The Journal of Juristic Papyrology Vol. XXVI, 1996, pp. 91-98
Adam Łukaszewicz
R E M A R Q U E S SUR P. ED F O U 8
A cause de son contenu insolite le P. Edfou 8 occupe une place assez spéciale
parmi les textes provenant des fouilles effectuées par l'expédition
franco-polonaise à Edfou (1936-39).* Selon Jerzy Manteuffel, le papyrologue polonais
qui participa aux fouilles et publia les textes d ' E d f o u , le papyrus en question a
été trouvé plié dans une chambre du secteur Sud.
Le papyrus mesure 19,5 sur 22 cm.
En regardant ce document, on constate facilement les traces des plis qui
divisent le texte en sections horizontales.
Le texte comporte 16 lignes d ' u n e écriture d ' u n e main peu exercée. Les
lettres sont typiques de l'époque ptolémaïque et les formes assez archaïques de
Y oméga, du kappa et du thêta portent à croire que le texte date du III
esiècle
avant J.-C.
Le texte ne comporte pas de date, et le contexte archéologique ne fournit
aucun indice qui permettrait d'en préciser la chronologie.
Β α σ ι λ ε ΐ ι Π τ ο λ ε μ α ί ω ι χαίρι ν Φ ι λ ώ τ α ? πυρ(τουρ[ο]ς των
èv Άπόλ\λωνος 7τ[ό]λΥι τηι μεγάλη κληρογίχων 6πε]ώη πυ]κναΙ γίνονται "αι αβρογίαι èv ττ) γώραι νυν ηδη κ α ι παντζΚώς βοΰλομαί σοι. βασιλζϋ μηχανην ιτροσαγ-5 Ϊ λ α ι ά [ φ ' ] ή? σ υ ούθεν μη βλαβής σωθησ^ται ή [χ]α>ρα* L'article reprend l'essentiel de l'exposé "Le papyrus Edfou 8 soixante ans après" présenté par l'auteur au Caire en automne 1996 lors du colloque c o m m é m o r a n t la 6 0è m e anniversaire des fouilles franco-polonaises d ' E d f o u ; cf. les Actes de ce colloque (sous presse).
92
A . Ł U K A S Z E W I C Z δ ι α το λ ι Ί α ζ ; è m τρις ίναυτους μη αναβηνα(ι) τον πο-ταμού λιμός ca 4 ]ζστη vac. τοιαυτήν λ ι μ ο ν μηδησω ]ατεσαυτα απολίσται μηδεμ [.Α.ίμηιεπρο ] . . λ α σου θίλοντος βασιλίϋ есгтаь ίύετηρία πολλή. 1 0 béoμa\^ ο(υ)ν σου βασίλίϋ ei σ ο ι δ ο κ ΐ συντάζαι. Άρίστωνί r ô t στρατηγοί. δόντι [μ]οι τριάκοντα ήμερων τα ίπι-τήδεα την ταχίστην μξ πρός σ ε αποστίλαι η...л «/теυξιν 'ίνα èâv σοι δόκξη βασιλεϋ ек{к} του σπόρου ίύθυς γίνηται ε σ τ α ι δέ σ[ο]υ βουλομίνου δ ι α 'όλης 15 της θηβαίδος èv ήμίραις πεντήκοντα το πολύ. Εύτύχι.6 h'αυτόν! 1. (υιαυτούί 10-11 rôi στρατηγοί I. τωι στρατηγώ ι
"Au roi Ptolémée salut, Philotas le pyrotélégraphiste, un des clérouques d ' A
-pollinopolis-la-Grande. Etant donné que maintenant, c o m m e de tous temps, les
inondations deviennent insuffisantes, je tiens, ô roi, à te signaler une certaine
installation dont l'emploi ne t'apportera aucun d o m m a g e et au moyen de
la-quelle le pays pourrait être sauvé.
C o m m e pendant trois années le fleuve n ' a pas monté, la sécheresse va
pro-duire une telle famine que ... mais si tu veux, ce sera une année d ' u n e bonne
moisson.
Je te prie donc, ô roi, si bon te semble, d'ordonner à Ariston le stratège, de
m'accorder les vivres de trente jours et le plus rapidement possible de m ' e n
-voyer vers toi ou ... une pétition afin que, si tel est ton plaisir, les semences
poussent immédiatement. Grâce à ta décision en cinquante jours dans toute la
Thébaïde la moisson sera abondante.
Sois heureux."
Le texte a été publié par J. Manteuffel en 1949 dans le Journal of Juristic
Papyrology.' Peu après, il y a eu l'édition du texte dans le volume III de la
pu-blication des Fouilles Franco-Polonaises} qui, par rapport à celle du JJP,
pré-sente de minuscules corrections, sans être vraiment une nouvelle version du
texte.
Dans l'interprétation de ce texte, qui semble au premier abord assez facile à
lire mais qui en fait présente de nombreuses difficultés, Manteuffel a commis
quelques fautes que d'autres papyrologues ont plus tard cherché à corriger.
1 J . M A N T E U F F E L ,
"Quelques textes provenant d'Edfou",
JJP3, 1949, p. 101 et suiv.
2 Tell Edfou. Fouilles Franco-Polonaises, III, Le Caire 1950, pp. 334-335.jf4v\J>wH -λ Ж*
ъ ы н - T A U i T A i л е
ρ Edfou 8
(photo Waldemar Jerke)
R E M A R Q U E S SUR P. ED FOU 8 93
Le texte est assez mutilé et, dans quelques endroits, la lecture en est
diffi-cile. Heureusement nous avons la première et la dernière lignes. La
reconstitu-tion du début des trois premières lignes ne pose aucun problème.
Au début de la ligne 3 Manteuffel proposait σ]υκναί pour σ\νγναί mais
Ri-chard B ö h m
3 a trouvé une excellente solution en suggérant ιτν)κναί.A la ligne 6, le supplément de B ö h m δια το λίαν semble aussi bien
plau-sible.
Les véritables complications commencent plus bas. A la ligne 7, Manteuffel
restitutait ποίταμόν, ή ξηρότης o i V e r a i κ τ λ . , tandis que B ö h m a préféré
ποϊταμόν λ ι μ ό ? èirai>](στη. Cette version a été s o u m i s e à u n e critique par
Marie-Thérèse L e n g e r
4 qui proposa de lire Ι ε σ τ α ι au lieu de ]σεται ( M a n-teuffel) ou ]εστη (Böhm).
La lecture de l'original fait quand m ê m e pencher vers ] e a r η ce qui rend
hταν]έ(ττη de B ö h m assez probable. ε σ τ α ι n ' e s t pas impossible, mais à la fin
de la ligne, il y a très peu de place pour αι. Le choix entre ε σ ε ί σε est difficile,
mais ecr semble préférable.
A la fin de la ligne 7 c o m m e n c e une partie i n c o m p r é h e n s i b l e du texte,
q u ' o n n ' a pas réussi à établir de façon définitive. Le contexte indique qu'il
s'a-git d ' u n e description des conséquences désastreuses de la f a m i n e entraînée par
la mauvaise crue. Ce texte était sans doute assez pathétique et semble avoir été
r e l a t i v e m e n t peu i m p o r t a n t p o u r notre c o m p r é h e n s i o n de l ' e n s e m b l e du
document.
Avec la ligne 10 c o m m e n c e le petitum. Le mot initial est presque sûrement
δεομα[ι, une f o r m u l e standard dans les documents de ce type. L'iota final est
facilement d i s c e r n a b l e et l ' o n voit m ê m e u n e m i n u s c u l e trace de l' alpha
précédent.
E. V a n ' t D a c k
5 a signalé que dans le Ρ Edfou 8.1 au lieu d ' u n patronymeΠυρσοΰ[το]ΐ suggéré par J. M a n t e u f f e l le mot Trvpcrov[pó]s doit être restitué.
Le nom de Π υ ρ σ ο ΰ ? n ' e s t pas connu dans les papyrus et la proposition de
V a n ' t Dack est préférable à l'idée de Manteuffel.
Fr. Preisigke, qui en 1907 écrivait encore que l ' e x i s t e n c e de la
pyrotélé-graphie en Egypte n'était pas attestée,6 a noté plus tard dans son Wörterbuch II
3 R. BÖHM, L'evrev^LS de Varsovie (Papyrus Edfou VIII), Wiesbaden 1955
(=Ab-handlungen für die Kunde des Morgenlandes XXXI, 4).
4 M . - T . LENGER, CdE 32, 1957, p. 3 5 7 .
E. VAN'T DACK, "Postes et télécommunications ptolémaïques", CdE 37, 1962, pp.
3 3 8 - 3 4 1 .94 A. ŁUKASZEWICZ
ί.ν. 7τυρσουρός l ' e x p l i c a t i o n suivante: "ein W ä c h t e r , der durch F e u e r Signale
gibt". Le mot 7τυρσουρός apparaît à la ligne 1 dans le P. Gurob 22, qui est une
liste de détenteurs de m o u t o n s et de chèvres datant du IIIe s. av. J.-C. On peut
donc admettre que Philotas était un "pyrotélégraphiste".
P h i l o t a s porte d ' a i l l e u r s un n o m m a c é d o n i e n bien c é l è b r e : son f a m e u x
h o m o n y m e , le fils de P a r m é n i o n , était c o m m a n d a n t de la cavallerie lors de la
g r a n d e c o n q u ê t e . N o t r e P h i l o t a s , par sa p r o f e s s i o n , a p p a r t e n a i t - i l aussi à
l ' a r m é e ? Cela est très probable, de m ê m e que la possibilité, q u ' i l avait pris la
c o n n a i s s a n c e d ' u n e m é t o d e d ' i r r i g a t i o n i n c o n n u e en E g y p t e p e n d a n t son
service militaire en Syrie ou en M é s o p o t a m i e . S o u s le r è g n e de P t o l é m é e II
Philadèlphe et de Ptolémée III Euergète les occasions n ' y manquaient pas.7
D a n i e l l e B o n n e a u a c h e r c h é à préciser la c h r o n o l o g i e de notre texte en
d é m o n t r a n t q u ' u n e série de trois m a u v a i s e s crues est c o n n u e vers 246 av. n.è.
(probablement en 247, 2 4 6 et 2 4 5 ) .
8 Cela nous fournirait une date plausible denotre texte: 245 av. J.-C., ce qui s ' a c c o r d e bien avec la p a l é o g r a p h i e aux traits
archaïsants. C ' e s t en 245 av. n.è. que P t o l é m é e III revint en E g y p t e au cours de
la t r o i s i è m e guerre syrienne, à cause d ' u n e m y s t é r i e u s e "sédition intérieure"
dont nous parle Justin.9
B ö h m , dans son opuscule concernant le texte en question propose de lier le
é v é n e m e n t s auxquels Philotas fait allusion, avec la m a u v a i s e crue (et par c o n
-séquent la disette) m e n t i o n n é e dans le f a m e u x décret de C a n o p e , datant de l'an
IX de P t o l é m e é III (246-221 av. J.-C.) c ' e s t à dire de 238 avant notre è r e .
1 0 Ledécret bilingue de C a n o p e m e n t i o n n e explicitement u n e très m a u v a i s e crue et
les c o n s é q u e n c e s désastreuses de ce p h é n o m è n e .1 1
Danielle Bonneau dit aussi que "Seule la crue de 245 av. n.è. a d o n n é lieu à
u n e décision de d é g r è v e m e n t (P. Col. Zen. 87) dont n o u s a y o n s trace, c ' e s t
p o u r q u o i , f a u t e de certitude, j e proposerai cette date c o m m e celle de la c r u e
déficiente dont parle le décret de C a n o p e . Cet e n s e m b l e de circonstances:
mau-vaises crues, désordres, révolte, justifie les préoccupations du roi et de la reine,
7 La première guerre s y r i e n n e en 2 7 4 - 2 7 1 , la d e u x i è m e 2 6 1 - 2 5 3 ( P t o l é m é e II) et la t r o i s i è m e (déjà s o u s P t o l é m é e III) en 2 4 6 - 2 4 1 av. J.-C. C f . J. K. WINNICKI, Operacje wojskowe Ptolemeuszów w Syrii, W a r s z a w a 1989, p. 51 et suiv.
8 D. BONNEAU, Le fisc et le Nil. Incidences des irrégularités de la crue du Nil sur la fiscalité foncière dans l'Egypte grecque et romaine, Paris 1971, p. 129.
9 Justin X X V I I I . 9 in fine: domestica seditione revocatus; cf. St. Jérôme, in Dan. XI; A t h é n é e V 2 0 9 b ; cf. B o n n e a u , Le fisc et le Nil, p. 129, n. 6 1 2 . A c e p r o p o s W i n n i c k i op. cit., pp. 7 8 - 8 3 .
1 0 B ö h m , op. cit., p. 8.
REMARQUES SUR P. ED FOU 8 95
π ο λ λ ά προνοηθίντ^ς. "
|2L ' i n v e n t i o n de Philotas est-elle une m a c h i n e ou une m é t h o d e d ' i r r i g a t i o n ?
Le mot μηχανή peut signifier les deux choses.
D. Bonneau soupçonnait q u ' i l pouvait s ' a g i r de la vis d ' A r c h i m è d e .1 3
On pourrait p e u t - ê t r e s o n g e r m ê m e à la c o n s t r u c t i o n d ' u n b a r r a g e , si le
délai de 5 0 j o u r s ne le rendait impossible.
U n e explication plus détaillée de son invention s e m b l e à Philotas une tâche
trop c o m p l i q u é e ou t r o p d é l i c a t e p o u r être c o m m u n i q u é e au roi d a n s sa
requête. Peutêtre Philotas se méfietil aussi des services postaux. S o u p ç o n n e
-t-il u n e p o s s i b i l i t é q u e q u e l q u ' u n s ' a p p r o p r i â t son m é r i t e ? C e l a ne n o u s
étonnerait pas.
Les c o m m e n t a t e u r s m o d e r n e s de notre texte considèrent presque u n i v o q u e
-ment notre inventeur c o m m e un maniaque. Telle est p. ex. l ' o p i n i o n de
Hans-Julius W o l f f
1 4 ou de J o a c h i m H e n g s t l1 5 qui rangent Philotas parmi lesinven-teurs de perpetuum mobile.
M a i s le langage du texte n ' i n d i q u e pas un auteur déséquilibré. L ' é c r i t u r e est
grossière mais correspond aux standards de l ' é p o q u e .
C e qui inquiète c ' e s t l ' i n s i s t e n c e de Philotas à préciser les délais e x t r ê m e
-ment brefs après lesquels les bienfaits résultant de son invention deviendraient
évidents.
D. Bonneau s'intéressait à la chronologie des faits agricoles qui " p e r m e t de
tirer tout de m ê m e u n e c o n c l u s i o n ; Philotas veut agir avant les semailles;
ad-mettons q u ' i l les envisage très tardives (en j a n v i e r , ce qui est la date limite); il
prévoit 5 0 j o u r s de t r a v a u x (?) p o u r la " m a c h i n e " (on c o m m e n c e r a d o n c en
octobre); il lui faut aller auparavant voir Ptolémée à Alexandrie, il prévoit pour
cela 30 j o u r s de v o y a g e aller et retour (mettons 10 octobre - 10 n o v e m b r e ) ; il
en faut presque autant pour que P t o l é m é e soit prévenu de sa d é m a r c h e et d o n n e
des ordres pour sa venue ( 1 0 s e p t e m b r e - 1 0 octobre) av. n.è.); Yenteuxis a donc
été d é p o s é e c h e z le stratège dans la seconde moitié de s e p t e m b r e au plus tard;
le m a x i m u m de la crue étant alors dépassée, c ' é t a i t une c r u e à retrait frappant,
pour q u ' i l ne reste plus, en septembre, aucun espoir."
D é j à au mois de juin 245 le roi Ptolémée était sans doute présent en Egypte;
de toute façon il ne se trouvait plus en M é s o p o t a m i e .1 6
1 2 B o n n e a u , Le fisc et le Nil, p. 129
1 3 B o n n e a u , Le fisc et le Nil, p. 129, n. 6 1 4 a.
1 4 H . - J . WOLFF, Zeitschr. der Savigny-Stiftung 7 4 ( L X X X V I I ) , 1 9 5 7 , p p . 4 1 5 - 4 1 8 . 1 5 J. HENGSTL et al.. Griechische Papyri, no. 8, M ü n c h e n 1978, p. 4 4 - 4 6 .
9 6 A. Ł U K A S Z E W I C Z
Q u a n t au v o y a g e p r o j e t é d e P h i l o t a s il f a u t o b s e r v e r q u e D . B o n n e a u
s e m b l e en s u r e s t i m e r la rapidité. 3 0 j o u r s c ' e s t un délai i n s u f f i s a n t p o u r e f f e c
-tuer un v o y a g e aller et r e t o u r d ' E d f o u à A l e x a n d r i e .
L e p a p y r u s en q u e s t i o n n ' a j a m a i s été e n v o y é au d e s t i n a t a i r e . L ' a b s e n c e d e
n o t e s q u ' o n f a i s a i t n o r m a l e m e n t d a n s les b u r e a u x sur les p é t i t i o n s s i g n i f i e —
s e l o n c e r t a i n s c o m m e n t a t e u r s — q u e la p é t i t i o n n ' a j a m a i s été e n v o y é e . C e t
a r g u m e n t est v a l a b l e sauf si n o u s a v o n s a f f a i r e a v e c u n e c o p i e p r i v é e qui est
restée c h e z l ' e x p é d i t e u r .
U n e a u t r e e x p l i c a t i o n serait q u ' i l s ' a g i t d ' u n e x e r c i c e s a n s v é r i t a b l e
inten-tion d e s o u m e t t r e au roi u n e r e q u ê t e tellement insolite. C l a i r e P r é a u x e x p r i m e à
j u s t e titre ses d o u t e s q u a n t à l ' a u t h e n t i c i t é du c o n t e n u , c a r le t e x t e " p o u r r a i t
fort bien n ' ê t r e q u ' u n e x e r c i c e d ' é c o l e . "
1 7R i c h a r d B ö h m s ' e f f o r c e à p r o u v e r q u ' e n vérité le d o c u m e n t en q u e s t i o n
é t a i t d e s t i n é au s t r a t è g e et non au roi et e s s a y e d e r e c o n s t i t u e r la p r o
-c é d u r e -c o n -c e r n a n t les enteuxeis p t o l é m a ï q u e s . M a i s s e s a r g u m e n t s sont a s s e z
f a i b l e s .
Il f a u t ici p r e n d r e en c o n s i d é r a t i o n surtout u n e n d r o i t d i f f i c i l e du p a p y r u s
où, à la fin d e la ligne 12, u n e série d e s lettres m u t i l é e s est visible. M a n t e u f f e l
y avait lu 7ταρά την ϊντ^νζш. C e l a d o n n e un s e n s d e " à part V enteuxis", m a i s
M a n t e u f f e l le traduit d ' u n e f a ç o n d i f f é r e n t e ( J J P 3, 1949, p. 105) " s e l o n c e t t e
enteuxis". M a r i e - T h é r è s e L e n g e r , qui n ' a c c e p t e p a s la l e c t u r e παρά, v e u t y
voir κατά την è V r e ν ζ ι ν .
1 8B ö h m p r o p o s a u n e lecture intéressante η την à la fin d e la ligne 12 p o u r
en-suite f a i r e un l o n g d i s c o u r s sur la p r o c é d u r e c o m p l i q u é e d e la d é p o s i t i o n et d e
l ' é l a b o r a t i o n d e s p e t i t i o n s a d r e s s é e s au roi. S e l o n B ö h m , il s ' a g i r a i t d ' u n e
a l t e r n a t i v e s o u m i s e à la d é c i s i o n du s t r a t è g e qui d é c i d e r a i t s ' i l f a u t e n v o y e r
a u p r è s d u roi le p é t i t i o n n a i r e en p e r s o n n e ou se c o n t e n t e r d e l ' e n v o i d e la
pétition ( c ' e s t à dire du d o c u m e n t en q u e s t i o n ) .
Ni son interprétation ni sa lecture n e sont p a s c o r r e c t e s . Il y a à la fin d e la
l i g n e 12 b e a u c o u p t r o p d e p l a c e p o u r η την. L e s t r a c e s i n d i q u e n t 6 lettres et
non 4.
M a i s aussi les a u t r e s p r o p o s i t i o n s : c e l l e d e M a n t e u f f e l (παρά) et c e l l e d e
M . - T . L e n g e r ( κ α τ ά ) , c e t t e d e r n i è r e a c c e p t é e aussi par C l a i r e P r é a u x1 9 et p a r
H e n g s t l ,
2 0 c o n f r o n t é e s a v e c le p a p y r u s , se révèlent e r r o n é e s .1 7 C l . PRÉAUX, Bibliotheca Orientalis X I V N 0 . 3 / 4 , M e i - J u l i 1 9 5 7 , pp. 1 5 3 - 1 5 4 . 1 8 L e n g e r , CdE 3 2 , 1 9 5 7 , p. 3 5 7 : "on attendrait plutôt ici κατά την evTevÇw.". 19
loc. cit.
(p. 1 5 4 ) .R E M A R Q U E S SUR P. ED FOU 8 97
Il f a u t aussi o b s e r v e r q u e d a n s tous c e s c o m m e n t a i r e s Y en teuxis, d o n t il est
q u e s t i o n d a n s le p a p y r u s , est i n t e r p r é t é e c o m m e u n e a l l u s i o n é v i d e n t e à n o t r e
requête, au p a p y r u s E d f o u 8. C e t t e interprétation e x i g e é v i d e m m e n t l ' u s a g e d e
l ' a r t i c l e την. M a i s les traces sur le p a p y r u s ne p e r m e t t e n t p a s d e le lire.
D ' a i l l e u r s , aussi la f o r m e m a t é r i e l l e du p a p y r u s d i f f è r e un peu d e la l a r g e u r
s t a n d a r d d e s enteuxeis q u e n o u s c o n n a i s s o n s et qui s e s i t u e e n t r e 3 0 , 5 et 3 4
c m 2 1 N o t r e texte a la l a r g e u r d e 2 2 c m .
U n e a n a l y s e a t t e n t i v e du p a p y r u s p o r t e à voir u n e a u t r e s o l u t i o n qui p e r
-mettrait d ' é v i t e r les c o m p l i c a t i o n s .
En r e j e t a n t π α ρ ά , κ α τ ά , η την et toute autre t e n t a t i v e qui e x i g e la p r é s e n c e
d e l ' a r t i c l e την c o n c e r n a n t (.υτίυζιν, il faut s o u l i g n e r q u e la lecture d e Yêta au
d é b u t d e la l a c u n e est a s s u r é e . L a ligne se t e r m i n e a v e c la t r a c e v e r t i c a l e q u i
peut a p p a r t e n i r au iota.
J e p r o p o s e a l o r s à lire en c e lieu η τ ά [ £ α ] ι . L e p a s s a g e se p r é s e n t e r a i t d o n c
d e f a ç o n s u i v a n t e :
1 0 ôéojuaji ο(υ)ν σου βασιλζν et σοι. boû συντάζαί Ά ρ ί σ τ ω ν ι r ô tστρατηγοί, δ ό ν τ ι [μ]οι τριάκοντα ήμερων τα
ètti-rrjôeα την ταχίστην με ττρός σε άποστΐλ.at fj rą[£a]t
evTev^LV, ίνα èâv σοι δόκζη βασι,λίϋ ёк{к} той σπόρου
εύθυς γίνηται. κτΚ.
" J e te p r i e d o n c , ô roi, si b o n te s e m b l e , d ' o r d o n n e r à A r i s t o n le s t r a t è g e , d e
m ' a c c o r d e r les v i v r e s d e t r e n t e j o u r s et le p l u s r a p i d e m e n t p o s s i b l e d e
m ' e n v o y e r vers toi ou d e s o u m e t t r e u n e pétition (de m ' a c c o r d e r u n e a u d i e n c e ? )
a f i n q u e , si tel est ton plaisir, les s e m e n c e s p o u s s e n t i m m é d i a t e m e n t " .
L e c h o i x p r o p o s é au roi se p r é s e n t e m a i n t e n a n t s o u s u n autre j o u r . L e
péti-t i o n n a i r e d é s i r e s a n s d o u péti-t e ê péti-t r e e n v o y é vers le roi, m a i s il ne s a u r a i péti-t p a s le
s u g g é r e r c a t é g o r i q u e m e n t et il laisse au β α σ ι λ ε ύ ς le c h o i x e n t r e l ' e x p é d i t i o n
d e la p e r s o n n e d u p é t i t i o n n a i r e et u n e autre m a n i è r e d e c o m m u n i q u e r au roi la
n a t u r e d e son i n v e n t i o n .
L e p r o b l è m e qui se p o s e q u a n d m ê m e , c o n c e r n e la s i g n i f i c a t i o n d u m o t
enteuxis. C e s u b s t a n t i f s i g n i f i e en grec " u n e r e n c o n t r e " m a i s d a n s le l a n g a g e
d e s p a p y r u s il a p r i s u n e s i g n i f i c a t i o n d e la p é t i t i o n a d r e s s é e au roi. N o u s
d e v o n s alors c h o i s i r e n t r e d e u x interprétations p o s s i b l e s :
2 1 O. GUÉRAUD, 'EVTÎύζεις.
Requêtes et plaintes adressées au roi d'Egypte au
IIIEsiècle avant J.-C., IFAO, Le Caire 1931, p. XIX.
98 A. ŁUKASZEWICZ