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Le naturalisme dans la littérature polonaise

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Academic year: 2021

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Janina Kulczycka-Saloni

Le naturalisme dans la littérature

polonaise

Literary Studies in Poland 6, 71-92

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Jan in a K ulczycka-Saloni

Le N aturalism e dans la littérature p olon aise*

I. Généralités

1. Lim ites chronologiques du naturalisme en tant que courant d ’histoire littéraire.

Etendue de ses influences

En P ologne c’est en 1876 q u ’on com m ence à p arler du naturalism e, lo rsq u ’un hebdom ad aire de V arsovie livre au public un article sur les nouveautés de la littératu re française, quelques contes et u n rom an

* En a o û t 1976, M . le prof. Jacq u es V o isin e a p ro p o sé aux ch erch eu rs p o lo n a is, au n o m du C o m ité de R éd a ctio n de la p u b lic a tio n H isto ire co m p a rée d es langues

eu ropéen nes entreprise par l’A sso c ia tio n In tern a tio n a le de L ittérature C o m p a rée, de

prendre la d irectio n du g ro u p e qui préparerait le v o lu m e co n sa cré au n atu ralism e. La q u estio n a été c o n certée avec M . le prof. H en ryk M ark iew icz, président du C o m ité d e s S cien ces de la Littérature de l’A ca d ém ie P o lo n a is e d e s S cien ces, au résultat de q u o i au sein de la c o m m issio n d ’étu d es co m p a r é e s de ce C o m ité a été in stitu ée une c o m m is sio n a vec, p ou r v o c a tio n , de c o lla b o rer avec l’A sso c ia tio n In tern a tio n a le de L ittérature C o m p a rée. La p résidence en a été co n fiée à M m e Janina K u lc z y c k a -S a lo n i; d a n s la c o m m issio n en tren t: H en ryk M ark iew icz, Jan D e tk o , E dm und Ja n k o w sk i, H alin a S u w ala, p lu s tard a été c o o p té e O lga D o b ija n k a -W it- c za k o w a .

La c o m m issio n a éla b o ré un prem ier projet de ca n ev a s du v o lu m e , so u m is à la critiq ue du C o m ité de R éd a ctio n qui y a in trodu it d es co rre ctio n s au x ren on ctres de B lo o m in g to n (1 9 7 7 ), L on d res (1 9 7 7 ), W eim ar (1978). Sur son sujet o n t ém is leur o p in io n au ssi b ie n les m em b res du C o m ité de R é d a c tio n que les sp écia listes du sujet in vités à co lla b o rer à l ’o u v ra g e. P articu lièrem en t p récieu ses o n t été les rem arq u es du prof. Ives C h evrel, in vité en c o n sé q u e n c e à entrer en c o o p é r a tio n p lus é tro ite avec la so u s-c o m m issio n à la c o o p é r a tio n avec l’A sso c ia tio n Interna­ tio n a le de Littérature C om p arée.

D a n s les a n n ées 1977 — 1978 a été é la b o ré un n o u v ea u texte: la C o m m issio n a ju g é q u ’il rép o n d a it suffisam m en t aux in te n tio n s d es p ro m o teu rs de la p u b lic a tio n

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de Zola. L ’article avait p o u r source d ’in form ation la presse russe et citait les oeuvres de Z ola traduites en russe. A p a rtir de cette date, l’im pulsion créatrice venant de la littérature française va croissant et joue un rôle p ré p o n d éra n t dans la form atio n du rom an polon ais et des genres m ineurs com m e le conte, la novelle, le récit, etc. M ais m algré cette influence rem arquable, le naturalism e ne pu t à au cun e période

et aux ju g e m en ts d es sp écia listes pour être présen té c o m m e le p o in t de départ du travail à la ren con tre d es scien tifiq u es qui s’étaien t déclarés p rêts à participer à l’éla b o ra tio n de la p u b lic a tio n . La partie p o lo n a ise a c o n stitu é un C o m ité de R éd a ctio n du livre, o ù so n t entrés: le prof. Ives C h evrel, Jan in a K u lc z y c k a -S a lo n i, H alin a Suw ala et D a n u ta K n y sz-R u d zk a en tant que secrétaire de réd a ctio n . U n e réunion de travail a été o rg a n isé e à l’U n iv ersité de V arsovie les 5 et 6 o cto b re 1979, à laq u elle o n t pris part, en p lu s d es o rg a n isa teu rs et d es ch erch eu rs p o lo n a is s’occu p a n t du natu ralism e, 11 p erso n n es de 5 p ays: Bard B akker, C a n a d a ; C o lette Beker, F rance; A lex B o lck m a n s, B elgiq u e; M ich el C a d o t, F ran ce; Ives C hevrel, F ran ce; Pierre C o u stilla s, F ran ce; Paul D else m m e , B elg iq u e; N e id e de Faria, Brésil; G ervin ia G o u rd in , F ran ce; H enri M itterand , F rance; R ita S ch o b er, R ép u b liqu e D ém o cra tiq u e A llem a n d e .

T ro is textes o n t servi d ’in tr o d u ctio n à la d iscu ssio n : 1) le projet c ité du can evas du v o lu m e sur le natu ralism e, qui d evait être so u m is à la vérification et am en dé à la lum ière de: 2) la c o n c e p tio n générale du cycle et l ’état d es travau x sur ses autres v o lu m e s, ce p oin t ayant été d év elo p p é d an s so n in terv en tio n par D a n u ta K n y sz-R u d zk a , 3) un essai d ’in scrip tion d a n s le ca n ev a s d ’une caractéristiq u e du n atu ralism e p o lo n a is, ce p ro b lèm e ayan t été e x p o sé par l’auteur de ce texte. Le but visé était, d ’u n e part, de vérifier le ca n ev a s et, de l’autre, d ’a v o ir une o rien ta ­ tion sur l’état d es recherches sur le n atu ralism e p o lo n a is qu i, se lo n to u te prob ab ilité, offrira de n om b reu ses a n a lo g ies avec les travaux réalisés d a n s les au tres pays. C e se co n d aspect de la q u estio n est p articu lièrem en t im p o rta n t: il fera ap p araître en effet co m b ien de travail et d an s q u els d o m a in e s de recherche n o u s a u r o n s à réaliser pour rem plir le cadre du ca n ev a s tracé.

D e cette m anière de co m p ren d re par l’auteur d es p résen tes rem arq u es les tâch es de l’éq u ip e d evaien t d éco u ler les d éfa u ts su iv a n ts: p rem ièrem en t, certa in es rép étition s, se co n d e m en t, un m a n q u e d 'éq u ilib re entre les ch ap itres particu liers du texte. Leurs d im e n sio n s d iversifiées ne reflètent en effet ni l'im p o rta n ce acco rd ée par l'auteur aux thèm es qui y so n t traités, ni la place q u ’elle se p ro p o se de leur co n sa crer d ans le futur livre sur le n atu ralism e. Les tâch es ainsi caractérisées vise n t uniqu em en t à m ontrer l’état d e s recherches, c ’est-à-d ire ce qui est presqu e fait déjà et d ans qu elle m esure o n peut profiter d e s r éa lisa tio n s de n o s p réd écesseurs, ce qui fait l’ob jet d es travaux en co u rs et ce qui est resté terrain vierge.

L es titres d es ch a p itres grap h iq uem en t d istin g u é s corre sp o n d en t au x th èm es c o n ­ ten u s d ans la version du c a n ev a s so u m ise à la d iscu ssio n à la ren con tre m en tio n n ée, cette version p o u v a n t en co re subir d es m o d ifica tio n s.

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L e N atu ralism e 73 dom iner les co u ran ts littéraires parallèles, p.ex. les form es épigones du rom antism e, le réalism e, et prêter, p ar là, son nom à une époque littéraire. C ’est p ou rq uoi, en Pologne, deux périodes correspo ndent à ce q u ’on appelle naturalism e dans les littératures de l’Europe O ccidentale: le positivism e, nom m é parfois réalism e, et le m odernism e ou « Jeune P ologne » (M łoda Polska).

Ainsi, n o tre littératu re com pte deux générations n atu ralistes: celle de Prus, O rzeszkow a et Sienkiewicz qui o n t lu Z ola et les naturalistes français avec un certain esprit critique, dû aux lectures ro m an tiq u es de leur jeunesse et à leur expérience personnelle de rom anciers, car, avant de co n n aître le m ouvem ent naturaliste, ils avaient déjà publié des récits et des rom ans. P o u r la seconde génération, celle de Że­ rom ski et de R eym ont, les rom ans naturalistes o n t été une lecture de jeunesse d ’a u ta n t plus intéressante et im pressionnante q u ’elle avait été interdite p ar l’Eglise, l’école et la famille. Ces deux générations d ’écrivains polon ais se sont inspirés des conceptions natu ralistes po ur form er leurs idées sur la fonction que doit assum er le ro m an face aux genres littéraires de l’époque, sur la personnalité du rom ancier, sa m éthode de travail et la p roblém atique q u ’il échoit de traiter. Evi­ dem m ent, les conceptions naturalistes o n t au trem en t m arq ué la doctrine et la création rom anesque de la génération dite positiviste et celles du m ouvem ent m oderniste. Je pense q u ’il était juste de donner le m êm e titre, « L ittératu re polonaise du réalism e et du naturalism e », à deux m anuels de littératu re p o rta n t sur la génération de P rus et de O rzeszkow a, mais, p ar contre, il me m anque le term e de « naturalism e » dan s le titre des m anuels tra ita n t de la Jeune Pologne.

O n rencon tre aussi, bien sûr, des « personnages naturalistes » (des héros natu ralistes) dans le ro m an et le théâtre polon ais d ’entre- deux-guerres et d ’a u jo u rd ’hui. M ais le naturalism e de la période 1918 — 1978 n ’a pas inspiré des oeuvres de grande qualité. La p ro d u c­ tion du groupe littéraire Przedm ieście (Le F au b o u rg ) doit davantage au populism e français q u ’au naturalism e, bien que le m ouvem ent se soit souvent réclam é de Zola.

Ce naturalism e n ’a pas bénéficié de l’enrichissem ent et de l’a p p ro fo n ­ dissem ent q u ’offraient les co u ran ts p ost-n atu ralistes et d o n t le n a tu ra ­ lisme de la Jeune Pologne avait su tirer parti. Les naturalistes d ’a u jo u rd ’hui, s’a tta c h a n t à décrire la bête hum aine découverte p ar le

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naturalism e du X IX e s. perdent de vue q u ’elle n ’est q u ’une co m p o ­ sante de l’hom m e, fondam entale certes, m ais qui ne subsum e pas l’hom m e en entier.

2. Recherche comparative sur les acceptions et les connotations du terme « naturalisme ».

Confrontation de la terminologie littéraire de base élaborée par les naturalistes et leurs adversaires

Le term e de « naturalism e » ap p a raît souvent sous la plum e des cri­ tiques littéraires et m êm e des publicistes de ces deux époques. O n l’in­ voque fréquem m ent à p ro p o s de polém iques littéraires et de caractère général que soulève la d escription de la civilisation européenne, et en particulier de la civilisation française, m ais rarem ent o n lui confère une valeur positive ou m êm e neutre: il sert p lu tô t d ’insulte. Il n ’existait p as non plus en Pologne, de groupes d ’artistes ou d ’écrivains qui se soient proclam és « naturalistes » ou qui en aient bran d i la bannière p o u r m anifester leur program m e artistiq ue ou littéraire. Les écrivains et les artistes groupés a u to u r de l’hebdom adaire „W ęd ro ­ wiec” (Le V oyageur), d o nt je reparlerai p ar la suite, n ’on t pas voulu d ’une telle étiquette, préférant p rudem m ent prêcher la lutte p o u r une littérature et un art nouveaux. C ’est le term e de réalism e que les écrivains proches du naturalism e retenaient le plus volontiers. M êm e plusieurs m anuels co n tem p orains de littératu re et un ouvrage sur l’histoire de la critique réservaient les term es d ’époque réaliste et d ’esthétique réaliste p o u r définir le m ouvem ent en question. Je suis consciente que mes rem arques sont tro p générales, mais, p o u r l’instant, aucune étude systém atique et app ro fo nd ie n ’a été m enée dans cette voie. D e sérieuses recherches sur la presse et la littératu re de l’époque s’im posent et nous atten d o n s d ’elles une réponse bien docum entée sur cette question.

3. Fond social et politique du naturalisme

Il faut to u t d ’ab o rd avoir à l’esprit que la Pologne avait été dém em brée p ar les trois états voisins et que le développem ent social des trois territoires annexés s’op érait selon un rythm e différent. La partie la plus industrialisée, et, p ar conséquent, la plus urbanisée,

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c ’est-à-dire ce q u ’on appelle le R oyaum e de Pologne, se trouv ait sous d o m in atio n russe. M ais m algré ce progrès, initié dans la prem ière m oitié du X IX e s. et d o n t l’apogée se situe à la fin du X IX e s., la partie russe de P ologne est restée un pays de cam pagnes. La société polonaise, d ’origine essentiellem ent cam pagnarde, gardait des relations très suivies avec les m em bres de la famille qui dem euraient en province. Ainsi, le naturalism e, et su rto u t le ro m an naturaliste, ne se développe que d an s le R oyaum e de Pologne. C ’est à Varsovie que sont écrits et publiés non seulem ent les ro m an s les plus m arq uants de la génération positiviste d ’obédience n aturaliste, mais aussi les ro ­ m ans les plus représentatifs de la génération m oderniste, bien q u ’au déb u t du X X e s. le centre du m ouvem ent littéraire en Pologne se soit déplacé vers Cracovie. Si l’on co m p are les rom ans polonais au m odèle n atu raliste de création ro m anesq ue q u ’incarnait l’oeuvre de Zola, on voit que chez nous le natu ralism e a débuté par le thèm e de la cam pagne, tandis que chez Z ola il fut l’objet d 'u n des derniers ro m an s des R ou go n -M acq u art. Ce qui est très curieux c ’est que le fam eux ro m an de P rus Placówka ( L ’Avant-poste), le prem ier rom an natu raliste en Pologne, ait été publié en 1885, après cinq ans de labeur, c’est-à-dire la m êm e année que La Terre de Zola. Ce n ’est que beaucoup plus ta rd que le thèm e de la ville, et surto u t celui de la grande ville industrielle, va faire son ap p a ritio n dans la p ro du ction rom anesque de la Jeune Pologne. C ito n s à titre d ’exemple Ziem ia obiecana {La Terre prom ise) de R ey m ont que A ndré V ayda ad ap ta à l'écran.

4. Fond philosophique du naturalisme. Inspiration des sciences naturelles.

Conception naturaliste de l ’hom m e et de la société

La philosophie positiviste a été très répandu e en P ologne: les ouvrages les plus im p o rtan ts des philosophes positivistes français, anglais et allem ands o n t été tra d u its; des articles d 'in fo rm a tio n et des textes publicitaires o n t p a ru ; à l’Ecole G énérale (1862—1869) les professeurs o n t tenu des cours sur les positivistes de l’E urope o c­ cidentale. Les sciences naturelles devinrent l'idole de l'époque, mais une idole que l’on adm irait et a d o ra it de loin, que l’on ne pouvait servir d ’une façon p ratiq u e vu q u ’il n ’y avait ni universités ni

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laboratoires scientifiques. M ais en général, la science et les sciences naturelles en particulier occupaient une place privilégiée dans la presse polonaise.

M algré cette publicité, le positivism e n ’a pas su pplanté les co u ran ts idéalistes et fidéistes, qui sont restés très puissants, en vertu de ce q u ’ils étaient jugés plus proches du caractère natio nal des Polonais. On considérait le positivism e com m e an tin atio n al et on le traitait avec suspicion.

Par contre, les écrivains m a rq u a n ts de l’époque o n t été fervents adm irateurs des philosophes positivistes français et anglais. Ils les pratiq uaient, les citaient et essayaient d ’ad a p te r leur enseignem ent aux conditions polonaises. Ainsi, o n les disait disciples de H erbert Spencer qu an t à leur vision de la société, et parfois m êm e de D arw in q u an t à leur conception de l’hom m e et de la société. U n des écrivains, A dolf D ygasiński, fut un darw inistę persuadé et conséquent, peut-être en raison de sa fo rm ation et de son m étier de professeur de biologie.

La tradition culturelle et littéraire n ’a guère favorisé le développe­ m ent du naturalism e: en Pologne, pays de religion catho liq ue, on redo utait le m atérialism e philoso ph ique et l’athéism e des naturalistes. La famille représentait le bastion de résistence co n tre l’oppression tsariste et il fallait la protéger co ntre cette doctrine pessim iste et contre l’attaq u e des naturalistes qui dénonçaient sévèrem ent la m orale bourgeoise. Les idées couran tes sur le naturalism e n ’y voyaient q u 'u n e littérature de société m alade d o n t il fallait se méfier.

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A. C onception naturaliste de l’art et de la littératu re (auton om ie; fonction sociale; fonction investigatrice; problèm e des ra p p o rts entre l'a rt et la « réalité »). N ouvelle conception de l’écrivain et de sa fonc­ tion. Situation sociale de l'écrivain déterm inée p ar les nouvelles co n ­ ditions de rep ro duction et de diffusion.

P our répondre à ces questions, il faut dater le com m encem ent de la littératu re naturaliste en P ologne quinze années av an t la querelle et les discussions sur le naturalism e. La chute de l’Insurrection de 1863 am ène la nécessité d 'é la b o rer un nouveau m odèle de littératu re n ationale: ce sera une littératu re an ti-rom antiqu e, attentive aux thèm es de la vie quotidienne et des rudes devoirs q u ’elle im pose. La prose

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Le i\m u ra lism e 77 n arrativ e en général et le rom an en particulier supplantèren t les genres poétiques et d ram atiques p o u r deux raisons: le ro m an, plus facile à lire, n ’exigeait pas une culture intellectuelle app rofo nd ie et p o u v ait m êm e atteindre les couches m odestes de la société. En o u tre, il se rap p ro ch ait de la pensée scientifique m oderne d o nt il po u v ait largem ent diffuser les acquis.

Quels sont les fondem ents de la théorie du rom an mis sur pied après l’Insurrection de 1863? P o ur rendre m a dém o n stratio n plus explicite, j ’analyserai d ’ab o rd la période p ré p arato ire et l’apogée de ce qui est co uram m ent appelé réalism e. Je n ’insisterai que sur une seule différence: la période p ré p arato ire (1868—1876) lançait une littérature didactique qui indiquait des préceptes et des m odes de conduite en vue d ’anim er la culture et le b o n h eu r de la société, tandis que le naturalism e prop ageait une littérature préoccupée de vérité, à l’im age de la science.

Le refus des genres poétiques et l’ap p ro b atio n inconditionnée de la prose m arq u èren t les prem iers pas, suivis sous peu d ’un changem ent d an s la conception m êm e de l’écrivain. Ce fut une tâche fort difficile, car le modèle du poète rom an tique, être chéri des puissances surnaturelles élu p o u r défendre l’avenir de la nation, sem blait presque irrem plaçable dans la conscience des Polonais. Au poète rom antique les « jeunes » o pp osèrent un p aran g o n différent et s’efforcèrent de l’im poser à la société polonaise. En voici les traits essentiels: le term e m êm e de poète fut rem placé p ar celui de l’écrivain, plus prosaïque et plus com préhensible en raison de son étym ologie, il perd ait les privilèges d ’être exceptionnel et réintégrait la société, chargé de devoirs, au m êm e titre que son prochain.

Puisque l’écrivain n ’est q u ’un m aillon de la société, il doit travailler com m e to u t le m onde, du m atin au soir, com m e les boulangers ou les cordonniers. Il fera bénéficier la société de son travail de la m êm e m anière que ses hum bles com patriotes. En outre, il est censé fo u rn ir un travail consciencieux, p ro du ire des oeuvres bien élaborées d ’où le m ensonge serait banni. C ette tâche exigeait de l’écrivain une érudition et une culture peu com m unes: il im p ortait q u ’il se tîn t au co u ran t des idées philosophiques et des nouveautés scientifiques. Sa m éthode, em pruntée à celle des savants, visait aussi les m êm es buts, c ’est-à-dire à ap p ro fo n d ir le savoir hum ain. C ette nouvelle conception de l’écrivain nécessitait une préci­

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sion — il fallait to u t de m êm e tracer une ligne de partage entre l'art et l’écrivain d ’un côté, et entre la science et le savant de l’autre. Les écrivains qui nous intéressent pensaient, à l’instar de Taine, que l’art et la science ne sont que deux panneaux co m plé­ m entaires d ’une m êm e réalité; p o u r ce, ils estim aient que Shakespeare avait contribué, au m êm e p oin t que K eppler, au développem ent intellectuel de l’hum anité. Ils insistaient beaucoup sur la m éthode de travail des écrivains, m éthode q u ’ils considéraient identique à celle des savants. T o u t com m e le savant, ce n'est seulem ent q u ’après avoir effectué de longs travaux prép arato ires que l’écrivain est à m êm e de traiter convenablem ent la m atière qui l’intéresse. Afin d ’être plus explicite, il doit orien ter son exploration de la société. C ette m éthode de travail (recherche du sujet, élab o ratio n d ’un plan et sélection des inform ations) est absolum ent nécessaire p ou r éviter l’enlisem ent dans les info rm ations q u ’am ène fatalem ent une o b serva­ tion passive, dépourvue d ’un objectif précis et prioritaire. Les écrivains rejettent résolum ent la form ule de Stendhal selon laquelle le ro m an est un m iroir se p ro m en an t sur la grande route, parce que le m iroir reflète de façon passive to u t ce qui passe, au lieu d ’être une lanterne m agique p o uvant se fixer sur l'objet choisi. P ou r les écrivains de l’âge positiviste, la différence essentielle entre le rom an d ’autrefois, le rom an ro m antique su rto u t, et le rom an scientifique, le ro m an m oderne, réside justem ent dans ce principe de sélection. Le ro m an d ’autrefois, com m e l’a écrit un critique de l’époque, n ’a été q u ’une reproductio n de la vie, le ro m an d ’a u jo u rd ’hui est son étude. P o u r Eliza O rzeszkow a, la femme de lettre la plus connue du positivism e, le rom an est un acte de création, car il re p ro d u it les événem ents distants de la vie contem p oraine, avec des héros et des victimes. Il instaure en o u tre des liens entre les événem ents, des liens invisibles à l'oeil nu, m ais que les écrivains et les savants savent déceler, faisant ressortir p ar là l’unité et le sens de la vie.

Il faut m ettre l’accent sur l’aspect créateu r du rom an réaliste polonais que les écrivains v antaient com m e son m érite principal et que leurs descendants o n t d ’ailleurs m éconnu o u négligé. Influencés par la conception de la littérature m im étique très en vogue chez nous après la trad u ctio n du fameux livre M im esis d ’Erich A uerbach, les chercheurs n ’o n t prêté atten tio n q u ’aux élém ents réalistes des rom ans, aux m enus détails de la vie quotidienne, et o n t passé sous silence

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l’effort q u ’o n t déployé les rom anciers en vue d ’o b ten ir une description scientifique de la réalité et les m écanism es qui en régissent le fonction­ nem ent.

La conception naturaliste de l’a rt du ro m an a im posé une m éthode, soigneusem ent élaborée, qui consistait à accum uler les observations sur la société, les m ultiples facettes de la vie, ses m écanism es et ses m ystères. C ’est dans Lalka (La Poupée) et Faraon (Le Pharaon), les deux chefs-d’oeuvre de Boleslaw Prus, le plus grand au teu r positi­ viste de l’époque, que cette technique a porté ses m eilleurs fruits. Le phénom ène de Prus est particulièrem ent éclairant, parce que c ’est le cas exceptionnel d ’un écrivain m algré lui. En effet, Prus rêvait d ’une carrière de m athém aticien et de physicien, célèbre par ses travaux.

La m isère aid ant, il du t interrom p re ses études et, dans l’im ­ possibilité de se p ro curer un em ploi, il se lança d ans la littérature m ettan t à profit ses dispositions littéraires q u ’avaient appréciées ses professeurs de Lublin. Il fut toutefois h an té le long de sa vie p ar la carrière de savant, et ce rêve se retrouve chez certains de ses héros. D ’ailleurs à plusieurs reprises il entrep rit d ’écrire des oeuvres « scientifiques»: com poser un m anuel de logique, trad uire la logique de J. S. Mill, con stru ire une théorie des idéaux sociaux. Il s’est su rto u t em ployé à b âtir une théorie de la création littéraire, d ont je me propose de parler d ’une façon plus détaillée. D ans plusieurs de ses oeuvres, il intro duit soit des savants ratés, soit des savants qui ont réalisé le rêve de leur vie. Ils sont si nom breux q u ’on est en droit de supposer que P rus leur a légué ses pro p res espérances et déceptions.

Il faut souligner que parm i ses contem porains, Zola y com pris, p o u rta n t fascinés par la science, P rus fut le seul à m ettre en scène des savants. Les études de Prus, q u o iq u e de cou rte durée, lui o n t cependant perm is d ’observer de près les m éthodes em ployées dans les laboratoires de physique et su rto u t lui o n t dévoilé la psychologie des savants, leur façon d ’être, d ’agir et de penser.

Prus a égalem ent été p artisan du progrès technique qui, selon lui, stim ule au m êm e p oin t savants et artistes, leur p ro c u ran t les m oyens de pénétrer les m ystères de la nature. C ’est po urqu oi il a polém iqué contre les adversaires de la photo g rap h ie qui n ’y voyaient q u ’une d égradation de la p einture. P rus était conscient des

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nouvelles possibilités q u ’offrait cette invention, de ce q u ’elle perm ettait une étude plus précise des choses, du m ouvem ent, du visage hum ain, du travail, to u t en évitant les fautes com m ises m êm e par les plus grands peintres. D ans m aints articles il accorde une large place au travail de l’observation, aux m éthodes de classem ent des observations et su rto u t à l’art de les exploiter — art à ses yeux de prim e im ­ portance p u isq u ’il perm et de rem édier aux insuffisances de l’époque précédente. Il traça un parallèle éloquent entre l’écrivain et le cuisinier. Le cuisinier ne n o u rrit pas les hom m es avec des élém ents chim iques, il ne les gave p as non plus de crudités insipides; c ’est un p lat sain et savoureux q u ’il doit com poser. Le rom ancier a une tâche analogue à rem plir: tran sfo rm er et o rd o n n e r la m atière b rute de son observation. C ar à quoi bon les idées abstraites em pruntées aux ouvrages philosophiques? Elles ne feront pas un rom an.

P rus revient à plusieurs reprises sur le travail de tran sfo rm atio n et de classem ent auquel doivent être soum ises les observations recueil­ lies p a r le rom ancier lors de ses contacts avec la société. Il co m pare cette activité, qui passe de la réunion des m atières prem ières à la création artistiqu e et à l’in terp rétatio n philosophique, au travail du m athém aticien qui doit tirer la m oyenne arith m étiqu e de la som m e q u ’il étudie. L ’observation de la réalité, l’enregistrem ent et le clas­ sem ent des inform ations co n stitu en t la prem ière étape de l’activité de l’écrivain. Elle exige de lui des capacités intellectuelles et un don que P rus et ses contem p o rain s ne savaient ni nom m er ni définir — et qui est sans doute l’intuition, cette faculté insondable qui perm et de choisir des événem ents, des processus et des hom m es dignes d ’atten tio n , en un m ot de dém êler l’im p o rtan t de l’accessoire. A près un dépouillem ent suffisant d ’o bservation s prélim inaires l’écrivain, selon Prus, peut procéder à la p art la plus im p o rtan te de la création rom anesque, c ’est-à-dire exécuter sur les données q u ’il a recueillies des op ératio n s analogues à celles que le m athém aticien pratiqu e sur les nom bres. M alheureusem ent, P rus n ’a pas poussé cette idée plus avant.

N o u s l’avons déjà dit, P rus est un cas exceptionnel et il en est parfaitem en t conscient. Ses co n tem p orain s o n t été form és p ar les sciences hum aines, tan dis que lui, il a en trepris des études à la faculté des m athém atiques et de physique de l’Ecole C en trale de Varsovie. Aussi est-il presuadé que c’est à sa form ation scientifique

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Le N atu ralism e 81 q u ’il doit la rigueur de ses observations. La mise en relief du facteur intellectuel dans le processus créateur n ’exclut pas toutefois d ’autres facultés indispensables à l’écrivain, n o tam m ent le talent poétique.

P our Prus, le m étier d ’écrivain diffère sensiblem ent des m étiers re q u éra n t des diplôm es universitaires. U n ingénieur ou un m édecin peuvent exercer utilem ent leur profession sans p o u r a u ta n t faire de « découvertes ». La découverte, term e d ’ailleurs si fréquem m ent évoqué p ar Z ola, devient à cette étape le m ot-clé de la pensée esthétique de Prus. M alheureusem ent, il n ’a pas développé cette idée: il en a ju ste fait m ention dans une de ses chroniques hebdom adaires, en d isan t que l’opinion publique n ’atten d a it que des écrivains des pensées nouvelles et originales. La routine n ’est pas un défaut p o u r un ingénieur ou un m édecin, à l’inverse, elle peut m êm e augm enter leur efficacité, m ais p o u r un écrivain, et d ’a u ta n t plus p o u r un rom ancier, ce serait un péché irrém issible que de suivre les sentiers b a ttu s de la création. Ce dernier est tenu de déployer devant ses lecteurs des horizons nouveaux, d ’enrichir leur intelligence des choses. Prus expose particulièrem ent deux centres d ’intérêt auxquels to u t rom ancier doit spécialem ent s’attac h er: les processus sociaux en cours et leur inci­ dence sur les esprits.

Le rom ancier, transm ué en savant, a le d ro it et l’obligation d ’exercer pleinem ent sa liberté et de proclam er la vérité sur to u t ce qui touche l’hom m e et la société. D ans ses articles et ses chroniques il exprim e avec ferveur q u ’il faut m on trer au grand jo u r les plaies de la société, la déchéance des paysans, les m endiants, les p ro sti­ tuées, auquels les gens cultivés n ’aim aient pas à penser et d ’a u ta n t m oins à parler. M ais le rom ancier, doublé d ’un savant, pouvait regagner la dignité perdue du poète rom antique, redevenir, d an s une acception nouvelle, le guide de la nation, celui qui éclaire l’hu m anité en lui m o n tran t la voie à suivre. Si la génération de Prus a d étrô né le poète rom antiq ue, p ro ph ète des vérités m étaphysiques o u des vérités occultes, elle a échoué, me semble-t-il, d ’intrôniser le m odèle d ’un rom ancier m oderne, prophète des vérités scientifiques.

Selon les écrivains polonais la dignité de rom ancier im pose des charges considérables que l’on peut rap p ro ch er de la form ule si raillée de Z ola sur la « chasteté » de l’écrivain. M ener une vie

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ordonnée, austère, laborieuse, servir hum blem ent la société — voilà les élém ents de cette m orale. La recherche du succès financier, par contre, lui est prohibée. Ce d ernier précepte, notons-le, n ’était point partagé p ar Zola.

La génération suivante, celle de Ż erom ski et de R eym ont, a connu un net recul du genre ro m anesq ue: les plus grands écrivains de l’époque p ratiquaient davantage le théâtre et la poésie.

A l’opposé de leurs devanciers, les rom anciers de la Jeune Pologne n ’ont pas élaboré de théorie du rom an. T o u t influencés par le sym bo­ lisme et d ’autres co u ran ts littéraires q u ’ils aient été, ils n 'o n t pas dépassé, dans l’esthétique de la com position, les cadres fixés au X IX e s. — les innovations de Berent et de Irzykowski faisant to u te ­ fois exception. Le rom an a été ainsi dégradé au rang d ’un genre « inférieur », destiné à un public m oins cultivé et m oins exigeant. A. B rückner, célèbre historien polonais, parle de ce rom an en term es de « rom an co u ran t », « ro m an ord in aire ». Ce rom an prolonge la trad itio n naturaliste to u t en l’enrichissant de l’acquis sym boliste et de l’expérience personnelle des auteurs. Tel est le cas de R eym ont et de Sieroszewski. Si R eym ont, qui ne devait sa fo rm ation q u ’à la dure école de la vie, a vu de près les bas-fonds de la société polonaise, c ’est parce q u ’il y vivait. Sieroszewski p ar contre a été ébloui p ar la beauté splendide de la Sibérie et fasciné p ar la cu lture exotique de ses habitants. C ’est p ou rq u o i « leur » réalité p o rte les traces d ’un naturalism e spontané.

B. N aturalism e et m oyens de repro d u ctio n (livres et jo u rn au x ) et de diffusion (tirage, réclam es, etc.).

L’époque positiviste en P ologne est m arquée p ar un grand essor de la presse. V arsovie qui, som m e toute, ne représentait pas g rand chose, ses fonctions économ iques mises à part, voyait p araître onze quotidiens, plusieurs hebdom adaires et deux revues mensuelles à c a ­ ractère scientifique. C hacune de ces publications réservait une place de choix au rom an-feuilleton qui gagnait ainsi un public de plus en plus large. Les recherches statistiques p o rta n t sur les hebdom adaires de Varsovie o n t établi que le ro m an français, et le rom an n aturaliste en particulier, y occupait une des prem ières places. Des recherches sont encore à faire sur le com m erce du livre, aussi bien du livre étranger que du livre polonais.

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L e N a tu ra lism e 83 C. F orm es (institutionnalisées ou non) de la vie littéraire à l'échelle n atio n ale: périodique, conférences, « s o iré e s » , « d în e rs littéraires» , salons, polém iques de presse, sociétés des gens de lettres, droits d ’au teu r, etc.

D an s la partie de la Pologne sous d om in atio n russe où toutes form es d ’associations, o u tre celles à caractère purem ent économ ique, étaien t interdites, la vie littéraire suivait un cours que l’o n p o u rrait qualifier d ’« anorm al ». Il n ’existait pas de salons littéraires, à l’excep­ tion d ’un seul, et encore anachronique. La vie intellectuelle se déroulait d an s la conspiration , les réunions se tenaient d an s les m aisons des gens plus aisés. Il ne nous est parven u presque aucun docum ent de ces réunions, consacrées p o u rta n t aux plus graves problèm es de la vie nationale. Les m ém oires qui nous o n t été légués perm ettent d ’avancer que le naturalism e ne se tenait pas alors au centre des débats. La seule form e d ’activité intellectuelle qui fût tolérée par les autorités tsaristes consistait en conférences, limitées toutefois aux problèm es du jo u r, que fréq uen tait un public m ultiple et que l’on discutait ensuite dans la presse. C ’est à l’occasion de telles confé­ rences que Sienkiewicz a évoqué le naturalism e et Zola, lui co ncéd ant un talent sûr, m ais dévoyé p a r une d octrine erronnée. Sienkiewicz considérait que la doctrin e naturaliste, p ar son déter­ m inism e historique et son pessim ism e p ro fond , était, fort d an ­ gereuse p o u r une natio n qui, pliée sous le jo u g de l’ennem i, néces­ sitait réconfort et encouragem ent dans sa lutte p o u r la subsistance. Les conférences de Sienkiewicz co n n u ren t d ’im p ortantes répercus­ sions dans la presse.

Parm i les form es non-institutionnalisées de la vie littéraire en Pologne il fau t citer les réunions qui se tenaient sporadiquem ent dan s les salles de rédaction de la presse ou dans des locaux voisins. Les réunions de l’h ebdom adaire varsovien „W ędrow iec” o n t joui d ’une grande célébrité dans le milieu intellectuel et artistique. A vant de devenir un périodique littéraire où tro u v èren t abri les défenseurs de l’a rt nouveau et de la littératu re nouvelle, il m enait longtem ps une vie paisible de « m agazine géographique ». L a situation changea dès que le littérateu r A rtu r G ruszecki l’acheta et prit les affaires en m ain. Les jeunes artistes, ils avaient environ dix ans de m oins que O rzeszkow a et P rus déjà connus du public, s’insurgeaient contre les oeuvres et le p rogram m e esthétique de leurs aînés. P o ur to u t

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dire, ils voulaient renouveler la littératu re, la libérer des préjugés et des idées périmées. M algré l’attitu d e peu encourageante du groupe, Prus s’est beaucoup intéressé à ce program m e. Evidem m ent, l’atten tio n de la p art d ’un écrivain déjà estim é du public, n ’a fait q u ’affirm er l’au to rité du groupe. D ’un au tre côté, les polém iques q u ’initiait le groupe soit dans les salles de réd actio n de la revue, soit dans les cafés voisins, les articles sur la littératu re et la peinture que do n n ait le „W ędrow iec” o n t, à leur to u r, m arq ué les conceptions de Prus: après un cuisant échec d ans le journalism e, n otre fameux rom ancier va form uler sa p ropre théorie du rom an et la m ettre en oeuvre.

Les articles du „W ędrow iec” , su rto u t les essais extrêm em ent intelligents et perspicaces de Sygietyński sur les rom anciers français contem p orains (F laubert, les G o n c o u rt, Z ola et D au det) o n t ceci de particulier q u ’ils étaient des m anifestes par « interposition ». D ans son analyse de la technique rom anesque de F laubert, exécutée avec une m aîtrise presque française, Sygietyński définit le rom ancier m odèle q u ’il désirait p o u r la littératu re polonaise. F laub ert fut, p ou r le critique, le m aître incontesté, la véritable idole; il analysa en détail tou s ses rom ans afin de m on trer aux rom anciers polonais com m ent il fallait concevoir et exploiter le travail de docum en tatio n. Zola, les G o n co u rt et D au d et ne lui o n t pas plu, m ais, p a r esprit de solidarité, il les a loués. D ans un article, N asz ruch powieściowy (Le mouvement ro­ manesque en Pologne), il a m êm e projeté d ’assainir le ro m an polonais à l’aide de la recette naturaliste. Stanisław W itkiewicz a su rto u t prêté sa plum e aux problèm es picturaux, m ais ses conclusions atteignaient un tel degré de généralité q u ’elles restaient valables m êm e p o ur le rom an. Parm i les co llab o rateu rs du „W ędrow iec” il faut co m pter aussi A d o lf D ygasiński, d o n t j ’ai déjà dit quelques m ots, au teu r de nouvelles et de rom ans, consacrés à la vie des an im aux: Z ając, Co się dzieje w gniazdach (Le Lièvre, Ce qui se passe dans les nids). D ans ce dom aine il eut p o u r p a tro n D arw in et les grands natu ralistes de l’époque. Q u an t à ses rom ans év oqu an t la condition hum aine (p.ex. Na warszawskim bruku — Sur le pavé de Varsovie), ils ne brillent guère ni p ar la com position, ni p ar la pensée, étan t tro p directem ent inspirés du naturalism e français et su rto u t de la théorie de l’hérédité de Zola.

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Le N a tu ra lism e 85 natu ralistes influencés p ar l’oeuvre de Z ola G abriela Z apolska. A l’en croire, elle au rait connu Z ola personellem ent lors de son séjour de plusieurs années à Paris où elle jo u a it au T héâtre Libre d ’A ntoine.

D. N atu ralism e et différents form es de censure et de pression de l’o pinion publique (procès en justice, scandales littéraires, etc.).

Les textes des deux générations n aturalistes citées plus hau t ont été si souvent m utilés p ar la censure q u ’il est presque im possible a u jo u rd ’hui d ’en déceler les causes exactes, d ’au ta n t plus que les censeurs n ’étaient pas tenus de justifier leurs décisions. Q uoique je ne dispose pas de données suffisantes, je me hasarderai à avancer que les censeurs tsaristes, obnibulés p ar « la question polonaise», « le problèm e politique » et les allusions politiques, ne prêtaient aucune a tten tio n à la description des m oeurs que chariaient les oeuvres naturalistes. M ais Germinal, d o n t la publication fut interrom pue, fait exception à la règle.

E. Diffusion du naturalism e à l’échelle n atio nale: « m a n ife ste s» théoriques, rôle de la critique.

Le naturalism e français a déclenché de vives polém iques: d ’abo rd une grande bataille critique s’engagea à la suite de la fortune européenne de Z ola, initiée p ar la fam euse conférence de H. Sien- kiewicz à Varsovie. M êm e ceux qui appréciaient l’audace de Zola, le souci de vérité de ses rom ans, le tro uvaien t dangereux p our les lecteurs polonais. N éanm oins l’on dénom bre deux opinions favorables: la prem ière, ém an an t, de B. Prus, saluait en Zola, m algré une certaine répugnance à l’égard de son art, l’artiste exprim ant les nouvelles forces sociales, dépeignant la puissance des masses. La deuxième, venant du grand sociologue L. Krzywicki, adm irait le peintre de la civilisation m oderne, l’H om ère aveugle terrifié par les m écanism es hostiles de la société industrielle. M algré tout, la théorie artistique du naturalism e a accéléré la cristallisation de la doctrine polonaise. Les rom anciers et critiques polonais lui em p run tèrent les postulats suivants:

a) la nécessité, p o u r to u t écrivain désireux d ’être de son tem ps, de s’appuyer sur des assises scientifiques;

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c) l’objectivité de l’écrivain et les techniques rom anesques qui lui sont liées;

d) l’obligation de vérité au nom de la m orale. M ais les écrivains polonais o n t rejeté:

a) le m atérialism e philosoph ique qui fut la pierre angulaire de l’esthétique de Z o la;

b) la théorie du ro m an expérim ental, d o n t la possibilité m êm e fut parfois niée;

c) l’indifférentism e politique de l’écrivain qui, selon la d octrin e n a tu ­ raliste, devait se trouv er au-dessus de la mêlée, les P olonais, au contraire, préférant se situer dedans.

6. Diffusion du naturalisme à l ’échelle internationale

A. M édiateurs du n aturalism e: écrivains résidant à l’étrang er, tr a ­ ducteurs, jo urnalistes. Im po rtan ce de quelques grandes revues à a u ­ dience internatio nale („R evue des Deux M o nd es”, „Q u arterly R e­ view”, „D eutsche R u n d sch au ”).

J ’ai déjà évoqué deux écrivains polonais qui o n t séjourné à P aris: Sygietynski et Z apolska. C ’est su rto u t Sygietynski qui fréq u en tait le milieu littéraire et artistique du Paris n aturaliste, et to u t co nco urt à faire croire q u ’il connaissait les revues littéraires françaises et belges. M alheureusem ent, nous ne disposons d ’aucun renseignem ent q u an t à ses relations personnelles. Z apo lska se v an tait d ’avoir fait connaissance de Z ola, m ais il faut envisager ses d éclaratio ns avec prudence. O utre ces auteurs, il y avait à P aris bo n n om b re de co rresp o n d an ts de la presse polonaise qui tenaient leur public au co u ran t de la vie littéraire française, les scandales y com pris.

Les trad u ctio n s ne co n trib u èren t que dans une infime p artie à la fortune du naturalism e, car les intellectuels polonais savaient le fra n ­ çais et lisaient les textes dans l’original. Faites en hâte, le plus so u ­ vent p ar des am ateurs anonym es et peu com pétents, su rto u t p o u r ce qui est des rom an s, elles représentaient néanm oins une p a rt relativem ent im p o rtan te p ar ra p p o rt à l’ensem ble des tradu ctio ns.

O n ne p eu t négliger non plus le rôle vulgarisateur de la presse russe et allem ande. C ’est grâce à la revue „Le M essager de l’E u ro p e” , qui a publié, à p a rtir de 1876, les essais, contes et ro m an s de Z ola,

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L e N a tu ra lism e 87 que le public polonais a pris connaissance du m ouvem ent naturaliste. Les recherches p o rta n t sur l’influence que subissait Varsovie à la fois du côté de Paris et de S aint-P étersbourg o n t été déjà achevées; il reste encore à faire un travail analogue sur la presse de langue allem ande dans les deux autres parties annexées de la Pologne; il en est de m êm e p o u r la presse française, la „R evue des Deux M ond es” no tam m ent.

B. D éveloppem ent du copyright et du co n trô le des trad ucteurs: recherches sur le com m erce in tern a tio n al du livre.

Il est de notoriété publique que la R ussie n ’a pris p art à aucune convention internationale sur les d ro its d ’auteurs, ce qui lui perm it de trad u ire tous les chefs-d’oeuvre de la littératu re européenne sans se préoccuper ni d ’h o noraires ni d ’au to risatio n s. La presse et les m aisons d ’édition polonaises o n t souvent profité de cette situation p o u r publier gratu item en t les m eilleurs ouvrages. Il en était sans doute au trem en t dans les territoires annexés p ar les puissances de langue allem ande, m ais là aussi nous m an q u o n s de données.

C. Elargissem ent des contacts personnels en tre écrivains à l’échelle internatio nale: expositions universelles, associations internation ales des écrivains, congrès.

Les écrivains polonais n ’avaient aucune possibilité de p rendre p art à la vie littéraire à l’échelle in tern atio n ale com m e leurs collègues des autres pays. Les écrivains polonais célèbres étaient parfois invités à l’étranger à titre privé, en q u alité d ’hôtes dans les congrès; toutefois de tels con tacts étaient exceptionnels, et le problèm e atten d toujou rs ses chercheurs.

D. E tude de la fo rtu ne à l’échelle in tern ation ale des littératu res n a ­ turalistes particulières à p a rtir des oeuvres les plus m arquantes.

C ette étude est faite p o u r Z ola (J. K ulczycka-Saloni, Literatura polska okresu 1876 — 1902 a inspiracja Em ila Z o li — La Littérature polonaise de la période 1876— 1902 et l ’inspiration de Zola). M ais elle

reste à faire p o u r :

a) les au tres naturalistes français, et en p articu lier F laubert, D aud et, M au p assan t;

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b) les littératures Scandinaves qui ont connu en Pologne une grande vogue et un succès durable;

c) le théâtre naturaliste allem and qui m arq ua profon dém en t le théâtre polonais.

II

7. L ’esthétique naturaliste: ses principes de base et postulats. Esthétique naturaliste et tradition littéraire.

Relations entre naturalisme

et autres mouvements littéraires contemporains ou postérieurs ( décadence, symbolisme, modernisme, expressionnisme et autres,

selon la perspective des différentes littératures nationales)

J ’ai déjà traité la question de l’esthétique naturaliste (cf. p o in t 5). J ’en ai ainsi d ém ontré le caractère an ti-ro m antiqu e. P ar contre, ce qui reste à élaborer, ce sont les problèm es des co u ran ts littéraires contem porains ou postérieurs.

8. Le naturalisme et les beaux-arts contemporains (arts plastiques, musique) ;

contacts personnels, interdépendances esthétiques

C hez nous, de m êm e q u ’en France, les relations entre les écrivains et les peintres étaient très étroites (je ne saurais me p ro no ncer sur l’influence de la m usique naturaliste), m ais en revanche c ’est le milieu littéraire qui prenait le pas sur le milieu artistique. A l’époque du „W ędrow iec” il y a eu entre les deux milieux une co llab o ratio n fructueuse, dans laquelle la critique et les réalisations artistiques des peintres on t tenu le rôle de stim ulants. O n co n n aît a u jo u rd ’hui le côté anecdotique de l’histoire, m ais des recherches systém atiques et approfondies s’im posent.

D ans les rem arques qui suivent je devrai me borner à rappeler les faits essentiels, c ’est-à-dire l’intérêt que p o rtait P rus à la nouvelle peinture. J ’ai n otam m ent à l’esprit les adm irables analyses q u ’il a données des tableaux de G ierym ski, pénétrés d ’authenticité grâce à la présence insistante des m enus détails de la vie quotidienne.

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L e N a tu ra lism e 89 W itkiewicz, qui a été lui-m êm e peintre et critique d ’art, a souligné de sa p a rt l’im portance de l’oeuvre de M ickiewicz p o u r la civilisation polonaise du X IX e s. où il décelé les signes avant-coureurs de l’art m oderne, p.ex. le caractère im pressioniste des descriptions de la natu re dans Pan Tadeusz (M onsieur Thadée).

III

9. Thèmes principaux du naturalisme et leurs liens avec les problèmes socio-politiques du m om ent

Les rom anciers naturalistes ne sont attachés au thèm e de la vie des paysans, m ettan t su rto u t en relief les conditions de vie des paysans pauvres, des sans-terre. Ils étudièren t égalem ent l’existence m isérable des h ab itan ts des petites villes de province, la vie dans les grandes villes (ils choisissaient d ’h ab itu d e V arsovie, parfois Ł ódź ou Lvov) avec ses m écanism es d ’opp ressio n q u ’engendrait le m ode de pro d u ctio n capitaliste, la situ ation des m ineurs et des ouvriers, les théâtres et la bohèm e, les milieux juifs de V arsovie et des petites villes de province. Ainsi, les rom anciers naturalistes o n t dépeint toutes les couches de la société polonaise, y com pris celle des riches. Il va sans dire q u ’ils ne cachaient pas leur pro fo nd e ré p ro b atio n à l’égard de cette dernière en la tra ita n t sur le m ode satirique.

10. Problèmes de fo rm e et d ’écriture

A. R echerche d ’une nouvelle expression dans la prose n arrativ e; développem ent de nouvelles form es de techniques n arratives: problèm e de style (« écriture artiste », style indirect libre, etc.). La p art du naturalism e dans le développem ent du ro m an populaire.

La prem ière place dan s la p ra tiq u e des écrivains naturalistes re­ vient chronologiqu em ent au conte, au récit et à la nouvelle. Les courtes form es narratives o n t été p o u r la p lu p art des écrivains de l’époque des essais d ’appren ti. L ’extrêm e profusion de ces genres a m êm e fait p arler les critiques de désastre national, de déluge, qui subm ergeraient la littératu re nationale. On se m oqu ait des contes bâtis sur le schém a de la fille séduite et aband on née qui som bre

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peu à peu dans la déchéance. Ce n ’est q u ’un peu plus tard , qu an d les écrivains au ro n t acquis l’expérience nécessaire p o u r construire un long texte narratif, que le ro m an naturaliste pren d ra sa form e définitive. Ils usèrent ainsi des possibilités q u ’ou vrait ce m oyen d ’expression p o u r étudier les différents milieux sociaux et les m éca­ nismes qui sous-tendent le fonctionnem ent des sociétés et des nations. P our l’instant, ce n ’est que le problèm e des form es littéraires qui a été élaboré. T o u t le reste est encore à faire.

B. La poésie d ’inspiration naturaliste.

Parallèlem ent aux oeuvres en prose, les oeuvres poétiques exploi­ tèrent égalem ent la veine n aturaliste. La m isère des classes o p p ri­ mées, la déchéance des femm es séduites, la situation tragique des chôm eurs et des enfants m o u ran t de faim dans la rue — tels on t été les thèm es dom inants. Les « tableaux » en vers (obrazek en polonais) de M aria K o n op nicka sont m êm e devenus un modèle du genre: l’image des classes opprim ées et de la société polonaise a p p a ra ît égalem ent chez certains poètes m ineurs, considérés com m e im itateurs et continuateurs de K onopnicka. D ans la génération de la Jeune Pologne il faut relever les débuts poétiques du fameux sym boliste Ja n K asprow icz qui dépeignait avec une audace ju s q u ’alors inconnue la vie des paysans.

C. Le dram e naturaliste ( théories et réalisations). Le rôle du naturalism e dans l’évolution du th éâtre à la fin du X IX e et au début du X X e s. Le naturalism e et le théâtre populaire. A d ap tatio n s théâtrales des oeuvres naturalistes.

N ous touchons là un problèm e com plexe qui devra être étudié séparém ent p o u r chacune des parties annexées de la Pologne. En ce qui concerne les territoires sous d om inatio n russe, pour peu que les auto rités tsaristes, qui m aintenaient une censure sévère, aient traité le théâtre réaliste et naturaliste avec m oins de rigueur que le répertoire rom antique et les grandes oeuvres du th éâtre m ondial, les pièces naturalistes de valeur étaient jouées p lu tô t p ar les petits théâtres privés que sur les scènes officielles, et la vie théâtrale était loin d ’être florissante. P ar contre, l’époque n aturaliste coïncide avec l’apogée du théâtre p o u r les territoires occupés par l’A utriche, et no tam m ent p o u r C racovie et p o u r Lvov où furent mis en scène les dram es naturalistes Scandinaves et allem ands. En général, bien

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Le N atu ralism e

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q ue le développem ent du naturalism e fût plus ta rd if dans le dom aine du th éâtre que dans celui de la prose narrative, on peut se hasarder à dire que ce c o u ra n t a m arqué le répertoire théâtral polonais de m anière presque aussi durable que les m ouvem ents idéalistes et n éo­ rom an tiq u es, ce que confirm e la fortune des oeuvres de Z apolska, de R ittn er et de Perzyński.

Le théâtre populaire a souvent inséré avec succès dans son réper­ to ire les ad a p ta tio n s théâtrales des ro m ans en vogue, tels, o utre les ro m an s historiques de Sienkiewicz, les chefs-d'oeuvre naturalistes de P rus et de O rzeszkow a.

D. N aturalism e et ciném a.

Il faut envisager deux problèm es distincts: d 'u n e p art — l’a d a p ta ­ tion des oeuvres naturalistes (Prus, R eym ont, Żerom ski) à l'écran; d 'a u tre p art — la tran sposition de la m éthode naturaliste à l'art ciném atograph ique. U ne réponse exhaustive à ces problèm es dem ande évidem m ent le co ncours d ’un historien du ciném a.

IV

11. Pari du naturalisme dans la form ation des courants esthétiques au X X s. Vitalité de la tradition naturaliste

La com plexité de ce problèm e est bien rendue p ar la form ule de K. W yka, un de nos grands critiques littéraires, qui traitait le n aturalism e de « com pagnon fidèle du m odernism e polonais ». A m on avis, cette expression peut s'appliqu er à toute la littératu re polonaise p o st-naturaliste. En effet, on retrouve le naturalism e à peu près p a rto u t, chez K aden-B androw ski, W itkacy, Leśm ian etc., mais il revêt à chaque fois des form es si variées et si m ultiples q u ’il ne serait pas h o rs de p ro p o s de lui appliquer le term e de « naturalism e dénaturalisé ».

12. Place accordée au naturalisme dans les histoires littéraires de différents pays

M alheureusem ent, les ouvrages sont peu nom breux et déjà périmés. Le naturalism e n ’occupe pas la place q u ’il m érite à la lueur des

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92 Janina K u lc zy c k a -S a lo n i

récents acquis de la science. Je caresse l’espoir que l’ouvrage sur l’histoire de la littérature natu raliste, en voie d ’élabo ration , rétablira le naturalism e dans ses droits.

13. Intérêt pour la problém atique du naturalisme dans les études littéraires après 1945

De 1945 à 1954 le natu ralism e ne fut considéré en P ologne que com m e sym ptôm e d ’une société m alade et to u ch an t à sa fin. En 1954, au term e d ’une vive discussion, on l’adm it d an s les rangs des couran ts littéraires de l’histoire de la littératu re européenne, reconnaissant q u ’il co n titu ait à la fois l’apogée du réalism e et d ’état germ inatif des co u ran ts anti-réalistes et anti-naturalistes. T o u te ­ fois, après cette brève éclaircie, on le traite a u jo u rd ’hui ju s q u ’avec indifférence: en fait foi le peu d ’intérêt que lui tém oignent les recherches littéraires, l’enseignem ent secondaire et l’enseignem ent supérieur.

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