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Widok Les enjeux des stéréotypes de l’apparence physique de la femme française, polonaise et allemande en contexte de rencontre interculturelle de jeunes. Une étude comparative

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ALINE VIVIAND

Université de Wrocław/Université Paris IV — Sorbonne

LES ENJEUX DES STÉRÉOTYPES

DE L’APPARENCE PHYSIQUE DE LA FEMME FRANÇAISE, POLONAISE ET ALLEMANDE EN CONTEXTE

DE RENCONTRE INTERCULTURELLE DE JEUNES.

UNE ÉTUDE COMPARATIVE

«Comment te représentes-tu un ou une Polonais(e) typique? Un ou une Français(e) typique? Ou encore un ou une Allemand(e) typique?». Ces questions, posées aux jeunes participants de rencontres interculturelles1 franco-germano-po- lonaises, ouvrent entre eux bien des débats. Les associations2 et acteurs de jeu- nesse qui organisent ce type de rencontres s’engagent pour une meilleure com- préhension entre les peuples d’Europe, au travers de ces projets soutenus princi- palement par la Commission européenne3 ou des organismes tels que l’OFAJ4 ou l’OGPJ5. Ils invitent les participants à reconnaître l’autre dans sa spécifi cité, à mieux comprendre les différentes appartenances culturelles et à questionner les représen- tations qu’ils en ont. La compréhension mutuelle est ainsi favorisée par un travail sur les stéréotypes nationaux, envisagés par les acteurs de jeunesse intercultu- relle6 comme un facteur d’appréciations négatives des autres cultures, qui sont à la

1 Les rencontres interculturelles sont des séjours d’une durée d’une à deux semaines. Ces ren- contres peuvent être bilatérales, trilatérales voire multilatérales et des animateurs bilingues assurent la médiation linguistique.

2 Telles que les associations AZS-MCSM (Wrocław, Pologne), Interkulturelles Netzwerk e.V.

(Berlin, Allemagne), Gwennili (Quimper, France) et Le Passe Muraille (Montpellier, France) que je tiens à remercier pour l’accès qu’ elles m’ont donné à leurs ressources documentaires et à leurs rapports de rencontres interculturelles.

3 Par le Programme Européen Jeunesse en Action.

4 OFAJ: Offi ce Franco-Allemande pour la Jeunesse (ou DFJW: Deutsch-Französisches Ju- gendwerk).

5 OGPJ: Offi ce Germano-Polonais pour la Jeunesse (ou DPJW: Deutsch-Polnisches Jugend- werk/PNWM: Polsko-Niemiecka Współpraca Młodzieży).

6 C’est-dire les organisateurs, animateurs, traducteurs des rencontres interculturelles des jeunes.

Wrocław 2011

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source d’incompréhensions et de malentendus. En ce sens, Edmond M. Lipiansky écrit dans un des textes de travail de l’OFAJ qu’ «une fois que l’on a montré l’inanité du stéréotype, redressé l’erreur du préjugé, [les jeunes] peuvent avoir une perception «réaliste», non déformée, de l’autre [et que] par là-même sont dissipées les diffi cultés de compréhension entre les peuples»7. Les stéréotypes nationaux seraient en ce sens des représentations falsifi ées du monde devant être désamorcées par les acteurs de jeunesse interculturelle.

Quelle que soit la discipline de recherche concernée, on observe que le sté- réotype naît toujours de la circulation et de la répétition de paroles et/ou de pen- sées au sein d’une communauté. La notion est apparue en sciences sociales en 1922, dans l’ouvrage pionnier de Walter Lippmann, Public Opinion.Il y est dé- fi ni comme une d’«image dans la tête» (Pictures in Our Heads)8, fragmentaire et schématique, et il remplit selon l’auteur une double fonction: psychique dans un premier temps, puisqu’il permet une économie d’effort dans la connaissance du monde, et sociale dans un deuxième temps, puisqu’il permet aussi à l’individu de défendre sa position dans la société.

Si l’usage de la notion de stéréotype se fait depuis longtemps en sciences so- ciales, il fut beaucoup plus tardif en linguistique. Cependant, l’ethnolinguistique en a fait l’unité de base de sa problématique9. Pour Jerzy Bartmiński, les stéréo- types sont des constituants de «l’image linguistique du monde» (językowy obraz świata), c’est-à-dire qu’ils sont envisagés comme des représentations collectives des gens et des choses, ainsi que des événements, comprenant des caractéristiques considérées comme «normales»10. L’image linguistique du monde n’est pas un calque de la réalité mais elle en reconstruit un « portrait » mental, recueillant des connaissances simplifi ées, souvent marquées émotionnellement, qui sont com- munes aux usagers d’une langue. Pour Renata Grzegorczykowa, l’image lin- guistique du monde est une «structure conceptuelle fi gée propre à chaque langue à l’aide de laquelle les usagers de celle-ci interprètent le monde»11.

7 E.M. Lipiansky, «La formation interculturelle consiste-t-elle à combattre les stéréotypes et les préjugés?», Textes de travail 14, Offi ce franco-allemand pour Jeunesse, Paris-Bad Honnef 1996.

8 W. Lippmann, Public Opinion, New York 1922, p. 3.

9 A. Koselak, Sources et tradition polonaises en linguistique cognitive, Université de Poi- tiers, Poitiers 2007, http://corela.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=1494 [accès: le 27 mai 2011].

10 «Fragmentami globalnego JOS są stereotypy pojmowane jako kolektywne wyobrażenia ludzi i rzeczy, także zdarzeń, obejmujące cechy traktowane jako „normalne” i przypisywane przed- miotom i zdarzeniom», J. Bartmiński, «Pojęcie językowego obrazu świata i sposoby jego operacjo- nalizacji», [dans:] P. Czapliński, A. Legeżyńska, M. Telicki (dir.), Jaka antropologia literatury jest dzisiaj możliwa, Poznańskie Studia Polonistyczne, Poznań 2010, pp. 155–178.

11 Littéralement: «Językowy obraz świata jest strukturą pojęciową charakterystyczną dla każdego języka, za pomocą której ludzie mówiący tym językiem ujmują (klasyfi kują, interpretują) świat». R . Grzegorczykowa, «Pojęcie językowego obrazu świata», [dans:] J. Bartmiński, Językowy obraz świata, UMCS, Lublin 1990, pp. 41–49.

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L’ensemble d’idées fi xées (stéréotypiques) sur l’homme et le monde peuvent ainsi être reconstruites à partir de données linguistiques de différents types: le système grammatical (avec les catégories fl exionnelles, morphologiques, synta- xiques), le système sémantique (avec le sens des mots et des unités complexes, la phraséologie, les collocations), les différents usages (textes), mais aussi les élé- ments «périlinguistiques», les croyances et les attitudes, toutes les données qui peuvent se révéler pertinentes lors d’une communication effective12.

Bien que la jeunesse soit souvent perçue comme une catégorie d’âge plus ouverte et tolérante que les populations plus âgées, elle ne peut aussi être que tribu- taire des stéréotypes nationaux véhiculés par le groupe national auquel elle appar- tient, en raison de leur nature. Lors des rencontres, malgré les nombreux échanges entre les jeunes et leur confrontation aux stéréotypes, ces opinions toutes faites perdurent. Lors des rencontres interculturelles, on a pu observer qu’il y a une résis- tance de ces stéréotypes, un refus inconscient chez les jeunes de s’en défaire. Nous nous intéresserons aussi plus précisément à un stéréotype largement mobilisé par les jeunes: le stéréotype physique de la femme en fonction de son appartenance natio- nale. En effet, la ténacité des stéréotypes physiques s’avère encore plus surprenante que celle des stéréotypes liés aux manières d’agir ou de penser, quand les représen- tations erronées trouvent des contradictions visibles et objectives. La discordance entre stéréotype d’apparence physique et réalité paraît en effet indéniable lorsque jeunes Français, Allemands et Polonais se rencontrent. Nous comprendrons sous l’expression apparence physique «tout ce qui est relatif au corps humain considéré dans son aspect extérieur», d’après la défi nition du TLF13, c’est-à-dire l’ensemble des caractéristiques corporelles, des manières de s’habiller ou de se comporter. C’est bien dans ce sens large de l’expression que les premiers critères de dissociation ont été mis en avant entre les groupes nationaux féminins pendant les rencontres inter- culturelles. Les caractéristiques physiques jouent en effet un rôle déterminant dans les représentations des jeunes. Comme le remarquait Elżbieta Skibińska en faisant l’étude de l’image des Polonais chez les jeunes Français, l’aspect extérieur — et plus particulièrement les caractéristiques physiques — est important pour eux14. Lors des rencontres interculturelles de jeunes, nous avons aussi observé que les représentations de l’apparence physique des femmes étaient non seulement importantes, actives dans la pensée des jeunes Français, Polonais et Allemands, mais aussi fortement marquées par des jugements positifs ou négatifs, sur lesquels nous reviendrons.

12 J. Bartmiński, «Miejsce wartości w językowym obrazie świata», [dans:] idem, Język w kręgu wartości, Wydawnictwo UMCS, Lublin 2003, p. 63.

13 Trésor de la Langue Française. Dictionnaire de la langue du XIXe et XXe siècles, Galli- mard, Paris 1971–1994.

14 «Dla młodych Francuzόw istotny jest wygląd zewnętrzny, a szczegόlnie cechy fi zyczne», E. Skibińska, «Obraz Polaka i Rosjanina w języku francuskim i w świadomości francuskiej młodzieży», Etnolingwistika 17, 2005, pp. 213–232.

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Ces travaux sur les stéréotypes physiques des femmes françaises, polonaises et allemandes s’inscrivent dans le cadre de mes recherches doctorales sur les sté- réotypes nationaux et européens des jeunes Français, Polonais et Allemands, en contexte de rencontres interculturelles.

Ma méthode de recherche consiste tout d’abord à relever et à analyser les stéréotypes exprimés lors des échanges verbaux entre jeunes dans les rencontres interculturelles, c’est-à-dire en contexte de communication naturelle. Les résultats de cette première étape de mes recherches sont présentés partiellement dans cet article, où je me concentre sur les stéréotypes relatifs à l’apparence physique de la femme française, polonaise et allemande. Ces observations et analyses sont actuellement vérifi ées et approfondies grâce à une enquête ouverte sous forme de phrases à compléter, proche du modèle proposé par J. Bartmiński dans son travail Jak zmienia się stereotyp Niemca w Polsce?15.

Les stéréotypes des jeunes Français, Allemands et Polonais, fi lles et garçons compris, mentionnés dans cet article ont ainsi été relevés et notés pendant des séjours trinationaux, suite à un travail d’observation lors de quatre rencontres franco-germano-polonaises de jeunes qui ont eu lieu entre 2008 et 2010. Ces ren- contres correspondent à des séjours d’une durée de 2 semaines dans deux pays différents (en Allemagne, en France ou en Pologne) qui réunissaient à chaque fois près de 25 jeunes (entre 7 à 10 jeunes par nation).

Les horizons géographiques des jeunes étaient assez larges. Les Polonais, généralement originaires de l’ouest de la Pologne, venaient de villes telles que Szczecin, Wrocław, Jelenia Gόra ou de campagnes comme Pisarzowice ou Czarnόw. Les Français étaient majoritairement originaires de villes ou de villages bretons (Quimper, Brest et environs), ou encore du sud de la France (Montpel- lier, Carcassonne) mais aussi de la région parisienne. Les Allemands étaient quant à eux principalement de Berlin et de la région Brandenbourg.

Les jeunes, âgés de 14 à 25 ans, avaient aussi au sein d’une même ren- contre des profi ls diversifi és. Il s’agissait de scolaires, de jeunes en insertion ou en formation professionnelle, ou encore d’étudiants (en sciences exactes ou bien en sciences humaines et sociales). Certains avaient déjà voyagé dans d’autres pays ou connaissaient une ou plusieurs langues étrangères, alors que d’autres n’avaient jamais quitté leur pays natal et parlaient uniquement leur langue maternelle.

Ces groupes très hétérogènes étaient encadrés par des animateurs intercul- turels prenant en charge la traduction dans chacune des langues des participants.

Il faut aussi ajouter que les stéréotypes relevés ont été en particulier exprimés durant des activités de groupe orientées sur cette thématique. Pendant ces activi- tés les animateurs demandaient à ce que chaque groupe national se concerte pour répondre à la question suivante: comment décririez-vous le Polonais/la Polonaise,

15 J. Bartmiński, «Jak zmienia się stereotyp Niemca w Polsce?», Przegląd Humanistyczny 5, 1994, pp. 81–101.

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l’Allemand/l’Allemande, et le Français/la Française typiques? Les jeunes se réu- nissaient alors pendant près d’une heure autour d’une grande feuille de papier, et devaient décrire ou illustrer par des dessins ou collages leurs représentations.

Des traductions étaient ensuite ajoutées pour que les groupes puissent comparer leurs productions avec celles des autres. Dans un dernier temps, les trois groupes nationaux se retrouvaient pour discuter et questionner l’ensemble des portraits réalisés.

On ne peut garantir que les stéréotypes présentés par ces jeunes soient ceux de la majorité des jeunesses nationales qu’ils représentent, puisque cette étude, encore à ses débuts, repose sur un échantillon de quatre rencontres, ainsi que nous l’avons déjà précisé. Les données présentées dans cet article doivent donc encore être confrontées à d’autres travaux déjà réalisés dans ce domaine16. Cependant la récurrence des termes mentionnés d’une rencontre à l’autre, et cela malgré la diversité des participants, laisse penser qu’ils sont mobilisés par une partie consé- quente des jeunesses nationales.

Nous allons maintenant nous intéresser au contenu de ces différents stéréo- types d’apparence physique en les comparant. Nous verrons tout d’abord l’image linguistique de la Française chez les jeunes Allemands et Polonais, puis celle de la Polonaise chez les jeunes Allemands et Français et enfi n celle de l’Allemande chez les jeunes Français et Polonais. Ainsi, nous traitons dans ce travail des hé- térostéréotypes, c’est-à-dire des éléments de la conceptualisation linguistique du monde produite par un groupe social à propos d’un autre groupe. Nous excluons ici l’étude régulière des autostéréotypes conçus comme la conceptualisation lin- guistique du monde produite par un groupe social à propos de lui-même, puisqu’ils demandent une méthodologie à part. Cependant, nous nous permettons quelques

16 Citons à titre d’exemples les références bibliographiques qui nous apparaissent comme les plus pertinentes dans le domaine de stéréotype d’apparence physique:

M. Abramowicz, J. Bartmiński, «Francuski peuple i polski lud. Dwa pojęcia — dwa paradyg- maty językowo-kulturowe», Etnolingwistyka 8, 1996, pp. 41–56.

J. Bartmiński, «Jak zmienia się stereotyp Niemca w Polsce?», Przegląd Humanistyczny 5, 1994, pp. 81–101.

J. Bartmiński (dir.), Język. Wartości. Polityka. Zmiany rozumienia nazw wartości w okresie transformacji ustrojowej w Polsce, Raport z badań empirycznych, UMCS, Lublin 2006.

A. Fram, «Prototypes nationaux et prototypes européens dans l’interaction interculturelle:

quelles valeurs identitaires pour une communication entre Européens?», [dans:] Stéréotypes et pro- totypes nationaux en Europe, Paris 2005.

I. Guinaudeau, A. Kufer, «De l’Allemand organisé, l’Italien romantique et l’Anglais dandy à l’Européen chrétien, fortuné et démocrate? Le potentiel affectif des stéréotypes nationaux et euro- péens», Politique européenne 26, 2008, pp. 121–141.

M. Moya et al., «Sexisme, masculinité-féminité et facteurs culturels», [dans:] Revue interna- tionale de Psychologie sociale 1, Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble 2005, pp.141–167.

F. Parouty-David, «Les stéréotypes féminins», DEGRES 117, printemps 2004, Nouveaux Actes Sémiotiques 104–106, 2006.

E. Skibińska, op. cit., pp. 213–232.

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remarques ponctuelles à propos des autostéréotypes que nous avons notées lors des rencontres et qui ont été faites spontanément par les jeunes. Nous verrons de cette façon selon quelles caractéristiques et avec quels écarts le stéréotype phy- sique de la femme française, polonaise puis allemande peut se décliner en fonc- tion du groupe national qui le formule. Pour décrire les stéréotypes, nous réfl échi- rons à leurs origines et fonctionnements en contexte de rencontres interculturelles de jeunes.

LE STÉRÉOTYPE PHYSIQUE DE LA FRANÇAISE

L’image de la Française typique présentée par les jeunes Allemands et les jeunes Polonais paraît assez uniforme. Pour les Allemands, la Française a plutôt les cheveux bruns (braune Haare) et elle est systématiquement qualifi ée de mince (dünn, schlank). Ils s’attardent aussi davantage sur la description de sa parure: la Française typique est branchée (modebewusst), chic (chic), et c’est pourquoi elle apprécie parfums, maquillages et produits de luxe. De cette façon les productions des groupes allemands relatives aux stéréotypes de la Française sont souvent com- plétées par des collages de photographies de mode ou encore des publicités de produits de beauté.

Pour les Polonais, la Française est de même une femme mince (szczupła), aux cheveux foncés (ciemne włosy). Elle est aussi habillée à la mode (modnie ubrana), avec style (ubrana w dobrym stylu) et bon goût (ma dobry gust). On retrouve l’association de la femme française aux produits cosmétiques et aux par- fums coûteux, comme le montrent également leurs collages pendant les activités des stéréotypes.

LE STÉRÉOTYPE PHYSIQUE DE LA POLONAISE

Les stéréotypes allemands et français de la Polonaise sont aussi relativement similaires. Les Allemands verbalisent un stéréotype physique connoté positive- ment: elle est pour eux mince (dünn), belle (schön), a une bonne apparence (gu- tes Aussehen), mais elle fait [aussi] très attention à son apparence, (sie achtet sehr viel auf ihr Äußeres) et parfois elle se maquille beaucoup (sie schminkt sich viel).

Cette image est régulièrement partagée par les Français pour qui la Polonaise est mince, belle, voire très belle. Les garçons ajoutent aussi souvent des qualifi - catifs relatifs à leur attirance tels que sexy, attirante, avec un physique attirant.

Cependant le stéréotype de la Polonaise se dédouble fréquemment chez les jeunes Français. Lors des interactions verbales centrées sur les stéréotypes, une ambi- valence apparaît très clairement dans leurs descriptions. Si la Polonaise typique

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peut être d’une part, mince, très belle et sexy comme évoqué ultérieurement, elle fait pourtant l’objet d’une autre représentation de paysanne, qui «porte un chiffon sur la tête ou un mouchoir sur la tête», et qui est «massive car elle doit travailler physiquement». Nous reviendrons plus tard sur cet écart intéressant entre deux stéréotypes physiques énoncés par un même groupe national.

LE STÉRÉOTYPE PHYSIQUE DE L’ALLEMANDE

Le stéréotype de l’Allemande est lui bien loin d’être uniforme. Il s’oppose même en plusieurs points entre la perspective française et polonaise. Les Fran- çais décrivent l’Allemande typique comme étant parfois un peu ronde ou massive mais elle leur paraît plus généralement être une fi lle sportive, belle et élancée. Elle est aussi décrite le plus souvent comme blonde.

Pour les jeunes Polonais, l’Allemande est de même une blonde à la peau claire (blondynka o jasnej karnacji), mais en dehors de ces attributs, ils expriment résolument un stéréotype physique négatif de la femme allemande, bien distinct du stéréotype présenté par les Français. Lors de chaque rencontre, ils ne manquent pas de qualifi catifs péjoratifs. L’Allemande typique correspond selon eux à une femme peu charmante (nieurokliwa17), pas très belle (niezbyt urodziwa), voire laide (brzydka). Ils lui attribuent parfois des formes généreuses (o obfi tych kształtach), mais le plus souvent elle est qualifi ée de grosse (gruba). De surcroît, l’Allemande ne prend pas soin d’elle (niedbająca o siebie), elle n’utilise pas de maquillage (nie używa kosmetykόw) ou elle est au contraire très maquillée (mocno pomalowana). Elle n’est de plus ni délicate (niedelikatna), ni gracieuse (nie- zgrabna) et elle est aussi perçue comme ayant un visage fi gé (kamienna twarz).

On observe tout d’abord lors des rencontres qu’en affi rmant une différen- ciation des caractéristiques physiques des femmes suivant leur nationalité, les jeunes ont le sentiment de rendre compte d’éléments de distinction incontestables entre les nations, qu’ils soient confi rmés ou non par l’apparence physique des jeunes femmes présentes lors de la rencontre. Les représentations de l’apparence ou des manières de se comporter des femmes leur permettent aussi d’avancer et de justifi er d’autres divergences liées aux caractères ou aux valeurs. Le fait que les groupes féminins leur apparaissent homogènes physiquement contribue à leur perception de groupes nationaux distincts et cohérents et leur laisse induire l’exis- tence d’une entité nationale homogène.

Cependant la persistance de deux stéréotypes physiques dissemblables for- mulés au sein d’un même groupe national peut paraître surprenante (ici les deux versions du stéréotype de la Polonaise chez les jeunes Français), tout comme un

17 Nous avons retranscrit textuellement cette occurrence. Nous la prenons au sens de «mająca mało wdzięku, pozbawiona uroku» (ayant peu de charme, dénuée de charme).

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fort contraste entre deux stéréotypes d’un même groupe national féminin expri- més par des groupes nationaux différents (le contraste entre les deux stéréotypes de l’Allemande chez les Français et chez les Polonais). On peut donc s’interroger sur les origines de ces différentes «images dans la tête».

LA RÉALITÉ SIMPLIFIÉE SE REFLÈTE DANS LA LANGUE

Le manque de connaissances actuelles des jeunes sur les habitants des autres pays peut se trouver à la source de stéréotypes négatifs. Le versant du stéréotype de la Polonaise «paysanne [qui] porte un chiffon sur la tête» mentionné par les jeunes Français en est le parfait exemple. Un tel portrait de la Polonaise refl ète des connaissances aujourd’hui dépassées. En effet les stéréotypes changent diffi cile- ment avec le temps, ils sont de nature tenace. Cette représentation est, selon Karo- lina Pietras18, liée aux années de communisme, au blocage et au peu de contacts des Français avec les habitants d’Europe centrale et d’Europe de l’Est. Ainsi que le mentionne Krzysztof Pomian, les Français voient à l’aube du XXIe siècle la Po- logne comme un pays où «un paysan non rasé et couvert de hardes indéfi nissables conduit une charrette que tire un cheval étique»19.

Par ailleurs les Français qui différencient mal les pays de l’ex bloc commu- niste associent régulièrement la femme Polonaise à la femme Russe et il n’est pas étonnant d’entendre lors des séjours avec les jeunes que, physiquement, «les Polonaises sont comme les Russes». Les jeunes Allemands qui ont globalement une meilleure connaissance de la Pologne et de ses habitants, en raison notam- ment d’échanges culturels plus développés qu’entre la France et la Pologne20, n’émettent pas ce type de stéréotypes physiques. On constate donc que là où la connaissance de l’autre est limitée voire nulle, le stéréotype physique trouve aus- si sa place et des représentations très éloignées de la réalité peuvent être mises à jour.

RÉSISTANCE DES STÉRÉOTYPES ET LEUR AUTONOMIE PAR RAPPORT À LA RÉALITÉ

Pendant les rencontres interculturelles, les jeunes ont la possibilité de com- parer les stéréotypes véhiculés dans leur pays avec le physique effectif des par- ticipantes. Il est donc évident qu’un grand nombre d’entre eux ne trouvent pas

18 K. Pietras, «Stéréotype du Polonais en Allemagne et en France», Actes de colloque, Confé- rence du cycle 2007 de l’association Communauté Franco-Polonaise.

19 K. Pomian, «La persistance des stéréotypes», [dans:] M. Delaperrière, J. Doberszyc, B. Drweski, La France et la Pologne au-delà des stéréotypes, Institut d’études slaves, Paris 2002.

20 K. Pietras, op. cit.

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leurs incarnations chez les jeunes femmes présentes. En réalisant par exemple les activités sur les stéréotypes nationaux, on peut noter l’affl uence des comparaisons faites et entendre des remarques telles que «les femmes polonaises ont le visage rond comme Magda», ou bien: «Les Allemandes sont grandes mais ce n’est pas du tout le cas de Friederike».

Cependant, quand un stéréotype s’avère largement infi rmé, les jeunes n’y renoncent pas pour autant. Très fréquemment la/les participante(s) dépourvue(s) de la caractéristique stéréotypique, est/sont classée(s) dans une nouvelle catégorie ou un nouveau sous-groupe. Par exemple, le participant Polonais d’une rencontre trinationale disait que «les Allemandes ne sont pas jolies mais [que] celles du camps sont des exceptions (Niemki nie są ładne, ale te, ktόre są na obozie, są wyjątkami)». Par la création du sous-groupe des «Allemandes du camps», le sté- réotype des Allemandes laides peut perdurer.

UN DEGRÉ D’EXACTITUDE DES STÉRÉOTYPES À RELATIVISER

La reconnaissance d’un lien entre stéréotype et réalité fut longtemps un ta- bou, une hypothèse perçue comme une incitation au racisme, jusqu’à la parution en 1995 du livre Stereotype accuracy21 où les auteurs Yueh-Ting Lee, Lee J. Jus- sim et Clark R. McCauley essayent de démontrer des liens statistiques entre cer- tains stéréotypes nationaux et la réalité. L’image des jeunes Polonais et Allemands de la Française mince ou celle des jeunes Français et Polonais de l’Allemande massive ou grosse trouveraient par exemple des fondements statistiques reposant sur la comparaison entre les femmes des trois pays. En se basant sur des données fournies par Eurostat, le pourcentage du nombre de femmes en surpoids l’année 2004 en France, en Allemagne et en Pologne, on peut en effet trouver des écarts si- gnifi catifs22. Si l’on compte environ 32% de femmes en surpoids en France, elles représentent 45% de la population en Pologne et 51% en Allemagne. En observant donc globalement les silhouettes des femmes des différentes nations, les jeunes généraliseraient et clôtureraient les différences moyennes de poids en des termes de femme française mince ou de femme allemande grosse. Les stéréotypes expri- més se fi gurent, selon cette analyse, comme des généralisations excessives d’attri- buts physiques ressortant de comparaisons entre les groupes nationaux. Pourtant, bien qu’un certain degré de réalité puisse être à l’origine des stéréotypes, une tentation de généralisation ainsi qu’une vision ethnocentrique du physique des

21 Y.-T. Lee, L.J. Jussim, C.R. McCauley, Stereotype accuracy: Toward appreciating group differences, American Psychological Association, Washington 1995.

22 «Women and men aged 25–64 mesured as being overweight», [dans:] The life of women and men in Europe, a statistical portrait, Eurostat Statistical Books, Eurostat European Commis- sion, Offi ce for Offi cial Publications of the European Communities, Luxembourg 2008.

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femmes s’emparent des données objectives dans les discours des jeunes. Le degré d’exactitude des stéréotypes est donc à relativiser.

De cette façon, il arrive aussi que la généralisation d’une caractéristique phy- sique se fasse à une échelle moindre. Un groupe de jeunes Français affi rmait un jour à contre-courant que «les Polonaises sont brunes» ou que «les Allemandes sont petites». Ces assertions s’expliquaient, à ce qu’il nous semble, par la présence de fi lles Polonaises majoritairement brunes lors du séjour et d’Allemandes petites dans l’ensemble. Ce type de stéréotype fonctionnerait comme la généralisation d’une caractéristique fréquente dans le groupe national féminin présent et non pas dans l’ensemble du groupe national. Les jeunes n’ayant parfois jamais rencontré auparavant d’autres membres des pays en question et n’ayant pas forcément en tête de stéréotype physique aux contours défi nis, se suffi sent de la rencontre avec quelques membres d’un pays pour former un stéréotype. Il arrive également que les jeunes, en observant un attribut physique, un style vestimentaire ou un com- portement inhabituel chez une ou deux jeunes femmes d’un autre groupe national que le leur, aient aussi comme réaction d’attribuer cette caractéristique à l’en- semble des femmes du groupe national en question.

Les jeunes se saisissant de caractéristiques physiques réelles plus ou moins signifi antes et partagées par un nombre de jeunes femmes plus ou moins repré- sentatif, les soumettent à des comparaisons avec le physique moyen des femmes de leur pays. En formant ainsi des stéréotypes, ils semblent cerner ou avoir le sentiment de cerner certaines des différences qui les déstabilisent. Ils détectent les différences physiques chez certains membres d’un groupe national féminin et renforcent ou complètent leur stéréotype. Ces derniers ont en effet pour fonction, comme le soulignent Dave L. Hamilton et Tina K.Trolier, de rendre l’environne- ment complexe dans lequel nous vivons plus compréhensible et plus prévisible23. Grâce à leurs aspects cognitifs, ils s’avèrent utiles aux jeunes puisqu’ils les aident à mettre de l’ordre et de la cohérence dans le monde qui les entoure, à trouver des repères dans l’univers social particulièrement complexe de la rencontre inter- culturelle où ils ressentent un fort sentiment d’insécurisation. En s’appuyant sur ce qu’ils voient, sur ce qu’ils observent de singulier dans l’apparence physique des autres groupes nationaux féminins, les jeunes mettent en place ou renforcent des schémas stéréotypés de la femme typique des différents pays. Ils peuvent en- suite se référer à ces schémas en découvrant de nouvelles dissemblances au fur et à mesure de la rencontre interculturelle. De la sorte, malgré l’ouverture sur les autres cultures favorisée par la rencontre interculturelle, les jeunes sont tentés de renforcer des stéréotypes excessivement généralisants ou réducteurs, et même d’en formuler de nouveaux pour se repérer par rapport à leur propre culture et par rapport à celle des autres. On ne pourrait donc dire que les stéréotypes physiques

23 D.L. Hamilton, T.K. Trolier, «Stereotypes and stereotyping: An overview of the cognitive approach», [dans:] J.F. Dovidio, S.L. Gaertner (dir.), Prejudice, discrimination, and racism, Aca- demic Press, Orlando 1986, pp. 127–163.

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des femmes exprimés par les jeunes reposent entièrement sur une généralisation des caractéristiques physiques d’un groupe national. Comme nous l’avons vu, le stéréotype de l’apparence physique d’un même groupe féminin comporte des vi- sages très différents suivant l’appartenance nationale des jeunes qui les émettent.

UN JUGEMENT DES GROUPES NATIONAUX PAR LA MOBILISATION DES STÉRÉOTYPES PHYSIQUES FÉMININS

Les stéréotypes physiques féminins des jeunes, qui comme nous l’avons dit, peuvent se construire plus ou moins à partir de réalités visibles, trouvent diffé- rentes interprétations ou évaluations chez chacun des trois groupes nationaux.

D’après notre corpus de recherche, ces évaluations se font en particulier en termes de beauté et de féminité, des notions qui reposent sur des jugements liés à la perception.

On peut d’abord s’intéresser à la convergence des évaluations positives por- tées sur le physique des Polonaises et envisager un canon de la beauté mondialisé de la femme mince, aux cheveux clairs, tel que le présente le sociologue Jean- François Amadieu24. Ce stéréotype correspondrait en effet au stéréotype de la Polonaise partagé par les jeunes Français et Allemands, auquel a probablement contribué la nouvelle popularité des actrices et mannequins polonais sur la scène internationale25. Cependant, si les critères de beauté des femmes étaient reconnus à l’unanimité par les jeunesses des trois pays, on ne pourrait expliquer le fait que les Allemandes soient jugées plutôt comme belles par les jeunes Français et comme radicalement laides par les jeunes Polonais. Ces jugements dont les stéréo- types sont porteurs confi rmeraient une forte autonomie des stéréotypes par rapport à la réalité, qui va à l’encontre de la thèse soutenue par les auteurs de l’ouvrage Stereotype accuracy.

Dans un premier temps, on constate lors des rencontres que les stéréotypes physiques et les critères de beauté reposent sur des évaluations de caractéristiques qui ne sont pas uniquement liées à certains canons de beauté. Les manières de s’habiller, de se maquiller ou de prendre soin de son apparence, sont aussi parti- culièrement signifi antes pour les jeunes, tout comme les comportements, qui se distinguent d’un pays à l’autre. La beauté des Polonaises est aussi associée de manière récurrente pour les jeunes Allemands et Français au soin qu’elles ac- cordent à leur apparence. Une jeune Allemande faisait par exemple la remarque que les fi lles polonaises aiment particulièrement porter des tenues très courtes ou des chaussures à talon. De même, lors d’un chantier l’été 2010, deux Françaises

24 J.-F. Amadieu, Le Poids des apparences, Beauté, Amour et Gloire, Odile Jacob, Paris 2002.

25 On peut citer des jeunes femmes connues aujourd’hui dans le monde entier telles que Joan- na Krupa, Kasia Smutniak ou encore l’actrice Alicja Bachleda-Curuś.

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relevaient le grand soin quotidien que prenaient les jeunes femmes polonaises du groupe, pour leur maquillage, leur manucure ou encore pour le lissage de leurs cheveux, même lorsque les matinées étaient consacrées à des travaux physiques.

Dans un deuxième temps, les jugements négatifs liés à la beauté des femmes se comprennent aussi comme une manière de critiquer et de mettre à distance l’en- semble d’un groupe national, fi lles comme garçons. La perception négative que les jeunes Polonais ont du physique des Allemandes ne saurait être dissociée de l’ensemble des stéréotypes négatifs qu’ils expriment sur les Allemands en général.

Ces visions négatives ressortent nettement lors des activités sur les stéréotypes na- tionaux, alors que les jeunes Français formulent, eux, un stéréotype plus favorable aux Allemands. On remarque en effet que les stéréotypes des jeunes Polonais sur les Allemands exprimés pendant les rencontres sont encore très liés à la Seconde Guerre mondiale et au nazisme, bien plus que ceux des Français.

On observe aussi que les garçons se montrent tout autant touchés par des sté- réotypes négatifs concernant les femmes de leur pays que les fi lles elles-mêmes.

À l’inverse, lorsqu’un stéréotype positif est formulé, comme c’est le cas pour les Polonais, les garçons et les fi lles en manifestent une certaine fi erté. En prenant connaissance des stéréotypes positifs sur les femmes de leur pays, les groupes de jeunes peuvent eux-mêmes s’avancer devant les autres avec une image avan- tageuse, valorisante du groupe national et du pays auxquels ils appartiennent. Le physique des femmes se présentent alors comme un trait identitaire national, un objet de fi erté. Ainsi il semblerait que les stéréotypes physiques des femmes men- tionnés contribuent à la construction d’une identité sociale positive ou négative pour le groupe national tout entier.

CONCLUSION

Les stéréotypes physiques féminins mis à jour par les jeunes lors des ren- contres interculturelles semblent fonctionner de la même manière que les stéréo- types nationaux liés aux caractères et aux mœurs: ils se présentent d’une part comme des structures cognitives, donnant de la cohérence aux groupes nationaux dont la structure sociale est complexe et diversifi ée. Ils permettent une schémati- sation des caractéristiques nationales pendant la rencontre interculturelle, où les multiples différences culturelles sont déstabilisantes pour les participants. Mais les stéréotypes physiques féminins fonctionnent aussi comme des structures af- fectives, puisque le système d’évaluation que mobilisent les jeunes pour défi nir un groupe national féminin selon des critères de beauté mais aussi des caractéri- stiques physiques (poids, etc.) reste celui du système culturel national, que les jeunes présentent comme un système universel. Les stéréotypes physiques des femmes peuvent ainsi prendre des visages multiples. En dehors d’une vision

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ethnocentrique des caractéristiques physiques et de la beauté féminines, des ju- gements affectifs liés au sentiment pour le pays d’appartenance de la femme sté- réotypée sont aussi engagés. La perception qu’ont les jeunes Polonais des Fran- çaises belles, minces et sophistiquées face à une perception des Allemandes laides, grosses et négligées nous indique aussi le rôle du sentiment de proximité affective dans la formation des stéréotypes physiques. La subjectivité et l’affect prévalent bel et bien sur des critères objectifs de type cognitif.

Ainsi, les stéréotypes physiques des groupes nationaux se présentent aussi

«comme de solides structures émotionnelles et cognitives» et ils sont de la sorte

«résistants aux expériences immédiates»26. Il est diffi cile de changer une repré- sentation du monde, même aussi matérielle et «palpable» que la représentation de l’apparence physique, lorsqu’elle permet à un groupe social de mettre de l’ordre dans ses idées et perceptions. De cette façon les stéréotypes physiques féminins se montrent très tenaces chez les jeunes, malgré le contexte de la rencontre inter- culturelle qu’on pourrait croire éclairant. Ils donnent aux jeunes le sentiment de cerner une des nombreuses différences culturelles qui bousculent leurs repères lors de la rencontre et ils leur donnent la possibilité de s’en protéger, en restant unis à leur groupe national d’appartenance. Le stéréotype physique des femmes en regard de l’appartenance nationale semble jouer un rôle dans la construction des identités nationales, dans la démarcation par rapport aux autres nations et c’est pourquoi les jeunes hommes se sentent tout aussi affectés que les jeunes femmes par les critiques extérieures.

Cependant les jeunes doivent prendre conscience que les représentations qu’ils mobilisent sont des stéréotypes pour pouvoir s’en distancer, notamment lors de leurs interactions avec les membres d’autres groupes nationaux. Même si les rencontres interculturelles ne sont pas évidemment en mesure de suppri- mer radicalement les stéréotypes négatifs en raison de leurs fonctions, elles peuvent permettre aux participants de se rendre compte de leur caractère lacu- naire lorsqu’ils sont discutés et confrontés en groupe. Quand un retour sur les stéréotypes est fait, qu’une confrontation avec la réalité est verbalement aiguillée par les animateurs interculturels, nous avons vu qu’il est possible de faire prendre conscience aux jeunes de la dimension réductrice, falsifi ée ou ethnocen- trique des stéréotypes physiques. Ainsi même si les stéréotypes restent inéluc- tablement des cadres de référence présents dans la pensée des jeunes, ils ont aussi un rôle dans la rencontre entre les cultures et peuvent être une voie d’accès à l’altérité culturelle. Les acteurs de jeunesse en contexte de rencontre intercultu- relle peuvent guider les jeunes dans leur prise de distance afi n de relativiser ces grilles de lecture pour être prêts à découvrir d’autres réalités culturelles.

26 «[Stereotypy] funkcjonują (…) jako sztywne struktury emocjonalno-poznawcze i są odpor- ne na bezpośrednie doświadczenie»; A. Kłosowska, Kultury narodowe u korzeni, PWN, Warszawa 1996.

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THE STEREOTYPES ISSUE OF THE FRENCH, POLISH AND GERMAN WOMAN’S PHYSICAL APPEARANCE IN THE CONTEXT OF YOUTH INTERCULTURAL MEETING.

A COMPARATIVE STUDY

Summary

This article focuses on the contents and the operations of stereotypes and the physical appear- ance of french, polish and german women, in the context of intercultural meetings of young people.

The physical stereotypes, which are often in sharp contradictions with the appearance of participants can remain by the youth, as evidenced by the activities on stereotypes provided during the meetings.

Although stereotypes are often viewed as harmful to the understanding between cultures, they play a role through their cognitive and affective dimensions in the recognition of national identities and cultures and are a gateway to cultural otherness.

Key words: stereotype, physical appearance, intercultural, youth

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