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Interprétation exclusive ou inclusive du principe "Solus Christus"? : la médiation du salut le "Liber Concordiae"

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Stanisław Celestyn Napiórkowski

Interprétation exclusive ou inclusive

du principe "Solus Christus"? : la

médiation du salut le "Liber

Concordiae"

Collectanea Theologica 47/Fasciculus specialis, 169-195

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C o lle c ta n e a T h e o lo g ic a 47 (1977) fa se, sp e c ia lis

S T A N IS Ł A W CELESTYN N A PIÓ R K O W SK I O FM C onv., LUBLIN

INTERPRÉTATION EXCLUSIVE OU INCLUSIVE DU PRINCIPE "SOLUS CHRISTUSrr? La médiation du salut selon le "Liber Concordiae"

Le principe solus Christus a reçu dans le protestantism e une in­ terp rétatio n radicalem ent négative ou exclusive, c'est-à-dire celle qui exclut tout* interm édiaire des créatu res dans le salut. C 'est pour­ quoi le protestantism e est convaincu que solus Christus n'adm et pas l'idée de la m édiation de M arie, des saints ou de l'Eglise. W alter K ü n n e t h a pris une attitude typique pour le protestantism e lo rs­ qu'il a écrit, que le principe biblique solus Christus porte un juge­ m ent sur la m ariologie catholique1.

La conviction, que la doctrine de l'Eglise sur la m édiation de la M ère de Dieu ou bien des saints obscurcit la vérité de médiation unique du C hrist nous mène à l'in terp rétatio n exclusive de ce p rin ­ cipe. C ette pensée constitue une idée m aîtresse de la critique p ro te­ stante dirigée contre la m ariologie catholique, le culte m arial et l'invocation des saints. Dans les écrits des théologiens protestants, même les plus rapprochés à la façon de penser catholique, il est pos­ sible de ren contrer une question form ulée et posée au catholicisme: ,,Le Christ n e suffit-il pas?''2 C ette question exprim e un souci u n i­ versel et plein d'inquiétude du christianism e protestant qui se trouve face à la théologie catholique et face au culte qu'il n 'est pas capable de m ettre d'accord avec la foi en un m édiateur du salu t ab­ solum ent parfait, unique et suffisant de l'Homme-Dieu.

Le théologien pro testan t peut, en in terp rétan t d'une m anière exclusive le principe solus C hristus se référer à m aintes déclara­ tions du Père de la Réforme ainsi qu'aux livres symboliques. C'est tellem ent évident, qu'il serait inutile de citer la docum entation des sources. Mais cette interprétation, est-elle l'unique possible? N 'est- elle pas née ou du moins aggravée par l'esprit polém ique de ces temps, l'asprit qui, heureusem ent, disparaît aujourd'hui d'une m a­ nière évidente? Est-ce que le Liber Concordiae, en ta n t que recueil d é c rits fondam entaux déterm inant une tradition théologique du

1 W . K ü n n e t h , Christus oder Marai? Ein eva n g e lisc h e s W o r t zum Marien- ciogma, B erlin -S p an d au 1950, 10.

2 H. A s m u s s e n , Dem un befleckte n Herzen Maria gew eiht? ,,G loria D ei" 9(1954)207.

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170 ST A N IS L A W C. N A PIÓ RK O W SK I O F M C onv.

luthéranism e nous m ène ; vraim ent à exprim er une interprétation radicalem ent exclusive? Que l'an aly se des textes de la Confessio

A u g ustan a (CA), de TApologia Confessionis A ugustanae (ACA),

des A rticles de Sm alkalde (AS), du Petit Catéchism e (PC) et du

Grand Catéchism e du docteur M artin L u t h e r (GC), du Traité ,sur le pouvoir du pape (T) ainsi que de la Formula Concordiae (FC)

composée d'Epitome (Ep) e t de Solida Declaratio (SD), c'est-à-dire des parties constituant le Liber Concordiae, prouve ou m ette en d o u te cette question im portante3.

Prendre appui sur le Liber Concordiae n 'est pas l'unique voie possible qui m ènerait à la vérification de l'hypothèse sur l'adm issi­ bilité de l'in terp rétatio n plus large du principe soîus Christus. Si le choix est tombé sur le Liber Concordiae et non pas par exem ple sur les écrits de L u t h e r ou sur l'un des grands théologiens con­ tem porains du protestantism e, c'est à cause de l'au to rité ecclésiale et doctrinale de ces écrits. Il est vrai qu'ils ne sont pas dotés de cette force liant intérieurem ent le théologien luthérien comme p. ex. les résolutions définitives de m agisterium Ecciesiae dans le catho­ licisme, néanm oins ils constituaient au. cours des siècles et encore aujourd'hui des tex tes très im portants, sinon les plus im portants (évidemment à p art la Sainte Ecriture) qui tracent à la théologie luthérienne les lignes principales auxquelles est due la fidélité. A ujourd'hui même le luthéranism e se réfère au Liber Concordiae et notam m ent à la Confession d'A ugsbourg quand il déterm ine son attitude vis-à-vis des problèm es théologiques (cf. les accords doctri­ naux interconfessionnels des dernières années).

I. La médiation salvifique de la Parole

Il est im possible d'identifier l'Evangile au texte des quatre p re­ miers livres du N ouveau Testam ent ou à tous ses livres. L'Evangile ■c'est plutôt une v érité vitale et salvifique présentée sous forme de lettres; c'est le contenu intérieur qui doit être prêché afin de p er­ m ettre aux hommes la justification. L'Evangile est une prédication ■de la prom esse divine qui dit que c'est par égard à Christ que la grâce nous est faite gratu item ent4. L'Evangile ce n 'est pas en p rin ­ cipe ce que nous lisons dans un livre, mais plutôt un sermon, une parole vive et la voix qui rete n tissen t dans l'Eglise en tière5.

3 L 'éd ition c ritiq u e d e Liber C oncordia e: Die Bekenntnisschriiten der e v a n ­ gelisch-luther ischen Kirche. H e r a u s g e g e b e n im G ed en k ja h r der A u g sb u r g is c h e n K o n fe s s io n 1930. 6., d u r c h g e s e h e n e A u fla g e , G ö ttin g en 1967, (l'a b b rév ia tio n : BS).

4 Cf. H. F a g e r b e r g , Die Theologie der lutherischen Beken ntn issch riiten v o n 1529 bis 1537, G ö ttin g en 1965, 83— 96.

5 W A 12, 259, 10. Cf. W . E i e r t , M or ph ologie des Luthertums, Bd. I, B er­ lin 1931, 165— 166? R. P r e n t e r , Spiritus Creator, K o p e n h a g en 2 1946, 127— 128.

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LE PRINCIPE „S O L U S C HRISTUS’ 171

Une influence salvifique sur l'hom m e se réalise norm alem ent p ar la prédication de cette parole qui est un instrum ent du salut.

La justification s'opère par la paro le6; l'Evangile entendue et l'absolution entendue nous ap portent la rém ission des péchés et la consolation7; satan s'enfuit quand nous nous occupons de la parole divine dans nos conversations en famille ou dans le chant puisqu'il ne peut pas supporter la parole de Dieu8; la grâce est liée à la parole exprim ée et ex térieu re9; Dieu a ordonné de prêcher la rémission des péchés par la parole prononcée10? c'est grâce à la parole de Dieu prêchée que nous p arv ien t le bien obtenu par le C hrist11; la prédication dans la com m unauté de l'Eglise illumine le coeur du ch rétien 12; si nous connaissons le C hrist et croyons en Lui, cela est dû' à la prédication13; nous sommes sauvés par la parole entendue14, prêch ée15; prêchée et enten d u e16; sans la prédication et l'audition l'homme n 'attein d ra pas le salu t17; l'Esprit-Saint a choisi ces deux choses comme les instrum ents de son activité salvifique18.

1. L e s f o n c t i o n s s a l v i f i q u e s d e l a p a r o l e Le Liber Concordiae ne s'in téresse pas à la fonction sém antique de la Parole diviner mais à son rapp o rt avec le salut. Il dém ontre une série de fonctions salvifiques accomplies par le verbum Dei.

a. M ène à la conversion et convertit

Ce n 'est que Dieu qui puisse changer une situation de péché de l'homme. L'Esprit-Saint le fait en m enant à la conversion et en con­ v ertissan t le pécheur. Il se sert de la parole prêchée et entendue par laquelle il illumine et convertit les coeurs19.

Dans la jeune théologie p ro testan te du XVIe s. se sont rencon­ tré s ou plutôt se sont affrontés deux modèles de l'activ ité salvifi­ que de Dieu, le modèle des enthousiastes et celui défendu par la

Formula Concordiae. Dans le prem ier modèle la grâce tombe di­

rectem ent sur l'homme ce que soulignent les mots ,,ohne Gehör Gottes W orts", ,,àbsque verbi Dei auditu" c'est-à-dire sans avoir

8 А С А 4. BS 173, 67. 7 А С А 12. BS 259, 39— 40. 8 GC N e u e V o r red e. BS 549— 550.

9 „D as m ü n d lich , ä u s se r lic h W o r t” ; „mit dem v o r g e h e n d ä u s se r lic h e n W ort"; .„vocale et ex tern u m v e rb u m ”; „cum v e rb o e x te r n o ”. A S III, VIII. BS 453, 3.

10 „ M ü n d lich e W o r t”; „ v o c a le v e r b u m ”. A S III, IV. BS 449. 11 GC II. BS 654, 38— 39.

12 Jb. 655, 42. 18 Ib. 654, 38. 14 Ep II. BS 779, 11.

16 „Das g e p r e d ig te un d g e h ö r te W ort”; „praedictum et auditu perceptum ”.

Ep XII. BS 825, 22. 17 Ep II. BS 777. 18 SD II. BS 812.

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172 S T A N ISŁ A W C. N APIÓ RK O W SK I O F M C oiiv.

entendu les paroles de D ieu"20. Entre Dieu et l'homme existe un espace vide; tous les m oyens interm édiaires ont été exclus. D ans le modèle adopté par la Formula Concordiae dans l'espace entre Dieu et l'hom me il y a un e créature (ce n 'est rien d'autre^que la parole de Dieu, dont nous parlons dans le texte). L'activité salvifi- que de Dieu la prend comme vecteur nommé m oyen ou instrum ent (,,Mittel", ,,medium") par lequel il parvient à l'homme. Il est im por­ ta n t que le fait même de l'adoption de la chose créée soit considérée comme indispensable au fonctionnem ent de ce modèle. Sans cette chose il n 'y a pas de salut, quoiqu'il y ait Dieu et l'homme. Dieu n'opère pas son activité salvifique sur l'hom m e sans l'interm édiaire de la créature. Une question secondaire, peut-être moins im portante pour la théologie de la m édiation de salut, est d'indiquer une créatu ­ re concrète, que Dieu a . choisi pour M itteî et insirum entum de la grâce. La chose la plus fondam entale est de constater que Dieu, a choisi une économie dans laquelle il attrib u e à la créature la fonction de l'interm édiaire du salut.

b. Sanctifie tout

La sanctification du jour du Seigneur — selon le GC de L u t h e r — consiste à s'occuper de la parole de Dieu et à s'exercer en elle21. Les religieux passent beaucoup de temps agenouillés dans l'Eglise à chanter, à sonner, po u rtant ils ne fêtent pas la journée sainte puisqu'ils ne prêchent pas la parole de Dieu et ne s'occupent pas d'elle22. C opendant ce n 'est que la parole de Dieu (,,einige'V ,,uni- cum") qui sanctifie le temps et toutes les autres choses; elle est un ,,trésor et un vêtem ent le plus cher" qui sanctifie tout; avec son aide égalem ent tous les saints sont parvenus à la sainteté23. ,,Si l'on apprend la parole de Dieu, on la prêche, on l'entend, on la lit et on la répète de mémoire, alors ceux qui l'éco uten t se sanctifient, ainsi que le jour et le travail fait; nous tous devenons saints, et cela non pas grâce à une activité ex térieu re mais grâce à la paro le"24.

c. Rend possible la rencontre avec le Christ Rédem pteur Le C hrist Rédem pteur serait pour nous inefficace s'il n 'y av ait pas de parole divine. Nous devons la rencontre avec Lui à la p a­ role de l'Evangile; c'est elle qui nous rend possible la foi, par la­ quelle nous pouvons saisir le C hrist pour le faire n ô tre25.

20 SD II. BS 872, 4. Cfr. Ep II. BS 779, 13. 21 GC I, 3. BS 582, 87. 22 GC I, 3. BS 583, 89— 90. 23 Ib. 583, 91. 24 I b. 583, 92. 25 SD III. BS 917, 9— 11.

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LE PRINCIPE „SO L U S CHRISTUS" 173

Le Christ est un livre de vie, qui sauve ou non selon qu'il est ouvert ou fermé. La prédication de l'Evangile ouvre le livre de s a lu t26.

En nous liant avec le Christ, la parole de Dieu réalise l'oeuvre de la sanctification puisque c'est „par la sanctification que nous sommes menés vers le C hrist pour que nous acceptions le bien, auquel nous ne serions pas capables d'arriver par nous-m êm es"27.

d. Conditionne la foi

Le Liber Concôrdiae rappelle à plusieurs reprises le ïides ex

auditu paulien pour souligner que la parole de Dieu conditionne la

foi. On peut vérifier cette thèse d'une m anière évidente sur l'exem ple des adultes, qui ont commencé à croire longtem ps avant leur baptêm e ou bien com mencent à croire au moment du baptêm e28.

e. Contient la grâce et le Saint-Esprit

La parole de Dieu possède non seulem ent un sens comme les autrs mots humains, mais elle est égalem ent le vecteur de la grâce: „L'Esprit-Saint, par la prédication de la parole... offre à l'hom ­ me sa grâce dans la parole..."29. Elle est égalem ent le porteur de l'Esprit-Saint, qui se donne à l'hom me dans la parole: „Le Saint- -Esprit, qui est donné et accepté par la prédication non pas de la Loi, mais de l'Evangile, renouvelle le coeur de l'hom m e"30. Nous sommes obligés d'accepter la parole pour obtenir le Saint-Esprit: „C'est dans cette parole que le Saint-Esprit est p résen t et ouvre les coeurs des hommes..."31.

Dans les AS Luther prétend que Dieu donne le Saint-Esprit uni­ quem ent et exclusivem ent par la parole ex térieu re ou avec elle32.

26 Ep XI. BS 819, 13. 27 GC II, 3. BS 654, 39.

28 „Durch ä u s se r lic h e v o r g e h e n d e W ort". A S III. BS 455, 7. 29 Ep II. BS 779, 11.

30 SD V I. BS 965— 966, 11.

31 „Bei so lc h e n W ort ist der H e ilig e G eist g e g e n w ä r tig und tut auf d ie H e ­ rzen das sie... darauf m erk en , a lle in du rch d ie G nad e und Kraft d es H e ilig e n G eiste s, d e ss e n W erk a lle in ist d ie B ek eh ru n g d es M en sch en " .

„H uic v e rb o a d e st p r a e se n s sp iritu s sa n ctu s et cord a h om in u m aperit, ...et ita co n v erta n tu r so la gratia et v irtu te sp iritu s sa n cti, cu iu s un iu s et so liu s opu s est hom in is c o n v e rsio " . Ep II. BS 777— 778, 5.

32 „Und in d ie se n S tü ck en , so das m ü n d lich , äusserlich . W o rt b etreffen , ist fe st darauf zu b leib en , d a ss G ott n iem a n d se in e n G eist oder G n ad e gibt oh n e durch oder m it dem v o r g e h e n d ä u s se r lic h e m W ort..."

„En in h is, q u a e v o c a le et e x tern u m verb u m co n cer n u n t, c o n sta n ter te n e n - dum est D eum n em in i spirit.um v e l gratiam su am largiri n is i per v erb u m et cum v e rb o e x te r n o et p r a eced e n te..." A S III, VIII. BS 453, 3.

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174 ST A N ISL A W C. N APIÓ RK O W SK I O F M C onv.

Selon la SD la parole est un m inistère („Ambt", „m inisterium Spiri­ tus sancti") de l'Esprit-Saint et Le donne à l'homme, et l'Esprit- -Saint devient efficace par la paro le33.

f. C onstitue une arm e efficace contre satan

Selon Luther il n 'y a pas d'arm e plus efficace contre satan que le fait de s'occuper assidûm ent de la parole divine; satan craint plus la m éditation de la parole de Dieu et les com m andem ents di­ vins, les conversations fam iliales et les chants consacrés à elle, que l'encens arom atique. Une telle m anière de s'occuper de la parole de Dieu est une v éritab le eau bénite et un signe au thentique devant lequel satan fuit ne pouvant pas le su p po rter34. L'im portance incom parable de la parole de Dieu ne repose pas dans sa fonction, inform ative, mais dans le fait qu'elle est une force de Dieu qui triom phe de satan. C 'est dans la lutte contre lui qu'elle est v iv a n te et efficace et non pas vide et p o urrie35.

g. Console

Les mots ,,trösten" et ,,consolari" peuvent signifier une conso­ lation que l'hom me trouve dans la lecture de D a n t e , en admi­ ran t le coucher du soleil ou dans une bonne parole à lui ad ressée par un ami; po urtan t dans le Liber Concordiae ils possèdent une. signification différente, purem ent religieuse: la consolation est. apportée par la conscience que le C hrist nous justifie tout à fait: gratuitem ent36.

La prédication de la pénitence épouvante, la foi en la justifi­ cation par la foi elle-même console et en consolant justifie et vivi­ fie37. Cette consolation devient une arme, qui vainc la frayeur, la m ort éternelle et l'en fer38. Lorsque au milieu de la frayeur naît la. consolation, naissent avec elle la connaissance de Dieu, la crainte de Dieu, l'espérance, l'am our de Dieu suivis de la renaissance et de la transform ation intérieure à la ressem blance de Dieu, ren ais­ sance, c'est-à-dire le commencement en nous de la vie éternelle39.

83 „D ann das W o rt, d ad u rch w ir b er u fen w e rd en , ist e in A m b t d es G eistes,, 'das d en G eist gibt' od er d ad u rch der G eist g e g e b e n w ird, 2. Cor. 3; und ein 'Kraft G o ttes s e lig zu m ach en ', Rom. 1. U n d w e il der H e ilig e G eist du rchs W o rt k rä ftig se in , stä rk en , K raft und V o r m u g e n g e b e n w ill (la tr a d u ctio n la tin e: „Spi­ ritu s sa n ctu s per v erb u m e ffic a x e s s e , n o s co rrob orare et v ire s su b m in istra re v e lit" ), so is t G o tte s W ille , d a ss w ir das W o r t a n n eh m en , g la u b en und d e m se lb e n fo lg e n so llen " . SD XI. BS 1072, 29. 34 GC. BS 549— 550, 10— 11. 85 GC I, 3. BS 586— 587, 100— 102. 86 A C A 4. BS 159, 2— 3. 37 A C A 4. BS 172, 62. 88 Ib. 178, 85. 89 Ib. 227, 351.

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LE PRINCIPE „ SOLUS CHRISTUS' 175

2. "Outil et instrument de l'Esprit-Saint"

La SD a dém ontré une relation en tre l'Esprit-Saint et la p aro le de la m anière suivante: „Le Saint-Esprit a voulu être efficace par la parole"40. A rrêtons-nous sur cette énonciation qui, d'une m anière très lapidaire, a saisi une fonction instrum entale de la parole de? Dieu dans l'o euv re du salut.

a. ,,L'Esprit-Saint... efficace par la parole"

Examinons tour à tour les trois élém ents de renonciation. aa. „L'Esprit-Saint..."

Le Liber Concordiae en caractérisan t l'activité salvifique de Dieu la lie au Saint-Esprit: c'est Lui qui agit par la p arole41, corrige42, rem ue l'hom m e13, fait que nous pensons correctem ent de Dieu, que: nous Le craignons et croyons en Lui44, appelle45, engage à l'obéis­ sance aux com m andem ents46, ren d possible l'accom plissem ent in­ térieur de la Loi47, décide les bons à faire du bien48, instruit sur la volonté divine49, désire accorder la grâce et nous redonne des forces50, v eu t nous conduire ju sq u 'à la pénitence51, offre dans l'Evangile la grâce et le salut52, ne cesse pas de prêcher la parole de D ieu53, convertit, dote de la foi, dirige et renouvelle l'hom m e54, recom m ence l'oeu vre de la renaissance et du ren o u v eau 55, nous donne une vie nouvelle et étern elle ainsi qu'une justice étern elle56, encourage à accomplir de bonnes o eu vres57, éveille l'am our de Dieu

48 „...Spiritu s sa n c tu s per v erb u m v u lt in iis e ffic a x e sse..." . SD XI. BS 1085,.

75. 41 SD II. BS 910, 89. 42 SD V . BS 955, 11. 48 SD II. BS 906, 83. 44 A C A 4. BS 187, 135. 48 PC. BS 512. 46 SD XI. BS 1084, 73. 47 A C A 4. BS 186, 130; 174, 70. 48 S D II. BS 897, 63. 48 SD V I. BS 966, 12. 50 SD XI. BS 1073, 33. 51 Ib. 1083, 71. 52 SD II. BS 879, 18. « GC II, 3. BS 655, 43. 54 SD II. BS 873, 5; SD III. BS 922, 23; 923, 28. 68 SD II. BS 897, 65. 86 A C A 4. BS 186, 132. 87 SD V I. BS 966, 12.

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176 ST A N ISŁ A W C. N APIÓ RK O W SK I O F M C onv.

e t du prochain58, purifie59, illum ine60, renouvelle le coeur61, cause la foi62, conserve la foi63, sanctifie64, console et donne le tém oignage aux élus qu'ils sont les enfants de Dieu66.

Il ne faut pas expliquer l'efficacité de la parole divine dans le sens m agique mais par le Saint-Esprit, qui est le véritable su jet de son action salvifique.

bb. ,,...par la parole...”

Certes l'Esprit-Saint pouvait corriger, appeler, sanctifier etc. de façon directe. Mais il a voulu agir indirectem ent et c'est par la parole comme moyen, outil ou instrum ent: ,,durchs W o rt”, ,,per verbum ”67.

Dans la term inologie philosophique et théologique du M oyen- -Âge, si proche aux auteurs du Liber Concoidiae, on pourrait définir la larole de Dieu comme une cause instrum entale (causa instm m en-

talis) du salut. Toute la gamme des verbes définissant divers aspects

d'u n e activité sanctifiante de l'Esprit-Saint m ontre invariablem ent la parole en tan t qu'outil, moyen, instrum ent, organe ou m inistère de l'Espirt-Saint.

Voilà l'un des nom breux textes caractéristiques:

„...la conversion en Dieu est une oeuvre de l'Esprit-Saint divin Lui-même; c'est lui qui est un m aître magnifique („M eiśter”, ,,arti- fex ”) qui la cause en nous; il se sert p o u rtan t d'une prédication et de l'audition de sa sainte parole comme de ,,son propre outil et instrum ent”68.

La dénom ination ,,M eister” ou „artifex” était dotée en ces temps- -là d'une signification plus large que le mot contem porain „m aître”. Elle signifiait un m aître non seulem ent dans l'art, mais égalem ent dans l'artisanat, c'est-à-dire un créateur au sens large du term e. Comme l'artisan ou l'artiste trav aille à l'aide des outils, ainsi

58 SD III. BS 922, 23. 59 GC II, 3. BS 659, 58. 60 PC. BS 512. 61 SD V I. BS 966, 12. 62 SD XI. BS 1083, 69 i 72. 62 Ep IV . BS 789, 15. 64 GC II, 3. BS 654, 37,- PC. BS 512? SD III. BS 922, 23; 923, 28. 65 SD V . BS 955, 11. 66 SD XI. BS 1084, 74. 67 SD XI. BS 1085, 75; Ep XII. BS 825, 22.

68 „...D ie B ek eh ru n g zu G ott a lle in G o tte s d e s h e ilig e n G e iste s W e rk s e ie , w ö lc h e r der r ec h te M eiste r is t, d er a lle in s o llic h s in un s w irk e t, darzu er d ie P red ig un d d a s G eh ör s e in e s h e ilig e n W o r ts a ls o rd en tlich M itte l und W e rk z e u g geb rau ch t" .

„ ...C o n v ersio ad D eu m sit s o liu s sp iritu s sa n cti op u s, qui so lu s e st e g r e g iu s ille a r tife x h a e c in n o b is e ffic ie n s ; in terim tarnen p r a e d ica tio n e et a u d itu sa n cti v e rb i su i (tanq uam o rd in a rio et le g itim o m ed io se u in stru m en to su o) utitur". SD II. BS 912.

(10)

LE PRINCIPE „ SOLUS CHRISTUS" 177

l'Esprit-Saint agit à l'aide de la parole; comme l'artiste, même le plus génial ne sculptera pas un ange dans le m arbre sans outils, de même l'Esprit-Saint ne form era pas un homme nouveau sans la parole.

La nécessité de la parole = instrum ent peut s'observer d 'autant plus clairem ent, que nous écoutons plus attentivem ent les paroles du Liber Concordiae sur la passivité de l'hom m e et même sur une résistance envers la grâce, les paro les qui disent que, comme la p ierre résiste au fer dans la main de l'artisan ou de l'artiste, de même la volonté dépravée de l'hom m e se révolte contre Dieu; que l'hom m e = m atière ne collabore en rien avec l'unique Agissant.

La Solida Decîaratio appelle la prédication et l'audition de la parole de Dieu ,»instruments de l'E sprit-Saint''69, m oyens ou bien outils70, m inistère et outil de l'Esprit-Saint71, instrum ent ou moyens de l'Esprit-Saint72, com pare la; parole de Dieu à un filet à l'aide duquel Dieu, par l'Esprit-Saint, a ttire les élus et les sauve des pièges tendus par le satan 73.

La Formula Concordiae a blâm é avec une grande force et a re ­ jeté les thèses contraires des Schw enckfeldiens comme une erreu r néfaste dans la foi74. La fonction instrum entale et salvifique de la parole de Dieu a donc été traitée comme un point extrêm em ent im portant de la doctrine protestante. On ne m ène pas de graves discussions et l'on ne re je tte pas solennellem ent des détails théolo­ giques. En effet, telle solution ou une au tre du problèm e débattu décidait de la nature et de l'im portance du m inistère du verbe. C 'est pourquoi les expressions du Liber Concordiae au sujet de la parole doivent être prises comme un fruit m ûr de longues réflexions et des discussions des théologiens luthériens les plus ém inents des années soixante-dix du XVIe siècle, fruit, qui est devenu le p atri­ moine des Eglises luthériennes.

ce. .efficace''

G râce à la parole comme instrum ent de l'activité salvifique l'Esprit-Saint devient efficace en nous: „...l'Esprit-Saint a bien voulu être efficace en eux (pécheurs) par la parole..."75.

69 ,,D es H e ilig e n G e iste s W erk zeu g " ; „ sp iritu s sa n cti in stru m en ta" . SD II. BS 892, 52.

70 „M ittel", „m edia". Ib. 901, 72.

71 „Ein A m b t un d W erk d e s H e ilig e n G eiste s" , „ m in isteriu m et org a n o n Spi­ ritu s san cti". Ib. 894, 56.

72 „ H eilig e n G e iste s W e rk zeu g " , „ in stru m en ta se u m ed ia sp iritu s s a n c ti”. Ib. 901, 72.

73 SD XI. BS 1085, 76— 77.

74 Ep XII. BS 825, 22. SD XII. BS 1097, 30. 75 SD XI. BS 1085, 75.

(11)

178 ST A N IS L A W C. N APIÓ RK O W SK I O F M C onv.

Le texte original allem and s'est servi d'un adjectif kräftig, f o r t robuste: l'Esprit-Saint grâce à la parole devient suffisamm ent fort pour convertir un pécheur, c'est-à-dire, la parole rend en quelque sorte l'Esprit-Saint apte à l'activité justifiante; sans la parole il n 'est pas kräftig à accom plir cette oeuvre. La traduction latine a utilisé l'adjectif efficax, ce qui est une interprétatio n du texte original — mais ne fausse pas son idée; le trad ucteu r a rem arqué l'im portance de la fonction de la parole dans l'efficacité qu'il p rête à l'Esprit- -Saint.

L'adjectif kräftig, efficax se rap p o rtan t à l'Esprit-Saint, qui agit par la parole, appartient à des expressions caractéristiques de la

Solida Dectaratio. Les au tres livres de Liber Concordiae ne définis­

sent pas l'Esprit-Saint à l'aide de l'adjectif ,,efficace", ils exprim ent p o urtant la même idée.

b. ,,La voie ordinaire"

Dieu n 'est pas habitué à agir autrem ent: ,,le Seigneur pourtant ne s'est pas accoutum é à appeler les hommes directem ent, mais par la p aro le"76. Dieu a décidé une telle économ ie du salut av an t la création de l'u n iv ers77.

La parole est devenue à un tel point le „lieu" où agit l'Esprit- -Saint, que Solida Declaratio l'appelle „m inistère de l'Esprit-Saint"

(„ein Am bt des G eistes", „m inisterium spiritus")78.

Le salut par la parole est une voie ordinaire („der ordentliche W eg", „via ordinaria") de l'Esprit-Saint v ers l'hom m e79.

„La voie ordinaire" signifie la voie nécessaire. Il ne faut pas com prendre les mots „voie ordinaire" dans sens de „en général" ou ,,par la plupart" ce qui adm et l'existence de la voie ex trao rd i­ naire du salut, „La voie ordinaire" signifie la voie unique. „Non sans m oyens" („nicht ohne M ittel", „non sine mediis") — voilà le mot d 'ordre du Liber C oncordiae. „La foi par l'audition" n'adm et pas „la foi sans audition"80. Comme le principe soîa fide est néces­ sairem ent en vigueur, de même il faut adm ettre absolum ent solo

verbo81 : uniquem ent par la parole („allein durchs W ort"), seulem ent 76 „N u b eru fet G ott n ic h t oh n e M ittel, so n d ern durch das W ort..."; „D om inu s a u tem n on s o le t h o m in e s im m ed ia te v o c a r e , se d per verb um ..." SD XI. BS 1071, 27.

77 „...G ott in se in e m Rat für der Z eit der W e lt b e d a c h t un d v e ro r d n et hat, d a ss er a lle s , w a s zu u n se r B e k eh ru n g g eh ö rt, s e lb st m it der K raft s e in e s H e ili­ g e n G e iste s d u rch s W ort in un s sc h a ffe n un d w ir k e n w o lle" . SD XI. BS 1077, 44.

78 Ib. 1072, 29. 79 Ep XI. BS 819, 12. 80 Ep II. BS 777, 4. 81 A C A 4. BS 176, 68.

(12)

LE PRINCIPE „SO L U S CHRISTUS' 179

dans la parole et par la parole („allein im W o rt und durchs W ort", » tantum... per verbum ")82.

Conform ém ent à la m anière de l'action de Dieu établie une fois pour toutes, personne ne reçoit le salut sans la parole médiatrice. L'introduction à la Formula Concordiae de 1558 exprim e la joie du fait qu'en A llem agne a resplendi de nouveau la lum ière de l'Evangile et de la Parole de Dieu. Ensuite nous lisons: ,,ce n'est que par la parole que nous parvenons au salu t"83.

Une in terp rétatio n ,,absolue" du principe per verbum. ou bien

solo verbo explique, pourquoi les propositions plus libérales des

enthousiastes au su jet de l'activité salvifique de l'Esprit-Saint ,,sans un outil quelconque ou l'instrum ent des choses créées" se sont heu rtées à un refus énergique aussi bien de l'Epitom eM, que de la

Solida Declaratio85.

IL Médiation salvifique des sacrements et de l'absolution

La dénom ination ,,parole" ap p araît souvent dans le Liber Con­

cordiae accom pagnée de la dénom ination „sacrem ent" ou ,,sacre­

m ents". C 'est pourquoi une analyse des tex tes sacram entologiques du Liber Concordiae s'occupe plus largem ent de ce mot.

1. B a p t ê m e

L u t h e r dans son Livret sur le baptêm e appelle ce sacrem ent: „sublime, saint et salvifique"86, ,,une oeuvre parfaite et de la plus haute im portance"87. Il est ,,notre unique consolation et l'in tro ­ duction aux biens célestes et à la com munauté des saints"88, „un bain sau v eu r"89, qui nous fait rev iv re spirituellem ent90. Dieu „par l'eau et l'Esprit-Saint" nous ravive, nous pardonne des péchés, fortifie et nous accorde la grâce qui m ène à la vie étern elle91. Il ne s'agit pas dans le baptêm e d'une simple eau92, mais de l'eau prise

82 Ib.

83 „ A lle in s e lig b a c h e n d e n W ort"; „per q u od so lu m v era m sa lu te m accipim us". K o n k o r d i e n f o r m e l , V o r r e d e . BS 740. „per h o c m ed iu m (verbum ) et n on a lio m odo". SD II. BS 891, 50. Cf. i b. 893, 55.

84 BS 779, 13.

85 BS 872— 873; 890, 46.

86 „D as h o h e, h e ilig e , tr ö s tlic h e S ak ram ent der T aufe". PC. T au fb ü ch lein . BS 535, 1.

87 „Das tr e fflic h e W erk und d en g r o sse n Ernst"; „sum m um opu s rem q u e se - riam". Ib. 2.

88 Ib. 537— 538, 9.

89 „ H eilsa m e Sintflut". Ib. 539, 14.

90 „D ie g e is tlic h e W ied erg eb u rt" . Ib. 538, 13.

91 Ib. 541, 30. 92 Ib. 694, 17.

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180 ST A N ISŁ A W C. N APIÓ RK O W SK I O F M C onv.

par la parole et par la décision de Dieu; elles la sanctifient à un tel point que l'eau simple devient l'eau divine93. La parole de Dieu fait que l'eau n aturelle devient une „eau divine, sainte et apportant le salut"94. La parole de Dieu enferm ée dans l'ea u 95, ou l'eau dans laquelle il y a le nom de Dieu ap portent les fruits du salut96. Con­ form ém ent à la volonté du Christ „celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé" (Me 16, 16), la force du baptêm e, son activité, son fruit et son but se résum ent en un seul mot: sauver l'homme. „Sauver" veut dire libérer du péché, de la m ort et de la ty ran ie de satan, tra n s­ po rter au royaum e du C hrist et vivre éternellem ent avec Lui07. Dieu prom et et offre par le baptêm e la victoire sur la m ort et satan, la rém ission des péchés, la grâce divine, le Christ avec tous ses actes et l'Esprit-Saint avec tous ses dons98. Le baptêm e non seulem ent signifie, mais cause, commence et réalise une vie nouvelle99. Dieu a mis sa parole dans l'eau et nous a proposé une chose ex térieure par laquelle nous devons nous sauver, „...tout ce que Dieu accomplit et cause en nous, il a bien voulu le faire uniquem ent par cet ordre e x térieu r"100. Celui donc, qui reje tte ce signe ex térieur du baptêm e, re je tte égalem ent une décision de Dieu et le Christ lui-mêm e101, Le signe ex térieu r de l'eau et de la parole possède une signifi­ cation non seulem ent pour la personne qui reçoit le baptêm e, mais égalem ent pour toute la com m unauté ecclésiale. Dieu a institué les signes et les gestes extérieurs afin que la com m unauté ecclésiale, à l'aide d'eux, s'accroisse par une adhésion de nouveaux m em ­ b re s102.

L'Epitome a condam né l'attitud e des Schwenckfeldiens: ,,l'eau

du baptême n 'est pas un instrum ent, par lequel le Signeur scelle l'adoption pour enfants de Dieu et cause la rég én ératio n "103. Il dé­ fend le caractère instrum ental et salvifique du baptêm e, comme cela a eu lieu vis-à-vis de la parole de Dieu104.

C 'est l'activité de Dieu et non pas un acte hum ain qui décide que

93 GC IV . BS 693, 14.

94 .N ich t a lle in e in n a tü tlic h W a ss e r , so n d ern e in g ö ttlic h , h im m lich , h e ilig und s e lig W a s s e r ”. Ib. 694, 17.

95 Ib. 694, 19. 96 Ib. 696, 26.

97 Ib. 695— 696, 23— 25. 98 Ib. 699, 41.

" Ib. 7 06, 75.

100 „„..W as G ott in un s tu e t un d w ir k e t, w ill er du rch so lc h ä u s se r lic h e O rd­ n u n g w ir k e n ”. Ib. 697, 30.

Ib. 697, 31.

102 Ib. 704, 64.

i°3 „D ass der K ir ch en d ien st, das g e p r e d ig te und g e h ö r te W o rt n ic h t se i e in M ittel, d ad u rch G ott der H e ilig e G eist d ie M en sc h e n Lehre, d ie s e lig m a c h e n d e E rk en ntn u s C h risti, B ek eh r u n g , B uss, G lau b en un d n e u e n G eh orsam in ih n en w ir ­ k e ”. Ep XII. BS 825, 23.

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LE PRINCIPE MSOLUS CHRISTUS' 181

le baptêm e est efficax ad salutem. L'eau baptism ale est une „eau divine" uniquem ent parce que Dieu l'a voulu („Gottes Ordnung"). C 'est Dieu qui donne aux baptisés l'Esprit-Saint105, Dieu lra in stitu é106, il est donc suivi d'un ordre de Dieu et de la paro le107, il est ,,l'acte de D ieu"108. Si nous ram assions sur une place les actes les plus som ptueux de tous les religieux, ils n 'attein d raien t pas la valeur d'un sim ple relèvem ent d'un brin de paille par Dieu. Dans ce cas la dignité de la personne ne se m esure pas par la grandeur de l'oeuvre, mais la grandeur de l'acte par la, dignité de la personne109. Les cérém onies du baptêm e en tan t qu'activité hum aine ont une valeur d'un m asque extérieur, qui, comme une coquille de noix, cache dans son intérieur l'essentiel, c'est-à-dire la parole de Dieu, donc quelque chose qui dépasse l'homme et qui ap partien t aux autres catégories110. Nos parents ou nos supérieurs peuvent re s­ sem bler à des Turcs ou aux païens si nous com parons leurs oreil­ les, leurs yeux, leur peau etc., mais po urtan t la parole de Dieu („Tu honoreras ton père et ta m ère") a tranché la différence fon­ dam entale entre les groupes d'homm es m entionnés111. L'acte humain dans le baptêm e peut être com paré à un bain ordinaire et l'eau à celle dans laquelle une m énagère lave la vian d e112. Un tel acte, considéré à l a lum ière de la valeur salvifique ne v au t rien, et il n'est même pas le baptêm e113.

2. C è n e

Dieu nous sauve égalem ent par le signe sacré du pain et du vin dans la Cène de N otre Seigneur.

La Formula Concordiae lutte énergiquem ent avec les sacram en- taires pour une présence vraie, réelle et substantielle du corps et du sang de Jésus-C hrist dans la Cène. C 'est cette présence que le C hrist considère comme salvifique c'est-à-dire pour notre salut. Le C hrist est toujours pour nous, pro nobis, et nous apporte toujours le salut, puisque l'Eucharistie est de tout temps liée à la croix. Il n'y a pas deux différents „donne" et „verse": l'un sur la croix, l'au tre dans la Cène; il n 'y a pas deux actes de l'offrande du Sauveur: l'un sur le Golgotha, l'au tre dans le C énacle; il y a une seule „offran­ de", une seule „version" et un seul acte de salut; le même Christ, le même don, la même réalité, la même ,,für euch", „pro vobis". La différence peut s'exprim er d'une telle façon, que le C hrist nous

105 ACA 9. BS 247, 3. .GC IV. BS 692, 6. 107 Ib. 692, 8. h» Ib. 692— 693, 10. 109 Ib. 693, 11— 12. 110 Ib. 694, 19. 111 Ib. 694—695, 20. 112 Ib. 695, 22. 118 Ib. 698, 36— 37.

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182 ST A N ISŁ A W C. NAPIÓ RK OW SKI O F M C onv.

approche l'événem ent salvifique de la croix et fait que c'est une réalité toujours actu elle114.

Le Grand Catéchism e de L u t h e r différencie nettem ent le „quoi" de la Cène de „comment agit", autrem ent dit ,,qufest-ce" de „que cause", mais il attire une plus grande attention sur la deuxièm e question. Il n'hésite pas à nommer le pain et le vin „tré­ sor" par lequel nous obtenons la rém ission des péchés115. Selon lui, la présence du C hrist dans l'Eucharistie n 'est pas une présence pour elle-même, mais une présence pour le salu t116. La Cène cause aussi bien le fait que „le corps et le sang du Christ s o n t , que celui qu'ils sont les t i e n s comme un trésor et don"117. L u t h e r a fortem ent souligné cette im portance salvifique du corps et du sang sacram en­ tels de N otre Seigneur-pour s'opposer à une in terprétation spirituali- sante, dans laquelle il n 'y avait pas de place pour la foi que le pain et le vin de la C ène peuvent servir d|interm édiaires dans la rém is­ sion des péchés, puisque le Christ accomplit cela uniquem ent sur la croix. Dans son serm on de 1529, donc qui a été pronocé un an avant la parution du Grand Catéchismer L u t h e r a ainsi résum é cette opinion: „Le C hrist est m ort sur la croix et non pas dans la Cène. C 'est pourquoi la rém ission des péchés s'accom plit sur la croix et non pas dans la C ène"118. Bien qu'il crée une théologie nommée plus tard „théologie de la croix", il a clairem ent accentué la valeur m édiatrice et salvifique de la présence sacram entelle du Christ: „...quoique sur la croix fût accomplie l'oeuvre elle-même et naquît la rém ission des péchés, p o u rtan t elles ne peuvent nous parvenir que par la parole..."119. La rém ission des péchés en v ertu de la parole du Christ fut enferm ée dans ce sacrem ent et offerte à nous1?0.

La Cène* est un instrum ent du salut égalem ent comme un souve­ nir, c'est -à-dire commémoration. Dans le AS L u t h e r dégage une spécifité non réitérativ e de la memoria Domini en la confrontant avec une évocation de grands héros de,l'antiquité. Le fait d'évoquer H ercule ou U lysse ne sauve pas l'homme, mais celui de rappeler le Christ passède la force de l'inflùence salvifique. La commémora­ tion du Christ dans la Cène n 'est pas „vide" dans le sens de „in­ différent sur le plan du salut". En com mémorant le Christ dans

114 Ib. 713— 714, 31— 32. Cf. J. M a y e r , H istorischer K om m enta r zu Luthers

K le inem Kathechismus, G ütersloh 1929, 469—470; E. S c h 1 i n k, Theolo gie der

lutherischen Bekenntn isschriften, Berlin 1954, 137138. *15 GC IV. BS 713, 28.

116 Ib. 713, 29.

117 „...Dass es Christus Leib und Blut ist und dass es D ein ist als ein Schatz and G esch en k e”. Ib.

118 „Christus mortuus in cruce, non coena. Ideo rem issio peccatorum est in cruce, non in co en a ”. W A 29, 199.

GC IV. BS 713, 31.

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LE PRINCIPE „SO L U S CHRISTUS" 183

l'Eucharistie, nous ne reproduisons pas un spectacle laïc, mais nous nous adressons au Sauveur qui sauve, au salut dans le Christ pour s'ouvrir sur eux par la foi, pour les accepter et par cela revivre, la foi en effet, qui reconnaît la m iséricorde de Dieu dans le Christ, donne la vie. L u t h e r a rejeté une conception du signe eucha­ ristique vide et infécond par rapp o rt au salut et il défendait réso­ lum ent la doctrine sur un signe p o rtan t une consolation, c'est-à-dire — nous pouvons le dire — sur un signe salvifique entier, sur un signe salvifique riche et qui p orte salu t121.

G râce aux paroles de l'institution du sacrem ent nous avons reçu dans la Cène de notre Seigneur un rem ède salvifique122, qui apporte un soulagem ent dans la m aladie et donne la vie au corps et à l'âm e123. L u t h e r p ersuadait chaleureusem ent, que le Christ a établi l'Eucharistie pour chacun d'entre nous, et non seulem ent généralem ent: pour nous. Le pro vobis du C hrist doit être compris par chacun d'une m anière concrète comme ,,pour moi" et ,,à moi", ce qui s'applique évidem m ent pour un homme qui se trouve à côté de moi: m ihi et fïjbï124.

L'Eucharistie est un instrum ent du salut puisqu'elle apporte une consolation. Le Liber Concordiae répète à plusieures reprises que la foi en la justification ,soia Vide console. Il considère la consolation ou l'épouvante comme un critère de la correction ou incorrection de chaque théologie. Seulem ent une théologie qui apporte une con­ solation à l'hom me lui apporte le salut. La ,,consolation” est prise pour un synonym e du ,,salut". Si l'Eucharistie console cela v eu t dire qu'elle sauve.

La Cène est un instrum ent du salut puisque par elle nous p ar­ venons à la rém ission des péchés. A un reproche, que le pain et le vin ne peuvent pas absoudre des péchés et renforcer la foi, L u t h e r a répondu en disant que, dans le cas de l'Evangile il s'agit prem iè­ rem ent du pain qui est le corps du C hrist et du vin qui est son sang; deuxièm em ent il s'agit du pain et du vin auxquels le C hrist a lié ses paroles. Ce n'est qu'un tel pain qui est un trésor et L u t h e r défend sa valeu r salvifique; par (,,dadurch", ,,per") un tel pain nous pervenons à la rém ission des péchés. Nous le savons avec toute la certitude des paroles du C hrist ,,pour vous se donne et coule". C ette assurance du C hrist fait que le tréso r de son corps et de son sang nous est offert et transm is. Aussi nous persuade-t-il que le corps et le sang du Seigneur ne sont pas quelque chose d'indiffé­ ren t et d'inutile pour notre salut125.

121 A S 24. BS 370, 71—73.

122 „Als eintel heilsam e,, tröstliche A rznei” ; ,,ut salutifera et utilis m edicina”. GC IV'. BS 721, 68.

123 I b '

™ Ib. 721, 65.

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184 ST A N IS Ł A W C. N A PIÓ R K O W SK I O F M C onv.

3. A b s o l u t i o n

M algré une polém ique acharnée avec les scholastiques au sujet du sacram ent de la pénitence le Liber Concordiae a approuvé une confession privée et même défendait énergiquem ent cette pratiq u e126; mais il év itait en toute conscience des expressions qui subordon­ n eraien t d'une m anière quelconque la rém ission des péchés à la confession et soulignait le rap p o rt entre la rém ission des péchés et l'absolution; selon lui la justification atteint l'hom m e par et grâ­ ce à la parole divine annoncée à l'hom m e dans l'absolution, c'est- -à-dire par elle et grâce à elle.

Le fait de retenir le nom de „sacrem ent de la pénitence" doit être expliqué par le désir d'exposer la valeur salvifique de l'absolu­ tion quoique seulem ent le baptêm e et l'Eucharistie aient été comptés plusieurs fois par le Liber Concordiae au nom bre des sacrem ents au sens strict. L'Apologia C onfessionis Auguslanae, m algré son caractère rem arquablem ent apologétique, énum ère trois sacrem ents: baptêm e, Cène et absolution qu'elle identifie au sacrem ent de la pénitence: ,,l'absolution qui est le sacrem ent de la pénitence"127.

Dans tout lé rite du sacrem ent de la pénitence cet élém ent est im portant qui est l'oeu v re de Dieu, opus Dei. L'énum ération des péchés, le repen tir de ses fautes, les oeuvres de satisfaction — v iennent de l'hom me; c'est uniquem ent dans les paroles de l'abso­ lution qu'agit Dieu. La certitude de la force salvifique de ses paroles découle de la prom esse: „.Les péchés seront remis à ceux auxquels vous les rem ettrez". C 'est uniquem ent par l'absolution que Jésus offre au pécheur le salut qui ne dépend pas des efforts hu ­ m ains128.

En recom m andant une nouvelle attitude envers le sacrem ent de la pénitence l'A pologie a souligné la consolation qu'elle g arantit au pécheur: „Nous avons expliqué et défendu le bien de l'absolu­ tion et du pouvoir des clefs de cette m anière pour que plusieurs consciences abattues puisent dans notre doctrine une consolation en en tendant que la volonté de Dieu et la voix même de l'Evangile est que nous croyions à l'absolution, et que nous croyions avec toute certitude que la rém ission des péchés nous est offerte g ra­ tuitem ent par N otre Seigneur Jésus-Christ, et que nous soyons persuadés que c'est par cette foi que nous nous réconcilions avec D ieu"129. Le Père d e la Réforme, défendant dans les Articuli la con­ fession, l'absolution et le pouvoir des clefs argum entait en leur

126 CA 11. BS 66, 1; A C A 11. BS 272, 99— 100; AS III, VIII. BS 453. 1; PC. BS 517— 519; GC IV. BS 706— 707, 74—62; SD XI. BS 1074, 38. Cf. W A 26, 507, 17.

127 A C A 13. BS 292, 3—4; GC IV. BS 706, 74.

128 Passim.

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LE PRINCIPE „SO L U S CHRISTUS' 185

faveur puisqu'ils sont une consolation et un aide contre le péché et ia m auvaise conscience établis par le C hrist130.

Jésus nous a offert son salut dans la parole de l'Evangile, et puisque l'absolution prononcée sur le pécheur est une parole de Dieu, elle sauve comme l'Evangile. Le Liber Concordiae considère que les paroles de l'absolution sont la voix de l'Evangile comme u n e évidente: „Bien que les sholastiques, dans la doctrine sur la péniten­ ce, n 'aien t pas prononcé un seul m ot sur la foi, nous croyons cepen­ dant qu'aucun des adversaires n'a perdu ses sens à un tel point pour nier que l'absolution est une voix de l'E vangile"131.

La voix de l'absolution participe aux facultés et à la force de la voix de l'Evangile. Comme la parole de l'Evangile ravive, de même les clefs absolvent réellem ent les péchés, conformément à l'assu ­ rance: ,,Qui vous écoute m 'écoute" (Le 10, 16). C 'est pourquoi l'absolution m érite les honneurs aussi grands que la voix du ciel132. La voix de l'absolution est un instrum ent, p ar lequel la foi naît en l'hom m e et se fortifie. Sous cet aspect l'absolution occupe le même rang que la parole divine et les sacrem ents133. Il ne s'agit pas ici uniquem ent de la foi générale (c.à.d. Dieu ne pardonne que par égard au Christ) mais égalem ent de la foi p articulière (c.à.d. Dieu m e pardonne). C 'est cette foi qu'éveille en nous la voix de l'absolution134.

La foi, que par l'absolution j e reçois du confesseur comme de Dieu la rém ission des péchés m e fait réellem ent justifié. Les p aro ­ les de l'absolution s'identifient p o u r m o i avec la rém ission des péchés,, et le confesseur me rem place le Dieu qui pardonne135.

III Médiation salvifique du ministère de l'Église

Le caractère instrum ental et salvifique du m inistère de l'Eglise s'exprim e dans sa genèse, sa n atu re et son fonctionnem ent.

1. L a g e n è s e d u m i n i s t è r e d e l ' É g l i s e

Le Liber Concordiae ne se soucie pas de la précision de parole dans la dénom ination du m inistère: une fois c'est un m inistère, une au tre fois c'est une fonction, ensuite le pouvoir, l'institution ou service; il parle du m inistère comme d'un poste, du service, de la fonction, de l'institution ou du pouvoir.

130 AS III, VIII. BS 453, 1. 131 ACA 4. BS 214, 271. 132 A CA 12. BS 259, 39—40. *33 îb. 259, 42. 134 SD XI. BS 1074— 1075, 38. 135 PC. BS 517, 16.

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186 S T A N ISŁ A W C. N APIÓ RK O W SK I O F M C onv.

Selon L u t h e r l'Église fut édifiée sur la parole de Dieu, sans laquelle elle ne peut absolum ent ex ister136. La passion salvifique et la résurrection du C hrist p arviennent à nous par la parole et par le sacrem ent. C 'est cette voie qu'a étabilie le Christ qui, en donnant la parole et le sacrem ent, a ordonné de les u tiliser137, de les p rêch er138 et de les ex erc er139. Sans cela ils som brent dans l'in er­ tie, ont un caractère statique, alors qu'ils ne sauvent que quand ils sont dynam iques140.

Le Liber Concordiae, suivant L u t h e r , a constaté le caractère divin de l'institution du m inistère du verbe, de l'Evangile et de l'adm inistration des sacrem ents. C ependant la traduction allem ande constate clairem ent une institution divine du m inistère de la p ré­ dication: ,,Afin que nous puissions attein dre cette foi Dieu a établi le m inistère de la prédication de l'adm inistration de l'Evangile et des sacrem ents...''141. L 'Apologie constate: ,,Le service de la parole en effet s'accom plit par ordre de Dieu et a reçu des prom esses m agnifiques"142. La version allem ande a encore accentué cette pen­ sée en soulignant, que Dieu a établi et ordonné le m inistère de la prédication143.

Nous ne sommes pas obligés de nous plonger dans les discus­ sions p o rtant sur le problèm e quelle est l'attitu d e de Liber Con­

cordiae dans les questions telles que: le rapport du m inistère or­

donné au m inistère universel, l'institution directe ou indirecte par le Christ, le chrétien exerçant le m inistère ordonné se place-t-il plutôt du côté du Christ ou du côté des croyants?, quel est le sens de l'ordination etc. Le Liber Concordiae ne résout pas ces questions d'une m anière univoque. Mais il constate de façon suffisamment claire le fait que le m inistère fut institué comme une chose sacrée pour le salut de l'homme. Dans. l'Apologie (13), par exemple, on a écrit: ,,L'Église possède le m andat d'instituer les ministres, ce qui doit être pour nous le plus précieux, et nous savons que Dieu approuve ce m inisterium et y est p résen t"144.

136 W A 12, 191; 41, 124.

137 W A 31 I, 196; 41, 542; 49, 139: „Dominus hat befohlen...'7; 50, 647. 138 W A 50, 629; 12, 518? 41, 124.

139 W A 50, 630—631. 149 W A 50, 634.

141 „Ut hanc fidem consequam ur, institutum est m inisterium docendi evan- g e lii et porrigendi sacramenta". „Solchen Glauben zu erlangen, hat Gott das Predigam t eingesetzt, Evangelium und Sakrament geben..." . BS 58, 1,

142 BS 293, 11.

143 „Denn das Predigtam t hat Gott ein gesetzt und geboten, und hat herrliche Z usage G ottes, Röm 1..."

144 „Habet enim ecclesia mandatum de constituendis m inistris, quod gratissi- mum esse nobis debet, quod scim us Deum approbare m inisterium illud et adesse in ministerio". BS 294, 12.

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LE PRINCIPE „SO L U S C H R ISTU S’ 187

2. L a n a t u r e d u m i n i s t è r e :

„ l e s s e r v i t e u r s d u s a l u t e t d e l a ; g r â c e " Le Liber Concordiae a critiqué sans pitié la façon m édiévale de l'exercice du m inistère. La Confessio A ugusiana déjà fait trois g ra­ ves reproches: la laïcisation, le fait de céder à la tentation de l'auto- -salut et la restriction de la liberté chrétienne. Dans le prem ier cas il s'agit d'une fausse interp rétatio n du rapp ort entre le pouvoir des clefs et celui de l'épée, dans le deuxièm e du principe soius Christus ou sola îide, dans le troisièm e des lim ites de l'obéissance et de la liberté dans l'Église. Les expressions de l'A pologie sont devenues encore plus fortes, et le Traité semble dépasser la m esure et les bornes de la bienséance dans le choix du vocabulaire. Il est inutile de citer ses paroles horribles sur le pape comme antichrist. Il faut cependant écouter attentivem ent ce qui semble se perdre dans les cris de la polémique. Les auteurs du Liber Concordiae luttent pour la sainteté du m inistère, pour son caractère spirituel, pour sa dé­ politisation, pour sa libération des am bitions et des buts purem ent laïcs, ils veulent l'introduire sur la voie de la mission qui lui est propre et qui s'identifie avec celle du Christ: „Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie".

Une contribution positive, apportée avant tout par l'A pologie (28) m ontre le m inistère en ta n t qu'instrum ent divin du salut. Le pouvoir des clefs est en effet celui accordé par Dieu de la* prédica­ tion de l'Evangile, de la rém ission et de la rétention des péchés, et de l'adm inistration des sacrem ents. La rém ission des péchés constitue la partie intégrale de la p réd ic atio n ?de l'Evangile. Cela épuise les fonctions du m inistère ju squ'à un tel point qu'on lé nomme tout simplement m inistère ou adm inistration de la parole et des sacrem ents: m inisterium verbi et sacram entom m ur\ Parfois même ces deux fonctions sont unies en une seule comme la plus fondam entale: „le . m inistère ecclésiastique... s'exerce u n i q u e ­ m e n t par le service de la p aro le "146. C'est, uniquem ent à ce do­ m aine que se rap p orten t les paroles: „Celui qui vous écoute, m 'éco u te"147.

Le m inistère a été soumis à la question de la parole de Dieu et

145 „Haec non possunt contingere nisi per m inisterium verbi et sacram ento- rum..". CA 28. BS 122, 9. ,,D iese Guter kann man anderst nicht erlangen, dann durch das Amt der Predig und durch die H andreichung der h eiligen Sakrament".

Ib. Cf. CA 28. BS 122, 28: „Ecclesiastica (potestas) suum mandatum habet evan-

g elii docendi et sacram enta administrandi".

146 ,,Itaque cum potestas ecclesia stica concedat res aeternas et tantum exer- ceatur per m inisterium verbi..."; „D iew eil nun der G ew alt der Kirchen oder B ischöfen ew ig e Guter gibt und allein durch das Predigtamt geübt und getrieben wird..." CA 28. BS 122, 10.

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188 S T A N IS Ł A W C. N A PIÓ R K O W SK I O F M C onv.

des sacrem ents et par eux — à l'o eu vre du salut. Luther a souligné ce but salvifique du m inistère dans l'introduction au Petit Caté­

chisme. En p arlan t des devoirs du curé et du prédicateur il expli­

quait, qu'ils doivent encourager les fidèles à bénéficier des sacre­ m ents d'une m anière plus énergique et avec plus d 'ardeur que l'o n t fait les prêtres in papatu; ceux-ci forçaient les fidèles aux sacre­ m ents par des ordres et des commandements. A ctuellem ent il ne faut pas recourir à de tels m oyens; le m inistère du curé et du pasteur doit être accompli autrem ent, puisqu'il est devenu quelque chose de plus plein et s a l v i f i q u e . Luther s'est servi d'un adjectif ,,heilsam", m ontrant clairem ent le rapp o rt en tre le m inistère et le salut; toutes les fonctions en effet qui, par la volonté du Christ, appartiennent au curé et au prêcheur ne doivent avoir rien d e commun avec les fins laïques, mais doivent servir au salut. ,,Fais attention à cela curé et prêcheur, a écrit L u t h e r . N otre m inistère est devenu aujourd'hui une au tre chose que le m inistère dans la papauté; il est m aintenant devenu grave et salvifique"148. Le tex te latin a accentué avec plus de force le caractère salvifique du mi­ nistère en l'appelant: ,»ministère du salut et de la grâce" (m iniste~

iium salutis et gratiae)u9.

Le m inistère reste donc au service du salut, et le pasteur le serv iteur du salut. C 'est par sa peine de la prédication et çle l'adm i­ nistration des sacrem ents que se réalise le salut et la grâce atteint l'homme. Le C hrist a pu décider autrem ent et parvenir à l'âm e avec le salut sans l'interm édiaire de quiconque, mais il a voulu subordon­ ner l'action salvifique à la prédication et â l'adm inistration, qui s'accom plissent par l'homme. Examinons encore cette pensée dans le point suivant.

3. L e f o n c t i o n n e m e n t d u m i n i s t è r e : „ p a r l ' h o m m e "

On ne peut pas parler de justification ni de salut r,par l'homme" puisque cela n 'en tre pas dans le vocabulaire et le style typique pour le Liber Concordiae. Au contraire, on les considère comme tou t à fait étrangers à la réforme, comme quelque chose avec quoi elle luttait très énergiquem ent en y vo y ant un sommaire de la théologie reje tée ainsi que la négation du principe solus Christus ou sola gratia. C ette conviction est-elle pleinem ent juste à la lu ­ m ière des sources analysées?

H. F a g e r b e r g, en p résentant la n atu re des livres sym boli­ ques luthériens des années 1529— 1537 au su jet du m inistère, s'in ­

149 PC. V orrede. BS 507, 25.

149 „Hoc igitur probe considèrent parochi et ministri verbi lo n g e jam aliud suum esse officium , quam olim in papatu fuerit. Jam enim est m inisterium salu ­ tis et gratiae...". PC. Vorrede. BS 507, 26.

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LE PRINCIPE , , SOLUS CH R ISTU S’

189 quiète qu'on p o urrait com prendre im proprem ent les belles form u­ les de ces écrits qui affirm ent décidém ent la fonction salvitique du m inistère. Il est si facile de dem ander: ,,Si les B ekenntnisschiit-

tén parlent distinctem ent du m inisterium saluils et giatiae, si, selon

eux, le m inistère adm inistre les biens éternels et constitue un cen­ tre par l'interm édiaire duquel la parole de Dieu et l.es sacrem ents parvienn ent à nous, ne peut-on donc pas et ne faut-il pas reco n ­ naître le m inistère pour celui de la m édiation salvifique?''. F a - g e r b e r g sait, que l'approbation effacerait la différence entre la théologie de la Réforme et l'attitu d e catholique, donc il fait de sérieuses réserves que le mom ent de la m édiation n 'est pas lié à la personne, mais à la parole et les sacrem ents, dont la force salvifique ne dépend pas de l'ordination sacerdotale du ministre. Dieu seul agit, Dieu seul sauve, Dieu seul fait que la parole et les sacrem ents constituent des m oyens de salut. Le m inistre accom plit une fonction définie et nécessaire, mais sa fonction seule est inapte à sauver. Le m inistère doit être compris d'une façon fonctionnelle et non pas ontique, ce qui veut dire que l'im portance décisive repose sur la parole prêchée et sur les sacrem ents adm inistrés, et non pas sur la personne du m inistre, bien qu'on ne puisse pas la négliger entièrem ent. Une chose est certaine: le m inistre et le prédicateur n'in terv ien n en t en aucune façon dans l'adm inistration de la grâce, bien qu'ils serv en t la parole et les sacrem ents. Les grandes oeuvres de Dieu s'accom plissent par son activité et non par l'interm édiaire des créatures, même raisonnables150.

C 'est cette signification que donne F a g e r b e r g à la Confes-

sio Auguslana 5 qui parle du m inistère. Selon lui l'article 5 a pour

su jet plutôt la parole et le sacrem ent que le m inistère. Il a motivé sa thèse à la lum ière de la négation radicale du caractère salvifi­ que et m édiateur du m inistère: ,,Cet article parle plutôt de la parole et du sacrem ent que du m inistère, puisque les hommes reçoivent l'Esprit-Saint par ces m oyens et non pas par le m inistère”. Aussi est-il d'avis que M e l a n c h t o n , form ulant la Confessio A n g u s-

tana 5, n'a pas discrédité en v érité le m inistère, mais il l'a revalo­

risé: à partir de ce mom ent-là ce n 'est plus le m inistère comme tel qui est im portant, mais le m inistère en ta n t que m oyen ou organe réalisant l'activité divine. C 'est ainsi que l'im portance est passée du m inistère à la parole et au sacrem ent151.

Le fait de se déclarer uniquem ent pour le modèle fonctionnel du m inistère a ôté au clergé une place particulière parmi les autres croyants. Le m odèle ontique du sacerdoce de la théologie trad i­ tionnelle se référait à un caractère sacram ental des ordres comme une justification de la position exceptionnelle du prêtre dans la

150 H. F a g e r b e r g , Di e Theologie..., 259. Ib.

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190 S T A N ISŁ A W C. N A PIÓ RK O W SK I O F M C onv.

com m unauté de l'Église. Le signe ineffaçable (signum indélébile) spirituel du caractère sacerdotal décidait de la foi dans l'existence d'une différence fondam ental entre un croyant laïc et un prêtre, même incroyant152.

L 'interprétation fonctionnelle du m inistère est typique pour la théologie luthérienne et trouve une nette m otivation dans le Liber

Concordiae. P ourtant l'explication de cette fonction, proposée éga­

lem ent par F a g e r b e r g est-elle convaincante? Est-il possible de sép arer la prédication du prédicateur et le sacrem ent du m inistre afin qu'on puisse joindre l'adm inistration de la grâce avec la parole et le sacrem ent et que ce soit défendu pour le prédicateur et le m inistre? Comment m otiver le fait que la parole et le sacrem ent peuvent être considérés comme instrum ents de salut, et que cela est im possible vis-à-vis de celui qui prononce la parole salvifique et accom plit des signes salvifiques? Est-ce que seulem ent une in ter­ prétation fonctionnelle de la théorie du m inistère est suffisamment cohérente? Est-il possible de séparer jusqu'à un tel point l'activité de la personne, de la personne même qui agit, afin que l'action soit salvatrice et la personne ne le soit pas dans un certain sens? Est-ce que vraim ent l'attribution de la force salvifique à la parole et à sa prédication avec une négation sim ultanée de ce dynam ism e par rapp ort à la personne du prédicateur est conforme à la Sainte Ecriture? Le Liber Concordiae n'adm et-il pas une autre in terp ré­ tation du m inistère? N 'abandonnons pas encore la lecture de ce livre.

Le Liber Concordiae reconnaît le caractère instrum ental et sal­ vifique du m inistère de même qu'il le faisait par rap p o rt à la parole et au sacrem ent. Il p résente le m inistère comme un instrum ent dont Dieu se sert dans son activité au profit de l'homme et c'est encore comme un instrum ent très im portant. C 'est Dieu qui agit, mais d a n s le m inistère et p a r le m inistère. F a g e r b e r g a interp rété le fonctionnem ent m édiateur et salvifique du m inistère comme sa dégradation sur le plan du salut, mais il est possible de la com prendre comme une mise en valeur. Dans le fonctionne­ m ent du modèle du m inistère (laïc également) on peut plus facile­ m ent présen ter le pouvoir en tant qu'instrum ent de l'activité divine, qui se sert avec la même aisance des décisions aussi bien des croyants que des incroyants,* des justes et des ennem is du Christ, m em bres de l'un et de l'au tre royaum e153.

Selon M e l a n c h t o n , Dieu qui règne par les offices laïcs agit égalem ent par le m inistère du verbe: ,,Dieu a approuvé ce m inistère et y est présent; c'est pourquoi il faut, au tan t que possi­

152 Cf. Gabriel B i e l , Expositio canonis missae, lect. 84, Basel 1510, fol. 251 R. GC III 4. BS 681, 80; IV. BS 704, 62.

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