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Une des tâches les plus sérieuses de l ’historien en question est la nécessité de dém ontrer la connexité du développem ent des sciences avec les aspects sociaux, de ju g er de l’im portance des différents facteurs au cours des diverses étapes d u développem ent, de généraliser ces résu ltats et de chercher des règles généralem ent valables du développement scientifique, qui ne seraient p as seulem ent u n e appréciation objective du passé m ais qui p o u rraien t contribuer à p rév o ir les perspectives du développem ent des sciences, etc., e t qui au ra ie n t p a r su ite urne im portance ém inente pour la société contemporaine.
P. C zartoryski
N ous avons tous le sen tim en t profond, qui a été exprim é ici à m aintes reprises, que l ’histoire des sciences devient de plus en plus nécessaire comme discipline contribuant à l’in tég ratio n du savoir h u m ain et à l ’édu cation de l’homme. D ans ce contexte je voudrais poser quelques pro blèm es qui m e sem blent fondam entaux, en se ren d an t bien compte, que ce sont p lu tô t des questions à résoudre, que des solutions. Considérons nos positions d e trois points de vue: ceux de l’am biance économique, philosophique et culturelle.
I. Je commence p ar le prem ier, qui me sem ble le p lu s facile. Nous avons déjà discuté su r les relations e n tre la découverte scientifique, la technique et la société. Il sem ble quand même, que dans ces consi dérations, que je ne répète pas ici, le facteu r économique a été presque entièrem ent omis. Le progrès technique a sa place im p o rtan te dans la litté ra tu re économ ique concernant Ha program m ation m athém atique (In p u t-o u tp u t linnear programing) — dans les oeuvres de K antorovitch et N iem tchynov en U.R.S.S., de K ornai, Liptaik et d ’a u tre s en H ongrie e t de Lange, G reniew ski et d’un groupe de jeunes économ istes polonais, aussi bien que dans celles de Leontiev, Koopmans, Danzig et de nom breux économistes d e l’Occident, dont les noms sont bien connus. Le second domaine où le s problèm es de la technique ont une im portance prim ordiale est celui d e l’économie des p ay s sousndé veloppés. Il su ffit de citer ici les nom s de Dobb, ém in en t m arx iste anglais, Sen, Domar au x États-Unis,, K alecki e t son école e n Pologne.
Or, les ré su lta ts de toutes ces recherches basées su r u n appareil m éthodologique trè s précis dém ontrent, que la notion du p rogrès tech n iqu e en économie est bien différente de celle d u progrès technique
“p u r”.
D iscussion 45
longue durée. Les centres de décision économique o n t à le u r choix un vaste arsenal de moyens techniques — plus ou moins “progressifs” — e t d’a u tre p a r t ils sont .limités p a r u n n o m bre de facteu rs comme condi tions naturelles, dém ographiques, sociales, culturelles, politiques etc. Le choix des techniques les plu s efficaces d e ce p o in t de v ue n ’est pas toujours équivalent a u choix des techniques les p lu s m odernes.
Un seul exem ple d rastiq u e: la construction d ’une usine autom atisée aux Indes est ab su rd e à cause d e l ’énorm e chôm age dans ce pays; les problèm es analogues de choix de techniques se posent p arto u t, et les solutions acceptées p ar le s cen tres de décision sont basées su r des critères bien plus nom breux que celui du pro g rès sim plem ent techno logique. C’est donc u n e sim plification bien fâcheuse d e ra p p o rte r la technique d ’une m an ière im m édiate à la société — sans p ren d re compte de ce m écanism e compliqué des faits incontestables et des résu ltats im portants des science économ iques qu i se d éro u len t sous nos yeux.
II. Le second problèm e doit ê tre posé a u p la n philosophique. Il y a ici deux aspects:
1) En p rem ier lieu, c’est le vieux conflit des Sciences exactes e t de la philosophie, que nous observons à trav e rs les siècles au moins depuis la Renaissance. Mais je crois — perm ette z que je le dise en ta n t que l’historien des sciences hum aines ,et sociales — que l’histoire des scien ces dans de nom breux domaines est encore à p résen t m arquée p ar l ’esprit du “scientism e” et du “positivism e” d u X IX e siècle, e t on re n contre des attitu d es qui exprim ent lia foi dans le pouvoir om nipotent et bienfaisant de la science en v ers l’hum anité.
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2) D’a u tre p art, s u r le p lan méthodologique, l’épistémologie e t la logique su rto u t oint une grande (tradiltion — il fault Ile rap p eler — dans' les recherches su r la stru c tu re e t le développem ent de la science. J e pense que le professeur P rice e n p a rla n t de l ’o eu v re d e iM. e t M me Ossowiski a commis u n e p etite erreur. L ’écoHe polonaise a fait des; rech er chas approfondies su r l a s c i e n c e d e l a s c i e n e e e t c’é ta it u n de ces résuil/tats que M. e t M m e Ossowiski p résen tè ren t d an s le u r article. Ceci n ’est q u ’un exem ple. M alheuresem ent les deux m anières de penser sur la science : la voiie historique répresenitée p a r n o tre groupe, et ila voie m éthodologique représentée p ar l ’épistémoloigie, o n t divergé. Il me semble, que d an s ce dom aine une aide très im p o rtan te p o u rrait ê tre obtenue de la p a r t des (philosophes et des logiciens qui p arfo is p o u rraien t nous donner des solutions toutes faites pour des problèm es que nous essayons d’aborder.
III. Le dernier problèm e se .pose su r le niveau de relations entre l ’histoire ides sciences e t les problèm es de culture. De la constatation
du fa it évident, que la science n ’est q u ’une des activités culturelles de l’homme, il est clair, q u ’elle doit être considérée d an s l’am biance de cette activité. Nous obtenons donc encore u n e lim itatio n 'de l'histoire de la science, q u an t à son im portance p o u r le p résen t e t p o u r l ’avenir. Le rôle de nos recherches e t ‘de H’enseignem ent de l’h isto ire des sciences sera plus grand, si cet enseignem ent a u ra des racines profondes dans la cul tu re hum aine, aussi bien que dans les problèm es bien difficiles, de fo rm er
une cu ltu re harm onieuse p o u r l’avenir. Ceci est lié profondém ent avec les questions philosophiques que j ’ai essayé de p ré se n te r to u t à l’heure.
D ’a u tre p a rt l’am biance cu ltu relle a une in fluence définie su r les m éthodes de recherche. J e voudrais ici a ttire r l’atten tio n sur deux pro blèm es seulem ent. E h prem ier lieu c ’est le rô le de l ’histoire des sciences dans divers pays. L a recherche s u r la cu ltu re scientifique nationale a une im portance prim ordiale p our com prendre n on seulem ent le déve loppem ent de la c u ltu re d ’u n certain pays, m ais aussi des procès de croissance politique, sociale et économique.