• Nie Znaleziono Wyników

Lecture praxématique d'un sonnet de Du Bellay

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Share "Lecture praxématique d'un sonnet de Du Bellay"

Copied!
11
0
0

Pełen tekst

(1)

A C T A U N I V E R S I T A T I S L O D Z I E N S I S FOLIA LITTERARIA 26, 1989

Yves Gourgaud

LEC TU RE P R A XÉ M AT I QU E D 'UN S O NNE T DE DU B EL LA Y

1 Las! Où est maintenant ce mépris de Fortune? 2 OÙ est ce coeur vainqueur de toute adversité, 3 Cet honnâte désir de l'immortalité,

A Et cette honnête flamme au peuple non commune?

5 Où sont ces doux plaisirs q u ’au soir, sous la nuit brune,

6 Les Muses me donnaient, alors qu'en liberté 7 Dessus le vert tapis d'un rivage écarté

8 Je les menais danser aux rayons de la lune?

9 Maintenant la fortune est maîtresse de moi, 10 Et mon coeur, qui soûlait être maître de soi, 11 Est serf de mille maux et regrets qui m'ennuient.

12 De la postérité je n ai plus le souci, 13 Cette divine ardeur, je ne l'ai plus aussi, 14 Et les Muses de moi, comme étranges, s'enfuient.

Nous vou dri on s tent er ici une lecture " li ng uistiqu e" du célé br é sonnet de Du Bellay: nous e nt e ndo ns par là qu e l'auteur de ces lignes a une f o rm at io n de linguiste, et q u 'il va a p -pli qu er ou d év e lo p p er q ue lq ue s pro céd és d 'a n al y se textu elle qui ont été formul és par un autre l i n g u i s t e 1 .

Parmi les sept o p ér at io ns a pp l ic ab les à tout texte, l i t-téra ire ou non, nous r e ti e nd ron s e ss e nt i e ll e me n t les suivantes:

R. L a f o n t (et F. G a r d e s-M a d r a y), Introduction à l'analyse textuelle, Paris, Larousse, 1976, pp. 110-112.

(2)

1. "Le texte pose un producteur, un Je (qui) domine toute la pr od uc tio n du sens".

2. "On consi dère le texte comme un produit dont chaque praxè me est un outil de production".

L'auteur appelle p ra x è m e "l'unité pr at ique de pro duc tio n du sens" . C'est le plus souvent un lexeme.

Nous considé rer ons donc le texte comme un lieu de p r o d u c -tion du sens, le sens étant en que lqu e sorte p r og ram mé à t r a -vers des résea ux de praxemes. Ana lys er un texte revient e s -sentiellement à dég age r ses pro gram mes de sens, or gan isé s par ce qu on peut appeler les cham ps le x i c o - n o t i o n n e l s . On é t u -diera avec une atte nti on toute p art icul ièr e le pro gra mme de sens organise autour du Je dans sa di a le cti que avec le non-Je, c est à dire 1 Autr e ou, pour parler en termes p s y c h o a n a l y -tiques, le ça.

Rap pel ons au pr éala ble les d éco uver tes - à vrai dire assez évidentes - d^une analyse textuelle "classique" comme celle de G. Mic hau d , qui po rt ent sur les rapports en tre la s t r u c -ture symétrique (des qu atr ains et des tercets) et une s i g n i f i -cation c entree sur le thème du regret:

Nous touchons ainsi au sens profond du sonnet. Il nous offre un phénomène d'écho, ou plus exactement de reflet. Nous sommes placés comme devant un miroir double qui nous présenterait deux images de la vie du poète, l'une droite, l'autre renversée.

1. LA STRUCTURE DU SONNET

Pour etre évidente, elle n'en est pas mo in s remarquable, car elle établit un par all ele à la fois m or p ho s yn t a x i qu e et lexical entre qua trains et tercets.

l-l- La stru cture Phrastique

Elle est interr oga tive en vers 1, 2 à 4, 5 à 8 , et p ositive affirma tiv e ou négative - en vers 9 , 10 à J.1 , 1 2 , 13 et 14.

2

R. L a f о n t, Le travail et la langue, Paris, Flammarion, 1978,

p. Z9. *

3

(3)

Mais on re ma rq uer a que l'i nt er ro g at io n en vers 4 c o r r es po n d en fait à une triple interrogation:

vers 2 : où est ce coeur?,

vers 3: (où est) cet hon nêt e désir?, vers 4: (où est) ce tte h onnê te flamme?,

ce qui justifi e en vers 2 le s inguli er "où e s t " - et non le plur iel "où sont". Le poème s' établit donc sur un strict é qu ili bre de cin q qu e st ion s qui reç oiv ent ch a cu ne une réponse suivant la structure:

Ques tio n___________ Répo nse

vers 1 vers 9

Il 2 II 10-11

II 3 II 12

II 4 II 13

II LD 1 0014

1.2. La stru ctu re lexicale

Dans un t exte c ourt - c'es t le cas ici - nous avons s o u -vent ex pé ri men té le re nde men t d'un rel evé des fréquence s lexicales. On trouve dans le sonnet six mot s qui sont tous répétés une fois:

Lexème___________ Vers où il apparaît.

maintenant 1 , 9 fortune 1 , 9 coeur 2 , 10 honnête 3, 4 muses 6 , 14 maître (sse) 9, 10

II s'agit de de ux types de répétitions:

- la rép é ti ti o n im médiate - pour honnête et maître (sse) qui se produ it sur deu x vers cons écutifs;

- la rép é ti ti o n di ffé ré e - en écho - po ur les qu at re autres lexemes, qui se r ép èt ent très ex a ct emen t huit vers plus bas. Cette r épét iti on en écho p erm et d 'e nc ad r er tout le sonnet, pui squ 'au prem ier vers du p oè me répon d le pre mie r vers des t e r -cets, tandis que le de rn ie r vers fait éch o au sixième. Cette forte unité lexicale du sonnet impliq ue néc ess a ir em e nt une gran de u nité des thèm es sonores.

(4)

1.3. La s truc ture m o rp h ol og i qu e

Le lexeme - é cho perm et d' a ff irm er et de s a uv eg ar der l 'u-n ité du poème, en e nt r el aç ant qua tra in s et tercets; de même, l'oppo sit io n thémat iqu e ent re pré se nt et p a s sé / ma r qu é e m o r p h o -logiqu ement par l'emploi du pré se nt et de l'i mpa rfait de l'indicatif, se mar qu e soit immédi ate me nt (vv. 10 - 1 1 : "mon coeur [...] soûlait" / "est serf"), soit en éch o (vv. 6-14:

"les Muses me donnaient" / "s'enfuient").

Finalement, la st ructure s ymétri qu e des qu a tr ain s et t e r -cets, plus qu 'un "miroir double" séparant le p a ssé du présent, offre plutôt une image comp lémentair e: du p assé r e v é c u au pré sen t - et donc sans dou te idéalis é - dans les quatrains; du p résent r é i n t e r p r é t é par le passé dans les tercets. Outr e l'emploi de la r épé tition im médiate ou d i f -férée, l'uti li sat ion de l'outil temporel "ne [...] plus" met en évid enc e cette prof on de un it é du poème.

2. PRÉSENCE DU JE

La " première personne" est act ual isée par les p ronoms p e r -sonnels ainsi que par les possessifs; sa p ré se nc e est ici é v i -dente puisque du vers 6 à la fin du sonnet, on voit appara ître systé ma tiq ue men t un de ces actua lis at eur s - à l'exce pti on a p -paren te du vers 7:

Vers A ctu al isa te ur

6 me 8 je 9 moi 10 mon 11 m' 12 je 13 je 14 moi

La structure en écho d u sonnet permet en ou tre de repérer fa cilem ent le Je derr ièr e le d é mo n str ati f des c in q pr emiers vers: le par all èl e des vers 2 et 10 ("ce coeur" / "mon coeur") est s uffisa mm ent éc lai ran t à ce sujet. C'est d onc au total treize actua lis ate ur s qui d ébu sq uen t le Je d ans treize vers

(5)

différents, le vers 7 se mb lan t faire e x c e pt i on à ce tt e i n s cr i p -tion sy s té m ati qu e du Je dans le texte. Il faut c e pe n da n t r e -ma rqu er dan s ce vers que le lexeme écarté i m pl iq ue fo rc éme nt un référent, non seu le me nt dans l 'espa ce (on est "écarté" par rapport à une autre realité) m ais aussi dans le p r oc es su s de p r od uc ti on du sens: c 'es t le Je qui d é ci d e q u 'u n lieu est "écarté" ou non, et qui ici org an i se l 'es pa ce ex t ér i eu r o b -jectif selon sa p r op re c onsci ence, c 'est à dir e suiv an t des c on tra in tes c u lt ur el le s sub jectives. Ce tte de r ni è r e rema rque vaut pour 1 e ns e mbl e du poème, qui est o r ga n is é par le réseau o mn i pr és ent des r ep rés e nt a ti o n s du Je: c 'es t la s u b je c ti v it é de l'au teur qui crée son p rop re esp ace - en fonction, répétons-le, de co nt rai nt es cul t ur e ll e s que nou s auro ns à é t ud ie r -, à tel point que l'esp ace e xt é ri e ur obje cti f se trou ve rédui t à que lq ues prax èm es des vers 5, 7 et 8 . Et en co re faut-il r e -mar qu er que cet espa ce e x té r ie u r sert de simpl e d é cor c o n v e n -tionnel à un tabl ea u ce ntr é sur le Je, qui t ra ve r se et occu pe le de uxi em e qu a t r a i n de la me me faç on que le reste d u sonnet.

Cette p r es en ce m as si ve et o r ga ni sé e du Je - que nous aurons à a naly ser dans ses ra pp ort s avec l'Au tre - pe rm e t d ' ore s et déjà de pos tu le r un ég o ce n tr i sm e fo n da me nta l et un e solit ude ex is t en t ie l le qui sont sans d out e le lot de tous les créateurs.

3. LE JE ET SON POUVOIR

Un pro gr amm e de sens très re m ar qu abl e est c o n s t it u é par 1 e nse mbl e des praxèmes:

Mépris (v. 1), vainqueur (v. 2), adversité (v. 2), maî-tre (sse) (vv. 9, 10) et serf (v. 11), c ha c u n d 'e ux p ouvan t être défi ni en terme de dominati on, c' est à d ire de pouvoir: le vaingueur, le maître est cel ui qui do mi n e l'autre; le serf est cet autr e dominé; l'adversité est ce qui s' op p os e / ce qu 'on doit dominer; e n fin le mépris est le se n ti m en t d u d om i na t e ur a 1 ég ar d du dominé. Ce pr o gr a m me de sens or g ani se tou t le poeme co mme une fable qui s'inverse, tell e c ell e d u "monde à 1 envers" des éc r iv ai ns du Moyen-Age: la fa ble d u m a î tr e tombé en esclavage. La p e rte de p ou v oi r s'a cc o m pa g ne d 'u ne d é p o s -session, dans la m e su re où les rap por ts du Je au m o n de - à 1 autre - sont pe nsés un iq u em e n t en term es de d omina ti on, d onc

(6)

de p oss e s si o n. C e m o u v e m en t inversé de po ss e s si o n - d ép o ss es sio n est ma rq u é par les p ro g ra mm es de l'avoir et de l'être; selon L a f o n t 4 , il exist e un poi nt du système li ngu is ti que oii la s i -g ni f ic ati on de l'être rejo int cel le de l’avoir.- c'est celui qui sépare tot alemen t le Je de l'Autre, comme d ans l' expre ss io n "ce livre est à moi", é q ui va le nt s émant iqu e de "j'ai ce l i-vre". Or dans ce sonnet il est remarq ua bl e de c on stater que les pro gr am mes de l 'être dans les qu at ra ins p e uv en t se r é é c -rire en prog rammes d'avoir, les vers 1 à 5 ét ant a i n t e r p r é -ter comme: "j'avais un mépris, un coeur, un désir, etc.". Le m o u v e m en t s 'in verse dans les tercets, c omme le s ou lign ent les "je n ai plus" ainsi que les pr ogr ammes de l'être, qui p e u -vent aussi se reécr ire en avoir, mais en avoir négatif c e t -te fois-ci: "je n'ai plus,, j'ai perdu, etc.".

Cette identité de l'être et de l'avoir - je suis par ce que j ai; je suis parce que j ai -, ce désir de possession, trad uisent l 'a ff irm at io n o rg u ei ll eus e d 'un Je s ol itaire et dominateur: le tab leau du d e ux iè me qua tr ai n en est l'exemple le plus significatif, où l'on voit les Muses (l'Autre) donner au Je, dans un rapport de sou mi ssi on que ce Je impose ("je les menais"). Nous rejoig nons ici ce que nous d isi ons plus haut à propos du pr ogr amme de sens du pouvoir: il y a en fait a s s i m i

-lation de l'être à l'avoir, et de l'avoir au pouvoir selon le schéma: j'ai, donc je suis; j'ai, d onc je domine. Posi ti on ég oc en tri qu e - nous 1 avons d it plus haut - et aristocratigue: le Je ha uta in et so lita ire s'oppos e à l'Autre, qu'il r e s -sent comme tout a fait d if f ér ent et in férieu r - q u'il s'agisse de la "Fortune" qu il m é pr i s e ou encor e plus s i g n i f ic a ti v e-me nt du "peuple" qui ne peut accéder aux m ême s états que lui. Le pr axè me "écarté" du vers 7 traduit lui aussi la dis tance que le Je instaure et qui crée à la fois sa pu i ss an ce et sa solitude.

On trouve là une p o si ti on id éologiq ue que Ba ude la ir e d é v e -loppera dans l'Albatros: le poète, être d'ex ceptio n, se situe bien au-d essus des autres et aspire à l'immortalité. O n c o m -pr end m ie ux le refus de l'es pace obje ctif e xté rie ur (cf. plus haut): le poète ne saurait se mé lan g e r au "peuple", à l'Autre réel, car il ne veut (ne peut?) viv re gu ' en co m pag ni e d' êtres

(7)

com me lui exce ptio nne ls, les Muses - et e n co r e à co n d it i o n de les dominer. T ou t ceci e xp li q u e le ca r a c tè r e très c o n v e n t i o n -nel du ta bl ea u du d eux iè m e quatrain: pas plus qu e les Muses, les él ém en ts n atur els n'ont d' e x i st e n c e ré elle dans une s c è -ne qui n'est d es t i n é e q u' à e xal te r le m oi dominat eur .

b. LE JE ET SA LIBERTÉ

On voit cl a i re me n t que le po èm e ne ré us si t pas à faire sortir le co ncept de Lib er t é du d i l em ne D o m i n an t - D o mi né qui écrase tout le message. La li bert é du Je ne p eut s' af fir mer que dans l ' as se rv is s em en t de l'Autre; lo rsque l 'Autre se li -bère, le Je est dé p o ss éd é et se sent à son tour dominé. La li -ber té ne sa urait se partager, et dans le t abl eau du de u x iè me quatrain, l' ex pr es si o n "en liberté" est à rap p or te r au Je du vers 8 , et à lui seul.

Si l'on peut c o n st at er que la p r é se nc e au m o nd e s ' exp rime par une mo d a l it é de l'être - je suis = j 'ex iste - on d oit aus-si c on st at er ici que l'être s ' af f ir me u n i qu e m e nt dans l ' a-voir, dans un r appo rt de p o s s es s i o n - d o m i n a t i o n avec l'autre: on r et rouv e là toute la t hé ma ti q ue sadienne, f o n da m e nt al e me nt pessimiste. La so li tude o rg u e i ll e u s e d u p o è te n'est do nc plus qu'illusion: dans la m e su r e où il n'est qu e ce qu 'il a, il d evi en t en fait l' es clav e de l' autre p u i sq u ' i l d é p e nd e n -tièrement, eki sten ti el le me n t, de l' e xi st en ce de l'autre. Ce tragi que de l'être qui n' es t qu e ce q u' il a do n n er a à Mo- liere un de ses m e i l le u r s thèmes: q u' o n se so uv i en ne d'H arp a- gon et de son cri: "on m a assa ss in é! " Dans ces conditions, la liberté ne peut q u ' êt re rêvée et non vécue: on r etr o uv e la un autre éle me nt d e x p l i c a ti o n de l' irr éel de l' é vo ca ti on du de ux iè me quatrain. Cet te li berté toute formelle, co nd i ti on né e par la s er vi tude de l'Autre, p r en d l og i qu em en t fin lorsque l'Autre co nq ui er t à son tour sa liberté: la bea u té du d er ni er vers vi en t de ce q u'i l s yn th ét i se pa rf a i t e me n t la "morale" de cet te fable; la fuite des Muses, qui s ym b o li se leur liberté reconquise, m arq ue en m ême temps la d éch éance, la c hu te du Je d é p o s s é d é .

A tr aver s la d i a l ec t i q ue du Je et de l'Autre, de l'être et de l'avoir, c' est une p ar a bo le sur la l iberté que nous offre ce sonnet. P r is o nn ie r de son s ystème de valeurs, le poète,

(8)

or-guei lle ux et solitaire, vit sa liberté comme une prise de p o s -session tyrannique, et la liberté de l'autre c omme un drame qui remet en cause sa propre existence. Cette al i én at io n e x i s -tentielle, cette i mpos sibi lité à dégag er l'être de l'avoir se cr is tal lise dans le titre m ême du recueil: les regrets, ou "Chagrin d avoir p erdu g ue lque chose".

5. LE JE ET SON DESIR

Il est un autre pr og ra mm e de sens prése nt dans le texte: celui du désir amoureux. Voici la liste des praxè mes qui t i s -sent ce réseau signifiant:

Vers Praxèmes 2 coeur ( va i nqueur) 3 désir 4 flamme 5 plaisirs (doux) 9 maîtresse 13 ardeur (divine)

On remarguer a gue ce p r og ramm e recoupe celui du pouvoir sur le pra xème maîtresse qui dési gne à la fois "celle qui se donne à un homme" et qui est donc domi née et "celle qui d o -mine". On retrouve la même polys émi e sur le praxème COEUR, qui désig ne à la fois le siège de la force d 'â me ("Rodrigue, as-tu du coeur?") et celui du désir, ainsi que sur le p r a x è -me vainqueur qui l'accompagne: "celui gui a v ain cu un ennemi" mais aussi "celui qui a conquis le coeur d'une femme". Les autres praxèmes du p ro gra mme sont ég alement s usce ptib les d'une double lecture, 1 amour pou vant être interprété comme passion du coeur mais aussi comme pa ssi on du corps et on doit r a p p e -ler ici à quel po int la langue produit ces ambiguités, qui croise les prog rammes de sens du pou voir avec c eux de l'amour surtout physi que - dans des pr axèmes comme posséder (un bien / une femme) impuissance (sexuelle ou non), jouir (d'un bien / d'une femme), etc.

Il est donc pos sibl e d operer du texte une lecture sexua- lisée: ce qui serait en re pr és ent atio n serait alors la c o n

(9)

ici la p r o g r e s s i o n lo gique des q ua tr e pre m ie r s praxèmes: da ns le coeur (on pe ut aussi lire: le corps) n ait le- désir qui pr ov o qu e la flamme (l'acte amoureux) d on t r ésu lt e le plaisir. Ce p r o g ra m me de sens est re n fo r cé par le fait que l 'Au tre est r ep r és en t é par des féminins: fortune (v. 1 ), adversité (v. 2 ), immortalité (v. 3) et su rto ut les Muses (V V . 6-14). Il faut r e ma rqu er ici qu e F or t u ne et Muses, c om me allégories, re nvo ien t a l' image de femmes, et que le ta bl e au du d e u x i è me q ua t r a i n r es se mbl e fort à un ta bl e au gal an t dans leq ue l les élé m en t s "nuit", "lune", "ve rt tapis" et "ri vage éc arté" é v o qu en t assez bien une scène libertine; les ter me s c o n v e n t io n n e l s "doux pla is irs " ou "d ivi ne ardeur" sont par ail l eu r s fr éq u en ts sous la p lume d es libe rti ns - l'oe uvr e de S ade e n fo ur nit un e a b o n -dan te d ém ons tra ti on. Mêm e le ve rb e "danser" n'e st p as ex em pt d'u ne c o n n o ta t i o n s e x u a l i s a n t e , p ui sq u e l 'e x p r e s s io n "danser sur la c orde" si gn ifi e "ex écuter q u e l qu e c h o se de très s c a b -reux" .

L ' "i m mo r ta l it é" d u vers 3 sera it alors a c c o m pl i e d ans et

par l'acte sexuel, l'idée de g é n é r a t i on ét an t par a illeu rs c on ten ue da ns le pr ax è me éc ho " posté rit é" (v. 12)., Que l ' h o m

-me puisse at te i nd r e au "divin" par l'acte sexue l pe ut semble r

une idée b la s ph é mat oir e; c'es t p our tan t ce q u ' a f f i r m e le p h i -loso phe ch r é t i e n J ea n G u i tt o n d ans une r éc en t e entrevue:

Les émotions sexuelles violentes préfigurent l'état de l'iime ressus- citée. A l'intérieur d'une émotion extraordinaire du corps, on s'échappe du corps. Le co'it me semble une pré-expérience de la

résur-- 5 rection .

Si l'on n' ou bl i e pas que la lang ue c ro is e aus si les p r o -g ram mes de sens de la c ré at i on e s th é t i q u e et de la cr éa ti o n gé n ét i qu e - on parle de 1'enfantement d ' une oeuvre, de sa

pa-ternité, de la stérilité d ' un écrivain, etc. - on pou r ra voir dans ce s onnet l ' hi st oir e d'u n e i m pu i ss a nc e soit e s t h é tique si on lit le m ot M U S E da ns son sens li t té rai re de " s o -urce d ' i n s p i ra t i o n du poète " -, soit s e xue lle si l'on voit dans la M us e non le sy mbo le de la c ré a t i o n m a i s l'as pec t f é -minisé, sexualisé, qu 'i l revêt. S ig n al on s d ' a i l le u rs un sens

(10)

trè s s ex u a l i s é du m o t Muse: " c o m m e n c e m e n t du rut che z le c e r f " 6 .

L ' i m a g e finale, rev u e da n s ce p r o g r a m m e de sens, nou s m o n -tre, c o m m e d ans le b e a u f i lm d e F ellini, un C a s a n o v a p i t o y a bl e et déchu, q ue les f e mme s f ui en t ap r ès lui a v o i r ser vi de jouet Ce p r o g r a m m e de sens, d é j à s i g n al é c o mm e c o m p l é m e n t a i r e d u p r o -g ra m me de sens du po uvo ir , r e j o in t é g a l e m e n t ce q u e nou s d i s -ions du Je et de sa liberté: à la f i gu re p a t h é t i q u e d ' u n H a r -p a g o n d é -p o s s é d é de son a rg e n t se s u p e r po s e l'o m br e t r a g i q u e de D on J u a n qui n ' e x i s t e q u ' à t ra v er s les f e mme s qu ' i l pos sède.

No u s avions, au dé b u t de n o tr e étude, r e t e n u d e u x o p é r a -tion s d ' a n a l y s e qui n ous s e m b l ai e n t e ss e nt i e l l e s , et q ui sont d é c r i t e s par R. L af o nt et F. G a r d è s - M a d r a y 7 sous les p o i n ts 1 et 4 de leur "gr i ll e p r a x é m a t i q u e " . En c hemi n, no u s av on s été a m e né à u t i l i s e r des é l é m e n t s des po i n t s 2 - le t e x t e c om me m is e en r e p r é s e n t a t i o n du m o n d e -, 3 - p o s i t i o n s de l 'E T RE et de l'AVOIR, m o d a l i t é d u faire -, 7 - " le c t u r e du t e xt e dans le c ad r e d ' u n e c u l t u r e d on n ée " - et s u r t ou t 5 " r e c o n n a i s -sa nce de t ou te s les i l l é g al i t é s " et "l ec tu r e plu r i el l e" .

L ' a n a l y s e du t ex t e s el o n la p r a x é m a t i q u e se r év è le don c ici d ' u n r e n d e m e n t cer tai n, et il s e rai t s o u h a i t a b l e q u' u ne série d ' a n a l y s e s u t i l i s a n t c e t te "g ri l le p r a x é m a t i q u e " p u i ss e vo ir le jour, af in de m i e u x d é f i n i r et d ' a f f i n e r une m é t h o d e d ' a p p r o c h e m a t é r i a l i s t e du t e xt e litté raire. Université de Łódź Pologne Yves Gourgaud

ANALIZA PRAKSEMATYCZNA PEWNEGO SONETU DU BELLAYA

Autor niniejszego artykułu podejmuje praksematyczną (językoznawczą) a- nalizę sonetu Du Bellaya Las\ OÙ est maintenant..., której zadaniem jest wykrycie programów sensu wpisanych w ten utwór i koncentrujących się na

Toutes les définitions citées dans cet article sont extraites de A. D a r m e s t e t e r , A. H a t z f e l d , Dictionnaire général de la langue française, Paris, Delagrave, 1964 (réimpression).

(11)

dialektycznych związkach między Ja i Nie-Ja. Symetryczna struktura sonetu opiera sią na rygorystycznym paralelizmie w płaszczyznach morfosyntaktycz- nej i leksykalnej, dzięki czemu wiersz ten zyskuje głęboką jedność. Jego symetria pozwala na komplementarne uchwycenie przeszłości - ponownie prze-żytej (wyidealizowanej) w teraźniejszości, i teraźniejszości - zreinter- pretowanej w świetle przeszłości.

Wychwytując obecność Ja (pod postacią zaimków osobowych i przymiotni-ków dzierżawczych) we wszystkich wersach sonetu autor wnioskuje, że utwór ten zasadniczo charakteryzuje się przez egocentryzm i egzystencjalną sa-motność.

Bada następnie zachodzące na siebie programy sensów ześrodkowane na po-staci Ja. Symetryczna struktura sonetu pozwala na zdefiniowanie Ja w ka-tegoriach "dominujący" / "zdominowany", "posiadający" / "wywłaszczony". Autor sugeruje, że w utworze tym zachodzi homologia semantyczna między po-jęciami "być" i "mieć", a w dalszej instancji, między "mieć" i "móc". Czterowierszom wyrażającym dominację, posiadanie, moc przeciwstawiają się tercety, które oddają brak tych stanów. Zjawisko to rozpatruje autor w trzech aspektach: władzy (mocy), wolności i pragnienia. Na podstawie anali-zy tych aspektów przedstawia obraz poety, który stracił kolejno swą moc -w zakresie twórczości artystycznej, swą wolność, która była uzależniona od posiadania owej mocy, oraz potencję w sferze erotycznej, co manifestuje się w totalnej frustracji poety w ostatnim wersie.

Cytaty

Powiązane dokumenty

Cependant, comme les catholiques étaient beaucoup plus nom breux, et que l’esprit de tolérance n’était pas leur vertu dom inante, il était arrivé que les

D ugue, Arithmetique des lois de probabilites,

Partant d’une analyse de certains extraits du roman, on commencera par repérer les aspects de 14 qui sont typiques des romans de guerre pour dégager ensuite

W razie trudności i jakichkolwiek pytań proszę o kontaktowanie się ze mną poprzez dziennik elektroniczny lub poprzez messenger.

Język, powieść, literatura — pisze Krzysztof Okopień — „prowokuje nas bowiem do tego, iżby podstawiać się w miejsce, które jako źródło przedmiotowości

The objectives of this study are thus (1) to develop a topography-driven semi-distributed conceptual hydrological model (FLEX T , FLEX T0 ), based on topography-driven

Marciszewski bronił interesów krakowskich szkół parafialnych i na- turalnie też przez siebie kierowanej, ale czy Szkoła Główna, do której on się zwrócił, wywiązała ąję

Czasowniki mogą być zwrotne w obu językach, ale mogą występować także różnice,np.: myć się – sich waschen (zwrotny w obu językach), uczyć się – lernen (zwrotny tylko