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Des méthodes externes et internes à la communication littéraire

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Academic year: 2021

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Michał Głowiński

Des méthodes externes et internes à

la communication littéraire

Literary Studies in Poland 17, 27-46

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M ichał G łow iński

D es m éthod es externes

et internes à la com m u n ication littéraire

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Il n ’est pas rare que des conceptions auxquelles nous nous som m es habitués, conceptions p rofond ém ent ancrées dan s n o tre pensée, se m o n tren t soudain désactualisées, douteuses, sans fondem ent. Soum ises à la réflexion, elles m o n tren t leur ap p arten an ce à l’arch aïqu e m é­ thodologiqu e et th éo riq u e, du fait q u ’elles ne so nt pas en état d ’intégrer de nouvelles expériences, de devenir un p oin t d ’appui p o u r leur description et leur analyse et alors, la seule place et le seul contexte qui leur conv ien nen t n ’est plus que l’histoire. Parfois, elles peuvent encore fonctionner, de m êm e que fon ction nen t de n o m ­ breux élém ents form és dans le passé, m ais ils fo nctionnent com m e si ils avaient p erdu leur puissance et leur énergie. N éanm oins, il vaut la peine de réfléchir à ces conceptions, m êm e lorsque le b u t n ’est pas d ’exposer l’histoire de la discipline. Le fait q u ’elles se soient désactualisées — bien que, ju s q u ’à un passé relativem ent proche, elles aient a p p a rte n u à la sphère des croyances en co u rs — tém oigne de l’év olution ou — si l’on préfère — du développem ent de cette discipline. P arfois cela p e rm e t de m ieux ré p o n d re à la question «où som m es-nous?» que ne le ferait la caractéristique directe des tendances reconnues au m om ent do n n é com m e actuelles, vivantes ou m ême — novatrices. Infailliblem ent la question se pose: p o u rq u o i u ne conception, encore récem m ent recon nu e com m e actuelle, rationnelle, créatrice, est-elle, à un certain m om ent, passée à l ’histoire? N o u s pouvons étab lir d ’avance que ce qui en décide ce n ’est pas

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(dans tous les cas, pas seulem ent) que cette co n ception ait été com plètem ent exploitée et mise à profit. Ce so n t les tran sfo rm atio n s de la théorie de la littératu re et de la m éthod olog ie des recherches littéraires qui ont là l’influence fondam entale. Et si elles s ’o ccupent d ’une conception qui, p e n d a n t dizaines d ’années, était considérée com m e étan t un axiom e, ce n ’est pas d an s le b u t de présenter son histoire.

C ette conception est la co nv iction que, d ans la science de la littérature, il existe deux form es essentielles de m éth o d es: des m éth o ­ des externes et des m éthodes internes. Ce p artag e d ich o to m iq u e a pris form e au d éb u t de n o tre siècle, au tem ps de la réaction a n ti­ positiviste, lo rsq u ’on se rendit co m p te que la science d e la litté ra tu re ne pou vait pas se lim iter à l’ensem ble des problèm es et des procédés qui, dans le second m oitié du siècle dernier, avaient été considérés com m e les plus im p o rtan ts et, parfois, com m e les seuls dignes d ’a tte n ­ t i o n 1. Sa tâche était évidente: élargir le ch a m p des problèm es et des m éthodes d o n t p eu t disposer la science de la littératu re, sortir du cercle que, p o u r elle de m êm e que p o u r les au tres sciences hum aines, avait fixé le positivism e. A u déb u t, ce p arta g e avait, sans nul d oute, un caractère polém ique, n éanm oins, ses p artisan s ne se lim itaient pas à discuter avec le positivism e de ses engagem ents obligatoires. Le fait q u ’il eut lieu fut le résu ltat des changem ents qui se faisaient dans la science de la littératu re, il devait donc m otiver le fonctionnem ent des con cep tio ns théoriques et des procédés analytiques et interprétatifs qui ne tro u v aie n t pas place d ans le m odèle positiviste. Inutile d ’ajouter q ue les m étho des externes étaient traitées com m e un élém ent désuet, tan dis que les m éthodes internes l’étaien t com m e un élém ent nouveau.

1 L 'h isto ire d e cette c o n c e p tio n est p résen tée par M . J a n i o n «Tradycje

i p ersp ek ty w y m e to d o lo g ic z n e b ad ań g en ety czn y ch w historii literatu ry» (T rad ition s et p ersp e ctiv es m é th o d o lo g iq u e s d es rech erch es g é n é tiq u e s d a n s l'h isto ire de la littéra­ ture), [dans:] Z ja z d N a u k o w y P o lo n istó w , 1 0 — 13 gru dn ia ¡9 5 8 . W ro cła w I960. L ’au teur a rééd ité d es fra g m en ts de ce tte étu d e d an s son livre H u m a n isty k a :

p o zn a n ie i tera p ia (H u m a n istiq u e : con n aissan ce e t th éra p ie), W arszaw a 1974, leur

d o n n a n t p ou r titre «S p ó r o gen ezç» (C o n tro v er se sur la g en èse). Je d o is b ea u co u p à c ette d isc u ssio n , la traitant n éa n m o in s en m êm e tem p s c o m m e le tém o ig n a g e d ’u n e certain e a ttitu d e m é th o d o lo g iq u e , té m o ig n a g e d ’u n e c o n tro v erse q u i, au m o m en t d e la p u b lic a tio n de cette étu d e, était e n co re v iv a n te .

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D e s m éth o d es e x te rn e s e t in tern es à la co m m u n ica tio n litté ra ire 29

Ce p arta g e d ’alors reflétait parfaitem ent la situ atio n m éthodologi­ que et, aussi, favorisait le développem ent des nouvelles tendances. Ce qui prouve bien le rôle im p o rtan t q u ’il a jo u é est le fait q u ’il s ’est tro uv é à l’origine des écoles de la théorie de la litté­ ratu re qui jo u ère n t un rôle particulièrem ent im p o rtan t dans le dé­ veloppem ent de n o tre discipline et co n tin u en t d ’influencer son histoire. 11 re m p o rta aussi un succès inouï, s’inséra p o u r des dizaines d ’années dans le cercle des convictions cou ran tes acceptées de b onne foi et, en général, no n soum ises à une réflexion critique, devenant franche­ m ent un élém ent de la pensée cou ran te. Ce rôle initial et aussi la p ro p a g atio n qui s ’en suivit ne dispensent p o u rta n t pas de ré­ fléchir sur les bases et le bien-fondé de ce partag e. D ans la perspec­ tive actuelle, il est n ettem ent visible q u ’il n ’est pas aussi évident q u ’il sem blait l’être autrefois.

Son p o in t de d é p a rt est la conviction que l’oeuvre littéraire — p o u r p arler brièvem ent — peut être conçue de deux façons différentes. Ainsi d on c — dans le cas des m éthodes externes — l ’expliquer avant to u t p ar le ra p p o rt avec ce qui se trouve hors d ’elle, avec la vie sociale, les processus historiques, la bio graph ie de l ’au teu r et de sa psychique etc. (dans les cas extrêm es, l’oeuvre littéraire était traitée com m e un tém oignage tran sm ettan t telles ou telles in form ations sur le m onde et était d o nc une sorte de docum ent). M ais il est aussi possible, d ans le cas des m éthodes internes, de l’expliquer autrem ent et de se co ncentrer sur l’oeuvre mêm e. U ne telle explication, déjà d ans le cas des form ules hâtives du p artag e sur lequel nous discutons ici, ne se ré d u it pas à sim plem ent m ettre hors de cause les ra p p o rts externes, elle prévoit n o n seulem ent un changem ent dans la hiérarchie des buts cognitifs et des valeurs, elle présuppose aussi la diversité des m éthodes analy tiques et, en conséquence, un changem ent radical de la langue dans laquelle on parle de l ’oeuvre. A u déterm inism e et à la causalité p ro p res aux conceptions externes a été opposée l’au to n o m ie du discours littéraire, à l’«historicism e» et au «sociolo­ gisme» — une sorte d ’«esthétism e». A utrefois ces rép artitio n s p o u ­ vaient p a ra ître non seulem ent justifiées m ais aussi précises et séparables. Il en fut ainsi parce que se dissim ulaient derrière elles des différences réelles et de h au te portée, parce q u ’elles étaient liéées à des discussions m étho do logiques générales ne se lim itan t à la science de la littératu re et aussi — à un degré plus au m oins grand —

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elles se su rajo u taien t aux tendances qui se cristallisaient d a n s la littératu re elle-même et d an s la vie littéraire.

Et là encore, un regard en perspective nous fait reviser les opinions qui accom pagnaient le p a rta g e en m éthodes externes et internes à l’époque à laquelle il se fo rm a et fut le tra n sm e tte u r de deux attitu d es m éthodologiques différentes. O n ne p eu t p as, en effet, ne p as rem arq u er que ses critères so n t hau tem en t im précis et m an q u en t de clarté. Si on lui d o n n ait u n e form e co nséqu ente et radicale, il ne ré p o n d rait pas à la p ra tiq u e des recherches littéraires. Il est difficile, en effet, de s ’im aginer aussi bien une analyse de l’oeuvre littéraire qui, en général, ne p re n d ra it pas en con sid ération ses pro priétés im m anentes, que de s’im aginer une analyse qui la sép arerait de tou tes connexions hors-texte. N o u s reno nço ns néanm oins à cette attitud e, en d éclaran t loyalem ent q ue le b u t de ce p artag e était, non pas d ’indiquer l’exclusivité de l ’une ou de l’au tre m éth od e de procédé, m ais de m ettre à jo u r les tendances d o m in an tes — le p artag e lui-m êm e était, au co n tra ire, une ind ub itable idéalisation. Il est cepen dan t im possible de ne p a s co n state r que, aussi bien les «m éthodes externes» que les « m éthodes internes», étaient des concepts collectifs, engloban t des phéno m èn es et des tendances de diverses sortes, n ’ayant souvent en tre elles que peu de choses co m m u ­ nes et — d ans certains cas — ab solu m ent rien. P o ur s’en convaincre, il suffit de rappeler que les m éthodes externes co m p ren aien t aussi bien les procédés qui se referaient aux processus sociaux d ans leur sens le plus large, que ceux qui rco nn aissaien t la psychologie individuelle com m e p o in t d ’appui (M aria Ja n io n insiste sur ce fait dans l ’étude citée). Il en est de m êm e d ans la sphère des m éthodes internes, du fait q ue s ’y sont trouvées des descriptions linguisti­ ques form alisées et des in terp rétatio n s subjectives p a r la n atu re des choses (de m ême l ’école nom m ée «allem ande-suisse» co m p renait l’art de l’in terp ré tatio n ); en conséquence, d an s un co m p artim en t se trou vaient ensem ble, p a r exemple, les analyses linguistiques de R om an Jakob son, concentrées au to u r de ce q u ’il app elait la gram m aire de la poésie — et les interp rétatio n s h erm éneutiques de G eorges Poulet, basées sur l’idée de l’identification d u lecteur avec le texte littéraire étant l ’objet des considérations.

Le caractère peu cohérent des phénom ènes q ue l ’on a fait entrer dan s le cadre de chacune de ces m éthodes est révélé avec

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D es m é th o d e s e x te rn e s e t internes à la com m u n ication litté ra ir e 31 une grande expressivité, lo rsq u ’on regarde la chose dans une perspecti­ ve déjà lointaine, m ais il n ’avait p as été perçu au m om ent où ce p artage avait été fait. Il en fut ainsi parce que il ré p o n d ait no n seulem ent à la situation m éthodologique d ’alors, m ais aussi parce q u ’il exerçait sur celle-ci une réaction directe. A lors, à ce q u ’il paraît, le m om ent le plus im p o rtan t fut ju stem en t que ce partag e, se faisant sous une form e aussi clairem ent d ichotom ique, indiquait les différenciations les plus générales et les plus fondam entales. La portée de ré p artitio n s aussi générales est peut-être caractéristique de ces m om ents de l ’histoire de la science dans lesquels se cristallisent de nouvelles tendances, m om ents que — si l ’on veut les appeler ainsi — so n t des m om ents charnières. D an s l’histoire de la science de la littératu re, un tel m om ent critique fut, sans nul d oute, l’époque dans laquelle, après le long règne du positivism e, co m m en ­ cèrent à se form er deux m éthodologies et deux théories de l’oeuvre littéraire, clairem ent opposées à ses p ra tiq u e s: l’analyse form elle d ’u ne p a rt, l’in terp ré tatio n herm éneutique d ’au tre p art. En relation avec l’histoire littéraire positiviste, toutes deux étaient m arquées p a r une caractéristiq u e com m une très nette: to utes deux étaient «internes». E t c ’était là le plus im p o rtan t. Les différences se sont révélées plus tard , n o n seulem ent du fait que les m éthodes se précisaient et se différenciaient, m ais aussi, parce que le fait d ’être en o p p o sitio n face à l ’histoire positiviste de la littératu re, devenait, à m esure q ue le tem ps s’écoulait, m oins im p o rtan t. A u jo u rd ’hui, il n ’a plus d ’im portance du tout.

N éanm oins, q u a n d je p arle de la désactualisation du p artag e en m éthodes externes et en m éthodes internes, p artag e qui jo u a un rôle indub itab lem ent im p o rtan t dans l’histoire de n o tre discipline, ce n ’est pas parce q u ’il est tro p général et tro p peu subtil, q u ’il ne fait p as ressortir les différences qui app araissen t dan s le cadre de chacune d ’elles. Si ses faiblesses se lim itaient seulem ent à ces faits, on au rait pu facilem ent les su rm o n ter et garder ce p artag e sous une form e ou sous une autre. Il ne s ’agit là, néanm oins, ni d ’ind iquer les m anq u em en ts ni, non plus, de chercher les m oyens d ’y rem édier. R épétons-le, c ’est le p artage lui-m êm e qui s ’est désac- tualisé, p arce q u ’il était le p ro d u it d ’une situ atio n spécifique dan s l ’histoire de la science de la littératu re et se basait sur des principes q u ’a u jo u rd ’hui, d ’aucune façon, on ne peu t ap p ro u v er (il représentait,

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sans aucun doute, la résonance des théories esthétiques qui sép araien t «le fond» de la «form e»). En bref, il était l’élém ent d ’un certain paradigm e scientifique n ettem ent cristallisé. C o m m e on le sait, la notion de p aradigm e fut in tro d u ite dans la théo rie et l ’h isto ire de la science p ar T hom as S. K u h n dans son célèbre livre The Structure o f Scientific Révolutions (1962)2. K u h n applique cette catégo rie à l’his­ toire des sciences naturelles, il n ’y a pas cep end ant, à ce q u ’il semble, de contre-indications p o u r la rep o rter à l ’objet de nos intérêts. O n peut d onc affirm er que l’idée du p artag e en m éthodes externes et en m éthodes internes est a p p a ru e d an s le cad re du paradigm e positiviste de la science de la littératu re, sous son influence directe, et q u ’elle eut p o u r bu t principal de le soum ettre à telles ou telles transfo rm atio ns. C ette idée entraîna, sans nul doute, son élargissem ent et, dans une perspective plus lointaine, le dépassa sans p o u rta n t le m ettre en doute, et se tro u v a sur le terrain indiqué p ar lui. De plus, m êm e la conception de réu n ir les deux m éthodes tém oigne de la dépendance avec ce vieux paradigm e. Sur la liq uid ation de ce p artag e trad itionn el p a r la réun ion des deux m éthodes, M aria Janio n s ’est prono ncée dans la dernière p artie de son étude. La réunion des élém ents qui, dans la pensée de cet auteur, devait servir à l’élargissem ent des possibilités de l’histoire m arxiste de la littératu re et lui perm ettre de profiter des résultats obtenus p ar les autres écoles, ne m ettait pas en question le principe m êm e sur lequel était basé ce partage. Ce qui peut tém oigner du changem ent réel du paradigm e est la rejet du p artag e parce q u ’il ne rép ond plus à la situ ation m éthodologi­ que actuelle, q u ’il ne peut pas servir à l ’intégration de la p roblém ati­ que, q u ’il ne favorise pas l ’élab o ratio n de nouvelles techniques analytiques. D ans le dernier q u art de siècle, nous avons affaire à un p aradigm e brisé d o n t l’élém ent principal est devenu, à un certain m om ent, p artage en m éthodes externes et internes. Afin de m on trer le bien-fondé de cette thèse, un exemple seulem ent. Au m om en t où ce p artag e prit form e et e n tra dans le cercle des opinions généralem ent adm ises, on ju g ea que to u t intérêt p orté à la stru ctu re linguistique de l’oeuvre littéraire était pro pre aux

2 Je p rofite d e la trad u ction p o lo n a ise : S tru k tu ra re w o lu cji n aukow ych, trad. par H . O stro m ęck a , W arszaw a 1968.

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D e s m é th o d e s e x te r n e s e t in tern es à la com m u n ication litté ra ir e 33 m éthodes internes, com m e si le seul choix de l ’objet d ’analyse préjugea d ’avance du m oyen de la faire. Il est vrai que cette convictio n était, d an s une certain e m esure, justifiée d u fait que l’accent m is sur ladite stru ctu re était o rienté po lém iquem ent envers l’histoire de la littératu re ju s q u ’alors en cours (ne serait-ce que rap p eler, av an t to u t, le form alism e russe — ne fùt-ce que la théorie de la littérarité form ulée p a r Jak o b so n ). N éanm oins, cette o rien ta tio n ne p erm e tta it pas une généralisation poussée si loin. En ceci q u ’elle était p rém aturée, la réflexion théorique actuelle le prouve. Ce n ’est p as p a r hasard que P aul de M an, d ans l’étude prélim inaire de son livre Allégories o f Reading, parle des com plications externes de l’analyse de la stru ctu re linguistique de l’oeuvre littéraire, rem ar­ q u a n t « l’antiform alism e» dans ce qui, ju s q u ’à récem m ent encore, p araissait être le d o m ain e inco ntredit du «form alism e»3. Des idées analogues peuvent être trouvées dan s le livre d ’un au tre théoricien am éricain de la littératu re, Jeffrey Sam m ons, qui traite sans aucune cérém onie le p artag e en m éthodes externes et m éthodes internes, l’a p p e la n t laconiquem ent — un p ré ju g é4.

N éan m o in s, le problèm e ne se lim ite p as à telle ou telle réflexion particu lière d an s les discussions théorico-littéraires, il est l’objet d ’un ch an g em en t général d ’op tique, dans laquelle on p erçoit et saisit ces questio ns. A utrefois, p en d a n t des dizaines d ’années, les chercheurs p artisan s de telles ou telles m éthodes s ’efforçaient avant to u t de leur rester fidèles et de ne pas les tro u b ler p ar les ap p o rts de la m éth o d e opposée («externe» ou «interne», d ’après les circonstances), et, s ’ils réunissaient leurs élém ents, c 'é ta it de m anière à ne pas élab orer un ensem ble intellectuel cohérent. Les p artisan s des m éthodes externes, d ans la m ajorité des cas, ne disposaient pas d ’une langue qui leur a u ra it perm is de p arle r de la stru ctu re de l’oeuvre littéraire, tandis q ue les p artisan s des m éthodes dites internes, renonçaient d ’avance aux consid ératio n s sur les diverses sortes de connexité de l’oeuvre littéraire; ils y renonçaient so it q u ’ils aient jug é que

P. d e M a n , A lle g o rie s o f R eadin g, N e w H a v e n — L o n d o n 1979, p. 3. 4 J. L. S a m m o n s , L ite r a r y S o c io lo g y a n d P ra c tic a l C ritic ism . An Inquiry, B lo o m in g to n — L o n d o n 1977, p. 135. P o u r la p ro b lém a tiq u e en q u e stio n , to u t le c h a p . V II « E x trin sica lity is im p ortan t».

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cela m enait à un réductionnism e spécifique (sociologique, histo riq u e ou psychologique), soit q u ’ils aient considéré ce genre de p ro b lé m a ti­ que to u t sim plem ent com m e peu im p o rtan t. D an s le d ern ier q u a rt de siècle, l’opposition des m éthodes, de m êm e que la tend ance à réunir leur com posants, ré su ltan t du soin ap p o rté à la descrip tio n com plète et sous tous ses aspects de l’oeuvre littéraire, ap p a rtie n t déjà à l’archaïque m éthodologique. E t ce n ’est nullem ent p arce que ces deux m éthodes avaient p erd u l ’acuité q u ’elles avaient eue ju s q u ’alors et s ’étaien t rapprochées l ’une de l ’autre. Il en fut ainsi parce que, soulignons-le, s ’était form é un p aradigm e entièrem en t nouveau p ar ra p p o rt à celui qui était de rigueur au p a ra v a n t et qui su pp rim ait to u t partage. Il s’est d onc form é un parad ig m e p erm ettan t une analyse de l ’oeuvre littéraire, et aussi de diverses sortes de processus littéraires, qui les con çoit de façon co héren te et hom ogène et évite donc les o pposition s en tre la stru ctu re interne de l’évolution littéraire et leurs connexions sociales et historiq ues (et, dans certains cas aussi — psychologiques).

L ’élém ent de base de ce nouveau parad ig m e est la théorie de la com m unication littéraire. C ette théorie, en quelque sorte p a r sa n ature, ne p eut pas tolérer le partage en m éthodes externes et internes et, en conséquence, crée des conceptions de l’oeuvre littéraire et des instrum ents p o u r son analyse qui perm etten t d ’en parler aussi bien com m e d ’une oeuvre d ’a rt sui generis que com m e d ’un p ro d u it social et historique. D e plus, le fait de m ettre en relief sa p artic u ­ larité, en tem ps q u ’une certaine form e spéciale de l’em ploi de la langue, est la condition nécessaire p o u r m o n trer sa n atu re historique et son fon tionnem ent social; m ais, vu d ’un au tre côté, l’accent mis sur les déterm inations historiques et les enracinem ents sociaux de l ’oeuvre est la condition essentielle p erm e tta n t de présen ter ses caractéristiques particulières, celles qui décident de la spécificité de la littératu re et perm ettent de la distinguer parm i d ’autres m edia linguistiques. D ans cette conception, le p roblèm e fon dam en tal ne consiste pas uniquem ent à indiquer les traits im m anents du discours littéraire, m ais aussi — vu d ’un au tre côté — il ne s’agit pas seulem ent de m on trer sa genèse sociale et ses con ditio n n em en ts historiques. C ette conception supprim e en effet la sép aratio n en «form alism e» d ’une p a rt et «sociologisme» ou «historism e» d ’au tre p a rt — sépara­ tion si im p o rtan te p o u r la science de la littératu re d ans le prem ière m oitié de n o tre siècle.

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D e s m é th o d e s e x te rn e s e t internes à la com m u n ication litté ra ir e 35 La com m u n icatio n littéraire soum et le texte à l’analyse, m ais ne le traite pas com m e une réalité en elle-même, ne le traite pas com m e u n p ro d u it d ans la description duquel il suffit de révéler ses droits et p ro priétés im m anentes en ta n t q u ’élém ents indépendants et définis p ar rien. Au con traire, ces traits im m anents du texte ne peuvent être saisis et présentés que lorsque l’on adm et que le texte est l’élém ent d ’une certaine com m unication , d onc d ’u ne situation sociale; de plus, lo rsq u ’on adm et q u ’il p articipe à cette situation et fonctionne d an s sa sphère, m ais q u ’il est aussi, en quelque sorte, son enregistrem ent, il s ’ensuit q u ’il devient lui-m êm e, en son genre, u ne situation com m unicative. M ais la situ atio n com m unicative représente un to u t d an s lequel n ’existe pas d ’élém ents «externes» et «internes», en effet, entre le texte et ce qui n ’est p as le texte au sens exact du m ot, surviennent des relations qui, en aucune m a­ nière, ne peuvent être com prise d ans ce schém a trad itio nn el. Le discours, en effet, le discours littéraire de m êm e que n ’im porte quel autre, n ’est pas pensable sans certains arrang em ents com m unica­ tifs; de cette m anière, il devient quelque chose d ’au tre que seulem ent un ensem ble de m ots, réunis d ’après certains principes et com m e figés dans l’attitu d e que l’au teu r leur a définitivem ent fixée. Il devient un élém ent d ’un certain genre d ’activité, il ne p eu t donc être com pris com m e un ob jet existant p a r lui-m êm e, d o n t on parle com m e s ’il existait indép endam m ent de la situatio n à laquelle il participe, com m e si ses traits réels s’étaient épuisés sur les propriétés qui, justem ent, ne peuvent pas être prises «objectivem ent». U ne telle com préhen sion de l’oeuvre littéraire adm et une conception «en processus», ad m et l’intervention d ’élém ents historiques et so­ ciaux — et le fait aussi lo rsq u ’ils ne so nt pas directem ent analysés. La co m m unication littéraire est l ’une des form es de la com m unication sociale, donc — bien q u ’elle soit m arquée p ar plusieurs propriétés spécifiques ne p erm e tta n t pas de la réduire au nom bre des autres phénom ènes com m unicatifs — les élém ents sociaux et historiques rep résentent son élém ent im m anent. Us ne so nt pas seulem ent affaire de genèse et d e fonctionnem ent de l ’oeuvre, ils sont la form e et le co m p o san t de son existence. En dernière instance, on ne peut p as les exclure de l’analyse, de m êm e q u ’on ne p eut p a s exclure de l ’analyse les règles, dan s le sens étro it, littéraire (et aussi linguis­ tique) q u ’elle réalise. Q u and on accepte ces principes, le rejet du p artag e en m éthodes externes et internes devient une réalité.

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L a conception de l ’oeuvre dans la perspective de la co m m u n icatio n a été exprim ée p ar la mise au prem ier plan de trois cercles de p ro blém atiq ue, ou bien — car ces choses son t n ettem en t im briquées l'u ne sur l’au tre — de trois m éthodes d 'an aly se de l’oeuvre. D éfinis­ sons-les com m e 1) la théorie de la réception de l’oeuvre littéraire, 2) la théorie de sa stru ctu re rhéto riq u e, 3) la théo rie ré su ltan t des tendances qui, dans le dom ain e de la théorie et de la p hiloso ph ie de la langue se sont cristallisées dans les quelques dernières dizaines d ’années (surtout la sociolinguistique et la théorie des actes de la parole). Ces trois dom aines o n t de nom breux élém ents com m un s, néanm oins, chacun d ’eux dispose de ta n t de traits individuels q u ’on p eu t sans difficulté les séparer.

La théorie de la réception de l’oeuvre littéraire est ap p aru e, co m m e on le sait, dans les années soixante, bien q u ’elle eût de b rillants antécédents (les con sidération s de J. P. S artre d an s Q u ’est-ce que la littérature. la théorie de la co n crétisation fo rm ulée p ar R o m an Ingarden). Inutile de p résen ter ici son histoire, elle est bien con nu e, d ’a u ta n t plus q u ’elle re m p o rta très vite le succès et, q u ’en peu de tem ps, elle influença la tran sfo rm atio n de la langue th éorique de la science de la littératu re (pour ne citer q ue les trav au x de H. R. Jauss). A ctuellem ent, 20 ans après les prem iers essais systém a­ tiques dans ce dom ain e, elle ap p a raît com m e presqu e évidente et elle est largem ent a p p ro u v é e 5. Son po in t de d ép a rt, q u an d on regarde d ’un certain p o int de vue, est p o u rta n t singulier. Elle a fait un élém ent de théorie de la conviction dictée p a r l’o bser­ v atio n élém entaire et le bon sens: l’oeuvre littéraire existe p ou r être lue, elle est destinée au lecteur. C h acu n le savait, néanm oins, cela n ’avait q u ’une influence m inim e (ou bien, n ’en avait p as du to u t) sur la façon de réfléchir à l’oeuvre littéraire, cela n ’influançait pas son analyse — indépendam m ent de ses buts et de ses points de dép art. Le fait de tenir co m p te de la réception est su rto u t une chance p o u r la sociologie de la littératu re, et p o u rta n t, pen d an t des dizaines d ’années, les p artisan s de l’in terp ré tatio n sociologique de l’oeuvre littéraire ne s ’en re n d aien t pas com p te, entièrem ent absorbés q u ’ils étaient p ar la recherche des facteurs socio-historiques

5 Je d o n n e d a v a n ta g e d e p la ce à c e tte p ro b lém a tiq u e d a n s S ty le odbioru

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D e s m é th o d e s e x te rn e s e t in tern es à la com m u n ication litté ra ire 37

qui les d éterm inaient, ils restaient insensibles à la question de son fonctionnem en t. C ette u nilatéralité caractérisait non seulem ent Lukâcs m ais aussi Lucien G o ld m an n qui développait ses conceptions. A u jo u r­ d ’hui, elle peut p a ra ître surp ren an t, elle est p o u rta n t significative q u an d on la regarde d an s la perspective du développem ent de la science. A p p a rte n a n t à la conscience cou ran te, la science du rôle du lecteur était un facteur hors de la pensée scientifique, elle ne so rtait d onc pas du cercle des assertions m otivées p ar le bon sens. C ette science changea com plètem ent de carctère et de fonctions lo rsq u ’elle devint élém ent de théorie. Ce qui est la preuve q u ’il ne suffit pas d ’avoir connaissance de quelque chose. La science c o u ran te agit sur les conceptions scientifiques au m om ent où elle cesse d ’être co uran te.

Le rôle de la théorie de réception ne consiste pas en ceci q u ’elle com plète les recherches littéraires d ’un élém ent ju s q u ’alors négligé. Si les choses s’y étaient limitées, son im po rtance n ’aurait pas été grande. Elle fut néanm oins quelque chose de plus. D ans une grande m esure, elle révolu tio n n a la façon d ’analyser l’oeuvre litté­ raire et aussi — de concevoir la littératu re en général, donc changea la perspective. C ela ne consiste pas seulem ent à ce que le sujet litté­ raire, récem m ent encore, considéré sans conteste com m e le m aître de l’oeuvre, tro u v ait un p arte n aire à tous les échelons de la stru ctu re de l ’oeu vre6 ; si les choses n ’en étaient pas arrivées là, ce fait avait été d ’une h au te portée. C epend an t, elles n ’y arrivent pas, du fait que la catégorie du récepteur n ’est pas un élém ent ajouté ou com plém entaire, c ’est un facteur qui perm et l’o rientation fondam entale de l’analyse et, en m êm e tem ps, crée des conditions p o u r concevoir le discours littéraire d an s des catégories entièrem ent nouvelles. Il convient en effet de souligner que la prise en consi­ d ératio n de la catégorie du récepteur influe sur l’analyse de tous les élém ents de l’oeuvre littéraire, puisque chacun d ’eux suppose une certaine m anière de réception et, d ’u n e façon ou d ’une autre, co n co u rt à son processus. En d ’autres term es, la théorie de la réception perm et de concevoir l ’oeuvre littéraire dans les catégories de

6 V oir sur c e sujet A . O k o p i e ń - S ł a w i ń s k a , « R ela cje o s o b o w e w literackiej k o m u n ik a cji» (R ela tio n s p e r so n n e lle s d a n s la c o m m u n ic a tio n littéraire), [dansrl

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la com m unication. Il en est ainsi, en principe, indep end am m et de la façon d o n t sont com pris et la réception et les récepteurs — et ils le sont différem m ent. Il vaut la peine de rem arq u er q u e — d ’une p a rt — les théories qui se co n cen tren t sur le récepteur com m e l’élém ent de la stru ctu re de l’oeuvre littéraire non seulem ent ne m ettent pas en questio n le bien-fondé des recherches sur la réception réelle, m ais créent p o u r elles des prém isses; tan d is que, d ’a u tre p art, les chercheurs, qui s’intéressent ju stem en t à la réception réelle, do iv ent tenir com pte du fait que l’oeuvre littéraire suppose une certaine m anière de réception; ils doivent aussi en tenir com pte lo rs q u ’ils m o n tren t que cette m anière présum ée p a r l’oeuvre n ’influence pas les lectures réelles d an s une situ atio n h istorico-littéraire donnée. P o u r les chercheurs sur la stru ctu re de l’oeuvre, la réception réelle peut être une certaine p o ten tialité u n iq u em en t7, de m êm e p o u r les chercheurs sur la réception réelle une telle po ten tialité (bien que p o u r d ’autres causes et d ’une au tre m anière) peu t être la stru ctu re de l’oeuvre littéraire qui suppose un tel ou un au tre style de lectu re8. M êm e lorsque les analyses orientées vers le prem ier ne sont pas to u jo u rs liées aux analyses du deuxièm e type, il n ’y a pas entre elles de co n tradictions essentielles. E t elles ne peuvent pas ap p a raître lorsque l’oeuvre littéraire est com prise dans les catégories de la com m unication. L à ju stem en t, il n ’y a pas de place p o u r le partage entre m éthodes externes et internes, il a déjà perdu to u te m otivation.

La théorie rh éto riq u e de l’oeuvre littéraire a beaucoup de points com m uns avec la théorie de la réception. Il existe p o u rta n t une argu m en tatio n suffisante p erm e tta n t de l’en distinguer. La renaissance de la rh éto riq u e classique est devenue un fait — avant to u t en France (entre autres, grâce aux travaux de B arthes, G enette, T odorov). Ici, néanm oins, cette rh éto riq u e régénérée ne nous intéresse que sous un ra p p o rt — en ta n t que théorie spécifique de la langue persuasive (sa seconde o rientation — d ’ailleurs égalem ent im p o rtan te et intéressante — est la théorie des tro p es; c ’est à elle justem en t

7 V oir rem arq u es sur ce sujet d e O k o p i e ń - S ł a w i ń s k a . op. cit.

8 S. L e m , F ilozofia p rz y p a d k u (P h ilosoph ie du h a sa rd ), K ra k ó w 1968, tend à faire d ép en d re la structure sé m a n tiq u e de l ’oeu v re littéraire du c ô té d e son récepteur. En fait, c ’est se u le m en t au co u rs de la récep tio n q u e — d ’a p rès L em — elle d oit se co n stitu er. V oir aussi m es rem arques sur c e sujet d a n s S ty le odbioru.

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D e s m é th o d e s e x te rn e s e t internes à la com m u n ication litté ra ire 39 q u e s’intéresse, entre autres, un groupe de chercheurs en rh é to riq u e de Liège). D a n s ces rem arques, nous ne réservons pas une grande place à cette rhéto riq u e, nous co n stato n s seulem ent que ses tendances, d a n s u ne certain e m esure, sont convergentes avec celles qui o n t été entreprises p a r les chercheurs ay an t form ulé la théorie de la réception. C onvergentes, pu isque l’oeuvre littéraire com prise dans les catégories rh éto riq u es est to u jo u rs to u rn ée vers un certain public. D ans le cas de la rh é to riq u e classique qui était l ’art de p arle r en public, une telle com préhension de l ’énoncé était chose évidente et n ’exigeait pas de justifications supplém entaires. La rhéto riq u e régénérée néanm oins, ne s ’intéresse pas seulem ent aux genres du discours qui l’on définit d ’o rd in aire com m e rhétoriques. Son im portan ce et sa p ortée consistent ju stem en t en ceci, que les catégories p ropres à l ’analyse rh é to riq u e o n t été appliquées au type d ’énoncés littéraires qui, dans la trad itio n n ’étaient p as liés à la rh éto rique. D ans les analyses de ce genre ap p araissen t les propriétés rhétoriqu es des différents élém ents stru c tu ­ raux de l’oeuvre littéraire. En dernière instance, la rhétoricité co n ­ siste ici en une fo rm u latio n de l’énoncé telle que tous ses co m po sants stru ctu rau x soient com p ris com m e élém ent de co n tact avec le récepteur. U n bon exem ple d ’un tel em loi de la rhéto riq u e est le livre de M ichel C harles, livre auquel il convient de se ra p p o rte r9. E t même, lorsque la rh éto riq u e renouvelée soum et les subtilités stru cturales de l ’oeuvre littéraire à la description, elle n ’autorise pas le p artag e en m éthodes externes et internes; en effet, ce qui est «interne» de l ’oeuvre littéraire, elle le conço it com m e un élém ent du processus com m unicatif.

La théorie com m unicative de l ’oeuvre littéraire se cristallise dans le contexte direct, ou bien — d an s certains cas — sous l’influence directe de ce qui se passe d ans le d o m ain e de la science de la langue. C ’est une vérité q u e le parallélism e entre le développem ent de la linguistique et la théorie de la littératu re est. d an s n otre siècle, un fait ne soulevant aucun d o u te; les connexions qui se form ent actuellem ent n ’on t d o n c rien de su rpren ant. N éanm oins, lorsque autrefois on faisait allusion aux théories et aux m éthodes analytiques de la linguistique, on ad m ettait d ’avance l’em ploi des «m éthodes internes» le co nsidéran t m êm e com m e l’un de leurs principaux

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discrim inants — a u jo u rd 'h u i cet em ploi ne présum e ab so lu m en t rien. Il en est ainsi parce que, actuellem ent, la th éorie de la litté ra tu re est liée non seulem ent au structu ralism e qui l'av ait p atro n n é e p e n d a n t ta n t d ’années, p erm e tta n t d ’élaborer une th éo rie de systèm es littéraires spécifiques, une théorie de form es littéraires etc., elle se lie aux conceptions qui dépassent le structuralism e, ne s ’occupent pas seule­ m ent de la langue com m e systèm e, m ais so u m etten t à l ’analyse les p ratiques de la parole, dirigent leur atten tio n sur le disco urs (renonçant à l’op position rigoureuse en tre langue et parole) e t aussi — sur ses connexions pragm atiques, enfin soulignent le caractère p e r­ sonnel de la parole (pour ne rap p eler que les travaux de B enveniste). Le fait de se baser ju stem en t sur de telles théories linguistiques agit sur le chagem ent essentiel de la co n cep tion de la langue p o éti­ que; dans son analyse, il n ’est plus seulem ent question de d istin ­ guer les propriétés qui la différenciaient des au tres em plois d e la parole, m ais de dévoiler en elle — sans m ettre en question d ’ailleurs ses propres caractéristiques — certains m écanism es généraux. A ussi, la plus haute portée y o n t: la sociolinguistique et la théo rie des actes de la p arole, o u bien — plus largem en t — les théories de la langue orientées p ragm atiquem ent. C o n fo rm ém e n t à ce que, déjà d an s les années trente, signalaient les savants de C ercle L inguistique de Prague, o rienter les recherches sur la langue n ’en traîn e pas la séparation de la littératu re des p ratiq ues et contextes sociaux, m ais — au co n traire — sert à m ettre en relief son ca ractère social d on c com m unicatif.

La sociolinguistique perm et non seulem ent de situer l’oeuvre littéraire face aux styles sociaux (dans ce do m ain e la p o étiqu e a d ’ailleurs de plus anciennes trad itio n s, p o u r ne citer q ue les travaux de V ictor V inogradov); elle rend possible aussi la mise à jo u r des propriétés sociales de la fo rm atio n et du fo nctionnem ent des conventions littéraires conçues d a n s le sens le plus la rg e 10. En conséquence, l’oeuvre littéraire est traitée d ’une p a rt en relation avec les p ratiques générales de la parole, p ro p res à une cu lture donnée, et, d ’au tre p a rt — com m e un m icrocosm os social spécifique.

Le rapp ro chem ent avec la théorie des actes de la parole form ulée

10 J’écris p lu s a m p le m en t sur ce sujet d a n s « L a P o é tiq u e et la so c io lin g u isti­ q u e » , R evue de L itté r a tu re C o m p a rée, 1982, n o . 1 (221).

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D e s m éth o d es e x te rn e s e t in tern es à la com m u n ication litté ra ire 41 p a r A ustin perm et alors d ’ab o rd er p o u r le m oins deux problèm es d ’im portance. D ’ab o rd de m o n trer la disparité des situations de la p aro le constitutives p o u r l’oeuvre littéraire sur le fond des situ atio ns de la p a ro le qui sont p ropres aux contacts linguistiques co u ran ts. E nsuite, il perm et de révéler la stru ctu re prag m atiq u e spécifique de l’oeuvre litté ra ire 11.

La théorie de la réception, la rh é to riq u e et les conceptions résu ltan t directem ent de la théorie co n tem p o rain e et de la philosophie de la langue ne se font pas concurrence mais, de façon diverse, se co m p lèten t m utuellem ent. T raitées com m e un to u t, elles sont l’expres­ sion des tendances m éthodologiques qui s’o pp osen t à celles dans le cad re desquelles fon ctio n n ait le p artag e en m éthodes externes et internes. L o rsq u ’on accepte ces tendances, il perd sim plem ent tou t fond em en t; en réalité, il serait dès lors difficile d ’indiquer ce qui, dan s l’oeuvre littéraire, devait être «externe» et ce qui devait être «interne». Ainsi donc, s ’est form é un nouveau paradigm e, d an s le ca d re duquel on peut dire de la littératu re q u ’on ne lui enlève rien de sa spécificité et, en m êm e tem ps, q u ’on ne l’isole pas artificiellem ent de ce avec quoi elle est liée de m ultiples façons. O n p o u rra it dire, en acceptant le term e forgé, il y a un demi-siècle p ar M anfred K r id l12, que se form ent les prém isses qui p erm e ttro n t d ’élab o rer une nouvelle m éthode intégrale.

C ette intégralité se révèle, com m e il semble, avec une égale n etteté aussi bien d an s les in terp ré tatio n s d ’oeuvres particulières que d an s les con sid érations générales qui on t p o u r objet de plus grands to u ts — bien que, dans ch aque cas, d ’une au tre m anière. L ’in terp ré tatio n dégage de sa n a tu re les particularités individuelles de l ’œ u v re — et, q u a n d il s ’agit d ’oeuvres rem arquables et originales — les particularités u n iques; la théorie de la littératu re (ou, si l ’on préfère, la poétique) se concen tre sur les m écanism es généraux de

11 B e a u c o u p de travaux o n t déjà paru su r ce sujet, p o u r ne citer que c e que R . O h m a n n écrivit sur c e tte p ro b lém a tiq u e. En voir un c h o ix « T e o ria a k tó w m o w y a b a d a n ia literack ie» (La T h éo r ie d es a ctes d e la p a r o le et les rech erch es litté­ raires), P a m ię tn ik L ite r a c k i, 1980, fasc. 2. P our c e tte p ro b lém a tiq u e, les travaux d e B. H errstein -S m ith o n t u n e grande im p o r ta n ce, b ien q u ’ils ne se réfèrent pas d irectem en t à la th é o rie d ’A u stin .

12 M . K r i d l , W stęp do b adań n a d d zie łe m lite ra c k im (In trodu ction a u x re ch er­

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l ’oeuvre litté ra ire 13. Je rappelle cette affirm ation bien co n n u e p o u r souligner que, m algré des différences d an s les procédures de recherche, d an s l ’un et l’au tre cas, interviennent les mêm es tendances vers une conception intégrale telle q u ’on ne puisse y intro du ire de p arta g e en tre «description de la structure» et analyse des «con ditio nn em ents externes». O n ne p eu t pas, m algré parfois des différences essentielles, p arm i lesquelles ne fut-ce que celle-ci que, d ans la sphère de l ’in terp ré­ tation, toutes explications causales sem blent sans fondem ent, tand is q u ’elles o n t leur place, et parfois peuvent jo u e r un rôle im p o rta n t d an s les dom aines de recherches d o n t l’objet sont les pro p riétés plus ou m oins générales de la littératu re. Les différences (il y en a en vérité davantage, ne se lim itent pas à la relation avec les explications causales) néanm oins, elles ne m etten t pas en question le principe fondam en tal. D an s l ’un et l ’au tre dom aine s ’établissent des co nd itions qui perm etten t de reconnaître que le p artage en tre ce qui est externe et ce qui est interne a perdu to u te im portance.

C ela a p p a ra ît d an s différents dom aines de recherches, m êm e dans celles qui, ju s q u ’à présent, étaient traitées com m e le terrain d ’action des m éthodes internes — terrain jam ais mis en question. C ’étaient les recherches qui s ’occupaient su rto u t des p rop riétés spécifiques de la littératu re — donc, d ’une certain e façon, de la littérarité. N éanm oins, le seul fait de concevoir cette littérarité com m e un ph énom ène opposé à ce qui est social et historique, est la conséquence de certains principes acceptés d ’avance, souvent sans exam en c o n ­ scient, et c ’est égalem ent le p ro d u it d ’une certaine situatio n non plus seulem ent m éthodologique, m ais aussi littéraire. C ette o p p o sitio n est sans d o u te l ’écho des théories esthétiques cou ran tes à l ’époque charnière entre le X IX e et le X X e siècle, théories qui jo u ère n t un grand rôle d ans l ’histoire de la littératu re, m ais qui a u jo u rd ’hui n ’ap p a rtien n en t plus q u ’au passé. Il n ’y a, en effet, aucune contre- -indication à ce que la littérarité, c ’est-à-dire un ensem ble de p ro ­ priétés spécifiques décidant que la littératu re se distingue parm i d ’autres form es de l ’activité linguistique de l ’hom m e, soit traitée com m e un fait social et historique. Elle est spécifiquem ent la

u T. T o d o r o v , P o étiq u e, Paris 1968, o p p o s e avec force l ’in terp rétation et la p o étiq u e.

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D es m é th o d e s e x te rn e s e t internes à la com m u n ication litté ra ir e 43

version littéraire d ’un phénom ène social et historique. D istinction n ’est d onc pas égal à opposition.

Il en est ainsi m algré le fait que, dans les dernières dizaines d ’années se so n t form ées des m éth odes d ’analyse de l ’oeuvre litté­ raire beau cou p plus spécialisées q u ’en quelque ép oq ue que ce soit, celles su rto u t qui tiren t leur origine de l’inspiration de la linguisti­ que. A utrem ent q u ’à l’époque à laquelle fo nctio nn ait l’école form elle russe et où co m m ençait à se form er le structuralism e, elles ne sont pas teintées d ’accents polém iques (au jo u rd ’hui, u ne telle polém i­ que serait d épo urvue de to u t fondem ent). P o u r le m oins, non pas parce q ue les «m éthodes internes» on t vaincu, d onc leurs p artisan s peuvent to u t sim plem ent ne pas re m a rq u er les m éthodes d ’un au tre genre. Elle serait actuellem ent un phénom ène an a ch ro n i­ que parce que, av an t to u t, ces m éthodes spécialisées d ’analyse ne tendent pas du to u t à séparer sans appel ce qui est im m anentem ent littéraire de l’ensem ble des différentes sortes d ’élém ents qui, réunis, form ent le texte. L eur but n ’est pas de réduire la littératu re à la littérarité. Le principe que l’oeuvre littéraire ap p a rtien t au grand d om aine de la com m unication sociale, exclue d ’avance l’acceptation d ’une telle entreprise. En conséquence, com p ren d re ch aqu e com p o san t de l’oeuvre (et aussi de l’oeuvre en ta n t q u ’un to u t) p ar ra p p o rt aux p ropriétés com m unicatives, fait que deviennent im possibles toutes dém arches analytiques qui, en littératu re, verraient seulem ent la réalisation des règles de la littérarité rigoureusem ent com prise.

Ce ne sera pas un p arad oxe de dire que, plus les m éthodes d ’analyse deviennent d avantage spécialisées, plus elles sont p ro fo n d é­ m ent ancrées dans la linguistique actuelle, plus elles on t alors de données p o u r révéler to u t ce qui lie l’oeuvre à l’univers hors- -littératu re et aux p ra tiq u es de la paro le qu i y fo nction nen t (rap­ pelons l’opinion de M an citée au d éb u t de cet exposé). Peuvent en être un exem ple ne serait-ce que les travaux relatifs à la cohérence du texte, peut-être les plus proches de la linguistique de tou s ceux qui soum m ettent à l’analyse les m écanism es linguistiques du discours littéraire; la cohérence du texte littéraire y est traitée com m e un cas p articulier de la cohérence p ro p re, en général, à l’é n o n c é 14.

14 V o ir, p. ex ., O sp ó jn o śc i te k stu (S u r la cohésion du te x te ), éd. M . R . M aye- n o w a , W ro cła w 1971.

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D ’ailleurs, ces m éthodes d ’analyse d ’un type h au tem en t spécialisé font resso rtir leur spécificité non seulem ent lorsqu 'elles dérivent de la linguistique. U n exem ple peut en être la n arrato lo g ie qui ne soum et pas à l’analyse le récit littéraire en ta n t que phénom ène exclusivem ent spécifique, n o n lié aux récits d 'u n au tre type fo n c tio n n a n t non seulem ent dans d ’au tres dom aines de l’art, m ais aussi d an s le folklore et — avant to u t — dans la vie q u otidienn e, donc, dans la langue co u ran te. E t si, envers ce genre d ’analyses, on peut form uler certain reproche, il ne co n cern era pas le fait q u ’elles considèrent com m e absolu ce qui est littéraire, m ais, au co ntraire, q u ’elles ne m o n tren t pas les prop riétés spécifiques du récit (on peut en tro uver des exem ples d ans les no m b reu x trav au x ap p liq u an t m écaniquem ent les schém as de P ro p p à l'analyse des textes littéraires). Un au tre exem ple en est la théorie de l’intertex tu alité qui do n n e de nouvelles form es à la p ro b lém atiq u e traditionnelle.

P ar suite de la désactualisation du p artag e en m étho des externes et m éthodes internes, nous observons un phén om ène caractéristiqu e p o u r la p oétique actuelle. Il n ’y a encore pas si longtem ps, avant un q u a rt de siècle, ses rep résentants avaient soin av a n t to u t q u ’elle élabore ses p ro p res instrum ents et q u ’elle se différencie n ettem en t des autres d om aines de la réflexion littéraire. Le b ut essentiel était alors de souligner son caractère distinctif, il s ’agissait do nc, avant to u t, en é la b o ra n t ses théories et instrum ents d ’analyse, q u ’elle m ette en relief ce q u ’on p o u rra it appeler la p erso nn alité intellectuel. Ce bu t p erdit sa raison d ’être à p a rtir du m om en t où la poétique acquit une position incontestée p arm i les différents dom aines de la science de la littératu re, et po u v ait d o n c a b o rd e r une problém atiq u e qui, récem m ent encore, se tro u v ait hors de la sphère de ses intérêts et de sa com pétence. En conséquence, la question essentielle devint non pas l’isolem ent, m ais — au co n tra ire — l ’entrée en co n tac t avec les m éthodes et les dom aines de la science de la littératu re qui, ju s q u ’alors, n ’avaient eu avec elle aucune connexion. C ette tendance, dans de nom breux cas, ne se heurte pas à des résistances du fait que, de l’au tre côté, c ’est-à-dire parm i les rep résen tan ts des m éthodes qui se p assaient de to u te référence à la poétique, se form aient des tendances sem blables. P o u r s ’en convaincre, il suffit de prendre en co n sid ératio n les travaux des auteu rs qui, d an s les recherches littéraires, p a rte n t de la psychanalyse. L ’objet de leurs intérêts

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D e s m é th o d e s e x te r n e s e t in tern es à la com m u n ication litté ra ir e 45

a cessé d ’être uniquem ent l ’écrivain, il est au co n tra ire devenu le texte littéraire; ce qui est donc nettem ent un rap p ro ch em en t vers la p oétique (com m e tém oignage ne citons que les travaux de N. H olland, F. C rew s ou J. B ellem in-N oël). E ncore inim aginable il y a quelques dizaines d ’années, la sym biose des catégories psychanalytiques avec celles de la po étiq u e devient peu à peu une réalité. U n rapp ro chem ent sem blable, bien q u ’il soit encore relativem ent peu sensible, peut être observé d an s le dom aine de l’histoire des idées. L ’histoire des idées appliquée à la littérature, ce n ’est pas seulem ent l’histoire des conceptions, des opinions, des convictions — com m e elles étaient exprim ées d an s l ’oeuvre littéraire. Les idées sont traitées com m e un élém ent stru c tu ra l et il s’ensuit que la chose essentielle n ’est pas la form e ab stra ite d ’une idée donnée, m ais la façon d o n t on en parle, la langue d an s laquelle o n la verbalise.

Le fait le plus essentiel est m éanm oins le rap pro ch em en t de la p oétique et de la sociologie de la littératu re. N ou s pouvons alors parler d ’une union spécifique, m êm e si l’on accepte que la sociologie de la litté ra tu re se divise en deux parties n ettem ent séparées, d o n t l’une s ’occupe de l’oeuvre littéraire com m e d ’un fait social, tandis que l’au tre s ’occupe des co ndition nem ents sociaux de la vie littéraire. C e ra p p ro ch e m e n t est le facteur qui perm et la form ation de la théorie de la com m u n icatio n littéraire; il n ’y a donc pas de raison p o u r en p arle r plus am plem ent puisque, ju stem en t, la com m unication littéraire fait l’objet principal de cet exposé et q ue sa fo rm ation a perm is de définitivem ent trio m p h er du p artage en m éthodes externes et internes.

D ’après le chagem ent de paradigm e présenté ici résultent deux conséquences im po rtantes. D ’abord s’est form ée la possibilité de co m ­ p rendre l’oeuvre littéraire spécifiquem ent (ou aussi — intégralem ent). P endant des années, on a parlé de la synthèse littéraire ayant en vue les travaux (du genre de vastes histoires de la littératu re et de m onographies touffues), travaux qui représen taien t une som m e de science sur un thèm e donné. D as synthèses de ce type peuvent être appelées des synthèses d ocum entaires. Ici néanm oin s, il s’agit d ’au tre chose, il s ’agit d ’une synthèse m éth o d o lo g iq u e spécifique. Il s’agit d ’étab lir des m éthodes d ’analyse qui p erm e tte n t de saisir l’oeuvre littéraire d ’une façon aussi cohérente q u ’universelle, d ’une façon qui n ’adm et pas de p artag e en tre ce qui, d an s la littératu re, est

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littéraire et ce qui est n o n littéraire, qui supprim e la séparatio n entre ce qui est «esthétique» et «social», en tre ce qui est «structural» et «historique». Bien plus, cela no n seulem ent supprim e, m ais traite ces aspects de l ’oeuvre en ta n t q u ’une union. U n io n qui existe et fonctionne aussi lorsque, d an s tels ou tels buts, l ’u n de ces aspects ressort plus q u ’un autre. L a synthèse m éthodologique de ce genre exclut évidem m ent le p arta g e en m éthodes externes et internes, problèm e qui a été n o tre p o in t de dép art.

D euxièm em ent, de ce chagem ent résulte la situ atio n spécifique du discours littéraire face aux autres types du discours. Il ne s’agit plus seulem ent de son caractère d istin c tif et d ’indiquer sa spécificité, m ais de m o n trer les liens et ressem blances avec différents types de discours non littéraires. Ensuite, il sem ble q ue les m éthodes et catégories élaborées d ans l’analyse de l’oeuvre littéraire peuvent être em ployées, après certaines corrections et retouches, p o u r l’an a­ lyse de ces autres types de discours. Ainsi q u ’il a p p a raît, nous avons actuellem ent affaire à l’élargissem ent du do m aine de la com pé­ tence et de la sphère d ’intérêts de la p oétiq ue; elle s’ap p ro ch e de quelque chose du genre de la théorie générale d u texte. Les instru­ m ents élaborés p ar elle peuvent être em ployés d ans la description de discours tels que discours politique, de p rop agan de, de réclam e, historique etc.

L a poétique développée dan s le prem ier q u a rt de n o tre siècle, p o u r s ’occuper de la littérarité, a tellem ent élargi et perfectionné ses m éthodes analytiques que les d om aines de sa com pétence se sont m o n tré incom parablem ent plus larges.

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