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Réflexions sur la critique littéraire, la circulation, le public

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Academic year: 2021

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Marian Płachecki

Réflexions sur la critique littéraire, la

circulation, le public

Literary Studies in Poland 6, 93-105

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Réflexions sur la critique littéraire,

la circulation, le public*

La fréq u en tatio n de l’écrivain p ar le critique, dit K aro l Irzy­ kow ski, « peu t être diverse. L ’une d ’elles est une folâtrerie éprise de la présence de tém oins, une au tre situe tous deux face à face et n ’anticipe pas sur les applaudissem ents des té m o in s » 1. D an s ce p ro p o s, nous nous occuperons de la prem ière de ces interactions: la folâtrerie éprise de la présence des tém oins.

N o u s laisserons de côté la critique entendue com m e une activité m édiatrice entre les actualisations successives des rôles de l’écrivain dan s leur dim ension purem ent créatrice. N ous passerons sous silence la critique en ta n t q u ’instance régissant le cum ul et la vivification de la trad itio n littéraire, la critique participatrice de l’histoire interne de la littérature. C ’est une fonction essentielle. L ’une des trois fonctions globales de la critique; globales, ce qui veut dire ra p p o rta n t l’effort du critique non pas aux systèm es particuliers de telle culture litté­ raire donnée, m ais à son ensem ble aux entrelacem ents m ultiples. N o u s au ro n s aussi à écarter les considérations sur la deuxièm e de ces fonctions. Celle q u ’avait accepté d ’assum er — avec dignité — D ionizy H enkiel q uand, en 1872, il séduisait les lecteurs du „Tygodnik Ilustro w an y ” p o u r quelques rom ans présentés avec la m ention q u ’ils

* C ’est le tex te d ’un rap p ort p ro n o n c é à la se ssio n « Le p u b lic littéraire », o r g a n isé e par le L a b o ra to ire de la C ulture Littéraire de l’Institut d es R ech erch es L ittéraires de la P A N et par l’In stitu t du Livre et de la L ecture de la B ib lio th è q u e N a tio n a le (V a rso v ie, 1 2 — 1 4 X 1 1979).

1 K . I r z y k o w s k i , L ite r a tu ra o d w e w n ą trz (L a L itté r a tu re de l ’in térieu r), „ T w ó r­ c z o ś ć ”, 1946, fasc. 1, p. 117.

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avaient été « gracieusem ent offerts » à la rédactio n p ar G eb eth n er et W olff2. Celle-là m êm e à laquelle pensait Z enon Przesm ycki qu an d il se plaignait en 1901 que mêm e en F rance

la critique d ’in fo r m a tio n co u ra n te d an s la p resse q u o tid ien n e avait c éd é la p la ce soit à d es m en tio n s b ib lio g r a p h iq u es b an ales, so it [ ...] à d es n o tic es p u b licitaires, p ayan tes, d ans le texte (et n o n p a s d an s les a n n o n c e s), en v o y ées par les éditeurs. D ep u is, la rép u tation du rom an [ ...] a c o m m e n c é à d ép en d re ex clu siv e m en t [ ...] du talent de l’éditeur en tant que « lanceur » 3.

D an s la société de la culture évoluée du verbe im prim é, les ob liga­ tions du critiques ne se b o rn en t p as à suivre le cours de l’évolution littéraire. Parm i elles se situe égalem ent la p articipatio n à la régulation de la p ro du ction, de la distrib u tio n et de la co nsom m ation du livre littéraire sous son aspect objectif de m archandise.

Cela cependant ne nous intéressera p as non plus ici. N o u s essaierons en revanche d ’envisager le fo nctionnem ent de la critique en ta n t q u ’élém ent non de « l’a p p a r e i l » m ais du « p r o c e s s u s » de la co m ­ m unication littéraire; de l’échange de significations et d ’intentions, et non pas des choses qui en sont, entre autres, les p o rte u r s 4. Ainsi nous nous concentrerons sur la troisièm e des fonctions globales de la critique: sur les m écanism es selon lesquels la p ra tiq u e criti­ que intervient dans le déroulem ent des con tacts des lecteurs avec l’oeuvre littéraire.

U ne telle approche de la p roblém atique n ’est pas im posée p ar la form ule « la critique face à la circulation littéraire ». La notio n de circulation en effet, de quelque m anière q u ’o n la définisse, que ce soit à p artir de l’idée des com pétences réceptives, com m e le fait R o bert Escarpit, qui confronte la circu latio n lettrée et p o p u la ire 5, ou, à la suite de Stefan Żółkiewski, en accordant un poids plus im p o rtan t à la différenciation de la p o s i t i o n sociale « d e s m ilieux

2 D . H e n k i e l , P rz e g lą d p iśm ie n n ic tw a ( R evu e de la litté ra tu re ), „ T y g o d n ik Ilu­ stro w a n y ” , 1872, n° 244.

3 M i r i a m [Z. P rzesm yck i], P o w ie ść (L e R om an ), „ C h im e ra ”, 1901, fasc. 7, p. 315. 4 Cf. R. E s c a r p i t : L 'E c rit e t la com m u n ication , Paris 1978; L e L itté r a ire e t le

social. E lém en ts p o u r une so c io lo g ie de litté ra tu re , ss la dir. de . . . , Paris 1970;

J. L a l e w i c z , P ro ces i a p a ra t k o m u n ik a cji lite ra c k ie j (L e P rocessu s e t l ’a p p a re il de la

com m u n ication litté ra ire ), „ T e k sty ” , 1978, fasc. 1.

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récepteurs » 6 — associe tou jo u rs deux dim ensions, deux optiques de recherche. Elle unit n otam m ent le faisceau des stan d ard s socio-culturels qui déterm inent l’identité et le com po rtem ent du lecteur, aux con d i­ tions organisationnelles d ’accès à l’u n quelconque des exem plaires de l’oeuvre. A des fins heuristiques il est intéressant parfois de traiter distinctem ent les deux côtés de la circulation. C hose de beaucoup plus im p o rtan te cependant, dans certaines situations historiques la prédom inance de l’u n des côtés devient le fondem ent d ’une diffé­ renciation réelle, fonctionnelle, des circulations. Ainsi dans le R oyaum e de P ologne après l’insurrection de jan v ier 1863, non seulem ent les décrets du pouvoir, les livres et les périodiques, m ais aussi (dans les périodes de censure particulièrem ent serrée) tous les com m uniqués des circuits officiels p arvenaient au public p ar les canaux du m êm e réseau centralisé. L ’appareil officiel d ’échanges tenait m inim alem ent com pte de la différenciation des positions sociales des récepteurs. D ans la circulatio n no n officielle en revanche p rédo m inait le p r o c e s s u s d ’échange. Les techniques de com m unicatio ns s’ad a p taien t aux plus petites différences dans les attitu d e s idéologiques. Les fonctions sém iotiques des com m uniqués prédom inaien t nettem ent sur les fonctions réelles. A chacun presque o n parvenait autrem ent.

D ans le cas de la co m m unication littéraire, la distinction de deux dim ensions de la circulation est indispensable ne serait-ce que du fait de l’asym étrie des positions de l’au teu r (écrivain), du critique et du lecteur, d an s le cad re d ’une circulation identique. La partici­ pation du lecteur p o rte un caractère alternatif. Il n ’est pas rare, certes, que dan s ses aventures de lecteur il touche à plusieurs circuits. Jam ais cependan t sim ultaném ent. La p articip ation des deux autres p artenaires peut être appelée conjonctive. Ce n ’est en effet que q uan d il se situe dans la fonction de sous-traitan t de la m aison d ’édition, de fournisseur littéraire de sem i-produit tran sfo rm é p ar la suite en livre ou jo u rn a l, que l’écrivain participe à une circulation déterm inée. M ais alors aussi uniquem ent à la circulation entendue com m e un m écanism e de l’appareil de com m unication. En tan t que créateur de l’o e u v r e il est « attac h é » non plus à une circulation littéraire, m ais à to u t le systèm e de circulation, significatif p o u r la

6 C f. S. Ż ó ł k i e w s k i , K u ltu ra lite ra c k a . 1918 — 1932 (L a C u ltu re litté ra ire .

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M arian P la c hec k i

culture donnée. Et cela se passe ainsi dans toutes les cultures littéraires fondées sur une pleine différenciation — d an s les deux dim ensions — des circulations. D an s toutes les cultures donc o rg a n i­ sées sur le principe de l’o pp ositio n de l’élite et du « public exté­ rieur ». N ous n ’avons le d ro it de parler de com m u nicatio n l i t t é r a i ­ re que p ar ra p p o rt à l’a p p a r e i l d ’échange. Là o ù il est question de p r o c e s s u s d ’échange, il serait plus justifié de p arler de co m m u ni­ catio n de l e c t u r e . En effet, à la q uestio n: com m ent les récepteurs com m uniquent avec l’écrivain? Il fau drait rép o n d re: entre eux. Au destinataire intentionnel parvient seulem ent le b ruit confus de leurs voix, le bruit lointain de la collectivité réceptrice com posée des particip an ts de nom breux circuits.

La position du critique est autre. Celui-ci ne crée pas — généra­ lem ent p arla n t — d ’oeuvre. Ses com positions sont beaucoup plus proches des textes utilitaires que les oeuvres de l’écrivain. A un degré donc beaucoup plus grand que l’écrivain, le critique ap p artien t à un circuit déterm iné, que l’on p o u rra it indiquer. Il fonctionne dans la circulation interne de l’élite littéraire. En m êm e tem ps toutefois, il pénètre p ar ses textes dans les circuits qui o rd o n n e n t l’activité de lecture du public extérieur. Ces interventions exercent une influence essentielle sur la stabilisation du fonctionnem ent de la circulation. N o n pas certes parce q u ’elles fournissent à telle p artie donnée du public une description authentifiée des oeuvres particulières, ni même, com m e le veulent les chercheurs plus m odernes, des program m es dogm atiques de lecture. B eaucoup plus im p o rtan te est la fréquence m êm e à laquelle les énonciations critiques app araissent dans le circuit donné.

D ans la m ajorité des circuits, les co ntacts des lecteurs sont très étalés dans le tem ps. Les interventions critiques rendent ces co ntacts plus denses et les com plètent, ajo u tan t aux con tacts directs des contacts secondaires, m étalittéraires. P ar cela m êm e augm ente le degré d ’intégration du cercle donné de lecteurs et le m odèle, can on iqu e p o u r lui, de situation de réception tranche nettem ent sur les situation s analogues attachées à d ’au tres circuits littéraires. D ’où les liens avec la presse ne sont pas une circonstance indifférente p o u r le bon fonctionnem ent de la critique. A u contraire, ces liens con ditio n n en t l’efficience du travail du critique. Il est aussi significatif que les circuits privés de leur « p ropre » presse qui fou rnit régulièrem ent

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des inform ations m étalittéraires, sont m inim alem ent intégrés au plan du p r o c e s s u s de com m unication. Leur identité se fonde presque exclusivem ent sur l’intégration technologique de la com m unication, im posée p ar l’appareil de diffusion. Les cercles de public qui lui sont attachés, dispersés, d isposant de lam beaux d ’auto-connaissance, occupent dans la stratification globale du public littéraire des posi­ tions périphériques.

Ces observations ne sont pas faites p o u r conduire à la conclusion qui refuserait à la critique to u te influence sur les processus réels de lecture. Elles tendent en revanche à la thèse que to u te offre particulière au plan « lecturologique », proposée au lecteur p ar le critique, dem ande d ’être étayée par certains traits de la situation réceptive partagée en com m un p ar les textes littéraires et critiques se tro u v an t en circulation dans le circuit donné. Il a déjà été question d ’une de ces propriétés favorables, n o tam m ent le renouvelle­ m ent régulier du contact. U ne seconde p rop riété de ce genre c ’est la relation spéciale entre la pragm atiq ue du texte littéraire, réalisée dans le circuit social, et la pragm atiq ue de re n o n c ia tio n critique.

Le co n tact du lecteur avec l’auteu r du ro m an ou d ’une plaq uette de poésies porte en général un caractère hiérarchique. L ’asym étrie des positions, l’app arten an ce de l’écrivain à l’élite littéraire inaccessible, le fait q u ’il est lu sim ultaném ent ailleurs, au trem ent, p ar q u elq u ’un d ’autre, tou t cela situe généralem ent le lecteur dans une position dom inée p ar l’au to rité de l’écrivain. C ’est cep end ant l’au to rité d ’un absen t: de q u elq u ’un de lointain, de h au tain , de froid. Plus le lecteur s’engage dans la lecture, plus il ressent douloureusem ent l’absence de l’au teu r. Sans lui, l’oeuvre sem ble déjà une fois a b a n ­ donnée, donc inutile. Il va sans dire q u ’en général le lecteur n ’est pas conscient de cette nostalgie de la subjectivité de l’auteur. S’il ne se distingue pas o u tre m esure p ar des capacités réceptives, il com ble lui-même, inconsciem m ent, cette lacune, en identifiant l’au teu r avec l’un quelconque des acteurs des rôles personnels du texte, ou en inscrivant dans sa p ropre affabulation les prolongem ents pseu d o ­ biographiques de l’oeuvre. De cette m anière, le sentim ent incon- scientisé de l’absence de l’au teu r ouvre la conscience du lecteur à toutes sortes de légendes et m ythologies sur l’auteur. Les insti­ tutions contem po raines de l’appareil de com m unication satisfont avec em pressem ent ce besoin, en faisant de l’au teu r subjectif une star

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du m arché. P ar cela m êm e, le besoin de con tact personnel avec l’auteu r se m ue en atten te d ’un nouveau p ro d u it signé de son nom -m arque de fabrique.

P ou r nous, plus im p o rtan te est une au tre m anière de com bler la lacune laissée dans l’oeuvre p ar l’auteur engagé dan s les m écanism es de l’appareil développé de com m u n icatio n ; une m anière significative des circuits supérieurs du public extérieur. D an s ces circuits, la m anière de prolonger d ’une façon com plém entaire le c o n ta c t avec l’auteu r c ’est de lire ré n o n c ia tio n critique consacrée à l’oeuvre, à c e l l e - c i justem ent, ou seulem ent à une oeuvre c o m m e celle-ci.

L’absence de l’au teu r offre un hand icap au critique. N o n pas seulem ent sur l’arène du texte lui-m êm e d ’ailleurs. D a n s l’o rd re historique égalem ent, la critique en ta n t que d om aine distinct, spécialisé, de l’activité littéraire, s’est dégagée au m om ent où, du fait des inventions polygraphiques connues, la situ atio n de lecture a acquis des traits largem ent analogues et où s’est établi u n co ntact social direct. T an t que le rôle du récepteur consistait non seulem ent à lire, m ais aussi à écouter l’auteur, ta n t que la situ atio n réceptive conservait ses attaches avec les situations pro pres à la conv ersation , à la récitation, à l’échange de lettres, il n ’y avait pas de place p o ur la critique littéraire au sens précis du term e.

L ’absence de la subjectivité de l’au teu r dans son p ro d u it aliéné renforce de deux façons la position du sujet de ré n o n c ia tio n criti­ que. T o ut d ’abord , en p ro céd an t dans son texte à la lecture de l’oeuvre litté ra ire 7, le critique peut se placer dans une p o sition de q uasi-auteur: de représentant, suppléant, m essager de l’au teu r. Inutile d ’ajouter que la réunion d ans « une seule m ain » de deux rôles ém etteurs, du rôle de l’écrivain et de celui de sujet critique, accroît considérablem ent la force de frappe p ragm atique. Deux experts associés p ar l’union personnelle adressent la p aro le au lecteur- néophyte solitaire. C ’est ainsi que M aurycy M ochnacki, n o tre p re­

7 C o m m e le rem arque à ju ste titre Jan u sz S ław iń sk i, le texte critiq u e d ev ien t un « tém o ig n a g e de la récep tio n » u n iq u em en t p ou r le futur h istorien . P our le lecteur co n tem p o ra in d es textes, il est un a c t e de lecture. C f. J. S ł a w i ń s k i , K r y ty k a

lite ra c k a j a k o p r z e d m io t badań h isto ry c zn o lite ra c k ic h (L a C ritiq u e litté r a ir e en ta n t q u ’o b jet d e s rech erch es en h isto ire litté ra ire ), [dans:] B adania n ad k r y t y k ą lite r a c k ą (R ech erch es sur la critiqu e litté ra ire ), ss la dir. de J. S ław iń sk i. W rocław 1974.

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m ier critique qui s’adressât consciem m ent au public extérieur (n ’a p p a r­ ten an t pas à l’élite), re m a rq u ait en 1828:

N o u s d ésiro n s attirer l’a tten tio n de n o s c o m p a tr io te s éclairés sur le fait q u e, si les écriv a in s o n t leurs o b lig a tio n s, les lecteu rs n ’en m anq u en t pas n o n plus. 11 c o n ­ vien t d ’avertir par d es rem o n tr a n c es les uns et les autres. L es prem iers, q u ’ils s ’efforcen t d ’écrire le p lu s clairem en t p o ssib le ce q u ’ils o n t à dire [ ...] les seco n d s, q u ’ils n ’aient pas la p réten tio n de com p ren d re ce qui su rp asse leur en ten d e m en t s ’ils ne se préparent ni ne s ’exercen t d an s to u tes sortes de b ran ch es d e s s c ie n c e s8.

C ette citation indique bien le deuxièm e des privilèges m entionnés du critiqu e: no n lié p ar l’au to rité de l’écrivain, il peut ad o p ter des positions différenciées dans le cadre de la situatio n p rag m atiq ue de son texte. Il peut p arler au lecteur au n om de l’auteur. M ais il peut aussi intervenir com m e une « troisièm e force», à p a rtir d ’une position supérieure p ar ra p p o rt à celle de l’écrivain et du lecteur, qui englobe les horizons cognitifs des deux, ou encore en ta n t que conscience (ou ém otion) centrée sur l’oeuvre elle-même, en abstray an t des fonctions m édiatrices du texte littéraire. Il peu t enfin s’adresser à l’écrivain au n om du lecteur. R ębajlo écrit avec sym pathie sur cette attitu de, dans le „Przegląd T ygodniow y” de 1885:

C es m essieu rs, les cravach es à la m ain, prêts à en battre l’air à to u t in stan t, o c c u p e n t une p o sitio n e x c lu s iv e 9.

Soit dit entre parenthèses, les divisions inévitables à l’intérieur de l’élite littéraire réduisent le plus souvent à n éant tou te efficacité des sanctions stylistiques m êm e les plus sévères qui frappent l’écrivain dan s l’étude critique. T o u t sim plem ent il est rare que le Zoïle p ro ­ vienne d ’un cercle de l’élite reconnu com m e un groupe de référence p ar l’écrivain « stigm atisé » d an s le texte im prim é. Les appréciations form ulées par le critique, y com pris les jugem ents « purem ent esthéti­ ques », règlent avant to u t les références entre l’oeuvre et les lecteurs. Secondairem ent seulem ent ils influent sur le travail ultérieur de l’écri­ vain.

8 M . M o c h n a c k i , K ilk a słó w z p o w o d u a rty k u łu P. Ż u k o w sk ie g o O sztu c e

( Q uelques m o ts à p ro p o s de l ’a rtic le de P. Ż u k o w sk i D e l ’a rt), [dans:] P ism a p o ra z p ie r w s z y e d y c ją k sią ż k o w ą o b ję te ( O eu vres p o u r la p re m iè re f o is réunies e t é d ité e s dans

un livre), L v o v 1910, pp. 1 6 2 — 163.

9 R ę b a j l o , P o to m s tw o Z o ila (L e s D escen d a n ts de Z o ïle ), „Przegląd T y g o d n io ­ w y ”, 1885, n° 5, p. 50.

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T o u t ce one man show pragm atiqu e brièvem ent analysé, tel q u ’il est jo u é p ar le critique devant les lecteurs, appelle un certain sub strat textuel, clairem ent défini. L ’absence de l’auteur n ’est ressentie q u ’au cours de la lecture concentrée sur une oeuvre, celle-là ju ste­ m ent. La lecture com parée, visant la mise en parallèle de plusieurs textes, affaiblit considérablem ent le caractère p roblém atiq ue du stig­ m ate d ’au teur laissé dans l’oeuvre. L ’au teu r de l’oeuvre entière devient une des constructions signifiantes inscrites dans cette oeuvre.

Aussi ne soulignera-t-on jam ais suffisam m ent la différence essentielle, au plan de la com position, de la sém antique et de la pragm atique, entre les textes critiques tra ita n t de c l a s s e s d ’oeuvres et ceux qui interprètent les oeuvres particulières. Qui veut voir la critique dans le m ouvem ent, doit lire les com ptes rendus. T o u t d ’ab o rd des centaines de com ptes rendus, ensuite les déclarations program m atiques. Plus m êm e: si l’o n co n stru it la base m atérielle des recherches sur la critique avec les s e u l s textes critiques, co nfro ntés par la suite à l’en­ semble de la synchronie littéraire, nous parvien dron s inévitablem ent à considérer la critique com m e un genre de plus de l’a rt du verbe. Si la critique nous intéresse com m e une activité inscrite dans les réalités sociales et de co m m unicatio n de la culture littéraire, nous devons prendre com m e entité de base de l’analyse le heurt du texte critique unitaire avec une oeuvre littéraire particulière.

L ’acte de lecture accom pli dan s la synthèse critique (appelons ainsi p ou r la com m odité les textes tra ita n t de recueils d ’oeuvres) est foncièrem ent co ntradicto ire avec l’expérience co u rante du lecteur. On lit en général un livre à la fois. P our en lire beaucoup et sim ultaném ent, il faut — com m e le disait m on père qu and je me disposais à m ’inscrire à la faculté d ’études polonaises — avoir du tem ps et de l’argent. L ittéralem ent. U ne telle lecture requiert un contact perm anent, professionnel, avec la p ro du ctio n littéraire (ou un con tact institutionalisé sous form e d ’auto-m écénat). C ’est une lecture élitaire, accessible aux experts professionnels de la co m m u ni­ cation littéraire.

Les énoncés critiques sur les classes d ’oeuvres appellent l’u niver­ salisation des rôles d ’ém etteur et de récepteur du message. L’échange intervient entre le rep résentant de l’élite et tel m em bre non spécifié du public extérieur. Il engage leur personnalité d an s la m esure requise p ar la p articipation sem i-anonym e aux cercles déterm inés

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du public. L’objectivation quasi totale du stigm ate de l’au teu r pesant sur les oeuvres particulières analysées cond uit à la schém atisation et à la form alisation du dialogue engagé entre le critique et son récepteur (de là vient que dans la critique im pressionniste, qui m et l’accent sur la valeur de la réaction subjective à l’oeuvre, les énoncés synthétiques sont rares).

D an s les énoncés analytiques, au con traire, intervient une p a rti­ cularisatio n des rôles personnels du critique et de ses deux partenaires. Le critique puise son au to rité dans son engagem ent subjectif dans l’acte de lecture. Le récepteur intervient égalem ent dans le rôle de « lecteur actuel », concentré hic et nunc sur la lecture de ce texte justem ent. Le lecteur n ’est plus U n C hacun non distingué dan s le public extérieur; on souligne son apparten an ce à l’un des cercles qui com posent ce public.

Les textes analytiques sont, p ar leurs dém arches de dém ontage et d ’association des unités signifiantes du texte littéraire, de b eau ­ coup plus proches des pratiques courantes de lecture que les textes- synthèses. N o n seulem ent parce q u ’écrits généralem ent « contre la m o n tre », « p o u r hier », ils m ettent en avant, souvent, les habitudes de com m unication du sujet qui, dans un texte qui serait un échantil­ lon et une confirm ation du statu t professionnel de celui qui écrit, seraient à coup sûr mis sciem m ent en sourdine.

La profonde conviction q u an t à l’intégralité du texte fait que, d an s les recherches sur la réception littéraire, o n traite la lecture com m e une séquence d ’activités nettem ent limitée, qui dure « d ’ici là ». C ependant les spécialistes de la réception sociale des co m m u ni­ qués émis p ar les m ass m edia fonctionnant d ’après le principe de l'afflux cyclique de messages — séries télévisuelles et radio ph o- niques, m agazines hebdom adaires, etc. — spécialistes p ar la force des choses m oins attachés à l’intégralité des textes particuliers, on t rem arqué il y a déjà longtem ps que la réception de ces films, ém issions, cou rriers du coeur, p orte plu tô t un caractère de séquence en extinction, en disparition, et non pas violem m ent coupée.

Si nous nous penchons sur la réception co u ran te du genre lit­ téraire le plus proche des messages cités, n o tam m en t le rom an- feuilleton, nous parv iend rons aisém ent à la conclusion q u ’égalem ent dans le cas de l’échange littéraire il fa u d rait parler de « flux d ’inform ation à deux degrés », quoique ce processus soit très certaine­

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m ent plus difficilement saisissable que d ans le cas ne serait-ce que des ém issions rad iophoniq ues. D a n s la prem ière phase, celle de la lecture proprem ent dite, s’établit d ’une m anière plus ou m oins indirecte un contact entre le M O I du lecteur et le TO I de l’au teu r; l’oeuvre littéraire sert de m edium à ce co ntact. D ans la seconde phase, d on t la relation à la prem ière p o u rrait être rendue p ar le ra p p o rt de la réponse à la question, intervient un renversem ent de relation. U ne fois la lecture « littérale », al fin e, term inée, vient la phase du prolongem ent p ar interaction du co n tact avec l’oeuvre. Le M OI du lecteur reste en liaison avec le texte lu au m oyen de contacts avec les différents TOI accessibles dans l’entourage social le plus proche. Ainsi peut-on distinguer dans le processus de réception de l’oeuvre la l e c t u r e et les e x t e n s i o n s de la lecture. Ces dernières ont, d ’une m anière très générale, un double caractère. Elles consis­ tent en ce que le lecteur p a r l e de l’oeuvre lue (avec sa m ère, son collègue, son su p é rie u r...), ou faits siens, plus o u m oins consciem ­ m ent, la stylistique ou les associations signifiantes supérieures, su- prastylistiques, de l’oeuvre, p o u r les em ployer dans la p ratiq u e lin­ guistique courante.

D an s les textes analytiques de critique littéraire, les deux phases de la lecture de l’oeuvre interviennent sim ultaném ent. G râce à la p otentialisation équivoque de la présence de l’écrivain dans l’oeuvre, le critique assum e le m odèle de la prem ière lecture qui im ite la situ ation de remise directe, personnelle, du texte à lire, et, sim ultané­ m ent, le m odèle de la lecture, prem ière, deuxièm e ... suivante. En effet, en lisant l’oeuvre de l’écrivain dans un tem ps antérieur indéfini par ra p p o rt à la lecture de la m êm e oeuvre par le récepteur du texte critique, il simule p ar là m êm e la s i m u l t a n é i t é des deux lectures. Ainsi la pragm atique du m essage critique im ite les deux phases de la lecture co urante. Elle est exégèse et paraph rase.

La fonction générale des messages synthétiques est d ’en treten ir l’identité du processus de co m m unication littéraire telle q u ’elle se m anifeste dans la cultu re donnée. Les textes de ce genre, p a r le fait q u ’ils m ettent en place et diffusent le consensus de co m m u ni­ cation littéraire, visent à tran sfo rm er to u t le systèm e différencié des circuits littéraires en un circuit universel, to u t au plus agrém enté de quelques rem ifications et boucles.

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Il est aisé de se rendre co m p te que les textes synthétiques de critique littéraire trouven t leur app u i dans la trad itio n rh é to ri­ que. Si l’on voulait d ’une m anière identique établir la genèse historico-littéraire des messages analytiques, il fau d rait sans doute p arler du s e n t i m e n t a l i s m e transféré du niveau littéraire au plan m étalittéraire. Ces textes en effet ten den t, prem ièrem ent, à accroître le degré de p articipatio n des « lecteurs actuels » à la culture littéraire, à engager dans la lecture des « parties » de plus en plus grandes de leur personnalité, et, secondem ent, à u ne différenciation m axim ale des circuits et des groupes du public. G énéralem ent parlant, ils o n t pour tâche d ’accroître la plasticité du processus de co m m unication littéraire d ans deux dim ensions: au regard des initiatives subjectives et face aux m odifications historiques externes, extra-littéraires. Ces textes tendent à ce bu t de trois façons:

1) en m odifiant et différenciant l’o p i n i o n l i t t é r a i r e (néga­ tions violentes des oeuvres à la m ode, trouvailles littéraires in atten ­ dues, orien tatio n vers des genres d ’oeuvres différents de ceux auxquels est actuellem ent accordée la préférence, l’im position à l’ensem ble des « klasters » jusque-là périphériques de l’opinion),

2) en prop ag ean t les aptitud es c o m b i n a t o i r e s à la lecture, 3) en en traîn an t à la s e n s i b i l i t é s u b j e c t i v e autrem ent dit en form ant le g o û t des lecteurs.

Serait profondém ent déçu qu iconque penserait ra p p o rter directe­ m ent aux m anifestations historiques de la critique littéraire les m odèles de textes synthétiques et analytiques p arco urus ici d ’un regard rapide. Les m odèles ci-dessus n ’élucident non plus à personne la genèse du texte critique. Leur vocation est autre. Ils doivent décrire les différenciations élém entaires de la situation la p l u s p r o c h e de réception du texte critique. C ep en d an t le m essage vivant, circulant entre ses récepteurs bénévoles et non pas dépecé p ar les pathologues savants de la com m unication littéraire, est toujo u rs indissociablem ent attaché à l’outillage fonctionnel d o n t il a été doté dans le circuit donné. P our certains circuits, plus o p p o rtu n e sera la form e synthéti­ que de la critique, p o u r d ’autres sa version analytique. D ans les prem iers, le texte analytique p o u rra ap p a ra ître com m e une variante du synthétique, et to u t à fait inversem ent d ans les seconds. Lue par un étudiant en lettres polonaises com m e une lecture obligatoire.

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104 M arian P lac heck i

l’in terp rétatio n du vers Z araz skoczę, szefie {Je ne fa is q u ’un bond,

chef) 10 devient, q u an t à sa fonction, une énonciation synthétique

qui n ’a été form ulée dans la poétique du texte analytique que par caprice de l’auteur. Parm i les gens de lettres en revanche, to u te te n ta ­

tive de diagnostic critique to talisan t sem blera être une articulatio n de l’attitu d e personnelle du critique devant les individualités des créateurs.

Il faut encore m entionner un au tre m odèle de fonctionalisation secondaire des deux variantes du texte critique. D an s les travaux socio-littéraires on souligne souvent la fonction de prestige attachée à la lecture: la lecture est un m oyen de conserver ou de hisser à un plus haut niveau son statu t social. Il arrive q u ’à cette fin sert égalem ent la lecture des textes m étalittéraires. C om m e cep en d an t la position sociale du critique est p o u r une grande p art déterm inée p a r la référence au substrat institutionalisé de la culture littéraire, et beaucoup m oins p ar les fonctions purem ent créatives, la p ratiq ue de la critique sert plus m anifestem ent et plus directem ent que la création littéraire à situer la p e r s o n n e qui écrit dans les hiérarchies institutionalisées de l’élite littéraire. En effet, la fonction d ’écrire des critiques jo u it d ’un prestige plus grand que celle de lire. C ’est une fonction de pres­ tige, ou plus exactem ent de dom ination. Elle consiste en effet à invo­ quer sa supériorité p ar ra p p o rt aux auteurs (critiques) m oins appréciés, m oins bien « placés », o u /et à tendre à dom iner les au to rités situées jusque-là plus haut p ar ra p p o rt au critique am bitieux.

Le modèle synthétique est plus utile dans les activités critiques visant à s o u t e n i r l’au to rité de celui qui écrit. Le critique d o n t la position dans son milieu a dangereusem ent chancelé, publie d an s la presse littéraire un am ple texte synthétique qui confirm e son au to rité dans l’opinion publique extérieure. Le modèle analytique est com m ode pour l’au teu r qui désire faire m o n t e r sa m arque m odeste. Le critique déb u tan t publie une interp rétatio n agressive de quelques vers d ’un poète hautem ent prisé; tous voient q u ’il est sincère, indépendant. Lui le prem ier. Seulem ent lui .

Les in stru m entations de ce genre deviennent plus app arentes q u an d

10 Z. S i a t k o w s k i , T adeu sz R ó ż e w ic z : Z a ra z sk o c zę , sz e fie , [dans:] L iry k a p o lsk a .

In terp reta c je (P o ésie lyriq u e p o lo n a ise. In te rp ré ta tio n s). ss la dir. de J. P ro k o p et

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elles sont pratiquées non plus p ar des critiques isolés, m ais p ar des groupes entiers de critiques. Le m odèle synthétique est volontiers assum é par le groupe qui occupe le centre organisationnel, celui auquel est attach é le plus de prestige, de l’élite littéraire. Le modèle op po sé devient une arm e dangereuse aux m ains jeunes du groupe ascendant, qui se fraye un chem in vers le centre. U n exem ple? N otre to u rn an t positiviste.

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