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Remarques sur la culture littéraire de la seconde moitié du XVIIIe s. en Pologne

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Teresa Kostkiewiczowa

Remarques sur la culture littéraire de

la seconde moitié du XVIIIe s. en

Pologne

Literary Studies in Poland 4, 45-66

(2)

Teresa K ostkiew iczow a

Remarques sur la culture littéraire

de la seconde m oitié du X V IIIe s. en P ologn e

î

La perspective d o m in an te des recherches littéraires m enées jusque-là s u r les Lum ières polonaises était celle offerte p a r l’o bservation des ten d an ces philosophico-idéelles co ntenues dans les oeuvres littéraires o u des co u ran ts littéraires différenciés sous le ra p p o rt de leurs d éterm in a n ts esthétiques et des form es artistiques. C ep end an t, un élém ent non m oins im p o rtan t de la caractéristiq ue de l’épo qu e est la question du fo nctionnem ent social de la littératu re, les m odes de sa circulation et les problèm es de la co m m u n icatio n intervenant e n tre les cercles des créateurs et des récepteurs de la littératu re de ce tem ps. L’étude de ces phénom ènes — situés d ans l'aire de la sociologie de la littératu re largem ent enten d u e — à des époques h isto riq u em en t distantes, suscite cep en d an t de nom breuses difficultés. Ils viennent de la spécificité de la situation historico-littéraire, de l'éloignem ent dans le tem ps, de la qualité des sources accessibles et, ce qui s’ensuit, de la nécessité de m ettre en oeuvre des m éthodes de recherche distinctes.

Le caractère distinct de la cu ltu re des Lum ières s’exprim e p.ex. d an s la spécificité de la norm e de la littérarité de l’époque, qui d em an d e de traiter com m e des^phénom ènes situés fonctionnellem ent au m êm e plan la poésie et l’éloquence, la prose ro m an esqu e et histo rio g rap h iq u e ou le traité scientifique. Ce fait est un sym ptôm e d ’une situation culturelle plus générale où les stratifications co n tem ­ porain es en littératu re au sens strict et en p ro d u c tio n p aralittéraire ne jo u a ie n t pas un rôle aussi essentiel dans la conscience des

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46 Teresa K ostkiew iczow a

destinataires. D e m ultiples tém oignages p erm etten t de co n state r que la création verbale de l’époque était traitée com m e une entité d o n t les élém ents particuliers étaient reliés av a n t to u t p a r les fo nction s co m m u ­ nes qui leur étaient attachées. Aussi, l’étud e de la cu ltu re littéraire des Lum ières englobe-t-elle n o n seulem ent la circulation sociale et la réception des oeuvres strictem ent littéraires, m ais aussi la réception de to u te la p ro d u c tio n écrite de ce te m p s 1. Les p ro p o rtio n s q u a n ti­ tatives entre les différents genres de cette p ro d u c tio n in terv en an t au plan de la créatio n com m e à celui de la réception so nt les indices essentiel de la situatio n culturelle des Lum ières.

La dém arche dans les recherches est égalem ent définie p a r la spécificité des m atériaux soum is aux analyses sociologiques littéraires des anciennes époques. Ce qui s’im pose av an t to u t d ans le processus de reconstru ction de la culture littéraire qui leur était p ro p re, c ’est la nécessité de p arven ir aux sources in d irec te s2, généralem ent incom ­ plètes et sélectionnées p ar l’histoire m êm e, n o tam m en t les inventaires des bibliothèques, les catalogues des libraires ou des ventes aux enchères, les listes des souscripteurs, les annonces de presse, mais aussi des docu m ents à caractère b eauco up plus personnel, p.ex. les m ém oires, souvenirs ou au tres tém oignages passagers et fo rtu its des lectures. E ta n t do n n é cette situation relative aux sources, il est p a rti­ culièrem ent im p o rta n t p o u r caractériser la cu ltu re littéraire non seule­ m ent de relever les ob servatio ns directes to u c h a n t les goûts des lecteurs du tem ps et leur dem ande littéraire, m ais av a n t to u t les

1 11 est en principe tenu com pte de cette nécessité dans les principaux manuels de littérature traitant de cette période et qui informent p.ex. sur les principaux phénom ènes de la littérature d ’opinion; la présentation de tous les gens de lettres de ce temps est aussi un principe qui a déterminé l'élaboration des volum es de la

Bibliographie de la littérature polonaise ..N ow y K o rb u t”, consacrés aux Lumières. Le

besoin d ’englober par les recherches toute la culture écrite des époques anciennes est aussi mis en relief par K. M ig o ń , O badaniach nad dziejam i czytelnictw a

(A propos des recherches sur l ’histoire de la lecture), [dans:] Dawna k sią żk a i kultura ( Ancien livre e t culture), ss la dir. de S. G rzeszczuk et A. K awecka-G ryczow a,

W rocław 1975, p. 191.

2 Sur le problèm e des sources dans les recherches portant sur la sociologie de la littérature des Lumières, cf. A. D u p r o n t , Livre et culture dans la société

française du X V I I I e siècle, [dans:] L ivre e t société dans la France du X V II Ie siècle.

Paris —La H aye 1965, pp. 212 et suiv. ; R. M a n d r o u , De la culture populaire aux

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Remarques sur la culture littéraire 47 inform ations, assez nom breuses et contenues d an s les docu m en ts les plus divers, sur les m odes de com m un ication littéraire caractéristiques de ce tem ps: techniques et m oyens de transm issio n, canau x au m oyen desquels la p ro d u c tio n écrite pou v ait p arv enir ju s q u ’à ses destinataires potentiels. D an s les recherches les plus récentes on porte en effet son atten tio n sur les relations essentielles in terv en ant entre le type de culture et les form es de la vie littéraire, en tre le système de com m u nicatio n en place et le m ode de p artic ip a tio n à la culture des différents groupes et couches so c ia u x 3. D e là la nécessité de situer les observations de détail et les faits de la vie littéraire dans la perspective supérieure des régularités générales qui d éterm in en t le déroulem ent, les sphères et les niveaux de la com m u n icatio n littéraire.

Si nous ad o p to n s la perspective de com m u n icatio n signalée p o u r les recherches sociologico-littéraires des Lum ières, on voit ap p a ra ître com m e une question de grande im portance celle des techniques de transm ission. P a r la n atu re des choses en quelque sorte, l’on a consacré le plus d ’atten tio n jusque-là aux m essages im prim és, ceux-ci étan t particulièrem ent valables grâce à leur m odernité. C ep en d an t, une pleine caractéristiqu e de la situ ation culturelle des Lum ières appelle la prise en considération de la sphère de fon ctio nn em ent et de l’im portance des autres techniques, su rto u t les m an uscrits en tan t que phénom ène culturel essentiel, extrêm em ent signifiant d ans la caractéristiq ue globale du systèm e social de com m u n icatio n et de la culture littéraire d ans laquelle ce système fonctionne. Ce qui doit particulièrem ent retenir l’atten tio n c’est le fait que, d ans la deuxièm e m oitié du X V IIIe siècle en P ologne fonctio n n aien t sous form e m anuscrite divers com m uniqués adressés p a r des ém etteu rs de différents types à des destinaires divers q u a n t à leur caractère et position. Sous form e m anuscrite on diffusait s u rto u t les écrits p olitiques de circonstance. P resque to u te la p ro d u c tio n écrite co n tre le roi, des années 1767—1772, était diffusée anon y m em en t sous form e m an uscrite parm i la noblesse p a r des réseaux occasionnels con stitu és a d hoc p ar les contacts de voisinage et les diverses in stitu tio n s publiques.

' Ces problèmes sont traités dans les livres: S. Ż ó ł k i e w s k i . Badania kultury

literackiej i funkcji społecznych literatury (Recherches sur la culture littéraire et les fonction s sociales de la littérature), [dans:] Problem y socjologii literatury (Problèm es

de sociologie de ta littérature), W rocław 1971; J. L a le w ic z , Komunikacja język o w a i literatura (La Communication linguistique et la littérature), W rocław 1975.

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M algré cela, l'espace de diffusion de ce type d'écrits, donc le public auquel ils pouvaient parvenir, était assez large, grâce ju stem en t à la m obilité de la vie p olitique de l’époque. Les textes m anuscrits étaient aussi volontiers utilisés p a r les groupem ents p olitiques d isposant des m oyens d ’im pression. Ainsi p.ex., aux oeuvres m anuscrites visant les partisans du roi S tanislas-A uguste, ce cam p ré p o n d ait égalem ent p a r dtî» oeuvres anonym es diffusées sous form e m a n u sc rite 4. L 'on a sans doute ici affaire au sentim ent de l'u tilité particulière des m essages m anuscrits p o u r l'ag itatio n politique au sein de la noblesse le plus habituée à cette form e de circulation de la p ro d u c tio n écrite, caractéristique du folklore m ésologique de cette couche sociale et p o r­ ta n t les m arques d 'u n e nette officiosité au regard du caractère officiel de l ’im prim é. T rès im p o rtan tes étaient aussi les form es génologiques utilisées dans ce genre de littérature, telles que le p ronostic, la cabale, la p rophétie, le discours dialogué.

L ’officiosité, l'an o n y m at, l'ag itatio n politique, tels sont les ca­ ractères de la p ro d u c tio n éphém ère diffusée en copies m anuscrites pen d an t la D iète de Q u a tre A ns et la dernière décennie du X V IIIe siècle. M ais plus im p o rtan tes que ces ressem blances essentielles, sem blent être ici les différences des situ atio ns de co m m un ication d an s lesquelles cette litté ra tu re fo nctionnait. D 'u n e p a rt en effet, c ’était une activité déployée en quelque sorte à l’intérieur d 'u n groupe, se situan t à la limite du folklore m ésologique, rarem en t inspirée p ar des m ilitants politiques se tro u v a n t en quelque sorte à l’extérieur. D 'a u tre p art, elle était créée ou inspirée p a r des hom m es rep résentant les idées socio-politiques d ’un p arti politique et s’efforçant de se concilier non plus seulem ent une seule couche, m ais les cerclas les plus larges de la société. Ces hom m es p ro ven aient des m êm es m ilieux m ais ne form aient pas to u jo u rs un groupe com p act, ils ne professaient pas tou jo u rs non plus les m êm es idées; ce qui les unissait, c ’était le bu t et les m éthodes d ’a c tio n : la fo rm atio n la plus rapide et la plus efficace possible de l'o p in io n pub liq ue in dép end am m ent des facteurs officiels. A ces fins servaient d an s la m esure du possible

4 D es exem ples illustrant cette situation sont rapportés par E. R a b o w i c z , O ko licz­

nościowa literatura polityczn a (La L ittératu re politique de circonstance), [dans:] Słownik literatury polskiego Oświecenia (Dictionnaire de la littératu re des Lum ières polonaises),

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Remarques sur la culture littéraire 49

les p u b licatio n s im prim ées, m ais à ces buts im m édiats devaient surto ut servir les poésies de circonstance, distribuées, com m e le veut une légende stéréotypée, p a r les cochers des fiacres varsoviens et les dom estiques. C ’était une activité littéraire d ’un groupe assez restreint de créateu rs spécialisés, adressant leurs com m uniqués à un large public de destinataires.

Les deux situations distinguées n ’épuisent cep en d an t pas la sphère de fonctio n n em en t des m essages m anuscrits à l’époque stanislavienne. Ceux-ci jo u a ie n t un rôle très essentiel d ans différents cercles de la co u r où naissaient des oeuvres destinées -- du m oins à l’origine — à circuler au sein d ’un groupe fermé. L ’on co n n aît généralem ent les faits relatifs p.ex. aux «dîners savants» (auxquels le roi invitait p en d a n t plusieurs années, tous les jeudis, un groupe d ’écrivains choisis), où les invités com posaient ce q u ’on app elait les vers du dessert — oeuvres obscènes lues à la grande joie des com m ensaux. Des activités analogues étaient déployées b eaucou p plus tô t dans d ’a u tre s m ilieux aristo cratiq u es: à la cour de Sanguszkow a, plus tard chez les P o to c k i5. Qui plus est, certain s écrivains, d o n t S. T rem ­ becki, W. M ier, S. K . P otocki, s ’ad o n n a ie n t délibém ent à une p ro d u c tio n non destinée à l’im prim erie, voire m êm e critique par ra p p o rt aux tendances et aux principes esthétiques p ro gram m atiqu es officiellem ent propagés. C ette p ro d u c tio n fonctionn ait cepen dan t dans les cercles d ’une élite culturelle assez com pacte.

P arm i les textes m anuscrits figurait encore un type de littératu re au Siècle des Lum ières — les gazettes écrites, d o n t les chercheurs expliquen t le fonctionnem ent p ar la faiblesse de la presse d ’inform ation, due en tre au tres au m onopole accordé aux jé su ite s 6. Les gazettes écrites ap p a rten aie n t à la littératu re non officielle des Lum ières, bien q ue leur nom bre im p o rtan t tém oigne d ’un large colportage. Elles véhiculaient les nouvelles qui, p o u r telles ou au tres raisons, étaien t indésirables dans les publication s officielles du tem ps. Les d estin ataires des gazettes étaient généralem ent les hom m es ap p a rten an t

5 Cf. E. R a b o w ic z : Polskie rokoko literackie (L e Rococo littéraire polonais), „G dań skie Zeszyty H um anistyczne. Prace Literackie” , 1969, n° 2; R okoko, [dans:]

Słownik literatury polskiego Oświecenia.

6 Cf. J. J a c k l, Teatr stanisławowski w prasie współczesnej polsk iej i obcej (Le

Théâtre stanislavien dans la presse contemporaine polonaise et étrangère), „Pamiętnik

T eatralny” , 1967, fasc. 2.

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à l’élite sociale et intellectuelle, qu oiqu e le n o m b re im p o rta n t de leurs copies tém oigne q u ’elles po u v aien t attein d re m êm e des lecteurs de la noblesse.

Les diverses situations de co m m u nicatio n invoquées à titre d ’exem ple m o n tren t que la variété des techniques de co m m u n icatio n : m anu scrit — im prim é, et des réseaux de co m m u n icatio n : transm ission occasionnelle — diffusion, se ra tta c h a ie n t à l’épo qu e stanislavienne à la po larisatio n , im p o rtan te du p o in t de vue culturel, de la littératu re no n officielle (ou se faisant passer p o u r non officielle) et officielle. C ette officiosité cependant n ’est p as un fait cultu rellem en t univoque, sa caractéristique dépend à ch aque fois des d éterm in an ts de la situ ation de com m u nication dans laquelle le m essage fonctionne. L ’ofîiciosité peut être m otivée soit p ar la distance m anifestée p a r l’élite culturelle p a r ra p p o rt aux tendances q u ’elle propage, soit p a r la réactio n des groupes sociaux à l’idéologie qui leur était proposée. A insi voit-on a p p a ra ître com m e co n dition essentielle de l’in terp ré tatio n de faits concrets le besoin de con n aître ces situatio ns de com m u nication , qui coexistaient dans la cu lture littéraire des Lum ières polonaises.

2

L’é ta t actuel des recherches perm et de fo rm u ler la thèse sur l’existence dans la cu lture littéraire de l’épo qu e stanislavienne de cinq situ atio n s fondam entales de co n tac t social p a r l’in term édiaire de m essages écrits. La caractéristiq u e de ch aqu e situ atio n ainsi considérée est déterm inée p a r les qualités socio-culturelles des c o m p o ­ santes fondam entales de to u t acte de co m m u n icatio n linguistique: qui p arle (ou au nom de qui), à qui il parle, de quoi il parle et de quel type de canal de com m u n icatio n il se s e r t7. C o m p te tenu de ces facteurs, énum érés sous leur form e la plus sim ple, nous distinguons dans la deuxièm e m oitié du X V IIIe siècle les situ ation s de com m u n icatio n suivantes:

a) la situation où la littératu re est traitée com m e u n m édium

7 Le terme «situation de com m unication» est em ployé dans le sens fixé dans les propositions théoriques les plus récentes relatives à l’étude de la culture littéraire. Cf. S. Ż ó ł k i e w s k i , Kultura literacka 1918 — 1932 (La Culture littéraire 1 918—1932), W rocław 1973, p. 407 — 415; L a l e w ic z , op. cit., p. 149— 157.

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Remarques sur la culture littéraire 51 des con tacts élitaires de société, au sein des groupes de caractère différencié;

b) la situation où la littératu re est em ployée à des fins utilitaires et de divertissem ent;

c) la situ ation d ’u tilisatio n p rogram m atique-édu cativ e de la littéra­ tu re ;

d) la situ ation où la littératu re est traitée com m e une valeur culturelle au to n o m e;

e) la situ atio n où la littératu re est utilisée à des fins d ’ag itatio n politique.

Essayons de décrire brièvem ent ces situations.

a) La situation où la littératu re sert de m édium des co n tacts élitaires de société est un élém ent essentiel de la cu ltu re littéraire de l’époque stanislavienne, q u o iq u ’elle co nstitue à n ’en pas d o u ter u n héritage de la culture de co u r du X V IIe siècle et de l’époque saxonne et en est une co n tin u atio n , dans le genre des m anifestation s de la vie littéraire concentrée a u to u r des frères Z ałuski — m écènes et an im ateurs de la culture de la prem ière m oitié du X V IIe siècle.

C ette situation tro u v ait son principal appui à la co u r royale qui g ro u p a it les m agnats et écrivains favorisant les initiatives culturelles d u souverain. Ce groupe avait ce p en d an t en com m u n n o n p a s ta n t l ’identité des idées politiques que celle de la situ ation sociale, une in itiatio n spécifique aux réalisations culturelles et sociales, et de la p artic ip a tio n à la vie socio-culturelle du pays. Ceci favorisait la d i­ versité des po in ts de vues et, en conséquence, des discussions au sein du groupe. Vers la fin des années soixante ce gro up e en tre p rit une activité p ro g ram m atiq u e créatrice de culture, orientée vers d ’au tres m ilieux sociaux, p rincipalem ent nobles. Ind ép en d am m en t de cette activité, d o n t il sera question ci-dessous, ce group e s ’ad o n n a it à une créatio n de diffusion nettem ent et délibérém ent lim itée, atteig n an t en principe le cercle étro it d ’hom m es où les rôles d ’ém etteu rs et de destinataires étaient interchangeables (p.ex. les épîtres de T rem becki et de M ier). Les messages à caractère individuel, circu lan t en circuit ferm é, étaient destinés aux seuls initiés. P o u r leur tran sm ission o n reco u rait souvent à la technique m anuscrite ou à la m ulticopie sous presse à un nom bre peu élevé d ’exem plaires. C ’é ta it u n type

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de réseau de com m unication appelé parfois du nom de « ré u n io n » s. Il englobait avant to u t les messages à caractère n ettem ent ludique (vers p o u r le dessert, oeuvres de circonstance telles que souhaits d'anniversaire, de fête onom astique, etc.) ou privé (lettres versifiées).

L’oeuvre d 'ém inents poètes de ce m êm e tem ps p o rta it ce pen dan t un caractère qui co rresp o n d ait nettem ent avec cette situ atio n de com m unication: citons p.ex. N aruszew icz, Trem becki, do nt les oeuvres étaient publiées dans les „Zabaw y Przyjem ne i P ożyteczne” (Jeux A gréables et Utiles) ou diffusées sur feuilles volantes (p.ex. les odes de N aruszew icz c h a n ta n t la personne du roi). D ans la p lu p art des cas, cette oeuvre était égalem ent traitée com m e une form e de con tact au sein du groupe, com m e un dialogue d ans le cad re du m onde spécifique q u 'é ta it «la républiqu e des poètes éclaires». Ces poètes discutaient souvent des questions fo nd am entales ay an t trait à la vision du m onde ou de problèm es idéels, m ais le faisaient en quelque sorte entre eux, uniquem ent «sous les yeux» d 'u n public plus ou m oins la rg e 9. L 'u n des codes essentiels de com m u nication était celui de l’oeuvre de circonstance, illustrant des événem ents concrets, aux visées souvent panégyriques, à adresse personnelle, se référant à un univers hic et nunc concret et strictem ent défini, com m un aux ém etteurs et aux destinataires. La con ventio n était donc noble, m ais de caractère privé et ludique.

Un des élém ents de la situation de co m m u nicatio n décrite était égalem ent une réflexion m étaculturelle spécifique, se d ép a rtag ea n t des réalisations et program m es officiels m is en oeuvre p a r le m êm e groupe. C 'était le rôle jo u é p a r les con sidération s m étapo étiqu es toutes privées de Stanisław K o stka P otocki, M ichał M niszech, Jó ze f Szym anowski, les idées contenues d an s le O bwieszczenie wydawcy

(Proclamation de l ’éditeur) de Piram ow icz, o u v ra n t l'éd itio n des L isty krytyczne (L ettres critiques) ac co m p ag n an t la com édie de C z a rto ­

ryski Kawa (Le C afé, 1779).

Il sem ble q u ’une des m an ifestatio ns de la situ atio n élitaire de

s Cf. L a le w ic z , op. cit., p. 149.

y Ce problème est analysé d'une manière approfondie par P. M a t u s z e w s k a ,

Z p roblem atyki relacji osobowych w p o e zji stanisław ow skiej. Rola adresata (N a p rzyk ła d zie w ierszy do N aruszew icza) (P roblèm es choisis des relations personnelles dans la poésie stanislavienne. Le rôle du destinataire — Sur l ’exem ple des poésies à N aru szew icz),

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Remarques sur la culture littéraire >3 co m m unication était le fonctionnem en t des périodiques littéraires en langue française. Les observations faites à ce sujet à l’occasion des recherches sur la critique th éâtrale et littéraire, on t perm is de distinguer trois registres de discours sur la théâtre p ra tiq u é à l’époque: spécialisé, critique jo u rn alistiq u e et co m pte rendu — inform ation. Sans nier l’o pinion que la co n stitu tio n à V arsovie d ’une scène professionnelle et publique a donné naissance à un public et une opinion théâtrale m odernes, il faut rem arq u er que les idées form ulées p ar exemple d ans le „Jo u rn al L ittéraire de V arsovie” étaient une tentative de dialogue à l'intérieu r d ’un milieu défini. U ne variante spécifique de

la situation de com m unication décrite était la circulation, m aintes fois signalée, à l’intérieur de ce m ilieu, du ro m an sentim ental français — dans les bibliothèques des dam es à la m ode des milieux aristocratiques l().

Les écrivains p artic ip a n t à la situation de com m un ication décrite cum ulaient les rôles officiels d'ex p erts de la cultu re et d 'an im ateu rs, et les rôles privés de p artic ip a n ts au jeu littéraire à caractère ludico-élitaire, satisfaisant les besoins et les goûts littéraires d ’un groupe restreint. A dam K azim ierz C zartoryski est un exem ple re m a r­ quable de cette situation.

b) Au pôle opposé dans la culture littéraire de l’époque sta- nislavienne se situe le type de contact avec la littératu re caractéristi­ que du public littéraire originaire de la noblesse m oyenne, su rtou t provinciale. L’état des sources et les difficultés attachées à leur analyse rendent com pliquées l’évaluation num érique de ce public et la d éterm ination de ses goûts et habitudes de lecture. T o u te la noblesse à cou p sûr ne co m po sait pas le public littéraire. O n peut donc supposer q u ’au stade précoce des Lum ières l’im m ense m ajorité de la société nobiliaire satisfaisait ses besoins culturels exclusivem ent dans la sphère du folklore m ésologique oral ou m anuscrit, restan t en principe hors du cercle du public lisant. C ep en d an t les dépouillem ents, récem m ent entrepris, des catalogues des bibliothèques de la noblesse m oyenne, pro jettent un éclairage nouveau égalem ent sur les besoins,

10 Cf. Z. S in k o , Powieść zachodnioeuropejska ir Polsce stanisławowskiej na

podstaw ie inwentarzy bibliotecznych i katalogów (L e Roman occidental en Pologne stanislavienne à partir des inventaires des bibliothèques et des catalogues), „Pam iętnik

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les goûts et les préférences en m atière de lecture du public issu de cette couche. Ces catalogues perm etten t de co n state r que la littératu re se tro u v a n t dans \e$ bibliothèques des nobles se rép artissait dans les types suivants de publicatio n s: m enue littératu re d ’o pinion concer­ n a n t les événem ents po litiques co u ran ts du p a y s,,litté ra tu re religieuse de caractère diversifié, alm an achs et com pendium s de type encyclo­ pédique, su rto u t con cern an t la p rob lém atiqu e agraire et rurale, enfin littératu re m oralisante, représentée prin cipalem ent p ar les fables et les vies des saints. T ou s ces genres de p ub licatio ns satisfaisaient deux genres de besoins des récepteurs nobles: le besoin d ’indications

sur le co m portem ent p ra tiq u e de l'hom m e d ans le m onde extérieur (indications agricoles, in fo rm ations politiques, divers conseils et re­ cettes pratiques) et le besoin d ’une certaine hiérarchie des valeurs et de m odèles de co m p o rtem en t dans la sphère de la vie — appelons-la spirituelle. Il y avait cep en d an t encore une sphère d ’intérêts: celle du divertissem ent et du jeu , de l ’alim en tatio n de l’im ag inatio n ou m êm e de l’ém otion. A cette fin servait s u rto u t la lecture des form es à affabu lation : facéties et ro m an s chevaleresques, rom ans d ’aven tures et d ’am ou r. L ’analyse des éditions et rééditions ainsi que des catalogues des bib lio thèq ues des nobles indique que, p o u r le public littéraire noble les principales lectures de divertissem ent étaien t les rom ans, et particulièrem ent Alexandre, Poncjan, M aguellonne,

M élusine, Banialuka ainsi que Calloandre et Cléomire. Les catalogues

en qu estion confirm ent que les M aguellonne et les B anialuka n ’étaient uniq uem en t un objet de railleries et d ’attaq u e s inventé p a r l’élite c o n te m p o ra in e 11 : ils co n stitu aien t une com p o san te essentielle de la cu ltu re littéraire des plus larges couches des lecteurs parm i les nobles, com p létant en quelque sorte les expériences culturelles retirées de la particip atio n à la vie du folklore m ésologique.

Les besoins de lecture de cette couche du public étaient donc satisfaits p ar deux genres de co m m un iq ués: les pub lication s utilitaires mises à profit dans la p ratiq u e de tous les jo u rs (com m e les alm anachs, les guides agricoles) ou les p u blications fonctionnelles (oeuvres reli­ gieuses et m oralisatrices, fables) ainsi que les p u blication s à caractère

11 Sur les attaques contre le roman cf. Z. S in k o , Pow ieść zachodnioeuropejska tt kulturze literackiej polskiego Oświecenia (Le Roman occidental dans la culture

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Remarques sur la culture littéraire 55 ludique (rom ans), servant à stim uler l'im ag in atio n et au p u r diver­ tissem ent 12. C ’était donc un type de lecture situé en tre le q uotidien de l’expérience co u ran te (exploitation agricole, politique, vie ém o ­ tionnelle et religieuse dans le cas des textes religieux) et l’ex tra o rd i­ naire de l’affabulation, en tre l’utilité im m édiate et la p én é tratio n pleinem ent désintéressée d ans les univers fantastiques de l’im agination. C e qui s ’im poserait, c ’est une analyse plus com plète du systèm e de signes caractéristiq ue de ce m odèle de co m m u nicatio n, servant à m ettre en place l’im age du m o n de spécifique de ce genre de litté ra tu re ; l’im age suspendu en quelque sorte entre le fam ilier, le d u rab le et le stable dans l’im agination, les h abitud es et les convictions d ’une p a rt, et de l’au tre l’insolite, l’ex trao rd in aire et le fantastiq u e de l’u nivers ludique, d o n t on peut à to u t m om ent revenir d an s le qu o tid ien dom estiqué et la vie courante.

Ce m odèle de co m m unication se réalisait p ro b ab lem en t au travers de co n tac ts assez fortuits, occasionnels, avec le livre im prim é, ou le mêm e livre copié p o u r l’usage dom estique et circu lant chez les voisins. Le choix ne p o rta it sans d o u te pas sur les oeuvres m ais le type défini de littérature. L ’im p o rta n t n ’était pas l’identification des oeuvres p ar le nom des auteurs, les récepteurs ne les associaient pas à quelque ém etteur concret, peu im p o rtait le créateu r et le p ro d u c te u r, entièrem ent dépersonnalisés dans ce type de co m m u n ica­ tion, ré d u its au rang de fournisseurs anonym es de textes dem andés. Ce p hénom èn e justem ent situait ce type de co n tact avec la litté­ ra tu re d an s le proche voisinage, p o u rrait-o n dire, de la c o m ­ m un ication folklorique o rale où l ’im p o rtan t n ’est pas l’ém etteur m ais l’exécutant du message. D ans le rôle de tels «exécutants» se m ettaien t en q uelque sorte les p artic ip a n ts à cette situation culturelle.

Des conclusions analogues q u a n t au choix des lectures et à leurs .fonctions découlent de l’analyse des fonds des bibliothèques des

bourgeois varsoviens, su rto u t des artisan s et des m a rc h a n d s 1 \ Y p ré d o m in aien t égalem ent les ouvrages religieux (exem plaires des

Ż yw o ty Św iętych <Vies des saints> de Skarga), historiques, d ’op inion,

12 Cf. L a le w ic z , op. cit., p. 98.

13 Cf. J. R u d n ic k a , B iblioteki mieszczan warszawskich za Stanisława Augusta

( Les Bibliothèques des bourgeois de Varsovie au temps de Stanislas-Auguste), „W ar­

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la littérature de divertissem ent, principalem ent les ro m an s et les récits arabes (absents des bibliothèques des nobles). C ep en d an t les inform ations conservées indiquent égalem ent la présence d an s les bibliothèques bourgeoises des oeuvres poétiques, des livres p h ilo so p h i­ ques, des traités politiques.

Entre les deux pôles décrits ci-dessus, d on t le prem ier était le plus proche du modèle de culture élitaire, l’au tre — d u m odèle de culture populaire, se plaçaient les autres types de situation s de com m u nicatio n ap p araissan t à l'ép oq ue stanislavienne.

c) La situation appelée plus h au t p rog ram m atiqu e-éd ucative de l’utilisation de la littérature, exprim ait une tendance à n ou er un con tact avec le milieu nobiliaire et à ra p p ro ch e r les m odèles culturels réalisés p ar celui-ci et la couche de l’élite. L ’élém ent central de cette situation était — à p a rtir du m ilieu des années soixante — le centre d ’où ém anaient les dispositions, attac h é à la person ne du souverain, réalisant un pro gram m e d ’actio n à l’enco ntre de la noblesse p o u r form er ses attitu d es m orales et sociales. P o u r attein d re à ces fins, on s’est servi entre au tres du m odèle de littératu re engagée, aux fonctions p ro g ram m atiques-p rag m atiques, une littératu re visant à p ro ­ duire des effets déterm inés dans la conscience des d estin ataires prévus. L ’activité de cette élite consistait à : 1) créer, publier et diffuser des oeuvres réalisant le m odèle sou haité de cu ltu re ; 2) o r­ ganiser des institutions de la vie littéraire et étend re sur elles le m écénat; 3) élaborer des program m es d 'é d u catio n , et en p articu lier les élém ents de form ation hum aniste q u ’ils c o m p o rta ie n t; 4) fo rm uler les appréciations littéraires et p ro p a g er des théories linguistiques et littéraires définies (p.ex. la p u blicatio n de la trad u c tio n du traité de C arlancas), établir une hiérarchie des valeurs de la littératu re actuelle et de la trad itio n littéraire. A côté de la littératu re, un rôle im mense incom bait ici au th éâtre qui utilisait un réperto ire b eaucoup plus universel de m oyens d ’action que la lecture.

U n program m e d ’action culturelle analog ue à celui du roi d an s ses principes program m atiques-éd ucatifs, q u o iq ue adressé à un a u tre destinataire — bourgeois cette fois-ci, peut égalem ent être recon stitu é à p artir des réalisations de M itzler de K o lo f (tra d u cteu r, historien, éditeur d'oeuvres littéraires et de périodiques), et cela dès la fin des années cinquante. En tan t q u 'é d iteu r des ,,N ow e W iadom ości E k o ­ nom iczne i U czone albo M agazyn W szystkich N a u k do Szczęśliwego

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Remarques sur la culture littéraire 57 Życia L udzkiego P otrzeb n y ch ” (N ouvelles In fo rm atio n s E conom iques et S avantes ou M agazine de T outes les Sciences N écessaires à U ne Vie H eureuse, 1758 — 1761), il écrivait dans r« é d ito ria l» de ce m ag a­ zine, en date du 16 o cto b re 1758, q u ’il désirait y publier

toutes sortes de nouvelles relevant des sciences libérales, de la m écanique et de la vie civique [...] pour que les lecteurs de divers états et conditions puissent y trouver quelque utilité.

Ce qui frappe ici, ce n ’est pas seulem ent le large éventail des lecteurs du périodique, m ais aussi le caractère p ra tiq u e et éd u c atif des articles q u ’il con tenait, tra ita n t non pas tan t des attitu d e s m orales ou. sociales, que des capacités pratiq u e, utiles aux gens s ’ad o n n a n t à l ’agriculture, à l’industrie ou au com m erce.

La sortie irrégulière des „N ow e W iadom ości”, et enfin leur su p­ pression, tém oignent sans d oute du m anqu e d ’intérêt p o u r la publ> catio n de la p art des lecteurs prévus. M itzler lança toutefois im m édiatem ent une au tre entreprise du m êm e type en ta n t q u ’éditeur de la revue m orale de T. Bauch „ P a trio ta Polski, k artk i T ygodniow e Z aw ierający ” (P atriote Polonais, C o n ten an t des Feuillets H eb d o m a­ daires). Il devait écrire sans équivoque sur le d estinataire du p ério di­ que et les causes de sa suppression après m oins d ’un an.

Car l'hom m e simple, le bourgeois, le marchand, ou n'a aucune connaissance de ces feuillets, ou même si l’un ou l’autre en était informé, i! ne les lit pas parce q u ’il n’est pas encore de m ode en Pologne que les artisans et les marchands polonais s ’appliquent à la lecture des livres

Les contenus bourgeois du program m e culture) de M itzler, n ettem en t distincts de la conception du th éâtre classique, propagée p ar K rasicki dans le „ M o n ito r” , m ais égalem ent fondés sur les principes de la d idactique sociale, on t fortem en t été accentués dans ses Briefe eines Gelehrten ... (lettres sur le théâtre varsovien).

Indépendam m ent de ces* différences, nous pouvons indiquer les aspects essentiels de la situation de com m un ication ré p o n d an t aux visées program m atiques-éducatives. C ’était très certainem ent une situ a­ tion de distance visible entre les ém etteurs et les destinataires, distance d an s le savoir, la com pétence, les goûts. La création située dans son cadre était sans équivoque adressée à un destinataire prévu à l’avance. O n peut certes supposer que l’on co m p tait d an s une certaine m esure sur la com m unication en retour, ne serait-ce q u ’en

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d o n n a n t les apparences de l’existence de canaux auxiliaires grâce auxquels les destinataires p o u rraien t réagir aux pro p o sitio n s qui leur étaient adressées (p.ex. les lettres au „ M o n ito r”). C 'é ta ie n t des tentatives de créer un réseau de co m m unicatio n du type «assem blée». Ce qui p réd o m in ait cependan t, c ’était la transm ission des m essages dans un sens unique, caractéristique du réseau du type «auditoire». Au stade initial, ces fins étaient visées p a r exem ple p ar les articles d ’o pin ion du „ M o n ito r” , la p ro d u c tio n éphém ère aux fins d ’agitation, les com édies de B ohom olec et d ’au tres au teu rs écrivant p o u r la scène polonaise.

D ans la situatio n de départ, on se servait p rincipalem ent des genres du type discours d ’opinion, discours d ’éloquence, épître, satire, m ais aussi panégyrique (p.ex. les odes panégyriques de N aruszew icz à Stanislas-A uguste, publiées sous form e de feuilles volantes). L ’élém ent m éd iateu r de cette com m unication c ’étaient les intérêts de la société nobiliaire p o u r la p roblém atiq ue politique d ’actualité et de circonstance. Il sem ble p o u rta n t que l’on a assez tô t eu recours à d ’au tres élém ents de la «culture littéraire» au th en tiq u e et de l’ho rizo n d ’expec- tatio n du m ilieu nobiliaire 14. A p a rtir du m ilieu des années soixante-dix com m encent à paraître, com m e l’on sait, les oeuvres rom an esqu es de K rasicki (D oświadczyński — éd. en 1776, M onsieur Podstoli — en 1778, L ’H istoire — 1779), ses S a ty ry (Satires, 1779) et ses B a jki

i przypow ieści ( Fables et contes, 1779), qui enregistrent des succès

à l’éd itio n : ils on t des rééditions, des réim pressions et m êm e des éditions «sauvages».

L ’analyse des caractéristique de la poétique des ro m an s et des satires de K rasicki a perm is aux chercheurs de définir leur récep teur virtuel — le m onde nobiliaire de la seconde m oitié du X V IIIe siècle. Ce n ’est cependant q u ’à la lum ière du savoir m êm e frag m en taire (signalé au p o in t b) sur les hab itu d es réelles en fait de lecture de la province nobiliaire au seuil de’s Lum ières, que l’on p eu t co m p ren d re la stratégie littéraire de K rasicki en ta n t q u ’a u te u r de ro m ans, de satires et de fables. Il recherchait à n ’en pas d o u te r les m odes de com m unication littéraire de quelque façon socialem ent enracinés parm i les lecteurs auxquels il adressait ses oeuvres. A insi,

14 Sur «l'horizon d'expectation» cf. H. R. J a u s s , Literaturgeschichie cils Provoku-

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Remarques sur la culture littéraire 59 a u besoin de m odèles de vie co rresp o n d aien t p.ex. les satires et les fables, populaires parm i les nobles. L ’ad o p tio n en revanche de la co nvention rom anesque d an s les oeuvres aux visées didactico-éducati- ves p eu t être com prise com m e une tentativ e de ren o u er avec l’h abitude généralisée de lire des oeuvres d ’affabulation. C ’était une p ro po sitio n de lecture ap p arem m en t sem blable à ce qui co n stitu ait l’élém ent essentiel des hab itudes de lecture des nobles, m ais en définitive lecture modifiée et servant des finalités différentes. La convention du ro m an d ’aventures et exotique je ta it en quelque sorte un p o n t entre les h abitud es traditionn elles des destinaires virtuels et les nouveaux m écanism es de lecture que le ro m an éd u c atif devait déclencher. U n texte de ce genre en effet p ro jeta it une situ atio n de coexistence du m essage utile et de l’o e u v re 15 — ten tait d ’associer les dispositions à la lecture form ées p a r deux sphères d ’intérêts traitées jusq ue-là disjointem ent. La stratégie littéraire de l’ancien ré d acteu r du „ M o n ito r” venait donc de la b onne connaissance q u ’il avait des besoins et des h abitudes du d estinataire projeté.

O n p eut cependant ju g er que ce genre de littératu re a réelle­ m ent gagné l’intérêt du public nobiliaire à p a rtir des années quatre- vingt. L ’on a déjà réuni de nom breux argum ents à l’ap pu i de la thèse q u ’à ce m om ent ju stem en t se form e d ans la petite noblesse un cercle de lecteurs du ro m an polonais et des trad u c tio n s des ro m an s étrangers.

d) Il sem ble que la nou veauté la plus essentielle de la culture littéraire de l’époque stanislavienne était la fo rm a tio n d ’un m odèle de com m unication que nous p ro p o so n s d ’ap peler situ ation où la littératu re est considérée com m e une valeur culturelle auto no m e. N ous voulons tra ite r ce phénom ène com m e un processus socio- -culturel, inauguré au m ilieu des années soixante-dix et lié avec la naissance et avec le fonctionnem ent d ’institutio ns telles que p.ex. la C om m ission d ’E d ucation N a tio n ale et les offices qui en relevaient. Ce phénom ène est lié aussi avec la co n stitu tio n d ’une nouvelle couche sociale p o u r laquelle le con tact avec la littératu re était une com posante essentielle des activités professionnelles ou une m an i­ festation de besoins intellectuels spécifiques. O n peu t apercevoir les prém ices de cette situatio n dans des phénom ènes tels que

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ture — dans les années 1773 — 1776 — des colonnes du „ M o n ito r” aux plum es des «littérateurs nus» et l’élargissem ent de la p ro b lém a­ tique traitée dans le sens du dépassem ent des seules questions de l'éd u catio n m orale de l’état nobiliaire. L 'o n a égalem ent con staté que dans le même tem ps divers « littérateurs cro ttés» com m ençaient à jo u e r un rôle essentiel sur les colonnes des „Z a b aw y ” 16 qui avaient p o u r au teu rs des em ployés de la m ag istrature, des fo n c tio n ­ naires de la C om m ission d 'E d u c atio n N atio nale. Le nouveau public littéraire en form ation englobait to u t à la fois des créateu rs et des récepteurs du genre de: enseignants, m édecins, m ilitaires, juristes, fonctionnaires, riches b o u rg e o is 17.

Ce processus s'accom pag nait de l'ap p a ritio n de nouveaux be­ soins littéraires: il s'agissait d o ré n av an t non plus ta n t de p ro d u c tio n éducative et p ro jetan t certains rôles sociaux des lecteurs, que p lu tô t d'oeuv res assum ant des fonctions diagnostiques p a r ra p p o rt à la réalité sociale, d'oeuvres d iag n o stiq u an t des tendances évolutives de la société. Les voix se sont le plus fo rtem en t fait en tend re d an s ce sens à l'occasion de la définition du rép ertoire th éâtral et de l’a p p a ri­ tion de ce q u 'o n a appelé la com édie de m oeurs varsovienne. Des tendances et dem andes analogues se sont m anifestées d ans la fo n d a tio n de périodiques socio-culturels en polonais, d o n t le „M ag azy n W a r­ szaw ski” (M agazine V arsovien), „ P o lak P a trio ta ” (Le P olonais P a trio ­ te), „M agazyn H istoryczno-Polityczny” (M agazine H istorico-P olitiq ue) de Switkowski. D ans le m êm e tem ps voient le jo u r les éditions com plètes des poésies lyriques des plus grands poètes de l’épo qu e stanislavienne: N aruszew icz, K niaźn in, K arpiński, K rasicki.

Tous ces faits créent une nouvelle situ atio n culturelle. La litté ra ­ ture n'est plus univ oquem ent adressée à une sphère définie de

16 E. A l e k s a n d r o w s k a en parle dans les articles „M on itor" et ,, Z abaw y

Przyjem ne i P ożyteczne" du Słownik literatury polskiego Ośw iecenia et dans l'intro­

duction à: „M onitor" (1765 — 1785), W rocław 1976, pp. LXI1I et suiv.

17 Sur ce public v. Z. L ib e r a , Z ycie literackie u W arszawie n czasach Stanisława

Augusta {La Vie littéraire à Varsovie sous le règne de Stanislas-Auguste), W arszawa

1971, p. 163; J. S z c z e p a n iec . Rola drukarstw a ir życiu literackim polskiego O św ie­

cenia. Z arys wybranych zagadnień (La Rôle de Vimprimerie dans la vie littéraire des Lumières polonaises. Esquisse des problèm es choisis), [dans:] Problem y literatury polsk iej okresu Ośw iecenia (Problèm es de la littératu re polonaise de l ’epoque des Lum ières), ss

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Remarques sur la culture littéraire

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lecteurs, elle devient au co n traire une p ro p o sitio n p o u r to u s ceux qui, en raison de leurs besoins et de leurs intérêts, p ren n en t en m ain la revue ou le livre. L ’oeuvre ap p a ra ît com m e une offre faite au public des lecteurs. L a p ro d u c tio n verbale différenciée sous le ra p p o rt des genres, m inim ise ses fonctions im m édiatem ent utili­ taires ou pu rem en t ludiques, se m u a n t en fo ru m oü so nt discutés les problèm es to u c h a n t la vision du m on de ou les questio ns idéo-poli- tiques, d evenant un m ode de m an ifestation de l’activité intellectuelle et de la p artic ip a tio n à la vie spirituelle. L a lecture se libère de plus en p lu s visiblem ent de l ’im m édiateté fonctionnelle et de l’u tilitaire p o u r devenir un élém ent n atu rel du m ouvem ent intellectuel et des échanges d ’idées sur le m onde. Il sem ble q u ’à p a rtir de cette situ atio n de com m unication seulem ent o n t été possibles les polém iques littéraires au th en tiq u es (p.ex. la querelle co n c ern a n t la Podolanka). L à aussi d o it s’inscrire le p hénom ène d ’affro ntem ent des diverses concep tio n s de culture natio n ale, de ses fondem ents et de son évolu­ tio n : con cep tio n fondée sur la tra d itio n classique an tiq u e et sur la référence aux m odèles indigènes sarm ates-slaves.

Il est d ’une im po rtan ce capitale de reco n stitu er les g oûts littéraires et les n orm es de le c tu re 18 des p artic ip a n ts à la situ atio n de co m m u ­ nication q ue l’on vient de caractériser. O n p eu t ju g er que ce qui en décidait c ’étaient, d an s une certaine m esure, les h abitu des tra d itio n ­ nelles de lecture utilitaire et ludique. Ce qui y jo u a it d an s une certaine m esure, c ’étaient aussi bien les préférences individuelles que les hiérarchies, précédem m ent établies, des au teu rs et des genres. Les besoins de lecture des p artic ip a n ts à la situ atio n décrite étaient sans d o u te aussi satisfaits p a r les oeuvres écrites an térieu rem en t ou actuellem ent m êm e, adressées à un destinaire défini: ces oeuvres cep en d an t étaient au tre m en t lues. Les vers lyriques de circonstance de K n iaźn in ou de N aruszew icz pou v aien t être reçus com m e une p ro d u c tio n poétique, com m e des oeuvres lyriques p ro p o s a n t certains m odèles de vivre ou de co m p ren d re les affaires générales. D e m êm e

18 Sur les «norm es de lecture» cf. J. S ł a w i ń s k i , O dzisiejszych normach c z y ­

tania (D es normes contemporaines de lecture), „Teksty”, 1974, n° 3. Le problèm e

des recherches à partir des sources sur les intérêts du public littéraire et les m otifs de choix des lectures, est soulevé dans l’étude J. L. et M. F la n d r in , L a Circulation

du livre dans la société du X V I I I e siècle: un sondage à travers quelques sources,

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les ro m an s éducatifs de K rasicki ou de K rajew ski p o u vaient fo n ctio n ­ ner en ta n t q u ’offres de lecture visant le d estin ataire. P o u r le récepteur bourgeois p.ex., ces ro m an s n ’étaient pas des com m uniqués sur l’édu cation de l’état nobiliaire, m ais des ro m an s sur le m onde, leur in terp ré tatio n n ’intervenait pas sur une toile de fond p rag m atiq u e définie, m ais dans un univers de conscientisation plus large. U n rôle im p o rtan t dans la fo rm a tio n de telles norm es de lecture incom bait à la critique littéraire en voie de naissance. Sa tâche était no n d ’indiquer aux au teu rs les violations des règles, m ais de reco m m an ­ d er aux lecteurs les valeurs de l ’oeuvre. Sous ce ra p p o rt il sem ble significatif p.ex. le com p te-ren d u du ro m an M onsieur Podstoli de I. K rasicki dans le „M ag azy n W arszaw ski” de 1784. Le critique ne se contente pas de lire cette oeuvre en ta n t q u ’u ne présen tatio n d 'u n m odèle valable p o u r la société no biliaire; il affirm e que

T out état y trouvera de beaux m odèles à imiter et des vices à éviter. Le souverain, le ministre, le sénateur, le prêtre, le m oine, l'auteur, le journaliste, tous les offices quels q u’ils soient y ont de quoi amuser leur esprit et des choses à apprendre. Puissent tous les citoyens qui lisent le P odstoli se mettre à l’imiter 19

D ans cette énonciation, qui co nstitue une no rm e essentielle de lecture, tra n sp a ra ît aussi u ne recherche de m odèles m oraux.

Le plus im p o rta n t ce p en d an t c’est la m odification du statu t du co n tact avec la littératu re, la prise de conscience en quelque sorte désintéressée de sa littérarité, libérée des fo nction s p rag m atiq ues entendues au sens étroit. L ’évolution visible du g o ût et des besoins des lecteurs concernait a v a n t to u t l’ap p réciatio n des valeurs a u to n o ­ mes du ro m an et de la poésie lyrique en ta n t que phénom ènes avec lesquels on fraye p o u r des m otivations plus p ro fo n d es que la seule utilité im m édiate ou p u rem en t ludique. La situatio n de co m m u n i­ catio n concernée perm et de saisir le m om ent, essentiel dans n o tre histoire, de la fo rm a tio n d ’u ne nouvelle a ttitu d e d evant la littératu re en ta n t que valeur spirituelle au to n o m e, en ta n t que form e de vie spirituelle et de circu latio n sociale de la pensée. Ce n ’est q u ’à p a rtir du m om ent où une telle situ atio n et un tel public littéraire o n t été form és q u ’il a été possible de p ublier — en p articu lier les oeuvres po étiques — des au teu rs que rien ne ra tta c h a it à l’o rien ta tio n

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p ro g ram m a tiq u e de la littératu re officielle et qui tra ita ie n t leur oeuvre com m e u ne réalisation d ’objectifs poursuivis individuellem ent.

e) D an s la perspective diachronique des tran sfo rm atio n s internes des Lum ières polonaises, com m ence à se con stitu er encore un systèm e social de com m unication, caractéristique de la période de la D iète de Q u a tre A ns et des dernières années de la R épublique. A u centre de ce système se situe l’oeuvre verbale diversifiée liée aux événem ents d u tem ps et aux cam pagnes politiques, visant la fo rm a tio n des sentim ents et attitu des p atrio tiques, une oeuvre visant sans am biguïté l ’agitatio n politique. Son caractère essentiel c’est l’élargissem ent significatif de l’adresse sociale, sa v ocation é ta n t d ’o rien te r la p ersu a­ sion idéelle ou les m otivations p atrio tiq u es au n om de to us et p o u r tous, p o u r «l’illustre universalité» — com m e le disait F. Z abłocki d an s son Doniesienie (Avis au lecteur). C ette visée est décelable p o u r qui étudie a u jo u rd ’hui l’oeuvre de cette périod e su rto u t à p a rtir des propriétés de la poétique im m anente des pam p hlets et des vers panégyriques de circonstance, des appels, des ch an ts et des hym nes. U n e vue m êm e superficielle de ces oeuvres m et au jo u r des glisse­ m ents significatifs dans le lexique servant à appeler les d estinataires des vers. O n choisit des m ots désign ant no n p as quelqu e état individuel ou une couche de la société, m ais to u te la société, des m ots m ettan t l’accent sur les tra its com m uns et la situ atio n com m une des m em bres de cette entité, et no n sur ce qui les distingue. D ans les titres et les ap o stro p h es interviennent le plus souvent les m ots «Polonais», «nation», «citoyens» (p.ex. D o Polaków — A u x

Polonais, M arsz p atriotyczny Polaków — M arche patriotique des Polo­ nais, M arsz i pobudka Polaków — M arche et appel des Polonais —

de F ranciszek M akulski, Odezwa obyw atelska — A ppel aux cito y e n s20). Le Wezwanie m ieszkańców ziem i po lskiej do obrony ojczyzny (Appel

aux habitants de Pologne à défendre leur patrie) souligne aussi bien

p a r la stylisation du titre que p a r l’ap o stro p h e initiale cette large p o rtée : «H om m es, aux arm es! to u s aux arm es!» U n au tre au te u r anonym e diffusait un poèm e intitulé D o uzbrojonego ludu p o d

na-2(1 U n phénom ène analogue est relevé par les historiens s’occupant de la question bourgeoise au déclin du X V IIIe s. en Pologne. Cf. K. Z i e n k o w s k a ,

Sławetni i urodzeni. Ruch p o lityczn y m ieszczaństw a w dobie Sejmu C zteroletniego (Bourgeois et nobles. Le mouvement politique de la bourgeoisie pendant la D iète de Quatre Ans), W arszawa 1976, pp. 286 et suiv.

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czelnictuem Tadeusza K ościuszki {A upeuple armé sous le com m andem ent de Tadeusz K ościuszko), où les m ots d 'o rd re principaux étaient

égalem ent rédigés dans l'esprit dém ocratique.

Des tendances analogues se laissent observer d ans le d om aine de la presse qui, aussi bien p ar des déclaratio ns directes co n c ern a n t le d estin ataire que p ar le contenu et la form e des articles, vise à agir sur la plus large opinio n p ublique possible. Les éditeurs de la „G aze ta N aro d o w a i O b c a " (G azette N atio nale et E tran gère) écri­ vaient sans am bages dans les années 1790—1791 que la feuille est destinée à «tous les citoyens, à tou s les h ab itan ts du sol polonais». Le „K o resp o n d en t W arszaw ski” (C o rresp o n d an t V arsovien) de K arol M alinow ski tendait aussi à a d a p te r le choix des form es jo u rn alistiq u es à la m entalité et aux intérêts des lecteurs moyens.

D ans l’état actuel des recherches nous connaissons assez peu de do cum en ts tra ita n t de la réception au th en tiq u e de la littératu re du tem ps, de sa circu lation sociale. C ep en d an t la lecture, faite de ce point de vue, des m ém oires, souvenirs et m êm e de la presse du tem ps, peut ap p o rte r de nom breuses observ atio ns et info rm ation s ju stifiant la thèse que nous form u lo n s ici. Ce qui tém oigne de l’intérêt général accru p o u r les p ublications et des changem ents caractéristiqu es du g oût et des besoins des lecteurs, c ’est p.ex. la rem arq u e notée p ar Schulz qui, dan s ses descrip tions de la Pologne des années 1791 — 1799, apercevait le processus d ’activ ation intellectuelle et p o liti­ que des larges couches de la so ciété21. L ’observation des événem ents de l'ép o q u e p o rte à conclure à l'im m ense activ atio n sociale de la couche bourgeoise, à son em prise sur le d éroulem ent des événem ents historiques lourds de conséquences. C es processus avaient sans nul doute leur reflet dans la sphère de la diffusion de la littératu re, de l’intérêt p o rté aux p ub licatio ns d ’actu alité — articles d ’o p in io n ou oeuvres littéraires.

Il en était ainsi d 'a u ta n t plus que changeait égalem ent le cercle des ém etteu rs et des centres diffusant les p ro d u its de la plum e. C 'étaien t des groupes ou des individus engagés d ans la lutte po litique du tem ps. Ces hom m es avaient en com m un de n ’être su b o rd o n n és

21 Cf. J. C. F. S c h u lz . Podróże Inflantczyka z R ygi do W arszaw y i po Polsce w latach 1791 —1799 ( Voyages d'un Livonien de Riga à Varsovie et à travers la

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Remarques sur la culture littéraire

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à aucun centre supérieur d ’où ém aneraien t les dispositions, et de parta g er une idéologie et des tendances politiques rapprochées. U n exem ple caractéristique de g roupe de ce genre est fourni p ar la K uźnica K ołłątajow ska (F o rge de K o łłątaj) qui activait non seulem ent la noblesse, m ais aussi des re p résen tan ts de la bourgeoisie et de tou tes les forces sociales liées au parti patrio tiq u e. O n m ettait égalem ent sur pied des institution s spéciales destinées à diffuser les p ub licatio ns adressées «à tous». T el était le rôle en serait-ce que de la célèbre D ru k a rn ia W olna (Im p rim erie Libre) de Ja n P otocki, d 'o ù sortaien t des oeuvres littéraires com m e des articles d 'o p in io n servant à l'a g ita tio n 22. A des fins analo gues servait à la charn ière de 1793/1794 l'im prim erie de l'ab b é M eier, et m êm e l'im p rim erie de Z aw adzki gro u p an t les écrivains bourgeois. Ce qui, m algré tou t, ne pouvait pas être im prim é, était diffusé sous form e m an uscrite p ar le fameux groupe de copistes réuni a u to u r de W ojciech W ielądka.

Le type fon dam ental de m essage était l'oeuvre de circonstance su p p o san t une situ ation concrète de réception dan s l'univers em ­ pirique, univers com m un des ém etteurs et des destinataires. Les genres le plus souvent p ratiqués étaie n t: le pam p hlet visant à com ­ p ro m ettre aux yeux de l'o p in io n pub lique des personnes concrètes, avec cela la chanson, la satire, les vers éphém ères. A l'éveil des élans p atrio tiq u es servaient aussi les poèm es a d o p ta n t la form e de l’ode, m an ian t la rhétorique ém otionnelle, p ro p a g ean t le culte des personnes particulièrem ent m éritantes d an s l'activité politique, des principaux acteurs des discussions p arlem entaires et des créateurs de la C o nsti­ tu tio n du 3 m ai. A la p ro p a g atio n des idées socio-politiques et à la fo rm atio n des sentim ents et du clim at sociaux co n trib u aien t les chants, les appels de guerre, les airs populaires des op éras de Bogusławski ou de W ybicki, les p arap h ra se s des ch an ts rév olu tion ­ naires français. La poésie assu m an t ces fonctions sociales recourait aussi à diverses stylisations m odelées sur la littératu re populaire, m élique, se référant aux ém otion s collectives. Elle cherchait aussi souvent, à n'en pas do u ter, des attach es avec la p ro d u ctio n a u th e n ti­

22 Sur l'activité de l'Imprimerie Libre cf. J. S z c z e p a n ie c , W okół Drukarni

H alnej i ,.Journal H ebdomadaire de la D iè te ” Jana P otockiego w W arszawie tv latach 1788—1792 (Autour de l'Imprimerie Libre et du ,,Journal H ebdom adaire de la D iè te ” de Jan P o to ck i à Varsovie dans les années 1788 — 1792), [dans.] M iscellanea z doby O świecenia, Wrocław 1973, Archiwum Literackie, T. XVIII.

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66 Teresa K ostkiew iczow a

que et spo ntanée du folklore m ésologique, u rb a in ou m ilitaire (chants d u tem ps de l’insurrection de 1794)23.

La situ atio n sociale de la littératu re décidait d o nc des form es de celle-ci et des m odes de diffusion. La littératu re bénéficiait de réseaux occasionnels — feuilles volantes et copies m an uscrites — très étendus et diversifiés: depuis les fiacres prov erbiau x ju s q u ’au c o lp o rta ­ ge illégal. L ’ano n y m at était de règle. Ces au teu rs an ony m es tendaient cep en d an t su rto u t à p arle r à tous et au nom de tous, à être les rep résen tan ts de l’opinion publiqu e et à form er cette op in io n, c o n ­ fo rm ém ent à la conviction que ce qui décide du cou rs des événem ents ce n 'est p as seulem ent les actions des hom m es politiques, m ais aussi la position ado ptée p a r la société. La situ ation de co m m u n icatio n ainsi form ée peut être considérée com m e u n p o in t d ’ab ou tissem ent significatif des tran sfo rm atio n s socio-culturelles des Lum ières p o lo ­ naises.

Trad. par Lucjan Grobelak

23 U ne caractéristique de la littérature de circonstance de cette période est donnée dans l ’article de E. R a b o w i c z , Okolicznościowa literatura p olityczn a (La

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