IHN PAN - IF UWM
Warszawa - Olsztyn
L ES S E N T IM E N T S C H EZ LES P R É PL A T O N IC IE N S
ET LES M O D E R N E S - C O ÏN C ID E N C E S OU IN FL U E N C E S?*
I
De m anière g én é rale la thém atiq u e de sen tim en ts est pleine de c o n f u
sions. Il y a p lusieurs points où l’on ne re n co n tre que des pré jugé es, par
e x e m p le la question d ’évaluation des sen tim en ts et la m an ière de parle r des
s e n tim e n ts
p o sitifs
et
négatifs.
A utre pro b lèm e - historique - celui de c o n
sid ére r les relations des opinions m odernes avec celles des A nciens. Enfin on
p eut pen se r au rôle des sen tim en ts et plus g é n é ra le m e n t de l’affec tivité dans
les c onc eptions g re cques anciennes où des clichés persistent du fait que cette
p ro b lé m a tiq u e est peu étudiée et si elle l’est la plupart des études que l’on
p eut cite r traiten t de la période hellénistique.
* Le texte est une version légèrement remaniée et augmentée de la conférence
prononcée le
8décembre 2005 dans le cadre du Colloque
Emotions Over Time:
Ancien! Pathë And Modem Sentiments. A Comparative Approach
, organisé par
l’Université de Crète, Department o f History and Archaeology, Rethymnon et sup
porté par la I. F. Costopoulos Foundation [son résumé est disponible on-line:
http://www.brown.edu/Departments/Classics/faculty/konstan_Emotion_over_Time.
pdf). Sa rédaction a été terminée lors du séjour à la Fondation Hardt en novem
bre/décembre 2005 (avec une bourse de la Kulturstiftung Landis & Gyr).
D ’une part les a u te u rs a u j o u r d ’hui à la m o d e j u s q u ’à p ro d u ire des
best-
sellers'
et parler avec succès de l’ intelligence dite é m o tionnelle ne m ention
nent pas les a u teu rs g re c s2. Il en va de m êm e pour le m anuel a c a d é m iq u e de
P. E k m an & R. J. D a v id so n
3ou en c o re p o u r l’ in s tru m en t d is p o n ib le sur
in te rn e t
Classics in the H istory o f P sychologŸ ■
D ’autre part si les héllenistes s ’ intéressent aux c o nc eptions d ’affectivité
chez A risto te
5et dans la période h ellénistique6, la philosophie de l’époque
an térieu re reste un terrain négligé, puisque - on le répète - la philosophie
pré so cratiq u e (ou p ré p la to n ic ie n n e) est une p h ilosophie de la
p h y sis
ou/et
son caractère est ex c lu siv e m e n t rationaliste. A la C o nvention délia Società
F ilo so fic a Italiana a y a n t pour th è m e
La F üosofia e le Em ozioni,
ten u e du
2 6 - 2 9 avril 2001 à Urbino, des six exposés relatifs à la philosophie antique
un seul c o n c ern a it la p h ilosophie p y thagoric ie nne, un la philo so p h ie aris
to télic ienne et trois la philosophie de P laton7. Trois livres - J. Frère,
Les
Grecs et le désir d'être. Des Préplatoniciens à A ristote
8, J. M. C ooper,
Reason and émotion: essays on ancient m oral psychology and ethical theo-
r y q
et S. K nuuttila,
Em otions in A ncient a n d M édiéval P hilo soph y'0
-
t ro m p e n t par leurs titres: Frère analyse l ’affec tivité c o m m e fonction des
d y n am ism es v o litifs" , C o p p e r et K n u u ttila ne parle n t par de la période
a va nt Platon. Enfin d e u x o u v ra g e s récents se ra p p o rte n t à Platon: L.
P alu m b o , Eros P h o b o s Epithymia.
Sulla natura d e ll’em ozione in alcuni
dialoghi di P latone
12et J. F rère,
A rdeur et colère. Le
t h u m o s
p latonicien
R obert C. S olom on dans son essai
The P hilosophy o f Em otions
re tr a ç a n t
l'h isto ire de la philosophie des sentim ents év o q u e
même les Présocratiques
parmi ce ux qui s ’in tére ssa ient à
la nature des ém otions
l4, mais puis il com
m ence son histo riq u e avec Platon et Aristote.
La question est donc celle-ci: cette négligence de la part des savants est-
elle fondée, car il n ’y a urait rien à é tu d ie r ni à a n a ly s e r c h e z les
P réplatoniciens du point de vue de l’affectivité, ou bien s ’agit-il d ’une évi
dente o m ission? Si dans d ’autres dom aines les philosophes grecs passent
pour m aîtres in co ntestables de la philosophie, pourquoi n ’en serait-il pas de
m êm e pour la philo so p h ie de sentim ents?
D epuis la fin du X IX e siècle certains courants se sont intéressés à l’a f
fe ctivité en m ettan t en valeur son rôle dans la p h ilosophie de l’hom m e.
C ette ten d an c e tro u v e son origine dans la philosophie du X V IIe siècle.
Pourquoi ne pas pro lo n g er sa genèse - à condition que cela soit ju stifié -
j u s q u ’à l’antiq u ité ? C ’est cette év e ntua lité que j e vais e ss a y e r d ’ex a m in e r
en m e lim itant aux quatre parallèles. Le m ot
parallèle
est utilisé exprès pour
ne pas d éc id e r dans l’im m édiat s ’il s ’agit des co ïncidences ou des anticipa
tions (influences).
- d 'a p r è s m es analyses pour ce qui est du v o ca b u la ire des sen tim en ts
chez les P résocratiques, il existe plus de 210 lexèm es se rap p o rtan t aux dif
férents gro u p e s de sentim ents particuliers (joies, tristesses, craintes, colères,
dépressions, désirs, folies, soucis, hontes, courages, haines, a m itié s )15; ce
ré s u lta t peu t d onc être pris c o m m e un m in im u m de ré fe re n c e q u a n t au
grec. Par e x e m p le , parm i les auteurs m o d ern e s, Wł. W itwicki,
P sychologia'6
é n u m è r e p lu s de 50 s e n ti m e n t s , L. S c h m i d t - A t z e r t ,
D ie verbale
K o m m u n ika tio n en von E n io tio n en '1
- environ 60 différents sentim ents, la
liste la plus détaillée que j ’aie trouvée étant celle de J. P o w e ll
18avec 207 sen
tim e n ts ;
- j e ne p eux non plus p o u r des raisons te c h n iq u e s a b o r d e r ici les p ro b
lèm es de la définition du s e n tim e n t
19ou de la classification des ém o tio n s ou
encore de la m ém o ire affective qui se pré sen ten t aussitôt que l’on s ’a p
proche de la th é m a tiq u e de l'a f fe c tiv ité 20;
- le m ot
se n tim e n t
(en anglais
feelin g )
est utilisé dans d eux sens dif
férents, le p rem ier large et courant où il signifie toute la vie affec tive (on ne
fait alors pas de distinction entre
sen tim en t
et
émotion)',
le second plus spé
cialisé et étroit c o m p re n a n t un niveau co ncret de l’affec tivité à d istin g u e r
de l’im pression, de la sensation, de la passion, de l’ém otion et du vécu (resp.
exp é rien ce vécue); dans cette seconde acception le mot anglais
fee lin g
a un
d o u b le sens, par e x e m p le par M. A rn o ld
21il est utilisé tantôt c o m m e
sensa
tion,
ta ntôt c o m m e
se n tim e n t
22. Dans ce sens les o rga nisa te urs du colloque
ont eu raison de m ettre en tête du th èm e fo rm u lé en anglais le mot
ém o tio n ,
m o in s éq uivoque:
E m otions O ver Time: A n cien t Pathê A n d M o d e m
S en tim en ts.
Mais sur le circulaire n ’ont-ils pas c om pris le m ot
ém otion
c o m m e s y n o n y m e
A
qfeeling-.
[...]
the specificity o f 'ancient ' lists o f ém otions
a nd the w ay they d iffer fro n t 'm o dern' définitions o ffe e lin g s
[...]? D ’autre
part le m ot anglais [...] ém otion
combines in ils m eaning a reference to ..feel
ing". a reference to „ th in kin g
”,
and a reference to a p ersons body1*.
II
Je passe aux quatre exem ples choisis.
1
.
Dans le frag m en t d ’Héraclite d ’Ephèse DK 22 B 85 on lit:
ûu|iô)i [idxeoûai
yalzTiôv
(,lu tte r
< c o n tr e > le
th y m o s est p é n ib le
,en effet ce q u ’il vo u d ra it, <au prix> de la
psyché il < Y>achète.)
H e raclite d ’E p h èse parle du c o m b a t c o n tre le ôxipxSçdont la puissance est
énorm e. C ’est une force partielle qui est en état de se soum ettre non seule
m ent les autres parties ou d y n a m ism e s du p sy ch ism e m ais e n c o re sa totali
té. sa force intégrale: la
Si l’on considère que le ûup.
6c; dép e n d de la
on détruit ainsi le sens de la dépe ndance . Si la d é p e n d a n c e se réduit
au fait que le ûup.
6<; c onstitue une partie de la ij/uxrj et s ’il est vrai que le
ûup.
6<; l ’e m p o rte sur la
cela prouve la faiblesse de la i^ x f ) et
ses
autres facultés, s ’il y en a.
Il faut to u tefo is re m a rq u er que dans le frag m en t d ’Héraclite, tel q u ’il est
tra n s m is bien évid em m en t, le ôi)|J.(>;est puissant sans être violent: il achète et
non enlève, ne vole pas ni ne viole. Surgissent trois traits du ûu|j.
6ç le fhjpoç
est fort, sa force est autonom e et spontanée et on (qui?) a la difficulté de
gérer cette au to n o m ie et cette sp ontanéité par la t|n;xT) / au sein de la ilnj^fj.
Heraclite sem ble percevoir q u ’ il arrive des situations où l’entité ne peut
plus s ’op p o ser à sa partie. Par cela Heraclite attire l’attention sur un problèm e
anth ro p o lo g iq u e brûlant qui concerne la relation p a rtie
versus en tité , à savoir:
co m m en t une partie se montre plus forte que l’entité dont elle fait partie?
Il me semble q u ’en tout cas on est obligé d ’accepter que le ût>|i
6<; soit
autonom e. A utrem ent l’image héraclitéenne est difficile à com prendre voire
im possible à interpréter: si le ûu[i.oç signifiait quelque chose d ’extérieur on
a r riv e ra it à une contradictio in a d iecto: ce qui est étranger ne peut appartenir
à celui à qui cela est étranger.
Le fra g m e n t d 'H é r a c li t e m ontre que le sen tim en t, si in terp ré ter ainsi le
ûu|J.6<;,
est en lui-m êm e la force (la plus) a u tonom e de l ’h o m m e car il ne
dép e n d pas d ’autres instances p sychiques, en revanche elles d é p e n d e n t de
lui, se tro u v e n t to u tes à son merci.
Le trait d ’a u to n o m ie du t)u|i
6ç se tro u v e c o n firm é ou o b serv é par
P a rm é n id e dans le p assage suivant:
ïtitcoi
xai
|_ie (pépoixnv, ôoovz'
èrà Û141.ÔÇ itccèvoi [...](D K 28 B 1, 1 : les cava les m e p o r te n t a u ta n t que le
th y m o s ira it
[...].)
Il
en résulte que les ca vales co n d u ise n t P arm énide ju s q u e et en m êm e
tem p s s eulem e nt là où le ûup,
6ç arrive (le pousse). Le ûu^xoç sym bolise à la
fois une force m otrice et une force de concession dans le sens où les cavales
ne p eu v e n t av a n c e r plus que ce que le û q io ç perm et. Il indique la direction
du m o u v e m e n t, la portée du parcours et sa distance. Ainsi il déterm in e le
ca ra c tè re du m o u v e m e n t. Le ü u p ô ç e s t d onc un fa cteu r qui o rien te l’h o m m e
dans son action, dans sa cond u ite et son c o m p o rte m e n t.
S ’il existe une lutte il faut adm ettre une seconde force o p p o sée au
01416c;.
C h ez Heraclite elle n ’est pas nom m ée. S ouvent les différents c o m m e n ta
teurs y insèrent é tra n g e m e n t l'id ée de rationalité, ce qui est possible, m ais il
ne faut pas o u b lie r que ce la peut être aussi bien une su rin te rp r é ta tio n car
dans ce fr a g m e n t H e raclite n ’en parle pas24. C ’est en q u e lq u e sorte une lec
ture à la H um e, ou plutôt à l’a nti-H um e , car le philo so p h e éc ossais est l’a u
teu r d ’une s en ten c e fort connue: R ea so n is, a n d o u g h t o n ly to be the sla ve
o f the p a ssio n s, a n d can n ev er p r e te n d to a n y o th er o ffic e th a n to se rv e a n d
o b e y them .
(II, III)25. Il produit l’im age d ’une o p p osition entre les sen ti
m ents et la raison, c ’est vrai. Seulem ent, dans la phrase qui pré cède - so u
vent om ise, sû re m e n t b ea u co u p m oins citée et m oins co n n u e que la fa m e u se
sen ten c e
26- il déclaré que We sp e a k no t s tr ic tly a n d p h ilo s o p h ic c tlly w h en
we ta lk o f the co m b a t o f p a s s io n a n d o f reason.
(II, III
)27Et si on lit H um e
plus a tte n tiv e m e n t on voit q u ’il dit e n c o re 28: N o th in g ca n o p p o se o r r e ta r d
the im p u lse o f p a ssio n , bu t a co n tra ry im p u lse
[...]29. Ainsi il considère que
les actes des sentim ents et les actes de la raison sont deux d o m a in e s séparés,
isolés, c o m m e par une cloison. Les d e u x v erticalités ont ch acune sa propre
d y n a m iq u e qui ne se confond pas avec l’autre, bien que la v ertic alité des
s entim ents jo u e plus que la verticalité des pensées dans le p sy ch ism e de
l’hom m e, d ’où - pourrait-on dire avec H eraclite - la difficulté de se gérer
par l ’h o m m e 30.
C ette lignée ne s ’arrête pas avec H u m e m ais c o n tin u e avec entre autres
Biaise Pascal et s ’exprim e dans son Le cœ u r a ses raisons, que la ra iso n ne
c o n n a ît p o in t
dont la suite est: on le sa it en m ille choses,
f...]31. Ensuite v ie n
nent l’exp ressio n lo g iq u e d es sen tim e n ts
fo r m u lé e par A u g u s te C o m t e
32et
l'o u v ra g e de T. R ibot qui en a fait son titre33. C h o se c a ra c té ristiq u e , R ibot
r e m a r q u e : les T raités de rh éto riq u e a n cien s et m o d e rn e s sont, à m o n avis,
des essa is d 'u n e lo g iq u e des sen tim e n ts
34. L ’expression log iqu e d es s e n ti
m e n ts
p o u rra it s ’a p p liq u e r enfin à la p h ilo s o p h ie de F. B re n ta n o
35m ê m e s ’il
ne l’a pas utilisée36. Aussi bien chez H eraclite et chez P arm en id e que chez
H um e et P ascal, R ibot et B rentano, p o u r ne p re ndre que ces e x e m p le s ,
j ’aperçois la m êm e m ise d ’accent sur la force et l’au to n o m ie du c œ u r (Û
1410Ç
chez H eraclite) avec cette différence que chez H um e et Pascal il y a une
notion de plus, celle de raison, absente c h e z H eraclite et P arm énide.
L ’image évolue m ais le problèm e posé est le m êm e. C ’est H eraclite qui
attire l’attention sur la q uestion de sa v o ir s ’il y a transition entre les d if
férents d y n a m ism e s psychiques, si le se ntim ent est h o m o - ou h é té r o - g è n e
par ra p p o rt à ces autres d y n a m ism e s et, enfin, c o m m e n t ces d istin c ts
d y n a m i s m e s p e u v e n t s ’h a r m o n is e r37. Le frag m en t B 85 d ’H é raclite décrit
donc ce q u ’on p o u rrait a p p e le r la lo g iq u e th ym iq u e.
A cette logique du
ûu|ioç et à son a u to n o m ie on p o urrait e nfin ra p p o rte r le pro p o s s u iv a n t de
Bergson où le philosophe français saisit ses traits: Une é m o tio n est un
é b ra n le m e n t a f fe c tif de l'â m e .
[...]l ’é m o tio n est un stim u la n t, p a r c e q u 'elle
incite l ' intelligence à entreprendre et la volonté à persévérer.
[...]
Il y a des
ém otions qui sont génératrices de pensée.™
2.
Dans l’un de ses frag m en ts les plus co n n u s P arm énide dit:
... tô y àp a ù t ô voeîv èan'v te koù eîv a i.
(DK 28 B 3:
en effet le même est
noein
et être)
Il
existe de m ultiples inteprétations de ce célèbre passage et la biblio
gra p h ie re la tiv e est im p o rta n te 39. Etant do n n é que le v erbe grec voeîv a été
t r a d u it en latin par
cogitare
40, dans la pensée de P arm én id e on peut voir la
source sinon l’a r ch éty p e de la réflexion cartésienne:
cogito ergo sum
m êm e
s'il y a une visible différence co m m e par exem ple le fait que Parm énide
utilise les verbes à l ’infinitif, tandis que D escartes parle de m anière p erso n
nelle
(je).
Et quel est le rapport avec l’affectivité?
P o u r la p lu p a rt le
cogito ergo sum
est c om pris c o m m e credo de la
philo so p h ie rationaliste, voire de la position rationaliste par excellence:
j e
p ense donc j e suis.
O r il se trouve que D escartes a précisé ce q u ’ il c o m p re
nait p a r son
cogito
, et cela à plusieurs reprises. Ainsi dans les
M éditations
m éta p h ysiq u es
, II, 22 il explique:
une chose qui pense
est
une chose qui
doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui im agi
ne aussi, & qui sent.A'
A illeurs encore de m anière plus explicite:
Par le mot
penser, j'e n te n d s tout ce qui se fa it en nous de telle sorte que nous l'ap-
p ercevons im m édiatem ent p a r nous-m esm es ... ; c 'e s t pou rquo i non seu le
ment entendre, vouloir, imaginer, m ais a u s s i s e n t i r , e s t la m e s m e
c h o s e ic y q u e p e n s e r .* 2
Est-ce q u ’il est à voir dans le voeîv les m êm es ac ceptions q u ’én u m ère
D e sc arte s p o u r son
cogito et
dans la fo rm u le p arm é n id é e n n e le sens suivant:
en effet le mêm e est entendre-vouloir-im aginer-sentir-penser et être"! A
G reek-E nglish Lexicon
de Liddell - Scott - Jones do n n e pour le verbe voeîv:
p erceive by the eyes, observe
[...]
p erceive by the mind, app reh en d
[...]
take
notice
[...]
think, consider, reflect
[...]
consider, deem, présum é
f...]43, donc:
pas de m ention de
sentir
(
fe e l
). C e p e n d a n t plus qu e la trad itio n de tr a d u c
teurs im porte le fait que
ces textes
[...]
sont écrits dans une langue p ou r
laquelle p lu s aucune personne n 'e st dotée d ’une com pétence linguistique
réelle.
[...]
Pour expliquer le sens d 'u n mot grec, on ne recourt p a s à un locu
teur, m ais à un dictionnaire et à des gram m aires qui eux-m êm es n 'ont été
conçus q u 'à p a rtir de textes écrits.
[ ...] 44Le verbe en question est un verbe
d é n o m i n a t i f de vooç mind,
as em ployed in perceiving a n d thinking
[...]
m ore w idely, as e m p lo y e d in fe e lin g , d eciding , etc.,
Iieart [...]45. Là, le sens
s e n tir
ressort. Dans son dictio n n aire P. C h a n tra in e e x p liq u e q u e le s u b
s t a n t i f d o n t voeîv est un verbe d é n o m in a tif signifie «intelligence, esprit» en
tant q u 'il p e r ç o it et q u 'il p e n s e
[...] et ajoute: m a is ce tte p e n s é e p e u t être
m é la n g é e à un s e n tim e n t.46
B eau c o u p plus ré c e m m e n t, p o u r R ud o lp h
H e rm an n Lotze par exe m ple , la c o n sc ie n c e c o m p re n d aussi bien le pense r
que le sentir. Si l’âm e ne pense ni ne sent rien, la conscience est vide. L ’âm e
n 'a g it pas et son existence est nulle47.
S ’il en est ainsi il n ’est pas exagéré de voir un parallèle entre le co gito
de
D escartes et le voeîv de P arm én id e et dans les d e u x son é lém e n t im m a n en t
q u ’est le sentir. C ette anticipation m ontre que la m au v aise o p in io n de
D e sc arte s q u ’il portait sur les p h ilosophes an c ie n s
48est une exp ressio n de
son m ép ris et sa fausseté. En réalité il leur est plus proche q u ’il ne v oulait
le re connaître et sa pensée est m oins originale que l’on ne ju g e h a b itu e lle
m e n t 49.
3.
D é m o c rite est un autre grand P résocratique. Voici s o n
50f r a g m e n t DK
6 8B 31:
iaipiKf] pèv yàp ow patoç vôoouç axeerai,
oocpvr) ôè it/ux^v Tiotûwv cajxxipeÎToa.
( < l 'a r t > m é d ic a l g u érit des m a la d ies d u corps,
en reva n ch e la sa g esse enlève la
psyché d es
p ath e.)
S ou v en t on déterm in e le sens du mot Ttaûf) en le m ettan t en s y m étrie
avec v
6oouç(du corps) du fait q u ’on a une te n d a n c e à o p p o s e r c o rp s
et âm e.
Ainsi: les m aladies du corps v e rsu s
états patholo g iq u es de l’âme.
M ais dans le fragm ent la sym étrie n ’est pas évidente, car les d e u x m ots
se tro u v e n t dans de différentes positions syntactiques. N on plus il n ’y a pas
de c o m m e ... de m ê m e
... . C ’est pourquoi on peut aussi bien m ettre l’ac cen t
sur la d iffé re n c e entre la m édec ine et la sagesse dans leurs m an ières d ’agir:
si Ut m édecine fa i t ... la sagesse < agit autrem ent, à savoir>
... .
De plus, les
deux im ages se distinguent: si g u é r ir
est une sorte de c h a n g e m e n t par t r a n s
f o r m a t i o n 51, sé p a r e r
est un c h a n g e m e n t par so u stra c tio n . Et encore:
pourquoi D é m o c rite ne parle pas de l’e n lè v e m e n t des
7tâûr| de la i|nj)(fj, m a ‘s
au c o n tra ire de l’e n lè v e m e n t de la i l n ^ d e s Ttâûr|? A u tre re m a rq u e : le f r a g
ment de D é m o c rite a un ca rac tè re d e s c r i p tif et décrit un principe, loi, règle
et non un c a ra c tè re no rm atif, m oral (du type: il f a u t q u e
...)52.V oilà la raison pour laquelle j e pro p o se de prendre le m ot Ticcûr| au sens
p rem ier, plus large et neutre - e x p é rie n c e
,E r fa h r u n g
-
s u rto u t q u e d ’une
part il n ’a aucun a ttrib u t et d ’autre part, il est peu ju s t if ié de n u a n c e r le
sens de ce m ot en fonction du sens du m ot de la p rem ière phrase (vôoouç)53.
P our qui c o n n a ît le d é v e lo p p e m e n t du co n c e p t de p h ilo s o p h ie
il est difficile
de passer sous silence l’arg u m e n t de Platon, à savoir q u ’à l’origine de la
con n a issa n ce p h ilosophique il y a un des
TtctOT|: |iaÀ ay à p (piA.ooo<pou
toûtot ô Ticatoç, xô ûocu|iâÇeiv où yàp àÀÀr) à p x n (piÀoooqriaç rj a ü r r f 4. Si l’un
des raxôr| est un fo n d e m e n t de la philosophie, il doit s ’ag ir alors de la sphère
p sy ch iq u e de l’h o m m e à ne pas om ettre.
D ans le frag m en t de D é m oc rite il peut donc être question d ’une sphère
du p sy ch ism e dont la sagesse retire la
Les
7tccûr| co n s titu e n t ce q u ’on
p o urrait a p p e le r le m ilieu p sy ch iq u e initiale55, son niveau prim aire de l ’af
fectivité, encore passif. D ém ocrite décrit la situation où la ijruxrj s o r t
de ce
m ilieu initial, le quitte, s ’élève et non postule que l’on la prive des sen sa
tions. Plus la îliuxi est sage, m oins ses sensations ont caractère passif, alors
q u 'e ll e s sont cepen d an t, à mon avis, ses états naturels au niveau de la p ré
sagesse. Son d é v e loppe m ent c ’est la sagesse, le passage de la passivité vers
l’activité. Les raxûr| p euv e n t d ev e n ir négatifs m ais seulem e nt lorsque les sen
sations d ésignent et deviennent les limites de l’affectivé de l’âm e, lorsque la
c o n n a is sa n c e s 'a r r ê t e à ce niveau du d é v e lo p p e m e n t psychique. On peut
dire que c ’est à ce m om en t-là q u 'e lle tom b e m a la d e, p u i s q u ’elle se rétrécit,
elle est privée d ’autres types d ’affectivité qui ne sont pas activées.
Au d ébut du XX e siècle la corrélation sem blable a été o b serv ée par
T h é o d u le R ibot et form ulé e x p lic ite m e n t dans une règ le, dite p r in c ip e
ou loi
de Ribot, à sa v o ir que to u t s e n tim e n t p e r d d e sa fo r c e d a n s la m esu re où il
s'intellectualise™ .
C ela signifie q u ’au cours du d év e lo p p e m e n t l’affectivité
se transform e et sous l’influence des d y n am ism es logiques elle s 'in te lle c tu
a lise et s 'a ffa ib lit51
.
Ce niveau de l’affectivité est caractéristique de l’en
fa n ce. C e t t e p re m iè re a f fe c tiv ité est une m a tric e p o u r les n iv e a u x
su p érie u rs a u x q u e ls elle sert de support. Par e x e m p le l'a ffe c tiv ité « pu re» et
sa n s-o b je t ex iste d éjà d a n s l 'instinct d u n o u ve a u -n é58: le m onde affective
m ent indifférent, c ’e st-à -d ire ni agréable ni désa g réa b le , est un m onde non
d ifférencié et en réalité non existant co m m e o b jet de l'in té r ê t et de l ’a tte n
tio n q u i est une fo n c tio n de toutes les ten d a n ces a ffe c tiv e s et la m a n ifesta
tio n de to u te l'a c tiv ité p ro p re de l'e n fa n t59. Dans sa conclusion Ribot dit
explicitem ent: [...] la p la c e de la vie a ffective dans la to ta lité de la vie p s y
c h iq u e
[...] est la
première. [...] E n elle, est la base de l'id e n tité et du ca ra c
tère.
Et co m m e on va le voir tout de suite, chez Platon dans son m odèle de
l’âm e, la partie des
ttccût|(donc p a th iq u e ,
Platon l’appelle t ô
émik>|ar]TiK6v,bien que la plus basse, elle est (pour cela) la plus élém e nta ire et ainsi indis
p ensa ble au bon fo n c tio n n e m e n t de l’entité. Son rôle est su rto u t d ’assu re r
l’a p p o rt d ’énergie.
4.
Le q u a triè m e e x e m p le est plus difficile à p ré s e n te r car il ne re p o se pas
sur un f r a g m e n t précis m ais il se rapporte à l’e n s e m b le du m o d èle de l ’af-
fe c tiv ité re co n stru it, à sa v o ir aux m ots p o u v a n t se ra p p o rte r à la notion
sen
tim en t, feeling, G e fü h l
lesquels en grec sont: aïoûr|Oi<;, Ttctûoç, &u[iôç, (pprjv,
vooç, Àdyoç Ils déc riv en t ce q u 'e s t le se ntim ent en le saisissant dans ses
div ers niveaux. A in si61:
français anglais allemand polonais grec
sentim ents passifs
im pression impression, feeling Eindruck w rażenie a ïo ô r|o iç
sensation sensation Empfindung odczucie itâÔcx;
affection passion affection passion Affektion, Gefühl Leidenschaft doznanie TOXÔOÇ sentim ents actifs
ém otion ém otion [plus large q u ’en français]
Affekt,
G em ütsbew egung62
wzruszenie ôutiôç, <PPńv
sentim ent6’ sentim ent, feeling Gefühl uczucie
vôoç vécu [RZ]
[expcrience vécue]
— [? experiential
exp erien ce' ]
Erlebnis przeżycie Aóyoę
T o u t c o m m e le s s e n s a t i o n s e t le s d é s ir s , d e m ê m e le s s e n t i m e n t s s o n t, p o u r u t i l i s e r l ’ e x p r e s s i o n f o r g é e p a r l ’é l è v e d ’ E d o u a r d C l a p a r è d e , K . D ą b r o w s k i, s t r a t i f i é s
à niveaux m ultiples
(
m u ltilevel
)65.
Q u a n t a u x p r e m i e r s c e l a r é s u l t e d u p a s s a g e s u i v a n t d e P la to n : T p v ô e. xpicàv ôvtcûv T prnroù koù r jô o v a i [loi (pouvovxoa, èvôç È K aoiou p a a iô î œ éT uû u |jao a t e gxjoüjtgix; koù àpxcxi. [...] |66) K o ù f)ôovâ)v ôf] xp û x eïô r|, im o K eijiev o v ëv ÉKaoTcp to u tg û v [...] ( 5 8 0 d 7-581 c 6 )67 - p o u r c e s d e r n i e r s , le s s e n t i m e n t s , c ’e s t d i t d e m a n iè r e m o in s e x p l ic i te .D a n s le
P hèdre
o ù P la to n r e p r e n d la t r i p a r t i t i o n d e l ’â m e d e m a n i è r e a l l é g o r i q u e 68, le c o c h e r , r é p r é s e n t a n t la p a r t i e d i t elogotique
(
logistiko n
)
d e laR épu b liqu e
6Q, e s t p o u r v u - le f a it p o u r la p lu p a r t n é g l i g é o u m ê m e n ié 70—, à p a r t s e s f a c u l t é s p e r c e p t i v e s e t c o g n i t i v e s , d ’ u n e c a p a c i t é à é p r o u v e r d e s s e n t i m e n t s . N o n s e u l e m e n t le c o c h e rvoit l ’im age d 'a m o u r
7I, c e q u i f a itécha uffer toute l ’âm e
72, m a is a u s s i ilressent une nostalgie
73,s'in d ig n e
74 e téprouve une crainte et une angoisse7\ L e c o c h e r - e t a fo r tio r i
la p a r t i elogo
tique
a in s i s y m b o l i s é e - c o n t i e n t le s é l é m e n tsnoétiq ue76 e t s o m a t i q u e
(p a th iq u e).
L a lia is o n a f f e c t i v o - r é f l e x i v e ( s e n t i m e n t - p e n s é e ) a u n iv e a u lo g o t i q u e c o m p r e n d a i n s i le s s e n tim e n ts e t le s p e n s é e s d u n iv e a u le p lu s é le v é . P la to n v a j u s q u ’à d ir e q u ele cocher éprouve une sensation11
.
E n f in - c h a n g e m e n t d e p e r s p e c t i v e c a r il y a r e t o u r à l ’â m e d o n t le s p a r t i e s s é p a r é e sven a ie n t d ’être traitées -
Y âm e
de l’am ant suit l’aim é
avec angoisse et
crainte
78.
Les sen tim en ts du cocher, du cheval blanc et du cheval noir - donc les
sentim ents ou plutôt les affectivités
logotique, th ym iq u e
et
épithym ique
(resp.
p a th iq u e
) - se distinguent
verticalem ent.
P our d é m o n t r e r la pespec-
tive s em b lab le c h e z les P résoc ratiques il faudrait p ro c é d e r à une analyse
p lus d é ta illé e , m ais la c la s s ific a tio n ou du m o in s la d iv e rs ité des
p h én o m èn e s affectifs tels q u ’ils se laissent décrire dans une reconstruction
peut être ra p p ro c h é e de d eu x m o d èles co n te m p o ra in s:
L ’un est celui de N ic o la ï H artm ann. Il s ’agit de la d isposition horizon
ta le
70ca r H artm ann a d is tin g u é des actes é m o tio -ré c e p tiv e s (par exe m p le
sentir, subir, vivre qch., supporter), ensuite des actes ém o tio -p ro sp e ctiv e s
(dirigés vers l’avenir), enfin des actes ém o tio -sp o n tan és (avec une d éterm i
nation active). Ma proposition de mise en parallèle est la suivante:
- actes ém o tio -ré cep tiv es80 = actes
ép ithym iques
(resp.
p a th iq u es),
c ’est-
à - d ire aïoÔT|aiç et ra ûoç;
- ac te s é m o t i o - p r o s p e c tiv e s
81= ac te s
logotiques
(à d i s t in g u e r de
logiques
), c ’est-à-dire vooç et Àoyoç;
- actes ém o tio -s p o n ta n é s
82~ actes
th ym iq u e s
, c ’est-à-dire ûup,dçet (pprjv.
L 'a u tr e ra p p ro c h e m e n t est celui avec le m o d èle éla b o ré par Max
Scheler. Son m odèle est vertical car Scheler a divisé ou plutôt placé la vie
affec tiv e sur q u a tre niveaux:
quatre niveaux affectifs bien déterm inés qui
correspondent à la structure de notre existence hum aine tout entière. Ce
sont: 1" les
sen tim en ts sensoriels
ou «sentim ents-de-sensation»
[...]/
2" les
s e n tim e n ts p r o p r io - c o rp o re ls
(à titre d 'états) et les
s e n tim e n ts vitaux
(en
tant que fo n ctio n s): 3" les
purs sen tim en ts «de l’âm e»
(purs sentim ents du
Je): 4" les
s en tim en ts spirituels
(ceux de la personnalité).
Le critère de la dis
tinction est:
Ce caractère phénom énal de la
« p ro f o n d e u r »
du sentim ent
[,..]8’. Platon ne parle pas e x p lic ite m e n t du critère de d istinction m ais le trait
de verticalité est visible dans son m odèle aussi bien dans la
R ép u b liq u e
qu e
dans le
Phèdre™.
D 'a u t r e part il faudrait é la b o re r ce tte notion de
p r o
fo n d e u r
qui pour le m o m en t est m oins une ca té gorie philo so p h iq u e q u ’elle
n 'e s t une m étaphore, m êm e si son historique rem onte à H eraclite d ’Ephèse:
ijnjxfjç Tieipaxa ià>v oùk ccv é^eupoio, n â a a v ÊTU7iopeud|ievoç ô ô d v oütoj
Po.üùv Àoyov ëxei
.85Aussi bien c h e z Platon que chez H artm ann et S ch eler la hiérarchisation
ou la s tra tific a tio n
86est visible. Il resterait à a p p r o fo n d ir la c om paraison
des d eux perspectives: ancienne et moderne. Mais le m odèle platonicien, et
beaucoup plus tard celui de Scheler, peuvent être conçus c o m m e la solution
ou du moins la proposition d ’une solution du problèm e év o q u é dans ce texte
c o m m e premier: le conflit intra-psychique dont parle H eraclite (ci-dessus: II
1). Dans la
R épub liqu e
Platon c o m m en te ex p licitem ent l’expression
tô Kprixto)carco
û (p lu s f o r t de soi-m êm e)
et explique son utilisation. Il dit q u ’elle
est ridicule en e lle - m ê m e (430 e 11), à moins q u ’elle ne signifie que tv év
corai» tô) âvüpamco
raptTf|V t|/uxiiv ™ (ièv [3éÀtiov evi, t ô ôè /eipov, Km
ôxav [ièv
tôpéÀxiov <pûoei
toûxeipovoç
èyKpaTeçrj,
toûtoXÉyei
tô kpei'ttcoaÙTOÛ [...] (431 a 4 -6 :
dans l'hom m e en ce qui concerne l'âm e il y a le
m eilleur et le pire, et lorsque le m eilleur serait p a r nature fo r t p a r lui-m êm e,
cela signifie 'plus fo r t de soi-m êm e').
Mais en résu Ite-i I par là q u e Platon
exclue q u ’il soit possible que ce soit
le moins bon
qui serait
p lu s f o r t
? 87111
En guise de conc lu sio n voici trois remarques:
1
.
Les analyses historiques dans les d o m ain es de la p h ilo so p h ie /p sy c h o lo g ie
des se n tim e n ts sont à pro p o s car les m a le n te n d u s - p o u r ne pas dire d é f o r
m ations - sont énorm es. A titre d 'e x e m p le j ' e n cite deux, les d eu x étant en
relation a v e c la pensée grecque:
René D e sc arte s a c o m m e n c é son traité sur
Les passion s de l ’âme
en
a f firm a n t:
Il n ’y a rien en quoi paraisse mieux com bien les sciences que
nous avons des anciens sont défectueuses qu 'en ce qu 'ils ont écrit des p a s
sions.
L ’a u to rité du
père de la philosophie m oderne
qui é n o n c e une phrase
auto ritaire pèse lourd par son influence. M ais en réalité il s ’agit d ’un rac
courci dont le sens peut être éclairé par ses
Lettres à la p rin cesse E lisabeth
(s u rto u t la
L e ttre X II).
On y voit que par les
anciens
D e sc a rte s c o m p re n d
Epicure, Z én o n , et surtout S énèque. Or, ce sont les p h ilo so p h es de l ’ép o q u e
tardive (h e llé n istiq u e ou m êm e rom aine, en plus pour ce qui c o n c ern e
S en èq u e de la langue latine), peu re p r é s e n ta tif pour la G rè c e p ré s o c ra tiq u e
et cla ssiq u e p o u r ce qui est du rôle attrib u é aux se n tim en ts. C u rie u s e m e n t
dans son traité D escartes sem ble suivre l’e n se ig n e m e n t d ’A ristote sur
tô[-léoov parce q u ’ il dit (art. 21 I):
Car nous voyons q u 'e lles
[passions]
sont
toutes bonnes de leur nature, et que nous n 'avons rien à éviter que leurs
m auvais usages, ou leurs excès
[...].
Le d e u x iè m e exe m ple de m alentendu est lié à Dietrich von H ildebrand,
ap p e lé par le pape Pie XII
the 20th C entury D octor o f the C hurch
, qui parle
de
la nécessité de la révision de notion du sentim ent telle qu 'elle a été héritée
de l'A n tiq u ité
88. Il affirm e que pour les G re cs
le cœ ur et les sentim ents
n avaient p as de caractère s p i r i t u e l
Il le d é m o n tre de la m an ière suivante:
le cœ ur et te sentim ent ont été tout sim plem ent exclus du dom aine de l'e
sprit. Dans le
P h è d r e
nous trouvons encore les mots: ..La fo lie de l ’amour
est la p lu s grande bénédiction des d e u x ”, mais dans la
R é p u b liq u e -
en don
nant un cours systém atique des po uvoirs de l'â m e hum aine
-
Platon n 'ac
corde p as au cœur même la place sem blable ci celle qu'occupe la raison.™
M ais j u s t e m e n t - von H ildebrand re n v erse l’ordre c h ro n o lo g iq u e des deux
d ialogues en question. Le fait-il exprès ou in conscie m m ent? Et puis j e me
d e m a n d e s ’il a ch e rch é à analyser les deux d ialo g u es01.
L ’interprétation du rôle des sentim ents selon les A nciens est m aintes fois
biaisée par de telles c o n fu sio n s ou m au v aise s lectures qui p roduisent une
m anière de penser tend en c ieu se et scien tifiq u em en t nuisible: l’affectivité
selon les A n c ie n s au ra it été c o n s id érée s ec o n d aire par ra pport au facteur
rationnel. En c o n sé q u en ce elle aurait été qualifiée c o m m e
irrationnelle
, et,
en définitive, ju g é e
négative.
2 .
Il
faudrait v oir d 'u n e part dans quelle m esure la scission entre les fonc
tions de pensée et les fonctions affectives
92a co n trib u é à la n é g a tivisation de
l'a f fe c tiv ité - et, d ’autre part, quand elle s ’est produite: avec D escartes ou
H u m e? ou av a n t? à l 'é p o q u e d ’A ristote p e u t-ê tre 93?
Il
est fort p ro b a b le q u ’une telle persp ectiv e soit une pure dém arch e
m é ta p h o r iq u e (vide H u m e ) ou tech n iq u e et ne ré ponde point à la réalité
p s y c h iq u e 94. En effet les fonctions que l’on analyse sépa rém ent sont liées de
m an ière ind isso c iab le95. La preuve p eut en être q u e lo r s q u ’une personne
perd la m ém o ire des niveaux s upérieurs des s en tim en ts (ém otion, senti
ment, vécu), elle perd en m êm e tem p s sa propre identité personnelle. Cela
a l ’air d 'u n e thèse c o n te m p o ra in e m ais a p p a re m m e n t ce p h é n o m è n e a été
déjà re m a rq u é et d é c rit par Platon (to u jo u rs d an s le
P hèd re
):
Il fa u t en effet
que l ’homm e saisisse le langage des Idées, lequel p art d 'u n e m ultiplicité de
sensations
1%l
et trouve l'u n ité dans l'a c te du raisonnem ent
,97l
Or, il s 'agit là
d 'u n e rém iniscence
1981des réalités ja d is
vues
1" 1p a r notre âme, quand elle
suivait le voyage du dieu, et que dédaignant ce que nous appelons à présent
des êtres réels, elle levait la tête pou r contem pler l'être véritable. Aussi bien
il est ju ste que, seule, la penséeim] du philosophe ait des ailes, car les objets
auxquels elle ne cesse de s 'appliquer p a r le souvenir['°'\ autant que ses
fo rc e s le lui perm ettent, sont ju ste m e n t ceux auxquels un dieu, pa rce qu 'il
s 'y applique, doit sa divinité. L 'homme qui se sert correctem ent de tels
m oyens de se souvenir[ia2\ toujours p a rfaitem en t initié aux m ystères p a r
f a i t s ^ \ est seul à devenir vraim ent p a rfa iflmil°*.
La note des éd iteu rs re la
tive à ce passage est la suivante:
A la discipline logique de la pensée, qui con
duit à
/
'Idée et à la rém iniscence des visions oubliées, correspond sur le p la n
a ffe c tif le délire am oureux
. 106Et si l’on opte pour la position intégrale, j ’e ntends celle de la c o m p lé
m entarité de la pensée avec l’affectivité, la volonté, la m ém oire, on c o m
prend m ieux le soi-disant
intellectualism e so cra tiq u e
l07: si l’on pense que le
savoir éth iq u e de Socrate n ’a pas eu de ca rac tè re e x c lu s iv e m e n t intellectuel
- ce qui est j u s tif ié car dans ce cas-là la position de Socrate aurait été m a n i
fe ste m e nt fausse, puisque l’on o bserve ch a q u e j o u r que ce type de sa v o ir ou
de c o n n a issa n ce n 'e m p ê c h e pas de co m m ettre des vices - mais q u e l’on
accepte q u ’il reposait sur le savoir profond et vécu, lié à la pensée, à la
volonté et au x se n tim e n ts 108, on évite de co rrig er Socrate, de j u g e r sa posi
tion e n fan tin e et n a ïv e 100.
Je ne m e résous pas à d o n n e r de réponse défin itiv e à la question:
coïnci
dences ou influences?
11sem ble que l’ho m m e
as a biological being has
rem ained essentially unchanged fro m the beginnings o f civilization to the
p r e s e n t" 0.
Ainsi sans décider s ’il s ’agit des coïncidences ou des influences
m ais re tenant que les analogies sont visibles on peut
p r o fite r
de la philo so
phie g re c q u e a n c ie n n e pour
(re)constuirelu
l ’ontologie des sentim ents tout
en
utilisant
les données et les analyses effectuées par les philosophes
po stérieu rs, p o u r ne m e n tio n n e r que T h o m a s d ’A quin, H obbes, D escartes,
Pascal, S pinoz a, M a le b ra n c h e , S h aftesbury, H utche son. H um e, B rentano,
Ribot, M ein o n g , H usserl, S cheler, B ergson, H artm ann ou Sartre. P our cela
il faut p o stu ler des recherches plus s y stém atiq u es dans le ca d re de l’histoire
de la p h ilosophie/psychologie des s e n ti m e n t s " 2.
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qu'un sentiment? Sur la multiplicité des niveaux du sentim ent
]. „H eksis” 3-4/1 999, pp. 1860-192 [English su m m ary : p. 227]Z a b o r o w s k i R . :
La crainte et le courage dans l'Iliade et l'Odyssée.
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Sur le fragment DK 22 B 85 d'Héraclite d'Ephèse.
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[sous presse]Notes
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(N e w Y ork 1995) et la p s y c h o lo g u e J. S e g a I :Raising your emotional intelligence
(N e w Y ork 1997).: Par e x e m p le dans le livre de D. G o le m a n l’ in troduc tion est intitu lée
Le p o stu
lat d 'A ristote,
m a is ce la revie nt à ne s ig n a le r A risto te que d a n s son d e r n ie r p a r a g r a p h e (pp. 1 8 - 1 9 de la trad, polonaise).5 P. E k m a n , R. J. D a v i d s o n (éd.):
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N e w Y ork 1994, O xford U niversity Press, - le plus ancien p h ilo s o p h e qui soit cité est David Hume.4 Qui d o n n e des p a s sa g e s du
Timée
de P lato n (trad, de B. J o w e tt) et deDe
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(trad, p a r J. A. S m ith ) et deOn memory and reminiscence
( tra d , p a r J. I. B eare) d ’A ristote .Classics in the History o f Psychology,
An In tern et R e s o u r c e D e v e lo p e d by C. D. G re en , Y o rk U n iversity, T o ro n to , C a n a d a (h ttp ://p sy c h c la s- sic s.y o rk u .c a ). Ou enc oreHistory o f Psychology,
a j o u r n a l p u b lis h e d by the A m eric an P sychologica l A ssociation for the S ociety for the H isto ry o f P sy c h o lo g y sinc e 1998 ( h t t p : / / c o n t e n t .a p a .o r g / j o u r n a l s / h o p , en to u t 35 n u m é r o s j u s q u ’à août 2 0 0 6 ) - deux articles font exceptio n: R. B. T ig n e r & S. S. T igner,Triarchic theories
o f intelligence: Aristotle and Sternberg
(History o f Psychology
3, 2/2 000, pp. 1 6 8 - 1 7 6 ) et G. Kirkeboen,D escartes’s Regulae, mathematics, and modern psy
chology: „The noblest example o f a ll" in light o f Turing's (1936) On Computable
Numbers
(History o f Psychology
3, 4/2000, pp. 2 9 9 - 3 2 5 ) sinon les noms les plus an c ie n s s o n t H erbart, Ja m e s, R ibot et W undt. P o u r ce qui est de la rev u eEmotion
(cf. h ttp : //c o n te n t .a p a .o r g /j o u r n a ls /e m o ) j e n ’ai rien tro u v é qui relève de la p s y ch o lo g ie an tiq u e (en tout 23 n u m é ro s de 2001 à août 2006).' W . W. F o r t e n b a u g h :
Aristotle on Emotion
(1975, 2 éd.: L ondon 2002, D u c k w o r th ).6 P ar e x e m p le J. A n n a s :
Hellenistic Philosophy o f M ind
(1992),Passions &
Perceptions. Studies in Hellenistic Philosophy o f Mind. Proceedings o f the Fifth
Symposium H ellenisticum
, (éd.) J. B r u n s c h w i g & M . C . N u s s b a u m (1993), J. A n n a s :The Morality o f Happiness
(1993), M . C . N u s s b a u m :The Therapy
o f Desire. Theory and Practice in Hellenistic Ethics
(1994),The Emotions in
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S. R o t o n d a r o :Le emozioni del riso in Platone
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(éd.) P. V e n d i t t i , Le M o n n ie r, [Firenze 2003].8 J. F r è r e :
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(pp. 1 18-137),Some Remarks on A ristotle's Moral
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(pp. 2 3 7 -2 5 2 ).10 S. K n u u t i l l a :
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O x fo r d 2004, C l a r e n d o n Press.11 Cf. le titre de sa th èse: J. F r è r e :
Les tendances et l ’affectivité dans la
philosophie grecque, des Présocratiques à Aristote -
et encore:Platon and
Aristotle, to whom the book is largely devoted
(er de C. G i l l in: „ J o u rn a l o f Hellenic S tudies” 104, 1984, p. 228).12 L. P a l u m b o : E ros P h o b o s E p ith y m ia.
Sulla natura d e ll’emozione in alcu-
ni dialoghi di Platone.
Napoli 2001, Loffedo.13 J. F r è r e :
Ardeur et colère. Le
t h u m o splatonicien,
Paris 2004, Kim é - le p r e m i e r c h a p itre (qui c o n s titu e la m oitié de ce livre) est c o n s a c ré - il est vrai - à la p é r io d eAvant Platon
(pp. 1 3 - 1 0 6 ), dans sa 2e partie aux P ré so c r a tiq u e s: H eraclite, P a r m é n i d e et D é m o c rite .14 R. C. S o l o m o n :
The Philosophy o f Emotions
in:Handbook o f Emotions,
(éd.) M. L e w i s & J. M. H a v i l a n d - J o n e s . N e w Y o rk 2000, T h e G uilford Press, p. 3.15 Le r é s u lta t s e m b la b le , i n d é p e n d a m m e n t, dans une au tre r e c h e r c h e , a été o b te n u p o u r
V Iliade
etY Odyssée.
Des d e u x r e c h erch es seule la partie c o n s a c ré e à la c ra in te et au c o u r a g e d a n sY Iliade
etY Odyssée
a été publiée: R. Z a b o r o w s k i :La crainte et te courage dans
/ ’Iliadeet
/ ’Odyssée.Contribution lexicographique à
la psychologie homérique des sentiments.
W a r s z a w a 2 0 0 2 , S T A K R O O S .16 Wl. W i t w i c k i :
Psychologia,
t. 2. W a r sz a w a 1963, P W N , pp. 5 - 1 2 .17 L. S c h m i d t - A t z e r t :