A C T A U N I V E R S I T A T I S L O D Z I E N S I S
FOLIA UTTERAR IA 14, 1985
J ó zef M a tu szew sk i
LE MARIAGE NOBILIAIRE EN POLOGNE A L'ÉPOQUE DE LA RENAISSANCE
1. Le m ariage e s t un acte très im po rtant. Ses rép ercu ssio n s se laissen t ap erce v o ir d ans tous les dom aines de l'activ ité hum aine. Il co n -ce rn e la v ie sp iritu elle e t m orale; il a, ég alem ent, son côté économ ique. Aussi, depu is d es siècles, d e u x in stitutio n s se son t-elles in téressées à lui, l'Ê tat e t l'Église.
2. Pour l'Ê tat, c'est un co n tra t e n tre d e u x p e rso n n es de sexe diffé-rent, un co n tra t to u t p a rticu lie r, car il fo rm e la fam ille, cellule fon-d am e n tale fon-de la société. Pour l'Église, le co n tra t fon-de m ariage con sti-tue, en plus, un sacrem en t, l'ac te relig ie ux qui sym bolise l'un io n du C h rist e t de l'É glise (saint A ugustin). P ou r elle, aussi, le co n tra t e si la m atière d u sacrem en t. En in terv e n an t e n m atière d e m ariage, l’Église env isage, su rtou t, son côté sp irituel; l'Ê tat s'in té re sse plutôt au côté terrestre. Bonne solution, si l'o n sav ait où s'a rrê te l'un, o ù com m ence l'au tre. Ainsi, en p o u rsu iv a n t leu rs besoins pro pres, chaq u e corps règle la m atière d 'u n e façon différente. Les term es d u conflit sont donc posés.
3. Le m énage e st com posé d e d eu x conjoints, d 'o ù les rap p o rts e n tre les époux. Le couple, u n e fois créé, do nn e la v ie a u x en fan ts. C 'est le finis prim ariu s m atrim onii, d 'ap rès le C o dex iu ris canonici. Ainsi se form e la fam ille, ce qui e n tra în e d es rap p o rts n o u v eau x e n tre les p aren ts e t le u r pro g én itu re. Les uns e t les au tre s — so uli-gnons-le — o n t un ca ra ctè re à la fois pe rson n el e t économ ique.
4. T ra iter le statu t ju rid iq u e de la femme, c 'e st d isco urir su r ses rap po rts avec les au tre s m em bres d e la fam ille. D 'abord d e celle où elle e st née, sa famille n atu re lle, d 'o ù elle sort; il s'ag it su rto u t de sa d ép en dan ce à l'ég ard d u père. En second lieu — d e sa d ép en dan ce à l'ég ard d e la fam ille où, e n se m ariant, elle se p rop o se d 'e n tre r. C ette fam ille l'ac cep tera-t-elle dan s son sein?
11. M algré sa tend an ce h ab itu elle à faciliter les sacrem en ts, l'Église créa d e m ultiples cas qui em pêchaient le m ariage: les impedimenta
dirimentia et. les imp ed im enta prohibentia. C ’étaien t des raiso n s d 'o rd re
m oral (au sens large du mot) qui d éterm in aient l’Église à ch ercher ces em pêchem en ts. Aussi, aucun ne se rattach ait-il à la condition so-ciale ou économ ique des candidats. A ux yeux d e l’Eglise, tous les fidèles sont égaux en Dieu.
12. Deux points cara ctérisen t le concept canoniqu e de m ariage à l'ép oqu e d e la R enaissan ce: 1° — le prin cipe relativ em en t nouveau,
consensus facit nup tias ; ce sont les c o n tracta n ts e t non le p rê tre qui
sont regard és comm e les m inistres d u sacrem en t. 2° — le m aintien des anciens em pêchem ents de m ariage. Tous les deux fu ren t acceptés par le Concile d e Trente. Les m esures, p rises p ar celuici, g a ra n -tissaient, uniquem ent, la pub licité du co n trat; elles n 'é taie n t dirigées que co ntre les m ariages clandestins. — Une q uestion cepen dan t s'im pose: l'Église futelle suivie dans sa législation p ar les d ro its n atio -naux? Les trib u n au x séculiers ap pliq uèren t-ils les in n ovation s ca no n i-ques sans réserve?
13. Signalons, d ’abord, rapid em ent, d e g rands changem ents dan s la vie d e la noblesse polon aise d es 15e— 16e siècles. Elle d e v in t to u te p u issante et elle en tira profit en étab lissan t Yabsolutum dominium du seig neu r par rap p o rt à ses serfs; dans un cercle plus re stre in t —
l'au to rité m aritale ainsi q ue la puissance p a tern elle sur les m em bres d e la famille. Tout co n vergea v ers leu r extensio n. À m esure que d é-crû t la p u issance publique, gran dit la puissan ce privée du chef de famille. Il a été déjà dém ontré que la situation de la fem m e em pira au 14e e t su rto u t au 15e siècle (Bogdan Lesiński). Il en était de m ême qu a nt aux en fants. Par conséquent, vu l ’influence d es causes éco -nom iques et la c aren c e d e l ’État to u jo u rs g ran d issan te — celui-ci n 'arriv a jam ais à p én étrer dans le cercle fermé d es affaires de fam ille — l'in d ividu à qui le droit canon p erm ettait de s’ém anciper d e la d é p en d an -ce de la famille, d u t se sou m ettre de plus e n plus à elle au nom de l’intérêt su périeur d e la com m unauté. C 'est elle qui prim ait tout. Son chef d écidait même — ce qui nous in téresse p articu lièrem e n t ici — du m ariage de ses enfan ts, de ses fils e t de ses filles. Aussi les m a-jeu rs devin rent-ils, p ratiqu em en t, incapables. Une m ésalliance écon o-m ique au rait pu nu ire à la situation o-m atérielle, à la co n serv atio n des biens dan s la fam ille. C 'est à elle et, en p rem ier lieu, au père, de co n sentir à l’union ou de la p ro hiber. C ’e st lui qui su rv eillait le m ieux les in té rêts du grou pe fam ilial. — En somme, les ten d an c es co llecti-ves triom phaien t.
14. Le p ère é ta it aussi en d ro it de d ésh ériter ses enfants. L'enjeu était tro p grand. Le cas échéant, ils au ra ien t perdu , p a r la suite, tous les av an tag es de leu r n aissan ce privilégiée. O n sait qu 'il n ’y a rien d e p ire que la d é g rad a tio n. P ar co nséq uent, d u v iv a n t d e son père au cu n en fan t ne risq u ait l'union in terd ite, n ’ép ou sait u ne p e rso n n e q ue sa fam ille d ésav o u ait. L'Église — il e st v ra i — po ur re co n n aître la valid ité d u m ariage, n 'ex ig ea it plus le co n sen te m e n t d es p aren ts, il s'effectu ait solo consensu des jeun es. M ais elle ne néglig eait pas l ’in -te rv e n tio n d e la fam ille, elle la reg a rd a it m êm e d ’un oeil fav orable. 15. Si la jeu n e fille se m arie en d ép it d e l’in te rd ictio n du père, elle sera privée d e sa dot, e n v e rtu de la loi co n tre les rap ts d e sé-d u ctio n (un rap t con senti, sé-d on c sans v iolen ce). La liaison sé-d ev ient, d 'ailleu rs, d a n g e reu se p o u r son com plice, égalem ent. Le rap t d e sé-du ctio n fut assim ilé p ar la coutu m e au rap t de v iolen ce; le sésé-du cteur,
mis ho rs la loi, risqu e sa vie. Le con cub inag e n 'e n tra it pas, non plus, en ligne d e com pte. La jeu n e fille ne p ou v a it p a s se le p e rm e ttre, p u isq u 'il la d é sh o n o re rait p ou r to u jo u rs. De plus, son père o u ses frè -res tro u v e ro n t, d an s les d eu x cas m entionnés, l'o ccasio n d e v e n g e r la v e rg o g n e infligée à leu r famille,- ainsi elle se défendait, efficace-m ent, co ntre l'in tru s peu fortuné.
16. Il é ta it b ea uco up plu s difficile d 'é c a rte r un fils e t de le p riv e r d e ses d ro its à la succession. S’il e n tre tie n t d es rela tio n s é tro ite s avec son amie, le con cub inage ne le d ésh o n o re n ulle m e n t5. Si d an s ce tte u nion n aisse n t d es en fants, ils n 'a p p a rtie n n e n t p as à la fam ille p a-tern elle : ils sont illégitim es, p a r conséquent, h o rs lig nage. A ussi n'on t- -ils aucun d ro it à l'h éritag e . L'in térêt d e la fam ille p a ru t sauvegard é.
17. Q u ’advient-il, si le fils réc alcitran t, p ou r év iter to u te com pli-cation, a tten d ait, sim plem ent, sa m ajo rité o u en co re, p ar m esu re de précau tion , le décès d e son père? D ev en u m aître d e famille, ne peut-il pas rép a re r la co ndition p récaire d e son cimasici e t de leu rs en fan ts com m uns e t co n tre ca rrer, ainsi, la vo lo nté du défunt, ceci au d é tri-m ent d e la fatri-mille? Si, rép o n d en t les canons. Non, d écidétri-m en t non,
3 Le libe rtin ag e des p ro p riéta ire s fo nciers e st bien connu. Ils n 'é v ita ie n t pas le contact ch arn el a v e c leurs se rve s. O n p ré ten d q u ’ils a v a ie n t le fus prim ae
noc-tis. En a vaie n t-ils vraim e nt besoin? P ar su ite de leur c om portem ent, ils de vinren t, et à plusieurs re prise s, ta u r e a u x b a na u x du village. Dans cet é tat des choses il-est stupéfiant de c o n sta ter le fait su iv a n t: penda nt que les en fants nup tia ux des çerfs^ dem euraient se rfs, la prog é nitu re illégitim e de ceux-ci re sta it libre! N e d ev a ie nt — ils pas cette situ atio n fa v o r ab le à le u r naissance? Le p ère n a tu re l — dans be aucou p de car, le seigneur lui-même ou ses filsa -vait in térêt à lus élo ign er du domain, ei i lci-r apprendre un m étier. P our se défen dre co ntre de te ls cond idats, les Corp.1: de m é tier e xige a ien t le g iltim l ortus litteras.
rép lique la coutum e polonaise. Grâce à la législation re la tiv e à la
proies illegitima, l'in terv en tio n de la fam ille de v ien t possible. Sa p
o-sition reste forte. C 'est le m om ent où je dois a ttire r l'a tten tio n du lec teu r sur u n e règle co utum ière do n t la d isco rd e avec la législation d e l'É glise s'av ère flagrante e t co nstitue u ne infractio n év id en te au d ro it canon. Il s'ag it des en fan ts illégitim es p o stnu ptiau x.
18. Nous sav ons que l'Église ép ro uv e non seu lem ent le horror adul-
terii, m ais aussi celui de to ut com m erce ch arnel, p erp étré av ant le
m ariage, même e n tre le solutus e t la soluta. T ou te liaison hors m a-riage, soit-elle stable ou passagère, e st interd ite.
L'Église est, de mêm e, très sév ère sur le ch ap itre d es en fan ts nés de ces unions. Elle les frapp e d e sa défaveur. V enus au m onde avec une tache o rig in elle (macula bastardiae), ils sont illégitim es. Le d ésho nn eu r les atte ig n ait par le seul fait d e l'irrég u larité d e leu r n aissan -ce -ce qui e n tra în a it d es suites très g rav es p our eu x : e n tre au tres, ils éta ien t atte in ts par l'in cap acité d e succéder. P our agir ainsi, l'Église av ait ses raisons: à quoi bon se m arier, si les enfan ts non n up tiau x ont les m êmes d roits que les en fan ts en gen drés par le couple légitime? D’h abitu de, l'Église défend les faibles e t se d éclare leu r p ro tec trice. Dans no tre cas, elle fait l'in v erse: pour con train d re les p a re n ts à se m arier, il n e lui sem ble pas inique de pu nir les en fa n ts qui sont inno-cents. De l'en fan t n a tu rel e lle fait u ne so rte de paria d e famiille4. C 'est une p ression sur les m oeurs. Q uiconqu e v e u t avoir des en fan ts lég i-times, d o it conclure le m ariage d e v a n t l'Église, in facie ecclesiae. C ette fois la législation de celle-ci e st in traitab le. Elle ne connaît pas d 'ex cep tio n . M ais les p aren ts ne sau raien t-ils pas rép are r leu r faute dans l'in térêt des enfants?
19. Les idées chrétienn es éta ie n t em p rein tes d e cha rité à l'égard du faible. S urtout quand celui-ci e s t inn ocen t. Et c'est ju stem en t n o tre cas. C 'e st à cet esp rit h u m an itaire que la légitim ation d oit son o ri-gine. Longtem ps inconn ue d u d ro it rom ain, elle ap p aru t le jour où Гоп en v isa g ea le co ncub inat com me une faute. Elle fav o risera les bâtards.
20. A v rai dire, pour l'Église il n ’y a qu 'u n e so rte de
légiti-4 Un grand mépris des enfants naturels s'est répandu — co n state M. d e M o n - g r i l l o n — parmi tous les peuples du Nord et particulièrem ent parmi les Polo-nais, P a m iętn ik se kreta rza a m ba sad y Ira n cu sk iej w Polsce po d ko n iec pano w ania 'Jana III oraz w o k res ie b ezk ró lew ia i w o ln e j e le k c ji po jeg o zg o n ie (1694— 1698) i M ém oires pou r servir à l'h isto ire de P ologne, tirés des v o ya g e s m an u scrits de M o n-sieu r d e M o ngrillon, secréta ire de l'a m ba ssad e Irançaise d la fin du règ ne d e Jean III et après le co u ron n em en t du roi A u g u ste), trad, par Ł. C zęścik , W rocław 1922. p. 49.
million: issue du m ariage su b sé q u en t3. Une d é créta le d 'A le x an d re 111 (1172— 1180) d é c lara: tanla vis est matrim onii, ut qui antea sunt ge-
niti, post contractual m a lrim o niu m legitim i habeantur. Elle en fit le
d ro it com m un d e la c h rétien té. Le m ariag e su b séq u ent p ro d u it ses p lein s effets, la légitim atio n a lieu de plein droit, e n v e rtu d u m
a-riage. T elle e st la force d e ce sa crem en t. Il e n lèv e la m acule p rim i-tiv e pou r to u jo u rs, le b â ta rd sera consid éré com m e légitim e. T ou te la trace d e son o rig ine illégale s'é tein t, ré se rv e faite q u an t à l'effet rétro actif. V oilà la p rim e p ré v u e p a r les can on s (favor m atrim o nii), vo ilà l'im p o rta n ce énorm e atta ch é e p ar l’Église à l'u n io n légitim e. Le sédu cteu r, ép o u san t so n a n c ie n n e am ie, rem p lit les v o eu x d e l'Église. Il e s t m êm e poussé p ar e lle au sacrem en t. Ainsi, in d irectem en t, l'Égli-se v in t à l'aid e d es e n fa n ts illégitim es, e n o bligeant le séd u cteu r à ép ou ser la fille séd u ite ou, au m oins, à la d o ter (duc v e l dota). A jo u to ns q u e le Co ncile d e T re n te con tin ua à d é p lo y e r ses rig u e u rs c o n tre le con cu binage. P ar co nséqu ent, il agit, d e même, en faveur d es m ariages su b séqu en ts ce qui facilita beau co up la légitim ation.
21. T ran sléro n s c ette règle d a n s la v ie d e la no b lesse p olo naise d u 16* siècle. L’a n c ie n n e co n cu bin e d ev ie n d rait, p a r le fait d e m a-riage, fem m e légitim e, ses en fan ts, a u to m atiq uem en t, e n fan ts légaux. Ils h é rite ra ie n t d on c d e la n o b lesse d e leu r père. De p lus — e t c'e st im p o rtan t — ils su ccéd éraien t ab in te sta t. Bref, ils jo u ira ie n t d e tous les d ro its d e s e n fa n ts légitim es. Du coup, le co n jo in t m âle, en ép o u -sa n t son amie, a u ra it am élioré aussi b ien le s ta tu t p ré ca ire d e celle-ci q ue celui d es e n fan ts an tén u ptiau x .
Il e st é v id e n t que ce d én o u em en t c o n stitu e ra it un in co nv én ient g ra v e p o ur les in térêts d e la fam ille noble. Il e st facile à p rév o ir q u 'e lle s’y opp osera, com m e le tém oig ne D rezner: tarnen iure Regni
contrarium dispo nitur e. M ais com m ent ju stifie r l’a ttitu d e n ég ativ e, c ette
o p p o sitio n à la ju risp ru d e n c e ec clésiastiq ue q u'o n n e sa u ra it ne pas
5 i l y a, en Pologne;, dos traces de la légitimation par rescrit du pape dont té -m oigne W . N. T r e p k a (1624), dans son Liber g e n e ra tio n s pie be anorum (Liber
cham orum ), W roc ła w —W a rsz aw a —K rak ów 1963, n° 1998: il e st donc allé à Ro-m ą, p ou r se p ro cu rer l ’a p pro ba tio n le gitiRo-m i ortus litleris"; n° 2284: l ’e n fa n t n é du m ariag e av ec un e nonne, „pro cré é sa n s ab solutio n du pape, ergo illeg itim e natus". P ar c ontre, on re fu sa it le m êm e dro it au roi, ibid. n° 548: „II a suggéré que so n beau-frère avait procuré par le roi leg itim i ortus litteras à Gozdowski; ce n'était pas vra i, pu isqu 'il l ’affirm ait e t n 'a v a it pa s de le ttre s. Du reste,, il e x iste u n e assé- curation, (alléguant) que les rois ne sont pas autorisés à décern er des lettres de ce genre: il p e ut (le roi) d onner u n villa ge, m ais il n 'e st pa s en é ta t de fa ire re n a ître
(l'enfant), c ar il n 'e st pas Dieu. Il a u ra it dû le re m ettre , d 'ab ord, dans le v e n tr e de sa m ère".
e P ar contre, la rè gle c ano nique n 'é v o q u a it pas, a pparem m ent, la ré sista n c e des
re co nn aître? N 'o ublions pas q u ’on était e n c o re très, trè s loin de la s é p ara tion de l'Ê ta t e t de l’Église, ainsi que de la sé cula risatio n com plète du m ariage. La distin ction du m ariage considéré com m e un con -tra t civil e t d u m a ria ge c onfe ssionne l était dans la Pologne d 'a lo rs im pensable.
22. Un juriste , un bon ju riste , tro u v e tou jou rs une issue aux situ a -tions les plus délicates. La coutum e polonaise — com m e p a rto u t aille urs — ac ce pte la d o c trine e cclé sia stiqu e re la tiv e au m ariage, cep e n d a n t elle ne le fait cepas tota le m e nt. Certes, e lle s'in scepire d es ca -nons, m ais e lle ada p te leu rs solutions à ses besoins p ro p re s 7. N otam -m ent, e n i-m itant l'Église, elle crée un obsta cle à elle--m ê-m e. Puisqufe celui-ci n 'e s t pas connu de l'Église, app elons-le em pêc hem ent civil. Form é coutum ièrem ent, il fut énoncé c la irem en t e t e n té rin é pa r la loi de 1578: statuimus, ut e x talibus uxoribus, antea concubinis, liberi
procreati in nullis bonis haereditent, neque nullam praerogativam no- bilitatis habeant8. S'il e st pe rm is de c on tinue r à c he rc he r une analogie avec la législa tion e c clésiatique , il faudra le c la sse r — on va le voir — parm i les em pê che m e nts dirim ants.
Il e s t é vide nt que la règle e s t allée à l ’e n c o n tre de s pré ce p te s c a -no n iqu es 9. Aussi, fut-elle c om battue pa r les e cc lé siastique s. Leurs
7 Trupka dém o n tre quo les in téressés es say ère n t, parfois, d ’appliquer la règle can o n iq u e qui leu r é ta it fa v o rab le, n° 331: „D ąbrow ski... Paul. O n p ré te n d ait q u 'il était le b âta rd d'un ce rta in ch an o in e. Il c o h ab itait à C raco v ic av ec une p... Elle alla it, aussi, av ec les au tre s. Il h a b ita it av ec elle plus d 'u n e d izain e d 'an n ées. Il p ro créa avec elle un b â ta rd Jean ..., q u an d a n n o 1629 ce Paul, so n p ère, tom ba m ala
-de. Q u elq ues femm es d 'o rig in e b o u rg eo ise l'o n t in clin é à ép o u ser c ette p... à l'ég lise saint É tie n n e de C raco v ie". E ncore un ex em p le fo urni p ar le m êm e a u teu r, n° 1536: „Ils affirm èren t que leu r p è re a v an t sa m ort a v a it ép o u sé le u r m ère (qui s 'é ta it enfuie de chez s o n père... et co h ab ita plus d 'u n e d iza in e d 'an n ées san s a v o ir con-trac té m ariage); tous les en fan ts, le p ère — les fils, la m ère — les filles, ils les ont pris sous le p a lliu m , ce qu i n 'é tait pas vrai, p u isq u 'ils n’étaient pas en état de d ém o n trer (le fait) p ar les re g istres p aro iss iau x . D e plus, il es t d ifficile de faire d e la faço n (m en tionnée) des b â tard s lég itim es, car dans au cu n d ro it ce m o de n e lut n o té pour q u'il e n tra în â t des su ites. Ainsi deu x lois progéniture bâtarde, puisque leur p ère et eux-m êm es é ta ien t n és b â tard s; Us ne p o u v aien t invoquer la célébration du m ariag e sous p a lliu m , puisqu'ils étaien t nés contre la loi divine ainsi que contre la loi a n n i 1578..." Trepka proteste ainsi, vigoureusem ent, contre la lég itim atio n so u s le m an teau .
8 La loi fut réd ig ée en p olon ais. N ous rep ro d u iso n s ici la trad u c tio n latin e, ex écu tée p ar le ju ris te m en tio n n é ci-d essus, N. Z alaszow ski.
° Est-ce un hasard, que Trepka, en parlant de la loi de 1578, constate: ille g itim a p r o ie s n o n hereclita t (nos 118, 259, 1416); cependant, dans son p ro e m iu m , il déclare une fois: lé g itim a p ro ie s n o n h a e re d ita t (p. 25). Dans le prem ier cas, son attitude es t c elle d'un civ iliste, dans le secon d — celle d'un can o niste; cf. n o tre Proies
effo rts restèrent, cependant, vains. Le m ariag e resta d ép o u rv u d 'effets civils. C 'est aux trib u n au x d 'É ta t que rev in t la légitim ité d es enfants, ainsi q ue le régim e des biens e n tre les époux, sans q u ’on leu r réserv ât la co n naissan ce ex clusive des au tres qu estion s re la tiv e s au m ariage.
23. En apparence, la no blesse attacha une im p o rtan ce cap itale à la m orale. La vie en concubinage con stitue un vice. Elle ne n uit pas au noble m âle, elle d ésho n o re cep endant la fem m e e t la disqualifie pour Loujours. Sa conduite ne lui perm et plus d ’e n tr e r d ans la classe privilégiée, dan s l’o rd re éq u estre. On refuse donc de la recon naître comm e égale, même m ariée d ev a n t l’Église. Le péché une fois commis est irréparable. À cet égard, la noblesse polonaise resta trè«s rigide. Elle fut plus cath oliqu e q u e les canons. La p au v re fille, considérée com -m e fe-m -m e légale p ar ceux-ci, de-m eura, aux yeu x d es nobles, co ncu-bine à jam ais. Son ascension sociale fut im possible. L’hom m e e t la fem m e étaien t, d an s cette liaison, trop séparés p ar leu r condition. M ais l'em pêchem ent civil prov oq u a en c o re d 'a u tre s conséquences.
24. La légitim ation p ar le m ariage sub séquent n ’e x is ta n t pas pour la coutum e, l'u nion p o s térieu re n ’am éliore pas le s ta tu t des enfants antén uptiaux. Ils ne cessen t pas d ’être illégitim es; par conséquent, ils
n ’ont pas le d ro it à l ’h éritage. Le b ut qui lui ten ait le plus à coeur, fut ainsi réalisé p ar la noblesse. Elle alla en co re plus loin.
25. Com m e nous l’avo ns dit, p ar le m ariag e subséqu ent l’ancienne concubine d ev ien t pour l'É glise fem m e légale. Il va d e soi que to us les enfants mis au m onde d orénav ant, sont légaux. L'Église n'ex p rim e là- -dessus aucu ne réserv e, puisqu 'ils sont nés d an s un m ariage valide. Ils con stituen t la d escen d an ce nuptiale. Par contre, d 'a p rès la c o u tu -m e nobiliaire, c ette fe-m-m e continue à être concubine. Par conséquent, elle ne p eu t e n g e n d re r que des e n fan ts illégitim es. Ses en fa nts n u p
-tiaux, eu x aussi, sont en tach és d e bâtard ise. Les nobles polonais en arriv èren t, ainsi, à la conception bizarre, celle d e s en fan ts p os tn u p -tiau x illégitim es10. P u ren t-ils agir autrem ent?
26. R evenons au cas dont nous avon s p arlé ci-dessus. Un jeu n e seign eur d ev ien t chef de famille. En. dépit de p ro te statio n s de celle- ci, il célèbre son m ariag e d e v an t l’Église avec son am ie e t il l'in tro d u it d an s son m anoir. Le couple pro crée, pa r la suite, d es en fants n o u -veaux. C eux-ci sont pour les canons légitim es, étan t issus d ’un m a-ria g e valide reco nnu p ar l'É glise. Il en e s t to ut a u trem en t q u a n t aux
10 Le c o n c e p t re sse m b le à c elu i du m a ria g e m o tg a n a tiq u e . Ils ne s e d istin g u en t que p a r d e ux tra its. C elui-ci rè g n e dan s le dom aine du d ro it public, celu i-là dans le do m ain e du d ro it privé. Ils diffère nt, d e m êm e, p a r le u r ju stific a tio n ; dans le p rem ier cas, il s'a g it de l'i n c o n d u ite de la fem m e, dans le se c o n d — de so n in é g a lité soc iale (U ne be nb ü rtig ke it).
rap p o rts séculiers. Issus d 'u n com m erce avec l’an c ie n n e concubine, fem m e d e conditio n inférieure, ils sero n t considérés com m e illégiti-m es11.
27. À la fam ille il ne reste, au d em eurant, que d e laisser tra n quille, provisoirem ent, l'in su b ordo n né e t son m énage e n tier. Son in ac -tion reste cep en d ant trom peuse. Elle n ’atte nd que le décès du révolté. Celuici arriv é, m alheur à l'in tru se e t à tou te sa postérité. On o b jec te -ra à la v eu v e le com m erce illicite q u ’e lle av ait e u a v a n t le m ariage, ce qui e n tra în a l’illégitim ité d e tous les en fants, même p o stnup tiau x. Non nobles, ils ne seron t pas admis à la succession des biens-fonds. Ceux-ci d e v ien n en t „cadu cs". A ussi la v eu v e n e se m ain tien dra-t-elle dans le p atrim o in e d e son an cien m ari e n ta n t que tu tric e d e leu rs en fants. Elle-mêm e e t tou te leu r progénitu re, anté- e t p ostnup tiale, se ro n t chassées d u m anoir. Q ue la jeu n e fille sans fo rtun e ne g arde au cun e illusion. Son ascen sion sociale p ar le lit reste irréelle!
28. N ous abou tissons à la conclusion. La Renaissance ne relèv e pas, e n P ologne, la po sition ju rid iq u e d e la femme, sauf celle de la fem me non m ariée. Son ém ancipation p rog ressiv e est évidente, constate d an s son o u v rag e M. B. Lesiński. La tu telle du sex e n e se m ain -tie n t plus. L 'o bservation p a ra ît ju ste. P ar contre, la coutum e n o b i-lia ire se m on tra ho stile au x unions e n tre p erso n ne s a p p arten an t à des classes différentes. Leur liaison resta fragile. Seule la d o t sa u rait re m édier à ce défaut. En son absence, la fam ille, rep résen tée p a r le p è -re, ty ran d e chaque instant, s'op p osait à u ne union inégale. La mater
popularis, la mater plebeia e st à élim iner d u lignage noble.
Le m ariag e n e fut pas p ou r les chev aliers l’un ion d e d eu x p e r-sonnes, ce fut plutôt l'u nio n de d eu x fam illes. La volonté d es futurs épo ux n ’est pas prise e n con sidération . C 'est le con sentem ent d u chef d e fam ille qui re ste la cond ition req uise p ou r le co n trat d e m ariage. Son refus, une fois émis, co n tinu e à ê tre valable pour to ujou rs. Il se prolonge indéfinim ent, m êm e au d elà d u tom beau. La désobéissance a c ette in terd ictio n p riv e le m ariage, même conclu d e v an t l'Église, de ses avan tag es civils.
La coutum e s'opposa, égalem ent, à la lég itim ation p ar le m ariage subséquent, ce qui défav orisa les e n fa n ts anténu ptiaux. De plus, e lle accusa d e bâtard ise les en fan ts po stnup tiau x.
Ainsi la coutum e s'oppose au x canons. Elle ne suivit pas leu rs
11 Lucas Opaliński (1648) précise leur situation, comme suit: Unde nos m erito
ab ho rrem u s e t abo m in am ur llag itia ista tori, adeo qu idem , ut si (fuis co ncubinam d u xerit, proiem qu e p o st initu m m a trim o n iu m su sceperit, non spuria ilia quidem , sed ig n o b iiis tarnen cen setu r et h ered itatem adiré nullo m odo potest.... Н ас ratio ne con- su iifu r honor! inta m in ato fam iiiarum .
idées p ro g ressistes. En ap p aren c e, e lle ju stifie son attitu d e par un souci d e m orale; le coup le — préten d o n — se d iscréd ita p a r le com -m erce illicite an tén u p tia l. La co utu-m e d éc la ra la n ullité d u -m ariage, considéré com m e im m oral à cause de l'in c o n d u ite d e la fem m e. En réalité, il n e s'ag it q u e de l'in térê t éco nom ique de la fam ille. C e fut lui qui prédom ina. Les nobles polon ais re d o u tè re n t les m ésalliances d e fortu ne. Ils n 'ad m ire n t p as q u e d e s je u n es seig n eu rs p u ssen t épo user d es jeu n e s filles n o n d o tées. L'infério rité d e leu r condition écon o -m ique c on stitu ait l’e-m p êche-m en t d iri-m ant. A ussi l’idéal, a tte in t par les canons, d ev in t-il v ictim e d e l'égo ïsm e d e classe. L’auto n om ie de la fam ille s'ac ce n tu a d e p lu s e n plus.
29. La coutum e, créée, p rob ablem en t, au 15e siècle — sa prem ière trace d ate de 1505 — d ev in t loi e n 1578. Ses m otifs économ iques, jo in ts à l'in suffisance de l ’o rg an isa tio n étatiq u e lui a ssu rè re n t une lon gue d urée. Elle p ersista, e n effet, longtem ps. L’actio n d e l'Ê ta t res ta n t très len te à se faire se ntir, la règ le se m ain tin t q u a tre siècles a u m oins. La d isp o sition su sp en d ue, pro v iso ire m ent, e n 1658, d u ra n t la g u e rre co ntre les Suédois, n e fut abrogée, d éfinitivem ent, q u ’e n 1768. A insi l’h éritag e d e la R enaissance "en m a tiè re m atrim o n iale g ard a sa v a le u r ju sq u 'a u tem ps d es Lum ières.
30. R em arquon s l’in co n g ru ité de la so lutio n p rise p ar la n ob lesse. Si un je u n e ch ev alier av ait épousé la con cub ine d 'au tru i, le m ariag e n e sa u ra it être in crim iné p a r p erso n n e e t la légitim ité d e sa prog é-n itu re m ise e é-n do ute, la rég ie e é-n q u estio é-n é-n ’é taé-n t pas ap plicable. Il e é-n a rriv a it, fréquem m ent, ainsi, q u an t aux co ncub ines de s m ag nats qui e ssa y a ie n t d e bien p lacer le u rs am ies, e n les d o tan t e t e n a ssu ran t leu r p ro te ctio n au n o u v e au m énage. Elle n 'é ta it pas à m épriser; la ca rriè re d'u n hołysz (noble „nu", c 'est à dire p riv é de fortu ne) était assu rée p a r cette voie p o u r to u jo u rs12.
31. N o to ns la confusion, d an s la littéra tu re , d e d e u x pro blèm es qu e no us v en o n s d e d isc ern er: la lég itim ation p a r le m ariag e subséquent e t la n aissan c e de s e n fa n ts illégitim es d an s un m ariag e v alid e (enfants p ostn up tiau x). N ous av on s e ssay é d e rectifier e n v a in la d o ctrin e, id en
-tifiant ces d eu x cas e n tièrem en t d istin cts du p oin t de v u e juridique. C 'e st ce qui nou s p erm it de re v en ir à c e tte q u e stio n d an s n o tre r e -cueil consacré à la fetmme à la R en aissance. Elle n e sa u ra it être
né-18 S igism ond le V ieux a v a it u n e am ie, C ath e rin e O c h sta t T eln icza nka, qui lui a donné tro is enfante (e ntre au tre s le fils Je a n , futur é v ê q u e d e W ilno e t de Poz-nań). Elle fu t ép o usée p a r A nd ré Kościeleckii, tré so rie r d e l a C ouronne. Adam C asim ir C za rto ry sk i, s t a ro s tę g é n é ra l de l a P odolie e t m a réc h a l a utrichien, a s é d u it la fille de son ja rd in ie r à P uław y. Pair l a suite , il l'a m ariée a v e c son bibliothéca ire , Gotlryd Ernest Groddeck, futu r p rofesseur des langues classiques à l'université de W ilno e t m a ître d'A dam M ickiew icz.
gligée. Sa con n aissan ce co ntrib u e à m ieux voir la m en talité n ob iliaire de la R épublique p olon aise d e l'ép o q u e 1*.
32. N ous v en o ns de co n sta ter la su pp ression de la règle re la tiv e à la
„pioles illegitima" en 1763. Les m oeurs — on le sait — re tien n e n t plus
lon gtem ps l’e m p rein te d u passé. Rappelions le cas fam eux d e S tanislas Szczęsny Potocki, l'un de s plus rich es m agn ats d e la P ologne e t de l'Europe d e son tem ps (1751— 1805). C elui-ci épou sa, à l'in su de ses paren ts, une jeu n e fille, G ertru d e K om orow ska, a p p a rten a n t à la n o -blesse m oyenne, d onc dispar divitiis. le s p a ren ts d e Potocki n ’h ésitè-re n t pas à faiésitè-re n o yer leu r bru, b ien q u ’elle fût au cinq uièm e ou sixiè-me mois de sa g rossesse. Le fils, débile et terrifié, fut en v o y é en v oy a-
re , p ou r qu'il se distraie. Le crim e resta impuni.
Pour la seconde fois, en 1774, le m alh eu reu x Szczęsny Félix épousa Jo sép h in e Am alie M niszech, issue, q u an t à elle, d 'u n e g rand e famille. Elle lui don na 11 en fan ts; la p a te rn ité d e son m ari e st d a n s la m ajo -rité de s cas plus q ue do u teu se . M ais, ce n 'e st pas e n co re la fin d e to u tes ses péripéties. A tteig n an t la q u ara n tain e, Potocki fit co n n aissa n -ce d e m adam e Sophie W itt, „la plus belle femm e d e l'E urop e", d 'u n e b eau té ex o tiq u e e x trao rd in aire , fille d 'u n c h arc u tie r d e B ursa et... p é rip a té tie e n n e à Istam boul. Il s'ép rit d 'e lle et, finalem ent, surm o n-ta n t to u tes les difficultés (deux divorces!), il l'ép o u sa en 1798. — Peut- -on ne p as cro ire à la Némésis? — Sophie lui do n n a tro is en fan ts av an t le u r m ariage, l’union co n tra ctée — cinq. La p o stérité a n tén u p -tia le décéda, p a r un h asard h e u re u x (?), en bas âge, en sim plifiant ainsi le problèm e d e la succession . Les enfants, p o rta n t le nom de Potocki, ne su b iren t p as ce m alheu r précoce.
u R ien n 'a p p o rte au su je t en que stio n l ’a rtic le d' A. W y c z a ń s k i , Die Freta in der G cselischait Polens im 16. Jahrhundert. V e rsuc h ein er Sondierung, „ Ja h
r-buch für G eschic hte” . B erlin 1981, t. 3, p. 141— 150. Il est à pe ine effleuré p ar M arie K oczerska, R odzina szlach ecka w Polsce późnego średniow iecza (La fam ilie
noble polonaise du bas m oyen-dge), W arsz a w a 1975. Ausisi som m es-nous astre in ts
à nos propres rec he rc he s, p ré se nté es dans les artic le s suiva nts: U sta w y de ille
gi-tim a proie (Lois re la tive s d la proies illegigi-tim a), „S praw ozdania P oznańskieg o
To-w arzy stTo-w a P rzy jac iół N a u k ” („C om ptes re nd u s de la S ociété des Am is des Sciençes et des L ettres de P oznań ”) 1964 n° 72, p. 209—210; La proies ille gitim a et le ius
terrestre polonais, „R evue H istorique de d roit français et é tra n g e r" 1966 p. 242 7.47; Die angeb liche A ufnah m e des Sac hsenspiegels L andrecht 1 37 in das polnisc he Lan-drecht, „S tudien zur G eschichte O ste u ro p a s”, G raz-Köln 1966, Bd. 5, T e il 3 112— — 129; Proles illegitim a w polskim praw ie zie m sk im (La proies illegitim a dans le
droit de terre polonais), „C zasopism o P raw no-H istorycz ne" (►„Annales d 'h isto ire du
droit"), W arsz a w a 1966, t. 18, c a h ie r 2, p. 71— 152 (avec un résum é français, p. 153— — 154). Les pièces ju s tific ativ es jointe s à la d e rniè re étude, p. 149—'152.
Un des fils nuptiaux , M ieczysław , d ev enu , m ajeur d em an da sa p art d e l'im m ense fo rtu n e et, un jou r, l'ac cap ara seul, en ch assan t sa mère. La belle Sophie o b jecta alors d e v an t le trib u n al qu'il était illégitim e: e lle 1 au rait conçu avec un certain C araeolli, brigand de V enise qui 1 av ait violée d u ran t son vo y ag e e n Italie. Par con séq uent il n 'av ait d ro it ni au nom d e Potocki, ni à la su ccession 1*. M ieczysław ne nia pas le fait, en d é claran t que sa m ère était une déverg ondée, connue d an s to ute l'Europe. C ep end an t p uisque Potocki n 'in crim ina jam ais sa p aternité, il l'a tacitem en t recon nue. Com me fils légal, il g ard e tous ses d ro its à 1 h éritage patern el. A jouton s q u ’il a u ra it pu in vo q uer — s'il l'av ait connue — un e an cienne loi polonaise, in terd isan t au x fem -m es d 'in cu lp er les autres, loi qui -m ettait en do u te la véracité des fem m es15.
Ce même M ieczysław épousa, p a r la suite, m adem oiselle D elphine Xornar. Le m ariag e ne fut pas heu reu x et se term ina b ientôt p ar u n d i-vorce. Son an cien n e femm e dev in t l'élève e t l'am ie de F rédéric Chopin qui lui dédia quelques o eu v re s1«. Pius tard, elle d ev in t la m use du g ra n a por te, Sigismond K rasiń sk i1'. — Ces histoires p iq u an tes d ate n t do la fin du 18e et du début du 19e siècle 18. P résen to ns-en u n e au tre beaucou p plus récente.
Un je u n e noble, W ład y sław G rabski, né en 1874 — il d eviendra, p ar la suite, hom me d 'É tat (député à la Iè,e, IIe e t IIIe Douma russe, député au Sejm polonais, de u x fois p rem ier m inistre, le m in istre des finances qui accom plit une réform e m onétaire, en in tro du isant le
zło-14 C e coup h ard i n e fu t p as in v e n té p a r m adam e P o to ck a. Il es t a tte s té d éjà p ar T repk a, n 1119. N ico las Ligęzaj ch â tela in de C zchów , v o u lu t ch as s er sa m ère du d om aine. C elle-ci, po u r se défen d re, d écla ra d e v a n t un g ro u p e d 'h o n n ê tes gens: „Qu il m e fiche la p aix ce non-L igęza, qu 'il me vén ère, p u isq u e je p e u x dire la v érité , (à sav o ir) q u ’il n ’est pas fils d e Ligęza et av ec qui je l ’ai eu. Le cas é ch éa n t, il p erd ra to u t ce qu 'il a v a it h érité d e L igęza; j'a i en co re qu elqu es tém oins v iv a n ts et so n p ère (natu rel) v it ég alem en t; il con firm era m o n a v e u ”. La m enace fut suiviet c ette fois, d 'un succès!
15 Tandem do m in i in co lloq uio gen era li p ré sid en tes W y s l i d e (1450) in ven e ru n t,
quia m ulier non p o tes t aliqu em diltam a re. C itatio n chez L e s i n s к i, op. cit., p. 172
n o te 155, rep rise, récem m ent, p a r Jaceik S. M a t u s z e w s k i , N ag an a s zla ch ectw a
w P olsce w XV i X V I w ie k u (Les rech erch es d es ta u x n o b les en P o lo gne d u X V e et X V I e siècles), Łódź 1971, p. 128.
16 N o tam m ent, en tre au tre s, le co n cert f-moll, op. 21. C ho p in ad m irait s es q u a li-tés de ch an teu se.
17 Listy do D elfin y P o to c kiej (Lettres d D elp hin e P otocka ) p ub liées récem m ent en tro is volum es, W arszaw a 1975, a s s u rèren t à l'é criv a in la reno m m ée in co n tes tab le du plus g ran d e p is to lo g rap h e p o lo nais.
18 L 'héro ïne p rin cip ale de ces h is to ires, Sophie, Г v o to W itt, II0 — Po tock a, née en 1760 est m o rte en 1822, cf. J. Ł o j e k , D zieje p ię k n e j B ityn ki (H istoire d'u n e
ty) — s'ép rit d 'u n e jolie Calhérine, lilie d'un... co rd o n n ier de P iątek (petit© ville au nord de Łódź). La m ère d e G rabski p ro testa v é h é m e n -tem en t contre la m ésalliance, n 'h ésita n t pas à diffam er la petite. M al-gré ses exécration s, la liaison se term ina p ar un m ariage. La dam e o utrag ée su btilisa p lu sieu rs so uv en irs d e fam ille, afin qu 'ils ne passent pas dans les m ains de la belle-fille plébéienne, quitta la m aison po u r tou-jo u rs e t s'installa à C racovie. Ce n 'est q u 'ap rès une dizaine d'années, qu an d la b ru lui e u t don né q u a tre petitsfils, q u ’elle d aig n a les re c e -voir chez elle avec leur mère. J u sq u 'e n 1912 les en fan ts ne con nuren t que leu r g randm ère m a tern elle 1®. — N 'estce pas là un écho d e l’an cien n e répulsion d e la noblesse p olonaise e n v e rs les fillettes n on d o tées20? A telle jam ais p erdu sa raison d ’être, m êm e en Pologne P o -p u laire 21?
U n iv ers ité de Łódź. Po log ne
J ô ze l M a tu s ze w sk i
M AŁŻEŃSTW O W SRÔD SZLACHTY POLSKIEJ W DOBIE RENESANSU
Po lsk ie praw o śred n io w ieczn e, p o d o bn ie jak inne ó w czesn e sy stem y , recy p o w ało p rzep isy p raw a kano n iczn eg o do ty czące m ałżeń stw a. N ie ob y ło się je d n ak bez w y -jątk ó w : p raw o św ieck ie rezerw o w ało dla s ie b ie u re g u lo w an ie leg aln o ści po to m stw a i m ałżeń sk ieg o praw a m ajątk o w eg o .
W do bie R en esan su od daw na p an o w ała w K ościele p rz e ję ta z p ra w a rzym -skieg o zasad a: co nsen su s la cit n u p tia s; o czy w iście chod ziło о w y raże n ie zgod y przez n u p tu rie n tó w . W Po lsce ty m czasem o b serw u jem y p o s tę p u jąc e ju ż od k o ń ca śred n io -w iecza uzależn ian ie p o to m st-w a od g ło -w y domu: ojciec zd ob y ł d la sie b ie a b solu tu m
J. W . G r a b s k i , B lizn y d zieciń stw a (Cicatrices de 1'enlance), W a rszaw a 1971. A u to b io g ra p h ie é crite p ar l’au te u r né en 1901.
•° A nn e L ubom irska, fille p rén u p tia le du v o iv o d e de C raco v ie, T h éo d o re Lu-bom irsk i, fut lég itim ée et ad o p tée p ar so n p ère. Son am an t, A dam T arło , v o îv o d e d e L ublin, hom m e m arié, ex ig e a p ou r son am ie d ans les sa lo n s la p lace qui con- v ien t à la lilie de v oîvod e. Elle lu i fu t refu sée p ar les dam es, con fo rm ém ent à la loi p olo n aise. Les anim osités qui en ré s u ltè ren t, jo in tes a u co n flit p o litiq ue, s e te r-m in èren t p ar deux duels. D ans le s eco n d le cor-m te T arło périt, a b b a ttu p ar Casir-m ir P o niatow ski, ch am b ellan d e la C o u ro nn e (1744); cf. Z. Z i e l i ń s k a , Sp ra w a T a rły
raz je s zc ze (L'allaire Tarło u n e lois de plus, 1744), „Przeg ląd H isto ry cz n y " („Revue
H isto riqu e") 1981, an n é e 72, p. 393— 410.
81 Cf. n o tre é'tude W a rum u nd w a n n w u rd e der b ib lisch e C ham zu „cham", „B u lletin de la S ociété des S ciences et des L ettres de Łódź", vo l. XXX, 10, Łódź 1980, p. 1— 10, ain si que G en eza p o ls kie g o cham a (mufle) (Le nom b ibliq u e de C ham
dom inium nie tylko w sto su n ku do pod dan ych , a le i w obec członków rodziny, рай -
siwo zostaw iło mu w tym w zględzie pe łną niezależność.
M ógł w ięc krępo w ać dzieci w sw obodzie z aw iera n ia m ałżeństw a. W obec córki, k tó ra bez jeg o zgody w yszła za m ąż, stosow ano przepis o raptus puellae. C hoćby d o k o u . i t s i ę ■/,,i zgodą p orw an e j, pozbaw iano ją posagu, niożyczonego z tś zięoi-ł w yjm ow ano spod praw a.
T ru dnie j było z synem . P oniew aż zw iązek m ałżeński z p leb ejk ą nie uw łacza! szla chec tw u i dzieci z tak ie g o m ieszanego stanow o m ałżeństw a uchodziły za szlach-ciców , ojciec m ógł w y razić na n ie zgodę i ro b ił to bez w a ha nia, jeśli narzecz ona w nosiła n ale ż yty posag.
G dy je dn ak syn z dec ydo w a ny b ył poślubić dziew czynę biedną? W raz ie od-m ow y zgody przez rodzica, od-m ógł żyć z nią w k o nku bina cie, gdyż ta k i stosu nek nia uw łaczał jego szlach eckie m u honorow i, a zostaw szy głow ą rodziny po zgonie ojca, mógł z nią n aw e t zaw rzeć zw iązek m ałżeński, czym*, zgodnie z praw em ka non icz -nym, u p raw n ia ł e w e n tu a ln e dzieci przedślubne. T a k ie ro z w iąz an ie n ie odpow iadało szlachcie: w św ie tle usta w y z 1578 r. nie ty lk o n ie n astę p ow ało u pra w n ien ie dzieci p rze dślubnych p e t subse quens m atrim onium , ale rów nie ż potom stw o zrodzone z b y -łej k oc han ki po za w arciu m ałże ństw a uchodziło za n iep ra w e. W ska za ny przepis zniesiono form alnie dopiero w ro k u 1768.