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AMOVRS
CLYTOPHON.
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‘ Traduction nòuuelle, T TireeduGrecD ’ AcHiLLEsTATivSs
ôč diuiféeenhuićt liares.
Anecie des Argument Հ& des Figures &
taille douce.
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paris;
ChezTovssainctQvïnet au Palais, xuus a montée de la Cour des Aydes-
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? Wyższa Szkoła Pedagogiczna
w Byd(,uezczy Biblioteka Główna
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PVISSANT SEIGNEVR.,
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ess i r eFRANCOIS в'АVERTON, C
omte deB
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arondeMilly,Vidame de Meaux,&c
S'il faut íemr ЯШ pour afeltré le bonheur (ľv/ŕEfiat, quand les hommes extraordinaires s inte- re fent dans I'd cr oi fement des
alrts ճ des Sciences fl eft bien raifbnnable de croire que pour malicie ufe que foit lé'Ennie , elle priyi<cle»iSí v-
f -' en:,k*arl«d«4O-*W ШШ KAUKDBA
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ONSIEVRs
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E Р I S T R E.
nefpauroit fe plaindre qui ini li
ft em ent de la felicité de noft r e fie cle. C' eft qjne vérité connue a tout ce quit y a d'bonne fies gens 3
que la VértuÇfl laFortunene fu rent jam airfi bieenfembLe quel les le fontautourdbag 3 enfaneur
de ceux qui fcau ent joindr e la politefle des mœurs à celle d,es
belles letres. Mais de dire que parmi ce nombre de per fon ne s qui les traittent fau or able ment, il s'en trouue beaucoup qui les obligent de bonne grace comme VOUS faicles, cela ne fie peut à mon auis 5 a moins quede fe ren-
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flatterie. Votes auez¿ , Мок- si e vr, aut árit de connoifiance des bonnes ch о fie s 3 que dinclina
tion a eftimer ceux qui les font.
E P I s T R E.
Et pas mafieux ne defauoiie 3 que la Fxanfbife Ճ la Genero- fité , qui pajfent preftque tou-
au ant age parmi ces ^qitahtez, eminentes que la Nai flan ce vous
a données. Vous le s cultiuclțou- tes enfemble par des actions fi louables 3 tfl fi dignes de la mé moire des hommes 3 que les Mu fe s f?roienft£op ingrates de sen taire a Tauenir 3 Ճ den en pu blier pas la r e conno iflance. Quel ques exilées quelles femblent étre enees bellesftolttudes qu Л- pollon a deftinées d l entretien
de leursfages re fuertes, elles ne lat fientpas toutefois dauoir leur Vjjle dans voftre Maifon, Ou
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¿MONSIEUR,
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Voítre tres-humble, & tres- obeïflant feruiteur,
L B- E P I S T R E.
toute la Grece, nTfâais f ofe hien apeurer quen leur pays me fine ils ne ferons pas mieux receus 3 ny plue efilme z, qu ’au no fire,fi
ruons leur accordez, la faneur d ’ y paroifire fouhs ïagütfM
vofire Nom, Ճ d moy celle de me pouuoirdire, '
E P ï S T R E.
cueillent d pleines mains des fleurs Ճ desfruitsfEtvons re
prezentant àceux qui les férue t pour le modelie d'vne parfaire F՜ Հէս ; Elles leur infiirent ձ fenny de hautes penfees , pour vous combler de legitimes louan
ges
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leur exemple, M
o n- sievRj en attendant quauec leur me fine langage qu'on a feint eflre celuj des Dieux , ie P fife plus amplement traitter l illufirefiujet de vbffre gloire, ajeZj agréable 3 s il tous plaifi, que levons o fire I' Onur age d'vn Efir anger , d qui ге fais parler no ff re langue. Il déduit icj la merUeillenfie confiance, Ճ ľ in violablefidelite՝de Cljtophon ճ de Leucippe 3 que leur amour mutuelle a rendus celebres par
í
AV LECTEVR.
A y faićb diícontinuer tf ois ou quatre rois 1 impreiïîon de ce li- ure, depuis deux ans que fay commencé de le traduire; Et puis dire fans mentir, quefiie luyfouffre de voir le iour, ce n eft que pour le contentement de quelques-vns de mes amis qui l'ont ainíi deliré. Ц contient des auantures que la force du raifonne- ment humain peut faire paifer pour vray-iemblables ; Et quiparvne in- genieuíe tiíTure de plufieurs belles descriptions, font alfez agréable- ment reprefentées, à ceux qui les li- fent. Leur A utljeur au relie n ’eft pas des moindres que la Grece nous ait
produits ; Et poiïible mefme a-ťil peu d ’efgaux en ce difficile genre deferire. Cela fe prenne par le teil niojgnage de Suidas , qui parlant de luy en l'on Diétionnaire ; Achilles Tátim j dit-il, ne dans la avilie d' Ale xandrie , a composé huilÜ excellens lu tires des Amours de Clytophon de Leucippe. ձ ’ eß antfait Chreßien, il fut Eucfque à quelque temps dela 3 fit quantité d'Ouurages, tous d'^vn mef me ßyle, <9* d'Orne mattere differente.
Tefmom fon Traité de la Sphere , où il rend clair evißble ce quil y a de plus obfcnr & de plus cache dans l A- fir ologi e :Tefmoin celuy de l’origine
des mots, Et tefmoin encore fon Hi
ltoné méfiée , où font contenues les actions memorables de plufieurs hom
mes illußreSb A cette Hißoire l’ on tient qu'il a joint celle du monde , ճր* q ։te de cette dermere a eß étirée fou Introdu՜
ét ion fur les Afires ď Aratus, qui 5 eß
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imprimée en Italie. Quant àjes autres tenures} il eß bien a croire que le Temp s quidenotetout, lesapour iamaùenfe- itelies. Voila quel iugement fait Suidas de cét ancien A utheur, qui a véritablement des graces particulie- res en fa langue, qu ’il me feroit dif
ficile d eigaller en la noftre,puis que pour excellentes que foient les Co
pies, elles ne valent iamais les Origin naux. pay tafehé neantmoins d ’ en approcher le mieux quei’ ay pû,&
me filis auife pour cet effet d ’euiter deux vices,où fe biffent choir affez fouuent ceux qui travailler à la ver- Mondes Autheurs. Les vnspour les traduire fidellement , mettent le plus haut degré de leur fuffifance a pointiller fur les mots, & s’y atta
chent fi feruilement,qu ’ ils femblent faire plus d’ eftime des membres de- ffachez , que du corps entier d vn grand OuuragcÆn celabmblables
à ces manuais Anatomices , qui sa mu fent pluftoft à ce qu’ il y a de moins considerable en leur fuj et, qu’ a la diffećtion de fes plus eilen- tielles parties. Les autres tout au contraire,par vn excez de licence &
de hardiciîe gaftent vn beau fens, lorsqu ’ils affettent d ’encherir deííus, par vne façon deferire plus violente que modérée j Et font comme ces torrens impétueux , qui à force de s ’enfler & de fegroffir le rendent fa meux par lesrauages qu ’ils font, &
changent la face de tous les lieux où
ils fe deibordent. Pourempefcher
donc que ces deux inconueniens ne
fe rencontrent en cette traduction,
ie me fuis tenu dans les bornes d ’vn
ftyle mediocre, pource que iel’ ay
iugé plus conuenable & plus propre
à vn O uurage de la nature de celui-
cy. Ce que vous remarquerez ie
m aifeure , Ճ vous prtnez la peine
de leîire, & de íuppleer aux fauces de ľimpreílion , ou pluftoft aux miennes, que vous fçaurez mieux connoiftre que moy-mefme,
ARG V M ENT DV
premier
L
ivre.
ratri(Tentent d'Europe.
commence le récit de fes auantures.
N ai fance de fon amour : Hifloire de Chnim : Mort tragique de Cari cies : Ingénieux rayonnement de
Clytophon > pour donner de Ta-
mourà Leueippe.
)
AMOVRS
D E
clytophon
;
ET DE LE VC IP PE.
LIVRE PREMIER.
A ville de Sidon, capitale du pays de Phenicie, les habitaris de laquelle font descendus des Thebains , eft fituée lur la mer d’Aifyrie. Elle a fes deux poits eiivn G olphe de large eften-
A
г Les Amours de Clytophon , due, mais dont l’ emboucheure eil difficile,àcaufe quelleelLeûtoite , fi bien queja mer n ’y va qua fil d ’eau , & s’y coule infenfiblement.
En celuy de ces endroits où ce Gol- phe fe recourbe à main droite , il s’en void vn autre par où l ’eau fe donne aufli vue entrée 5 D e forte que ces deux ports joints enfemble, font également commodes •> l ’ vn pour l ’ abry des vaiffeaux en liy- uer , & l ’autre pour y elite lente
ment á bord en temps d’ elle. Ce fut en ce mefme lieu que me ietta la violence de la tempeile. le n’ eus pas plüftoll gagné la terre , que ie fis des vœux & des Sacrifices à laD celle de Phenicie, quelesSidoniens ap pellent A fiarte , & quelques Latins lrenus3 fans oublier pas vne des cho
ies qu ’ ont accouilumé de faire ceux qui ont eilé deliurez du naufrage.
A près tout cecy ie me misàvifiter
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de Leucippf". Հ les autres endroits de la Ville , &
particulièrement le Temple des Dieux , où comme ie conlîderois les diuers dons qu ’ on y auoit app en- dus , farrellay ma veue fur vn ta
bleau , qui me Sembla remarquable par deilus tout.L ’ artifice du Peintre
։ У ail °it reprefenté la mer,&la terre?
auec la fable du rauilfement d ’Eu
rope , & la mer de Phenicie ; ce qui donnoit allez à conn-oiilre que c ’ e- floit comme la carte du pays Sy- donien. La le voyoit en la terre fer
me vne agréable prairie,auec quan
tité de ieunes filles j & en la mer vn taureau nageant , qui portolt lur fon dos vne Nymphe d’vne excel lente b caute, & prenoit fa route vers 1 iile de Crete. Ce pré elloit émail
lé d vne infinité de fleurs difieren- tes * & enuironné d’arbres grands Pet its, dont les feuillages & les ra
meaux ș entrelalToient de fi prés,
A ij
4 Les Amours de Cly topbon, qu'ils fcruoient comme de tóiét &
de pauillon aux fleurs femées en la prairie. Le Peintre s’ cftoit monftré ingénieux à représenter les ombra ges qui fe formoient des rameaux,
&les auoit faits de telle forte , que les rayons du Soleil ne s epandoient que bien peu en certains endroits;
où ils ne donnoient de iour, qu au
tant que le feuillage amtt enlaiTé pélemcfle en faifoit paroiftre à deC- couuert. Il auoit au rette enclos la prairie en rond ď vnepalittadede rofeaux , & au dettous des arbrif- feaux & des plantes, mis vn rang de fieges ; faits de rotters , & de mir- thes.Là des profondes & vines (bur
ees de la terre reialifloit vne belle fontaine, quitt donnant vn pafla- ge à trauers le pré s’ écouloit de tou
tes parts , pour arroufer les fleurs &
les herbes. Allez prés du mefme lieu eftoic remarquable vn homme»
& de Leucippe. f auec Vne befehe en main , dont il coupoit le ruitteau, qu'il diuifoit par canaux , alin de partager Peau , &
luy rendre le palfage libre. Mais Pinduftried ’vn tt excellent ouurier , paroilfoit fut tout , en ce qu’au co
tte de la prairie le plus proche de la mer , il auoit dépeint de ieunes fil les , Padion desquelles iùrprenoit Pelprit de ceux qui les regardoient.
Leur világé nettóit ny ioyeux,ny trille, mais entremette de ie ne fçay quoy qui ttmbloit tenir de Pvn &
de l’autre. Elles auoient des guirlan des fur la tette , lescheueux cfpars,
& qui s’épandoient fur leurs c(pau les, les robbes rerrouttees iniques aux genoux, les iambes nues , le vi lágé pale, lesiones retirées, & com me retreilies de peur, les yeux tour nez v ers la mer, & les leures a demy fuertes, comme tt elles tt luttent cici ices , furpritts d’ eftonnem ent.»
A ü)
6 Les Amours dc Clytopbon,
& d’ efiroy. Ainfi toutes defolées-,
& craintiues, elles tendoient leurs mains vers le taureau rauifTeur , &
s’eftoient miles fi auant dans l’eau , qu’ elle leur alloit iniques à my iam- be, donnant alfcz àconnoiftre par leur aétion par leur mine , qu’el
les auroient tres-volontiers luiuyle taureau, n ’eull elle la peur qu ’elles auoient d’ expofer leurs corps à l'im
pitoyable violéce des vagues. D eux couleurs bien differentes fe remar- quoient en cette peinture de 1 ’ 0- cean; Car du colle le plus proche de la terre , fon eau paroiiToit rougea- ílre j & toute azurée en pleine mer, c eil à dire aux endroits les plus pro
fonds. L’ on y voyoit encore depuis la rade,vue valle eílendued’ cfcueils blanchiífans d ’ efcume , qui fe for- moient de la repercusión des flots, amefure qu ’ils fe rompoient contre cette folide malle de pierre. Au mi-
O de Leucippe. 7
lieude cette mer eiloit peint cét ad
mirable taureau, & porté au gré des vagues, qui du collé qu’il prenoit fa route luy faifoiét paifage,& fe hauf- foiét comme des montagnes. 11 en- leuoit fur fon dos la merueille des beautez, qui s ’ y tenoit ferme d’ vne façon extraordinaires & tout autre ment qu’on n ’a de couilume d’eftre à cheual.S es deux iambespendoient à la nonchalance , tournées à main droite auec beaucoup de grace , &
de la gauche elle empoignoit la cor
ne du taureau , de mefme que les cochers tiennent enfemblë ■ atta chées les refnes de leurs cheu aux» car le taureau fe laifloit guider Ճ elle՛, ôc fe rcndoit fouple au manimcnt de fa main. Depuis la telle iulqu aux parties hontcufes,elle>auoit le corps- couuert d ’ vne chemife fort blan
che , où s ’entremelkit vn voile de pourpre. Dcette Laçon à traucrs
A iüj
8 Les Amours de Cfytophon, vn habillement fi delié, iln ’eftoit pas difficile de difcerncr le nombril en forme de centre^ & dont la pro fondeur fedefroboit à la Jveuc. Elle auoit de plusie ventre fi bien vny , quepas vn reply n’ y paroifToit, les proportions conuenables à tout le haut du corps , le milieu duquel aboutifibit a des hanches pleines d enbon-point, & les retins vn peu rebodis , d ’où fe formoit vne agréa ble colline. Voila comme l ’ art du peintre auoit pris plaifir à la repre- (enter ibubs vne robbe fi déliée, &
qui feruoit comme de miroir, pour rendre plus remarquables lesperfe- ćlions d vn fi beau corps. Bien que iaye défia dit qu ’elle empoignoit d ’vne main la corne, & de l ’ autre la queue de ce taureau , fine laifToit elle pas de s’ ayder de toutes les deux a tenir fon cou^'cchef,qu ’ elle auoit fort long, & qui s ’ eftendoit fur fes
O de Lcucippe. 9 efpaules au gré du vent qui le fe- coiioit. Cette belle fugitiue s ’en ál lóit ainfi afiiie fur le taureau com me dans quelque nauire , où pour la faire voguer fa coiffure luy fer uoit de voile. De la maniere que les Dauphins choient dépeints tout alentour d elle , l ’on euft dit qu ’ils le mouuoient, & qu ’ en fautelantils trefiailloicnt d’ayfe, come fe joiians de la captiue , qui choit menée en triomphe. Deuant le taureau na- geoit vn petit Enfant, qui luy fer uoit de ridelle guide. Il ellendoit le riche plumage de fes ailles, & por tóit vne troufie pleine de traits,aucc vn flambeau qu ’il retiroit à collé.
A voir fa mine il fembloit foufrire,
& dela façop qu ’il regardoit Iupi- ter 1 on euh creu verjtablemét qu’ il fe mocquoit , de ce que luy qui he
llóit qu vn enfant l ’ auoit toutcslois
.ait transformer en T aureau.
то Les Amours de Clytophon, Apres que feus bien confidere les traits , & l ’ ingenieufe maniere de cette peinture y ie n ’ y trouuay rie que des fujets de louange՛& d’ ad
miration. Mais ce qui m ’en donna dauantage, fut de voir corne quoy Cupidon menőit ainfi ce Taureau oùboluy&mbloitiCe qui fit que rauyd vne fi eftrange merueillejHé Dieux! difije en moy֊mefme,com- me eft-ilpoiïiblc que le ciel , la ter
re, & la mer obeľííent ainfi au com mandement d’ vn Enfant ? A ces mots ie fus tout eftonne qu ’vnieu- ne homme qui les ouy t fe tournant vers moy ; V ray ment, dit-il, tu ne nous contes lien de nouueau , &
dont ie ne fois tefmoinga mon do- pour auoir fouffert vhe infi nite de maux caniez parle mefmé enfant qu ’ on appelle Amour.Quels font-ilsdonc Juy refpondif-je} ra
conte les vnpeu le te prie, puifque fi
Հ> de Leucile. и ie ne me trompe, il paroift bien à ta mine que tu nés point ennemy des my iteres de ce Dieu. le puis diffici lement , me repliqua-t ’ il՛ , fatisfaire à ce que tu delires de moy, à moins qu’ entrer dans le meßange confus d ’vne narration obfcure , veu que ien’ ay rien a dire qui ne femble te
nir de la fable. Il n importe , adiou- itay-je , quelques fabuleufes que foient ces chofes , n’aye point defa- greable, ie te prie , de m’en faire le recit , pulique ie t'en coniure ß ar- damment au nom du grand Iupiter,
& de ce mefme Amour tout pu iß fant,qui doit feruir de matière à ton difcours.
Ayant acheué de parler ainß, ie
lemenay dans le prochain bois, où ie voyoient plußeurs planes fort touffus, qui embellifloient ce lieu,à aifoit vnruiiTeau de
oX stacja ІИІВИІЖ ЖШИ
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w OLSZTYNIE (Instytut Mazurski pris ce ieune homme par la main, &
1 a i i ï • i • le voyoient plusieurs planes fort
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? Łes ¿mours de Cly topbon, ели la plus claire qu'on euft fceu voir, & qui eftoitauflî froide que de la neige , qui vieildr.ok frefehe- p1ent d eltre fondue. Là comme ie leusmuitéàs'afiéoiriùrl'herbe^ù iem affis aufiiprésdeluy; Orça,luy
dii-je, il eil temps que tu commen ces icy le recit de tes malheurs, veu que ce heu eit fi beau , & fi piaifant, qu il mente bien qu on s ’ y entretie
ne de contes d’ amour. le le veux, dit-il, pulique tu le defires fi fort, &
alors il s’ en acquitta de cette forte.
Mes Anceflres fontfortisdePhe nicie, &la villedeTyrellcellede ma naiiïànce. le m'appelle Clyto- phon, mon pere Hippias, & mon oncle Sollrate. Voila pour ce qui 1 cSarde mon extra dion du collé de mon pere. L’vn & l’ autre elloient hetes de diuerfes metes, Ճ fçauoir Soihate fils d ’vne BiCantine , &
HyppiasdvneDamenatiuedeTyr
<5* de Letuippe. 13 où mon pere eilablift fa demeure,
& mon oncle fe fill Bourgeois de
Bisace, pour y iouïr d’vne belle fuc-
ccifion , qui luy efeheut de par la
mere. Quant à la mienne ie ne me
fouuiens pas de 1 auoir veue, pource
que i ’ eilois encore en enfance quad
elle mourut *, Cela fut caule que
mon pere le maria pour la fécondé
fois à vne fort belle Dame, d’ouluy
naquit vne fille appellee Calligo-
ne , qu ’il fe propofa de me donner
poui clpoulè , Mais les deilins me
referuoientpour vneautre,afin de
monilrer par là que leur empire eft
bien plus puifiant que ne font tous
les delfeins des hommes. Auííi arri-
ue-t il fouuent que les Dieux leur
predifent en longe les choies qui
leurdoiuent arriuer , non pas pour
les obliger à preuenir les malheurs,
puifqu fi n'eil point de remede con-
ire es cBofes où nous fommes de-
Վ4 L £S Ărnours de Clytophon, íiinez dés le point de noftre nailfan- ce , mais bien pluftoft afin que les voyant aduenues , ils les endurent plus conftamment, & les prennent en patience; car il eil certain que les malheurs in opinez & Soudains , a- battent ôc anéantirent la confiance de noftre ame, pource qu ils la pre
neur au defpourueu i Comme au contraire ceux que nous fçauons preuoir de loing,nous tourmentent beaucoup moins, acaule que ľef- prit les medite, & qu ’il s ’ accouftu- me à lesreceuoir peu à peu dans la pcnfée,pour s ’ y refoudre finálémét.
Comme i ’ eus doncques atteint la dix-neufiefme année de mon aage, qui fut le temps auquel mon pere faifoiteftat de hafter les nopces aux quelles il m ’ auoit deftiné , la fortu ne joua fon roole de fon cofié, &
cómençala Comedie par vn longe que ie fis,que ie trouuay bien eftrã-
Հ> de Leucippe. i$
ge. Au temps que la nuićł rend tou
tes choies paihbles, m’eftant mis à repofer , il me fembla que ma Cœur
& moy eftions Ճ bien joints ôc Co- lez enfemble,quc de nos deux corps il ne s ’ en formoit qu ’ vn depuis le nombril en bas. A ce premier objet en fucceda vn autre ďvn fantofme efpouuentable.C ’ eftoit vne femme, ou plûtoft vne Furie, qui rendit à fon abord tous mes fentimens per clus. Elle auoit le regard horrible à voir , la taille haute, le vifage gref fier , les yeux rouges comme fang, les joues ridées, & les cheueux tels que des Serpens. De fa main droite elle tenoit vne faux, & de la gauche vne torche ardente : En cét équipa
ge elle s’approcha de nous , & toute
enflammée de colere, d ’ vn coup de
là faux, quelle porta en cemefme
en droit où nos deux corps eftoient
ememble attachez, elle y fit vne fi
i G Les Amours de Cly tophon, grande play e , que ma Cœur en fut fepare'ed’ auec moy. Il faut adu ouer
que ce longe me donna bien de l’ef- froy i & toutesfois comme ie fus ei- ueillé , ie n’ en voulu parler à perfon- ne, & me contentay de le méditer en ma penfee. Voila cependant,que ce mien oncle, qui eftoit a Bilan ce, comme ie t’ay dit cy-deuant , eferi- uit à mon pere ce peu de mots.
SOSTRATE A SON FRERE
H
yppi as, S
al v t.
■
MA fille Leucippe, Շ?1 ma fem me Pant me te <~uont trouuer : ayefomg ie te prie de garder chezjoy de fi chers gages , iufques à ce que la paix foitfaite Adieu.
Mon pere eultapeineacheue de lire ces lignes, quilfe leu a , & prit le chemin de la marine j d ’ où il re- uint biemtoft apres fuiuy d’vne
de Leucippe. 17 grande trouppe ďefcíaues & de fcr- uantes,que Softrateauoit envoyées aucc fa femme & fa fille. 11 y C n auoit vne entre les autres qui f e 8i- foit remarquer par fa belle taille,
¿¿pour eftre richement veftue. Auf- ii roft que ie 1 eus regardée elle me fit fouuenir d ’Europe , lors qu’elle cftoit aifiiTe fur la crouppe du T au
reau qui la paifoit ala riue.Elleauoit les yeux charmas,où toutesfois s ’ en- rremeüoitienefçay quoy de cruel, les cheueux blonds, & crefpus, les fourcils naturellement noirs, & les loues blanches, horfmis que fur le milieu efclatoitvn vermillon agréa ble , tel que celuy dont les femmes Lydiennes donnent couleur à l’ i- uoire. Quant á la bouche, à chaque rois qu ’ elle remuoit les levres,ellc rellembloit proprement a vne rofe, l°rs quelle commence à s’eipa- jioun l c fus e |p ris ¿e ccs nierued-
B
i 8 Les Amours de Clytophon, les , à me fine temps que i y arreftay ma veue s auih n’ eft il point d’ elpée qui foit aiguë , ny qui tranche com
me la beauté , car elle a cela de pro
pre de pénétrer iniques das le cœur,
& d’ y faire vue profonde bleffure par 1 entremise des y eux,qui en font les meífagers. Voila dóc qu’en vn inftant ie me vis contraint de louer la proportion de fa taille, & d’admi rer vue chofe Ճ rauiflante & Ճ bel
le. Cependant de la façon que ie- ftois elmeu i’enfriiTonnois en mon ame , & ne laiiTois pas pourtant de regarder cette Belle d’ vn œil lafeiß
& remply de conuoitife,appréhen dant toujours que quelqu’ vn ne s ’ apperceuft de ce tranlport en la naiifance de mon amour. Que fi i’ effay ois par fois de porter mesy eux ailleurs , ils s’y oppofoient inconti
nent , fi bien qu à la fin ie ne pus me défendre des charmes de ce vifage,
Շ7* de Leucippe. i շ
& fus contraint de luy ceder la vi ctoire.
Apres que les femmes furent me nées en noftre logis , où elles eurent leur appartement leparé des autres,
& que mon P ere eut mis ordre au fouper , il nous fit affeoir deux à deux de chaque coïté , de telle forte que luy & moy nous trouuafmes au milieu, les filles a main droite , ճշ les deux Meres à gauche? ce qui me plut tellement , qu ’il s’en fallut peu que ie n ’allalTe bailer mon Pere, four luy tefmoigner le bon gré que ie luy fçauois d’auoir piaffé vis a vis de moy celle que l’aymois. De vousdire au refie ce que ie mangeay durant ce feftin , cela n ’eft pas diffi cile: Car lesD ieux me font telmoins 5 il n’ eft pasvray que i ’imitay ceux:
Яці font bóne chere en sóge. A leur exemple ie ne prenois aucuns air mens, mais appuyé du coude fur la
B ij
г о Les Amours de Clytopbon, rable , ou i’auois la telle bailTée , i’ c- ftois rauy en la contemplation de la beauté defirée, de qui i’attirois les œillades à la defrobée, & ce furent là toutes les delices de mon repas .Si toit que les tables furent leuées, il le prefenta vn de mes feruiteurs auec vne Lyre en main, dont il elprouua les touches premièrement auec vn agréable murmure; puis comme il eut pris l’ archet, & jolie quelques preludes , il accorda ľinílrument au fon de fa voix,& chanta vn air dont les paroles me fembloient extrême
ment belles. Le lujer en eltolt pris des Amours d ’Apollon, qui accu- foit & pourluiuoit enfemble la fu- gitiueDaphné.Mais lors qu ’il eltolt lur le point de la ioindre, & qu ’il la tenoit prefque entre les bras,il la voy oit fe transformer en laurier,des rameaux duquel il fe falloir vne guirlande, & la mettoit fur fa telle.
de Leucippe. гх Cependant cette chanfon,àdire le vray , ne falloir qu’ adiouitcr vn feu plus ardant à celuy qui me brufloit défia : car il elf certain que les dif- cours amoureux font des attraits fi puiiTans,& des boutefeux de paihon fi violens & fi forts , que pour mo
déré que foit vn homme , c’eft vne merueille bien elb age s ’il ne fe laiife porter à l’ imitation d ’ autruy,à quoy il fe gliile d ’ autant plus facilement, que le fujećł en elf illultre, & tele ire de foy-mefme. La rai fon eil, pource que la honte,qui nous retire du peche, citant vne fois oftée par l’exemple d ’vne perfonne plus ex
cellente que nous ne iommes , fe tourne en fin en effronterie, & en li cence de tout faire. Cette considé ration fut ce qui m’ acheua de per
dre, & qui me fit raisóner ainfi.Pau- Ure abufé que tu es l Apollon n ’a-t’il pas cité amoureux aufli bien qu c
B iij
t i 1 1 Les Amours de Cly topbon,
toy, & fa pafhon ne ľa felie pas re- duit iniques à ce point que de lu y faire pourfuiure la beauté qu ’ il ai-, îïioit a la veuë de tout le monde?
Cela citant, peux tu bien dire fi peu fenfible, fi lafche & fi retenu , que de vouloir couurir du mafque de continence vne paillon fi conuena- ble à ton âge?
L heure d aller repoier citant ve
nue,les fern mes fe retirerent les pre
mieres, & les hommes apres, dont les vns auoient rempli leur ventre de viandes,&moy raiTafié mes yeux de regards.Ceux queLeucippe m’ a- uoit dardez me la rend oient toufi iours prefente à mon ame,fi bien qu enchanté de fes oeillades, &сош,- me ennyuré de fes amours , ie m’ en a hay dans la chambre,où i ’auois ac
coutumé de coucher, fans qu ’il me fuit poffible de repoier en aucune forte. lenem en eitonnay pas beau-
de Leucippe. z Հ coup neantmoins, fçachantbien la caule de mon mal. Que s ’ il adulent naturellement que les maladies &
les bleifeures font plus fafcheufcs de nuiét que de iour,& qu’elless’cueil- lent en vntêps qui eft deftiné pour le fommeil, pource que le mal a tout loifir de courir,&de tourmen
ter les corps lors que les membres repofent} ie ne trouue pas pour moy que la condition de ľefprit malade doiue eltre meilleure:car tandis que le corps eft fans mouuemcnt, ou sas employ , ľefprit qui fent du mal eft affligé doublement , & gefné d’vne douleur beaucoup plus grade,pour ce que les yeux & les oreilles, eltans occupez de iour dans l’ embarras des affaires, rendent moins fenfibles à fame les aiguillons delà fafeherie,
& l’entretiennent fi bien qu’ elle n ’a
P as loifir de fe plaindre. Au contr ai-
tc, quand il arriue que le.corps eft
z 4 Les Amow s de Clytophon, oiíif, &: qu il manque ¿’ occupa
tion , ľeíprit qui ne penfe plus qua ioy-mefmę, entre dans vn profond raifonnement,qui 1 expole à de con tinuelles vagues ¿ ‘inquietudes & de malheurs. De cette façon les cho
ies qui elloient comme afioupies, &
prcfque miles en oubly,fc refueil- lent tout a coup,& fe reprefentent à l’imagination foubs des figures di- uerfes : corn me par exemple les an- go ifi es j <Տշ les ennuis , s’ offrent aux perlo unes affligées, les inquietudes aux mal heureux qui ont fujetd ’ en auoir j les apprehenfions à ceux qui font en danger, ôc les flammes ar
dentes aux panures A mans,que leur pafiion réduit en cendre.
■Apres auoir ainiï palle la nuićt dans les refueries que me caufoit mon amour naifiante, á la fin enui- ron le leuer de l ’ Aurore, le Soled ayantpitie de moy,me donna quel
que peu dallegemét & derclalche.
O deLeucippe. z$
Pour tout cela neantmoins, la mé
moire de cette aymable fille ne s ’ef- coula pas de ma penfée» au contrai
re elle fût depuis tout le fujeét ¿e mes longes. Ainfi les plaifirs du iour ne m ’eftoient pas fi fauora- bles que ceux de la nuićt, durant la
quelle j ’ entretenois Leucippe, ce me fembloic , ie mangeois en fa compagnie jie me ioiiois a elle,ie la bailo is, & mefmcie ľembraíTois auec plaifir. Mais comme i ’eftois das ces delices,vn denos valets s’en vint m ’efueiller , & ne remporta pour fruićb de fa peine que le tiltre d ’importun, ioint aux malédictions que ie luy donnay , pour m’auoir ti ré ď vn longe fi agréable, & fi doux à ma penfée. Aufortirdulićt i’ en- tray à déliéin dans l’apartement de ma nouuelle Mailtrelfe, où ie me promenay quelque temps, lifant dans vn liure que i’ auois porté for
tuitement auec moy. Durant ces
2.6 Les Amours de Clytophon, allées & ces venues, a chaque fois que ie parfois deuat la porte de fa chambre , ie hau (fois la teile pour eifayer à la deicouurir. Mais en fin apres qu ala veuëd vu chacun i eus fait quelques tours , qui ne feruirenť qua me rendre plus amoureux par la priuation de 1 objet que ie me propofois de voir,ie me retiray fort trifte, & employ ay trois iours inuti
lement en cette façon de viure. ľa- uoisence mefme temps vn de mes parens qu onappelloit Clinias, plus vieil que moy de deux ans, & qui n’auoit ny pere ny mere. Il aimoit fi fort vil ieune garçon , qu ’il luy donnoit tout , iufques-la mefme qu a y at vn iour acheté vn cheual de prix,&aperceu qu ’il eftoit au gré de cétartificieux, qui fe mit à le louer expres, pource qu il euft bien voulu i auoir, il ferma les yeux à l ’auarice,
& by en fit vn prefent. le l’auois
O de Leucippe. 17 tancé plusieurs fois de ce qu ’ aban
donnant fes affaires , il s ’ auiliifoit ainfi apres ce galand , & felaiiToit prendre dans fes piégés. Mais il ne payoit toutes mes raifons que d ’ vn branlement de telle, & les tournant en mocquerie i Ne te foucie,me di- foit ifauat qu ’il foit peu de temps tu feras pris auffi bien que moy. Com me ie le fus donc voir vn iour, ie le faliiay d’ abord ; puis m éfiant aflis près de luy ;O Clinias,luy dif-je,c ’eft
• a. ce coup que ie porte la penitence des iniures que ie t ’ay autrefois dic
tes, puis que ie fuis bleiTé comme toy,& fait efclaue ď Amour ! A ces mots Clinias liauffa les mains au Ciel? & les battant l’ vne contre l’ au
tre , s ’ éclata Ճ fort de rire , que ie ne
fceus qu’ en penfer: puis fe leuant de
fon fiege, il me vint bailer au világé,
que nies inquietudes redolent tout
pafle & deffait. O qu’il eil bon à
18 Les Amours de Clytopbon, voir, s’efcria-t ’il, que tu es amou reux, & que tes yeux en donnent vn tefmoignage biê euidét'Il eut à pei ne acheué ces paroles que nous vif- mes entrer Caricies , ainfi Ce nom- moit ľ A mant de Clinias. A fon ar- riuée, Helas ! luy dit-il, que Cay à te faire vn recit defagreablelce difant, il Ce mit à foufpirer, & Climas auili, comme ß les defplaifirs de Caricies
& les tiens propres, n’ euiTent efté qu’vne mcfme chofe:ce qui fut cau- fe qu ’ auec vne emotion extraordi
naire, &vne voix toute tremblante, Continue donc,luy rebondit il,car ton filence me tue: declare libremét quel eft le fujeét de ta fafeherie, contre qui tu en as, afin que ie t’en face tirer raifon. Helas! repartit Ca ricies, la fource de mon mal-heur ne procede que de mon pere, qui veut refolument queie me marie,
& ce qui eft le pire, que i ’ eipoufe la
&de Leucippe. 2.9 femme du monde la plus laide ,afin que par ce moyen ie fois puny dou
blement. le le feray en effećt,fi tel
le choie m ’ar riue,puis qu citant cer
tain qu’ auoir vne femme, quelque belle qu’elle foit,eft vne cfpece d ’ in fortune,il eft biê à croire que le de- faftre de celuy qui en a vne diffor me,fe redouble de moitié.Et toute
fois,ô Dieux immortels ! mon pere qui n ’a le cœur qu’ aux richeifes, me brigue cette belle alliance, tant il a peu de bon naturel pour moy i par où tu peux iuger,fi ie ne fuis pas bien miferable de me voir ainfi liuré à l’argent, afin d ’eftre efclaue ď vne femme. A ces paroles de Caricies, Clinias deuint tout pafte & penfif,
& fe mit en colere contre les fem
mes , qu ’il blafma extrêmement i
puis pour mieux perfuader à Cari-
cles de ne fe laifter eftreindre d ’ vnli
dangereux hen que celuy du maria-
3 о Les Amours de Clytophon, ge^Pauureieune homme,luydit-iî,
eft -се donc toy que ton pere veut marier ? Quelle faute as tu commi
se,pour eftre lié de fi forteschaifiies?
efcoute vn peale fentiment qu ’ en a Jupiter
.Pour le prix de ce feu que d'aune main funefle
P romét bée enleua des deux ; Sur terre leffadray cette-mauditepefle,
Et ceruemn pernicieux՛-)
Oùnoflreefyrtt cherchât des douceurs des charme
Trouue dans le mal-heur le fuient de fes larmes.
Voila tout le plaifir qu'on reçoit des choies mauuaifes & contagien-*
fes, telles que font celles-cy,qui ref.
femblent proprement au chant des Syrenes, dont l'harmonie, comme 1 on tient, a des charmes qui font périr les nauigatcurs.Tu peux iuger plus clairement de cccy, Ôcconclu-
<ճր de Leucippe. 31 re que le mariage eil vn grand mal par 1 attirail mefme & la folemnité d ’ vne nopce. Durant qu ’ on la faiét, ce ne font que cileries de gens , qU j vont & qui viennent, que retentif.
feinens de trompetes,de flutes,& de clairons, & que plaintes importu nes de personnes qui font à la porte,՛
où elles font plus de bruit que le ro llerre; ce qui fe paiTe à la clairté d ’vn grand nombre de flambeaux allu
mez de toutes parts , & qui font comme les eiclairs de ce tumulte.Ie redemande maintenant, y a t’ ilce- luy qui voyant cét embaras,cette confufion & ce defordre , ne iuge foudain tres-miferable la perfonne qui fe marie , ou qui en eft à la veil
le? D e moy ,ie ne pêfe pas mêtir, fi ie dis que 1 homme qui eft réduit à prendre vne femme, ne me (enable pas moins mal-heureux que celuy
qui ans vne bataille Cinglante , eft
5 x Les Antours de Cly tophon3 contraint de fe biffer choir inhu
mainement fur la pointe de fon ef- pée. Si la connoifTancc que tu as des bonnes lettres ne t'auoit rendu fça- uant dans la malice des femmes , ru ferois excufable en cecii mais y elłat Maiftre paffé, tu en peux faire des leçons aux autres, & reprefenter fur le theatre ce qu en ont écrit lesPoe- tes Tragiques & les Comiques. Tu n’as pas ie m’affeure mis en oubly ny le carcan d ’Eriphile, qui trahit indi gnement fon mary Amphiaraus,ny Pexecrable banquet de Philomcle, fait au Roy de Thrace fon beaufre- re,ny la calomnie de Stenobée con tre le vaillant Perlée,ny Pincefle d ’ Europe auec so h ere, ny la cruau
té de Progné , qui eftrangla mef- chamment , & mit en pieces ion propre fils : Que fi Griféis & Brifei- dc eurent autrefois affez de char
mes ; de gcntilleffes, & de beau tez pour
de