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P O L O G N E

P A R

M. C H A R L E S F O R S T E R

A N C I E N S E C R É T A I R E A U C A B I N E T D U L I E U T E N A N T D U R O Y A U M E D E B O L O G N E

C H E V A L I E R D E P L U B I E U R S O R D R E S

M E M B R E D E L ’i N S T I T L T H I S T O R I Q U E , D E LA S O C I É T É P I 1 I L O T E C I I N I Q C K

E T D E L ’ A T H É N É E D E S A l l T S D E P A M S

P A R I S

F I R M I N D I D O T F R È R E S , F I L S E T C' % É D I T E U R S

i M n n j M E i m s d e l'i n s t i t u t d l f u a n c l

(4)
(5)

L’U N I V E R S ,

O U

HISTOIRE ET DESCRIPTION

DE TOUS LES PEUPLES,

DE L EU R S R ELIG IO N S, M OEURS, IN D U S T R IE , COSTU M ES,

e t c.

L’ANCIENNE POLOGNE.

(

8 0 0

1 7 9 6

) ,

PAR M. CHARLES FORSTER,

A N C I E N S E C R É T A I R E A U C A B I N E T D U L I E U T E N A N T D U R O Y A U M E D E T O L O G N E , C H E V A L I E R D E P L U S I E U R S O R D R E S , M E M B R E D E l / l N S T I T U T H I S T O R I Q U E , D E L A S O C I E T E P H I L O T E C H • N I Q U E E l ' D E L ' A T H É N É E D E S A R T S D E P A R I S .

U n concours de circonstances fata­

les - qu’exploitèrent avidement la vio­

lence et l’hypocrisie des puissances voisines, quand elles ne les firent pas naître elles-m êm es, ainsi que les propres fautes des P olonais, am enè­

rent la ruine de ce royaum e, jadis au nombre des plus vastes et des plus puissants. L ’nistoire de l’E urope moderne n’offre pas un second exemple d’un pareil atten tat commis su r une nation grande et ancienne. Cette vio­

lation des maximes fondamentales du d roit éternel demeure toujours pré­

sente à la mémoire des hommes. Nos temps sont féconds en catastrophes politiques: bien des peuples o n t .tra ­ versé de cruelles épreuves; des É tats ont disparu ; d ’autres ont été fo rm és, rétablis, détruits encore; mais ni leur anéantissem ent, ni les vicissitudes nombreuses de leur existence, n ’ont produit une impression aussi vive, ne se sont gravés aussi profondément dans le souvenir et dans le cœ u r des na­

tions, que la lente agonie, la renais­

sance et la m ort répétée de la Pologne.

C’est que la Pologne possédait un long

1

" liv ra iso n . (P o lo g n e .)

et vieux p a ssé , une existence qui s’ap­

puyait sur une base consacrée par dix siècles, des institutions défectueuses, mais grandes e t fortes, e t une vie na­

tionale active, variée, féconde en nobles actions comme en fautes graves ; car la Pologne n’était point régie par une seule volonté, mais par la partie la plus élevée de la n atio n , qui influait sur les événem ents, faisait mouvoir les rouages de l’É ta t, e t décida maintes fois des destinées du nord de l’Europe.

Depuis que la France marche à la tête des nations civilisées, chacune de ses grandes idées, puisées dans les en­

seignements de l’histoire, chacune de ses comm otions graves, ont retenti dans la Pologne. L a Providence semble avoir uni par de secrets liens ces deux na­

tions , que sépare une si vaste distance, et toutes les fois que l’horizon de l’Eu­

rope s’assom brit, gue l’orage éclate su r les rives du R h in , la W istule ré ­ pond par un écho redoutable e t puis­

sant.

Pourquoi donc ne pourrait-on pas

e sp é re r, dans ce siècle où la France

et l’A ngleterre consolident leur ré ­

(6)

forme sociale, réform e qui doit né­

cessairem ent réagir su r toutes les a u ­ tres nations européennes, de voir re­

naître du sein des ruines actuelles, dans les pays habités p ar les races slaves, les peuples opprim és, dont cha­

cun reprendrait le rang indiqué par le cachet de cette nationalité qu’une main de fer étouffe mom entaném ent en ces contrées ! « Les races slaves ,

« a d it un savant publiciste, ne m eu-

« f e n t p o in t : elles s'éclipsent, et p e r-

« sonne ne p e u t dire s i, d a n s cette

« éclipse, leur a stre s ’est é te in t à j a -

« m a is' ou s’il a d isp a ru seulem ent

« p o u r quelques jo u r s (*). »

Si l'Allemagne revint à la vie après une effroyable anarchie de tren te ans, si elle fu t sauvée d’une perte presque certaine par S o b iesk i, pourquoi le pays qui donna le jo u r à ce noble libé­

ra te u r devrait-il désespérer ? L a vie de l ’antique Pologne ne coule-t-elle pas, semblable au fleuve q u i, forcé de se frayer un passage à travers les roches, disparaît pour un m om ent sous leurs voûtes o b scu res, mais ne tarde pas à reprendre avec m ajesté son cours à la face du so leil, et dégagé de tous les élém ents malveillants qui avaient tro u ­ blé ses eaux limpides ?

Au milieu du flux e t reflux des races hum aines, il su rg it un peuple que le so rt tin t enchaîné aux lieux où la prem ière m ig ratio n , celle qui se perd dans la nu it des âges, conduisit ses chariots erran ts. Les races slaves

3 ui couvraient les plaines immenses e la Sarm atie apparaissent, pour la prem ière fo is, dans les pages Je l’h is­

toire à l’époque où l’empire de Charle- m agne tom bait écrasé sous son propre poids. Les Polonais et les Russes sont des divisions de ce peuple nom breux, dont le langage se parle depuis les m ontagnes de la Macédoine et les bords du golfe Adriatique jusqu’aux îles de la m er Glaciale.

N éanm oins, on ne peut résoudre avec certitude l’origine du nom de la Pologne. Provient-il du champ (p o lé )

(*) M. Sainl-Marc G ira rd in , préface à la

3

' édit. de la vieille Pologne de Cl». Forstcr.

ou de la plaine (p la szc z y zn a ), comme on l’a prétendu ? ou bien encore des Polanie, peuple slave habitant les bords de la W arta et du D niéper? ou bien enfin de l’héritage de L e c h , L eszek, d ’où dériveraient Polechia, P olska ? A notre avis, cette dernière hypothèse est la plus probable. Le nom de P o ­ logne se rencontre constam m ent dans l’histoire européenne dès le onzième siècle, quand Boleslas le G rand (Chro- b r y ) ,- après avoir chassé les Bohèmes de la C hrobatie, fut reconnu par l’em­

pereur O thon III à G nèzne, l’an

1000

, roi des Slaves au delà de l’Oder et su r l’Elbe. Depuis cette époque, les deux provinces principales, la Lechie et la Chrobatie blanche, p rire n t la dénom ination de grande et de petite P o ­ logne. C’est le point de départ de la Pologne chrétienne.

La Pologne ne fut jamais com prise dans les limites de l’empire rom ain, et de nos jo u rs encore les Polonais m on­

tr e n t avec orgueil les restes d’un fossé qui m arquait jadis les lim ites des pro­

vinces appartenant à la m aîtresse du m o n d e, à cette Rome su p e rb e , nom­

m ant dédaigneusement les pays qui n’é­

taient point encore à elle, de ces deux m ots : P ro v in c e n d u m , à vaincre !

Bien que toute espèce de civilisation paraisse nouvelle dans ces co n trées, on n’y trouve cependant aucun vestige de l’égalité prim itive, de ce que l’on appelle la vie des premiers âges. T out semble annoncer au contraire qu’on y re­

connaissait deux classes bien d istin ctes, celles du m aître e t de l’esclave ; l’un toujours arm é pour la défense du pays, et l’au tre forcem ent attaché à la cul­

tu re des terres.

P lus ta r d , loin de suivre les m odi­

fications sociales que subissaient les autres nations de i’O ccident, la P o ­ logne sembla longtemps prendre à tâche d’adopter une marche to u t à fait différente. P arto u t ailleurs la lo i, se conform ant aux besoins nouveaux, s’attachait à protéger le cultivateur contre le seigneur suzerain. En P o ­ logne , le paysan de K asim ir le Grand, devenu par lui homme libre en com­

paraison des leibeiqen d’Allemagne et

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des serfs ou vilains de F rance, re­

tom bait à l’état de serf ( glebæ a d - scrip tu s), e t , moyennant soixante-dix m arcs d’argent, on pouvait racheter sa tête. Tandis que R ichelieu, ache­

vant l’œuvre commencée par Louis X I, portait le dernier coup aux grandes familles du royaum e, la noblesse po­

lonaise se m ontrait de plus en plus envahissante ; elle accaparait to u t : les privilèges de la c o u ro n n e, et les fran­

chises du peuple. L ’introduction des jésuites et la naissance des persécu­

tions exercées contre les sectaires du rit grec et les juifs eurent lieu en P o­

logne presqu’au m om ent de la publi­

cation de l’édit de N antes, cet acte de justice et de tolérance. Protégés par C o ib e rt, l’industrie et le commerce prennent en F rance un développement im m ense, mais en Pologne leur ruine, commencée par l’en n em i, s'achève complètement par les exactions des starostes (*). Enfin d’abus en a b u s , la noblesse, dans les rangs de laquelle régnait primitivement une parfaite éga­

lité, fu t sur le point de devenir victime de ses propres excès. Tandis qu’en E u ­ rope la féodalité croulait, e t disparais­

sait sous les ruines et dans le sanj», ce fut l’instant où quelques symptômes de ce système se m anifestèrent en P o ­ logne; mais bientôt la noblesse, peu soucieuse de se soum ettre à son orga­

nisation graduée et aux principes d ’o r­

dre qu’elle re n fe rm a it, redevint an ar­

chique en masse.

L a royauté, parvenue à son apogée, étendait dans les autres contrées les rameaux de sa puissance, et les nobles, moitié par force, moitié par séduction,

(*) Le starostc fut d’abord line espèce de fonctionnaire noble, institué par le roi pour veiller à l’ordre et à la défense de la ville, ayant une juridiction criminelle distincte et jouissant de certains revenus prélevés sur les villes mêmes. Les starosties, c’est-à-dire les villes et les biens nationaux que la n o ­ blesse se faisait distribuer commepanis benè m erentium , devinrent pour elle de vastes champs à exploiter à son p ro fit, et les mal­

heureux habitants de ces domaines une vraie gent taillable et corvéable à cri1 et merci.

(.Pologne pittoresque, M. Chonski.)

abandonnaient la vie retirée et fa­

rouche des m anoirs pour l’existence plus riante des cours : le som bre guer­

rie r se transform ait peu à peu en po­

litique habile ou en flatteur a d ro it;

mais le noble P o lo n ais, to u t à l’in­

verse, se m ontrait fier de voir chez lui cette même puissance royale lim i­

tée. Jadis h éréditaire, le trô n e était devenu électif, et chaque vacance du pouvoir am enait le débordem ent de toutes les passions. C’est ainsi qu’on détruisait la véritable liberté ; en vou­

lant donner tro p de garanties à la na­

tion on affaiblissait

1

É ta t, e t, par un fatal enchaînem ent, les limites appor­

tées aux prérogatives de la couronne eurent pour résu ltat inévitable de res­

tre in d re également les droits de la bourgeoisie et des paysans. Peu à peu ces droits fu ren t presque com plète­

m ent abolis, et la voix de la religion, de l’hum anité et de l’in térêt demeura im puissante pour ressusciter les a n ­ tiques franchises de la tom be où elles dorm aient depuis long-temps.

« L ’am our effréné des Polonais pour la liberté a introduit peu à peu les plus singuliers désordres dans leur gouvernem ent. L ’opposition d ’un seul suffisait autrefois pour balancer dans chaque délibération l’au to rité de toute la republique et rom pre les assemblées générales de la nation. U n si étrange abus de l’égalité a produit parmi eux la plus funeste anarchie. Les R u sse s, au contraire, gouvernés par une seule volonté souveraine, on t form é un vaste empire. U ne discipline formidable leur a donné une puissance au-dessus de leurs forces reelles, et ils ont connu un e am bition encore plus vaste que leur empire et que leur puissance. Les désordres de la Pologne leur ont don­

né facilem ent entrée dans toutes ses affaires, et les efforts de ces deux peuples, l’un pour im poser le jo u g , l’au tre pour s’y d éro b er, sont le plus singulier spectacle que le monde ait offert depuis longtemps. D ’un côté, le despotism e employant tous ses avan­

tages , l’in trig u e, le secret, la disci­

pline , la réunion de toutes les fo rc e s,

le concert de toutes les o p ératio n s,

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mais se nuisant à lui-même par les vices qu’il traîne nécessairement après lu i; de l’au tre c ô té , l’indiscipline des arm c e s, ou plutôt l’impossibilité de form er une arm ée, le désordre et le vide des (inances, les haines de famille, les intérêts personnels dans tous leurs eccès, une fatale désunion qui fait échouer les entreprises les mieux con­

certées , le manque absolu de tous les m oyens, mais des ressources presque inépuisables dans les vertus naturelles aux hommes et que l’anarchie même exerce, l’h o rreu r de la serv itu d e, la force des arm es, tel est le fond du tableau que présente dans ces contrées la fin du X V II Ie siècle (*). »

» Les Polonais fu ren t le seul des peu­

ples belliqueux connus dans le monde, à qui la guerre ou même la victoire ne donna jam ais ni des conquêtes ni la paix. L a Pologne vit une à une pas­

ser ses provinces vassales sous d’autres lo is , sans songer à fo n d e r, dans un gouvernem ent a la fois bienfaisant et fo rt pour to u s , un rem p art qui proté­

geât contre la marche progressive de l’étranger les restes de sa grandeur.

Elle devait subir jusqu'au bout to u t Ces m a lh eu rs d ’une a risto cra tie im ­ pitoyable et d ’une fo lle égalité (**). » Au jugem ent que l’histoire inflexible porte su r les fautes des P o lo n ais, et d o n t, malgré quelques exagérations, on ne peut s’empêcher de reconnaître la vérité, nous opposerons une contre­

p artie honorable. L ’anarchie a sans doute produit de grands désastres en P ologne; les enfants du so l, en don­

n a n t pleine carrière à leur antipathie pour toute espèce de jo u g , contrac­

tèren t en même tem ps l’habitude du désœ uvrem ent e t tom bèrent tro p sou­

vent dans une mollesse funeste ; mais jam ais ces d éfau ts, ces vices, si l’on v e u t, n’éteignirent chez eux un dé­

vouem ent com pléta la chose publique, quand les circonstances l’exigeaient ; alors se m anifestait la volonté iné­

(*) R u lh ièrc, H istoire de l’anarchie en Pologne.

(**) M . de Salvandy, H istoire de Jean Sohieski.

branlable d ’être une

n a t i o n.

Les grands même q u i, dans les temps o r­

dinaires, se m ettaient avec tan t de lé­

gèreté au-dessus de la m oindre obliga­

tion et repoussaient le devoir le plus modeste, arm èrent des milliers de bras pour la défense du pays toutes les fois qu’il se trouva véritablem ent en danger.

L oin d’être alors des fantômes sans vi­

gueur , sans énergie, abandonnés à de honteuses jouissances, on les voyait s’élancer' au com bat, guidés par l’a­

m our de la p a trie , et produire des miracles. Les annales polonaises fo u r­

m illent d’exemples sem blables, et sou­

vent les nobles se résignèrent à des sacrifices bien plus sensibles pour eux.

E n 1562, lors de la diète de Piotrkow , Sigism ond-Auguste ayant déclaré à la face de toute la nation qu’il se trouvait hors d’é ta t, par suite des prodigalités de ses p è re s, d’opposer des forces suffisantes aux T atars et aux Mosko- vites, le sénat et les députés s’appro­

chèrent to u r à to u r du trône en dé­

chirant leurs privilèges et en restitu an t au pouvoir royal ses anciens domaines.

A travers là ressemblance qui existe entre les Polonais et les R u sse s, on ne peut toutefois m éconnaître les traces prim itives d ’un élém ent différent, et la force des événements a tellement influé su r la ligne qui les sépare, que l’on p o u rrait to u t au plus retrouver aujourd’hui un souvenir de la com­

m unauté originelle dans le langage.

La religion même du C h ris t, qui jadis unissait les peuples par des liens d’a ­ m our e t de paix , n’exerce su r les deux principales branches de la grande fa­

mille slave qu’une action funeste. Elle développe chez les Polonais , restés fi­

dèles à l’unité de l’Église rom aine, les éléments de la lib erté, et chez les Moskovites, voués au schisme d’O rient, ceux de la servitude publique. Chose étrange ! « il devait arriv er encore que la liberté serait m ortelle aux pre­

m iers , que le pouvoir absolu ferait des seconds un des peuples les plus for­

midables de la te rre (*). »

(■*) M . de Salvandy, Histoire de Jean Sobieski.

(9)

Mais si l'anarchie de la Pologne a entraîné sa ch u te, les puissances étran­

gères, qui garantissaient, par des tra i­

tés im poses, l’absurde liberum veto comm e loi fondamentale du p a y s , n’ont-elles aucun reproche à se taire ? En fom entant sans cesse la discorde en Pologne, en prenant ta n tô t pour prétexte la to léran ce, tan tô t la défense des privilèges de la noblesse contre les prétendues agressions du pouvoir royal, sont-elles bien pures des désastres su r­

v enus?... Lorsque la nation eut re­

cours aux moyens conformes à la na­

ture organique du pays, moyens qui pouvaient seuls la tire r de sa' crise et sauver l’antique république, n’est-ce pas encore Catherine qui employa la double influence de l’or et du fer pour annuler tous les efforts te n té s , et par­

tager le pays avant qu’il eût pu se re­

lever de son m arasm e?.., E t m êm e, toute morcelée qu’el le é ta it, la Pologne, conservant son existence m orale, s’est appliquée à développer l’esprit natio­

nal. L a constitution du 3 mai 1791, oeuvre im m ortelle d ’une nation qui ne jouissait déjà plus de son entière fran­

chise, en est une preuve éclatante.

Dès lors le laboureur et le gentilhom me n’oublièrent jam ais qu’ils ont une com­

mune p a trie , et ils sacrifièrent to u t pour lui rendre sa vieille indépen­

dance.

D E S C R I P T I O N G É O G R A P H IQ U E .

L ’ancien royaume de P ologne, uni jadis au g ran d -d u ch é de L ithuanie, accru par l’incorporation de la P ru sse, de la Russie ro u g e, d.e la.Livonie et de la K o u rla n d e ,a v a it pour limites, au nord la B altique, à l’orient le Dniéper et la D zw ina, au midi le Dniéper en­

core et les monts K arp ath es, et à l’oc­

cident la Silésie.

Depuis la fusion de la Pologne et du grand-duché de Lithuanie en 138G, jusqu’au traité d’Oliwa en 1G60, c’est- a-d ire,. pendant 274 années, le royaume compta tro is provinces principales : la petite P ologne, située à l’est e t au m idi; la grande Pologne, partie occi­

dentale, et le grand-duché de Lithua­

nie. L es pays vassaux o u feudatairca é ta ie n t la P ru s se royale (D a n tz ig , El- bing et C u lm ) , qui fo rm ait u n E ta t rég i p ar des lois p a rtic u liè re s, e t fa i­

s a it p a rtie d e la g ra n d e P o lo g n e ; la P ru s se ducale e t la K o u rla n d e , fiefs de la c o u ro n n e d e P o lo g n e , enclavés d a n s son o rb ite e t g ouvernés p a r des ducs re le v a n t de la rép u b liq u e polo­

n a is e ; la L iv o n ie , qui ne lui a p p a r­

t in t q u e te m p o ra ire m e n t ; e t enfin la Valacnie e t la M o ld av ie, qpi ju r a ie n t fidélité et.obéissance au ro i de P ologne q uand elles a y aien t u n en n em i s u r les b ra s , o u bien lo rsq u e les h o sp o d ars se d isp u taie n t le p o u v o ir, q u ’ils b r i ­ g u aien t to u r

à

to u r

à

C o n stan tin o p le e t

à

K ra k o v ie.

Les tro is provinces principales étaient subdivisées en wojewodies (palatinats) ou départem ents.

La petite Pologne contenait les wo­

jew odies d e : 1° K rakovie, avec les principautés d’O sw iecim , Z a to r, Sié- w ie rz , et la.staro slied e Spiz ( Z ip s ) ; 2° Sandom ir; 3° L u b lin ; 4" Podla- chie; 5° R u ssie, avec la te rre de Chelm ;

6

° B elz; 7° W olhynie;

8

° Po- dolie; 9“K iio w ; 10°Braclaw ;

11

’ Czer- niéchow , avec le district de Siéw ierz- Novogrod.

La grande Pologne se com posait des wojewodies de : 1° P o se n , avec la terredeW schow ;

2

°K alisz ; 3° Gnèzne ; 4» Siéradz, avec la terre de W ie lu n ;' 5° Lenczyça ;

6

° B rzesc-K uiaw ski ; 7° Inow roclaw ;

8

° te rre de Dobrzyn ; 9° Plock ; 10° R a w a ; 11° M azovie;

12° Pom éranie ; 13° Malborg : 14° Culm.

Ces tro is dernières wojewodies for­

m a ie n t, comme nous l’avons d it, la province dite P ru sse royale.

Le grand - duché de Lithuanie se, partageait en onze wojewodies :

1

° de W iln a ;

2

° de T ro k j; 3° duché de Sa-, mogitie ; 4° de, Novogrod ; 5° de B rzesc-Litew ski ;

6

° de Minsk ; 7° de, Polock ;

8

° de W itepsk ; 9° de Mscis- la w ;

10

° de Sm olensk; 11» de Livo­

nie.

Cette vaste étendue de te rrito ire , qui pour un temps com prit jusqu’à près de 30,000 milles carrés, fut en­

core évaluée sousJean K asim ir, quand

(10)

le sol national eut déjà été en tam é, à

21,000

milles carrés.

E n 1772, elle était de 14,505 milles carrés.

Les lim ites si variables de la P o ­ logne ont suivi la fortune de ses a r­

mes. D ans les temps prospères de la république, s’étendant des bords de l’Oder aux sources de la Dzwina , et de la m er Baltique à la mer N oire;

puis, dans les jo u rs moins heureux, resserré entre la W istule etleN iém en , le sol polonais s’est trouvé morcelé pièce à pièce, et réd u it, en 1815, à ce p etit É ta t que le congrès de Vienne reconnut pour royaume de Pologne, et dont la s u p e rn c ie ,d e 2,270 milles ( 15 au degré géographique), fu t eniin, après la révolution de 1830, incorpo­

rée définitivement à la R ussie et s u r­

nommée province russe.

S U B F A C E E T P n O D U C T IO N S N A T U R E L L E S .

Suivant les géographes allem ands, la Pologne appartient au systèm e nord-est de l’Europe, et se lie par ses ramifications avec l’Allemagne sep­

tentrionale (*). L e pays est générale­

ment p la t, et ce n’est qu’au sud qu’on rencontre des m ontagnes d’une hau­

te u r assez rem arquable ; mais, à part la grande chaîne des K arp ath es, il n’y a que des élévations clair-semées.

Le point le plus élevé de la Pologne se trouve entre la Piliça et la W istule, dans les contrées m ontagneuses qui font partie du système karpathique.

Ce m o n t, nom m é L y s a -G o r a , a qua­

tre lieues de longueur, et ses extrém i­

tés form ent deux pointes. La pointe de l’ouest, L ysiça (chauverie), répond à l’élévation de 1813 pieds de P a ris, en la prenant au-dessus du niveau de la m er B altique, près de D antzig;

boisée dans presque toutes ses parties, elle présente la trace d ’éruptions vol­

caniques , des parcelles ferrugineuses et une puissante végétation en pins,

(*) M. Slowaczynski, Slatisliquc de la Po­

logne, ouvrage composé sur les données les plus récentes, et couronne en 1837 par la Société de statistique universelle.

mélèzes, érables, sapins, chênes, pla­

tan es, so rb iers, qui y poussent dans la plus belle proportion. P ar une bril­

lante journée, on découvre de la pointe du no rd , Lysa-Gora (m ont chauve), à l’élévation de 1908 pieds, un horizon de soixante-dix lieues. C’est su r ce m ont que les Slaves primitifs élevèrent leurs autels et rendirent homm age à leurs faux dieux ; ce fut encore là que le prem ier roi chrétien, Mieczyslas

1

er, fit placer dans l’année 965 le signe sa­

cré de la rédem ption.

Les K arpathes, do n t la périphérie form e les frontières de l’ancienne Po­

logne, appartiennent à cette grande famille de montagnes qui traverse l’E u ­ rope depuis Lisbonne jusqu’à A rchan­

ge!, et renferm ent en grande abondance une sorte de grès caractérisé par ses terrain s m arno-quartzeux, ses argiles schisteuses à ficoîdes, et ses lits cal­

caires. Ce grès contient, mais à de rares intervalles, des couches chlori- tées, des amas de rochers porphyriti- ques et am phiboliques, et, en outre, beaucoup de sel, de soufre, de plomb, de zinc, de cuivre et de m ercure. La chaîne entière occupe une étendue de 2,300 milles carrés. Le pic de Lom - niça, la plus haute des K arpathes, a 9,000 pieds d’élévation au-dessus du niveau de la m er Baltique. A u pied de ce m o n t, autrem ent dit K r a p a k , se trouve le Z a b ié -J e zio r o (lac de grenouilles), contrée som bre, a rid e , hérissée de rochers et couverte de neiges étern elles, le soleil n’y péné­

tr a n t presque jam ais ; quelques habi­

tants persévèrent cependant à y de­

m eurer, e t supportent une misère affreuse, dans l’espoir de découvrir un jo u r sous la voûte des rochers des trésors enfouis, e t qui, selon d’anti-

3 ues traditions populaires, y sont gar­

és par des génies malfaisants.

U n savant (*) dénom bre ainsi les K arpathes polonaises : 1° les Biesla- ves, depuis Jablonka en Silésie ju s­

qu’à la rivière de R a b a ; 2U le Tatry,

point le plus élevé et le plus rocail-

(*) M. Puscli, Description géognoslique de la Pologne.

(11)

leux, en tre le confluent de l’A nva et du W ag et la pente de la Bela, dans la staro stie de Z ips; 3“ les Beskides, d’où proviennent les sources de la B aba et du San; 4° les B ietschades, enclavées entre la Pokucie e t le co- m itat de M arm os; 5° lesBukovines et les Liptoxves, avoisinant la Bukowine, la Transylvanie et la Moldavie.

De la B a b ia -G o ra , dans les K ar- patlies occidentales, on aperçoit en tem ps favorable les tours de K rako- vie et de Sandomir. Le to rre n t de Koszaraw a, qui s’échappe de ses flancs, se précipite en cataracte de 40 pieds de hauteur. Sur les T atry, dont les cimes sont couvertes de nei­

ges durcies par les années, on trouve, à la hauteur de 4,200 à 4,500 pieds , cinq lacs, parm i lesquels on cite su r­

to u t ceux de M orskie Olco (l’œil de mer) et C za rn y -S ta w ( l’étang noir).

Les plus grands fleuves de Pologne, tels que la W istule et le D n iester, prennent également leur source dans les K arpathes. Toutes ces montagnes sont parsemées, de riants villages et de bourgades populeuses, aux robustes h a b ita n ts, fiers, joy eu x , e t nommés généralement Gorale (m ontagnards).

L eur physionomie est em preinte d ’un grand fonds d’originalité.

La nature du sol polonais est as­

sez variée. L e fer, la galène, le zinc, le cuivre et l’argent com posent en grande partie la richesse m inérale du royaum e. D u treizièm e audix-septième siècle, c’est dans le d istrict d’Olkusz que la Pologne possédait ses princi­

pales mines de plomb et d ’a rg e n t, et Luc Opalinski dit qu’elles rapportaient annuellement six mille marcs d’argent épuré et cinquante mille quintaux de plomb. L ’invasion des Suédois, en 1055, amena leur ruine com plète; ils rem plirent les excavations ae sab le, coupèrent les digues e t em m enèrent les ouvriers au siege du fo rt de Czens- tochow a, où ils périrent par la fatigue des travaux et le feu de la place. A cette époque, les rois retiraient encore de ces mines un revenu annuel de deux millions de florins de Pologne.

La région entre Opoczno, Opatoxv et

K ielcé, est la plus riehe en minerai»

de fer et de zinc. Les mines de Kielcé connues dès le quatorzièm e siècle, fu ren t abandonnées dans les tem ps de désastres, puis exploitées de nouveau avec succès sous le règne de Stanislas- A uguste. On a extrait jusqu’à quarante mille quintaux de zinc des usines de K onstantynow .

C’est su r le territo ire de K rakovie que l’on trouve les plus abondantes mines de houille, et la meilleure tourbe se rencontre près du lac de Goplo, en K uiavie, et dans l’arrondis­

sem ent de Kalisz.

Les mines de sel gemme à W i ê - liczka et à B ochnia n ’ont pas de r i­

vales en Europe. Situées à deux lieues sud-est dè K ra k o v ie , celles de W ié- liczka fournissent le sel cristallisé, le sel gem m e, le sel spisa e t le sel vert.

La tradition populaire attrib u e leur découverte au roi Boleslas le Chaste e t à sa femme Cunégonde, qui en o r­

ganisèrent com plètem ent l’exploita­

tion dans l’année 1260, et depuis on, en retira jusqu’à un million de quin­

taux par an. Les travaux souterrains com portent une étendue de sept mille deux cents pieds de longueur e t tro is mille six cents de largeur ; la profon­

deur est de neu f cent q u arante cinq pieds. A m esure que l’on descend, le m inerai devient m eilleur. On y voit une chapelle taillée to u t en se l, e t ornée d’une colossale statue d’A u­

guste I I de la même matière. L ’autel et les figures de saint P ierre et de saint Paul sont vraim ent dignes de re­

m arque. E n 1510, l’incendie éclata

dans ces souterrains, mais on put s’en

rendre m aître prom ptem ent. Celui

qui s’y m anifesta en 1644 dura une

année e n tière e t exerça des ravages

terribles. Les Suédois s’efforcèrent

a u ss i, comme nous l’apprend Cella-

riu s , de détruire par le feu les tr a ­

vaux (1655). M aître en 1772 de W ié-

lic z k a , le gouvernem ent autrichien

accorda des primes aux ouvriers, et

obtint, à l’aide de cet encouragem ent,

un million sept cent mille quintaux de

sel par an. La mine de B ochnia, à

neuf lieues est de W ieliczka, se co.inr

(12)

pose d ’un long boyau de dix mille pieds de long su r sept cent cinquante de largeur ; sa profondeur va jusqu’à douze cents pieds. Elle donne un pro­

d u it annnel de deux cent cinquante mille quintaux (*).

On cite . spécialem ent, en fait de sources m inérales, les eaux sulfureu­

ses de K rzeszow icé, de Busk et de Sw oszowicé, ainsi que les eaux fer­

rugineuses de Gozdzikow e t de Na- lenczow.

U ne immense portion de la Polo­

gne est boisée. Le pin sauvage ou pin d’Écosse domine partout ; on rencon­

tre également dans les forêts et en abondance le sapin n o ir, le bouleau, l’aune, le mélèze, le. trem ble, le chêne, le hêtre, le frêne, l’érable, le tilleul, l’orm e, le peuplier blanc et noir, le so rb ier, le saule, le noisetier, le ge­

névrier, le corm ier, l’aubépine, etc. etc.

Les bois de la Pologne, célébrés jadis, brillent encore au premier rang parmi les forêts d’Europe. Le chêne de P o ­ logne est préféré à celui d’Amérique pour la construction navale. A u tre­

fois les rois aim aient beaucoup la chasse, les Jagellons en tre a u tre s , et l'histoire rapporte que K asim ir IV passa sept années de sa vie dans les bois de la Podlachie, de 1485 à 1492, entièrem ent livré à ce p laisir; les in ­ térêts de l’É tat, les matières les plus im p o rtan tes, to u t se débattait e t se tra ita it dans l’humble maison du garde forestier.

E n traversant les hauteurs qui en­

to u ren t la modeste ville d’O rla, dans Jes environs de G ranne sur leB oug, du fond de l’horizon se détache, aux re­

gards étonnés du voyageur, une ligne immense et noire. C’est la forêt de Bialowiez, un des plus beaux, des plus pittoresques endroits de Pologne : son admirable végétation rivalise avec celle des forêts vierges du continent am éricain, et l’on y rencontre à cha­

que p a s, en quantité prodigieuse, des animaux dont on chercherait vai­

nem ent p arto u t ailleurs en Europe les

(*) Swiencki, Descriplion de l’ancienne Pologne.

espèces variées. C’est là que bondis­

sent par troupeaux l’élan (los) et le bison (zu b r) ; les longues racines des arbres abattus y servent de refuge aux ours, aux lynx, et, su r le bord des ri­

vières voisines, le castor co n stru it son ingénieuse habitation. Des insectes aux mille nuances y couvrent la te rre , et au-dessus d’eux plane le vol majes­

tueux de l’aigle, qui se plaît beaucoup en ce lieu. La forêt de Bialowiez, qui embrasse une étendue de trente milles carrés de Pologne (cinquante-deux lieues e t demie de F rance), fut, après l’anéantissem entdu royaum e, en 1795, distribuée en partie par Catherine I I à ses favoris; mais le pays conserva encore les trois quarts de cet immense domaine, une des gloires du sol.

L a méchanceté et l’insouciance cou­

pable des paysans causent de grands d ésastres, et il n ’est pas rare de voir, su rto u t en Lithuanie, l’incendie de fo­

rêts entières.

Dans plusieurs parties de la Russie rouge les abeilles fourm illent telle­

ment, que non-seulemçpt le tronc des vieux arbres en est rem p li, mais le sol même est couvert de leurs ruches.

Elles se rassemblent ordinairem ent su r le pin (pinus silvestris). Les en­

virons de K ow no, entouré de bois de tilleuls, produisent un excellent miel connu dans le pays sous le nom de lipiec. Ce miel, dont on fait l’hydro­

m el, est conservé dans des cuves im ­ menses et laissé en héritage. L ors­

qu’il est vieux, on le nomme m iod tr o y n ia k (*).

La Pologne, dans ses grandes ram i­

fications fluviales, communiqué-v^vec trois mers d’E urope : 1° avec la Bal­

tique, par D antzig, sans aucun secours de l’a r t , puis par le canal de Brom - b erg , la N o tetz, la W a rta e t l’O der, enfin par la route du N iém en, c’est-à- à-dire par la N arew , la Biébrza , la N e tta , le canal d’A u g u sto w , le Nié­

m en, la Dubissa, le canal de W indawa e t la W indaw a elle-m êm e, qui débou­

che dans la m er près de la ville de ce

(*) S w iencki, Descriplion de l’ancienne Pologne.

(13)

nom ; 2* avec la m er du N o rd , par la route de la W a rta , de la N otetz et de l’Oder, la S pree, le canal de Havel, le H avel, et enfin l’E lbe, qui verse ses eaux à Ham bourg; 3» avec la m er N oire, par la W istule, en rem ontant le B oug, qui lui apporte ses eaux par la N arew , près ae la forteresse de Modlin , le Muchawiec , débouchant dans le Boug à B rzese-L itew sk i, par le canal de M uchaw iec, la Jasiolda, le Prypètz et le D niéper.

Les principaux fleuves de l’ancienne Pologne sont :

La W istule, navigable dès so u en­

trée dans la petite Pologne, et qui re ­ çoit plus de cent vingt rivières dans son cours. Sa source est en haute Si- lésie, dans le duché de Cieszytt ( Tes- chen ). A K rakovie elle s’élève à six cent onze pieds de P aris ; à W arso v ie, à trois cent cinquante-deux, et à D ant- z ig , près de son em bouchure, à qua­

rante-trois pieds au-dessus de la mer Baltique. Superbes et im p o san ts, les flots de la W istule traversent cinq de­

grés géographiques, et arrosent dans leurs courbes et déviations cent cin­

quante milles (trois cents lieues). L eu r bassin s’étend , d ’après Hoffmann (*), sur trois mille six cent soixante-quatre pieds carrés, et leur largeur moyen­

ne, à com pter de l’espace compris en­

tre Sandomir et T h o rn , est de mille cinq cents pieds. A W arsovie, et selon la saison, la W istule a de neuf à vingt pieds de profondeur. S ur ses b o rd s , riches en sites p itto resq u es, se tro u ­ vent W arsovie, Sandomir, K azim ierz, Piilavvy, P lo c k , et autres villes re ­ marquables.

Le .Dniéper ( Borysthène ) , le plus grand fleuve de l’ancienne Pologne, et qui comporte dans sa lim ite orientale du nord au sud une étendue de trois cent soixante-dix-huit m ille s, dont deux cent cinquante sont navigables.

Des cataractes, appelées dans le lan- gage vulgaire/m ro/ti ou p o ro g i (seuils), au nombre de treize, rendent par m o­

ment sa navigation impraticable, prin­

cipalement dans- la saison des basses

(*) Hartmann , la T erre el ses habitants.

eaux. Vers l’embouchure, au-dessous A e s p o ro h i, on rencontre soixante-dix îles habitées autrefois par les Kosaks Zaporogues. C’est de là que ces aven­

turiers audacieux , se confiant à leurs frêles barques , ts c h a lk a , entrepre­

naient des excursions jusqu’à Constan- tinople par la m er Noire ; plus d ’une fois ils ravagèrent les villes de l’Asie M ineure, pillèrent les faubourgs de Stam boul, et firent trem bler le sultan dans son sérail. E ntre le confluent du D niéper et du Boh ( Hypanis ) floris- sait, dans l’antiquité, la ville d’O lbia, colonie grecque et entrepôt du com­

merce de l’O rient : elle fu t ruinée par les Gètes. Le D niéper débouche dans la m er Noire par le Lim an de son nom ; ce Lim an est long de quinze lieues et large de deux et dem ie; ses eaux n’ont que huit pieds de profondeur.

Le Niémen (Chronus-Memel), fleuve national de la L ithuanie, e t chanté par les weïdalotes ( * ) , les P russiens et les Lithuaniens (**). Il prend nais-

(*) Les weïdalotes étaient des espèces de lévites à l’époque prospère de la mythologie du N ord dans les terres prussiennes, en Lithuanie et en Sam ogitie, où celte religion avait été introduite p a r les Danois et les Scandinaves.

(**) Plusieurs poètes polonais ont aussi composé des poèmes sur les deuves, et nous citerons l’extrait suivant des œuvres de notre plus célèbre poète contem porain, Adain M ickiew icz, trad u it par M. Burgaud des Marcls.

« La W ilia, m ère de nos to rre n ts , a un

» lit d’or el une surface d ’azur. Une belle

« Lithuanienne y puise de l’eau ; elle a un

« cœ ur plus pur, une figure plus ravissante.

« La W ilia coule dans les vallées riantes

« de K ow no, en tre les tulipes et les narcis-

>< scs; aux pieds de la Lithuanienne est la

« (leur de nos jeunes gens, plus ravissante

« que les roses et les tulipes.

« La W ilia dédaigne les fleurs de la vallée,

« car elle cherche le N iém en, son fiancé;

« la Lithuanienne est triste au milieu des

« L ith u an ien s, car elle adore un jeune

« étranger.

« Le Niém en saisit im pétueusement son .. am ante dans ses bras, l'entraîne à travers

■ les écucils el les sauvages déserts, la presse

(14)

sauce dans le gouvernem ent de Minsk, et se trouve flottable presqu’à sa source; depuis G rodno, il est naviga­

ble pour les gros bateaux. D ’une lon­

gueur de plus de cent vingt-deux lieues, le Niémen se jette dans la m er Balti­

que par le K urisch -H aff, à dix lieues au sud de l’ancienne ville lithuanienne K lavpeda, que les Prussiens nom m ent Memel.

Le D niester (T y r a s ) , dont le bassin touche de sa tête P rzém ysl, de son flanc droit les K arpathes e t les bas­

sins du P ru th et du Sereth, tributaires tous deux du D anube, et de son flanc gauche les monticules du Miodobor en Podolie et le bassin du Boh. L e centre du bassin du D niester est la ville de Mohylew, la plus com m erçante sur ce fleuve, auquel nom bre de petites r i­

vières apportent le trib u t de leurs eaux ; elles accourent des K arpathes et des m onticules dont Léopol est le principal. Le D niester débouche dans la m er N o ire , près d’A kerm an.

Ou doit encore m entionner le P ry- pètz ( T ry p ia t, en idiome ru s sie n ), qui arrose quatre-vingt sept milles de pays.

Cette rivière, jointe au Niémen par le canal d’O ginski, et au Boug par celui de M uchawieç, sert de point central à la navigation en tre la Baltique et la m er Noire.

Parm i les lacs, ceux de D usw iaty, au nord de la L ith u an ie, d e H ry c z y n , au midi de la même province, de Su- k u m , près de D antzig, et de Smolno , dans la région de P o sen , sont d’une profondeur que l’on n ’a jamais pu me­

surer. Mais le plus grand lac de la Pologne ancienne et m o d ern e, nommé

■■ sur son sein glacé, et ils se perdent ensem-

■■ ble dans les abîmes des mers.

« El toi aussi, un étranger t ’aura ravie

•' aux vallées de la pairie, ô infortunée

« Lithuanienne ! et loi aussi, tu te seras

« plongée dans les flots de l’oubli, mais plus

« attristée, mais seule !

« En vain on avertirait le cœur et le lor-

« rcn t : la jeune fille aime, la W ilia coule...

« La W ilia a disparu dans les bras du

« Niém en qu’elle adore... La jeune fille

« verse des larmes dans une tour soli-

». taire !...

Goplo, se trouve sur la limite occi­

dentale du royaum e, dans la K uiavie;

il a hu it lieues de longueur et une de largeur. Le terrain fo rt marécageux et fo rt boisé du palatinat d ’Augustow renferm e la plupart des lacs ; plus de cent v servent de réservoirs à d'innom ­ brables ramifications de ruisseaux, et tous payent une dette au Niémen, qui se confond lui-même avec la Baltique.

Les marais de la B iebrza, dans la Podlachie, offrent une étendue de dix- huit lieues. On découvre au delà de la rive gauche du Boug les immenses marécages de P in s k , espèces de ma­

rais Pontins.

C’est au gouvernem ent de l’ancienne Pologne que sont dues toutes les voies de canalisation. La plus p e tite , mais la plus im portante, est celle de Mu­

chawieç, nommée autrefois canal de la République. Etablissant une comm u­

nication en tre D antzig et Odessa , la ligne de navigation obtenue grâce à son aide s’élevait à deux cent quatre- vingt-dix milles ; mais le partage du pays en paralysa l’usage.

Le canal d’O ginski, fait aux frais de ce généreux cito y en , joint le Dnié­

per au Niémen, e t ouvre à la naviga­

tion une comm unication de deux cent soixante-dix milles.

Les canaux d’A ugustow , de W in - dawa et de Bromberg s o n t , sous le rapport de l’im portance, au second rang.

Tous ces fleuves , riv iè re s, lacs, étangs, approvisionnent le pays de poisson de bonne qualité. Beaucoup même vient de la m e r, en rem ontant le cours des fleuves. L ’h u ître, due à l’im portation, est considérée comme m ets de luxe et se vend au poids de l’a rg e n t, quelquefois un florin la pièce.

Le sol polonais conserve encore nombre de traces de l’action violente causée par le re tra it des eaux mari­

tim es. D’après une croyance populaire

généralement ré p a n d u e , il y aurait eu

autrefois une petite M éditerranée dans

les contrées marécageuses, entre No-

vogrodek, Minsk et Polock. Les savants

Skrzetuski e t Staszic sont aussi d’avis

qu’il existait jadis une m er en Polésié.

(15)

On rencontre, fréquemm ent des débris de fossiles et de plantes appartenant à d’autres clim ats, et dont même les es-

f ièces sont inconnues aujourd’hui ; et orsqu’on creusa le canal qui jo in t le lac de Hryczyn au P ry p è tz , on découvrit une ancre de vaisseau. Suspendus aux tours et aux portes des vieux m anoirs, des restes énorm es de baleine, tirés du sol dans la grande Pologne et en L ith u an ie, alim entent ces traditions parmi le peuple. P rès de Nieswiz on a trouvé des mâchoires de bison d’une grandeur effrayante et des dents d ’élé­

p h a n t; aux environs de W arsovie et dans les salines de W iéliczka, des dé­

bris de rhinocéros ; enfin, sur les bords de la W istu le , près de la capitale, à Gora , à C zersk , à Siéwierz et à Os- w iecim , des os et d’immenses fossiles de mam m outh (animal de l’Ohio, Cu-

v i f.b ).

Ou a constaté également au fond de la terre l’existence d’anciennes forêts de p in s, et l’action des eaux a dû s’o­

pérer :dans la direction du sud-est, tous les troncs étant inclinés vers le nord-ouest. — « Ce qui prouve enlin un grand déplacement des eaux, c’est que l’on voit en Pologne les m adrepora a rca n a ria

,

verrucosa, la b yrin th ifo r- m iS jfu n g ite s, a n a n a s, astroites, m il- lepora, cellulosa, lichenoides,

L i n . ;

3 u’on ne rencontre dans aucune m er u N o rd , mais qui fourm illent près d’Alger et dans les plaines du Mexi­

que (* ). >>

C I.IM A T .

Le clim at de la Pologne est plus rude que celui d’autres pays européens si­

tués sous le même degré de fatitu d e, car, du côté du sud, elle est fermée par les K arpathps, et, du côté sud-est, par les montagnes de laSilésie e t de la Bo­

hême. La contrée se trouve donc ou­

verte aux vents septentrionaux, et les plus fortes gelées y proviennent du vent d ’est, qui souffle des plateaux de la Moskovie et des monts Ourals. En prenant pour base l’expérience de toute

(*).Malte-lirun el Cliodzko, Tableau de la Pologne.

une an n ée, la tem pérature présente une moyenne à W arsovie, +

6

° R éaum ur, à K rakovie, 7 4/ 5 , et à W iln a ,-

4

- 4 4/ j ; ces chiffres subissent néanmoins des modifications sen sib les, e t , selon S n iad eck i, le therm om ètre parcourt 53° de R éaum ur, depuis 24° de froid jusqu’à 29° de chaleur. L a tem pérature m oyenne de la saison d’éte est de

11

° ’/ , au-dessus de zéro ; dans la sai­

son d’hiver, elle est de 3° au-dessous.

Les froids les plus rigoureux que l’on cite sont ceux de 1799, dans les mois de février et de décembre, 26° ■ /,, et de 1820, 25°. L a plus grande'chaleur est, à l’ombre, de 28°, au soleil, 40», et dans la te rre échauffée par lui, 48°.

P endant une bonne moitié de l’année on jo u it com m uném ent d ’un tem ps favorable, les jo u rs de ciel couvert n’étant que de quatre dixièmes et les jo u rs pluvieux d’un dixième. Les neiges d urent du 5 novembre au 5 a v ril, et la fonte de celles des Itarp ath es pro­

d u it au printem ps un accroissem ent notable dans les eaux de la W istu le , qui se renouvellent égalem ent par de fortes pluies lors des moissons. Les contrées situées au pied des K arpa- thes sont très-souvent ravagées par la g rê le , e t su r ces m ontagnes l’hiver est, pour ainsi d ir e , p erp étu el, ou du moins excessivement lo n g , par suite de l’élévation du sol.

Les globes de feu, les parélies, les étoiles tom bantes, l’aurore boréale et d’autres phénomènes phosphoriques ou électriques, sont assez fréquents en

Pologne.

Comme preuve des variations de son clim at, nous citerons les exemples suivants. L ’historien Dlugosz rapporte que dans l’année 974 toutes les rivières furent couvertes de glaces, depuis la fin d’octobre jusqu’à l’équinoxe du printem ps. Selon R zonczynski, la Bal­

tique gela une fois de telle sorte, que

l’on put aller de D antzig à Lubeck

sur la glace. K oialow iez, dans les

détails curieux donnés sur les hivers

de 1414 et de 1492, d it qu’au mois de

janvier, sous le 55° de latitude, on vit

les cham ps se couvrir de fleurs, les

choux pousser en tête, les blés lever

(16)

e t form er les é p is, et des oiseaux reconstruire leurs nids; mais le mois de février ayant amené des froids inten­

ses , an éan tit, dans une seule nuit, to u ­ tes les richesses de cet été précoce. A D antzig, vers la fin d’octobre 1568, les rosiers donnèrent une seconde floraison; ce phénomène s’y reproduisit en décembre 1588. L ’hiver de 1659 fut également si doux que les abeilles so r­

tire n t par essaims nombreux.

V IL L E S .

L es villes de la Pologne sont, plus que p arto u t ailleurs, l’expression vivante d ’un principe, d’une destinée spéciale ou d'îm e époque historique; et les trois capitales qu’elle a possédées successi­

vement sont, pour ainsi dire, chacune l’image des tro is grandes phases de ce pays. L a Pologne naissante eut son siege à Gnèzne, d ’où l’aigle blanc p rit son vol audacieux et superbe ; l’a n ti­

que métropole, K rakovie, la ville sainte, représente la plus belle époque du tays : les jo u rs heureux de K asim ir e G rand, les tem ps chevaleresques des Jagellons, e t le point véritablem ent culm inant, sous les deux Sigismond , de l’astre de la Pologne florissante ; enfin, W arsovie, dont les Polonais mo­

dernes, surnom m és Français du Nord, o nt cherché à faire un p etit P a ris, o ffre , dans son h is to ire , un tableau fidèle, ta n tô t brillant e t grandiose, ta n tô t som bre et mélancolique, des ten­

tatives de renaissance de la Pologne m alheureuse.

C’est ainsi que Malborg ( M arien- b o u rg ), situé dans l’ancien palatinat de M alborg, est le souvenir encore animé de l’antique chevalerie; que le catholicism e a fixé son séjour de prédilection àCzenstochowa, résidence de miracles de la sainte V ierg e, à la­

quelle s’adressent tous les vœux des fidèles dans leurs nombreux pèlerinages a cette ville; que W ilna et Léopol sont devenus des succursales du foyer de la civilisation moderne établi à W arsovie ; c’estainsi enfinque, dans les derniers temps (1815-1830), la ville de Kalisz représentait l’opposition la

plus forte qui ait pu se manifester aux diètes sous le gouvernem ent ru sse, et que le château de P u law y d u tà la puis­

sante maison des C zartoryski le titre de nouveau Panthéon historique polo­

nais.

Le berceau de la Pologne, G nèzne, situé à sept milles de Posen , e t célè­

bre par le couronnem ent du prem ier ro i,B o le sla s le G rand, a , à m esure ue les conquêtes des Polonais s’éten- aient, disparu de la scène politique.

De nos jo u rs, c’est une petite ville in­

signifiante, contenant à peine quatre nulle habitants.

K rakovie, ja d isc e n tré d u royaum e, située aux bords de la W istu le, dans une riante vallée, fut longtemps le siège des rois et l’endroit de leur cou­

ronnem ent, ainsi gue de leurs funé­

railles. Les chroniqueurs rapportent qu’elle fu t fondée sur les ruines de C arrodunum (dont fait mention Claude P tolém ée), vers l’an 700, par le duc de Chrobatie-Blanche, K rakus. En 1320 W ladislas Lokiétek y fu t, par l’archevêque de G nèzne, le prem ier m onarque couronné, et depuis on transporta dans cette ville tous les joyaux de la royauté (*).

Le vieux château royal qui brava ta n t de siècles a été converti en ca­

serne par les A utrichiens, et une main ennemie a fait disparaître toute trace historique dans cette vaste salle où brillaient les colonnes du trô n e des Jagellons, devant lequel prêtaient foi et hom m age, à genoux, les ducs de P ru sse, de Pom éranie, de Kourlande, et les palatins de-Valachie; là , les plus grands É tats de l’Europe venaientener- cher des alliances et im plorer des se­

cours ; là, siégait le sénat des patriciens ; là , retentissait la voix sage d'É tienne B atory. Devant la porte de cette an­

tiq u e demeure royale avilie, dévas­

tée (**), on voit encore les ruines du

O Sw iencki, D escription de l'ancienne Pologne.

(**) I.e L a b o u re u r, qui visita K rakovie en i G46, a laissé, dans son Traité sur la Pologne, ce témoignage de la splendeur du château royal : « Le chasleau est une pièce

(17)

palais qu’occupaient jadis les puissants starostes de Krakovie.

A peu de distance du château s’élève la cathédrale, dont les chapelles ren ­ ferm ent presque toute une histoire de l’ancienne république polonaise. En 966, époque de l’introduction du ca­

tholicisme en Pologne, il existait déjà un modeste tem ple à cette place ; il fu t agrandi sous le règne de W ladis- lasH erm an, et parB oleslasIH en 1307;

mais c’est su rto u t en 1359 que K asi- m ir le G rand l’embellit et l’enrichit avec une munificence to u te royale.

Cette cathédrale est le Panthéon polo­

nais, et compte dix-huit chapelles et vingt-six autels. L a plus ancienne des tom bes royales qu’on y voit encore est celle de W ladislas L okiétek, m ort en 1333. On rem arque avec un vif inté­

rêt le m onument funèbre élevé à la mémoire de K asim ir le G rand par la reconnaissance nationale, et celui de W ladislas Jagellon , qui atteste le pro­

grès des arts en Pologne ; ces deux der-

« d’architecture aussi accomplie que l’on

" puisse voir, e t très-digne de la majesté

• d’un m onarque puissant. Il a beaucoup

« de rapport au dessin du chasteau Saint-

■I Ange de Rome; et me semble plus esgayé,

« mais il a moins d’eslendue. C’est un grand

•< corps de logis, de pierre de taille, avec

•' deuxaisles, autour d’une cour quarrée, dc-

• corcc de trois galeries où se desgagent

« tous les appartem ents. Ces galeries sont,

« comme les chambres, parquetées de ear-

« reaux de marbre blanc e t noir en rapport ;

• elles sont décorées de peintures et de bus-

« tes de Césars, et rien ne se peut esgaler à la

*■ beauté'des lambris des chambres du second

" étage, qui est le logement des roys et des

« reyncs. C’est véritablement la plus belle

« chose que j ’ai veuè po u r la .délicatesse de

» la sculpture et po u r les ornem ents d’or

•• moulu et de couleurs trés-ûnes. Dans la

■< chambre principale sont les tro p h é e f du

•• roy Sigismond avec mille patergnes et

« mille enjolivements au ciseau qui sont ad-

•* m irables, d’où pendent en l’air plusieurs

» aigles d ’argent, qui sont les armes de la

" Pologne, que la moindre haleine de vent fait

• voltiger doucem ent, leur donnant une cs-

• pècc de vie et de mouvement si naturel,

<• q u c l’im aginationen estaussitost persuadée - que les yeux. »

niers tom beaux sont en m arbre rouge.

La chapelle dite des Sigismond est la plus belle e t la plus riche de toutes.

Au milieu du chœ ur de l’église un m a­

gnifique mausolée , recèle les restes m ortels de l’évêqueStanislas, assassiné par Boleslas le H ardi. Depuis W ladis­

las L okiétek jusqu’à A uguste I I , presque tous les rois polonais o n t été couronnés et ensevelis dans cette vieille basilique.

L e nom bre des églises de K rakovie s'élevait jadis à cinquante. Parm i celles qui ont résisté aux âges et aux événe­

m en ts, on distingue l’église de N otre- D am e, bâtie en 1222, dans le genre gothique : elle contient tre n te autels de m arbre e t de nom breuses tom bes ; l’église des D ominicains, où se trouve le superbe tom beau de Leszek le N oir ; l’église de Saint-Pierre et S a in t-P au l, construite sur le modèlede Saint-Pierre de K om e, pour les jésuites, par Sigis­

mond I I I , et qui conserve encore la tribune d’où retentissait la voix élo­

quente du célèbre Skarga ; l’église de Sainte-Anne, rem arquable par sa coupe et ses ornem ents.

D ans le nom bre des autres édifices nous citerons : l’antique hôtel de ville ; l’enceinte gothique Sukiennicé, longue de plus de cent to ise s, qui fu t élevée par K asim ir le G ra n d , et qui reste comme un m onum ent du commerce de cette époque; l’u n iv ersité, fondée en 1347; la bibliothèque, qui renferm e tren te mille livres, quatre mille m a­

nuscrits, et des cabinets d’histoire na­

turelle , de physique, de mécanique et d ’anatom ie.

L ’école du tir se tenait autrefois à la porte Saint-Nicolas et y possédait un vaste em placem ent. Chaque année cette école élisait un roi que l’on pro­

m enait en procession par toute la ville, un coq coulé en argent sur les b ra s, et q u i, outre une prim e de trois mille florins, avait le privilège d’introduire dans K rakovie, libres de to u t im pôt, quatre-vingt-dix-neuf tonneaux de vin.

Le pont qui jo in t le faubourg de Stradom à celui de K azim ierz est aussi u n e des curiosités locales.

K rakovie, qui secom pose de la vieille

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cité, des tro is petites villes adjacentes, P o d g o rze, K azim ierz ,.habitée presque entièrem ent par des ju ifs, e tK le p a rz , et de plusieurs faubourgs, était jadis entourée de re m p a rts, de fossés et de quarante bastions, dont plusieurs se r­

vaient de portes d’entrée. U ne seule, la porte de S aint-F lorian, a survécu aux dégâts commis par les A utrichiens.

La population de cette ancienne m é­

tropole polonaise a suivi les phases de sa fortune politique. Vers l’année 1500, elle se m ontait à quatre-vingt mille âm es; en 1787, elle n ’en comp­

ta it plus que dix m ille; de nos jours le chiffre s’est amélioré : il est de trente-sept m ille, dont un tiers de juifs.

Les environs de K rakovie offrent les plus beaux sites de la Pologne , parm i lesquels on rem arque sürtout la contrée si pittoresque de la char­

treuse Bielany, assise s u r un m ont escarpé, au centre d’une antique forêt.

D e l’au tre côté de la W istu le, on aper­

çoit le respectable m onastère de Ty- n ie c ( * ),d o n t la fondation parB oles- las le G rand rem onte à l’an 1009 ; suivant S tarow olski, ses abbés por­

taien t le titre de m aîtres de cent vil­

lages et de cinq villes : quinque civita- tu m et c en tu m villa ru m dom inus. Plus loin, sur des m ontagnes quiavoisinent les K arpathes , apparaît le château de L a n d sk ro n a , aux souvenirs h isto ri­

ques, puis le miraculeux m ont Calvai­

re ; puis, su r la montagne B ronislaw a, s’élevant à cinquante-neuf toises au- dessus du niveau de la W istu le , le te rtre m onum ental érigé à la mémoire de K osciuszko, dans le voisinage de ceux de W anda et de K rak u s; il a

(*) D urant la guerre de l ’indépendance n a tio n a le , soutenue pendant cinq ans p ar la confédération de l t a r , cinq cents confé­

dérés, sous le commandement du chef de brigade de Choisy et d ’autres officiers fran­

çais, s’y défendirent avec courage. C’est de ce poste qu’ils exécutèrent, en février 1772, à la suite des ordres du général de Viomé- nil, la difficile et hardie attaque du châ- leau de K rakovie, qui était alors au pou­

voir des Moskovites. ( Pologne pittoresque, M. Chodzko.),

dix-huit toises de hauteur. De cet im- tosant belvédère le regard plonge dans a ville sainte, qui porte su r son front calme et superbe l’em preinte des siè­

cles écoulés, e t indique, par son atti­

tude m uette et mélancolique, la gran­

deur qui anim ait jadis une population douée d’une vie puissante. De là l’œil du spectateur découvre des paysages ravissants : les montagnes de la Silésie s’unissent à la grande chaîne des K a r­

pathes; les eaux de la W istule fendent m ajestueusem ent un sol fertile, cul­

tiv é; de vieux a r b r e s , derniers gar­

diens de nombreuses ruines de bourgs e t de m anoirs, lèvent avec orgueil leurs verts panaches, e t, par un jo u r p ur, ce tableau im posant a pour limites les pics des glaciers que l’on aperçoit à tren te lieues alentour. « Ce inonu-

« m ent est un ouvrage de géants ; c’est

« l’élan patriotique d’une nation n u i,

« effacée dans le p résent, se cherchait

« dans l’avenir !.... E t voici une élo-

<■ quence to u te nouvelle : un peuple qui

« ne peut s’exprimer par la parole ou

« par les livres, et qui parle par des

<* montagnes (*). »

A un mille de K rakovie on rencontre encore les restes du château de Lob- z o w , qui fu t bâti par K asim ir le G rand. Théâtre d ’événements mémo­

rables et d ’aventures romanesques , le bon K asim ir en faisait son séjour fa­

vori, et s’y délassait, comme H enri IV auprès de la belle Gabrielle, des ennuis du trône ; il cessait quelques instants d ’être roi pour devenir l’am ant de la séduisante E sth er. La tradition assure que les cendres de cette juive-célèbre reposent dans le jardin. Sigismond I I I a u s s i, suivant les chroniqueurs , se plaisait beaucoup à ce même château, et y savourait les délices de C apoue, au ^ ein des bals e t des m ascarades qu'il donnait aux femmes galantes.

Il ne reste plus égalem ent que quel­

ques débris et une to u r octogone du château d’O ycow , qui se trouvait à quatre lieues de la ville. D’épaisses fo­

rê ts l’e n to u ra ie n t, e t , quand on par-

( * ) M . Villenave père, Discours pro­

noncé à l’hôtel de ville de P aris, en 1828

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