POLONICI MATHEMATICI LXXI.1 (1999)
Fonctions zˆ eta d’Igusa et fonctions hyperg´ eom´ etriques par Nicusor Dan (Paris et Bucure¸sti)
R´ esum´ e. On ´etudie la fonction zˆeta d’Igusa ζ(P, s) associ´ee ` a une hypersurface pro- jective complexe {P = 0}. On montre qu’elle est une int´egrale d’Euler g´en´eralis´ee et on pr´ecise le syst`eme diff´erentiel A-hyperg´eom´etrique qu’elle satisfait. On indique un algo- rithme pour la d´etermination explicite d’une ´equation aux diff´erences satisfaite par ζ(P, s).
On calcule explicitement cette fonction pour quelques cas particuliers. On prouve que la fonction zˆeta associ´ee au r´esultant R
(1,2)n’est pas une somme de produits de fonctions exponentielles et gamma.
Soit P un polynˆome homog`ene de degr´e d en N +1 variables complexes. Il s’identifie ` a une section du fibr´e O(d) sur P
N(C). On s’int´eresse ` a la fonction de variable complexe s :
(1) ζ(P, s) =
\
PN(C)
|P |
2sdν
N,
o` u |P | est la norme de P pour la m´etrique de Fubini–Study et dν
Nest la mesure sur P
Ninvariante par l’action de U (N + 1), de volume 1. Une des raisons pour cela est le fait que
1 2
d
ds ζ(P, s) =
\
PN(C)
log |P | dν
N,
et la derni`ere quantit´e calcule la hauteur de l’hypersurface {P = 0} dans P
N, quand P est ` a coefficients entiers.
Suivant [GKZ], on montre au §1 que ζ(P, s) est une int´egrale d’Euler g´en´eralis´ee. On pr´ecise le syst`eme diff´erentiel A-hyperg´eom´etrique qu’elle satisfait.
1991 Mathematics Subject Classification: 11M99, 33C65, 33C70, 39A10.
Key words and phrases: Igusa zeta function, generalized Euler integral, A-hypergeo- metric system, difference equation.
[61]
On sait [Be] que la fonction ζ(P, s) satisfait une ´equation (2)
X
M i=0a
i(s)ζ(P, s + i) = 0
avec a
i(s) des polynˆomes non-nuls. On indique au §2 un algorithme pour la d´etermination explicite d’une relation (2). On donne des bornes sur M et sur les degr´es en s des polynˆomes a
i(s) en fonction de N , d. Cet algorithme, combin´e avec celui de [Pe], permet de d´ecider, ´etant donn´e un polynˆome P , si la fonction ζ(P, s) est une somme de produits de fonctions exponentielles et gamma. Mais cette possibilit´e reste th´eorique, car l’algorithme est tr`es long.
Une g´en´eralisation mineure de l’int´egrale (1) est l’int´egrale ζ(P, s) =
\
PN1(C)×...×PNk(C)
|P |
2sdν
N1. . . dν
Nk,
o` u P est un polynˆome multi-homog`ene sur P
N1(C) × . . . × P
Nk(C) et |P | est sa norme pour la m´etrique produit de m´etriques de Fubini–Study.
Le cas particulier qui a motiv´e ce travail est le cas o` u P = R
(d0,....,dN), le r´esultant des N + 1 polynˆomes en N + 1 variables homog`enes de degr´es d
0, . . . , d
N. L’int´egrale ζ
′(P, 0) a ´et´e calcul´ee dans [BGS] et c’est un nombre rationnel. Cela pourrait sugg´erer que l’int´egrale ζ(P, s) est une combinaison lin´eaire de produits de fonctions gamma. On montre au §3 que ce n’est pas vrai pour P = R
(1,2). Le §3 contient ´egalement des expressions de ζ(P, s) comme somme d’une s´erie hyperg´eom´etrique g´en´eralis´ee dans les cas: P = R
(1,...,1), P = R
(1,n)et P un polynˆome quadratique quelconque.
1. ζ(P, s) comme int´ egrale d’Euler g´ en´ eralis´ ee. On fixe les co- ordonn´ees X
0, . . . , X
Nsur P
N(C). On note x
i= X
i/X
0pour tout i = 1, . . . , N . Soit P un polynˆome homog`ene de degr´e d dans les variables X
0, . . . , X
N. Il s’identifie ` a une section du fibr´e O(d) sur P
N(C). On note
|P | sa norme pour la m´etrique de Fubini–Study sur ce fibr´e. On note dν
Nla mesure sur P
N(C), invariante par l’action de U (n + 1), normalis´ee pour que le volume de P
N(C) soit 1. L’int´egrale
ζ(P, s) =
\
PN(C)
|P |
2sdν
Nest bien d´efinie pour tout nombre complexe s satisfaisant Re(s) > 0, car la fonction |P |
2sest continue sur P
N(C). Elle co¨ıncide avec l’int´egrale ind´efinie convergente
\
PN(C)−{X0=0}
|P |
2sdν
N.
On exprime cette int´egrale en coordonn´ees x
1, . . . , x
N:
|P |
2= P
0(x
1, . . . , x
N)P
0(x
1, . . . , x
N) (1 + |x
1|
2+ . . . + |x
N|
2)
d,
o` u P
0est le des-homog´en´eis´e du polynˆome P , et ([GH], pp. 30–31) dν
N= N !ω
N,
ω = i 2π
P
Nj=1
dx
jdx
j1 + P
Nj=1
|x
j|
2− ( P
Nj=1
x
jdx
j) ∧ ( P
Nj=1
x
jdx
j) (1 + P
Nj=1
|x
j|
2)
2. Au total,
ζ(P, s) = N !
i 2π
N \CN
(P
0P
0)
sdx
1dx
1. . . dx
Ndx
N(1 + |x
1|
2+ . . . + |x
N|
2)
ds+N +1. Pour tout j = 1, . . . , N , on ´ecrit x
j= t
2j−1+ it
2jpour t
1, . . . , t
2Ndes variables r´eelles. On note P
1le polynˆome de degr´e 2d dans les variables t
1, . . . , t
2Nobtenu ` a partir du polynˆome P
0P
0. Il en r´esulte que
(3) ζ(P, s)
= N ! 1 π
N\
R2N
P
1(t
1, . . . , t
2N)
s(1 + t
21+ . . . + t
22N)
−ds−N −1dt
1. . . dt
2N. On rappelle la d´efinition suivante de [GKZ]:
Soient P
1, . . . , P
mdes polynˆomes de Laurent dans C
ket α
1, . . . , α
m, β
1, . . . , β
kdes nombres complexes. Soit U l’ouvert de C
kd´efini par x
i6= 0 pour tout i = 1, . . . , k et P
j6= 0 pour tout j = 1, . . . , m. Soit L le syst`eme local sur U ayant les exposants de monodromie α
jautour de {P
j= 0} et β
iautour de {x
i= 0} et soit σ un k-cycle singulier avec les coefficients dans L. Alors
\
σ
Y
j
P
j(x
1, . . . , x
k)
αjx
β11. . . x
βkkdx
1. . . dx
ks’appelle une int´egrale d’Euler g´en´eralis´ee.
Le k-cycle singulier peut ˆetre fini ou seulement localement fini. Dans le dernier cas, l’int´egrale doit ˆetre convergente.
L’int´egrale (3) est une int´egrale d’Euler g´en´eralis´ee. En effet, on prend k = 2N , on consid`ere l’inclusion canonique R
2N⊂ C
2Net on prolonge t
1, . . . , t
2Nen coordonn´ees complexes sur C
2N.
On consid`ere dans la d´efinition m = 2, P
1= P
1(t
1, . . . , t
2N), P
2=
1 + t
21+ . . . + t
22N, α
1= s, α
2= −ds − N − 1 , β
1= . . . = β
2N= 0. On prend
l’ouvert U et le syst`eme local L comme dans la d´efinition. Le syst`eme local
L restreint ` a R
2Nest trivial, car les polynˆomes P
1, P
2sont ` a coefficients
r´eels.
On consid`ere une triangulation localement finie de R
2N∩ U = R
2N− {P
1= 0}− S
2Ni=1
{t
i= 0} et on note σ le 2N -cycle qui lui est associ´e. Comme son support est inclus dans R
2N, il est bien un 2N -cycle pour le syst`eme local L. Avec toutes ces notations, l’int´egrale (3) s’´ecrit
(4) N !
π
N\
σ
P
1α1P
2α2t
β11. . . t
β2N2Ndt
1. . . dt
2N.
Suivant [GKZ], on va d´ecrire un syst`eme diff´erentiel satisfait par une int´egrale g´en´erale de type (3). Pour cela, on note
(5) P
1= X
I∈I
B
It
I, P
2= A
0+ X
2N i=1A
it
2i,
o` u I est l’ensemble des 2N -uples I = (I
1, . . . , I
2N) v´erifiant I
1≥ 0, . . . , I
2N≥ 0, P
2Ni=1
I
i≤ 2α. On note 0 le 2N -uple (0, . . . , 0). On suppose A
i> 0 pour tout i = 0, . . . , 2N .
Proposition 1.1. Soient P
1, P
2les polynˆ omes d´ efinis par (5) et s un nombre complexe v´ erifiant Re(s) > 2. Alors l’int´egrale
I(A
i, B
I) =
\
R2N
P
1sP
2−ds−N −1dt
1. . . dt
2Nv´ erifie les ´ equations diff´ erentielles suivantes, dans les variables A
i, B
I:
X
I∈I
B
I∂
∂B
II(A
i, B
I) = sI(A
i, B
I), (6)
X
2N j=0A
j∂
∂A
jI(A
i, B
I) = (−ds − N )I(A
i, B
I), (7)
X
I∈I
I
iB
I∂
∂B
I+ 2A
i∂
∂A
iI(A
i, B
I) = −I(A
i, B
I) (8)
pour tout i = 1, . . . , 2N , et (9)
∂
I1+...+I2N∂A
I11. . . ∂A
I2N2N∂
2∂B
20I(A
i, B
I) =
∂
I1+...+I2N∂A
I01+...+I2N∂
2∂B
I2I(A
i, B
I) pour tout I ∈ I, I 6= 0.
P r e u v e. La preuve co¨ıncide avec la preuve du th´eor`eme (2.7) dans [GKZ]; il faut seulement prouver que les int´egrales qui apparaissent dans les diverses identit´es sont convergentes.
On note D(R) la boule ferm´ee, dans R
2N, centr´ee ` a l’origine, de rayon R.
Le polynˆome P
2est partout positif, car A
i> 0 pour i = 0, . . . , 2N .
Il r´esulte que la fonction P
2−ds−N −1est de classe C
∞sur R
2N. Comme
Re(s) > 2, la fonction P
1sest de classe C
2sur R
2N. Il r´esulte que les d´eriv´ees
d’ordre au plus 2 dans les variables B
Iet de tout ordre dans les variables A
icommutent avec l’int´egrale sur D(R) pour la forme P
isP
2−ds−N −1dt
1. . . dt
2N. On a
(10) X
I
B
I∂
∂B
I \D(R)
P
1sP
2−ds−N −1dt
1. . . dt
2N=
\
D(R)
sP
1s−1X
I∈J
B
I∂P
1∂B
IP
2−ds−N −1dt
1. . . dt
2N=
\
D(R)
P
1s−1P
1P
2−ds−N −1dt
1. . . dt
2N.
De mˆeme,
(11)
X
2N j=0A
j∂
∂A
j \D(R)
P
1sP
2−ds−N −1dt
1. . . dt
2N= (−ds − N − 1)
\
D(R)
P
1sP
2−ds−N −1dt
1. . . dt
2N,
(12)
∂
I1+...+I2N∂A
I11. . . A
I2N2N∂
2∂B
02 \D(R)
P
1sP
2−ds−N −1dt
1. . . dt
2N=
∂
I1+...+I2N∂A
I01+...+I2N∂
2∂B
I2 \D(R)
P
1sP
2−ds−N −1dt
1. . . dt
2N=
\
D(R)
s(s − 1)P
1s−2×
I1+...+I
Y
Ni=1
(−ds − N − i) · P
2−ds−N −I1−...−I2Nt
2I1 1. . . t
2I2N2Ndt
1. . . dt
2N,
(13) X
I∈I
I
iB
I∂
∂B
I+ 2A
i∂
∂A
i+ 1
\D(R)
P
1sP
2−ds−N −1dt
1. . . dt
2N=
\
D(R)
h sP
1s−1X
I∈I
I
iB
It
IP
2−ds−N −1i
dt
1. . . dt
2N+
\
D(R)
[(−ds − N − 1)P
2−ds−N −22t
2i+ P
1sP
2−ds−N −1] dt
1. . . dt
2N=
\
D(R)
d[t
iP
1sP
2−ds−N −1dt
1. . . b dt
i. . . dt
2N]
=
\
∂D(R)
t
iP
1sP
2−ds−N −1dt
1. . . b dt
i. . . dt
2N.
Le polynˆome P
2est minor´e par un polynˆome M (1 + t
21+ . . . + t
22N), pour une constante positive M . Il en r´esulte que P
1P
2−dest born´e sur R
2N.
Le fait que
dt
1. . . dt
2N(1 + t
21+ . . . + t
22N)
N +1/2dt
1. . . b dt
i. . . dt
2Nest int´egrable sur R
2Nimplique que toutes les int´egrales sur D(R) dans les expressions (10)–(13) convergent vers les int´egrales similaires sur R
2Nquand R → ∞.
La derni`ere int´egrale de (13) est born´ee par
\
∂D(R)
p 1 + t
21+ . . . + t
22N(1 + t
21+ . . . + t
22N)
N +1dt
1. . . b dt
i. . . dt
2Nqui converge vers 0 quand R → ∞.
Donc (6)–(9) r´esultent des relations (10)–(13) pour R → ∞.
On va pr´eciser dans la suite une base de solutions pour le syst`eme d’´equations (6)–(9) sur un ouvert de l’espace des param`etres A
i, B
I, en explicitant la construction de [GZK] dans notre exemple. On commence par donner les d´efinitions et les faits suivants de [GZK].
Soit A un ensemble de vecteurs χ
k= (χ
ik)
1≤i≤n, k ∈ M , dans un hyperplan affin primitif de Z
n(i.e. la pr´eimage de 1 par une application lin´eaire Z
n→ Z), qui engendrent Z
n.
Soit L le r´eseau des relations entre les vecteurs χ
k: a = (a
k)
k∈M∈ L si P
k∈M
a
kχ
ik= 0 pour tout i = 1, . . . , n.
Soient β
1, . . . , β
ndes nombres complexes. On note v
k, k ∈ M , les coor- donn´ees sur C
M. Le syst`eme hyperg´eom´etrique associ´e ` a l’ensemble A et ` a l’ensemble des exposants β
iest le syst`eme d’´equations diff´erentielles suivant sur C
M:
(14) X
k∈M
χ
ikv
k∂
∂v
kI(v) = β
iI(v) pour i = 1, . . . , n,
(15) Y
ak>0
∂
∂v
k akI(v) = Y
ak<0
∂
∂v
k −akI(v) pour tout a = (a
k) ∈ L.
Soit γ = (γ
k), k ∈ M , un vecteur dans C
M. La s´erie formelle
(16) Φ
γ(v) = X
a∈L
Y
k∈M
v
kak+γk/ Y
k∈M
Γ (γ
k+ a
k+ 1)
est une solution formelle pour le syst`eme d’´equations (14), (15) si γ v´erifie
(17) X
k∈M
χ
ikγ
k= β
ipour tout i = 1, . . . , n.
Un sous-ensemble K ⊂ M s’appelle base si l’ensemble des vecteurs χ
k, k ∈ K, forment une base dans R
n= Z
n⊗
ZR . Pour une base K on note Π
Z(β, K) l’ensemble des vecteurs γ ∈ C
Mv´erifiant (17) et la condition γ
k∈ Z si k 6∈ K.
On introduit l’espace “logarithmique” R
Mavec les coordonn´ees w
k, k ∈ M . Pour toute base K ⊂ M et tout vecteur w ∈ R
Mon d´efinit la fonction lin´eaire ϕ
K,wsur R
n= Z
n⊗
ZR par ϕ
K,w(χ
k) = w
ksi k ∈ K. On note C(K) le cˆ one dans R
Md´efini par les in´egalit´es ϕ
K,w(χ
k) < w
kpour k 6∈ K.
La proposition 2 de [GKZ] affirme que pour toute base K et pour tout vecteur γ ∈ Π
Z(β, K) il existe un vecteur C ∈ C(K) tel que la s´erie (16) converge pour (− ln |v
k|)
k∈M⊂ C + C(K).
Les s´eries Φ
γ(v) et Φ
γ′(v) sont les mˆemes si γ − γ
′∈ L. L’ensemble de ces s´eries est donc param´etris´e par l’ensemble Π
Z(β, K)/L.
Soit ∆(K) la clˆ oture convexe dans R
nde l’ensemble des vecteurs χ
k, k ∈ M , et du vecteur 0. Le cardinal de l’ensemble Π
Z(β, K)/L est ´egal ` a n! vol(∆(K)), o` u vol(∆(K)) est le volume canonique dans R
n= Z
n⊗ R.
On note P la clˆ oture convexe dans R
nde l’ensemble des vecteurs χ
j, j ∈ M , et du vecteur 0. On appelle triangulation du poly`edre P un ensemble T de bases K satisfaisant aux conditions S
K∈T
∆(K) = P et pour tous K
1, K
2∈ T, ∆(K
1) ∩ ∆(K
2) est une face (peut-ˆetre vide) de ∆(K
1) et de
∆(K
2).
Une triangulation T s’appelle r´eguli`ere si le cˆ one C(T ) = T
K∈T
C(K) est non-vide. On dit que la triangulation T et l’ensemble des exposants β
isatisfont la condition de non-r´esonnance si les ensembles Π
Z(β, K) sont deux ` a deux disjoints pour K ∈ T .
Pour une triangulation qui satisfait la condition de non-r´esonnance, on note Π(T ) la r´eunion S
K∈T
Π
Z(β, K)/L. Le r´esultat principal de [GZK]
est le suivant :
Soit T une triangulation r´eguli`ere et satisfaisant la condition de non- r´ esonnance par rapport aux exposants β
i. Alors il existe un vecteur C ∈ C(T ) tel que l’ensemble des fonctions Φ
γ(v), pour γ ∈ Π(T ), forment une base de solutions du syst` eme des ´ equations (14), (15) sur l’ouvert de C
Md´ efini par (18) (− ln |v
k|)
k∈M= C + C(T ).
Dans notre exemple n = 2 + 2N , M = {0, . . . , 2N } ∪ I; les coordonn´ees v
ksont A
ipour k = i ∈ {0, . . . , 2N } et B
Ipour k = I ∈ I. On rappelle que I est l’ensemble des 2N -uples I = (I
1, . . . , I
2N) v´erifiant P
2Ni=1
I
i≤ 2d.
On fixe une base e
−2, e
−1, e
1, . . . , e
2Nsur Z
2×Z
2N. On fait la convention e
0= 0. L’ensemble A est form´e des vecteurs χ
I= e
−2+ I pour I ∈ I et des vecteurs χ
i= e
−1+ 2e
ipour i = 0, . . . , 2N . Les exposants sont β
−2= s, β
−1= −ds − N , β
1= . . . = β
2N= −1.
L’ensemble des ´equations (14) est donn´e par l’´equation (6) pour i = −2, par l’´equation (7) pour i = −1 et par l’ensemble des ´equations (8) pour i = 1, . . . , 2N . L’ensemble des ´equations (9) repr´esentent l’ensemble des
´equations (15) pour une base de L. Elles sont ´equivalentes ` a l’ensemble des
´equations (15) pour tous a ∈ L.
Les ´equations (17) s’´ecrivent X
2N i=0γ
i= s, (19)
X
I∈I
γ
I= −ds − N, (20)
2γ
i+ X
I∈I
I
iγ
I= −1 (21)
pour tout i = 1, . . . , 2N .
Pour tout i = 0, . . . , 2N , on note i l’´el´ement 2de
i∈ I. La clˆ oture convexe P de l’ensemble des vecteurs A et du vecteur 0 est le poly`edre convexe de sommets 0 et χ
i= e
−2+ i, χ
i= e
−1+ 2e
i, pour i = 0, . . . , 2N . C’est un cˆ one qui a le sommet 0 et la base une prisme de bases χ
0, . . . , χ
2Net χ
0, . . . , χ
2N. On choisit la triangulation de T form´ee des bases K
i= {0, 1, . . . , i, i, . . . , 2N } pour i = 0, . . . , 2N . Un calcul ´evident donne (2 + 2N )! vol(∆(K
i)) = 2
i(2d)
N −i.
Proposition 1.2. La triangulation T est r´eguli`ere. Plus pr´ecis´ement, le cˆ one C(T ) contient le cˆ one non-vide C
′(T ) de R
Mdonn´ e par les in´ egalit´ es (22) w
I>
1 − X
2N i=1I
i/(2d) w
0+
X
2N i=1I
i/(2d) · w
ipour tout I ∈ I − {0, . . . , 2N } et
(23) d(w
i+1− w
i) > w
i+1− w
ipour tout i = 0, . . . , 2N − 1.
P r e u v e. La relation ´evidente χ
i− χ
j= d(χ
i− χ
j) implique (24) ϕ
Ki,w(χ
j) = w
i+ 1
d (w
j− w
i) pour j > i et
(25) ϕ
Ki,w(χ
j) = w
i+ d(w
j− w
i)
pour j < i. Il en r´esulte que l’ensemble des in´egalit´es ϕ
Ki,w(χ
k) < w
kpour k ∈ {0, . . . , 2N } ∪ {0, . . . , 2N } − K
ico¨ıncide avec l’ensemble des in´egalit´es
d(w
j− w
i) > w
j− w
ipour tous j > i. Elles sont ´evidemment ´equivalentes ` a l’ensemble des in´ega- lit´es (23).
Soit K
iune base de T et I ∈ I − {0, . . . , 2N }. L’in´egalit´e (22) appliqu´ee
`
a I et l’ensemble des in´egalit´es ϕ
Ki,w(χ
j) ≤ w
jpour tout j ∈ {0, . . . , 2N } impliquent ϕ
Ki,w(χ
I) < w
I, d’o` u la conclusion.
Proposition 1.3. Soit s un nombre complexe v´erifiant 2ds 6∈ Z. Alors la triangulation T et les exposants β
−2= s, β
−1= −ds − N , β
1= . . . = β
2N= −1 satisfont la condition de non-r´esonnance.
P r e u v e. Soient i, j ∈ {0, . . . , 2N }, i < j. On suppose par l’absurde qu’il existe un ´el´ement γ ∈ Π
Z(β, K
i) ∩ Π
Z(β, K
j) ⊂ C
M. Il en r´esulte que γ
k∈ Z pour tout k ∈ M − ({0, . . . , i} ∪ {j, . . . , 2N }). Les ´equations (21) appliqu´ees pour l = j, . . . , 2N donnent 2dγ
l∈ Z. L’´equation (19) donne P
2Nl=j
γ
l− s ∈ Z, d’o` u 2ds ∈ Z, contradiction.
La relation (18) pour C
′(T ) ´equivaut aux in´egalit´es
|B
I|
2d< C
I|B
0|
2d−P2Ni=1IiY
2N i=0|B
i|
Ii, (26)
|B
i+1/B
i| > C
i|A
i+1/A
i|
d(27)
pour certaines constantes positives C
Ipour I ∈ I − {0, . . . , 2N } et C
ipour i = 0, . . . , 2N − 1.
Le r´esultat principal de [GZK] et les propositions 1.2 et 1.3 impliquent : Proposition 1.4. L’ensemble des fonctions Φ
γ(A
i, B
I) pour γ ∈ Π(T ) forment une base de solutions du syst` eme d’´ equations (6)–(9) sur l’ouvert d´ efini par les in´ egalit´ es (27) de l’espace des param`etres A
i, B
I.
Corollaire 1.5. Il existe un ensemble de fonctions complexes f
γ(s), pour γ ∈ Π(T ), holomorphes sur C −
2d1Z , telles que
I(A
i, B
I) = X
γ∈Π(T )
f
γ(s)Φ
γ(A
i, B
I)
sur l’ouvert de l’espace des param` etres A
i, B
Id´ efini par les in´ egalit´ es (27).
La d´etermination explicite des fonctions f
γ(s) paraˆıt une question tr`es
difficile.
3. Une relation de r´ ecurrence pour ζ(P, s)
Th´ eor` eme 2.1. La fonction ζ(P, s) satisfait une relation (28)
X
M i=0b
i(s)ζ(P, s + i) = 0 o` u :
(a) M est un entier v´erifiant
(29) M ≤
d + N (d − 1) N
2,
(b) b
i(s) sont des fonctions rationnelles, pas toutes nulles, de la forme (30) b
i(s) =
Y
i k=1(s − E + k)
−2k· Y
M k=i+1(s − E + k)
−2k+2· a
i(s),
o` u E est l’entier d´efini par la relation (44) ci-dessous et a
isont des poly- nˆ omes de degr´ e au plus M (M − 1) + 2i en s dont les coefficients sont des fonctions polynˆ omiales des coefficients du polynˆ ome P et de leurs conjugu´es.
Remarques. 1) La d´emonstration fournit un algorithme pour le calcul de l’entier M et des fonctions a
i(s). Il est malheureusement tr`es longue dans presque tous les cas.
2) Un ´enonc´e analogue est valable pour l’int´egrale d’une puissance d’un polynˆome homog`ene sur la sph`ere S
n⊂ R
n+1.
3) Ce th´eor`eme a ´et´e prouv´e pour d = 1 dans [Ca-M] et pour d = 2 dans [Be-Y].
P r e u v e (du th´eor`eme 2.1). On consid`ere la famille de polynˆomes (31) P
t= (1 − t)P + t(X
0d+ . . . + X
Nd)
pour t ∈ R. Il suffit de prouver th´eor`eme pour P
tavec t g´en´erique au sens de Zariski. En effet, le th´eor`eme implique que la fonction
K
t(s) =
\
PN(C)
|P
t|
2sdν
Nv´erifie (32)
X
M i=0b
i,t(s)K
t(s + i) = 0, o` u
b
i,t(s) = Y
i k=1(s − E + k)
−2k· Y
M k=i+1(s − E + k)
−2k+2· a
i,t(s)
et a
i,t(s) sont des fonctions polynˆomiales en s, t = t, en les coefficients du polynˆome P et en leurs conjugu´es.
On note r
i= a
i,t(t), r le minimum des r
ipour i = 0, . . . , M , et on d´efinit a
i(s) = lim
t>0, t→0
a
i,t(s)/t
r.
Les fonctions a
i(s) sont des polynˆomes en s et en les coefficients du polynˆome P et leurs conjugu´es. Elles ne sont pas toutes nulles.
La relation (23) et la relation ´evidente
t>0, t→0
lim
\
PN(C)
|P
t|
2sdν
N=
\
PN(C)
|P |
2sdν
N= ζ(P, s)
impliquent (28). Le degr´e en s de a
i(s) n’est pas plus grand que le degr´e en s de a
i,t(s) pour t g´en´erique.
Le th´eor`eme d´ecoule des deux propositions suivantes : Proposition 2.2. Il existe :
(a) un entier positif M v´erifiant
(33) M ≤
d + N (d − 1) N
2,
(b) des fonctions m´eromorphes I
1(s) = K
t(s), I
2(s), . . . , I
M(s),
(c) une matrice A(s) = (a
ij(s))
1≤i,j≤M, avec a
ij(s) des polynˆ omes en s de degr´ e au plus 2, dont les coefficients sont des fonctions polynˆ omiales des coefficients de P
tet de leurs conjugu´ es ,
telles que
(34)
I
1(s)
.. . I
M(s)
= (s − E + 1)
−2A(s)
I
1(s + 1) .. . I
M(s + 1)
,
o` u l’entier E est d´efini par la formule (44) ci-dessous.
Proposition 2.3. Soient I
1(s), . . . , I
M(s) des fonctions m´eromorphes et A(s) = (a
ij(s))
1≤i,j≤Mune matrice ` a coefficients polynˆ omes de degr´ e au plus 2 telles que (34) est v´erifi´ee. Alors I
1(s) v´erifie
X
M i=0b
i(s)I
1(s + i) = 0,
o` u les b
isont des fonctions rationnelles donn´ ees par (30), avec a
i(s) des ex-
pressions polynˆ omiales de fonctions a
kj(s), . . . , a
kj(s+M ), pas toutes nulles,
et de degr´ e en s au plus M (M − 1) + 2i.
Preuve de la proposition 2.2
Lemme 2.4. Pour un param`etre g´en´erique t ∈ R, l’id´eal engendr´e par les d´ eriv´ ees partielles (P
t)
Xicontient tous les monˆ omes de degr´ e au moins (N + 1)(d − 2) + 1 dans l’anneau C[X
0, . . . , X
N].
P r e u v e. La condition que tous les monˆ omes d’un degr´e fix´e appar- tiennent ` a l’id´eal engendr´e par les d´eriv´ees partielles (P
t)
Xis’´ecrit comme la non-nullit´e d’un d´eterminant dans un ensemble de d´eterminants d´ependant des coefficients du polynˆome P
t. Il suffit de prouver que ce d´eterminant est non-nul pour t = 1 pour qu’il soit non-nul pour t g´en´erique.
D’autre part, P
1= X
0d+ . . . + X
Ndet (P
1)
Xi= dX
id−1pour tout i = 0, . . . , M . Il est clair que tout monˆ ome de degr´e au plus (N + 1)(d − 2) + 1 contient X
id−1pour un certain i ∈ {0, . . . , M }, donc il appartient ` a l’id´eal engendr´e par les (P
1)
Xi.
Par [Ca-M], (35)
\
PN
|P
t|
2sdν
N= Γ (N + 1) Γ (N + 1 + sd)
\
CN+1
|P
t|
2se
−Sdµ o` u
(36)
S = |X
0|
2+ . . . + |X
N|
2, dµ =
i 2π
N +1dX
0dX
0. . . dX
NdX
N.
On se servira des relations de r´ecurrence sur l’int´egrale sur C
N +1et de (35) pour d´eduire des relations de r´ecurrence pour l’int´egrale sur P
N. On d´efinit
I(Q, a, b) =
\
CN+1
QP
aP
be
−Sdµ
pour Q un polynˆome homog`ene dans C[X
0, . . . , X
N, X
0, . . . , X
N] et a, b des nombres complexes satisfaisant Re(a), Re(b) > 0, a − b ∈ Z.
Lemme 2.5. Pour tout polynˆ ome homog` ene Q de degr´e q dans les va- riables X
0, . . . , X
N, X
0, . . . , X
N, on a
(37)
a + b
2 d + N + 1 + q 2
I(Q, a, b) = I(QS, a, b), (38) (a + 1)
a + b
2 d + N + 1 + q + d − 1 2
I(QP
Xi, a, b) + I(Q
XiS, a + 1, b) −
a + b
2 d + N + 1 + q + d − 1 2
I(QX
i, a + 1, b) = 0,
(39) (b + 1)
a + b
2 d + N + 1 + q + d − 1 2
I(QP
Xi, a, b) + I(Q
XiS, a, b + 1) −
a + b
2 d + N + 1 + q + d − 1 2
I(QX
i, a, b + 1) = 0.
P r e u v e. L’´egalit´e 0 =
\
CN+1
d
QP
a+1P
be
−Sdµ dX
i=
\
CN+1
(a + 1)QP
XiP
aP
bdµ +
\
CN+1
Q
XiP
a+1P
be
−Sdµ +
\
CN+1
QP
a+1P
b(−X
i) dµ s’´ecrit
(40) (a + 1)I(QP
Xi, a, b) + I(Q
Xi, a + 1, b) − I(QX
i, a + 1, b) = 0.
En changeant X
iavec X
iet a avec b on obtient
(41) (b + 1)I(QP
Xi, a, b) + I(Q
Xi, a, b + 1) − I(QX
i, a, b + 1) = 0.
La relation (40) appliqu´ee pour a − 1 au lieu de a et pour QX
iau lieu de Q donne
(42) aI(QX
iP
Xi, a − 1, b) + I(X
iQ
Xi, a, b) − I(QX
iX
i, a, b) = 0.
De mˆeme, (41) implique
(43) bI(QX
iP
Xi, a, b − 1) + I(X
iQ
Xi, a, b) − I(QX
iX
i, a, b) = 0.
La relation (37) r´esulte par l’addition des relations (42), (43) pour tous les i = 0, . . . , M , en tenant compte des relations
X
M i=0X
iQ
Xi+ X
M i=0X
iQ
Xi= qQ, X
Mi=0
X
iP
Xi= dP, X
Mi=0
X
iP
Xi= dP . Par (37), on peut remplacer I(Q
Xi, a + 1, b) dans (40) par
a + b + 1
2 d + N + 1 + q − 1 2
−1I(Q
XiS, a + 1, b).
Cela prouve (38). De mˆeme, (37) et (41) impliquent (39).
Soit E le plus petit entier positif v´erifiant
(44) Ed + (d − 2) ≥ (N + 1)(d − 2) + 1.
Tout polynˆome homog`ene de bi-degr´e (Ed+(d−2), Ed+(d−2)) appartient, par le lemme 2.4, ` a l’id´eal engendr´e par les d´eriv´ees partielles (P
t)
Xidans l’anneau C[X
0, . . . , X
N, X
0, . . . , X
N]. On choisit une base R pour l’espace vectoriel de ces polynˆomes telle que chaque ´el´ement de la base est divisible par l’une des d´eriv´ees (P
t)
Xi.
De mˆeme, on choisit une base T pour l’espace vectoriel des polynˆomes bi-homog`enes de degr´e (Ed − 1, Ed + d − 1) telle que chaque ´el´ement de la base soit divisible par une des d´eriv´ees (P
t)
Xi. On choisit une base Q des polynˆomes bi-homog`enes de degr´e (Ed, Ed) qui contient le polynˆome Q
1= P
tEP
Et.
On note I
Q(s) le vecteur colonne form´e par les int´egrales I(Q, s, s) pour tout Q ∈ Q, I
R(s) le vecteur colonne form´e par les int´egrales I(R, s, s) pour tout R ∈ R et I
T(s) le vecteur colonne form´e par les int´egrales I(T, s + 1, s) pour tout T ∈ T .
Soit Q ∈ Q. On applique la relation (37) pour a = b = s successivement pour les polynˆomes Q, QS, . . . , QS
d−3. On obtient
(sd + N + 1 + Ed) . . . (sd + N + 1 + Ed + d − 3)I(Q, s, s) = I(QS
d−2, s, s).
On exprime chacun des polynˆomes QS
d−2dans la base R. On obtient (45) I
Q(s) = (sd + N + 1 + Ed)
−1. . . (sd + N + 1 + Ed + d − 3)
−1CI
R(s) pour une matrice C ` a coefficients constants en s.
Soit R ∈ R. On applique (38) pour a − b = s et pour une ´ecriture de R, R = P
XiQ. On exprime chacun des polynˆomes Q
XiS, QX
idans la base T . On obtient
(46) I
R(s) = (s + 1)
−1(sd + N + 1 + Ed + d − 2)
−1D(s)I
T(s)
pour une matrice D(s) dont les coefficients sont polynˆomes de degr´e au plus 1 en s.
Par le mˆeme argument, en utilisant (39) pour a = s+1, b = s, on obtient (47) I
T(s) = (s + 1)
−1(sd + N + 1 + Ed + d − 1)E(s)I
Q(s + 1)
pour une matrice E(s) dont les coefficients sont polynˆomes de degr´e au plus 1 en s.
Au total, les relations (45)–(47) donnent (48) I
Q(s) = 1
(s + 1)
2· Γ (sd + Ed + N + 1)
Γ (sd + Ed + d + N + 1) B(s)I
Q(s + 1)
pour une matrice B(s) dont les coefficients sont polynˆomes en s de degr´e au
plus 2.
La dimension de l’espace Q est M =
Ed + N N
2.
La d´efinition (44) de E implique Ed + N ≤ d + N (d − 1), d’o` u l’estimation (33). On choisit une base Q
1= P
tEP
Et, . . . , Q
Mpour Q et on note
(49) I
i(s) =
\
PN(C)
Q
i|P
t|
2(s−E)dν
Npour i = 1, . . . , M.
Les relations (48), (49), (35) impliquent
(50)
I
1(s)
.. . I
M(s)
= 1
(s − E + 1)
2B(s − E)
I
1(s + 1) .. . I
M(s + 1)
.
On note A(s) = B(s − E). ´ Evidemment I
1(s) = K
t(s). Cela finit la preuve de la proposition 2.2.
Preuve de la proposition 2.3. La relation (34) implique
I
1(s + i) .. . I
M(s + i)
=
M −1
Y
k=i
(s + k − E + 1)
−2· A
i(s)
I
1(s + M ) .. . I
M(s + M )
pour tout i = 0, . . . , M , o` u
(51) A
i(s) =
M −1
Y
k=i
A(s + k).
On prend A
M(s) = Id. La matrice A
i(s) a les coefficients polynˆomes en s de degr´e au plus 2(M − i), pour tout i = 0, . . . , M .
Il en r´esulte que
(52)
I
1(s) .. . I
1(s + M )
= C(s)
I
1(s + M ) .. . I
1(s + M )
,
o` u C
ij(s) = Q
M −1k=i
(s + k − E + 1)
−2· A
i1j(s) pour tout i = 0, . . . , M et tout j = 1, . . . , M . La fonction A
i1j(s) est un polynˆome en s de degr´e au plus 2(M − i).
Soit T le rang de la matrice C(s). Si T = 0, alors I
1(s) = 0 et il n’y a rien ` a d´emontrer. Sinon, soit det(C
IJ) un mineur non-nul, pour des sous- ensembles I de {0, . . . , M } et J de {1, . . . , M } de cardinal T . On ajoute un
´el´ement i
0` a I et on note le nouveau ensemble I
0. Les fonctions I
1(s + i)
pour i ∈ I
0v´erifient
X
i∈I
b
i(s)I
1(s + i) = 0, o` u
(53) b
i(s) = ± det(C
I−{i},J)(s).
Le num´erateur a
i(s) de la fonction rationnelle ± det(C
I−{i},J)(s) est un polynˆome en s de degr´e au plus
X
j∈{0,...,ˆi,...,M }
2(M − j) = M (M − 1) + 2i.
Le d´enominateur de la fonction b
i(s) est Y
j∈{0,...,ˆi,...,M } M −1
Y
k=j
(s − E + k + 1)
2= Y
i k=1(s − E + k)
2k· Y
M k=i+1(s − E + k)
2k−2.
3. Calculs explicites. Soit N un entier positif et d
0, . . . , d
Ndes entiers positifs. On note R
(d0,...,dN)le r´esultant des N + 1 polynˆomes en N + 1 va- riables homog`enes de degr´es d
0, . . . , d
N. C’est un polynˆome multi-homog`ene sur l’espace
(54) P
(N ;d0,...,dN)= P
d0+N N
× . . . × P
dN+N N
des coefficients de ces polynˆomes, qui s’annule aux points o` u les polynˆomes correspondant ` a ces coefficients ont un z´ero commun dans P
N. On s’int´eresse au calcul de l’int´egrale
(55) ζ(R
(d0,...,dN), s) =
\
P(N ;d0,...,dN )(C)
|R
(d0,...,dN)|
2sdν
(N ;d0,...,dN), o` u dν
(N ;d0,...,dN)est le produit des mesures invariantes et de volume 1 sur les facteurs.
La d´eriv´ee en s = 0 de cette fonction a ´et´e calcul´ee en [BGS], (4.3.39) : (56) 1
2 ζ
′(R
(d0,...dN), 0) = Y
Ni=0
d
iσ
N− 1 2
X
N i=01 d
i1 + 1
2 + . . . + 1 N
i. On reprend ici deux calculs, dus ` a Maillot, de la fonction (55) dans le cas N g´en´eral, d
0= . . . = d
N= 1 et N = 1, d
0= 1, d
1= d g´en´eral.
3.1. La fonction zˆ eta associ´ ee au r´ esultant R
(1,...,1)Lemme 3.1. Soit k un entier positif , soient d
1, . . . , d
ket N
1, . . . , N
kdes
entiers positifs et P un polynˆ ome multi-homog` ene de degr´ e (d
1, . . . , d
k) sur
P
N1(C) × . . . × P
Nk(C). Alors (57)
\
PN1(C)×...×PNk(C)
|P |
2sdν
N1. . . dν
Nk= Γ (N
1+ 1)
Γ (sd
1+ N
1+ 1) . . . Γ (N
k+ 1) Γ (sd
k+ N
k+ 1)
×
\
CN1+1×...×CNk+1
|P |
2se
−S1−...−Skdµ
1. . . dµ
k, o` u S
1, . . . , S
k, dµ
1, . . . , dµ
ksont d´ efinis par la formule (36).
P r e u v e. La relation r´esulte par l’application successive de (35) et par la formule de Fubini :
\
PN1(C)×...×PNk(C)
|P |
2sdν
N1. . . dν
Nk=
\
PN1(C)×...×PNk−1(C)×CNk+1
|P |
2sdν
N1. . . dν
Nk−1dµ
kΓ (N
k+ 1)
Γ (sd
k+ N
k+ 1) = . . .
=
\
PN1(C)×CN2+1...×CNk+1
|P |
2sdν
N1dµ
2. . . dµ
k× Γ (N
2+ 1)
Γ (sd
2+ N
2+ 1) . . . Γ (N
k+ 1) Γ (sd
k+ N
k+ 1)
=
\
CN1+1×...×CNk+1
|P |
2sdµ
1. . . dµ
k· Γ (N
1+ 1) . . . Γ (N
k+ 1)
Γ (sd
1+ N
1+ 1) . . . Γ (sd
k+ N
k+ 1) . Lemme 3.2. Soit f une fonction sur C
N +1, invariante sous l’action du groupe U (N + 1) et v´erifiant f (λv) = |λ|
af (v), pour tout nombre complexe et tout vecteur v ∈ C
N +1, pour un nombre complexe a. Alors
\
CN+1
f e
−Sdµ = f (1, 0, . . . , 0) Γ (N + 1 + as/2) Γ (N + 1) , o` u S et dµ sont d´efinis par la formule (36).
P r e u v e. On munit la sph`ere unit´e S
2N +1⊂ C
N +1de la m´etrique in- variante sous l’action du groupe U (N + 1), normalis´ee, pour que l’aire de la sph`ere soit 1. La relation d’homog´en´eit´e f (λv) = |λ|
af (v) implique
\
CN+1
f e
−sdµ = Γ (N + 1 + as/2) Γ (N + 1)
\
S2N +1
f dS
2N +1et la derni`ere int´egrale donne f (1, 0, . . . , 0) par l’invariance.
La proposition suivante calcule l’int´egrale (55) pour d
0= . . . = d
N= 1.
Pour i = 0, . . . , N on consid`ere le polynˆome lin´eaire L
i= P
Nj=0
a
ijX
jsur P
N. On note a
ile vecteur (a
i0, . . . , a
iN). Le r´esultant des polynˆomes L
isur P
Nest
R
(1,...,1)= det
i=0,...,N
(a
i) = det(a
ij)
0≤i,j≤N,
un polynˆome multi-homog`ene de multi-degr´e (1, . . . , 1) sur P
N× . . . × P
N. Proposition 3.3.
(58)
\
PN(C)×...×PN(C)
|R(1, . . . , 1)|
2sdν
N. . . dν
N= Y
N k=1k
s + k
k.
P r e u v e. La relation (58) r´esulte de (59) et de la relation (59)
\
CN+1×...×CN+1
|R
(1,...,1)|
2se
−S0−...−SNdµ
0. . . dµ
N=
N +1
Y
k=1
Γ (s + k) Γ (k) qu’on va prouver par induction. On a not´e dµ
ila mesure dµ d´efini par (36) sur le i-`eme facteur de C
N +1× . . . × C
N +1et S
i= P
Nj=0
|a
ij|
2. On d´efinit la fonction f : C
N +1→ C par la formule
f (a
0) =
\
CN+1×...×CN+1
|det(a
0, . . . , a
N)|
2se
−S1−...−SNdµ
1. . . dµ
N.
Elle satisfait aux conditions du Lemme 3.2 : f (λa
0) = |λ|
2sf (a
0),
f (µa
0) =
\
CN+1×...×CN+1
|det(ua
0, a
1, . . . , a
N)|
2se
−S1−...−SNdµ
1. . . dµ
N=
\
CN+1×...×CN+1
|det u|
2s|det(a
0, u
−1a
1, . . . , u
−1a
N)|
2s× e
−(u−1)∗S1−...−(u−1)∗SN· (u
−1)
∗dµ
1· . . . · (u
−1)
∗dµ
N=
\
CN+1×...×CN+1
|det(a
0, . . . , a
N)|
2se
−S1−...−SNdµ
1. . . dµ
N= f (a
0)
pour tout u ∈ U (N + 1).
Il r´esulte du lemme 3.2 que (60)
\
CN+1×...×CN+1
|det(a
0, a
1, . . . , a
N)|
2se
−S0−...−SNdµ
0. . . dµ
N= Γ (s + N + 1) Γ (N + 1)
\
CN+1×...×CN+1
|det(e
0, a
1, . . . , a
N)|
2se
−S1−...−SNdµ
1. . . dµ
N=
\
CN+1×...×CN+1
|det(a
ij)
1≤i,j≤N|
2se
−S1−...−SNdµ
1. . . dµ
NΓ (s + N + 1) Γ (N + 1) , o` u on a not´e e
0= (1, 0, . . . , 0).
Les termes a
1,0, . . . , a
N,0n’apparaissent pas dans |det(a
ij)
1≤i,j≤N|
2s. Pour tout i = 1, . . . , N on ´ecrit C
N +1= C × C
N, le facteur C corre- spondant ` a la variable a
i,0. On ´ecrit dµ
i= dµ
0idµ
1i, o` u dµ
0i, dµ
1isont les mesures donn´ees par la formule (36) sur les facteurs de ce produit. On ´ecrit S
i= S
i0+ S
i1o` u S
i0= |a
i0|
2et S
i1= P
Nj=1
|a
ij|
2. On a (61)
\
CN+1×...×CN+1
|det(a
ij)
1≤i,j≤N|
2se
−S1−...−SNdµ
1. . . dµ
N= Y
N i=1 \C
e
−S0idµ
0i \CN×...×CN
|det(a
ij)|
2se
−S11−...−S1Ndµ
11dµ
1N. Par le lemme 3.2 appliqu´e ` a la fonction constante f = 1, chacune des int´egrales
T
C
e
−S0idµ
0ivaut 1. Par l’hypoth`ese de r´ecurrence, la derni`ere int´egrale vaut Q
Nk=1
Γ (s + k)/Γ (k). Donc les formules (60) et (61) prou- vent (59).
3.2. La fonction zˆ eta associ´ ee au r´ esultant R
(1,n). On consid`ere main- tenant N = 1; on note X et Y les coordonn´ees sur P
1. On consid`ere les polynˆomes homog`enes a
1X + a
0Y et b
nX
n+ b
n−1X
n−1Y + . . . + b
0Y
nsur P
1. Leur r´esultant est R
(1,n)= b
0a
n1+ b
1a
0a
n−11+ . . . + b
n(−a
0)
n, polynˆome bi-homog`ene de bi-degr´e (n, 1) sur P
1× P
n.
Proposition 3.4.
(62)
\
P1(C)×Pn(C)
|R
(1,n)|
2sdν
1dν
n= n!
(s + 1) . . . (s + n)
1
\
0
[t
n+ t
n−1(1 − t) + . . . + (1 − t)
n]
sdt.
P r e u v e. Par le lemme 3.1, (63)
\
P1(C)×Pn(C)
|R
(1,n)|
2sdν
1dν
n= Γ (2)
Γ (ns + 2) · Γ (n + 1) Γ (s + n + 1)
×
\
C2×Cn+1
|b
0a
n1− b
1a
0a
n−11+ . . . + b
n(−a
0)
n|
2se
−|a0|2−|a1|2−Pni=0|bi|2dµ.
On int`egre d’abord sur les fibres C
n+1, pour tout (a
0, a
1) ∈ C
2. L’expres- sion b
0a
n1− b
1a
0a
n−11+ . . . + b
n(−a
0)
nest lin´eaire en b
0, . . . , b
n, donc par le th´eor`eme 1.3.1 de [Ca-M],
(64)
\
Cn+1
|b
0a
n1− b
1a
0a
n−11+ . . . + b
n(−a
0)
n|
2se
−Pni=0|bi|2dµ
= (|a
1|
2n+ |a
1|
2n−2|a
0|
2+ . . . + |a
0|
2n)
sΓ (s + 1).
On est r´eduit au calcul de l’int´egrale (65)
\
C2
(|a
1|
2n+ |a
1|
2n−2|a
0|
2+ . . . + |a
0|
2n)
se
−|a0|2−|a1|2dµ.
Cette int´egrale ne d´epend que des modules |a
0|, |a
1|. Elle est donc ´egale ` a 4
∞\
0
∞\
0
(X
2n+ X
2n−2Y
2+ . . . + Y
2n−2)e
−X2−Y2XY dX dY.
En coordonn´ees polaires X = r cos θ, Y = r sin θ, l’int´egrale (65) s’´ecrit (66) 4
∞
\
0 π/2
\
0
dr dθ e
−r2r
2s(cos
2nθ+cos
2n−2θ sin θ+. . .+sin
2nθ)
sr
3sin θ cos θ
= 4
∞\
0
e
−r2r
2ns+3dr
π/2
\
0
(cos
2nθ + . . . + sin
2nθ)
ssin θ cos θ dθ
= Γ (ns + 2)
1\
0
(t
n+ t
n−1(1 − t) + . . . + (1 − t)
n)
sdt
(on a fait le changement des variables t = sin
2θ dans la derni`ere int´egrale).
Les relations (63)–(66) impliquent
\
P1(C)×Pn(C)
|R
(1,n)|
2sdν
1dν
n= Γ (n + 1)Γ (s + 1) Γ (s + n + 1)
1
\
0
[t
n+ . . . + (1 − t)
n]
sdt.
D´ efinition 3.5 ([La], [A]). Soit n un entier positif, soient a, c, b
1, . . . , b
ndes nombres complexes et x
1, . . . , x
ndes nombres complexes de module plus petit que 1. La fonction de Lauricella F
Dde param`etres a, c, b
1, . . . , b
net de variables x
1, . . . , x
nest la somme de la s´erie absolument convergente
F
D(a; b
1, . . . b
n; c | x
1, . . . , x
n)
= X
m1,...,mn≥0
(a)
m1+...+mn(b
1)
m1. . . (b
n)
mn(c)
m1+...+mnm
1! . . . m
n! x
m11. . . x
mnn.
On a utilis´e la notation (a)
m= a(a + 1) . . . (a + m − 1) pour un nombre complexe a et pour un entier m ≥ 0. Par convention (a)
0= 1.
Proposition 3.6.
(67)
\
P1(C)×Pn(C)
|R
(1,n)|
2sdν
1dν
n= n!
(s + 1)
nF
D1; −s, . . . , −s; 3 2
1 2 + 1
2 cos 2π
n + 1 , . . . , 1 2 + 1
2 cos 2[n/2]π n + 1
. P r e u v e. Montrons d’abord que
t
n+ t
n−1(1 − t) + . . . + (1 − t)
n=
[n/2]
Y
k=1
(t
2− t)
2 + 2 cos 2kπ n + 1
+ 1
. Les deux expressions sont des polynˆomes de degr´e 2[n/2] en t, dont le coef- ficient constant est ´egal ` a 1. Montrons qu’ils ont les mˆemes racines.
Une racine pour le polynˆome t
n+ . . . + (1 − t)
nest une racine pour le polynˆome t
n+1− (1 − t)
n+1, diff´erente de la racine t = 1/2. Une telle racine s’´ecrit ζ/(1 + ζ), o` u ζ = exp
2ikπn+1pour un k = 1, . . . , n. On calcule
t − ζ
1 + ζ
t − ζ 1 + ζ
= t
2− t + 1 2 + 2 cos
n+12kπ. Par le changement des variables v = 4(t − 1/2)
2on obtient (68)
1
\
0
[t
n+ t
n−1(1 − t) + . . . + (1 − t)
n]
sdt
= 1 2
1
\
0 [n/2]
Y
k=1
1 −
1 2 + 1
2 cos 2kπ n + 1
(1 − v)
sv
−1/2dv.
Pour chaque k = 1, . . . , [n/2], (69)
1 −
1 2 + 1
2 cos 2kπ n + 1
(1 − v)
s= X
mk≥0
(−s)
mkm
k!
1 2 + 1
2 cos 2kπ n + 1
mk(1 − v)
mket
(70)
1\
0
(1 − v)
m1+...+mkv
−1/2dv = Γ (m
1+ . . . + m
k+ 1)Γ (1/2) Γ (m
1+ . . . + m
k+ 3/2)
= Γ (1/2) · (1)
m1+...+mkΓ (3/2) · (3/2)
m1+...+mk= 2 (1)
m1+...+mk(3/2)
m1+...+mk.
Les formules (61), (68)–(70) impliquent l’´egalit´e de l’´enonc´e.
3.3. La fonction zˆ eta associ´ ee au r´ esultant R
(1,2). La relation (56) et le calcul de la proposition 3.3 pourraient sugg´erer que ζ(P, s) est une combinai- son lin´eaire de produits de fonctions gamma si P est un polynˆome r´esultant R
(d0,...dN). La proposition suivante montre que cela n’est pas vrai dans le cas N = 1, d
0= 1, d
1= 2.
Proposition 3.7. La fonction s →
T
P1(C)×P2(C)
|R
(1,2)|
2sdν
1dν
2n’est pas une combinaison lin´ eaire de fonctions de type
(71)
Y
M i=1Γ (α
is + β
i)
γia
si, o` u α
i, β
i∈ C, γ
i∈ Z, a
i∈ R
+.
P r e u v e. Par la relation (61) il suffit de prouver que la fonction I(s) =
1
\
0
[t
2+ t(1 − t) + (1 − t)
2]
sdt
n’est pas une combinaison lin´eaire de fonctions de type (71). La fonction I(s) satisfait l’´equation
(72) 1 = (2s + 1)I(s) − 3
2 sI(s − 1) car
I(s) =
1
\
0
(1 − t + t
2)
sdt =
1\
0
t − 1 2
2+ 3 4
sdt = 2
1/2
\
0
u
2+ 3
4
sdu et
1 2 =
u
u
2+ 3
4
s1/2 0=
1/2
\
0
u
u
2+ 3
4
s′du (73)
=
1/2
\
0