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"Sylwy współczesne. Problem konstrukcji tekstu", Ryszard Nycz, Wrocław 1984 : [recenzja]

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Andrzej Kublik

"Sylwy współczesne. Problem

konstrukcji tekstu", Ryszard Nycz,

Wrocław 1984 : [recenzja]

Literary Studies in Poland 20, 111-119

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cation, linguistique textuelle, structuralism e, sém antique générative, théorie des actes du langage, sém iologie, poétique de la réception, h erm é n e u tiq u e ...) anim ent une conception théorique originale qui intègre les fils de réflexion app arentés des approches divergentes dans une d ém o n stratio n claire, fondée sur une arg um en tatio n co hé­ rente et réfléchie, se servant d ’un outillage term inologique hom ogè­ ne. Le style de pensée situe décidém ent cet ouvrage dans le co u ran t central des recherches littéraires p o st-stru cturalistes: la réflexion en termes d ’oppositions binaires a été supplantée p ar une réflexion en termes du cham p ou du réseau de relations com plexes; l’identité de l ’objet étudié ne constitue plus une donnée prim aire et simple, mais l’efFet d ’une interaction com plexe et du couplage de facteurs hétérogènes que l’analyse enregistre soigneusem ent; enfin, le raffinage des m odèles purem ent théoriques, dans une d ém on stration abstraite, a été rem placé p ar de fines analyses d ’énoncés concrets, con du isan t, p ar le chem in le plus direct, aux conclusions théoriques d ’une portée universelle. C et em pirism e spécifique, renforcé encore p ar un ra tta c h e ­ m ent visible de toutes typologies et classifications à certains d éterm i­ nan ts linguistiques et discursifs, rend to u te cette conception théorique crédible car il fonde à la fois sa vérifiabilité et sa grande valeur pédagogique. Le texte constitue ici vraim ent un systèm e de référence, com parab le au point d ’appui d ’A rchim ède: il est le p oin t de d épart, l 'e.xperimentum crucis et la fin ultim e de la procédure. La théorie com m unicationnelle de l’oeuvre littéraire qui, de plus en plus distincte­ m ent, m anifeste sa présence au ca rre fo u r de diverses initiatives th éo ri­ ques dans les recherches littéraires contem poraines, a gagné, dans l’ouvrage en question, une réalisation ém inente.

R y s z a r d N y c z Trad. par T o m a sz S tr ô z y n s k i

R y s z a r d N y c z , Sylwy współczesne. Problem konstrukcji tekstu

(Les silvae rerum contemporaines. Problème de la construction du texte), O ssolineum , W rocław 1984.

Le livre de Ryszard N ycz est consacré aux m étam orphoses qui surviennent dans la littératu re polonaise contem p orain e. L ’au teu r tâche de rendre com pte de ces m étam orphoses à l’aide de la concep­

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tion de « form ation » de M ichel F oucault, et les « silvae rerum c o n tem p o rain es» , qui titren t l’ouvrage, doivent ju stem en t signifier « le type actuellem ent d o m in an t de la form ation littéraire m o derne »

(p. 6).

Le livre se com pose de q u atre chapitres, encadrés d ’une in tro ­ duction et d ’une conclusion.

Le point de d ép a rt des considération s de Nycz, esquissé dans l’introduction (« D e la silvicité* ou la difficulté à préciser l ’objet »), c ’est le co n stat des échecs auxquels ab outissent d ’h ab itu d e les te n ta ­ tives d ’analyser et de systém atiser cette p artie de la p ro d u c tio n littéraire co n tem p o rain e d o n t l ’essence consiste dans un agencem ent individuel d ’unités hétérogènes, issues de différentes régions de l’u n i­ vers discursif. Les ressources de la « recherche littéraire co n v en tio n ­ nelle » (selon la form ule de l’auteur) : les norm es génériques sta n d a r­ disées, les d éterm inants esthétiques du co u ran t littéraire et m êm e les o ppositions fondam entales telles que: poésie — prose ou littéra­ ture — n o n -littératu re, s’avèrent un instrum en t inefficace. Elles p e r­ m ettent seulem ent de révéler la non-spécificité des traits de cette prod u ctio n et son caractère antisystém ique. L ’utilisation de ces m oyens ne perm et pas non plus d ’o b ten ir une perspective em brassant la totalité, ni de form uler les règles qui in co rp oreraien t les textes particuliers dans un cham p d ’investigation com m un.

Je c ro is q u ’il faut accep ter la c o n c lu sio n — écrit N y c z — q u 'im p o se une r e c o n ­ n a issa n ce prélim in aire du p ro b lèm e: en effet, la créa tio n de c ette so r te est a ttein te, d ès l ’origin e, d ’u n e n ég a tiv ité, d ’un déficit d ’ex isten ce, d ’un m a n q u e d ’o b je ctiv ité (p. 6.).

Ceci résulterait des caractéristiques générales de la p ratiq u e litté­ raire contem poraine, m arquée p ar l’absence d ’un objet achevé, a u to ­ nom e: 1) en tan t q u ’objet de représentatio n (antim im étism e, rejet de la fable et prétextualité du sujet); 2) en tan t q u ’objet d ’art (l’a b a n ­ don de la conception rh éto riq u e de l ’oeuvre et le tran sfert du centre de gravité du p ro d u it sur le processus de p ro du ction , ce qui se m anifeste p ar la désintégration de la form e et l’h y b rid atio n ; 3) en tan t q u ’objet esthétique (pertu rb atio n de l’expérience esthétique, due à la déception de l’atten te p o rta n t sur le respect des règles c a n o ­

* Les n é o lo g ism e s d érivés de silv a im iten t ceux que R. N y c z a forgés en p o lo n a is [N .d .T .].

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niques de la poétique et de la connaissance de la littératu re (faute de caractéristiques qui co rresp o n d ra ien t aux critères d ’objectivité p ro p res à une théorie donnée). La connaissance d ’une littératu re créée dans de telles circonstances exigerait un renversem ent de la perspective: on d o it la considérer « d e son p ro p re p oin t de vue et à travers la conscience littéraire actualisée en elle », ad m ettre l’insti­ tu tio n littéraire p o u r son systèm e de référence n ég atif et reconnaître que sa singularité tient à cet objet fuyant, n ’ayant pas d ’existence pleine et solide.

N ycz reconnaît, aux form es q u ’il discute, une zone de positivité, « s’éten d a n t entre l ’o rd re institutionnel de la réalité objective, de la littératu re can on iqu e, des recherches littéraires standardisées et le chaos de l ’expérience, l’am orphism e de la form e, l’éclectisme ou la licence de la théorie » (p. 7). Le statu t lim itroph e de cette zone fait que ce qui décide de l’intégralité des oeuvres en question, ce n ’est pas l’influence d ’un centre stru ctu ral ou sém antique — l ’auteur m et en question son existence — m ais la d o m in atio n de certains m odes « form ationnels » de re présen tation , de p ro d u c tio n et de connaissance de la littérature. L a fo rm atio n des silvae rerum contem poraines constitue, en term es imagés, non pas une constellation, m ais une nébuleuse. En la su b o rd o n n a n t aux « règles d ’une singulière p oéti­ que du transitoire, de P e n tre -te m p s ’ h isto rico-littéraire et de la ‘zone fro n ta liè re’ th éorico -littéraire » (p. 7), N ycz ne préjuge pas si les oeuvres, qui l ’occupent, p rolo ngent ou p lu tô t rejettent la littératu re antérieure; si elles rep résen ten t une phase de recherches, d ’expé­ riences littéraires ou p lu tô t inaugurent une nouvelle conception de la littérature. L 'o b jec tif de son travail, c ’est une conceptualisation des processus se d éro u lan t dans la littératu re polonaise contem poraine, une ten tativ e« d ’élab o rer/re co n stru ire un systèm e de référence com m un, une espèce de ‘gram m aire du c o n tex te’ au sein de laquelle la nouveauté des solutions artistiques, l ’individualité des attitud es créa­ trices ou l’originalité des entreprises critiques p o u rraien t être fructu ­ eusem ent exam inées » (p. 7).

Le prem ier ch ap itre du livre, « Les silvae rerum contem poraines face à l’institution littéraire », traite des principales caractéristiques des textes relevant de la classe des silvae rerum et — avant to u t — présente les résultats d ’une c o n fro n tatio n des « silvae rerum con tem ­ poraines » avec les exigences im posées par l'in stitu tio n littéraire (telle

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qu elle est définie p ar J. Culler). Les rem arques p rélim inaires doivent justifier la réactualisation de ce concept. En ca rac té risan t les form es silviques, l’auteur s ’en ra p p o rte aux observations de S tefania Skw ar- czynska sur la stru ctu re de la silva rerum, en faisant re m a rq u e r à la fois que déjà les variétés sém antiques du m ot silva (la forêt, le bois — m atériau, le sub strat, l ’élém ent) co m p o rte n t les aspects principaux de la form e silvique. Ces observations situen t les form es silviques négativem ent p ar ra p p o rt au m odèle rh étoriq ue de la p ro d u c ­ tion, de la stru ctu re et de l ’influence de l’énoncé, et p a r ra p p o rt aux conceptions corresp o n d an tes de la mimésis, de l ’a u te u r et de l ’oeuvre. Nycz propo se aussi sa p ro p re classification d o n t les critères sont déterm inés par des conceptions modifiées de trois p lan s du schém a rh étoriqu e (1) invention et m ém oire, 2) disposition, 3) élocution). C ette classification fait voir les silvae rerum, entre autres, com m e une catégorie supragénérique où la disposition a p o u r équ ivalen t deux m odes d ’agencem ent — le type « b rouillon » et le type « im provi­ sation ». L ’auteur note aussi l’intérêt p o u r les silvae rerum q ue m ani­ festent aussi bien les historiens de la littératu re que les critiques et les écrivains.

D ans l’optique de Nycz, ce qui constitue le trait essentiel des form es silvique, c ’est une intertextualité consciente, intentionnelle, le principe de m étatextualité, ten d an t à abaisser les form es propres à la littérature et à les co n fro n ter avec les form es p aralittéraires, qui fait des silvae rerum un discours critique. C ’est d an s ce contexte q u ’est analysé, d ’une façon particulièrem ent m inutieuse, le rôle que jo u en t, dans les silvae rerum, les form es de carnet, de jo u rn a l, de brouillon. Ces form es révèlent, parm i d ’autres, la situ atio n com m u- nicationnelle intratextuelle de lectu re—écriture, co n stitu an t — selon Nycz — les silvae rerum. C ’est elle qui perm et d ’intro du ire, dans le texte, la situation de sa réception et, à l ’ém etteur, d ’assum er le rôle du héros de son p ro p re texte; elle transfo rm e l ’histoire raco ntée en histoire d ’un récit.

P arm i les form es d ’énoncés au milieu desquelles naissent les

silvae rerum, c ’est au fragm ent que N ycz attrib u e une im p ortance

to u te particulière. La p oétique du fragm ent concentre, croit-il, les. traits constitutifs de l’énoncé silvique: authenticité am biguë, m anque- d ’auto nom ie sém antique, unité et fragm entarité.

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S o it l’énoncé reste m atériellem ent inachevé, soit il se trouve situé d a n s un espace dialogique p ar ra p p o rt à une création individuelle o u aux textes étrangers. Enfin, l’oeuverture des silvae rerum se ra tta c h e aussi aux p articu larités de leur réception. N ycz caractérise les m odifications, que les silvae rerum subissent à cet égard, en analysant les tran sfo rm atio n s du rôle de l’énoncé-titre, des form ules initiales et finales, c ’est-à-dire des énoncés m étatextuels assum ant des fonctions cohésives im portantes.

Les analyses, q u e N ycz a effectuées, l’am ène à conclure que, bien que

le s textes en q u e stio n ne p èch en t p a s par une co n stru ctio n cla ssiq u e [ ...] les garanties fo n d a m e n ta le s de la co h é r e n c e de l ’é n o n c é y so n t form e llem en t con se rv ées ou d ev ien ­ n en t un p ro b lèm e, et en ce ca s, elles so n t th ém a tisées. D e m êm e, les silva e reru m ne d ép a ssen t p as le cad re d e la littérature, p ou r d even ir une form e n o u v elle o u se disp erser parm i les écrits a u to b io g r a p h ic o -d o c u m e n ta ir e s. La critiq u e du la n g a g e de la littératu re, q u ’elles o n t en trep rise, a été réalisée avec les ou tils d e la littératu re m êm e, en intensifian t, to u t au p lu s, certa in es d e ses prop riétés o u en les é ten d a n t sur d ’autres territoires d iscu rsifs (p. 35).

La critique, inéherente aux form es silviques, serait dirigée contre les o p positions systém iques de la littératu re: 1) en tre langage et m étalangage — aussi bien p o u r ce qui est de l’op po sitio n entre langue co u ran te et langue de la littératu re q u ’en ce qui concerne l’opposition en tre langue de la littératu re et langue de la critique littéraire; 2) entre langage com m e m oyen et langage com m e b u t; 3) entre la lecture du texte en ta n t que d o cum en t et sa lecture en ta n t que fiction; 4) entre référentialité et figuralité. C ette critique vise aussi l’autonom ie et l ’originalité com m e critères essentiels de l’énoncé littéraire. Sur le plan de la théorie des genres littéraires, elle ten drait à m ettre en question les divisions traditionnelles en genres et à sou­ ligner l’im portance q u ’ont, p o u r la con stitu tio n du sens, le contexte et la situation.

En s ’o p p o san t à l ’institu tio n n alisatio n et à l’instrum entalisation contem poraines du message, ressenties com m e une situation com m u- nicationnelle oppressive, les silvae rerum ne créent pas cependant de constru ctio ns sém antiques qui satisfassent les attentes typiques des lecteurs.

Le texte — tel q u ’il est co m m u n iq u é au lecteur — apparaît c o m m e un systèm e de b ro u illo n s et de gloses, faites sur les m arges d es autres én o n c é s, d ’a n ecd o tes et d e co m m e n ta ires, de p ré-textes et de m é ta tex tes, ob scu ré m en t reliés, qui pren n en t

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la p la ce d ’une esp èce de c o m p o sitio n rh étoriq u e. Le refu s d e c o m p o se r l ’oeuvre, m a n ifesté ain si, trou ve une m o tiv a tio n su rtou t n ég a tiv e: la d éfen se c o n tre la nécessité de se sou m ettre à la « liturgie du récit » (form ule de R ó ż e w ic z ) et la m éfiance à l ’égard de la p ersuasivité facile d es form es stéré o ty p ées (p. 38).

Le m ode fragm entaire d ’écriture, d o m in an t 'dans les silvae rerum,

a yan t d é v o ilé la réalité du la n g a g e, ainsi que les n o rm es h isto riq u es régissant so n articu la tio n [ ...] se d ista n cie d e l ’ex clu siv ité du sens lo ca l — [ ...] p o u r entrer dan s le « m o n d e d iscu té » b a k h tin ien , d a n s le ch a m p d isc u r sif de p robabilités des liens in tertextu els d o n t l ’u n ité p r o fo n d e est ju stem en t u n e h y p o th è se qui dem ande à être ju stifiée: l ’o b je c tif et l ’ob jet risqu és de cette écriture d ’essa i à la recherche de ses p rop res lim ites (p. 39).

Que les énoncés littéraires, dans les form es analysées p a r Nycz, soient mis sur le pied d ’égalité avec les énoncés usuels ou paralitté- raires, cela entraîne — selon lui — encore d ’au tres conséquences. Cela nous obligerait « à rejeter la conception de la littératu re com m e un ensem ble des textes, distingués en vertu d ’un faisceau de propriétés spécifiques ou du rép erto ire des norm es et d e s ‘ règles q u ’ils appli­ quent » (l.c.).

Le deuxièm e ch a p itre — « Les m anières d ’écrire » — est rempli d ’analyses des pratiques d ’écriture de M iłosz et de G om brow icz. La spécificité de l ’activité littéraire co n tem p o rain e se laisse, en effet, découvrir dans la façon d o n t l’écrivain co n stru it le texte, dans sa m anière de procéder qui tend à représenter les form es langagières (actualisées et possibles) d ’organisatio n de l’expérience. La partie consacrée à la création littéraire de M iłosz est intitulée « B io-grap­ hie de l ’idée ». Ceci suggère une su b o rd in atio n de la création de l’au teu r de la Terre d ’Ulro à une volonté d ’exprim er le processus « d ’autorévélatio n du sens, de ‘tra d u c tio n ’ com m e verbalisation-expli­ cation de ce qui est latent, obscu r et innom m able ». La p ro d u ctio n littéraire de M iłosz est une espèce de tra d u c tio n ; la façon de procéder qui y dom ine, c ’est le com m entaire ap p araissan t sous deux form es: celle de gloses et celle de notes m arginales. La partie consacrée à la p ra tiq u e d ’écriture de G om brow icz est à son to u r intitulée « B io-graphie de la structure ». Nycz analyse le rôle de la p arodie dans l’oeuvre de G om brow icz, mais il trouve la clé essentielle de celle-ci dans le principe de bricolage (au sens que ce term e a reçu chez Lévi-Strauss). Ce principe n ’est pas com plém entaire p a r ra p p o rt

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au principe de com m entaire. Les entreprises artistiques de G om bro- wicz, affirme Nycz,

partent in variab lem en t d'un sto ck in v en tif des lieux c o m m u n s littéraires que ces textes co n se rv en t, d an s une d éfo rm a tio n p a ro d iq u e , c o m m e d im e n sio n a rch éo lo ­ gique de leur gen èse, pour produire — à travers un n ou vel a g en cem en t de leurs c o m p o sa n ts — un réseau de rela tio n s par rapport au q u el la structure recherchée reste to u jo u rs à venir, toujou rs p o te n tielle (p. 83).

Les constru ctions des textes de G om brow icz reflètent, en quelque sorte, le m ouvem ent circulaire sur un cercle privé de centre, elles co m p o rten t, non pas un excès de sens, m ais un excès d ’agencem ents possibles q u ’il fau drait, au fur et à m esure, expliquer et com m enter. Nycz voit le principe identique fonctionner dans l’a u to p o rtra it artisti­ que p ro d u it p ar l’écrivain, d an s 1’« au to créatio n » de G om brow icz (le Journal).

Les m anières d ’écrire de M ilosz et de G om brow icz experim ent — suivant l’opinion de Nycz, form ulée dans le ch ap itre III, intitulé « Thèses sur l’excentricité du texte » — deux positions extrêm es dom i­ n an t depuis le début du X X e siècle: l’o rien tation phénom énologico- -herm éneutique et l’o rien tatio n sém iologico-structuraliste.

Il se m b le — affirm e l'auteur d es S ilva e rerum c o n tem p o ra in es — q u e le p o ly ­ m o rp h ism e de la littérature c o n te m p o r a in e , la d iversité des so lu tio n s in d ivid u elles qui ap p a ra issen t d a n s cette fo rm a tio n , su b it aussi la diversification g én érale qui affecte les id ées du lan gage et les p ro cessu s a n a ly tiq u es d o m in a n ts q u ’on a indiqués ici (p. 92).

D ans la suite du chapitre, Nycz tente de définir ce phénom ène en re co u ra n t, d ’un côté, aux catégories telles q ue: centre, perte du centre et tentatives de restituer le centre, et, de l’autre, à deux m odes d ’excentricité différents. C om m e O rtega y G asset, il voit l’essence des changem ents dans l’art, com m encés avec le m odernism e, dans le procès qui m ène à son « atranscendance », dans l’effondrem ent d ’un code central et intégral. L ’axe de ces m étam orphoses, c ’est une crise de la représentation considérée com m e: 1) la conception tradition nelle du langage et, liée à celle-ci, la conviction que la littératu re représente le réel; 2) la conception de la form e o rganiq ue d o n t l’intégralité, la ferm eture, la hiérarchie et la tran sp osabilité étaient censées représenter l’ordre universel; 3) le principe de re p ré­ sentativité th ém atique (représentation des « problèm es les plus im­ p o rta n ts de l ’hum anité »). N ycz tâche d ’exam iner le déroulem ent

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des changem ents que cette crise a entraînés dans la littératu re polonaise — depuis le m odernism e (M iciński). à travers l’entre-deux- -guerres (deux tentatives distinctes de m aintenir la conception de la form e organ iq u e: la poésie de Leśm ian et de Peiper; l’oeuvre de W itkiewicz qui constitue, selon Nycz, le point limite des m étam o rp h o ­ ses de la littératu re polonaise co n tem p o rain e: com binaison de deux types d ’agencem ent — du com m entaire et du bricolage; l’évolution des entreprises de B erent; la création de Schulz et de G om brow icz), ju s q u ’à la cristallisation d ’un nouvel idéal de construction du texte au début des années soixante. Il parle ensuite de la form ation des conceptions d ’écriture, tributaires de la m anière de concevoir la structure (qui peut y avoir un caractère holistique, m éréologique ou op érationnel, processuel). L ’état actuel est représenté, en quelque sorte, p ar la création de H erbert, privilégiant le com m entaire et l’écriture d ’essayiste, et p ar celle de Buczkowski, où la p riorité est accordée au principe de bricolage, où dom inent — p ar conséquent — des con structio ns qui se ra p p ro ch en t du collage.

Le q u atrièm e chapitre — « Le fait littéraire » — ap p o rte une analyse com parée des principes constructifs de deux textes: de Przyrost

naturalny (Accroissement de la natalité) de R óżew icz et de l’article

critique de K azim ierz W yka — « P roblem zam iennika gatunkow ego w pisarstw ie Różew icza » (Problèm e du sub stitu t générique dans la création de Różew icz) — qui lui est consacré. La ressem blance su rp re­ n ante de la co nstruction des deux textes tém oigne, à l'avis de Nycz, d 'u n e évolution parallèle de la réflexion esthétique et de la réflexion critique. Les conditions d ’une co m m u n au té com m unicationnelle font que, dans les deux types de réflexion, se m anifeste une conception excentrique du texte. « C o n tam in é » par le texte littéraire qui l’absorbe, le critique y réagit en p ro d u isan t un texte critique « silvoïde », ne se laissant pas ram ener au schém a traditionnel des textes critiques.

Dans la conclusion (« Les silvae rerum com m e déconstruction de la litté ra tu re » ), l’au teu r se concentre sur l ’aspect déco n stru ctif de son app ro che de la littératu re contem po raine (au niveau de la fo rm a­ tion, la concep tion de celle-ci se con cen trait sur le problèm e du sens). P o u r Nycz,

Ecrire d a n s le cad re d 'u ne c o n c e p tio n silv iq u e de la littérature, c'est chercher ses propres p rin cip es d 'in tég ra tio n , créer sa p rop re d éterm in a tio n , fonder sa p ropre su b sta n tia lité; c ’est aussi éprouver critiq uem en t les c o n v e n tio n s du langage, thém atiser

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les systèm es d e référence en tant que c o n d itio n s de toute o b je ctiv ité; c'est aussi élaborer une form e « in a ch ev ée » de l'én o n cé, propre à être u ltérieu rem ent d év elo p p ée, tran sform ée ou ex p lo ité e, c o n stitu a n t d o n c une m atrice gén érative pour d ’autres textes p lutôt q u 'u n e oeu v re finie, ach evée. C 'est d o n c s ’écrire so i-m êm e, écrire à travers, écrire p ou r (p. 147).

Une telle écritu re est, d ’une p art, au to b io g rap h iq u e et a u to th é ­ m atique, de l’autre, auto critiq u e et autoéducative. Les silvae rerum représentent une « contre-encyclopédie hétéronom e ». C ’est un m iroir déform ant de la littératu re canonique, découvrant les traits cachés de celle-ci. La silvicité ap p a raît à Nycz com m e « un milieu, d ’où surgit le littéraire, et un acte d ’analyse critique dans lequel le litté­ raire finit p ar se re c o n n a ître » (p. 148). Ainsi les silvae rerum co n sti­ tuent une dim ension com plém entaire de la littératu re cano niq ue; elles ne relèvent pas d ’un au tre dom aine, m ais elles sont un docum ent d ’une littératu re faite au trem ent. Les intentions de Nycz p o rten t encore plus loin. En reconnaissant, avec D e M an, que le discours d éconstructeur n ’est pas un ajout à la littérature, m ais q u ’il est, au contraire, c o n stitu tif de celle-ci, il propose de « reconnaître la d éconstruction silvique p o u r une form e de savoir intrinsèque de la littératu re sur elle-m êm e» (p. 149). C o n n aître les silvae rerum revien­ d ra it donc à co n n aître une d éclaration de la littératu re sur sa p ro p re littérarité.

Les opinions exprim ées p ar R yszard N ycz co m p o rten t beaucoup de points discutables, parfois très détaillés, relatifs à l ’in terprétatio n des textes particuliers. L ’im portance, q u ’il attrib u e aux form es silvi- ques, peut p araître, elle aussi, discutable. T outefois, les déficiences et les doutes éventuels se trouven t com pensés, notam m ent par la tentative de créer un cad re conceptuel hom ogène p ro p re à rendre com pte des m étam o rp hoses qui se prod u isen t dans la littératu re polonaise co n tem po raine. C ette tentative est d 'a u ta n t plus digne d ’intérêt q u ’elle concerne des changem ents actuels, observés de très près, presque au m om ent où ils s ’opèrent. Les conceptions de Nycz, m ême si elles n ’expliquent pas ju s q u 'a u b o u t les p articu larités de la litté­ ra tu re co n tem porain e, nous ra p p ro ch e n t de la com préhension de son essence. Et c'est p o u rtan t l’espoir de co m pren dre qui anim e la réflexion, qui lui donne un sens.

A n d rze j Kuhlik T rad. par T o m a sz S tr ô z y n s k i

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