Epsur Fpla repr´

esenta-tion de I dans Ep s’´ecrit matriciellement

 χ1−α 0 χα  si v(∆) < 6,  χ 2−α 0 χα−1  si v(∆) > 6.

(b) Supposons v(τp) ≥ p/(p + 1). La repr´esentation de I dans Ep est irr´eductible.

La repr´esentation de I dans Ep⊗FpFp qu’on en d´eduit par extension des scalaires est

diagonalisable et repr´esentable matriciellement dans une base convenable par  ψαψ0p−α 0

0 ψ0αψp−α

 ,

o`u ψ et ψ0 d´esignent les caract`eres χ1/(p2−1) et χp/(p2−1) (appel´es caract`eres

fondamen-taux de niveau 2 dans [6]).

Lemme 2. Supposons h = 2. Si (v(∆), v(c4), v(c6)) est l’un des triplets (2, 1, 1),

(3, 1, 2), (4, 2, 2), (8, 3, 4), (9, 3, 5), (10, 4, 5), on a v(τp) =

 v(∆)/6 si v(∆) < 6, (v(∆)/6) − 1 si v(∆) > 6;

on a v(τp) ≥ 1 lorsque (v(∆), v(c4), v(c6)) n’est pas l’un des triplets ci-dessus.

D ´e m o n s t r a t i o n. Soit u = pv(∆)/12, et τ (c

4, c6) le coefficient de Xp−1 dans

l’ex-pression  X3− c4 48u4X − c6 864u6 (p−1)/2 ;

on a v(τ (c4, c6) − τp) ≥ 1 (cf. appendice sur l’invariant de Hasse, th´eor`eme et lemme 1).

On en d´eduit que l’on a

(3)  v(τp) = v(τ (c4, c6)) si v(τ (c4, c6)) < 1, v(τp) ≥ 1 si v(τ (c4, c6)) ≥ 1.

(10)

On a τ (c4, c6) = X((p − 1)/2)!(−1)l+m k!l!m!(48)l(864)m  c4 u4 l c 6 u6 m ,

o`u la somme est ´etendue aux triplets (k, l, m) d’entiers ≥ 0 tels que k + l + m = (p − 1)/2 et 3k + l = p − 1. Notons que les coefficients

((p − 1)/2)!(−1)l+m

k!l!m!(48)l(864)m

sont des unit´es p-adiques.

Si v(∆) ∈ {2, 4, 8, 10} (resp.{3, 9}), on a v(c6) = v(∆)/2 = v(u6) (resp. v(c4) =

v(∆)/3 = v(u4)). Parce que h = 2, on a p ≡ 2 mod 3 (resp. p ≡ 3 mod 4) (lemme 1).

Ainsi les triplets (k, l, m) sur lesquels on somme sont tels que l 6= 0 (resp. m 6= 0) et il y en a un seul pour lequel l = 1 (resp. m = 1). Le terme de la somme correspondant a une valuation ´egale `a v(c4) − (v(∆)/3) (resp. v(c6) − (v(∆)/2)) et cette valuation est

strictement inf´erieure `a celle des autres termes. Par suite, on a v(τ (c4, c6)) = v(c4) −

(v(∆)/3) (resp. v(τ (c4, c6)) = v(c6) − (v(∆)/2)); le lemme r´esulte alors de (3). Lorsque

v(∆) = 6, u2 est ´egal `a p et appartient `

a Qp, donc τ (c4, c6) ∈ Zp. D’apr`es (3) on a

v(τp) = 0 ou bien v(τp) ≥ 1. L’hypoth`ese h = 2 entraˆıne que v(τp) 6= 0 ([6], 1.10) d’o`u

v(τp) ≥ 1.

D ´e m o n s t r a t i o n d e l a p r o p o s i t i o n 2. Si h = 2, le groupe gEL,p est r´eduit

`

a l’´el´ement neutre et l’application P 7→ T (P ) (o`u T (P ) = −X(P )/Y (P ) si P 6= 0 et o`u T (O) = 0) est un isomorphisme du groupe Ep sur le groupe Np. Par ailleurs, α =

(p+1)v(∆)/12 est entier : c’est clair si v(∆) = 6; si v(∆) 6= 6, on a v(∆) ∈ {2, 3, 4, 8, 9, 10} et cela r´esulte du lemme 1.

Supposons v(τp) < p/(p + 1). L’´etude du polygˆone de Newton de la s´erie formelle [p]

montre que les ´el´ements non nuls de Np ont pour valuation α1= (1 − v(τp))/(p − 1) ou

α2= v(τp)/(p2− p) (cf. [6], 1.10). On a α1> α2et l’ensemble A des ´el´ements P de Ep

pour lesquels v(T (P )) ≥ α1est un sous-groupe d’ordre p de Ep. Si P est un point non nul

de Ep, on a v(t(P )) = α1− v(∆)/12 ou v(t(P )) = α2− v(∆)/12 suivant que P appartient

ou non `a A (formule (1)); ainsi A est stable sous l’action de Gp= Gal(Qp/Qp).

Posons µ1= α1− v(∆)/12. Par une d´emonstration analogue `a celle de la prop. 1, on

v´erifie que l’on d´efinit un homomorphisme injectif de groupes f1 : A → mµ1/m

+ µ1 par

P 7→ t(P ) mod m+

µ1, compatible `a l’action de Gp, puis que la repr´esentation de I dans

Ep s’´ecrit

 χµ1 ∗

0 χ/χµ1



dans une base convenable de Ep. D’apr`es le lemme 2, on a soit

v(∆) < 6, µ1= 1 p − 1− v(∆) 6(p − 1)− v(∆) 12 = 1 − α p − 1 et χµ1 = χ 1−α, soit v(∆) > 6, µ1= 2 p − 1− v(∆) 6(p − 1)− v(∆) 12 = 2 − α p − 1 et χµ1 = χ 2−α.

(11)

Supposons d´esormais v(τp) ≥ p/(p + 1). L’´etude du polygˆone de Newton de la s´erie

formelle [p] montre que les ´el´ements non nuls de Npont pour valuation 1/(p2− 1) (cf. [6],

1.10). Si P est un point non nul de Ep, on a donc v(t(P )) = µ avec

µ = 1

p2− 1

v(∆) 12

(formule (2)). Par une d´emonstration analogue `a celle de la prop. 1, on v´erifie que l’ap-plication f : Ep → mµ/m+µ d´efinie par f (P ) = t(P ) mod m+µ est un homomorphisme

injectif de groupes compatible `a l’action de Gp = Gal(Qp/Qp). Si σ ∈ I, on a donc

f (σP ) = χ

µ(σ)f (P ) pour P ∈ Ep, et f (Ep) est un sous-groupe du Fp-espace vectoriel

mµ/m+µ, stable par l’homoth´etie de rapport χµ(σ).

Soit Fp2 l’unique extension quadratique de Fp contenue dans Fp. Si σ ∈ I, on a

χµ(σ) ∈ Fp2, car l’ordre de χµ divise p2− 1. D´emontrons que χµ n’est pas d’ordre p − 1.

Si c’´etait le cas, on aurait (p − 1)µ ∈ Z[1/p], i.e. 1 p + 1 − (p − 1)v(∆) 12 ∈ Z  1 p  .

Cela entraˆıne que p + 1 divise 6, d’o`u p = 5. Or 16 −v(∆)3 n’appartient pas `a Z[1/5]. Puisque χµ n’est pas d’ordre p − 1, le sous-anneau de Fp engendr´e par les χµ(σ), avec

σ ∈ I, est Fp2; ainsi, f (Ep) est stable par multiplication par les ´el´ements de Fp2, et

est un sous-Fp2-espace vectoriel de mµ/m+µ. Comme f est injective, par transport de

structure, on d´eduit une unique structure de Fp2-espace vectoriel sur Ep pour laquelle f

est Fp2-lin´eaire. L’op´eration du groupe I sur Ep est alors donn´ee par σP = χ

µ(σ)P (σ ∈ I, P ∈ Ep).

La repr´esentation de I dans Epest irr´eductible sur Fp. Par contre, en tant que I-module,

Ep⊗FpFp est somme directe de deux Fp-espaces vectoriels de dimension 1 sur lesquels

I agit suivant γ1◦ χµ et γ2◦ χµ, o`u γ1 et γ2 sont les deux plongements de Fp2 dans Fp

(cf. [6], 1.9, d´em. du cor. 3); autrement dit, apr`es extension des scalaires `a Fp, l’action de

I est repr´esentable matriciellement dans une base convenable par  χµ 0 0 χpµ  . Si α est l’entier (p + 1)v(∆)/12, on a µ = 1 p2− 1 − v(∆) 12 = α p2− 1 + (p − α)p p2− 1 − 1,

d’o`u χµ= ψαψ0p−αet χpµ= ψp−αψ0α. Cela d´emontre l’assertion (b) de la prop. 2.

2.4. Le groupe Ep en tant que Ip-module. Rappelons que l’on a pos´e u = pv(∆)/12et

d´esign´e par L le corps Qp(u). Notons Lnr l’extension non ramifi´ee maximale de L dans

Qp. On a Lnr = Qp,nr(u). L’extension L de Qp est totalement ramifi´ee; son degr´e e est

le d´enominateur de v(∆)/12. L’entier e est aussi l’indice de ramification absolu de Lnr.

Posons (4) C4= c4 u4, C6= c6 u6.

(12)

Rappelons que l’´equation (WL) Y2= X3− C4 48X − C6 864

est une ´equation minimale de EL sur L, et que EL a bonne r´eduction sur L.

Soit fEL la courbe d´eduite de EL par r´eduction modulo l’id´eal de la valuation de L,

et j( fEL) son invariant modulaire. Lorsque EL a bonne r´eduction ordinaire, i.e. lorsque

h = 1, on note jcan( fEL) l’invariant modulaire du rel`evement canonique de fEL(cf. [5], 5);

comme le corps r´esiduel de L est Fp, on a j( fEL) ∈ Fp, et jcan( fEL) est un ´el´ement de Zp

qui rel`eve j( fEL) (loc. cit .).

Dans ce paragraphe, nous nous int´eressons `a la restriction au groupe d’inertie sauvage Ipde la repr´esentation de Gpdans Ep. Comme le degr´e de L sur Qpdivise 12, il est premier

`

a p, l’extension L de Qp est mod´er´ement ramifi´ee et Ip est contenu dans Gal(Qp/Lnr).

Plus pr´ecis´ement, Ip est le plus grand pro-p-sous-groupe de Gal(Qp/Lnr).

2.4.1. Cas o`u h = 1. Soit dLnr le compl´et´e du corps Lnr. Le groupe d’inertie sauvage

d’une extension galoisienne M de Lnrest ´egal au groupe d’inertie sauvage de l’extension

c

M de dLnr, o`u cM d´esigne le compl´et´e de M (qui n’est autre que le compos´e de M et dLnr).

Il r´esulte alors de l’appendice sur les courbes elliptiques `a r´eduction ordinaire que l’on peut associer `a EL un ´el´ement λ de dLnr poss´edant les propri´et´es suivantes :

Proposition 3. (a) Le groupe Ip op`ere trivialement sur Ep si et seulement si λ est

une puissance p-i`eme dans dLnr.

(b) On a, en notant encore v la valuation de dLnr prolongeant celle de Lnr,

v(λ − 1) =    v(C4) (= v(c4) − v(∆)/3) si j( fEL) = 0, v(C6) (= v(c6) − v(∆)/2) si j( fEL) = 1728, v(j(E) − jcan( fEL)) si j( fEL) 6= 0, 1728.

Pour savoir si λ est une puissance p-i`eme dans dLnr, nous utiliserons le lemme suivant :

Lemme 3. Soit u un ´el´ement de dLnr tel que l’on ait v(u − 1) > 0.

(i) Si u est une puissance p-i`eme dans dLnr, on a v(u − 1) ≥ inf(p/e, 1 + (1/e));

(ii) si on a v(u − 1) > p/(p − 1), u est une puissance p-i`eme dans dLnr.

D ´e m o n s t r a t i o n. Supposons que u soit une puissance p-i`eme dans dLnr. Dans ce

cas u s’´ecrit (1 + z)p, avec z un ´el´ement de dLnr de valuation > 0. On a

u − 1 = p−1 X k=1 k p  zk+ zp. Pour chaque indice k, 1 ≤ k ≤ p − 1, p divise kp et on a v k

pz

k ≥ v(pz) ≥ 1 + (1/e).

Par ailleurs on a v(zp) ≥ p/e. L’assertion (i) en r´esulte.

Supposons que l’on ait v(u − 1) > p/(p − 1). On a v(u − 1) − 1 > 1/(p − 1) et u est la puissance p-i`eme d’un ´el´ement z de dLnr satisfaisant `a l’in´egalit´e v(z − 1) ≥ v(u − 1) − 1

(cf. [7], p. 219, prop. 9). Cela d´emontre le lemme.

2.4.2. Cas o`u h = 2. On rappelle que τpest le coefficient de Tpdans le d´eveloppement

(13)

Lemme 4. Supposons que EL ait bonne r´eduction supersinguli`ere. L’action de Ip sur

Ep est triviale si et seulement si on a v(τp) ≥ 1.

D ´e m o n s t r a t i o n. Si on a v(τp) ≥ 1, la repr´esentation de I dans Epest irr´eductible

(prop. 2(b)) et Ip agit donc trivialement sur Ep ([6], prop. 4). Inversement, si on a

v(τp) < 1, v(τp) est ´egal `a 1/3, 1/2 ou 2/3 (lemme 2) et il existe des ´el´ements de Np

de valuation v(τp)/(p2− p) (cf. d´em. de la prop. 2). En particulier, p divise le degr´e de

Qp,nr(Ep) sur Qp,nret l’action de I sur Epn’est pas mod´er´ee, d’o`u le lemme.

2.4.3. Liste des cas o`u l’action de Ip n’est pas triviale. On conserve les notations des

num´eros 2.4.1 et 2.4.2.

Proposition 4. Pour que Ip n’op`ere pas trivialement sur Ep, il faut et il suffit que

l’une des conditions suivantes soit r´ealis´ee :

(i) on a (v(∆), v(c4)) ∈ {(2, 1), (4, 2), (8, 3), (10, 4)}; (ii) on a (v(∆), v(c6)) ∈ {(3, 2), (9, 5)}; (iii) on a (v(∆), v(c4)) = (6, 3) et p ≡ 1 mod 3; (iv) on a (v(∆), v(c6)) = (6, 4) et p ≡ 1 mod 4; (v) on a (v(∆), v(c4), v(c6)) = (6, 2, 3), h = 1 et v(j(E) − jcan( fEL)) = 1. D ´e m o n s t r a t i o n. 1) Supposons v(∆) ≥ 8. On a v(c4) ≥ 3 et v(c6) ≥ 4. Il existe

une courbe elliptique E0sur Qpdont les invariants sont c4(E0) = c4/p2, c6(E0) = c6/p3et

∆(E0) = ∆/p6. Les courbes E et E0 se d´eduisent l’une de l’autre par torsion quadratique

par√p. Ainsi, Ip agit trivialement sur Ep si et seulement si il en est de mˆeme sur E0p.

Il suffit donc de d´emontrer la prop. 4 sous l’hypoth`ese v(∆) < 8, hypoth`ese que nous faisons d´esormais.

2) Cas o`u (v(∆), v(c4), v(c6)) 6= (6, 2, 3) et h = 1. Supposons h = 1. La prop. 3, les

lemmes 1 et 3 permettent de v´erifier les r´esultats indiqu´es dans le tableau ci-dessous :

v(∆) 2 3 4 6 e 6 4 3 2 v(c4) 1 ≥2 1 2 ≥3 2 3 ≥4 v(c6) 1 1 2 ≥3 2 2 4 ≥5 3 3 v(λ−1) 1/3 ≥4/3 1/2 ≥3/2 2/3 ≥5/3 1 ≥2 1 ≥2 inf(p/e,1+1/e) 7/6 5/4 4/3 3/2 3/2 p/(p−1) ≤7/6 ≤5/4 ≤7/6 ≤5/4 ≤7/6 λ 6∈( dLnr)p∈( dLnr)p6∈( dLnr)p∈( dLnr)p6∈( dLnr)p∈( dLnr)p6∈( dLnr)p∈( dLnr)p6∈( dLnr)p∈( dLnr)p

Dans le cas o`u nous sommes, la prop. 4 r´esulte alors de la prop. 3 et du lemme 1. 3) Cas o`u h = 2. Lorsque h = 2, on a d’apr`es le lemme 2 le tableau suivant :

v(∆) 2 3 4 6

v(c4) 1 ≥ 2 1 1 2 ≥ 3 ≥ 2

v(c6) 1 1 2 ≥ 3 2 2 ≥ 3

v(τp) 1/3 ≥ 1 1/2 ≥ 1 2/3 ≥ 1 ≥ 1

(14)

4) Cas o`u (v(∆), v(c4), v(c6)) = (6, 2, 3) et h = 1. D’apr`es l’´egalit´e c34− c26= 1728∆,

on a j( fEL) 6= 0, 1728. D’apr`es la prop. 3, on a v(λ − 1) = v(j(E) − jcan( fEL)). L’´el´ement

jcan( fEL) appartient `a Zp (cf. [5], 5). Si v(λ − 1) ≥ 2, on a v(λ − 1) > p/(p − 1), donc λ

est une puissance p-i`eme dans dLnr (lemme 3) et Ip op`ere trivialement sur Ep (prop. 3).

Par contre, si v(λ − 1) = 1, on a v(λ − 1) < inf(p/e, 1 + (1/e)) = 3/2, donc λ n’est pas une puissance p-i`eme dans dLnr (lemme 3) et Ip n’op`ere pas trivialement sur Ep. Cela

d´emontre la prop. 4 dans le cas o`u nous sommes, et qui est le dernier cas que nous avions `

a consid´erer.

3. Ramification sauvage. Dans ce num´ero, exceptionnellement, p d´esigne un nombre premier quelconque (pas n´ecessairement ≥ 5).

Supposons que Ip n’op`ere pas trivialement sur Ep et que la repr´esentation de I dans

Ep s’´ecrive matriciellement sous la forme

 χβ

0 χα

 ,

α et β ´etant normalis´es de telle sorte que 0 ≤ α ≤ p − 2, 1 ≤ β ≤ p − 1. Si β est ´egal `a α + 1, il existe x ∈ Q∗p,nr tel que l’on ait Qp,nr(Ep) = Qp,nr(µp, x1/p) ([8], 2.4, (ii)). Dans

cette situation, Serre dit que l’extension Qp,nr(Ep) est peu ramifi´ee si x peut ˆetre choisi

parmi les unit´es de Qp,nr, et tr`es ramifi´ee dans le cas contraire.

L’extension Qp,nr(Ep)/Qp,nr(µp) est par hypoth`ese cyclique de degr´e p. Notons w la

valuation normalis´ee de Qp,nr(Ep) (´egale `a p(p − 1)v). Si π est une uniformisante de

Qp,nr(Ep), notons, pour i ≥ 0, Gi le sous-groupe de Gal(Qp,nr(Ep)/Qp,nr(µp)) form´e des

´

el´ements s satisfaisant `a l’in´egalit´e

w(sπ − π) ≥ i + 1.

Le groupe Gi est r´eduit `a l’´el´ement neutre pour i assez grand. Posons δ = w(D), o`u D

est la diff´erente de l’extension Qp,nr(Ep)/Qp,nr(µp). On a

(5) δ =X

i≥0

(|Gi| − 1).

(Voir [7], p. 61, prop. 10. On prendra garde que dans cette r´ef´erence, les corps locaux consid´er´es sont suppos´es complets, ce qui n’est pas le cas ici. Cependant, on peut appliquer cette r´ef´erence en remarquant que les groupes Gi et la valuation de la diff´erente sont

inchang´es par passage au compl´et´e.)

Proposition 5. Si l’extension Qp,nr(Ep) est tr`es ramifi´ee, on a δ = p2− 1; on a

δ ≤ p2− p sinon.

D ´e m o n s t r a t i o n. 1) Supposons que Qp,nr(Ep) soit tr`es ramifi´ee. Il existe alors un

´

el´ement x de Qp,nrtel que p ne divise pas v(x) et que Qp,nr(Ep) = Qp,nr(µp, x1/p). Quitte

`

a remplacer x par xmprp avec m et r des entiers convenables, on se ram`ene au cas o`u

v(x) = 1. On a [Qp,nr(Ep) : Qp,nr] = p(p − 1). Soit ζ une racine primitive p-i`eme de

l’unit´e. Posons π = (ζ − 1)/x1/p. On a v(π) = 1 p − 1− 1 p= 1 p(p − 1);

(15)

par suite, π est une uniformisante de Qp,nr(Ep). Si σ est un ´el´ement distinct de l’identit´e

de Gal(Qp,nr(Ep)/Qp,nr(µp)), on a σ(ζ) = ζ et il existe z ∈ µp, z 6= 1 tel que σ(x1/p) =

x1/p/z; on a donc σπ − π = (z − 1)π et v(σπ − π) est ´egal `a

1 p − 1+ 1 p(p − 1) = p + 1 p(p − 1).

Alors w(σπ − π) = p + 1, d’o`u |Gi| = p pour i ≤ p et Gi = (1) pour i > p. D’apr`es la

formule (5), on a δ = (p − 1)(p + 1) = p2− 1. Cela prouve la premi`ere assertion de la proposition.

2) Supposons Qp,nr(Ep) peu ramifi´ee. On a l’´egalit´e Qp,nr(Ep) = Qp,nr(µp, u1/p), o`u

u est un ´el´ement de Qp,nr de valuation 0. Soit σ ∈ Gal(Qp,nr(Ep)/Qp,nr(µp)), σ 6= 1. Il

existe z ∈ µp, z 6= 1, tel que l’on ait σu1/p− u1/p = (z − 1)u1/p, et v(σu1/p− u1/p) est

´

egal `a 1/(p − 1). Si π est une uniformisante de Qp,nr(Ep), on a donc v(σπ − π) ≤ 1/(p − 1)

(cf. [7], p. 69, lemme 1), d’o`u w(σπ −π) ≤ p et, par d´efinition, Gpest trivial. Cela entraˆıne

l’in´egalit´e δ ≤ (p − 1)p = p2− p d’apr`es la formule (5); d’o`u la proposition.

4. D´emonstration de l’assertion (b) du th´eor`eme 1. Rappelons que, sauf lorsque (v(∆), v(c4), v(c6)) = (6, 2, 3)), la valeur de h est donn´ee dans le lemme 1.

4.1. Cas o`u h = 1. La repr´esentation de I dans Ep s’´ecrit matriciellement sous la

forme

 χ1−α

0 χα



avec α = (p − 1)v(∆)/12 (prop. 1). Posons β = p − α. Le caract`ere χ1−α est ´egal `a χβ.

1) Supposons v(∆) = 2. On a alors p ≡ 1 mod 3 (lemme 1). On a α = (p − 1)/6 et β = (5p+1)/6. Les entiers α et β satisfont aux in´egalit´es 0 ≤ α ≤ p−2 et α+1 < β ≤ p−2, sauf si p = 7.

Si on a p 6= 7, les d´efinitions (2.3.2) et (2.4.5) de [8] montrent que l’on a k = 1+pα+β, i.e. k = (p2+ 4p + 7)/6.

Supposons p = 7. On a α = 1 et β = 6. Si v(c4) = 1, le groupe I7 n’op`ere pas

trivialement sur E7 (prop. 4), d’o`u k = 14 (cf. [8], (2.4.5)). Si v(c4) 6= 1, I7 op`ere

trivialement sur E7 (prop. 4); la repr´esentation de I dans E7 s’´ecrit matriciellement

 1 0

0 χ



et l’on a k = 2 (cf. [8], (2.3.2)).

2) Supposons v(∆) = 3. On a alors p ≡ 1 mod 4 (lemme 1). On a α = (p − 1)/4 et β = (3p + 1)/4; α et β satisfont aux in´egalit´es 0 ≤ α ≤ p − 2 et α + 1 < β ≤ p − 2, sauf si p = 5.

Si p 6= 5, on a k = 1 + pα + β, i.e. k = (p2+ 2p + 5)/4 (loc. cit., (2.3.2) et (2.4.5)). Supposons p = 5. On a α = 1 et β = 4. Si v(c6) = 2, d’apr`es la prop. 4, I5n’op`ere pas

trivialement sur E5, d’o`u k = 10 (loc. cit., (2.4.5)). Si v(c6) 6= 2, I5 op`ere trivialement

sur E5 (prop. 4); la repr´esentation de I dans E5 s’´ecrit matriciellement

 1 0

0 χ

 , d’o`u k = 2 (cf. [8], (2.3.2)).

(16)

3) Supposons v(∆) = 6. On a α = (p − 1)/2 et β = (p + 1)/2. Les entiers α et β sont compris entre 1 et p − 2 et satisfont `a l’´egalit´e β = α + 1. D´eterminons la ramification de l’extension Qp,nr(Ep) (cf. no3). Les in´egalit´es v(c4) ≥ 2, v(c6) ≥ 3 impliquent l’existence

d’une courbe elliptique E0 sur Qp, dont les invariants standards associ´es sont ∆(E0) =

∆/p6, c

4(E0) = c4/p2 et c6(E0) = c6/p3. La courbe E0 a bonne r´eduction sur Qp. La

repr´esentation de I d´efinie par les points de p-torsion de E0est de poids 2 (cf. [8], prop. 5). La courbe E0est isomorphe `a E sur Qp(

p). Le groupe Gal(Qp,nr(µp)/Qp,nr) est cyclique

d’ordre p−1 et Qp,nr(

p) est l’unique extension quadratique de Qp,nr. Par suite, Qp,nr(

√ p) est contenu dans Qp,nr(µp) et en particulier dans Qp,nr(Ep). Elle est de mˆeme contenue

dans Qp,nr(Ep0). L’extension de Qp,nrengendr´ee par les points de p-torsion de E0est donc

´

egale `a Qp,nr(Ep). D’apr`es la prop. 3 de [8], l’action de Ip sur Ep0 est soit triviale, soit

peu ramifi´ee, et il en est donc de mˆeme de l’action de Ip sur Ep. Les d´efinitions (2.3.2)

et (2.4.8) de loc. cit. montrent alors que l’on a k = 1 + pα + β = (p2+ 3)/2. 4) Supposons que l’on soit dans l’un des cas suivants :

(a) v(∆) ∈ {4, 8, 10} (ce qui entraˆıne p ≡ 1 mod 3 d’apr`es le lemme 1); (b) v(∆) = 9 (ce qui entraˆıne p ≡ 1 mod 4 d’apr`es le lemme 1). On a le tableau suivant : v(∆) 4 8 9 10 α (p − 1)/3 2(p − 1)/3 3(p − 1)/4 5(p − 1)/6 β (2p + 1)/3 (p + 2)/3 (p + 3)/4 (p + 5)/6 Si v(∆) = 4 et p ≡ 1 mod 3, on a 1 ≤ α ≤ p − 2 et α + 1 < β ≤ p − 2; d’o`u k = 1 + pα + β = (p2+ p + 4)/3 (cf. [8], (2.3.2) et (2.4.5)).

Dans les autres cas ci-dessus, les entiers α et β satisfont aux ´egalit´es 1 ≤ β ≤ α ≤ p−2. D’o`u k = 1+pβ+α (loc. cit.), ce qui conduit aux valeurs de k annonc´ees dans le th´eor`eme.

4.2. Cas o`u h = 2. 1) Supposons que l’on soit dans l’un des cas suivants : (a) (v(∆), v(c4), v(c6)) = (2, 1, 1) (et donc p ≡ 2 mod 3, d’apr`es le lemme 1)

(b) (v(∆), v(c4), v(c6)) = (3, 1, 2) (et donc p ≡ 3 mod 4, d’apr`es le lemme 1)

(c) (v(∆), v(c4), v(c6)) = (4, 2, 2) (et donc p ≡ 2 mod 3, d’apr`es le lemme 1).

La repr´esentation de I dans Ep s’´ecrit matriciellement

 χ1−α

0 χα



avec α = (p + 1)v(∆)/12 (lemme 2 et prop. 2(a)). Le groupe Ip n’op`ere pas trivialement

sur Ep (prop. 4). Le caract`ere χ1−α est ´egal `a χβ o`u β = p − α. On a pour α et β les

valeurs indiqu´ees ci-dessous :

v(∆) 2 3 4

α (p + 1)/6 (p + 1)/4 (p + 1)/3

(17)

Dans les cas (a) et (b), on a les in´egalit´es 0 ≤ α < β ≤ p − 1 et β 6= α + 1. Cela conduit `a k = 1 + pα + β (cf. [8], (2.4.5)), ce qui donne les valeurs de k indiqu´ees dans l’´enonc´e du th´eor`eme.

Supposons maintenant que l’on soit dans le cas (c) ci-dessus, i.e. que l’on ait p ≡ 2 mod 3 et (v(∆), v(c4), v(c6)) = (4, 2, 2). On a 1 ≤ α < β ≤ p − 1 et β 6= α + 1 sauf pour

p = 5.

Si p 6= 5, on a k = 1 + pα + β, i.e. k = (p2+ 3p + 2)/3 (loc. cit.).

Supposons p = 5. On a α = 2 et β = 3. Pour d´eterminer k, il nous faut ´etudier la ramification sauvage de Q5,nr(E5). Calculons pour cela la valuation normalis´ee δ sur

Q5,nr(E5) de la diff´erente D de l’extension Q5,nr(E5)/Q5,nr(µ5) (cf. no3). Dans une base

convenable (P1, P2) de E5sur F5, le groupe Gal(Q5/Lnr(µ5)) op`ere matriciellement par

 1 ∗

0 1

 ;

en particulier, il existe σ ∈ Gal(Lnr(E5)/Lnr(µ5)) tel que l’on ait σP1 = P1 et σP2 =

P1+P2. On a v(T (P1)) = 1/12 et v(T (P2)) = 1/30 (cf. d´em. de la prop. 2(b) et lemme 2).

Le degr´e de Lnr sur Q5,nr (qui est le d´enominateur de v(∆)/12) est ´egal `a 3 et, de

l’´ecriture matricielle de la repr´esentation de I dans E5, on d´eduit que Q5,nr(E5) est une

extension de degr´e 20 de Q5,nr. Par suite, le degr´e de Lnr(E5) sur Q5,nr est ´egal `a 60 et

l’´el´ement π = T (P1)/T (P2)2 est une uniformisante de Lnr(E5). Posons P3 = P1+ P2.

On a σπ − π = T (P1)  1 T (P3)2 − 1 T (P2)2  .

Par ailleurs, on a T (P3) = T (P1) + T (P2) + des termes de valuation > 1/12 (cf. [12],

for-mule (16)), d’o`u v(T (P3)−T (P2)) = v(T (P1)) = 1/12, et v(T (P3)) = v(T (P3)+T (P2)) =

1/30. Il en r´esulte l’´egalit´e v(σπ −π) = 1/15. Si v0est la valuation normalis´ee de Lnr(E5),

´

egale `a 60v, on a v0(σπ − π) = 4, donc les groupes de ramification sup´erieurs Gi de

l’extension Lnr(E5)/Lnr(µ5) sont d’ordre 5 pour i ≤ 3 et d’ordre 1 pour i ≥ 4. D’apr`es

la formule (5) (ou plus correctement, par son analogue relatif `a l’extension consid´er´ee ici), la diff´erente de l’extension Lnr(E5)/Lnr(µ5) est (π16). Puisque Lnr(µ5)/Q5,nr(µ5)

est une extension mod´er´ement ramifi´ee de degr´e 3, sa diff´erente est (π02), o`u π0 est une uniformisante de Lnr(µ5) et engendre l’id´eal (π10) de Lnr(E5). Par suite, la diff´erente

de l’extension Lnr(E5)/Q5,nr(µ5) est (π26). Comme Lnr(E5)/Q5,nr(E5) est une extension

mod´er´ement ramifi´ee de degr´e 3, sa diff´erente est (π2) et la diff´erente D de l’extension Q5,nr(E5)/Q5,nr(µ5) engendre l’id´eal (π24) de Lnr(E5). Si w d´esigne la valuation

norma-lis´ee de Q5,nr(E5) et δ l’entier w(D), on a δ = 24/3 = 8. D’apr`es la prop. 5, Q5,nr(E5) est

peu ramifi´ee, et cela implique que l’on a k = 14 (cf. [8], (2.4.8)). La valeur de k calcul´ee pour p 6= 5, `a savoir k = (p2+ 3p + 2)/3, est donc valable si p = 5.

2) Supposons que l’on soit dans l’un des cas suivants :

(a) (v(∆), v(c4), v(c6)) = (8, 3, 4) (et donc p ≡ 2 mod 3, d’apr`es le lemme 1);

(b) (v(∆), v(c4), v(c6)) = (9, 3, 5) (et donc p ≡ 3 mod 4, d’apr`es le lemme 1);

(18)

La repr´esentation de I dans Ep s’´ecrit matriciellement

 χ2−α

0 χα−1



avec α = (p + 1)v(∆)/12 (lemme 2 et prop. 2(a)). Le groupe Ip n’op`ere pas trivialement

sur Ep(prop. 4). Posons β = p − (α − 1); on a χβ= χ2−α. Les valeurs de α − 1 et β sont

calcul´ees ci-dessous :

v(∆) 8 9 10

α (2p − 1)/3 (3p − 1)/4 (5p − 1)/6

β (p + 1)/3 (p + 1)/4 (p + 1)/6

Consid´erons les cas (a) et (b). Les entiers α − 1 et β v´erifient les in´egalit´es 1 ≤ β < α − 1 ≤ p − 2; d’o`u k = 1 + pβ + α − 1 (cf. [8], (2.4.5)), ce qui donne les valeurs de k annonc´ees.

Supposons que l’on soit dans le cas (c), i.e. que l’on ait (v(∆), v(c4), v(c6)) = (10, 4, 5)

et p ≡ 2 mod 3. On a 1 ≤ β < α − 1 ≤ p − 2, sauf pour p = 5.

Si p 6= 5, on a k = 1 + pβ + α − 1, i.e. k = (p2+ 6p + 5)/6 (loc. cit.).

Si p est ´egal `a 5, l’image de I dans Aut(E5) est repr´esentable matriciellement sous la

forme

 χ ∗

0 1

 ,

et pour d´eterminer k, on est amen´e `a ´etudier la ramification sauvage de Q5,nr(E5). Soit E0

la courbe elliptique d´eduite de E par torsion quadratique par√5; l’extension engendr´ee par les points de 5-torsion de E0 est ´egale `a Q5,nr(E5) (la d´emonstration est la mˆeme que

celle du n◦ 3). On a les ´egalit´es v(∆(E0)) = 4, v(c4(E0)) = 2 et v(c6(E0)) = 2. Il r´esulte

alors de l’´etude du cas 1)(c) du no 4.2 que Q5,nr(E5) est peu ramifi´ee, d’o`u k = 2 (loc.

cit ., (2.4.8)).

3) Supposons que (v(∆), v(c4), v(c6)) ne soit pas l’un des triplets (2, 1, 1), (3, 1, 2),

(4, 2, 2), (8, 3, 4), (9, 3, 5), (10, 4, 5). La repr´esentation de I dans Ep⊗FpFpque l’on d´eduit

par extension des scalaires de celle de I dans Ep s’´ecrit matriciellement

 ψαψ0p−α 0

0 ψ0αψp−α 

o`u ψ et ψ0 sont les caract`eres fondamentaux de niveau 2 et o`u α est ´egal `a (p + 1)v(∆)/12 (lemme 2 et prop. 2(b)). Dans cette situation on est dans l’un des cas suivants :

• v(∆) ∈ {2, 4, 8, 10} et p ≡ 2 mod 3; • v(∆) ∈ {4, 9} et p ≡ 3 mod 4; • v(∆) = 6.

(19)

Les valeurs de α et p − α sont indiqu´ees ci-dessous :

v(∆) 2 3 4 6 8 9 10

α (p + 1)/6 (p + 1)/4 (p + 1)/3 (p − 1)/2 2(p + 1)/3 3(p + 1)/4 5(p + 1)/6

β (5p − 1)/6 (3p − 1)/4 (2p − 1)/3 (p + 1)/2 (p − 2)/3 (p − 3)/4 (p − 5)/6

Si v(∆) ∈ {2, 3, 4, 6}, les entiers α et p−α satisfont aux in´egalit´es 1 ≤ α < p−α ≤ p−1. D’apr`es la d´efinition de (2.2.4) de [8], on a k = 1 + pα + p − α et l’on obtient les valeurs de k annonc´ees.

Si v(∆) ∈ {8, 9}, on a les in´egalit´es 1 ≤ p − α < α ≤ p − 1; d’o`u k = 1 + p(p − α) + α (cf. [8], (2.2.4)) et l’on obtient encore les valeurs de k annonc´ees.

Si enfin v(∆) = 10, on a les in´egalit´es 1 ≤ p − α < α ≤ p − 1 sauf si p est ´egal `a 5. Si p 6= 5, on trouve k = (p2+ 11)/6 (loc.cit.). Si p = 5, la repr´esentation de I dans E

5⊗F5F5 s’´ecrit matriciellement  ψ 0 0 ψ0  ;

d’o`u k = 2 (loc. cit .). Cela termine la d´emonstration de l’assertion (b) du th´eor`eme 1. B.2. Le cas p = 3, v(j) ≥ 0

1. Pr´eliminaires. Les invariants ∆ et c6´etant relatifs `a un mod`ele minimal de E, le

couple (v(∆), v(c6)) ne peut ˆetre ´egal `a (12, 6) ni ˆetre de la forme (m, n) avec m ≥ 12

et n ≥ 9 ([3], th. 1 et 3(1)). L’´egalit´e c3

4− c26= 1728∆, les in´egalit´es 2v(c6) ≥ v(∆) > 0

et le corollaire du th. 1 de [3] impliquent alors que (v(∆), v(c6)) est l’un des couples

intervenant dans le tableau ci-dessous :

v(∆) 3 4 5 6 7 9 10 11 12 13 v(c6) 3 ≥ 4 3 3 4 3 ≥ 5 5 ≥ 6 6 6 7 8 8 L’´equation (W ) y2= x3− c4 48x − c6 864 est une ´equation minimale de E sur Q3(cf. [13], 1).

Puisque l’on a v(j) ≥ 0, il y a potentiellement bonne r´eduction, autrement dit, il existe une extension finie de Q3 sur laquelle E acquiert bonne r´eduction ([11], p. 181,

prop. 5.5). La lettre L d´esignera une telle extension. On note EL la courbe d´eduite de E

par extension des scalaires `a L; EL a bonne r´eduction sur L.

Rappelons pour m´emoire le r´esultat suivant :

Lemme 5. Soit K une extension finie de Q3; la courbe elliptique E a bonne r´eduction

sur K si et seulement si il existe u ∈ K avec v(u) = v(∆)/12 tel que c4/u4 et c6/u6

soient les invariants c4(WK) et c6(WK) d’une ´equation de Weierstrass

(WK) y2+ a1xy + a3y = x3+ a2x2+ a4x + a6

(20)

D ´e m o n s t r a t i o n. Si la condition de l’´enonc´e est satisfaite, le discriminant de (WK),

´

egal `a ∆/u12, est une unit´e et (W

K) est l’´equation d’une courbe elliptique isomorphe `a

E sur K, donc E a bonne r´eduction sur K. La r´eciproque est imm´ediate.

Lemme 6. Il existe des ´el´ements entiers u et z de L avec v(u) = v(∆)/12 tels que la cubique (WL) d’´equation (WL) Y2= X3+ z 4u2X 2+z2− c4 48u4 X + z3− 3zc 4− 2c6 1728u6

soit une ´equation minimale de EL sur L. L’´el´ement z est tel que l’on ait v(z) = v(c6)/3

si v(∆) ≤ 2v(c6) < 6 + v(∆) et peut ˆetre choisi ´egal `a 0 si 2v(c6) ≥ 6 + v(∆).

D ´e m o n s t r a t i o n. La courbe E a bonne r´eduction sur L. Consid´erons un ´el´ement u satisfaisant `a l’´enonc´e du lemme 5. Il existe alors un ´el´ement Z de L de valuation ≥ 0, tel que l’on ait

 Z3− 3Zc

4/u4− 2c6/u6≡ 0 mod 27,

c4/u4≡ Z2mod 3

(cf. [3], d´em. du th. 1).

Les ´el´ements u et z = Zu2satisfont `a l’´enonc´e du lemme. En effet, le syst`eme pr´ec´edent

s’´ecrit



z3− 3zc

4− 2c6≡ 0 mod 27u6,

c4− z2≡ 0 mod 3u4.

Par suite, la cubique (WL) est `a coefficients entiers; les invariants standards associ´es `a

(WL) sont c4(WL) = c4/u4, c6(WL) = c6/u6 et ∆(WL) = ∆/u12; son discriminant est

donc de valuation 0. Cela montre que (WL) est une ´equation minimale de EL sur L.

Si 2v(c6) = v(∆), on a v(c6) = 3 et v(c4) = 2, comme on peut le constater dans

le tableau pr´eliminaire, et cela entraˆıne v(z) = 1. Si v(∆) < 2v(c6) < 6 + v(∆), on a

0 < v(c6(WL)) < 3 et la remarque qui suit le th. 1 de [3] entraˆıne l’´egalit´e 3v(z) = v(c6). Si

enfin on a 2v(c6) ≥ 6+v(∆), l’´egalit´e c34−c26= 1728∆ montre que l’on a 3v(c4) ≥ 3+v(∆)

et l’´el´ement u d´efini ci-dessus, avec z = 0, satisfait `a l’´enonc´e du lemme; cela termine la d´emonstration.

R e m a r q u e. Les formules de transformation entre les mod`eles (W ) et (WL) sont de

la forme

(6)  x = u

2X + z/12,

y = u3Y (cf. [13], 1, 2). Soit h la hauteur de r´eduction de EL sur L.

Lemme 7. On a h = 1 si et seulement si 2v(c6) = v(∆).

D ´e m o n s t r a t i o n. Une courbe elliptique d´efinie sur un corps de caract´eristique 3 est supersinguli`ere si et seulement si son invariant modulaire est nul. Pour que l’on ait h = 2, il faut et il suffit que l’invariant modulaire j( fEL) de la courbe elliptique fEL d´eduite de

EL par r´eduction modulo l’id´eal de valuation de L soit nul, c’est-`a-dire que la valuation

de j(EL) = j(E) soit > 0, ou encore que celle de j(E) − 1728 = c26∆ soit > 0. Comme

on a par hypoth`ese 2v(c6) ≥ v(∆), le lemme en r´esulte.

2. Description de l’action de I sur E3. Soient X, Y (resp. x, y) les fonctions

(21)

fonctions T = −X/Y et t = −x/y sont des uniformisantes locales au voisinage du point `

a l’infini O. On conserve avec p = 3 les notations de la partie B.1, 2. En particulier, on d´esigne par :

• [3] la s´erie enti`ereP∞

n=1τnTndonnant la multiplication par 3 dans le groupe formel

associ´e `a EL;

• N3 le groupe des points de 3-torsion du groupe formel associ´e `a EL;

• E3 le groupe des points de 3-torsion de E(Q3) = EL(Q3);

• fEL la courbe elliptique d´eduite de EL par r´eduction modulo l’id´eal de la valuation

de L;

• gEL,3le groupe des points de 3-torsion de fEL(F3).

Lemme 8. Supposons v(∆) ≤ 2v(c6) ≤ 4 + v(∆). Il existe un sous-groupe H de E3

d’ordre 3, stable sous l’action de G3, tel que si P est un point non nul de H, on ait

v(y(P )) = (v(c6) − 3)/2.

D ´e m o n s t r a t i o n. 1) Supposons 2v(c6) = v(∆). D’apr`es le tableau pr´eliminaire,

v(∆) est ´egal `a 6. On a h = 1 (lemme 7) et le groupe gEL,3 est d’ordre 3. L’application

de r´eduction E3→ gEL,3 est un homomorphisme surjectif de groupes. Son noyau C3 est

d’ordre 3. Si P est un point non nul de E3, on a P ∈ C3 si et seulement si v(Y (P )) < 0,

c’est-`a-dire si et seulement si v(y(P )) < 3/2 (formule (6)). Le sous-groupe C3de E3 est

donc stable par G3.

L’application P 7→ T (P ) (o`u T (P ) = −X(P )/Y (P ) si P 6= 0 et o`u T (O) = 0) est un isomorphisme du groupe C3sur le groupe N3. Soit P un point de C3 non nul; l’´etude

du polygone de Newton de la s´erie formelle [3] montre que v(T (P )) est ´egal `a 1/2 ([6], 1.10). On a v(Y (P )) = −3v(T (P )) = −3/2. L’´egalit´e y(P ) = u3Y (P ) o`u v(u) = 1/2 (car v(∆) = 6) implique alors v(y(P )) = 0; comme on a v(c6) = 3, le groupe C3 v´erifie

l’assertion du lemme.

2) Supposons maintenant v(∆) < 2v(c6) ≤ 4 + v(∆). On a h = 2 (lemme 7). Le

groupe gEL,3 est trivial et l’application P 7→ T (P ) est un isomorphisme du groupe E3

sur le groupe N3. Par ailleurs, τ3 est ´egal `a −2z/u2(cf. [11], p. 121, 4.5) et sa valuation

est v(τ3) = v(z) − 2v(u) = (2v(c6) − v(∆))/6 d’apr`es le lemme 6. De l’in´egalit´e 2v(c6) ≤

4 + v(∆) on d´eduit v(τ3) ≤ 2/3. L’´etude du polygone de Newton de la s´erie formelle

[3] montre que les ´el´ements non nuls de N3 ont pour valuation α1 = (1 − v(τ3))/2 ou

α2= v(τ3)/6 (cf. [6], 1.10). On a α1 > α2 et l’ensemble H des ´el´ements P de E3 pour

lesquels v(T (P )) ≥ α1 est un sous-groupe d’ordre 3 de E3. Soit P un point non nul de

E3; puisque l’on a v(Y (P )) = −3v(T (P )) et y(P ) = u3Y (P ) o`u v(u) = v(∆)/12, le point

P appartient `a H si et seulement si v(y(P )) est ´egal `a (v(c6) − 3)/2; en particulier, le

sous-groupe H de E3est stable sous l’action de G3 et il satisfait `a l’´enonc´e du lemme.

Proposition 6. Supposons v(∆) ≤ 2v(c6) ≤ 4 + v(∆). Dans une base convenable

de E3 sur F3, la repr´esentation de I dans E3 s’´ecrit matriciellement 1 ∗

0 χ si v(c6) est

impair , et χ ∗0 1 si v(c6) est pair.

D ´e m o n s t r a t i o n. Consid´erons un sous-groupe H de E3 satisfaisant `a l’´enonc´e du

(22)

χ, il suffit de d´emontrer que I agit trivialement sur H si v(c6) est impair et que I agit

sur H suivant χ si v(c6) est pair.

Soit P un point non nul de H. Posons α = (v(c6) − 3)/2. On a v(y(P )) = α (lemme

8). Le groupe H ´etant d’ordre 3, on aσP = ε(σ)P pour tout σ ∈ I avec ε(σ) ∈ {−1, 1}

et σ(y(P ))/y(P ) est donc ´egal `a ε(σ). Par d´efinition du caract`ere χα, χα(σ) est l’image

de ε(σ) dans F3. Par suite, I op`ere sur H par la formule σP = χ

α(σ)P (σ ∈ I, P ∈ H).

Si v(c6) est impair, α appartient `a Z et χαest ´egal au caract`ere trivial. Si v(c6) est pair,

α appartient `a (1/2) + Z et χαest ´egal au caract`ere cyclotomique χ.

Rappelons que ψ et ψ0 d´esignent les caract`eres fondamentaux de niveau 2; on a ψ = χ1/8 et ψ0= χ3/8.

Proposition 7. Supposons 2v(c6) > 4 + v(∆). La repr´esentation de I dans E3 est

irr´eductible. La repr´esentation de I dans E3⊗F3 F3 qu’on en d´eduit par extension des

scalaires est diagonalisable et repr´esentable matriciellement dans une base convenable par

ψ 0

0 ψ0 si v(∆) ≡ 1 mod 4, et par

ψ2ψ0 0

0 ψ02ψ si v(∆) 6≡ 1 mod 4.

D ´e m o n s t r a t i o n. On a h = 2 (lemme 7). L’application P 7→ T (P ) est un isomorphi-sme du groupe E3sur le groupe N3. Puisque l’on a v(τ3) = (v(c6)−(v(∆))/2)/3, l’in´egalit´e

2v(c6) > 4 + v(∆) implique que l’on a 2v(c6) ≥ 5 + v(∆), d’o`u v(τ3) ≥ 5/6 > 3/4. L’´etude

du polygone de Newton de la s´erie formelle [3] montre que les ´el´ements non nuls de N3

ont pour valuation 1/8 (cf. [6], 1.10).

Soit P un point non nul de E3; on a v(T (P )) = 1/8. D’apr`es les formules de

trans-formation (6), on a (7) t(P ) = T (P ) u − z 12u3Y (P ), o`u u est de valuation v(∆)/12 et o`u v(z) ≥ 0.

1) Supposons v(c6) < 6+v(∆). Par hypoth`ese cela entraˆıne 2v(c6) = 5+v(∆), c’est-`

a-dire (v(∆), v(c6)) ∈ {(3, 4), (9, 7)} (cf. le tableau pr´eliminaire). Des ´egalit´es 3v(z) = v(c6)

(lemme 6) et 3v(T (P )) = −v(Y (P )), on d´eduit les ´egalit´es v T (P ) u  − v  z 12u3Y (P )  = v(∆) − 2v(c6) + (9/2) 6 = − 1 12. Par suite, on a (8) v T (P ) u  < v  z 12u3Y (P )  et v(t(P )) = µ avec µ = v(T (P )) u = 1 8 − v(∆) 12 .

Consid´erons l’application f : E3 → mµ/m+µ d´efinie par f (P ) = t(P ) mod m+µ.

D´emontrons que f est un homomorphisme injectif de groupes compatible `a l’action de G3. Soient P , P0 deux points de E3. On a v(T (P + P0) − T (P ) − T (P0)) > 1/8 (cf. [12],

(23)

formule (16)), v T (P + P 0) u − T (P ) u − T (P0) u  > 1 8− v(∆) 12 = µ.

L’in´egalit´e (8) et la formule (7) entraˆınent alors v(t(P + P0) − t(P ) − t(P0)) > µ; cela prouve que f est un homomorphisme; f est injectif car v(t(P )) est ´egal `a µ pour tout P non nul de E3 et il commute `a l’action de G3 puisque l’on a t(σP ) =σt(P ) pour σ ∈ G3

et P ∈ E3. L’action du groupe I sur f (E3) est donc donn´ee par la formule

f (σP ) = χµ(σ)f (P ) (P ∈ E3, σ ∈ I).

Si v(∆) = 3, on a µ = −1/8 ≡ 7/8 mod Z, d’o`u χµ = ψψ02. Si v(∆) = 9, on a µ = −5/8 ≡

3/8 mod Z, d’o`u χµ = ψ0. Dans chacun des deux cas, χµ(I) est ´egal `a F∗9; ainsi f (E3)

est stable par multiplication par les ´el´ements de F9 et est un sous-F9-espace vectoriel

de mµ/m+µ (o`u F9 est l’extension quadratique de F3 contenue dans F3). Puisque f est

injectif, on en d´eduit une unique structure de F9-espace vectoriel sur E3 pour laquelle f

est F9-lin´eaire. Le groupe I op`ere donc sur E3 par la formule σP = χ

µ(σ)P (P ∈ E3, σ ∈ I).

En particulier, la repr´esentation de I dans E3 est irr´eductible, et apr`es extension des

scalaires `a F3, l’action de I dans E3⊗F3 F3 est repr´esentable matriciellement dans une

base convenable par

 χµ 0

0 χ3µ



(cf. [6], 1.9, d´em. du cor. 3).

2) Supposons 2v(c6) ≥ 6 + v(∆). On peut prendre z = 0 (lemme 6) et alors v(t(P ))

est ´egal `a µ, avec µ = 1/8 − (v(∆)/12). L’application f : E3 → mµ/m+µ d´efinie par

f (P ) = t(P ) mod m+

µ est un homomorphisme de groupes injectif compatible avec l’action

de G3(cf. d´em. de la prop. 1). Si σ ∈ I et P ∈ E3, on a donc f (σP ) = χµ(σ)f (P ). On a

µ = 1 8+ v(∆) 4 − v(∆) 3 ≡ 1 8 + v(∆) 4 mod Z  1 3  , donc le caract`ere χµ est ´egal `a ψ1+2v(∆)et l’on a

χµ=    ψ0 si v(∆) ≡ 1 mod 4, ψ2ψ0 si v(∆) ≡ 2 mod 4, ψ02ψ si v(∆) ≡ 3 mod 4

(sous l’hypoth`ese 2v(c6) ≥ 6 + v(∆), 4 ne divise pas v(∆) comme on peut le constater

dans le tableau pr´eliminaire). On a ainsi χµ(I) = F∗9et par une d´emonstration analogue `a

celle du cas 1) ci-dessus, on en d´eduit que la repr´esentation de I dans E3est irr´eductible,

et que la repr´esentation de I dans E3⊗F3F3est diagonalisable et donn´ee par les caract`eres

χµ et χ3µ. Cela d´emontre la proposition.

3. D´emonstration de l’assertion (b) du th´eor`eme 2. On note % la repr´esentation de I dans E3.

Lemme 9. ∆ est un cube dans Q3,nr si et seulement si on a v(∆) ≡ 0 mod 3 et

(24)

D ´e m o n s t r a t i o n. Toute unit´e de Q3,nrcongrue `a ±1 mod 9 est un cube dans Q3,nr

(cf. [7], p. 219, prop. 9). Donc la condition est suffisante. Montrons qu’elle est n´ecessaire. Supposons que ∆ soit un cube de Q3,nr. On a alors v(∆) ≡ 0 mod 3 et ∆0 est le cube

d’un ´el´ement x de Q3,nr. Puisque l’on a ∆0 ≡ ±1 mod 3, on a x ≡ ±1 mod 3, d’o`u

x3≡ ±1 mod 9. Cela prouve le lemme.

Proposition 8. Si la repr´esentation % s’´ecrit matriciellement 1 ∗0 χ, on a

k =    8 si v(∆) 6≡ 0 mod 3, 6 si v(∆) ≡ 0 mod 3 et ∆0 6≡ ±1 mod 9, 2 si v(∆) ≡ 0 mod 3 et ∆0 ≡ ±1 mod 9.

D ´e m o n s t r a t i o n. L’ordre de %(I) est ´egal `a 2 ou 6. On a Q3,nr(E3) = Q3,nr(µ3, ∆1/3)

(cf. [6], 5.3.b)).

Supposons que ∆ ne soit pas un cube dans Q3,nr. On a |%(I)| = 6 et I3 n’op`ere pas

trivialement sur E3. On est dans l’un des deux cas suivants :

(a) v(∆) 6≡ 0 mod 3;

(b) v(∆) ≡ 0 mod 3 et ∆06≡ ±1 mod 9.

Dans le cas (a), Q3,nr(E3) est tr`es ramifi´ee et, par d´efinition, on a k = 8 (cf. [8],

(2.4.9)). Dans le cas (b), Q3,nr(E3) est peu ramifi´ee et l’on a k = 6 (loc. cit ., (2.4.8)).

Lorsque ∆ est un cube dans Q3,nr, i.e. lorsque l’on a v(∆) ≡ 0 mod 3 et ∆0≡ ±1 mod

9, l’action de I3 sur E3 est triviale, et l’on a k = 2 (loc. cit ., (2.9.2)). Cela prouve la

proposition.

Proposition 9. Si la repr´esentation de I dans E3 s’´ecrit matriciellement χ ∗ 0 1,

on a

k = 4 si v(∆) 6≡ 0 mod 3, 2 si v(∆) ≡ 0 mod 3.

D ´e m o n s t r a t i o n. Elle est identique `a celle de la prop. 8. Si on a v(∆) 6≡ 0 mod 3, l’´egalit´e Q3,nr(E3) = Q3,nr(µ3, ∆1/3) montre que Q3,nr(E3) est tr`es ramifi´ee, d’o`u k = 4

(cf. [8], (2.4.9)). Si on a v(∆) ≡ 0 mod 3, Q3,nr(E3) est mod´er´ement ramifi´ee ou peu

ramifi´ee, auquel cas on a k = 2 (loc. cit ., (2.4.8)). Cela prouve la proposition.

Consid´erons alors un couple (v(∆), v(c6)) 6= (6, 5) intervenant dans le tableau pr´

eli-minaire. Si on a v(∆) ≤ 2v(c6) ≤ 4 + v(∆), la valeur de k indiqu´ee dans le th´eor`eme

s’obtient en appliquant les prop. 6, 8 et 9. Si 2v(c6) > 4 + v(∆), la valeur de k s’obtient

en appliquant la prop. 7 et la d´efinition (2.2.4) de [8]. Supposons (v(∆), v(c6)) = (6, 5).

L’´egalit´e c3

4− c26= 1728∆ implique ∆0 ≡ c034 − 3c026 ≡ ±1 − 3 mod 9; d’apr`es les prop. 6

et 8, on a k = 6. Cela termine la d´emonstration de l’assertion (b) du th´eor`eme 2. B.3. Le cas p ≥ 3, v(j) < 0

1. Description de l’action de I sur Ep. On suppose v(j) < 0. Il existe une unique

extension quadratique ramifi´ee L de Qp sur laquelle E devient isomorphe `a la courbe

de Tate Gm/qZ, o`u q est l’´el´ement de Q∗p d´etermin´e par l’´egalit´e j(E) = (1/q) + 744 +

196884q + . . . ([11], p. 355, 14). On a v(q) = −v(j(E)). Notons Tate(q) la courbe Gm/qZ.

(25)

Lemme 10. Il existe un isomorphisme de groupes θ de E(Qp) sur Q∗p/qZ tel que pour tout σ ∈ Gp on ait θ(σP ) =   

σ(θ(P )) si la restriction de σ `a L est l’identit´e,

θ(P ))−1 si la restriction de σ `a L

est l’´el´ement non trivial de Gal(L/Qp).

D ´e m o n s t r a t i o n. Les courbes E et Tate(q) sont d´efinies sur Qp, non isomorphes

sur Qpet isomorphes sur l’extension quadratique L de Qp; elles se d´eduisent donc l’une de

l’autre par torsion quadratique par l’extension L/Qp. Soit d ∈ Q∗p tel que L = Qp

√ d. Soit F un polynˆome s´eparable de degr´e 3 `a coefficients dans Qp tel que

(W ) y2= F (x)

soit une ´equation de E sur Qp; alors dy2= F (x) est une ´equation de Tate(q) sur Qp. Soient

x, y les fonctions coordonn´ees de Weierstrass de E dans le mod`ele (W ). L’application f : E(Qp) → Tate(q)(Qp) donn´ee dans les mod`eles de E et Tate(q) d´efinie par les

´

equations ci-dessus par f (P ) = x(P ), y(P )/√d est un isomorphisme de groupes. Pour P ∈ E(Qp) et σ ∈ Gp, on a f (σP ) = σ

d/√dσf (P ). L’homomorphisme θ, obtenu en

composant l’isomorphisme canonique de Tate(q)(Qp) sur Q∗p/qZ avec f , satisfait alors `a

l’´enonc´e du lemme.

Proposition 10. Supposons p ≥ 3 et v(j) < 0; dans une base convenable de Ep sur

Fp, la repr´esentation de I dans Ep s’´ecrit matriciellement

 χp−α

0 χα



avec α = (p − 1)/2.

D ´e m o n s t r a t i o n. Soit θ un isomorphisme de groupes de E(Qp) sur Q∗p/qZ, comme

indiqu´e dans le lemme 10. Par d´efinition, θ(Ep) est le noyau de la multiplication par p

dans Q∗p/qZ. L’image r´eciproque de µpqZ/qZ par θ est un sous-groupe Cp d’ordre p de

Ep. Parce que l’on a p ≥ 3, Qp,nr(

p) est l’unique extension quadratique de Qp,nr; c’est

donc le compos´e de L et Qp,nr. Le groupe I agit par le caract`ere cyclotomique χ sur le

groupe µpqZ/qZ, et il r´esulte du lemme 10 que l’on a, pour P ∈ Cp et σ ∈ I,

θ(σP ) = θ(P )

χ(σ) si σ(p) =p,

θ(P )−χ(σ) si σ(√p) = −√p.

L’application θ restreinte `a Ep ´etant Fp-lin´eaire injective, on en d´eduit que l’on aσP =

χ(σ)P si σ(√p) =√p etσP = −χ(σ)P si σ(√p) = −√p. En particulier, Cp est stable

sous l’action de I. On a en fait σ(√p) = χ(σ)(p−1)/2√p, donc I agit sur C

p suivant le

caract`ere χ(p+1)/2 = χp−α; le d´eterminant de la repr´esentation de I dans Ep ´etant le

caract`ere χ = χp, I op`ere sur E

p/Cp par le caract`ere χα; cela d´emontre la proposition.

2. D´emonstration des assertions (a) des th´eor`emes 1 et 2

Lemme 11. Supposons p ≥ 3 et v(j) < 0; on a Qp,nr(Ep) = Qp,nr(µp, q1/p).

D ´e m o n s t r a t i o n. Puisque p ≥ 3, on voit que Qp,nr(

p), qui est l’unique extension quadratique de Qp,nr, est contenu dans Qp,nr(µp), donc dans Qp,nr(Ep) et Qp,nr(Tate(q)p).

(26)

Comme E et Tate(q) sont isomorphes sur Qp(

p), on a Qp,nr(Ep) = Qp,nr(Tate(q)p) =

Qp,nr(µp, q1/p).

Rappelons que l’on a v(j) = −v(q). Posons α = (p − 1)/2 et β = p − α. La repr´esentation de I dans Ep s’´ecrit matriciellement

 χβ

0 χα



(prop. 10). On a β = α + 1.

Supposons p ≥ 5. Si p divise v(j), d’apr`es le lemme 11, l’action de Ip sur Ep est

soit triviale, soit peu ramifi´ee. Les entiers α et β sont compris entre 1 et p − 2; d’o`u k = 1 + pα + β = (p2+ 3)/2 (cf. [8], (2.3.2) ou (2.4.8)). Si p ne divise pas v(j), l’extension Qp,nr(Ep) est tr`es ramifi´ee et cela conduit `a k = (p + 1)2/2 (loc. cit ., (2.4.9)). Cela

d´emontre l’assertion (a) du th´eor`eme 1.

Si p est ´egal `a 3, la repr´esentation de I dans E3 s’´ecrit matriciellement sous la forme

 1 ∗

0 χ

 .

La valeur de k s’obtient alors en appliquant la prop. 8 (qui est valable si v(j) < 0); cela prouve l’assertion (a) du th´eor`eme 2.

B.4. Le cas p = 2. On rappelle que % est la repr´esentation de I dans E2. D’apr`es [8],

no 2, trois cas sont possibles :

(a) La repr´esentation % est irr´eductible. Dans ce cas, la repr´esentation d´eduite de % par extension des scalaires `a F2 est repr´esentable matriciellement dans une base convenable

par

 ψ 0

0 ψ0 

,

o`u ψ et ψ0 sont les caract`eres fondamentaux de niveau 2. On a |%(I)| = 3 et k = 2 (loc. cit ., (2.2.4)).

(b) On a |%(I)| = 1. Dans ce cas, on a k = 2 (loc. cit ., (2.3.2)).

(c) La repr´esentation % est repr´esentable matriciellement dans une base convenable de E2 sur F2par

 1 λ

0 1

 ,

o`u λ : I → F2 est un homomorphisme non nul. On a alors |%(I)| = 2. On a k = 2 si

l’extension Q2,nr(E2) de Q2,nr est peu ramifi´ee, et k = 4 si elle est tr`es ramifi´ee.

Si v(∆) est impair, ∆ n’est pas un carr´e dans Q2,nr, donc %(I) est pair ([6], 5.3, a)).

On est alors dans le cas (c), et on a [Q2,nr(E2) : Q2,nr] = 2. Comme Q2,nr(E2) contient le

corps Q2,nr

, il est ´egal `a ce corps, et est une extension tr`es ramifi´ee de Q2,nr. On a

donc k = 4.

Supposons v(∆) pair. Si on est dans le cas (a) ou le cas (b), on a k = 2. Si on est dans le cas (c), les mˆemes arguments que ceux de l’alin´ea pr´ec´edent permettent de prouver que le corps Q2,nr(E2) est ´egal `a Q2,nr

 et est une extension peu ramifi´ee de Q2,nr,

(27)

II. D´

etermination du conducteur

Consid´erons comme dans l’introduction une courbe elliptique E d´efinie sur Q et un nombre premier p. Notons N (E) le conducteur de E et Ep le groupe des points de

p-torsion de E(Q) (o`u Q est une clˆoture alg´ebrique de Q); Ep est un Z/pZ-espace vectoriel

de dimension 2. Si l est un nombre premier 6= p, on note Ql,nr l’extension non ramifi´ee

maximale de Qldans une clˆoture alg´ebrique Qlet fll’exposant de l dans N (E). Rappelon

que l’on a

fl=

(0 si E a bonne r´eduction en l,

1 si E a une r´eduction multiplicative en l, 2 + δl si E a une r´eduction additive en l,

o`u δl est l’invariant sauvage du Gal(Ql/Ql,nr)-module Ep (cf. [11], p. 361 et [4]); δl est

´

egal `a 0 si et seulement si l’extension Ql,nr(Ep)/Ql,nr est de degr´e premier `a l. Nous

nous int´eressons `a comparer N (E) au conducteur N (%p) associ´e par Serre ([8], 1.2) `a la

repr´esentation %p : Gal(Q/Q) → GL2(Ep) d´efinie par les points de p-torsion de E.

A. ´Enonc´e du r´esultat. Soient ∆ le discriminant minimal de E et vl(∆) l’exposant

de l dans ∆.

Proposition. Le conducteur N (%p) divise N (E). Plus pr´ecis´ement , on a

N (%p) =

Y

l6=p

lfl−fl(p),

o`u fl(p) est donn´e dans la table ci-dessous :

(a) Si E a bonne r´eduction en l, alors fl(p) = 0.

(b) Si E a mauvaise r´eduction de type multiplicatif en l, alors fl(p) =

 0 si p ne divise pas vl(∆),

1 si p divise vl(∆).

(c) Supposons que E ait mauvaise r´eduction de type additif en l. (i) Si p ≥ 5, on a fl(p) = 0.

(ii) On a fl(3) =

n1 si E a en l une r´eduction de type IV ou IV, 0 sinon.

(iii) On a fl(2) =

(2 si E a en l une r´eduction de type I∗

ν avec ν entier pair ≥ 0,

1 si E a en l une r´eduction de type III, III∗ ou I∗

ν avec ν impair,

0 si E a en l une r´eduction de type II, IV, IV∗, ou II∗.

B. D´emonstration. Dans toute la suite, la lettre l d´esignera un nombre premier diff´erent de p. On note E(Ql,nr) le groupe des points de E d´efinis sur Ql,nr et par

E(Ql,nr)[p] le noyau de la multiplication par p dans E(Ql,nr). Si n(l, %p) est l’exposant de

N (%p) en un nombre premier l 6= p, on a par d´efinition ([8], (1.2.2) et (1.2.3))

(28)

1. Pr´eliminaires. Rappelons d’abord le r´esultat suivant :

Lemme 1. Si E a mauvaise r´eduction de type multiplicatif en l, on a dimZ/pZE(Ql,nr)[p] =  2 si p divise vl(∆), 1 si p ne divise pas vl(∆), et [Ql,nr(Ep) : Ql,nr] =  1 si p divise vl(∆), p si p ne divise pas vl(∆).

D ´e m o n s t r a t i o n. Soit µple groupe des racines p-i`emes de l’unit´e de Ql. La courbe

E est isomorphe sur Ql,nr`a une courbe de Tate Gm/qZ, o`u q est un ´el´ement de Q∗l dont

la valuation vl(q) est ´egale `a vl(∆) (cf. [11], p. 357, th. 14.1). Le groupe Ep s’identifie

`

a (µpqZ/p)/qZ comme Gal(Ql/Ql,nr)-module; µp est contenu dans Ql,nr, et q est une

puissance p-i`eme dans Ql,nrsi et seulement si p divise vl(q); cela d´emontre le lemme.

Supposons maintenant que E ait mauvaise r´eduction de type additif en l. La cubique e

E d´eduite de E par r´eduction modulo l a un unique point singulier P . Posons gEns =

e

E − {P }; rappelons que l’on dispose d’une application de r´eduction E(Ql,nr) → eE(Fl)

(o`u Flest le corps r´esiduel de Ql,nr). L’ensemble E0(Ql,nr) des points de E(Ql,nr) dont la

r´eduction est diff´erente de P est un sous-groupe de E(Ql,nr); l’application de r´eduction

E0(Ql,nr) → gEns(Fl) est un homomorphisme surjectif de groupes dont le noyau E1(Ql,nr)

s’identifie `a l’ensemble des points du groupe formel associ´e `a E, `a valeurs dans l’id´eal de valuation de Ql,nr.

Lemme 2. Supposons E `a r´eduction additive en l. Le noyau de la multiplication par p dans E(Ql,nr)/E0(Ql,nr) est isomorphe `a E(Ql,nr)[p].

D ´e m o n s t r a t i o n. On ´ecrit la suite exacte (cf. [11], prop. 2.1, p. 174) : 0 → E1(Ql,nr) → E0(Ql,nr) → gEns(Fl) → 0;

le groupe E1(Ql,nr) est la limite inductive d’une suite de pro-l-groupes. Il est donc

p-divisible sans p-torsion; comme par hypoth`ese E a r´eduction de type additif, le groupe g

Ens(Fl) est isomorphe au groupe additif Fl, donc p-divisible sans p-torsion; d’apr`es le

lemme du serpent, E0(Ql,nr)[p] et E0(Ql,nr)/pE0(Ql,nr) sont r´eduits `a 0. Il suffit ensuite

de r´eappliquer le lemme du serpent, de nouveau avec la multiplication par p, `a la suite exacte

0 → E0(Ql,nr) → E(Ql,nr) → E(Ql,nr)/E0(Ql,nr) → 0

pour obtenir le lemme.

2. D´emonstration de la proposition. 1) Si E a bonne r´eduction en l, on a Ql,nr(Ep) =

Ql,nrd’apr`es le crit`ere de N´eron–Ogg–Shafarevitch ([11], p. 184, th. 7.1); δl est ´egal `a 0,

d’o`u n(l, %p) = 0 (formule (1)). Comme on a fl= 0, cela montre l’assertion (a).

2) Supposons que E ait mauvaise r´eduction de type multiplicatif en l. D’apr`es le lemme 1, on a

dimZ/pZE(Ql,nr)[p] =

 1 si p ne divise pas vl(∆),

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