• Nie Znaleziono Wyników

Les initiatives inquiétantes de la biomédecine dans le domaine de la naissance de la vie humaine

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Share "Les initiatives inquiétantes de la biomédecine dans le domaine de la naissance de la vie humaine"

Copied!
20
0
0

Pełen tekst

(1)

Stanisław Olejnik

Les initiatives inquiétantes de la

biomédecine dans le domaine de la

naissance de la vie humaine

Collectanea Theologica 54/Fasciculus specialis, 137-155

(2)

C ollectanea T heologica 54 (1984) fasc. specialis

LES INITIATIVES INQUIÉTANTES DE LA BIOMÉDECINE DANS LE DOMAINE DE LA NAISSANCE

DE LA VIE HUMAINE

Il s'agit dans cet article1 de p o rter un jugem ent m oral sur le type de tentatives de la m édecine expérim entale contem poraine dont le résu ltat peut être, bien qu'il ne le doive pas nécessairem ent, la naissance d'une nouvelle vie d'une m anière artificielle, c.à.d. qui n'a pas lieu dans la nature, q u ’on ne rencontre pas en dehors de l'ingérence de la biom édecine (biologistes et médecins). Nous es­ saierons de po rter un jugem ent non selon l'ém otion, mais autant que possible selon la raison, c.à.d. en exam inant la n atu re des ini­ tiatives biom édicales entreprises en ce domaine. L'acuité du pro­ blème apparaîtra d ’ailleurs au cours des recherches prévues, quand le phénom ène de ces initiatives aura déjà été esquissé.

1. Les initiatives de recherche scientifique

La m édecine contem poraine, du moins sur un certain terrain de ses activités, fait des expériences. Des expériences au sens le plus strict du mot, c.à.d. elle entreprend des recherches scientifiques, contrôlées m éthodiquem ent, dans des conditions créées (différen­ tes) pour des fins directem ent expérim entales. L'objet de ces expé­ riences peut être divers. Un des objets est le com mencement de la vie hum aine elle-même, la naissance dans le sein de la m ère et en dehors de ce sein.

Les recherches expérim entales aujourd'hui, et non sans raison, sont reconnues comme indispensables au progrès de la science en général, et de la biologie et de la m édecine en particulier. Ce sont elles qui, dans une grande m esure, ont contribué à bien des réalisa­ tions dans la vie de l'hum anité, comme p.ex. la disparition des m a­ ladies épidémiques, la dim inution d'autres, une dim inuation im por­ tan te de la mort infantile, une prolongation notable de la moyenne de la vie hum aine et bien d'autres. Il est difficile de se représenter quel serait l’é tat de la m édecine si on y abandonnait l'application des m éthodes expérim entales modernes.

STANISŁAW OLEJNIK, W ARSZAW A

1 Cet article est un ex p o sé un peu élargi fait par l ’auteur à l'A cadém ie de T h éologie C atholique à V a rso v ie le 13. 4. 1983 dans le cadre du sym posium in­ ternational sur La bioéthique. Le progr ès de la science et le bien de l'homme.

(3)

La situation est moins favorable quand l'expérience prend en quelque so rte une valeur en quelque so rte indépendante ou est subordonnée à d 'au tres buts que le bien de l'homme qui est son objet. Elle est alors une alternative p ire que le renoncem ent total aux expériences scientifiques. Dans ce dern ier cas, en effet, il reste un m oyen actuel appréciable, à savoir l'observation des phénom è­ nes de la nature, observation contrôlée m éthodiquem ent et aidée d'instrum ents d'observation rem arquables à l'h eu re actuelle.

Dans certains m ilieux de savants et dans une large opinion publique fonctionne encore le m ythe, qui a vraisem blablem ent pris naissance à la R enaissance et a été affermi au XIXe s., qui veut que la science (au même titre que l’a rt ou la politique), n'adm et aucune lim itation éthique. C 'est même la science, si l'o n en croit l'optim is­ me sans critique de ces milieux, qui doit établir les norm es éthiques ou du moins inspirer les directions essentielles de l'activité h u ­ maine. Il faut donc, à en croire ces milieux, reje ter toutes les limi­ tations légales ou au moins m orales de la liberté de recherches et d'expériences2.

C ependant depuis les dernières décades, dans les m ilieux qui pensent, se développe un regard réaliste sur les relations entre le développem ent de la science et le développem ent technique qui le suit d'une p art, et le bien de l'homme, le v éritab le bien. L'optimisme en cette m atière a été ébranlé. On re je tte comme un préjugé la thèse qui dit que la croissance qu antitativ e de la connaissance du monde et de l'hom me g aran tit en quelque so rte autom atiquem ent la croissance de l'hum anité, élève le niveau, la qualité de la vie et possède une valeu r qui rend heu reu x3. La deuxièm e g uerre m on­ diale et d u ran t celle-ci la science au service des assassins hitlé­ riens de populations entières ont largem ent contribué à ébranler ce préjugé optim iste en ce qui concerne la valeu r éthique de la science et du progrès. Et aujourd'hui opère dans la même direction la perspective de nouveaux moyens „scientifiques" d'exterm ination m assive et les m enaces écologiques liées le plus fortem ent, comme le dém ontrent d'une m anière convaincante les „Rapports de Ro­ me", avec le développem ent de la science et le progrès technique4. 2 Cf. Cz. S t r z e s z e w s k i , Postęp te ch n iczn y a p o s t ę p m o r a ln y : kore lacja

c z y p rz e c iw s ta w i e n ie (Progrès technique et progrès moral: corrélation ou oppo­

sition). Z eszyty N auk. KUL 15 (1972) fase. 4, 35— 44; cf aussi le n° 110 de C onci­ lium (1975).

2 Cf. Z. J. Z d y b i с к a, P e s y m i s t y c z n e c z y o p t y m i s t y c z n e p e r s p e k t y w y

cz ł o w i e k a (Perspectives pessim istes ou optim istes de l'homme) dans: W nurcie za gadnień p o s o b o r o w y c h , t. Ill, op. collect., W arszaw a 1971, pp. 93>—115.

4 Cf. W. W i e c z o r e k , Ponowne ostrzeżen ie c z y l i II Raport Klubu R zy m ­

sk i e g o (N ouvel avertissem ent ou le IIe Rapport du Club de Rome) W ięź 18(1975)

n° 3, 4— 14; K. P o m i a n , Ekologiczne b ariery c y w il iz a c j i (Les barrières éco­ logiq u es de la civilisation ), ibid. 19(1976) n° 3, 20— 40.

(4)

LES INITIATIVES INQUIÉTANTES 139

C 'est à la lum ière de ces faits qu'il faut situer les expériences biom édicales contem poraines dans le dom aine de la naissance de la vie humaine. Elles consistent essentiellem ent à unir, en dehors de l'organe génital de la femme, dans un incubateur, des gamètes, c.à.d. des élém ents g én érateurs de l'hom me et de la femme, ensuite à cultiver l'em bryon le plus longtemps possible, et donc le foetus, pour l'observer dans son développem ent „naturel" ou le développe­ m ent de différentes m anières stimulé. N ous ne prenons pas en con­ sidération ici les interventions de l'insém ination artificielle dans le sein de la femme, car elles ne créent pas de problèm e aussi difficile du point de vue moral. Et nous reportons à une p artie suivante la considération de ce problèm e de la fécondation in vitro, entreprise pour assu rer la descendance. Nous prenons donc d'abord en consi­ dération les initiatives biom édicales qui ont des buts exclusivem ent de recherche scientifique. Ces interventions de la biom édecine contem poraine seront l'objet du jugem ent moral.

Mais le m oraliste en général, et le m oraliste chrétien en p ar­ ticulier, peuvent-ils se sentir com pétents à apprécier ces initiatives? Oui, semble-t-il. D 'ailleurs, les expériences de ce qenre, au sujet desquelles les inform ations sont fournies à to u t le m onde par les mass média sont égalem ent l'objet d'une large appréciation. Les connaissances professionnelles et la réflexion dénuée de passion du m oraliste „professionnel" donnent la garantie d'un jugem ent objec­ tif et suffisamm ent rationnel.

Il en va autrem ent avec les professionnels du dom aine de la biomédecine. Ils sont p eut-être les moins propres à donner un juge­ ment m oral sur les interventions en question. Car, même s'ils con­ naissent le m ieux leur „technique", ils peuvent se m ontrer en quelque sorte „professionnellem ent" incapables de p ren d re une p o ­ sition tout à fait différente, en somme dom inante, non „découpée" mais „globale" nécessaire pour pouvoir apprécier m oralem ent les activités hum aines quelles q u ’elles soient. N ous ne voulons pas dé­ velopper ici ce point, mais bien des penseurs exprim ent leur con­ viction que les sciences spéciales, donnant beaucoup de connais­ sances découpées même exactes en ce qui concerne l'homme, nous éloignent de sa connaissance globale, de la vision de sa nature.

L'autonom isation des expériences biom édicales dans le secteur précisé éveille une grande inquiétude chez bien des personnes qui refléchissent, même des rep résentan ts de la biom édecine. Les gens qui sont en dehors du groupe des chercheurs sont inquiets en ce qui concerne la suite des initiatives et des résultats éventuels en cette m atière. Q uant aux savants spécialistes ils exprim ent la crain­ te provoquée par la faiblesse m orale des chercheurs, par la force toute-puissante de leur passion de chercheurs et aussi par l'in ­

(5)

certitude sur la fin recherchée et les résu ltats que peuvent apporter les recherches en trep rises5.

Les représentan ts de ce ty p e d ’ingérence de la biom édecine dans la vie naissante défendent leurs en trep rises en général en disant que les abus constatés ici, comme dans to u te activité h u ­ maine, ne peuvent pas préju ger du caractère m oral de l'activité elle-même. Il y aurait abus si celui qui fait l'expérience causait un dommage à q uelqu'un (p.ex. à la femme dont l'ovulation est com­ prise dans l'expérience). La recherche elle-même, qui ne cause aucun dommage à personne, recherche des processus naturels en ce qui concerne la vie humaine, indépendam m ent de l'application d'instrum ents e t de méthodes, dans ce cas trè s spécialisés, ne saurait être considérée p ar des esprits éclairés comme un mal ou un péché.

Il est v rai que l'observation des processus natu rels intervenant dans la n atu re n 'est pas m auvaise, bien que certaines interventions de ce genre suscitent une inquiétude im portante p ar suite des con­ séquences m auvaises ou dangereuses prévues. L'homme p ourtant ne se laisse pas enferm er dans le cadre de la n atu re qui l’entoure, et il ne le faut pas. Mais les dommages qu'on peut lui faire sont multiples. Ils ne se lim itent pas aux dommages de natu re vitale, et donc touchant à la vie et à la santé du corps.

Les expériences scientifiques dont l'hom m e est l'objet doivent être entourées de tout un ensem ble d'exigences et de restrictions. Celles-ci sont im posées tout sim plem ent p ar la considération de l'homme, de sa diginité, de sa position sup érieu re par rapport au monde. L'homme ne d ev rait pas être traité comme un simple objet d’expérience. Il n 'est pas seulem ent un anim al hautem ent organisé; il est un être corporel et spirituel doté de la richesse de valeurs supravitales. Il est un m onde sui generis, pour lui-même, un m onde qui a sa vitalité spécifique propre. Il faut respecter en lui des élé­ ments comme le sentim ent de pudeur, la discrétion, dans les affaires reconnues comme intimes, et avant tou t la liberté interne, c.à.d. la liberté de décision appuyée sur une pleine conscience.

Ces exigences élém entaires, sem blerait-il, posées aux rep résen ­ tants de la m éthode expérim entale ne sont pas toujours appréciées par eux à leur ju ste valeur. C ouvant des yeu x leur but que sont les résultats espérés, certains d 'en tre eux sont prêts à presque tout. Dans leurs recherches et leurs expériences concernant le début de la vie, dans le sein de la m ère ou in vitro, ils ne tien nen t pas comp­ te, parfois, de la dignité de la personne. Ils abaissent l'objet de leurs observations au niveau de la chose ou de la bête, au niveau du cobaye que l'on peut m anipuler à volonté.

Il y a ici un grand danger de faire du m ot progrès, de la pensée 5 Cf. J. B o g u s z , Lek arz i jeg o c h o r z y (Le m édecin et ses m alades) Kra­ ków (1979), pp. 62—69.

(6)

LES i n i t i a t i v e s i n q u i é t a n t e s 141

du développem ent de la science m édicale une idole à laquelle on fait le sacrifice d'un homme réel. Le danger est grand en proportion de l'espoir que suscitent les expériences déjà faites. On sait qu'il s'agit ici d'une chose qui n 'est pas une bagatelle: il s'agit de la découverte des lois du développem ent norm al de l'em bryon humain, et dans une perspective plus lointaine, de l'élargissem ent de la pos­ sibilité de la thérapie, c.à.d. du traitem ent des maladies. Plus d'une fois dans les discussions est avancée la perspective suivante: il faut connaître les différents facteurs, exogènes et endogènes, qui ma· nacent la vie et le développem ent regulier de l'em bryon et du foetus pour pouvoir à l'av en ir ingérer préventivem ent ou th érap eu tiq u e­ m ent et donc défendre et guérir.

Il serait difficile de nier la m otivation et même la sublim ité de ces buts. Mais il ne faut pas chercher à les attein d re à to u t prix, au prix trop fort q u ’est la personne hum aine, l’homme réel qui est l'objet des recherches scientifiques. La fin ne justifie pas les moyens, la m orale chrétienne l'a toujours dit. Et aujourd'hui, en compagnie des hérauts de la m orale et de la m édecine hum aniste elle prend la défense de la prim auté de la personne. Elle proclam e que la p er­ sonne est la fin et ne doit jam ais être traitée comme un moyen; tout le reste doit lui être subordonné.

2. Le problèm e-clé du début de la vie

A un moment précis, les recherches et les expériences biom é­ dicales concernent la vie naissante et p ren n en t u ne autre expres­ sion. Q uand on les expose et les juge intervient un élém ent nouveau qui est la vie naissante, ou plus exactem ent un nouvel homme.

Il existe actuellem ent beaucoup de pays ay an t un droit formel e t des sanctions pénales qui interdisent les expériences faites sur les hommes sans resp ecter des conditions précises, en particulier quand on n'a pas donné un accord conscient et libre. Par contre, il n 'y a pas d'interdiction de faire des expériences sur une cellule hum aine vivante. On fait donc des expériences sur des gam ètes humains, même après leur fécondation. On oublie alors un fait es­ sentiel: la naissance d'une nouvelle vie hum aine. On parle alors dans certains cercles de savants, de la „cellule" hum aine, même si ce germe de vie hum aine se compse déjà de centaines ou de milliers de cellules. Les expérim entateurs et leurs défenseurs s'ef­ forcent de tro u v er des raisons pour déplacer le plus loin possible la naissance de l'homme. Ils réussissent souvent pour la raison que toute l'affaire n'est ni évidente ni simple.

Il n'est pas facile de tra c er avec précision, au sens de la cer­ titude scientifique, le début de la vie de l'homme, c.à.d. de la p e r­ sonne concrète. C 'est un problèm e sur lequel on discute depuis bien des années, à toutes les réunions scientifiques et même à des con­

(7)

grès in ternationaux de biologistes et de m édecins, ou même à des congrès interdisciplinaires, en présence de philosophes, juristes et théologiens.

Beaucoup de scientifiques contem porains, se référant à des prém isses très sérieuses qu'on ne sau rait p ren d re à la légère adm et­ tent le fait de la fécondation comme le début de l’homme, comme le mom ent initial de la vie hum aine et du processus de développe­ ment de cette vie. Il s'agit de l'union des élém ents générateurs m as­ culins et féminins, c.à.d. des gam ètes en zygote, ou en d 'autres mots de la pénétratio n du zoosperm e (des zoosperm esj à l'in térieu r de l'ovule féminin. L'em bryon issu de cette union peut et doit être re­ connu comme un nouvel homme, comme un individu hum ain nou­ veau n é6.

En faveur de ce jugem ent m ilite le fait fondam ental constaté d ’une m anière certain e p ar la science que la personne hum aine, dans une grande m esure, et même dans une m esure essentielle, dans la totalité de sa vie te rre stre est définie sur sa voie génétique par le code génétique qui em brasse l'ensem ble defini de gènes, c.à.d. les débuts des traits som ato-psychiques. O r le ty p e génétique d'un individu, et donc différentes com binaisons de traits héréditaires est définitivem ent déterm iné dans le bref processus de l'échange des chromosom es dans l'acte de la conception, c.à.d. au m om ent de l'union du gam ète féminin avec le gam ète (les gamètes) masculin. C 'est alors qu'est, en un sens non déterm iniste, fixée la voie du développem ent de l'hom me, développem ent qui se réalisera durant la vie. Ce fait indiscutable et d'im portance essentielle fait que bien des gens qui le connaissent, reconnaissent dans l'acte de féconda­ tion le début de l'homme, le point initial de sa v ie sur terre.

Il existe cependant un groupe de chercheurs qui voient ce début non dans la fécondation du gam ète féminin, m ais dans l’installation du zygote dans la m atrice7. Ceci se passe quelques jo urs après les relations sexuelles. Il faut rem arquer ici que fécondé d'ordinaire dans la trom pe le zygote voyage vers la m atrice. A l’in térieur in­ terviennent de vifs processus de développem ent (d'une seule cellule initiale se développent, paraît-il, 100 cellules en 5 jours). Et durant ce tem ps in terv ien t en quelque sorte ,,l'em prisonnem ent'' du zygote qui se déplaçait: il s'installe dans la paroi de la m atrice. Ce fait doit être, selon le point de vue relaté, le début d e la vie d'un nouvel homme.

8 Cf. A. F a l l e r , Der Beginn menschlichen Lebens und se iner Individ ua­

lität, Arzt und Christ 27(1981), fase. 2, 73—75; Schutz des Embryons, ibid. 29

(1983) fase. 1, 37— 39.

7 Cf. W. R u f f , Individualität und Personalität im em bryon alen W erden, Zeitschrift für T h eologie und Philosophie 45(1970) 24— 59; i d., Die M en sch werd­

ung menschlichen Lebens. Anth ropologis che Reilexio n über die In divid ualentw ic ­ klung, Arzt und Christ 17(1971) n° 1, 129— 138.

(8)

LES IN ITIATIVES INQUIÉTANTES 143

Ce fait, il faut le reconnaître, a une grande im portance, im por­ tance même essentielle, au plan de la naissance de la v ie humaine. L'installation du zygote dans la paroi de la m atrice crée à l'em bryon un milieu qui lui perm et de v iv re et de se développer pendant plu­ sieurs mois ju sq u 'au m om ent de la „venue au monde" ou de l'a c­ couchement. In terv ien t l'o u v ertu re pour l'em bryon du systèm e circulatoire de la m ère; p ar là il est rendu possible à l’organism e naissant d'assurer de nouvelles fonctions vitales (successives avec le développem ent des cellules). „Incorporé" de cette m anière dans le sein m aternel, l'em bryon bénéficié du systèm e circulatoire de la mère.

Reconnaissant l'im portance de l'installation du zygote, il im por­ te cependant de ne pas le situer au début de la vie de l'hom me sur terre. Elle est une étape im portante, décisive m êm e de la vie h u ­ maine. Mais des étapes im portantes, critiques même de cette vie, il peut y en avoir bien plus dans la période em bryonnaire et foeta­ le, de l'avis des chercheurs. Par contre, il faut reco n naître la fécon­ dation pour les raisons expliquées plus haut.

Les défenseurs du point de vue que comme début de l'homme (son anim ation, comme l'affirm ent les chercheurs et les personnes d’orientation chrétienne, su rto u t les théologiens) l'installation du zygote doit plutôt ê tre reconnue comme le début de l'homme, al­ lèguent une raison qui a un caractère apologétique, comme on peut l'appeler. Les observateurs du sort des gam ètes féminins fécondés constatent une grande dim inution de ces gam ètes au mom ent de l'installation. Il p araît que 30% ou même la m oitié disparaissent pour des raisons jusqu'ici inconnues, pendant la période qui p ré­ cède leur installation dans la matrice. Ce fait d'une m ort accrue, s'il fallait in terp réter dans la catégorie de m ort d 'êtres déjà h u ­ mains, pourrait, de leu r avis, je ter une ombre sur le sens du p ro ­ cessus de la naissance de la vie hum aine dans ses dim ensions m é­ taphysique et créationniste. Ils pensent qu’on ne p o u rrait pas le m ettre d ’accord avec l'idée d'un ordre raisonnable du m onde et la foi en la Providence veillant sur l'homme.

N ous ne voulons pas développer davantage les raisons qui p er­ m ettent d 'écarter cet argum ent. D 'ailleurs, il n 'a d'im portance que dans le cadre de la foi religieuse. Q ue la foi ne risque aucun danger si on choisit l’au tre option, c.à.d. en adm ettant que la fécondation est le début de la vie hum aine peuvent tém oigner sans équivoque les déclarations du M agistère faites pour la défense de la „concep­ tion". Évidemment, l'hypothèse que disparaît la vie de bien de cel­ lules hum aines plutôt que d'individus hum ains répond davantage à la confiance spontanée en la Providence. Mais que savons-nous des voies de Son activité et du m ystère du salut de gens tombés par la m ort avant qu'ils ne soient nés?

(9)

Il y a encore d 'autres argum ents avancés par ceux qui disent que le début de l'homme, de sa vie sur te rre doit être vu dans l'in ­ stallation du zygote. Ils n 'on t q u 'u n caractère problém atique dès le départ, appuyé sur des hypothèses de trav a il ou des analogies con­ struites d'après les observations concernant les débuts de la vie d'anim aux. N ous ne rappelons encore q u'un argum ent. Ce doit être le fait, observé p ar quelques chercheurs, de jum eaux uniovulaires formés mêmes quelques jours après la fécondation (jusqu'à 2 se­ maines). Les chercheurs critiques pensent cependant que ce fait n'est pas encore suffisamm ent confirmé par la science. S'il était dé­ m ontré qu'il est vrai, il m ettrait en doute la naissance d'une nouvelle vie hum aine seulem ent dans le cercle des jum eaux uniovulaires ,.retardés”.

3. Un jugem ent clair et net: la mise à mort

La déterm ination du m om ent de naissance de la nouvelle vie hum aine donne en même temps l'instrum ent qui perm et de porter un jugem ent m oral sur les expériences m édicales en ce qui concerne l ’objet traité. Il faut constater clairem ent: il ne convient pas de faire sur l'em bryon hum ain des expériences qui au raien t pour con­ séquence sa destruction ou un dommage p rév u pour la suite de son développem ent.

Il s'agit to u t sim plem ent de voir dans l'em bryon humain un homme déjà existant, et non seulem ent futur. C 'est u n être absolu­ m ent sans défense devant le chercheur. Mais c'est un être humain. Sa vie est quelque chose de sacré et d'intouchable.

Le droit à la vie rev ien t à chaque homme. La vie ne nous est donnée p ar personne (elle peut seulem ent ê tre d éclarée d'après le loi établie dans l'Etat). Elle a un caractère naturel: c 'e st un droit naturel, contenu dans l'ê tre même de l'hom me en ta n t qu'homme. Elle est liée à la dignité de la personne, dans le m onde visible être suprêm e et non com parable à aucune créature. La privation de la vie d'une personne hum aine quelle qu'elle soit, même la plus petite par sa taille, im puissante et toute dépendante de la protection est considérée par la m orale chrétienne, et sans doute aussi par l'éth i­ que „indépendante", hum aniste, comme u ne action ignoble, inac­ ceptable et criminelle.

C eux qui font des expériences sur des em bryons hum ains ayant pour résu ltat la mort, le plus souvent ne pensent pas à leur carac­ tè re moral. Ils chassent la pensée que c'est une action m auvaise et ignoble. Mais quand on leur fournit des argum ents irréfutables, à ce q u ’il semble, m ontrant qu'en résu ltat de leurs m anipulations des êtres vivants sont supprim és, ils en appellent au succès prévu de leurs expériences. La m ort doit ê tre inscrite „aux frais" du pro ­ grès futur de la connaissance m édicale. Mais peut-il y avoir un

(10)

vê-LES IN ITIATIVES INQUIÉTANTES 145

ritable progrès, si le prix en est la m ort, dans le cas donné la m ort d'un grand nom bre d 'êtres humains?

La privation de v ie n 'a lieu q u 'à l'ég ard de l'ê tre hum ain vivant, et donc depuis son début. Ce moment, nous avons réussi à le p ré­ ciser, nous l'avons lié à l'acte de fécondation. En conséquence la m anipulation du zygote hum ain conduisant à sa m ort doit être objectivem ent jugée comme la privation de vie hum aine.

Ce jugem ent garde sa valeu r et son sens même dans l'hypothè­ se que l'acte de fécondation décide du début de la vie de l'homme sur terre. En effet, il ne convient en aucun cas d 'atten ter à la vie, au sujet de laquelle nous avons des données sérieuses que c'est une vie d'homme. Le fait de tirer, pendant la chasse, sur un objet qui est un homme dans la pensée du chasseur, même si, dans le cas où l'homme est tué, n 'a pas été puni dans le procès, cela charge la conscience de celui qui s'est décidé à u n te l acte. R evenant à l’acte de destruction du zygote, il faut nettem ent constater que sa des­ truction constitue pour beaucoup, vraim ent beaucoup de ceux qui connaissent cette affaire, une simple m ise à m ort de l’homme. Pour tous les autres cela rev ien t à tu er vraisem blablem ent un homme. Tous, nous devons donc le reconnaître comme ignoble et m orale­ ment inadmissible.

Dans la dim ension de la foi chrétienne, la vie hum aine, surtout au moment de sa naissance (et de sa fin) possède une dimension de m ystère qui se tro u v e au plan du m ystère de la création, de l’activité du C réateur.

Les croyants conservent à son égard une attitude que la tra d i­ tion théologique nomme la piété, c.à.d. l'attitu d e d ’un profond re ­ spect, presque religieux. A sa naissance, en effet, Dieu lie l’anim a­ tion, c.à.d. la spiritualisation de l'être hum ain qui commence. Par son acte créateu r qui découle de l'am our II appelle à la vie chaque être hum ain comme un être spiritualise et im m ortel dans sa dim en­ sion spirituelle.

La biomédecine, à l'étap e actuelle du développem ent, se trouve face nu dilemme: le m aintien de l’attitude de piété face au m ystère de la vie hum aine ou son ébranlem ent. L'ébranlem ent de cette atti­ tude dans de larges cercles de nos contem porains inform és par les mass m édia peut provoquer des dommages incalculables à la cul­ tu re et même constituer un danger pour l'ex isten ce de l'hum anité elle-même.

4. La fécondation dans la cornue

Ces dernières années, les mass média, parm i d'au tres nouvelles sensationnelles, ont annoncé que ici ou là, dans des cliniques de pays avancés dans la technique m édicale, on a essayé la fécondation dans la cornue. On a reconnu la ten tativ e comme réussie quand,

(11)

de l'ovule fécondé de cette m anière, on a réussi à m aintenir en vie l'enfant né de cette m anière. Dans ces inform ations il y avait le plus souvent une note d'adm iration pour les possibilités et les résultats obtenus par la m édecine expérim entale. Cependant, apparaissaient égalem ent, souvent, des paroles d'inquiétude et même de crainte sérieuse que des expériences de ce g enre et les résultats biom é­ dicaux pouvaient app o rter à l'hum anité des dangers imprévisibles. Le prem ier de ces enfants, connu du monde, venu au monde par le m oyen de la fécondation dans la cornue (in vitro), c'est Louise, fille de Jo h n et de Lesley Brown, née en 1978. C ette fécon­ dation a été réalisée p ar deux savants opérateurs: le physiologue Robert Edwards e t le gynécologue P atrick Steptoe à Cambridge en A ngleterre. D’après ce que l'on sait, l'enfant est en vie jusqu'à ce jour. C 'est le début, ajoutons, réussi, car des essais de féconda­ tion non réussis de cette m anière avaient bien eu lieu auparavant.

A ctuellem ent de tels enfants, c.à.d. fécondés in vitro sont plus nombreux. Mais le problèm e de leur conception ne cesse pas d'in­ quiéter la conscience de larges cercles de personnes qui réfléchis­ sent, su rtou t dans les m ilieux chrétiens. L'indignation grandit con­ tre les essais de la m édecine expérim entale dans le dom aine de la vie hum aine naissante, même de la p a rt de ceux qui avaient été au début disposés favorablem ent. C ar ils com m encent à p ren d re cons­ cience des résu ltats défavorables des initiatives et des dangers qu'ils peuvent p résen ter à l'avenir.

D ernièrem ent des jou rn au x ont annoncé une affaire qui au rait pu devenir un thèm e de dram e littéraire, alors qu'elle est en réalité le début d 'u n dram e réel, dram e de la vie. Voici qu'une femme sans enfant et reconnue stérile p ar les m édecins a offert son ovule fémi­ nin, fécondé en dehors de son sein, in vitro, pour être inoculé à une au tre femme et développé par la grossesse, évidem m ent contre une belle somme. La grossesse s'est bien passée. L'enfant est né, vivant, mais, hélas, avec un g rave défaut corporel. La femme qui „rendait service" dans ce procès, après avoir rem pli le „service” , avait l'in ­ tention de ren d re cet enfant à la femme qui avait fourni l'ovule, conform ém ent au contrat. Mais celle-ci a refusé l'enfant après l’avoir vu: elle n 'a pas voulu l'élev er comme son enfant. „La n o u r­ rice" n'a non plus voulu le reconnaître pour son enfant. V oilà donc un enfant ven u au m onde par la fécondation dans la cornue, qui n'a pas de mère! Q uand il au ra grandi, certainem ent dans quelque orphelinat, il sera et se sentira tragiquem ent un enfant sans mère. A ucune femme ne v eu t se reconnaître pour sa mère, bien qu'il ait deux m ères „partielles". Sa situation ap p araît encore plus défavo­ rable au plan non pas m atériel, mais spirituel, que celle des enfants naturels (illégitimes) de p ère inconnu ou même des enfants trouvés (même si on ne tra ite pas de bagatelle la situation sociale et p sy ­ chique de ces derniers).

(12)

LES IN ITIATIVES INQUIÉTANTES 147

,

Déjà dans les inform ations mêmes concernant ces faits, mais encore plus souvent dans les com m entaires étaien t posées les ques­ tions: que faut-il p enser de telles initiatives d u point de v u e moral? Peut-on agir ainsi? Q ue peut dire la m orale chrétienne sur ce point? Il revien t donc au m oraliste catholique de s'in téresser à cette affaire d ’une m anière claire.

Il serait donc déraisonnable d'applaudir avec enthousiasm e à ces initiatives de la biom êdecine qui ont pour but de susciter la vie hum aine de cette m anière artificielle. C ette g enre d'ingérence suscite énorm ém ent de réserv e et il faut le poser comme un problè­ me moral. Mais av ant de le faire, il nous faudra d'abord le caracté · riser de plus près pour savoir en quoi il consiste.

La fécondation dite in vitro (dans la cornue, l'éprouvette, l'in ­ cubateur) consiste à réu n ir les elem ents g én érateurs ou gam ètes en dehors de l'organism e féminin. Là se produit la fécondation (insé­ mination) d'une m anière artificielle, mais fécondation d'un „vrai" gam ète féminin par un „vrai" gam ète masculin. Le gam ète fécondé dans la cornue, c.à.d. le zygote, trav erse dans ce même milieu le processus de la division de la cellule. Q uand l'em bryon humain (l'organism e qui se développe à p artir du zygote) attein t un degré strictem ent défini de développem ent (8 cellules) on l'en lèv e de l'in ­ cubateur et le tran sp o rte dans la m atrice où il est im planté au m oyen d'une opération.

Intervient alors, du point de vue médical, le m om ent critique: l'acceptation de l'em bryon par l'organism e de la femme ou son rejet. L'im plantation peut réussir, bien que le plus souvent elle échoue et l ’em bryon soit perdu. Si elle réussit, commence la grossesse avec le processus connu du développem ent de l'enfant dans le milieu prénatal de la mère.

Du point de v ue de la technique m édicale décrite ici, l'op éra­ tion en plusieurs phases n 'ap p artien t ni aux plus difficiles ni aux plus compliquées. Elle exige cependant des professionnels rem ­ arquables, une grande précision et des m oyens techniques dévelop­ pés. On ne peut donc pas la réaliser n'im porte où. Et là où on la réalise, elle est très coûteuse.

On fait cette in tervention à la dem ande de la femme désireuse d'av oir „son propre en fan t'1 quand on constate l'incapacité d 'entrer en grossesse ou d'élever dans son sein l’enfant conçu. Le désir de la m aternité avec la stérilité perm anente est le motif pour lequel les femmes dem andent ces opérations. Q uant aux médecins qui la font, c’est un argum ent qui doit justifier leur intervention devant la loi et l'opinion publique. Il recouvre souvent un au tre motif, bien plus v rai pour la p lu p art d ’en tre eux: l’expérience dans le domaine de la vie hum aine qui commence.

La m édecine expérim entale est fière de ses résultats, de la p ré­ tendue efficacité des opérations de fécondation in vitro. O n donne

(13)

le chiffre d 'environ 200 enfants nés ju sq u 'à la fin de 1982 à la suite d'une telle fécondation. En réalité, ce n 'est pas u n chiffre im portant en com paraison de la quantité d'opérations ten tées en de nom breux pays. C ar on réussit rarem ent d ’im planter p ar cette voie le zygote, ra re est aussi la nouvelle de la grossesse et de la naissance d'un enfant vivant. Il p araît que la réu ssite ne couronne de succès que 3% d ’interventions.

Q uel prix non proportionnel, non seulem ent m atériel et p ra­ tique (instrum ents m édicaux, instrum ents de laboratoire), mais aussi en personnel (engagem ent de forces hum aines professionnelles) est sacrifié ici pour de si m aigres résultats médicaux! Et combien d 'es­ poirs illusoire et déçus chez les femmes qui reco u ren t à ces opé­ rations?

5. Réserves générales

Des réserves venues de tous côtés s'élèv en t contre les initia­ tives biom édicales décrites plus haut. C ertaines de ces réserves sont soulevées par les rep résen tan ts eux-mêmes des sciences biologiques et m édicales qui consentent à réfléchir avec lucidité8. Mais les plus sérieuses p roviennent des hum anistes et des m oralistes. Essayons de les form uler, en com m ençant p ar les moins im portantes.

De tous côtés il reste des incertitudes et des dangers par rap ­ port à la fécondation artificielle. V oyons d'abord du côté du ga­ m ète tran sféré dans la cornue. Sans considérer tro p profondém ent sa qualité du point de vue génétique, il faut adm ettre la possibilité qu'il est déjà au stade de viellissem ent postovulaire. Au moment du transfert sur la ligne: femme — cornue — femme, il peut facillement subir un domm age sans qu'on puisse le déceler au m oyen de l'ex a­ m en au m icroscope, mais pouvant provoquer une altération g éné­ tique d'une im portance im possible à prév o ir pour le développem ent u ltérieu r de l'hom m e qui naît.

La „qualité" de la vie conçue, ce n ’est pas seulem ent „l’affaire’' du gam ète féminin, mais aussi du gam ète masculin. O r la m anière artificielle de féconder la gam ète féminin adm et une possibilité bien plus grande d'une fécondation „non réussie", et même très „défa­ vorable". En effet, dans le cas de la fécondation d'après la voie norm ale interv ien t quelque chose du g enre de „concurrence" de la p art des gam ètes m asculins se dirigeant v ers le gam ète féminin. Il y a une grande vraisem blance que les gam ètes m asculins „moins valables" (p.ex. vieillis) sont „distancés" et disparaissent. Il en est autrem ent dans le cas de la fécondation dans la cornue. Ici, même les plus faibles peu v en t donner le début d'une nouvelle vie.

8 Cf J. L e j e u n e, W a n n beginnt das Leben des Menschen? Arzt und Christ 27(1981) fase. 2, 110— 115.

(14)

LES INITIATIVES INQUIÉTANTES 149

Il convient d 'attirer l'atten tio n sur un a u tre facteur qui fait qu'on s'in terro ge du côté de la biom édecine elle-même, sur les opé­ rations dans la cornue. Il s'agit de l'action des horm ones très im­ portante pour le développem ent de la grossesse. Dans le processus de la voie ordinaire et la réalisation n atu relle de la grossesse, le processus de l'activité des horm ones se fait en quelque so rte auto­ m atiquem ent. Dans la cornue cela n'existe pas. A u contraire, il est nécessaire, bien que ce soit difficile dans la pratique, d'harm oniser l'activité horm onale de la femme qui doit constituer le milieu p ré­ n atal de l'em bryon et ensuite du foetus avec ses exigences et ses besoins. Une telle m anipulation „d'accordem ent", réalisée en four­ nissant à la femme qui e n tre en grossesse des horm ones inutiles en réalité, mais nécessaires dans l'actuel „besoin", peut avoir des ré ­ percussions sur la santé de la femme et être défavorable au dévelop­ pem ent physique et psychique de l'enfant9.

Les dommages dont il a été question sont de caractère purem ent hypothétique. Mais on ne peut les prend re à la légère. Si pour le développem ent de l'enfant déjà né est très im portant l'allaitem ent „naturel" de la m ère dédaigné par la m édecine pendant des dizaines d'années, que dire alors de l'influence des horm ones donnés à la m ère dès le début de la grossesse? Ce n 'est pas une affaire de peu d'im portance et le risque que prend le m édecin peut sérieusem ent charger sa conscience. A plus forte raison on ne peut pas prendre à la légère les réserv es faites sur la qualité (au plan de la géné­ tique) des gam ètes em ployés pour la fécondation in vitro.

Les m édecins expérim entateurs sont fiers des résu ltats obtenus ces dernières années par la biomédecine, obtenus par leur science et leur art professionnel. Et si on considère d'un point de vue étroit, purem ent biomédical, on a de quoi être fier. La fécondation dans la cornue, ensuite le tran sfert du foetus vivant et son heureuse venue au monde est un fait, d'ailleurs nullem ent exceptionnel. Il y a déjà, comme il a été dit, environ 200 naissances de ce genre. C 'est év i­ dem ment un succès. M ais nous devons nous poser la question: quel est le prix payé? Q uand nous obtenons la réponse, l'adm iration prend fin. N ous devons re tirer nos applaudissem ents aux médecins qui participent aux opérations qui ont pour but de susciter la vie hum aine in vitro. En effet, la v ie des individus am enés à la nais­ sance est achetée au prix de la m ort de beaucoup d 'autres êtres hum ains conçus; de la m ort peut-être pas directem ent voulue par les expérim entateurs, mais provoquée infailliblem ent p ar leurs opé­ rations10.

C 'est évident à la lum ière des déclarations des auteurs eux-• Cf. G. J ö r g e n s e n, F arm akogenetyka, dans: Farmakologia kliniczna

i farmakoter apia, trad, de l'allem ., W arszaw a 1976, pp. 112— 127.

10 Cf. W . M o 1 i n s к i. Sittliche A s p e k t e der e x tr akorporalen Befruchtung, A m und Christ 28(1982) fase. 3, 142— 149.

(15)

mêmes de ces opérations, même si c'est au prix du succès. Le dr Patrick Steptoe dont il a été question plus haut, qui a réussi ,d'éle­ v ag e” du prem ier homme in vitro, a reconnu avoir expérim enté sur les gam ètes de 79 femmes. Combien y avait-il de conceptions? Nous ne le savons pas. Un au tre m édecin d'A m érique, le prof. H oward Jones, reconnu pour être un grand spécialiste de ce domaine de la m édecine expérim entale e t qui a eu de grands „résultats", a, pa­ raît-il, informé que ses ingérences dans la fécondation in vitro étaient liées à environ 200 femmes stériles voulant avoir une de­ scendance. Il n 'a pas informé sur combien de femmes et combien de fois il a fait des „im plantations" de zygotes fécondés. Nous ne savons donc pas, même dans le cas de ce m édecin expérim entateur concret reconnaissant ouvertem ent ses échecs, au prix de combien de m ort hum aines a été obtenu son exploit, réussi du point de vue biomédical, mais du point de v ue plus large, hum aniste et moral, regrettable, pour ne pas dire abominable.

Les déclarations du dr Steptoe et du prof. Jones indiquent les prix, évidem m ent en dehors des frais m atériels, que la m édecine expérim entale a dû p ay er et continue à p ay er en hommes qui sont l'objet et le but des opérations entreprises dans ce domaine. La vie de ceux qui ont été élevés par le m oyen artificiel — in vitro — a été payée par des m illiers et des m illiers d'essais infructueux. Di­ sons-le en term es clairs: par la vie de m illiers et de m illiers d'êtres hum ains conçus, pour to u t dire: des hommes.

Q uelqu'un po u rra rem arquer ici: que représen te ceci par rap ­ port aux millions d'êtres hum ains que l'o n tu e dans notre monde actuel au m oyen des avortem ents artificiels? Un tel raisonnem ent est tout de même étran g er et éloigné de la pensée catholique. Du point de vue de la m orale catholique, c.à.d. du point de v ue de la conscience m orale de l’Église, m anifestée authentiquem ent par la plus haute au to rité du M agistère, la vie de chaque homme, même non né, cache en elle l'im m ortalité et a une valeu r incomparable. La mise à m ort de chaque individu humain, même non né mais à peine conçu est reconnue p ar l'Église comme un acte vil, et un crime moral.

6. Le bien de la famille menacé

A ux réserv es avancées de différents côtés, surtout de la part des croyants, les représentants de la biom édecine qui font des essais de fécondation in vitro répondent que ce qu'ils font est fait pour le bien des gens, c.à.d. pour satisfaire aux désirs ardents des femmes stériles (et souvent des hommes, leurs maris) d'avoir des enfants. Il est v rai que ce ne sont pas les désirs de toutes les femmes qui peuvent être satisfaits: à peine 3%. La joie de ceux à qui cela réussit suscite la satisfaction des biom édecins responsables de ces p réten ­

(16)

LES IN ITIATIVES INQUIÉTANTES 151

dus succès. Elle est égalem ent un motif d 'en trep ren d re de nouvelles expériences en ce domaine.

Il faut reconnaître que le fait d'avoir son p ropre enfant est souvent le désir ardent de la femme seule, ou encore des foyers sans enfants, des époux stériles. Bien plus, l'enfant peut devenir un bien précieux qui enrichit la vie d'un couple stérile. Cependant la voie d ’apaisem ent de ce désir et l'obtention de ce bien peut-elle être indifférente? Peut-on le faire à tout prix? Nous savons déjà de quel prix il s'agit.

L'instinct naturel est très fort, et la femme désirant avoir son propre enfant peut être irresponsable. C 'est ainsi et c'était ainsi il y a plusieurs m illénaires, nous en avons d ’innom brables preuves. Ne serait-ce que cette description biblique du temps de Salomon: ,,Deux prostituées vin ren t se présenter devant le roi. L'une dit: »Je t'en supplie, mon seigneur; moi, et cette femme, nous habitons la même maison, et j'ai accouché alors qu'elle s'y trouvait. N ous étions ensem ble (...). Le fils de cette femme m ourut une nuit (...). Elle se leva au m ilieu de la nuit, p rit mon fils qui était à côté de moi — ta servante dorm ait — et le coucha contre elle; et son fils, le mort, elle le coucha contre moi. Je me levai le m atin pour allaiter mon fils, mais il était mort. Le jour venu, je le regardai attentivem ent, mais ce n 'était pas mon fils, celui dont j'avais accouché«. L'autre femme dit: »Non! mon fils c'est le vivant, et ton fils, c’est le mort« (...). Le roi dit: »Celle-ci dit: Mon fils c'est le vivant, et to n fils c'est le mort, et celle-là dit: Non! ton fils c'est le mort, et mon fils c'est le vivant {...). Apportez-moi une épée (...). Coupez en deux l'enfant vivant et donnez-en une moitié à l'une et une moitié à l'autre«. La femme dont le fils é tait le vivant dit au roi, car ses entrailles étaient émues au su jet de son fils: »Pardon, mon seigneur! Donnez-lui le bébé vivant, mais ne le tuez pas«. Tandis que l'au tre disait: »II ne sera ni à moi, ni à toi! Coupez!«" (1 R 3, 16—26). Evidemment, Salomon ne coupa pas l'enfant, mais le rendit à sa veritable mère. En nous m ontrant la sagesse de Salomon, la Bible nous m ontre en même temps dans ce récit le grand am our de la femme, m ère de l'enfant, am our qui était p rêt à p erm ettre la m ort de l'au tre enfant.

L'analogie n'est pas ici adéquate. Mais elle est claire, si on pense que la réalisation des rêves de la femme concernant son propre enfant est égalem ent racheté au prix de la mort. De la m ort non d'un seul, mais de nom breux individus hum ains commençant à vivre.

Q uelqu'un po u rrait rem arquer que l’enfant dans la famille ré ­ pond non seulem ent au besoin psychique des époux, mais à la sta­ bilité du foyer m atrim onial, et donc au bien objectif, social. Ce serait donc le rôle de la m édecine d'aider les époux, pour autant que c'est possible, à avoir un enfant. C 'est vrai; mais: pour autant que c'est réellem ent possible, non seulem ent au sens „technique". Dans

(17)

bien des cas d'infécondité, évidem m ent apparente ou relative, le m édecin peut et a le droit d ’aider les époux dans le processus n atu ­ rel de susciter par eux une nouvelle vie. Dans les autres cas, il ne lui reste q u'à conseiller, s'il existe pour cela d 'autres conditions favorables, de p ren d re un enfant p ar adoption.

Il ne faut pas faire p eu de cas de l'adoption comme facteur d'aide aux époux touchés p ar l'infécondité. En effet, ce n 'est que dans la conscience des gens irréfléchis que la procréation se limite à l'acte de conception, c.à.d. de la fécondation du gam ète féminin par le gam ète masculin. C 'est un processus très long qui ne prend pas fin avec la venue au m onde de l'enfant, mais se prolon­ geant p ar l'éducation sur des années et des dizaines d'années. Et ce n'est pas dans une m esure m oindre que l’enfant peut s'adresser à quelqu'un qui l'a élevé avec le mot de ,,mère" ou de ,,père" qu'à quelqu'un qui lui a donné la vie. De même, les éducateurs avec satisfaction, joie et fierté se sentent parents et cela bien plus que les „donneurs de v ie ”.

Et dans la dim ension sociale: convient-il de sacrifier les grands frais et les grands efforts de la m édecine techniquem ent avancée, alors que dans ces différents pays on tu e en même tem ps au m oyen de l'interruption de la grossesse des centaines et même des cen­ taines de m illiers d'enfants non nés pour la raison que leurs parents „naturels" ne v eulent pas les accepter? P ourraient p ourtant les accepter et les élever les époux qui ne peuvent pas avoir leurs p ro ­ pres enfants.

C ontre cette solution parle, parait-il, le „caractère étrang er" de ces enfants, leur origine „étrangère". Mais ce facteur „étranger” n'apparaît-il pas, et à un plus grand degré, dans les cas de féconda­ tion in vitro? Or, la nouvelle vie qui commence de cette manière, en résu ltat de la m anipulation des cellules génératrices, n 'est pas suscitée dans un acte charnel (nullement anim al mais en réalité charnel et spirituel) de la ren contre de deux personnes, futurs p a­ rents. L'enfant p ren an t le com m encem ent dans la cornue n 'est pas le fruit de l'am our conjugal, de cette union et com m unauté charnelle et spirituelle.

Le facteur d ’„étranger" in tervient dans le cas de la fécondité in vitro à un degré singulièrem ent renforcé. L'appel d'une nouvelle vie est en effet séparé de l'acte n atu rel de vie commune charnelle et de l'am our conjugal, de laquelle croît et sur laquelle s'appuie l'am our parental. On peut même voir ici un renforcem ent maximum du facteur „étranger", un facteur de déshum anisation. La nouvelle vie hum aine devient le résu ltat de l'acte déshum anisé de féconda­ tion. Elle est séparée de l'am our humain. Cela devient de la rep ro ­ duction, sem blable à la reproduction universellem ent em ployée dans l'élevage des animaux.

(18)

LES INITIATIVES INQUIÉTANTES 153

7. Perspectives inquiétantes pour l'avenir

Les opérations entreprises, peu nom breuses à l'h eu re actuelle, mais pouvant se développer à l'avenir, pour susciter la vie humaine dans la cornue, peuvent avoir des conséquences néfastes pouvant m ener bien loin.

La m anipulation de la vie hum aine com m ençante concourt d'une m anière im portante à désacraliser cette vie. Bien plus, elle conduit à la déshum anisation des relations interhum aines, su rto u t dans le cadre de la famille. C 'est le m ariage et la famille qui risquent de subir les plus grands dommages. L'affaiblissement du lien entre l'am our et la procréation porte en soi une grande m enace pour l'avenir.

L’ingérence dans la vie hum aine qui commence au m oyen de la fécondation in v itro attaque directem ent le m énage, la réalisation de ses buts essentiels, surto u t l'am our conjugal et la procréation largem ent comprise. Elle ouvre la voie à la ru p tu re des liens d'abord en tre les conjoints, ensuite en tre les parents et les enfants. L'argu­ m entation suivante le syncrétise et le fait apparaître.

Le com mencement d'une vie hum aine peut devenir l'objet de transactions commerciales. Ceci commence déjà à exister. A Los A ngeles en Californie existe une entreprise qui po rte le nom de cli­ nique et se charge d 'être interm édiaire dans les transactions de ce genre. On trou ve et on engage ici des ,,m ères de rem placem ent”, c.à.d. des femmes p rêtes à p orter un enfant „étranger" (l'em bryon im planté in vitro) pour les femmes stériles qui désirent avoir leur propre enfant, si elles sont suffisamment riches. On ne sait pas si les travailleurs de cette „clinique" qui servent d ’interm édiaires de cette transaction contrôlent les qualifications de m aternité de la femme „qui achète", ne serait-ce que le point de savoir si elle est m ariée et si elle a les qualités psychiques et m orales pour élever l'enfant.

Le commerce a ses lois, en tre autres celles de l'offre et de la dem ande. Il ne tient pas compte des personnes; il est indifférent ici qui rend service et qui l'ach ète ou qui le vend. Or nous savons que la femme stérile, voulant avoir son p ropre enfant, est p rête à „beau­ coup de choses". Si elle a de l'argent, elle est capable de payer cher „le service". Mais si, au bout de ce „service", l'enfant ne lui plaît pas? Et nous avons le dram e décrit plus haut. Sans doute elle peut l'accepter à contre-coeur. A lors ne n aîtra pas, ne se m aintiendra pas le lien m aternel ferme, nécessaire au développem ent normal de l'enfant, développem ent ém otionnel et moral.

Avec l'expansion de cette voie de fécondation on arriv era sans aucun doute à le détacher du fait de la stérilité. En „profiteront" égalem ent les femmes non stériles pourvu qu'elles soient, évidem ­ ment, suffisamment riches. D éjà la crainte devant le „poids" de la

(19)

grossesse de la femme peut décider plus d'une à chercher une „mère de rem placem ent", et donc à féconder son gam ète par quelque gam ète m asculin in vitro et ensuite à le faire im planter à une femme trouvée dans ce but.

Les perspectives dangereuses liées à l'application de la fécon­ dation in vitro augm entent en m esure du progrès consécutif de la génétique, su rtou t en ce qui concerne l'exam en de la qualité des gam ètes générateurs.

Déjà actuellem ent sont connus les m oyens, à des tem pératures convenablem ent basses, de conserver des gam ètes masculins capa­ bles de féconder. O n peut s'atten d re à voir arriv er le moment où seront faits les essais de fécondation in v itro des gam ètes féminins par des gam ètes m asculins „convenables", spécialem ent sélection­ nés. N ous ne sommes plus loin des processus em ployés dans l'éle­ vage des bêtes. Sans doute, il y a une différence essentielle qui consiste en ce que la femme qui participe à ce processus donne son accord en pleine conscience et même dans le cas de deux femmes. Mais il est très vraisem blable qu'elles seront d'accord pour toutes sortes de m anipulations génétiques.

Il n 'y aura, sans doute, pas de grande opposition de la p art de certaines femmes pour donner l'accord pour q u ’on féconde in vitro leurs gam ètes par des gam ètes d'hommes rem arquables à quelque point de vue que ce soit. Q u'une telle fécondation conduise à l'éle­ vage d'un homme rem arquable ne peut être cru que par quelqu'un d e très naïf, ne connaissant pas les indications de l'eugénique et de la pédagogie.

N otre pensée p rév o yan te peut encore pousser plus loin, pour ab o rd er la perspective de possibilités à v rai dire cauchem ardesque. O n peut ainsi p révoir que des femmes soient capables de collaborer, évidem m ent dans l'hypothèse d'activité de la p art de médecins dé­ nués de tout sens éthique, à l'élevage, d'après la m éthode indiquée plus haut, de gens au développem ent unilatéral, des sortes de sous- hommes p.ex. capables d'exécuter à la m anière d'esclaves des acti­ vités non compliquées. De cette m anière se dessine la perspective connue de l'antiquité de relations sociales basées sur la relation des m aîtres (sur-hommes) et d'esclaves (sous-hommes). Et peut-être même quelque chose de pire: la vision d'O rw ell d'un monde orga­ nisé presque parfaitem ent.

8. Position de l'Eglise

Pour les croyants sera très im portante dans ce problèm e la po­ sition du M agistère de l'Eglise. Eh bien, le M agistère rejette sans am biguité toutes les initiatives qui ont pour but la fécondation arti­ ficielle. Le prem ier à l'avoir fait, c'est Pie XII dans son discours aux membres du Congrès International des médecins. Jean XXIII de

(20)

LES INITIATIVES INQUIÉTANTES 155

citer textuellem ent le passage de son encyclique Mater et magistra: „Nous déclarons solennellem ent que la vie hum aine doit être tra n s­ mise par la famille fondée p ar le m ariage, un et indissoluble, élevé pour les chrétiens à la dignité de sacrem ent. La transm ission de la vie hum aine est confiée par la nature à un acte personnel et cons­ cient et comme tel est soumise aux lois divines les plus sages, lois inflexibles et immuables que tous devraient accepter et respecter. O n ne peut donc pas em ployer des m oyens ni suivre des méthodes qui peuvent ê tre perm is dans la transm ission de la vie des plantes e t des anim aux" (104).

C 'est une position sem blable que prend le pape suivant, Paul VI, dans son encyclique Humanae vitae. Cependant, pour pouvoir com prendre à fond sa déclaration, il faut se rappeler le large en­ seignem ent du concile de V atican II sur le m ariage, sur l'am our conjugal et la procréation donné dans la Constitution sur l'Êglise dans le m onde contem porain (cf. nos 48—51). Et voici ce que dit Paul VI à la lum ière de l'enseignem ent sur l'am our conjugal, la p a­ ternité/m aternité responsable e t l'ordre intérieur du lien m atrim o­ nial, déclaration soulignant l'indissolubilité de la double fonction dans l'approche conjugale' „Cet enseignem ent plusieurs fois donné aux fidèles par le M agistère de l’Église, a son fondem ent dans le lien indissoluble établi par Dieu, qu'il n'est pas perm is à l'homme de rom pre, en tre la double signification de l'unité et la signification de la paternité/m aternité".

„En effet, les relations conjugales dans leur essence la plus pro­ fonde, liant du lien le plus étro it l’époux et l'épouse, en même temps les rendent capables de donner naissance à une nouvelle vie con­ form ém ent aux lois contenues dans la nature même de l'homme et de la femme" (Humanae vitae, 12).

Cytaty

Powiązane dokumenty

Both anticipatory and reflexive activities should be repeated throughout research and innovation processes (Owen, Bessant, and Heintz 2013 ; Schuurbiers 2011 ; Wickson and Carew 2014

UMCS.. вясковае насельніцтва асцярожна ставілася да пануючай улады. Жыхары дасле- даванай тэрыторыі праводзілі выразную мяжу паміж „сваімі”

The predictive strategy (e.g. Enterprise Asset Management System or Condition Monitoring Software), people skills and knowledge of the assets (e.g. historic maintenance data

Subsequently, cost-benefit analyses of climate and weather optimized trajectories are performed exemplarily for the top surrogate route and eight different North Atlantic

Wyszomirski spotykał się z Marianem Podkowińskim, z którym jadał obiady w „Czytelniku” przy ulicy Piotrkowskiej. Po pół

Snowfall rates (mm w.e. h −1 ) during March 2016 at the three stations derived from the MRRs (blue bars), the grid box comprising each of the three stations in ERA-Interim

prowadzi do wniosku, iż przepisy te odnoszą się do zakładów górniczych położonych (lub powstających) w Polsce. Wśród kwalifikacji personalnych, od których

Potęgujący się proces biurokratyzacji społeczeństwa, bezwiednie — pomimo zabiegów o charakterze centralistycznym — pogłębia tylko ową atomizaeję