A C T A U N I V E R S I T A T I S L O D Z I E N S I S
F O LIA LITTERARIA 33, 1992
Ewa K ozłow ska
LE PÈLERINA G E DANS L E S Q U IN ZE JO IE S DE M A R IA G E
Le prem ier sens du m ot latin „p ereg rin us” est l’é tran ger, ceiui qui a q u itté sa p atrie. C ette signification est encore sensible au XTIIa siècle et D ante s ’en fait l ’écho en con stan t q u ’au sens large, le pèlerin est celui qui vit loin de son pays natal. C ependant dès le h au t M oyen Age se m anifeste un p rem ier glissem ent de sens sur la voie qui m ène de l’„ étran g e r” au „p èlerin ”, au sens m oderne du m ot, — c’est un exil volontaire qui est en fait un exercice d ’ascèse.
En 954 est signalé le prem ier p èlerin connu qu i se soit rend u à Saint- Jacques-de-C om postelle. „B ientôt, com m e le constate Régine P ernoud, le m ouvem ent des pèlerinages, qui n ’av ait jam ais com plètem ent cessé, va p ren d re une am p leur e x trao rd in a ire et rév éler aussi une fécondité éto n n an te puisque p a rto u t où les pèlerins fero n t étape ne tard e ra pas à surgir quelque église — les églises dites de pèlerinag e, qui sont alors les plus vastes de la ch rétien té — ou quelque m aison-D ieu, m i-asile, m i-hôpital où les voyageurs po u rro n t passer la n u it, et les m alades ê tre soignés [...] Sous leu r pas d ’anciennes ro ute s re p re n d ro n t vie, comme celles qu i par les passages des Alpes m ènent à Rome, et de nouvelles sero nt frayées, comme, au delà des P yrénées, la ro u te de S a in t-Jacq u es- de-C om postelle [...] T oute une foule circule désorm ais, qui à pied, qui à cheval, se g ro u p ant pour a ffro n ter les routes, m ais aussi tout sim ple-m en t p ar p iété ”1.
Le pèlerinage d ev ient donc une v éritab le institutio n. Il est un tém oi-gnage de piété, la p énitence infligée à certain s crim es, ou la peine (va-riété du bannissem ent tem poraire) à laqu elle condam nen t certaines ju ri- dications, et aussi le m oyen d ’échapper à la ro utin e ou de courir les av en tu res. Aussi est-il considéré p ar l’Eglise et les P ouv oirs publics avec une faveur inégale, parfois imposé, parfois loué, parfois déconseillé, p a r-fois blâm é ou prohibé.
A côté des pèlerins q u itta n t leu r pays dans un désir de purification spirituelle, à côté des condam nés obligés p ar les trib u n a u x laïcs ou
siastiques à pé rég riner en c hâ tim ent de le u r faute, à côté de ceux qui a llaient visiter les sa nctua ire s par curiosité ou pa r désir de parcourir le m onde, beaucoup d ’homm es et de femm es, la m ajorité p e u t-ê tre de ceux qui fré qu en ta ient les lieux sanctifiés, allaient im plorer les saints pour obtenir la guérison du corps e t pour ê tre libérés de leurs m aladies et de leu rs infirm ités.
Chose curieuse, le pèlerinage des fem m es est dénoncé tout en long du Moyen Age comme une source d ’abus. En 791, le concile de F ré ju s proscrit le pèlerinage des femm es. On juge d ’une p a rt que la prom iscuité risque d ’ê tre dangereuse pour le ur v e rtu et d ’a u tre p a rt q u ’elles pe u -v en t être une in-vitation à la débauche pour d’autre s. On essaya donc de dissuader les fem m es de p a rtir. Le C hevalier de la T our-L andry, en a pp re na n t à ses filles les bonnes m anières e t les bonnes m oeurs, leu r raconte com m ent trè s souvent les belles dam es galantes, qui se rende nt volontiers en pèlerinages, en profitent pour re nc o ntre r leur am a nt2.
Nicolas de Clem anges re pré sen te la m êm e opinion. Il constate q u ’on organise les pèlerinages en pays lointains non pour pouvoir satisfaire à un voeu ou tenir une prom esse mais, dans la m ajorité des cas, pour la plaisance et la g ala nterie 3.
De telles opinions é ta n t fréquentes, il ne fa u t pas s’é tonn er q u ’un pa re il m otif devienne vite une source féconde pour la litté ra tu r e m isogy-ne. De tels thèm es a ppa raissent dans la litté r a tu re n a rra tiv e de la fin du M oyen Age. Les Quinze Joies de Mariage nous se rv iro nt d ’exem ple.
La notion de „pèlerinage” a pp a ra ît dans ce te x te trois fois, dans les Joies: IIe, V IIIe et X Ie. En com paraison avec d’a utres thèm es, celui-ci s ’avère im po rtant vu que le m otif tellem ent connu que celui de se pro -c ure r une nouvelle robe ou un bijou pa r une dam e n ’est rep ré senté que deux fois dans ce recueil.
Si dans les nouvelles II et XI le pèlerinage ne form e q u ’un élém ent de l ’intrigue, il occupe une place pré pondérante dans la V III0. Les fem -m es ont envie d’„aller aux cha-m ps jou e r”4 parce que „le te-m ps nouvel s ’approuche, et les ve rtuz s ’esm ouvent par l ’influence des elem ents et des plane tes”5. Le seul inconvénient est celui de gagner l ’autorisation de m onsieur le m ari. Ce problèm e reste vite réglé: on im agine une scène douloureuse dans laquelle la p auvre m ère, en larm es et gém issem ents,
2 „Et pour ce a c y bon e x em p le com m en t l'on n e do it pas ALER A U X sa in s v o ia ig e s pour n u lle fo lle p la isa n c e ”, Le L iv re du C h e v a li e r d e La T o ur-L a nd ry, éd. A . d e M o n ta ig lo n (Bibl. E lzev irien ne ), Paris 1854, p. 55, 63, 73, 79.
3 N i c o l a s d e C l e m a n g e s , O p era , 1613, p. 145.
4 Les Q u i n ze J o ie s d e M a ria g e , A. C olin, Paris (s.d.), p. 639. 5 Ib id em ,
déclare à son m ari q ue le u r en fa nt no uv eau-né est tom bé m alade „du pechié q u ’elle en a f a it”0, ce g rand péché n ’é ta n t rien d ’a u tre que ne p as aller en pèlerinage pour „N ostre D am e du P u y en A uvergne e t du R ochem adour” q u ’elle a prom is au tem ps de son accouchem ent. Le m a-ri consent et les p rép a ratifs com m encent.
L ’éq uip em en t du pèlerin est com plété p ar un costum e à l’origine peu d iffé ren t de celui des au tre s voyageurs et que l ’iconographie nous p e r-m et de conn aître à p a rtir du X II0 siècle et su rto u t aux X IV e et X V e siècles. Il s’ag it d ’abord de la cotte, sorte de tu n iq u e à m anches dont la lon gu eu r a varié des genoux a u x chevilles. Au dessus de la cotte, les pèlerin s p o rtaien t le plus souvent un su rcot de lon gueur égale ou in fé-rie u re à celle de la cotte, parfois ne co uv ran t que le buste. Ce surcot é ta it en général fendu su r le côté et pouvait ê tre avec ou sans m anches. Ce costum e était com plété par un chaperon et un chapeau. Le chaperon é ta it un capuchon prolongé par une courte cape co uv ran t les épaules. Sur le chaperon é ta it très souvent posé un chapeau de feu tre ou de cuir, re te n u p ar une ju gulaire. L à aussi, la form e a varié: au déb ut une sorte de bonnet, puis chapeau à bords ra b attu s, enfin, à p a rtir du XV- siècle un chapeau rond à larges bords relevés par devant. C’est aussi au X V e siècle que la ten u e du pèlerin se tra nsfo rm a assez n e tte m e n t: la cotte et le su rco t racco u rcire n t e t le surcot fu t reco u v ert ou rem placé par la longue cape qui p rit le nom de pèlerine. A p a rtir du X V e siècle, a p p a r a ît aussi dans l ’iconographie (mais p eu tê tre ex istaitelle déjà a u p ara -vant) la calebasse pour contenir la boisson. Q uan t aux fem m es, elles p o rtaien t égalem ent cotte et surcot, m ais la cotte descendait jusqu'au x pieds. Le pèle rin p o rta it so uvent u n signe d istin ctif accroché à son v
ê-tem ent.
Les costum es prép arés, les chevaux choisis, s’approche la d ate du départ. D ans n o tre texte, on se propose de p a rtir le dim anche de Q uasi-modo, c’est-à-d ire le p rem ier après Pâques. Vu les difficultés de voy a-g e r à l’époqu e e t l’é ta t des routes, o n constate q ue le m om ent de l’année le plus propice aux pèlerinages est le printem ps. C haucer l ’a très bien exprim é dans le prologue des Contes de C anterbury:
Q uan d A v r il de se s a v e r s e s d o u c e s
A p e r c é la s é c h e r e s s e d e M ars ju sq u ’à la r ac in e ,
A lo r s ont le s g e n s d é sir d ’a lle r e n p è le r in a g e Et le s pau m ie rs de g a gn e r le s r iv a g e s é tr a n g e r s
A lla n t au x lo in ta in s sa n c tu a ir e s, c onn u en d iv e r s p a y s 7.
11 I bid e m , p. 640.
7 C h a u c e r , C o n te s d e C a n t e r b u r y , cit. d ’ap rès P. A . S i g a 1, Les marcheurs d e Dieu, P aris 1974. p. 67.
L a com pagnie se m et en ro u te; les dam es so nt entou ré es d ’hom m es puisq ue on sait bien q u ’un tel voyage est da ng e reu x et difficile. Les docum ents en tém oignent. Voici un exem ple tiré des M iracles de N otre- -Dame de R ocam adour8 (au X IP siècle), sa n ctu aire au q u el se ren d n o tre hé roïne: u ne noble dam e, a lla n t en ipèlerinage à Rocam adour, ren c o n tre en chem in un jeu n e hom m e aim able et d ’aspect élégan t q u i se jo in t à elle p ou r lui ten ir com pagnie, gagne sa confiance... e t en profite pour lu i dérob er trois vases p récieu x et un e som m e de 80 sous.
L e voyage est long, la dam e est fatiguée et d em ande à son m ari, si c’est lu i q ui l’accom pagne, p lu sieu rs services:
M ain ten an t e lle dit qu e e lle a un e stre f trop lo n g et l'autre trop court; puis dit qu e le c h e v a l tr ote dure, e t e n e s t m alade; m ainte n an t e lle d e sc e n t, e t puis la fault rem onter , e t fau lt qu'il la m aine par la bride pour p asse r u n g pont ou un g m au ve s ch em in; m ainte nan t e lle n e pe ut m en ger, e t si c o n vie n t q ue le bon hom m e , qui est p lu s c ro tté q ue un g ch ien , tr ote p arm y la v ille à lui qu érir ce qu e e lle d em and e 9.
E n v é rité sa tâche est facilitée grâce au x au berges o u des m aisons- -ab ris q u ’on a c on stru ites to u t au long des ro u tes m e n an t au sanctuaire. Le s ta tu s m êm e du p è lerin a ss u ra it q ue lq ue privilèges ju d icia ires qui g ara n tiss aie n t à celui-ci le logem ent et le ra v itaille m e n t dans des hospces. G râce a u G uide du pèlerin de Sa int-Ja cq u e s10, on c o nn a ît les s e rv i-ces re n d u s a u x passants, p ar exem ple, le lav e m en t des pieds. I.es do cu-m en ts du X IV e siècle p a rle n t de l ’an tiq u e co utucu-m e de d istrib u e r au x p èle rin s de M on tserrat du pain, du vin, d u from age et du se l11. Q uand la n u it venait, les v o yag eurs tro u v a ien t un repos d an s des lits collectifs où l ’on d orm ait à trois ou q u atre .
Enfin, le voyage fini, nos p èle rin s a rriv e n t au san ctu aire. La dam e et ses am is y p rie n t avec u n e dévotion exem p laire tan dis qu e le p a u -v re m ari „est bouté et foullé en la presse, p ou r faire passer sa fem m e” 12 le plus près possible de la châsse, pour to uch er les sain tes reliques. Une fois ce sa in t devoir accom pli, le p èlerin se p rép a re à p re n d re le chem in de re to u r. A ce m om ent, il n ’a qu e deu x désirs: celui d ’e m p orter avec lu i q ue lq u e objet, p a r l ’in te rm é d ia ire d u qu el la v e rtu th a u m a tu rg iq u e des reliq u es p o u rra se tra n sm e ttre , et celui de ra p p o r te r chez lu i une p reu v e concrète de son pèlerinage. P o u r sa tisfa ire le p rem ier souhait, le p èle rin se p ro cure qu elqu e re liq u e rep ré sen ta tiv e : poussière du to m
-8 V oir S i g a l , L es m arc he ur s..., p. 67. 9 Les Q u in z e Joies..., p. 640.
10 V o ir S i g a l , L es m archeurs... , p. 72. 11 Ibide m.
beau, eau sacrée. P o u r rép o n dre au deuxièm e, on ch erche des enseignes de pèlerinag e que l ’on v e n d a it d ans la p lu p a rt des sanctu aires. Dans n o tre cas, la dam e dem ande à son m ari de toucher sa c e in tu re et ses chapelets à la sain te im age de N otre-D am e, ce q u i lu i p erm et de g ard er la grâce th au m a tu rg iq u e de la Vierge. U ne a u tre fois, la dam e v e ut em p o rter comm e so uven ir de son pelèrinage les o bjets q u ’on y vend. E lle n ’est pas isolée dans son désir; „On y a de riches dames, dam oisel- les, bourgeoises, qui sont de le u r com paignie, qui ac h ap te n t p aten ostres de coral, de gest, ou d ’am bre, aim eaux , ou a u tre s jo y a u lx ” 1,1.
L e problèm e essentiel est de se p ro cu rer les enseignes du pèlerinage, q u ’on accroche selon la tra d ition à la coiffure, à la cein tu re, ou au r e -v ers du m anteau. Ces enseignes so ulignaient la q u alité du p èlerin et lui assu raien t m êm e la bienv eillance des h a b ita n ts des villes et des villages trav ersé s dans la ro u te. C haque sa n ctu aire possédait un ou p lusieu rs types iconographiques précis. D ans le cas de R ocam adour fig u raie n t soit la V ierge avec, au rev ers, l ’image de sainte V éronique, soit la V éronique seu le 14.
Le voyage term iné, la com pagnie re v ie n t à la m aison et à ce mo- m en t-là il s’avère q u e les effets qu e le pèlerinage a p rod uits sont de d ifféren te n a tu re . P erso n n e n e p eu t n ier les v a le u rs religieuses. P o u r l ’hom m e m édiéval, le fait de se p ro cu rer des grâces et des jubilés est d ’une im po rtan ce év idente. Mais, ce b u t sublim e à p art, une a u tre con-séquence se dessine, celle-ci to u te laïque. L a dame, u n e fois re ve nu e , „ne fera rien de quinze jours, sinon p a rle r à ses com m eres et cousines, e t p a rle r des m ontaig nes que elle a v eu es et des belles chouses, et de to u t ce que lui est a v e n u ”15. So rtie de son ca dre dom estique, n otre h éro ïn e en re g istre to u tes les im pressions nouvelles dues à la d iv ersité du paysage, elle con naît les d iffére n ts modes de v ie : coutum es, m oeurs q u ’elle com pare et co nfro nte avec les siens. T out cela dev ien t pour elle une nouvelle éducation lui p e rm e tta n t de tra n s m e ttre ses acquis à ses amies. D ans c ette lu m ière le pèlerinage rend possible l ’échange des idées, ce qui po ur la période m édiévale est d ’une g ran de im portance. On ne p e u t pas ou blier que la société de Moyen Age est trè s avide d ’écouter les récits; elle form e un public qui estim e beaucoup tous ceux qui p eu v e n t lui ra co n ter des choses in téressan tes; l ’estim e est plus g rand e en -core si le causeur raco n te ses p rop res souvenirs. Il est to u t n a tu r e l alors que l’h éroïne de la V IIIe nouvelle, a y a n t un e fois goûté le pla isir de
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IS Ib i d em .
11 S i g a 1, Les m arc he urs..., p. 85. 15 Les Q u i n ze Joies..., p. 641.
v oyager et de voir un m onde d iffé ren t, „vo uldra voiager et e stre p a r ch em in” 16.
La Seconde Jo ie du recu eil n ous fait co n n a ître un e dam e qu i p ro fite de l ’occasion que lu i crée le pèlerinag e pour se m o n trer, d an s la société, tou te belle et bien h ab illée q u ’elle é ta it17. Dans ce contexte, le p è le ri-nage p erm et de se d iv e rtir et en m êm e tem ps de p rés en ter ses ch arm es et sa richesse. C ette fois-ci, la dam e va en p èle rin a g e en com pagnie de ses am ies e t des jeun es gens q u ’elle a choisis, laissan t son m ari à la m aison. P e n d a n t le voyage, elle s ’am use bien et, pour citer l ’au teu r, „elle se exploicte à d an ser et à c h a n te r”18.
D ans la Jo ie XI, le m otif du p èle rin age joue le rô le dans l’in trig ue inv en tée dans le b u t de m arier une jeu ne fille. P o u r do nn er une occa-sion au x jeu nes de se p a rle r e t de se m ieux co nnaître, on p ro fite d 'un isolem ent en c ré a n t une am biance d ’in tim ité. L e p èle rin age p a ra ît p ro -pice à u ne telle in ten tio n , o n a n n o n c e donc le d é sir d ’y a lle r19. P en d a n t le voyage, on surv eille q u e les jeu ne s gens soient to u jo u rs ensem ble: ils m o n ten t à m êm e cheval, et à ch aq ue occasion on laisse l ’am a n t servir sa belle „do nt il a g ra n t jo ye”20.
Trois exem ples p résen tés ici nous p e rm e tte n t de c o nstater que le „ p èlerin ag e” au M oyen Age n ’é ta it pas forcém ent lié au x besoins s p iri-tuels de l ’hom m e et à sa piété. Sans doute, les raisons religieuses ou ju d ic iaires se m e tte n t-e lle s com m e fa cte u rs in itiau x, m ais dès le d éb u t le pèle rin ag e re m p lit beaucoup d ’a u tre s fonctions, cette fois-ci profanes. L e s ta tu t de la fem m e au M oyen Age la co nd am nait à v iv re dans un cercle déterm iné, form é pa r sa fam ille et son foyer. Si elle le q u itte, c’est pou r alle r à l ’église ou, plu s rare m e n t, po ur se re n d re avec son m a ri dans u ne ville la p lus proche (par exem ple, à cause d ’un procès — cf. le cas de l’h éro ïn e des A ngoysses douloureuses) — le p è lerin ag e lui
p e rm e t de s ’ab sen ter de sa m aison. C urieuse de sa n a tu re , elle po u rra é la rg ir ses connaissances et v isite r des pays inconnus; ce q u i p lus est, le p èlerinag e favorisera ses goûts et ses aspiration s lu diq u es et ém o tion
-16 Ibidem .
17 „La se c o n d e j o y e si e st qu and la dam e se s e n t r ic he m en t ab illé e , c om m e dit e st, et sç ait b ien q ue e lle est b e lle , [...] e t v a ä plu seu rs fe ste s , ass e m b lé e s e t p e le r in a ge s" , ibid e m , p. 642.
18 I bid e m, p. 603.
10 „Lors la dam e dit a u x ge n tilz h om m e s, d on t il y en a à l'av e n tu r e d es pare ns de la je u n e d am o ise lle : „il co n v ien t, fait e lle , q ue nou s a illo n s de m ain en p e le r in a ge à N o str e-D am e de te l lie u . — V raiem en t, font-ilz, M adam e c 'e st très b ie n d it1', I bid e m, p. 652.
nelles. Envisagé dans le ca dre du voyage d on t le tra it d istin ctif est celui de se déplace r dans l ’espace, le pè lerin age dans L es Q uinze Joies, qu els que soien t ses aspects m o raux , reste m alg ré to u t un voyage en richissant.
U n iv e r sité de Łódź P olog n e
Ewa K o z ło w s k a
PIELGRZYMKA W P IĘT NAS T U U CI E CH AC H S T A N U M AŁ Ż EŃ S K IEG O
A rty k u ł om aw ia c y w iliz a c y jn e a s p e k ty p ie lg r z y m e k w k o ń c ow e j fa z ie śr e d n io-w ie cz a . Fakt, iż o p in ie na tem at p ie lg r z ym oio-w a n ia k o b iet b y ły d ość zr óż nicoio-w an e, a c z ę sto w r ęc z n ie p oc h leb n e , u c z yn i! z p ie lg rz y m k i m o ty w d o ść r o z p ow sz e c h n io n y w literatu rze m iz og in ic z n e j e po ki. W ar tyk u le z w r óc o n o u w a g ę na r olę te g o m otyw u w P ię tn astu U c iec ha c h M ałż e ń s k ic h.
D la k o b ie ty z am k n ię te j w c z te re c h śc ia n ac h dom u, p ie lgr z ym k a, poza fu nk cjam i r elig ijn y m i, stw a rz ała o k az ję do p ozn an ia św iata , z o b a cz e n ia in n yc h lu dzi i in n e g o spo&obu m y śle n ia. P ełni w ię c rolę p oz n aw cz ą. W a n aliz ow an y m u tw or ze u k azan o r ó w n ie ż lu d y c z n y asp ek t p ielgr z ym k i. D aje ona k o b ie c ie m o ż liw o ść za b aw ie n ia się, p ok azan ia k os z to w n yc h , n o w y c h su kien c z y b iż uterii, a ta k że o lśn ie n ia sw ą urodą c z y czarem .