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"Staropolska poezja ideałów ziemiańskich. Próba przekroju", Adam Karpiński, Wrocław 1983 : [recenzja]

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Krzysztof Mrowcewicz

"Staropolska poezja ideałów

ziemiańskich. Próba przekroju",

Adam Karpiński, Wrocław 1983 :

[recenzja]

Literary Studies in Poland 14, 126-135

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The b o o k closes with the essay w ritten a q u a rte r o f a century ago, “ W odbiorze dzisiejszego czy telnika” (R eception by the M odern R eader). P oin tin g o u t those features o f S low acki’s p o e tc art th a t are close to literatu re o f o u r tim es (such as the revealing o f general tru th s and perspectives th ro u g h individualized situations m ade concrete and u n iq u e; m o d ern use o f m etap h o r as a m eans o f extending the sem antic range o f the text, indirect suggestion o f artistic m eans), the au th o r finds th at m ost appealing to the co n tem p o rary reader are —beside m editative m ystical m m atures — those poem s which have the stru ctu re o f lyrical narrative or description.

The collection o f Z gorzelski’s studies is an outstanding b o o k ; presenting the m ost serious so far, and in m any respects illum inating, treatm en t o f S low acki’s lyrical poetry, and thu s becom ing a classical p osition in Polish literary scholarship, the b oo k opens new interpretative horizons also before those students o f R om anticism who base the herm eneutics o f poetic text on quite different m ethodological principles.

M a re k K w c p isze w sk i T ransl. by M a r ia -B ożen n a F e d ew icz

A d a m K a r p i ń s k i , Staropolska poezja ideałów ziemiańskich. Próba

przekroju (La Poésie vieille polonaise des idéaux campagparis*. Essai d’analyse), O ssolineum , W rocław 1983, 208 pp.

Il y a près de cin q u an te ans, Stanisław W indakiew icz a rem arq u é que la littératu re vieille polonaise se d istin gu ait p a r u n culte particulier de la vie à la cam pagne. L ’engouem ent p o u r la cam pagne a a ttein t en P ologne un degré inégalé d ans aucune autre littératu re de cette ép oque, ni d ans la littératu re italienne, ni dan s la française,

* Je trad uis ain si, fa u te d ’un autre term e, l ’a d je c tif zie m ia ń sk ie q u i signifie n o n se u le m e n t «se rap p ortan t à la ca m p a g n e » , m ais au ssi «se ra p jo rta n t à la p ro p riété terrien n e». C elle-ci éta it, en P o lo g n e p lu s q u ’ailleurs — ra>pelons-le — l ’a p a n a g e d e la cla sse — n o m b r e u se — d es n o b les, lesq u els éta ien t souvert le s propres géran ts sin o n les cu ltiv a teu rs de leurs terres, d es g en tlem en fa rm e r s en q u elq u e so r te (n o te d u trad ucteu r).

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C o m p te s rendus de livre s 127

ni dans l’a n g la ise 1. C ette observation incontestablem ent pertin en te engage à considérer avec plus d ’atten tio n le ph éno m ène de la poésie cam p ag n ard e vieille polonaise. C ep endant, le term e m êm e de «poésie cam p agnarde» a toujours suscité bien des doutes. Ce riche co u ran t de la littératu re vieille polonaise exprim e-t-il sim plem ent l ’idéologie de l’é ta t noble ou bien est-il aussi une tran sp o sitio n de la «philosophie de l ’idylle», de la philosophie b ucolique d an s les conditions de la vie réelle du pro p riétaire foncier p o lo n ais? A m oins que ne l’ait em p o rté la rep résen tatio n «R enaissance» d ’u n m o nd e de perfection et d ’o rd re? Quel rôle a jo u é, dans la naissance de cette poésie cam p ag n ard e l ’E pode II d ’H orace «Beatus ille qui procul negotiis»?

Le livre d ’A dam K a rp iń sk i repose ces questions et ne reno nce — en principe — à aucune des réponses apportées à ce jo u r. L ’au teu r ne consent pas, il est vrai, à un sim ple lien causal en tre l ’idéologie nobiliaire et la poésie cam pagnarde. C ependant, le titre m êm e de son travail situe cette ru b riq u e de la poésie vieille polonaise d ans la sphère d ’une idéologie de classe. Les idéaux ap p a rtien n en t, en effet, à l ’idéologie. Bien sûr, sur la form e littéraire de l’idéal influent, dans une égale m esure, les facteurs culturels et donc la «culture intellectuelle hu m an iste de la R enaissance» (p. 21), la trad itio n p o étiqu e ainsi que les con ditionn em en ts qui d écoulent de la biograph ie des auteurs.

Le livre s ’ouvre sur la définition de la poésie ca m p ag n ard e qui s’appuie sur le m ot de Stanisław G rzeszczuk destiné au

Dictionnaire de la littérature vieille polonaise, définition qui m et

su rto u t l ’accent sur la th ém atiq u e des oeuvres et sur leur rôle idéologique. Les cadres tem porels de ce c o u ra n t ont, eux aussi, été définis co nform ém ent aux anciennes suggestions de S tanisław K o t et ils se situent entre la m oitié du X V Ie siècle (1548 — 1555) — date p ro b ab le de la naissance du C h an t «A qui Dieu d o n n a un lieu tranquille et une pensée paisible» qui est sans do ute la prem ière p arap h ra se de l ’E pode II d ’H orace — et la fin du X V IIe siècle. L ’au teu r en arrive graduellem ent à une conception p ro p re du term e en p re n an t la peine de définir les facteurs qui différencient la

1 S. W i n d a k i e w i c z , P o e z ja zie m ia ń s k a (L a P o é sie c a m p a g n a rd e ), K ra k ó w 1938, p. 77.

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poésie cam p ag n ard e de to u te la p ro d u c tio n littéraire d ’alors, et aussi d ’indiquer les traits qui intègrent les oeuvres a p p a rte n a n t à ce m ouvem ent. Le co u ro n n em en t de ces co nsidératio ns, c ’est un essai spécifique de réflexion géno lo g iq u eper viam negativam. Le panégyrique, l ’idylle, le poèm e géorgique, l’élégie seront traités com m e p o in ts fixes, lim itan t le dom aine de la poésie cam pagnarde.

D an s son livre, K a rp iń sk i ch oisit une vision intéressante du m o n de de la littératu re. En accord avec les principes de l’école ritu alo -m y th o g rap h iq u e, il fait du m ythe une clé qui d o n n e accès à ce m onde, m ythe com pris com m e u n e p a ra litté ra tu re en son genre. D ans la lum ière du m ythe, la poésie ca m p a g n ard e doit dévoiler sa spécificité. C e m ythe, l’au teu r l ’identifie, sur le p lan de la signification — à l’in star de N o rth ro p Frye — à l ’archétype qui est lui-m êm e l’exem ple p latonicien, le m odèle, le m otif. A l’en to u r, ou p lu tô t à la surface de ce m ythe cen tral et invariable se g ro u p en t les top os qui obéissent à des re p résen tatio n s diverses. L ’u n io n ici de Frye et de C urtius ne p eu t éto n n er: C u rtiu s ne considérait-il pas certains des top os com m e des p ro jectio ns des archétypes de l ’inconscient collectif?

A côté de l ’E pode II d ’H orace, «B eatus ille qui p rocul negotiis», ce qui eut, de l’avis de l ’auteur, u ne im p o rtan ce décisive p o u r le développem ent de la poésie cam p ag n ard e, ce fut l’oeuvre de Jan K ochan ow ski et p articu lièrem ent le C h a n t X II à la Vierge des C h a n ts de la S aint-Jean. Précisém ent, d an s le poèm e de la Veillée de la Saint-Jean, nou s tro u v o n s le m ythe central de cette poésie. Le lab o u reu r qui fend la terre de sa ch a rru e recourbée est opposé au cou rtisan , au n avigateur, à l’o ra te u r et au soldat, à ceux qui so n t en quête, à ceux qui cherchent. L a cam pagne, la stabilité, le calm e, la sécurité sont opposés aux chem ins interm inables, aux eaux inform es du m onde. N o rth ro p Frye considérait com m e un m ythe fon dam ental, em b rassan t la co n d itio n h u m aine de m anière universelle, le m ythe de la quête, signifié p a r les saisons et p ar le cycle biologique de la vie hum aine. A ce m ythe ré p o n d , selon le principe co n tra ire, celui du «m onde des désirs com blés» hors du tem ps de la guête: le héros idolâtré y vit d an s la tranquillité, sans dépendre du destin capricieux. L ’h o m m e-lab o u reu r du C hant X II vit dans l ’im m obile, loin du m onde de la foule. L ’o pposition lab o u re u r — hom m e en quête, l’opp ositio n recherche —découverte,

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m o u v e m e n t—stabilité, c ’est — selon l’au teu r de ce livre — le coeur des archétypes de la poésie cam pagnarde.

K arpiński considère que le topos du lab o u reu r, pris aux Géorgiques de Virgile, a été reco nstru it par K ochanow ski d an s le cadre de la philosophie de l ’hom m e de la R enaissance. L a question essentielle de l’anth ro p o lo g ie p hilosophique de cette époque, d u choix du chem in à p rendre d ans la vie, cette question trou ve d an s le personnage du lab o u re u r, de l’agriculteur une réponse universelle. A l’h arm o n ie du m onde de la cam pagne co rresp on d l ’h arm o nie de la p ersonn alité de l ’hom m e qui se fond com plètem ent dans le rythm e de la nature. L ’agriculteur ne désigne pas une classe sociale concrète, ni des occupations concrètes. C ’est l’im age d ’un idéal d ’existence hum aine dans l ’indépendance et la tran qu illité salutaire. C ette existence «dans le sein de la cam pagne», ce n ’est pas seulem ent l’accu m ulation du bien-être, l’usage des richesses et des charm es de la nature. Ce sont aussi des occu pation s privées intellectuelles q ue les A nciens définissaient du term e d ’«otium ». L ’«otium », variante du tem ps éch ap p an t aux obligations sociales, form e de la vie de l ’agriculteur, se fonde, selon K arp iń ski, sur une harm onieuse «vision de l’hom m e et du m onde, en dehors du cycle de la quête» (p. 37).

D ans la poésie b aro q u e, le topos du lab o u reu r subit p o u rta n t quelques changem ents. K arpiński pense que l ’idéal de la con dition hum aine représenté d an s le C h an t X II à la Vierge de K och ano w ski fut p ro d u c tif et expansif. D a n s la littératu re du baroqu e, le labo ureur, c ’est le déserteur. D an s «Les délices du m onde», H ieronim M orsztyn soum et la vie à la cam p ag n e à l’idée vanitas. P o u r D aniel N aboro w - ski et Zbigniew M orsztyn, la vie du laboureur, c ’est déjà une utopie, un objet de rêverie, tandis que la réalité est envahie p ar la quête. Ce ch angem ent presque im perceptible du ton découvre les nouveaux traits du to p o s: le lab o u reu r est un hom m e qui a fui le m onde, p arce que le m onde a perdu son harm onie.

M ais Varator, c ’est su rto u t Y homo oeconomicus. D éjà, d an s le ch a n t anonym e «A qui D ieu d o n n a un lieu tran qu ille et u n e pensée paisible», le héros cam p a g n ard s’em presse de surveiller ses intérêts. A u tan t cep en d an t K ochanow ski présentait les occupations de l’agricul­ teu r dans un racco urci synthétique (cf. la rem arq ue pertin en te de K arpiński à p ro p o s d ’un résum é en quelques vers des Géorgiques),

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a u ta n t les poètes du b aro q u e tendaien t à dav an tag e de concret, en arriv an t graduellem ent à une identification du héros de cette poésie ca m pagn ard e avec une sorte de gentlem an-farm er concret. C e gentilhom m e, en dépit d ’une réalité m enaçante, rejetait le m odèle d ’u ne existence héroïque, s ’enferm ait entre les q u atre m urs de sa cam pagne. S ourd à l’exemple de C incinnatus, il ne s’em p arait pas des arm es pendues au m ur, il se co n so lait: «la cam pagne m ène com m erce avec le ciel» (J. G aw iński). M êm e Zbigniew M orsztyn qui passa dans l ’arm ée de longues années de sa vie était à la fin un «chevalier rivé à son sabre». D ans les oeuvres de H ieronim M orsztyn, de A ndrzej Zbylitow ski, de Stanisław Słupski, de K asper M iaskow ski et de W espazjan K ochow ski, on peut, selon K arpiński, suivre les «tentatives d ’actu alisation du m odèle de l ’hom m e qui cherche et de celui de l’hom m e qui reste d an s un m onde d ’harm onie» (p. 60). L ’agriculteur, c ’est tou jo u rs une figure de b on h eu r et d ’ordre, m ais lui-m êm e et son m onde s’éloignent de plus en plus de la réalité.

L ’inséparable com pagne de n o tre ferm ier, c ’est «la ferm ière

diligente», un personnage étrang er au moncie m asculin de l ’idylle et caractéristique de la poésie cam pagnarde. Travailleuse et fidèle, non seulem ent elle assiste l’agriculteur dans "son travail q uotidien, m ais elle prévient aussi les to u rm en ts de_ son coeur. ' C ep end an t, d a n s ' ce m onde d ’h arm o n ie d o n t le p o in t central est l ’heureux

arator, m êm e le travail est un am usem ent. La vie à la cam p agn e

ce so nt les «divertissem ents agricoles» (S. Słupski) et le lab o u reu r, c ’est, en un certain sens, Yhomo ludens. En effet, l ’ho m m e qui vit d ans le seiri de la cam pagne est libre, indépendant du destin aveugle et des caprices éventuels de ce m onde, «dans son aire, il est p o u r lui-m êm e seigneur et sénateur» (J. G aw iński). C ette liberté lui a perm is de jo u ir de tous les plaisirs de la vie cam p ag narde. Le p ro p rié ta ire terrien agriculteur et Yhomo ludens se pén ètren t l’u n l’au tre et créent, selon K arpiński, une im age d 'homo beatus. A jo u to n s: une im age qui, selon la définition de H a zard est la «préfiguration de l’idéal de la sagesse classiq ue» 2.

Le second tops qui p articipe au m onde d é la poésie cam pagn arde, c ’est le m o tif du «lieu de bonheur» — locus amoenus auquel cet

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C o m p te s rendus de liv re s 131

au teu r consacre un am ple chapitre. S o rtan t de son principe pertin en t d ’un espace de la vie heureuse de l’agriculteur qui soit nécessairem ent relié à une vision du cosm os p ro pre à l’époque, K arp iń sk i tente de reco nstruire 1’«im age du m onde» de la R enaissance d an s lequel l’hom m e libre, placé au centre de son existence, découvre sa subjectivité en m êm e tem ps q u ’il se différencie de la to ta lité de l’être. A u cosm os des phénom ènes, il oppose la vision sy nthétique d ’un ordre im m obile de la n atu re, vision grâce à laquelle, ju stem en t, naît l ’espace de la poésie cam pagnarde. Il faut souligner ici la rem arque — incontestablem ent ju ste — de l ’auteu r à p ro p o s du rôle jo u é p ar une conception stoïcienne de l’union de la n atu re de l’hom m e et de la n atu re du m onde dans la co n stru ctio n de l ’im age d ’une existence bienheureuse de Yarator «dans le sein de la c a m p a ­

gne».

U ne architecture de l’espace cam pagn ard est aussi créée p ar un cercle sacré, au to u r de l’hom m e heureux. L ’ordre du m onde est com m e une ém anation de l’o rd re d ’une n atu re h um ain e non terrestre. E n d ehors du cercle d ’harm onie m arq ué p ar la personne de l ’argiculteur, p ar sa m aison (le «nid familial», p ar le village, il existe un espace m auvais d ’existence, un locus horridus (la ville, la cour, les ch am ps d e# bataille). L ’aspect m oral de la vie à la cam pagne, c ’est un choix d ’ordre et de sécurité, opposé au chaos et aux dangers d ’un «m onde avide», plein de tentations, extérieur au cercle sacré.

Le m o n d e représenté d ans la poésie cam pagnarde, c ’est une n atu re utile, ab o n d a n te en «aises el profits», une n atu re «à travers laquelle s ’exprim e la culture» (p. 112). A l ’en to ur, to u t est au service de l’hom m m e. Les poètes de la cam pagne se plaisent à énum érer les abond ances et les délices de la vie du «gentilhom m e à la cam pagne». L ’image du m onde est «com posée et non vue» (p. 118). L ’hom m e heureux vit d ans un entourage qui confirm e son état de béatitude. L ’ord re du m onde correspond en effet à l ’ordre qui règne d ans la personnalité de l ’agriculteur. D ’où cette an th ro p o m o rp h isa tio n , cette anim isation, ces procédés qui sont d ’application p articulièrem ent fréquente chez les poètes cam p ag nards. U ne o b servatio n attentive des descriptions de la n atu re d an s la poésie cam p a g n ard e révèle leur conventionnalité p rofonde. A l’époque b aroque, cette vision synthétique de la natu re que l’on tro u v ait

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chez K ochanow ski, se double, p arad o x alem en t d ’une p ré sen tatio n de plus en plus détaillée des divers plaisirs. La cam p ag ne sym bolique de C zarn o las cède le pas à une localisation concrète (par exem ple le G aj chez W espazjan K ochow ski). Les cadres sy n th étiq ues qui subsistaient de la R enaissance furent rem plis p ar une nouvelle image du m onde, une image pleine d ’une n ature inventée.

Le thèm e suivant de ce livre, c ’est le tem ps de ce lieu de bo nh eu r. L à où se tient l’agriculteur, en cette «cam pagne paisible» d o n t K arp iń sk i voit l’opposé dans cette «auberge peu sûre» du pèlerin, le tem ps ne sem ble pas exister. M êm e la m o rt qui a accès à toutes les A rcadies n ’est, dans ce m onde ca m p a g n ard , que la pro lo n g atio n d ’une vie heureuse. La poésie ca m p a g n ard e crée donc un «siècle d ’or», cette période heureuse des com m encem ents qui reste en dehors du tem ps linéaire de l’H istoire.

Le cycle des q u atre saisons, qui encadre souvent la com po sition des oeuvres de ce co u ran t souligne la capacité rem a rq u ab le de régénération de l’ordre im m ém orial de la nature. D ans ce m onde de b éatitude et de bo nh eur, où le héros accède à l ’apothéose, préd o m in e cepen dant une atm osphère de printem ps éternel, d ’éclat et de floraison de tou te la vie.

Les derniers chapitres du livre d ’A dam K arp iń ski so n t consacrés à des réflexions génologiques. La poésie cam pagn ard e, c ’est, selon cet au teu r

la p artie d e la p o é sie vieille p o lo n a ise qui est m arq uée par un sy stèm e très général de caractéristiq u es ém a n a n t du th èm e: p résen ta tio n de la c a m p a g n e et de la vie ca m p a g n a r d e , é lo g e de l ’h o m m e et du m o n d e rep résen tés là, n orm es sty listiq u e s ap p ro p riées d an s la stru ctu ra tio n de l ’é n o n c é (p. 157).

C om m e on le voit, cette définition s’efforce de trou ver, à côté des critères thém atiques traditionnels, un canevas stylistique com m un à to u te la poésie cam pagnarde, et ce, afin de définir le ra p p o rt de cette poésie au système des genres littéraires vieux polonais. Le panégyrique, les genres de la parénèse littéraire, de l’idylle, du poèm e géorgique, de l’élégie co n trib u en t à créer la poésie cam pag narde, m ais en mêm e tem ps, ils lim itent son aire.

L ’a u te u r souligne, à ju ste titre, le grand rôle jo u é p a r la rh éto riq u e dans la p ratiq u e p o étiq ue d ’alors. La persuasion rh éto riq u e devient, en beaucoup d ’oeuvres, la langue «dom inante» de la co m m u ni­

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C o m p te s rendus de livres 133

cation avec le le c te u r3. Le panégyrique est lié à l ’un des genres principaux de la persuasion rh éto riq u e: le genus dém onstrativum qui dom ine égalem ent dans la poésie cam pagnarde. U ne telle thèse est illustrée p ar une tentative d ’analyse du ch a n t X II à la Vierge. Aux genres de la parénèse, la poésie ca m p ag n ard e est reliée p a r une tendance nette à la création d ’exemples idéaux de la «vie d ’un gentilhom m e à la cam pagne».

D ans le voisinage de ce co u ran t de la vieille poésie po lonaise se situe, selon K arp iń sk i, l ’idylle qui diffère cependant des oeuvres cam pagnardes en raison de la différence des ethos du berger et de l’agriculteur ainsi q u ’en raison des positions différentes des écrivains à l ’égard du m onde q u ’ils créent.

Des Géorgiques, selon K arp ińsk i, provient le to po s m êm e du lab o u reu r, ainsi que le style élevé, la tendance au didactism e et la propension — caractéristique de la poésie cam pagn ard e — à une p résentation synthétiqu e de la vie du gentilhom m e-propriétaire terrien. R arem ent p o u rta n t on a vu app araître, dans les oeuvres de ce co u ran t, la descrip tio n p ro p re au poèm e géorgique; on y a évité aussi le cours d ’agriculture, ce pilier de l’oeuvre de Virgile.

L ’élégie est, p o u r K arpiń ski, le dernier des genres qui co n trib u e n t à com poser et à cerner la poésie cam pagnarde. Le ton de l’élégie, cette atm o sp h ère de tristesse paisible et d ’attendrissem ent m é d ita tif sont très réels dans beauco up d ’oeuvres cam pagnardes. K arp iń sk i considère q u ’un rôle im p o rtan t, dans le processus du rap p ro ch em en t de l ’élégie et de la poésie cam pag narde, a été jo u é p ar les poèm es en latin de Jan K ochanow ski, dans Elegiarum libri quattuor où nous tro u v o n s de nom breux m otifs typiquem ent cam pag nards. K arp iń sk i discerne déjà un to n élégiaque d an s les vo ta de D aniel N aborow ski et de Zbigniew M orsztyn, et aussi dans les poèm es saturés d ’élém ents auto b io g rap h iq u es de W espazjan K ochow ski, de K asper M iaskow ski et de W acław P otocki.

D ans ce réseau d ’interdépendances de genres, K arp ińsk i p ro p o se de situer ce phén o m èn e de la poésie ca m p ag n ard e — qui, à son avis, dépasse le genre.

3 H. D z i e c h c i ń s k a , « S zla ch cic id ealn y w Ż y w o c ie c z ło w ie k a p o c z c iw e g o , czyli narracja p ersw a zy jn a » (Le N o b le idéal d a n s Ż y w o t . . . , c.-à -d . la n arration p e r su a sio n n e lle ). P a m ię tn ik L ite r a c k i, 1969, fasc. 4.

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134 B o o k R e v ie w s

In terro geo ns-nous sur la m éth o d e de recherche ap pliquée dans ce livre. Elle a sans conteste b eau co u p de qualités. Elle perm et, p ar exemple, de présenter de m anière a ttra y a n te une m atière littéraire qui souvent n ’est guère intéressante. Le co m m en taire littéraire dans le do m aine du m ythe introduit ce p en d an t un certain a-historicism e. Le m ythe n ’a ni tem ps ni lieu. En essayant de saisir les changem ents survenus d an s les topos, à la surface d u m ythe, l’au te u r se défendait, il est vrai, de d étruire cet in stru m en t — si précieux p o u r to u t h istorien de la littératu re — q u ’est le tem ps. Il tente de saisir les changem ents survenus d an s les topos, à la surface du m ythe. C ep en d an t, cette défense n ’est pas to u jo u rs efficace. Le to po s de l’agriculteur, p a r exemple, p o u rra it être co n fro n té à la riche trad itio n p hilo so p h iq u e q u ’inaugure, sans d o u te, l ’éloge que fait S ocrate de la vie de l’agriculteur dans le livre de X é n o p h o n L ’Econom ique, l’une des sources supposées des Géorgiques de Virgile. D evraient être égalem ent sensiblem ent ap profondies les rem arq u es très précieuses, m ais quelque peu dispersées, sur les m otifs stoïciens, m otifs qui son t sans do u te décisifs p o u r la com préhension du m o n d e de la poésie cam pagn ard e. A u X V e et au X V Ie siècles, p o u r b eau co u p de philosophes-m oralistes, l’ag ricu lteu r-lab o u reu r co n stitu ait l’exem ple de la vie vertueuse. R a p p e ­ lons ne serait-ce que le rôle éd u c ateu r et m oral de l’agriculture d an s cette version chrétienne de L a République de P lato n q u ’est

YU topie de T hom as M ore. Il fa u d rait égalem ent co m p arer le to p o s

du lab o u re u r avec le personnage, si pop u laire d ans l ’hagiographie du X V IIe siècle, de saint Isidore agriculteur. U ne trad itio n littéraire im p o rtan te de l’opposition centrale agriculteur-hom m e qui cherche, hom m e en quête, cette opposition que K arp iń sk i considérait com m e un trait co n stitu tif de la poésie cam p ag n ard e, est constituée aussi, sans doute, p ar les p ro p o s d ’avertissem ent sur la nav igation ces paroles que l ’on gravait, dans l’A ntiquité, sur les tom beaux vides des m arins (kenotaphion).

Suivre les changem ents survenus d an s les topos est une tâche fort ardue. O n peut discuter, p a r exemple, la thèse de l’expansivité du m odèle de la vie de l’agriculteur d an s le poèm e de la Saint-Jean de Ja n K ochanow ski. Il sem ble que l’idéal hum aniste de la R enaissance doive p lu tô t être recherché d ans le ch a n t X IX du Livre // , et l ’A rcadie de C zarnolas, c ’est, com m e to ute A rcadie, un refuge devant le chaos.

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C o m p te s rendu s d e livres 135

U ne autre conséquence — conséquence désavantageuse sans d o u ­ te — de la m étho de ad op tée ici: l’ém iettem ent des oeuvres citées selon les m otifs répétitifs. Ceci, non seulem ent désintègre les textes particuliers, m ais aussi enlève leur originalité. A insi, c ’en est fait de la spécifité de ces poèm es si extrao rd in aires des vota de D aniel N aborow ski et de Zbigniew M o rsztyn, où se m êlent les m otifs de la poésie ca m p ag n ard e et ceux de la poésie m étaphysique, où il n ’est pas possible de co n state r où finit l ’« A rcad ia p ro fan a» et où com m ence 1’«A rcad ia sacra». C ’est là — soit d it entre p a re n ­ thèses — un tra it rem arq u ab le de la littératu re b a r o q u e 4.

Bien sûr, to u tes ces re m a rq u es ne m inim isent pas la valeur du livre d ’A dam K arp iń sk i qui, d ans une tentative intéressante et am bitieuse, veut se m esurer ici au phénom ène — difficile à analy­ ser — de la poésie cam p agnard e. Ce travail est particulièrem ent précieux p a r la clarté et la m o d éra tio n de l’exposé des hypothèses d ’étude. L ’au teu r a eu le m érite incontestable d ’a ttire r l’atten tio n sur le caractère universel de cette poésie ca m p a g n ard e qui en appelait aux archétypes de la re p résen ta tio n de la c o n d itio n hum aine. D e la p ro b ité scientifique de cet a u te u r tém oigne aussi la co n fro n ta ­ tion incessante du m onde de la poésie avec ceux de la philosophie et de l ’art de la R enaissance et d u baroque.

C ependant, presque ch aq u e livre exige d ’être com plété et to u te m éthode d ’étude est un ren o n cem en t à certains dom aines de la com préhension. «O m nis decisio est negatio».

K r z y s z t o f M r o w c e wic z Trad, par E lisabeth D e stré e -V a n W ilder

4 J. S o k o ł o w s k a , D w ie n ie sk o ń c zo n o śc i. S zk ic e o lite ra tu r ze b a ro k o w e j (D eu x infinités. L e s esq u isses su r la litté r a tu re d e b a ro q u e). W ar sza w a 1978.

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