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Dans le sillage de la Belle Cordière (Louise Labé et Marivaux)

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A C T A U N I V E R S I T A T I S L O D Z I E N S I S FOLIA LITTERARIA 26, 1989

Kazimierz Kupisz

DANS LE S ILL AG E DE LA B ELL E C ORD IÈ RE (Louise Lab é et Marivaux)

S'il est, d' un côté, d é pl o ra bl e qu e la Be lle Cordiè re n'ait pas été en son temps re con nue co mme p o ét es se cap able d'e xe rc er une in flu ence po ét iq ue sur ses co ntemp orai ns, de 1 autre, on n'a pas m a nq ué de faire voir que sa renom mée a dép as sé son siècle et que de nom br eu x é cr iv ai ns po st ér ie ur s ont trou vé chez elle une source d' insp irat ion. T o u te fo is les "documen t! d é lia fama di Lo uis e Labé", l ab or ie us em en t réunis par le regret té pr of es se ur Enzo G i u d i c i 1 , ne sembl ent pas c o m -plets et "una gh ir la nd a di oma ggi resi alla B e ll a C o r d a i a " 2 peut être en co re il lus trée d'u n autre nom célèbre, celui de Marivaux. Ce qui ajo ute du piquant, c 'est que, une fois de plus, le souffle ins pira teur venai t du Débat de Folie et d'Amour\ oeuv re c on si dé ré e qu e l qu ef oi s comme s co laire et i nc apab le de soulever plus d ' i n t é r ê t 4 .

E. G i u d i c i , Documenti délia fama di Louise Labé: la seconda "garde d'honneur de la Belle Cordière", "Annali délia Facoltà di Lettere et Filosofia" dell'Università di Macerata, 1975, pp. 217-272.

2 Ibidem, p. 225. 3

Sur l'influence du Débat, voir: K. K u p i s z , Z dziejów recepcji "Débat de Folie et d'Amour" Luizy Labé, "Zeszyty Naukowe Uniwersytetu Łódz-kiego" 1963, seria I, z. 29, pp. 103-113.

4

Cf. par exemple: "Cette oeuvre, qui ne manque certes pas de qualités est trop spécifiquement du XVIe siècle pour soulever un grand intérêt au- jourd hui. [...] Cependant, malgré son caractère scolaire, le Débat de

Folie et^ d'Amour contient des passages tout à fait charmants, dans

les-quels s expriment avec grâce la sensibilité, la finesse d'esprit de Louise Labé. Mais on ne rencontre dans ces pages qu'une connaissance toute intel-lectuelle de l'amour. Comme le ton va s'élever dans les Elégies et sur-tout dans les Sonnets". R. S c h a f f t e r , La vie de Louise Labé,

[dans:] L. L a b é , Oeuvres poétiques, Porrentruy (Suisse), chez les éditeurs des Portes de France, 1943, pp. 77-78.

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Il est juste de r app ele r d 'a b or d son "argument":

Jupiter faisoit un grand festin, ou estoit commandé à tous les Dieus se trouver. Amour et Folie arrivent en mesme instant sur la por-te du Palais: laquelle estant jà fermee, et n'ayant que le guichet ouvert, Folie voyant Amour jà prest à mettre un pied dedens, s'avance et passe la premiere. Amour se voyant poussé, entre en colere: Folie soutient lui apartenir de passer devant. Ils entrent en dispute sur leurs puissances, dinitez et préséances. Amour ne la pouvant veincre de paroles, met la main à son arc, et lui lasche une flesche, mais en vain: pource que Folie soudein se rend invisible: et se voulant venger ote les yeus à Amour. Et pour couvrir le lieu ou ils estoient, lui mit un bandeau, fait de tel artifice, qu'impossible est lui ôter. Venus se pleint de Folie, Jupiter veut entendre leur diferent. Apolon et Mercure debatent le droit de l'une et l'autre partie. Jupiter les ayant longuement ouiz, en demande l'opinion aus Dieus: puis pro-nonce sa sentence"5 .

Dialogue entre l 'Amour et la Vérité de M a r i v a u x 6 nOUS int roduit dans le m êm e mon de des di eux (ou pl utô t des a bst r ac t io n s p e r -sonnifiées) et dans la mêm e d i s cu s si o n sur l'amour. Les d eu x p ro t ag oni st es de cette scène s' a pe rç oi ven t d 'a b o r d de loin et ne se rec onn ai sse nt pas trop bien, ce qui rap pe lle le d ébut du

Débat, mais, dans la suite, à l 'e ncontr e de celui-là, leur

entretien, lorsq u'ils rel ate nt leurs prop res info rtun es dans les Gaules, se d é rou le dans une atmo sp hèr e am i cal e et pleine de c o mp r éh en s io n réciproque. Il s' avère ainsi que tous les deux sont ba nnis du monde: l'Amour, qui se dit le vrai Amour, pui squ e les hommes lui pré f ér a ie n t le "petit ef f ro n té d'Amour" que Vé nu s a eu avec Plutus, la V ér it é - pu i squ e "le me nso n ge et la flatterie sont en si g ra nd créd it parmi [les hommes ] q u 'on est pe rd u dès q u ' o n se pique de [l'] h o n o r e r " 7 . Le

pro-L. L a b 4, Oeuvres complètes, édition critique et commentée par Enzo Giudici, Genève, Droz, 1981, p. 23. L'editio princeps - Lyon 1555. Le sigle: LOC.

6 Pièce e'crite en collaboration avec Rustaing de Saint-Jory en 1720; la première et unique représentation eut lieu le 3 mars de cette année. Le texte, à 1 exception d un fragment, ne nous est parvenu. Voir: Dialogue

entre l'Amour et la Vérité, [dans:] Théâtre complet de Marivaux,

noti-ces de Jacques Brenner, Lausanne, La Guilde du livre, 1969,t. 2, pp. 1051 -1061. Le sigle: MT 2.

(3)

bl ême p sy c ho l o g iq u e qui p erc e à 1'ar r iè r e - pl a n de la s it uat ion se dé fi ni t ainsi grâ ce au pro cé d é qui nous est con nu du Débat, a savoir g râce au co nf li t des de u x forces ou des d eu x val eurs opposées, en l'occurrence, l 'amour l iber tin et le vrai amour (à so ul ign er que le p r o ta g on is t e s' opp ose à être co ns idér é comme l'amour tendre), la vé rit é et le men songe. Si les r a p -pr oc he me nt s qu e l'on ai mera it faire ne von t pas ce tte fois

8 plus loin, ils s eron t plus n om br e u x dans la Réunion des Amours , qui reno ue d 'une m a ni è re b e a uc o u p plus évi de n te avec le texte de Lou is e Labé.

L' Amou r et Cu p i do n se re nc o nt re nt à 1 ' imp rov is te et s ' e n -gagent dans une di sp ut e sur leurs p réséances. M e na c é des f l è -ches de son rival, l'Amour re nonce à lui rendre la pareille, mais, avant de s'en aller, il pré fèr e lui anno ncer l ' a s -sem blée des di eux que Ju pite r fait o r g an i se r dans son palais. Cupidon, qui n'y est pas invité, s' e nquê te auprès de Me rc ur e sur les mot if s de cet ou bli de sa pe r s on ne et a pp re nd que la d éc is i o n venai t de M i n er ve à qui Jup pi te r a d on né la d i r e c -tion de l'assemblée. Dans la suite, A p ol l on le p rév ie n t que Mi ne rv e va bi ent ôt ame ner l 'Amour pour être t ém oi n de leur dé ba t sur la nat ur e de leur pouvoir, lu i-mê me ce p e nd an t doit s up port er une v e rte cr it iq ue de la part de la Vérité. A la v e -nue de Minerve, la d is p ut e ent re l 'Amour et Cu pi do n s ' e n g a -ge mais la dé es se s us pe nd so n j u geme nt pour éc ou te r d' a bo rd l'avis de la V e r t u qui suivra, к son tour, la suite du débat. Celleci, i mp re s si on né e de toute é v id en c e par Cupidon, d é c i d e -ra né anm oin s con tr e lui. C 'est Min erv e qui a n n on ce ra le ver-

lict de Ju pi te r or do nn an t à d eu x ri va ux de s'unir ensemble. V u ces é vénements, il serait injuste de pa rl er de l ' i mi -tation servile, m ais la fo nc ti on d i d ac ti q ue de c et te pièce, et la pr ov en an ce de ses pr o t a go ni st es co n d ui s e n t au ssi vers l ' o e u -vre de Lou ise Labé.

Qui est cette folle qui me pousse si rudement? quelle grande hâte la presse?9

- s'irr ite Amour dans le Débat de Lou is e Labé, lorsqu'il se voit re pou ssé de la p or te du pala is de Jupiter.

g „

Comédie héroïque en un acte et en prose, représentée pour la

premie-re fois le 5 novembpremie-re 1731 par les Comédiens Français. Voir: Théâtre com-plet..., t. 1, pp. 941-970. Le sigle: MT 1.

(4)

Que vois-je? Qui est-ce qui a l'audace de porter comme moi un carquois et des flèches ?^

- se fâche C upi d on de M a r i v a u x à la vue de 1'A mo u r - les m o -tifs de son é t o nn em e nt in digné sont d if fére nts , leur e x p r e s -sion ém o ti o n n el l e et s t y li st i qu e reste tout de mê m e analogue.

A n al o gu e aussi l 'a n imo sit é v i s ib le qui sé pa re les deu x p r ot a g on is te s et qui se d ég a ge de leurs di alo gues , où, au d é -but, le rôle plus agr e ss if et les re p arti es d é s o b l i g e a nt e s a p -pa rt i en ne nt à C u pi d on et à Amour, m ais la suite fera voir 1'Amou r et Folie l' em po rter sur eux. De d eu x côtés, on ne ma nq ue pas de faire jouer des flèches, mais les co n t ex te s et les c o ns éq ue nc e s de ces g est e s be l l i g ue u x sont di ssem bla bles . La Folie pré vi e nt sa ge me nt son adversaire:

Si tu veus un peu tenir moyen en ton courrous, je te feray connoitre en peu d'heure ton arc, et tes flesches, où tant tu te glorifies, estre plus molz que paste, si je n ay bandé l'arc, et trempé le fer de tes flesches"^*.

Am our ne ma n qu e pas de répliquer:

Je croy que tu veus me faire perdre pacience. Je ne sache jamais que personne ait manié mon arc, que moy [...]. Mais puis qu'ainsi est que tu 1 estimes si peu, tu en feras tout à cette heure la preuve^2 .

M ais Folie se fait in vi sibl e et Amou r m a n q u e son coup, t a n -dis que les d eu x A m ou rs de M a r i v au x se g l o r i f i e nt au m êm e degr é de leurs flè ches et se r é vèle nt é g al e me nt prêts à s'en servir. A rem arqu er que C u p i d on d ev ie nt à l'occ.asion grossier:

Avec un Amour aussi poltron que vous, il faudrait qu'un tendron fît tous les frais de la défaite. Eh! éviteriez-vous... (Il tire une de ses flèches). Je suis d avis de vous d égayer le coeur d'une de mes flèches, pour vous Ster cet air timide et langoureux. Gare que je

13 vous rende aussi fol que moi!

10 MT 1, p. 945. 11 LOC, p. 28. 12

Ibidem, p. 28 13 MT 1, p. 947.

(5)

Sa d és i n vol tu re im pe rt in en te t rou ve ra c ep e nda nt une bonn e riposte :

Allez, petit libertin que vous êtes, votre audace ne m'offense point, et votre empire touche peut-être à sa fin1/l

- lui di ra l'Amour. A ssurément, Folie s'est m o nt r ée moins rude :

j'excuse un peu ta jeunesse, autrement je te pourrois à bon droit nom-mer le plus presomptueus fol du monde. Il sembleroit à t'ouir que chacun tienne sa vie de ta merci: et que tu sois le vray Signeur et

ф 15

seul souverein tant en ciel qu en terre. Tu t'es mal adressé...

En définitive, l'Amour, dont le rôle ici répon d v i s i b l e -ment к celui de Folie, semble tr iompher de son rival trop nonchalent, et C up id on se ve rra bie nt ôt en d an g er de le voir revenir. Certes, ses pé rip ét ie s successives, M a ri v a u x ayant m od i fi é ce thème, ne sont pas celles d u fils de V én us chez Louise, leur source est pou rt an t la mê me que ce lle du co nflit entre Amour et Folie.

L' as se mb lé e des dieux, co n v oq uée par Jupiter, co nst it ue une autre s itu at io n scéni que comm une à de ux auteurs. A mour et F o -lie sont venus en retard, ce qui est d e v e nu le mo ti f direct de leur querelle; C upi do n n 'est pas invité et s en quête ner veus em en t sur la rai son de sa d i sg râ ce - les t rans po si tio ns au xq uell es M a ri va ux a recours ne m od i fi e n t po urt an t pas le c a -ractère des re lati ons qui existe nt entre les p ro ta go ni st es brouillés: hos ti li té ap pa re nt e et pare nt é réelle.

Ce qui se répété sans cha ngement, bi en que le texte de M ar i va ux a pporte de larges t ra ns pos it io ns des détails, c'est le débat sur la nature des deux prota gonis tes. Entamé par A- mo ur dans le Discours i du Débat, il trou ve son p rol on ge me nt dans les d isc ours inter min ab le s d ' A po l l on et de Mercure. Chez Marivaux, il est remp lacé par les moye ns qui c on vie nn en t à une oeuvre théât rale pu isq ue le d ra m at ur ge c on s ci en t de pr océdé s dra mati qu es ne ma nq u e pas de le co n d en ser dans les deux scènes suc cessi ves où les de ux Amour s en prés en ce de Mine rv e et de la Ve rtu di sc utent sur leurs at trib uts et avantages.

^ Ibidem, p. 947. 15 LOC, p. 27.

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Le dé n ou e m e nt qui cl ôt la d i f f é r e n d est se m b la bl e aussi: jugeme nt rend u par l'a ut or it é supreme. Cependant, au tab le au s ol ennel chez la po ét es se lyonnaise, lorsque, "pour apoint er le difere nt", le v e r di ct fut p r o cl am é en p r és e n ce de "toute la c o mp a g ni e des dieus" par Ju pi te r lui-même, co rres pond, chez Mar ivaux, une scène mo ins c ér é mo n i e us e la d é c i s i o n divi ne est rap po rt ée par M i ne r ve et le pr op os fa mil ier de Cupi don t ermine la pièce:

Allons, mon camarade, je le veux bien. Embrassons-nous. Je vous appren-drai à n'être plus si sot; et vous m'apprendrez à être plus sage .

Le débat qui, chez Louise, a vait la v ale ur d 'un pro bl èm e exis tentiel, chez M arivaux, se dil ue dans une q u e re ll e qui ma nq u e d ' é l é v at i o n et qui se d i ss o u d par un g es te b o u r g e o i s e -m en t prosaïque.

C'est que, b ien que des d ie u x y soient en jeu, ils n'ont pas la m êm e no bles se que les d ie u x dans le Débat et leur m o n -de nous semble m an qu er de d i s ti n c ti o n et de dignité. Ceci nous para ît d ' a ut a n t plus d é c o n c e rt a n t que, le texte de M ar i v a u x étant une pièce drama tiqu e, on y a tt en dr ai t aussi des p e r s o n -nages p s y c h o lo g i qu e m e nt réussis, tandis qu e le Débat, où l'on voit en géné ral un traité, nous re ndr ait m oi n s sen sibl es aux d éf a i ll an ce s de la c o n st r u c t i o n de ses p r o t a g o n i s t e s •Ce pen dant les héros du Débat nous ch a rm en t de leur vér it é humaine/ ceux de la pi èce de M ar i v a u x ne sont que des s i l h ou et te s ou, comme la V e r tu et la vérité, des allégories. De m êm e que dans les f ra gment s de L'Amour et la vérité, la m y t h o l og i e ne se révèle dans ce tte h ist oire m y t ho l o g i q u e que dans les noms des p r o t a -gonistes, et le c a ra c tè re vi van t de c eux- ci se limite à ce q u 'u n éc ha ng e verba l s' in s ta ur e e n tre eux et qu' il s se m e u -vent et se d é pl a ce nt q u e l q u e fo i s sans m o t i v a t i o n évidente. En vi sa gé s de ce po int de vue, m ême les d eu x A mou rs sont loin de nous c onvaincre. C u pi d o n a, il est vrai, plus de cou le u rs pu isq u e les car ac tè re s n ég at i fs sont to ujou rs pl us fac iles à peindre, ma i s l'Amour (à re ma rq ue r l 'a rtic le qui ac co mp ag ne son nom) est e nt i è re m e nt p ri vé de cet te pl a s ti c i té p i t t o r e s -que et de ce ch ar m e n o nc h al en t qui nous cap ti ve et qui nous

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amuse chez son ho mo nym e labéen. Celui-ci, e nf ant gâte et petit die u présomptueux, a p ou rt ant une ré elle co n sc i en c e de son pouvoir et n 'i gn ore pas qu* il ne le do it à personne; celui -là, v is i ble men t f avorisé par Minerve, "le ve nt du bureau" n'étant pas pour C u p i d o n 1 7 , n'e st pour ta nt de taille qu'à des tirades.

Et qu e dire des dées ses? de M in er ve qui ne vit que pour dire q u 'el le remplit le m e ssa ge de Jupiter, ou de la Véri té qui n'est capa ble que de ser monner Ap ollon? Pe ut êt re la V e r

-tu, toute "invuln érable" qu' ell e se c r o i e 1 8 , a -t-e ll e un peu plus de vie lo rsqu' ell e sourit à des ri postes s pi r i t u e l

-les de Cu p ido n et l orsqu'el le se laisse im pr ess ion ner par son discours. Aucune po urt a nt ne peut ê tre rap pro ché e de Vé nus dans le Débat, dont la p er s on nal ité p la s tiq ue et v i va nt e r é v è -le aussi bi en la faiblesse d 'une mè re qui raffole de son e n -fant gâté que la c o qu et te rie de la femme qui est sûre de sa beauté et de son inf luence sur les hommes.

Certes, parmi ces pâles silhouettes, il y a en core Plutus, le même que celui du Triomphe de Plutus19, mai s son role est cette fois très limité; il y a enco re Mercure, le m ême que dans le texte de Louise Labé, mais, sans aucu ne idée plus l ar ge de son h o m o n y m e , éloq ue nt et co u rti sa n attenti f à se co n f o r -mer aux o pinions qui sou fflent de la cour de Jupiter (cf. sc.

3), il est vi s ib lem en t ra petis sé - ce M er cu r e si empr ess e à stigm atiser toutes les ma uv a is e s actions de C u pid on se tient bie n loin de son prot ot ype m yt hologique. Tels qu'ils se p r é

-sentent dans l'action, et surtout si l'on les com par e aux di vin it és m yt ho lo g iq u es du Débat, meme des repar ties s p i r i -tuelles dont ils sont cap abl es ne semb lent pas faire écha pper ces d ie ux de papi er mâ ch é à une de co nf i tu r e dé concertante.

Sans doute, les d é fa il la nce s de leur c ar a ct ér i sa t io n s e x -p liq uen t- ell es ' surtout -par la -pr e ssi on de 1 ac tu ali té sociale qui se laisse sentir dans les élo ges de la p oesi e galante dont Apo llo n se fait le pré di cat eur intéressé (cf. sc. 5) et dans l' accusati on des flatte ries dém esu rée s de ce tte poés ie que la

Ibidem, p. 952. 1 R

Ibidem, p. 964.

Comédie en un acte et en prose, représentée pour la première fois le

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vé ri té lui re proc he (cf. sc. 6). D' a u tr e part, les a ll usi ons au "prince", à qui on ne veu t pas "une âme inse nsi b le " et d ont J u pi te r vo ud ra it former le co eur en r é u ni s s an t les d eux Amou rs corrigés, d é n o n c e nt aussi une note ac t ua l i sa n t e et une c e r ta in e in te ntio n di dact ique . Si don c la p r o v e n an c e des p r o -ta go ni st es dans la Réunion des Amours est i de ntig ue à cel le des p ro t ag o n is t e s d ans le Débat, leurs rôles dans l' af f ab ul at io n et leurs ca r a ct èr es sont p r o g ra mm és d' ap rè s les né ce ssi tés a r t is t iq ue s que l'idée c e n tr al e de la pièce imp osai t k l 'a u -teur .

C'est ainsi que l'on abo rde la si gn i f ic a t i on de nos d eux textes, à savoir le p r o bl èm e p s y c h ol o g iq u e qui rés ul te du c o n -flit des héros principaux.

Et guidera Folie l'aveugle Amour, et le conduira par tout où bon lui

k i 20

semblera

- d é c ré te ra Ju pite r pour c lo re le dé bat e nt re Amour et Folie, ce qui veut dire que l 'amour et la folie sont in séparables. Sans do ut e cette liai son tout d é c o n c er t a nt e q u' e l l e soit n'est -elle pas no uv el le et elle ser vait de cibl e é t e rn e l l e aux a t -taques de la part des mo rali stes , ma is c'est p our la pr emie re fois ici q u e l l e est c o ns i d é ré e comme un p h é n o mè n e positif.

Amour donq ne fut jamais sans la compagnie de Folie: et ne le sauroit jamais estre. Et quand il pourroit ce faire, si ne le devroit il pas souhaiter: pource que l'on ne tiendroit conte de lui à la fin. Car quel pouvoir auroit il, ou quel lustre, s'il estoit près de sagesse? Elle lui diroit, qu'il ne faudroit aymer l'un plus que l'autre: ou pour le moins n en faire semblant de peur de scandaliser quelcun. Il ne faudroit rien faire plus pour l'un que pour l'autre: et seroit à la fin Amour ou anéanti, ou divisé en tant de pars, qu'il seroit bien faib le^ .

Jup it e r a cc ep t e ra i t - il d onc sans r éser ve la th èse de Mer- 22

cure? Si 1 on est d ' a c c o r d que Foli e et Amo ur ont dans

20

LOC, p. 93-.

21

Ibidem, p. 90. 22

Cf.: "Il n est pas facile d'établir avec certitude à qui se réfé-ré c e ‘lui’, Si c'est à Amour ou bien à Folie. Au point de vue grammati-cal, la deuxième interprétation paraît la plus probable; mais l'analyse du contexte nous fait pencher pour la première, parce qu'il est indiscutable

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la même m e su r e cont rib ué au dé vel o pp em e nt et à l' évo lut ion de l'humanité, ce que Mer cur e et Ap o llo n ont d ém on tré avec tant d'él oquence, une telle su ppo sit ion ne d oit pas sembler i mp os -sible. Si Amour et Folie doiv ent "vivre a mi a ble men t ensemble" et Folie "le con dui re par tout où bon lui semblera", cela veut dire qu ' ell e le c on du ira co nf or mé m en t к toutes les incartade s q u' ell e peut inspirer à la p as si on amoureuse. Quoi qu'il en

soit, l'ordre g ram mat ica l des mot s paraît décisif.

Dans la Réunion des Amours, l'échange direc t des ar guments rem placera les longs d isco urs d' Ap o ll on et de Mercure, et Cupi don ne se gêne point pour rudoyer son rivais

[...] de votre temps les amants n'étaient que des benêts; ils ne sa-vaient que languir, que faire des hélas, et conter leurs peines aux échos d'alentour. Oh! parbleu! ce n'est plus de même. (...) Mes su-jets ne disent point: Je me meurs! [...] Langueurs, timidité, doux martyre, il n'en est plus question. Fadeur, platitude du temps passé que tout cela. Vous ne faisiez que des sots, que des imbéciles; moi je ne fais que des gens de courage. Je ne les endors pas, je les

éveil-1

r

1

23

le (...)

On voit bien qu ell e sorte d'amo ur il p r éc oni se et lequel ne lui conv ien t pas. En prése nce de cette ét e rn ell e antinomi e d' att itu des amoureuses, on cro ira it e nt en dre les réparties d'Hi rca n adre ssées dans l'Heptaméron cont re les p l a t o n i s a n t s . Onze ans plus tôt, dans la pièce de 1720, les plai nte s de 1 A- mour laissaient voir se con fir mer le mê me état des choses, bien que le héros cha ssé des Gaules l'ait co ns id éré de son point de vue:

Ces tendres et tremblants aveux d'une passion, ces dépits délicats, ces transports d'amour d'aprfes les plus innocentes faveurs, d après

que s i ’lui’se référait à Folie, Jupiter semblerait avoir presque entière-ment accepté la thèse de Mercure, tandis que, si nous référons ‘lui* à Amour,

la solution apparaît plus équidistante entre les deux avis de Mercure et d'Apollon et elle acquiert plus de finesse. En outre, Jupiter ayant ordon-né: << et ce pendant vous commandons vivre amiablement ensemble, sans vous outrager l'un l'autre», il est à penser qu'un pareil ordre n aurait pas de sens si, ‘lui1 se re'férant à Folie, on admettait que celle-ci puisse conduire Amour partout où elle le veut, donc^ aussi contre la volonte de celui-là. Certes, rien d'absolument sûr n'est soutenable dans cette question aussi importante qu'ignorée par les commentateurs". E. Giudici. LOC, pp. 125-126, note 160.

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mille petits riens précieux, tout cela disparut. L'un ouvrit sa bourse, 1 autre gesticulait insolemment auprès d'une femme, et cela s'appelait une déclaration2^.

D 'u n côté l'amo ur délicat, s en t im en t al et r e s p e c tu e u x de la femme, de l'autre actif, ent rep ren ant , a u d a c ie u x et a r ro gan t il est inutil e dé se d e m a nd er lequel a trou vé un m e i l -leur accueil.

On le trouva plus badin que moi; moins gênant, moins formaliste, plus expéditif [...] on me regardait comme un innocent qui manquait d

’ex-' 4 25 perience

- se p l a ig n ai t 1 Am our en 1720;

on n'est plus dans le gout de 1 amoureux martyre; on ne l ’a retenu que dans les chansons

- c o n s ta t er a dans not re pi èc e Plu tus en c on f i r m an t ainsi les idées de C up i do n sur la d éc a d en ce d é f in i ti ve du règ ne du "dieu de la te ndresse "; - mê m e "quand on le r éta blirait, il ne

fe-n c. rait pas gran d bes ogne"

A cet t e cr it iq u e v i ru l e nt e de son rè gne et k cet ex ame n im pit oy ab l e des faits, 1'Am ou r ne tro uve auc u ne r ép ons e plus valable; en tout cas il ne la d o nn e a ss u ré me n t pas lo rsqu'il le m e n a c e des suites que l' ass em b lé e des d i e u x peut lui i n -fliger. Il ne sera pas "plus b r i l l a n t " 27 mê m e au m o m en t d é -cisif, à savoir au co ur s du d é bat en pr és en c e de M in e rv e et de la Vertu, lo rsq ue aussi b i en ses p hi l ip p i q u e s con tr e Cupidon, qu'i l ap pel le " d ivi nit é s c a n d al eu s e d on t le c u l te est un

cri-28 29 y*

me" , que ses a po st r op he s am po ul é es à la V e r t u n' on t aucune val eur d é mo n s t r a t iv e d an s la d isc uss ion . A vrai dire, il n'e n reste qu 'un seul p a s s a ge qui pu iss e ser vir sa cause:

2k MT 2, p. 1056.

25 Ibidem, p. 1056, 1057. 26 MT 1, p. 949.

27 #•

"Cupidon: Le dieu de la tendresse n'a pas beaucoup brillé, ce me semble?" MT 1, p. 969.

28 MT 1, p. 961. 29

En voici un échantillon: "Je vous disais, Madame, que mon respect a réduit mes sentiments à se taire. Ils n'ont osé se produire que dans mes timides regards; mais il n'est plus temps de feindre, ni de vous dérober

(11)

Qu'est-ce que c'était que l'amour? Je l'appelais tout à 1 heure une passion. C'était une vertu, Déesse; c'était du moins l'origine de tou-tes les vertus ensemble. La nature me présentait des hommes grossiers, je les- polissais; des féroces, je les humanisais; des fainéants, dont je ressuscitais les talents enfouis dans l'oisiveté et dans la pares-se. Avec moi, le méchant rougissait de l'être. L espoir de plaire, l'impossibilité d'y arriver autrement que par la \jertu, forçaient son âme a devenir estimable. De mon temps, la Pudeur était la plus

esti-30 mable des Grâces .

Il n'est pas d' ai l le ur s trop inventif: l' ar gu men t qu'il se forge de la force c i v i l is at r ic e de l'a mour ne nous semble qu 'u n écho des idées d ' Ap o l l o n dans le Débat, tandis que ses appels à la vertu, c o m p li me n t c ou rt oi s dans une al l oc ut i on à la d ée ss e de ce nom, re ste nt c on f or me s à la p h r as é ol o gi e du siècle. L' év oc a ti on a la pud e ur ne m a n q u e ra pas à son tour de p ro voq uer chez Cu pi do n une no uv el l e réplique:

Eh bien! il ne faut pas faire tant de bruit; c'est encore de même. Je n'en connais point de si piquante, moi, que la Pudeuf. Je 1 adore, et mes sujets aussi. Ils la trouvent si charmante, qu'ils la poursuivent partout où ils la trouvent. Mais je m appelle 1 Amour; mon metier n'est pas d avoir soin d elle. Il y a le Respect, la Sagesse, l'Honneur, qui sont commis à sa garde. Voilà ses officiers; c est à eux

votre victime. Je sais tout ce que je risque à vous déclarer ща flamme. Vos rigueurs vont punir mon audace. Vous allez accabler un téméraire; mais, Madame, au milieu du courroux qui va vous saisir, souvenez-vous du moins que ma témérité n'a jamais passé jusqu'à l'espérance, et que ma respec-tueuse ardeur [...]". MT 1, ç. 966. Et voici Cupidon qui parle à la Vertu: "Non, Déesse adorable, ne m'exposez point à vous dire que je vous aime. Vous regardez ceci comme une feinte; mais vous êtes trop aimable; etymon coeur pourrait s'y méprendre. Je vous dis la vérité; ce n est pas d au-jourd'hui que vous me touchez. Je me connais en charmes. Ni sur la terre ni dans les cieux, je ne vois rien qui ne le cède aux vôtres. Combien de fois n'ai-je pas été tenté de me jeter à vos genoux! Quelles délices pour moi d'aimer la Vertu, si je pouvais être aimé d elle! Eh! pourquoi ne m'aimeriez-vous pas? Que veut dire ce penchant qui me porte a vous, s'il n'annonce pas que vous y serez sensible? Je sens que tout mon coeur vous est dû. N'avez-vous pas quelque répugnance à me refuser le votre? Aimable Vertu, me fuirez-vous toujours? Regardez-moi! Vous ne me con-naissez pas! C'est l'Amour à vos genoux qui vous parle. Essayez de le voir; il est soumis: il ne veut que vous fléchir. Je vous aime, je vous le dis; vous m'entendez; mais vos yeux ne me rassurent pas. Un regard achèverait mon bonheur! Un regard. Ah! quel plaisir! Vous me 1 accordez. Chère main que j'idolâtre, recevez mes transports. Voici le plus heureux instant qui me soit échu en partage". Ibidem, p. У 6 7 .

(12)

à la défendre du danger qu'elle court; et ce danger, c'est moi. Je suis fait pour être ou son vainqueur ou vaincu. Nous ne saurions vivre autrement ensemble. [...] Quand elle me bat, je ne l'en estime pas

" ł i

moins, et elle ne m'en hait pas davantage [...]

C u pi do n n'es t pas h o mm e de nuances; on v o it q u 'i l se com porte ici à la m a n iè r e de Plutus que l'on c o nn aî t du Triomphe de Plutus; il réagi t c omm e tous les s éd u ct eu rs do nt "la gloi re [ . . .J £est] de t ri om phe r de la rigueur, de la m o de st ie de la c ha st et é et de la tem péra nc e" des d a m e s 3 2 . Cette c i t a -tion de Mo n t ai g ne p ara ît s' être im posée b ien à propos, M a r i -vau x s' étant plac é ici d ans le silla ge de la p en sé e de l 'a u -teur des Essais, qui p rê ta it d ans ce tte oeu vr e tant d ' a t t e n -tion aux aspects p s y ch o - so c i o l o g i q u e s du co mp o r te m e nt f émini n et qui a écrit de jolies p age s co n sa cr ée s aux p ro b l èm e s que Cup id on a lé gèrem ent ef fle ur és en év o qu an t les " offic iers" de la Pudeur. Ce jeu de la pudeur, de la m od e s t i e et de l ' h o n -neur dans l 'atti tu de de la femme ne m a nq u e ra pas d' a t ti rer l' at te nt ion de M a r iv a u x enc or e vers la fin de sa cr éa ti o n

33 v

dr a ma t i qu e . Pour r eveni r à Cupidon, le v oici enc or e qui se défe nd co nt re les rep ro ch es de tr oubl er la tr an q u il l i té dans le mariage, de ne laisser jamais les m a ri s en repos et de m e t -tre to uj ou rs après leurs ép ouses "q uelqu e c h as se ur qui les a t t r a p e " :

Et moi, je vous dis que mes chasseurs ne poursuivent que ce qui se présente. [...] La plupart sont des coquettes, qui en demeurent là [= soijt bien aises d être courues], ou bien qui ne se retirent que pour agacer, qui n'oublient rien pour exciter l'envie du chasseur, qui lui disent: Mirez-moi. On les mire, on les blesse, et elles se rendent. Est-ce ma faute? Parbleu! non; la coquetterie les a déjà bien étourdies avant qu'on les tire3^.

Et un peu plus loin:

31 Ibidem, p. 962.

32 ~

M. de M o n t a i g n e , Oeuvres complètes [...], bibliothèque de la Pléiade, 1962, p. 598, II, 15.

33

Cf. Féllcle, Comédie en un acte et en prose, lue le 5 mars 1757. Voir MT 2, pp. 921-951.

(13)

Se plaindre de ce que j'aime la bonne chère et l'aisance, moi qui suis l'AmourI A quoi donc voulez-vous que je m'occupe? à des trai-tés de morale? Oubliez-vous que c'est moi qui met tout en mouvement, que c'est moi qui donne la vie; qu'il faut dans ma charge un fond inépuisable de bonne humeur, et que je dois être à moi seul plus

sé-35 mi liant, plus vivant que tous les dieux ensemble?

En effet, mis en face de cet ad v ers ai re p le in de fou gue et d'esprit, "le d ieu de la tendresse" d oit avoir b e au co u p de di f fic ult é pour briller. Ce qui est pis, il semble faire une plus triste figure que son h om on yme de la piè ce de 1720, qui au moin s pou vai t att ri buer son échec aux dé fauts nat ure ls du coeur humain:

Ses premiers coups d'essai ne furent pas heureux. Il insultait, bien loin de plaire; mais ma foi, le coeur de l'homme ne vaut pas grand' chose; ce maudit Amour fut Insensiblement souffert; [...] il m'enleva

. , . 36

de mes creatures

Mercure, dans le Débat de Folie et d'Amour, n 'h és ite pas à declarer que la Folie "n'est rien moin s qu 'Amour" , Cupid on va plus loin: jusqu'à présent, il cr it iq u ai t les façons lan-g ou reu ses de 1'A mour et les t ourn ait en ridicule, m a i n -tenant il s'empare de l'identi té de ce l ui- ci pour se p r o -clamer lui-même le vrai amour (tel fut aussi le ge ste de l'Amour de 1720) et, pour justifier sa démarche, il répète en l' occurrence d'a utr es argu men ts de Mercure, qui l ' i d en t i -fiaient à la Folie. S'il "met tout en m ou ve men t" et s'il "donne la vie", c' est que "incon tin ent que l'homme fut mis

38

sur terre, il com men ça sa vie par Folie" et que "Folie ha inventé toute l'excellence, magni fic enc e, et g r a n d e u r " 39 et que, sans elle, "l'homme seic hero it et sero it lourd, m a l p l a i -sant et songeart" car elle "éveille e s p r i t " 4 0 . S'il lui faut "dans [ s a ] charge un fond i nép uis abl e de bo nne humeur" et

35 Ibidem, p. 950-951. 36 MT 2, p. 1056. 37 LOC, p. 79. 38 Ibidem, p. 70. 39 Ibidem, p. 71. 40

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s'il doi t ê t r e "plus sémill ant , pl us v iv a n t qu e tous les dieux", c ' est qu e Fo li e fut p r é se n t é e c o mme le sy no n ym e de l 'é te r ne ll e jeunesse, de la joie et des p laisirs. Po ur s a n c -tio nne r son règne, l 'A mou r se r éf é ra it au d is c o u r s d'A pollon; Cupidon, p our le d étr ôner, se réf ère aux a r g um en t s de M e r c ur e et s 'i d e n ti fi e к Folie, i n c a r na ti on de l 'él a n v it al et de la joie de vivre. C ette i d e n t if i c a t i on est e n c or e plus é v i -de nt e dans son a l l o c u ti o n finale qu' il fait e n p r é s e n ce de Minerve:

La nature avait besoin d'un Amour, n'est-il pas vrai? Comment fallait- -il qu'il fût, à votre avis? [...] C était un espiègle tel que moi qu'il fallait à la nature; un étourdi, sans souci, plus vif que dé-licat; qui mît toute sa noblesse à tout prendre et à ne rien

lais-r

1*1

ser [ ... ] .

Certes, l'Amour lui re p r oc h e son " or ig i ne impure", m ais m ême c et te n a i s s an ce il légitime, q ue l 'h o mo ny m e de c e lu i -l à a d 'a i l l e u r s d é cr i t plus a m p l e m e n t 4 2 , le r ap pr oche de F olie et elle co n v i e n t le m i eu x à la m i s s i o n q u 'i l a à rem pli r dans le monde.

Et cet enfant-là, je vous prie, y avait-il rien de plus sage que de lui donner pour père et pour mère des parents joyeux qui le fissent naître sans cérémonie dans le sein de la joie? Il ne fallait que le sens commun pour sentir cela. Mais, dites-vous, vous êtes le dieu du

41 MT 1, p. 963.

^ "Vous n'avez pas un grand génie, dit la Débauche a Plutus, mais vous êtes un gros garçon assez ragoûtant. Je ferai faire à Vénus une at-tention là-dessus, qui peut-être lui tiendra lieu de tendresse; vous serez magnifique, elle est femme. L'Avarice et moi, nous vous servirons bien, et il est des moments où il n'est pas besoin d'être aimé pour être heu-reux. [...]. Après ce discours, Plutus impatient courut tenter l'aventure Or, argent, bijoux, présents de toute sorte, soutenus de quelques bredouil- leries, furent auprès de Vénus les truchements de sa belle passion. Que vous dirai-je enfin, ma chère? un moment de fragilité me donna pour frère ce vilain enfant qui m'usurpe aujourd hui mon empire! ce petit dieu plus laid qu'un diable, et que Messieurs les hommes appellent Amour". MT 2, p. 1055.

(15)

vice? Cela n'est pas vrai; je donne de l'amour, voilà tout: le reste vient du coeur des hommes [...]4 3 .

A s s u r é m e n t , i l n ' e s t p a s l e d i e u d u v i c e e t , c e q u i n e m a n q u e p a s d e p i q u a n t , l a V e r t u e l l e - m ê m e , i m p r e s s i o n n é e p a r s o n d i s c o u r s , s e l a i s s a " a p p r i v o i s e r " e t , p o u r n e p a s s u c -c o m b e r , a i m a m i e u x i n t e r r o m p r e l a s é a n c e - n ' e s t - c e p a s l a u n e c o n f i r m a t i o n a m u s a n t e d e l ' a v i s d e M e r c u r e p r é t e n d a n t q u ' " i l y a u r a g r a n d ' d i f f e r e n c e e n t r e l e r e c u e i l q u e t r o u v e r a u n f o l , e t u n s a g e " p u i s q u e " l e s a g e s e r a l a i s s é s u r l e s l i v r e s , o u a v e c q u e l q u e s a n ć i e n n e s m a t r o n e s à d e v i s e r d e l a d i s s o l u t i o n d e s h a b i t s " , t a n d i s q u e " l e s j e u n e s D a m es n e c e s s e r o n t q u ' e l -l e s n ' a y e n t e n l e u r c o m p a g n i e c e g a y e t j o l y c e r v e a u £ • • • ] ' e t q u a n d c e v i e n d r a à f a i r e c o m p a r a i s o n d e s d e u s , l e s a g e s e r a l o u é d ' e l l e s , m a i s l e f o l j o u i r a d u f r u i t d e l e u r s p r i v a u - t e z " 4 4 . On c o m p r e n d b i e n q u e l a V e r t u n ' a p u s e l a i s s e r a l l e r j u s q u e l à ! R a p p e l o n s à l ' o c c a s i o n q u e l e l a n g a g e g a l a n t d e L u c i d o r d a n s F é l i c i e a u r a l a même f o r c e s é d u c t r i c e e t g u e l ' h é r o ' i n e t r o p i n d é p e n d a n t e d e c e t t e p i è c e n e s a u r a s e s a u v e r q u ^ a u d e r n i e r m o m en t. A i n s i , à l ' e n c o n t r e d e s p r é v i s i o n s d e M e r c u r e , c o n v a i n c u q u e M i n e r v e v a d o n n e r c o n g é à C u p i d o n , c ' e s t c e t é t o u r d i t r o p s u r d e l u i - m ê m e q u i a u r a l e d e s s u s . S a n s a l -l e r j u s q u ' à l e d i s c r é d i t e r , J u p i t e r a d é c i d é d e m e t t r e a p r o -f i t a u s s i b i e n s e s v i c i s s i t u d e s q u e d e s q u a l i t é s t r o p r i g i d e s d e 1 ' A mour p o u r e n f o r m e r , l e s u n e s e t l e s a u t r e s s a g e m e n t t e m p é r é e s , u n m é l a n g e h a r m o n i e u x e t d e p l u s h a u t e v a l e u r :

Avec votre confrère, l'âme est trop tendre, il est vrai, mais avec vous, elle est trop libertine. Il fait souvent des coeurs ridicules; vous n'en faites que de méprisables. Il égare l'esprit; mais vous ruinez les moeurs. Il n'a que des défauts, vous n avez que des vices* Unissez-vous tous deux; rendez-le plus vif et plus passionné; et qu il vous rende plus tendre et plus raisonnable: et vous serez sans

repro-MT 1, p. 963. 44

4 LOC, p. 78. 45 MT 1, p. 969.

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Les d eu x t ext es sont d o nc so um is à la m ê m e .fonction, ce ll e de d é b a t t r e la n at u r e de l'amour, et ils d o i v e n t a b o ut i r à des c on c l u s i o n s d é t er m i n é es : chez Lo ui s e Labé, F o li e g u i de r a A m ou r et "le c o n d u i r a par tout où b on lui s e m b l e r a " 4 6 , ici, C u p i d o n c o m p l é t e r a et c o r r i g e r a l' Am our et c e l u i c i c o m p l é -tera et c o r r i g e r a Cu pidon, ce qui v eut d i re q u' i l s s ui v r on t le m êm e c h e m i n et la m êm e d i r e c t i o n de leur c o m m u n e activit é.

Le c o n f l i t en t re A mou r et F oli e se rév è le en fin de co mp te illus oire, et le v e r d i c t de J u p i t e r un it p o ur t o uj o u r s ce qui ne d ev a i t jamai s êtr e désu ni, à sa v oi r d e ux é l é me n t s d i s -s e m b l a b l e -s q ui f or me n t n é a n m o i n s une m ê m e ess ence ; d ans la R é -union des Amours, ce so nt d e ux s u b s t a nc e s d i f f é r e n t e s qui s ' a f -f ro n te nt d ' a b o r d et la s a ge ss e div ine , s ans les mé s e s t i m e r l'une ou l'autre, les fera e n s u it e s'unir, les a y an t d é g r a -dé es c e rt e s au rang d ' é l é m e n t s c o n s ti tu t if s, po ur en former un e n s em b l e plu s p arfait. Auss i le d é v e l o p p e m e n t d u t hèm e l i t -t ér a i re a n a l o g u e d é m o n t r e - t - i l p o u r t a n t une d i f f é r e n c e n u a n -cée. Bi en que les d é n o u e m e n t s d es d e ux in trigu es, si l'on les c o n s i d è r e du po in t de v u e de la s i t u a t i o n fi n a l e (le v e rdic t), so ie n t analogue s, c et t e d i f f é r e n c e s em bl e s ' a c c e n t u e r p u i s -q u' e l le fait p a r a î t r e d e u x no t i on s d ' a m o u r qui sont d i s -s em bl abl e-s: amou r c o n j o i nt ave c la folie o ù l 'on v o it la s o u r -ce du p r o g r è s de l' hum ani té, et a mour q ui n ' i g n o r e pas, il est vrai, ses m é r i t e s et ses pr ér o ga t i v e s, m a is q u e l'on do i t p r o -t ége r a us si b i en c o n tr e le p l a i n t i f et la p a s s i v i t é s e n t i m e n -ta le qu e c on t r e la m o r a l e de la jouis san ce, la f r i v o l it é et le liber tin age . Le p r e mi e r d oi t sa na tu re à l' é p oq u e qui a l -lait en c r o i s s a nt v er s le d é v e l o p p e m e n t de l' h om m e et de t o u -tes les f ac ul t és qui lui sont a c c or d é e s p ar la natur e, le s e -cond, p r o p o s é au tem ps où l 'on ne c o n n a i s s a i t q ue l'a mou r g al a n t et où l ' o r i e n t a t i o n ve r s la s e n s i b i l i t é c o n d u i s a i t à la c o n f u s i o n e n t re l ' é m o t i o n si mp le et la se n si b le ri e, a l la i t n aî t r e du c r o i s e m e n t d es c o n tr a d i c ti o n s . Le p r e mi e r ét a i t si gn e de la v ie et de ses fo rce s na tur el le s , le s e c o n d a p -p a r a i s s a i t c om m e le p a l i a t i f co nt r e la dé c ad en ce .

C epen da n t, il c o n v i e n t d e s ig n a l e r q ue si J u p i t e r p as se ici p o ur le p o r t e - p a r o l e de Ma riv aux , ce lu i- c i, d an s la pi è ce de 1720,. ne s e mb l a i t pas si a ff irm ati f: l'Amour, q u e l' on y

(17)

re gardait "comme un in nocent qui m an q u ai t d ' ex pé r i e n c e et [quil ne fu[t] plus célé bré que par les poè te s et les r o m a n -c i e r s " 4 7 , a eu la mêm e idée que Jupiter:

il me vint dans l'esprit d'essayer si je pourrais me rétablir en mi-tigeant mon air tendre et modeste! peut-être, disais-je en moi-même, qu'à la faveur d'un air plus libre et plus hardi, plus conforme au goût où sont à présent les hommes, peut-être pourrais-je me glisser dans ces coeurs? ils ne me trouveront pas si singulier, et je

détrui-48 rai mon ennemi par ses propres armes .

Hélas, il "fut sifflé dans les Gaules comme un e ma uv ais e c o m é d i e " 4 9 , et on s 'in terr oge sur le sens de cette dé fa ite survenue dans la même s itua tio n qui, onze ans après, sera p r o -posée pour une solut ion bi enfais ante. Ser ait -ce pour avoir cons tat é le c ar act ère d ép ra vé des hommes, dont 1 Amour de L'Amour et la vérité se pl a ig na i t amèrement, que M ar i v au x voit la ma no e uv re de son p ro t ag o ni st e de 17 20 impossible, ce ux-ci étant toujours plus en clins a la sen sua lit é b ruta le qu à la déli cate sse ? - dans ce cas, cet é pi sod e ambig u s a jo ut era it à d'au tres pass age s de cette p ièce et serv ira it la cri tiq ue acerbe de la société. S er ai t-c e pour avoir trouvé ce tte un ion factice, et pour être amené à r econ na ître avec Cupi don que la dig nit é n'a rien à faire en amour et que celu ic i et la V e r -tu ont leurs cha rge s p art iculières: "elle est faite pour r é -gir l'univers, et [l'amourl pour l ' e n t r e t e n i r " ? 50 - dans ce cas l'union de l'Amour (= le tendre) et de C up id on (= le libertin), co ns id éré e dans le ver dic t de Jupi ter comme d é s i -rable, c oï nc id era it c u r ie us e me nt avec ses pro pre s c on v ict ion s que l'on trouve en dehor s de ce texte:

C'est un vilain amant qu'un homme qui vous désire plus qu'il ne vous aime: non pas que l'amant le plus délicat ne désire à sa manière, mais du moins c'est que chez lui les sentiments du coeur se mêlent avec les sens; tout cela se fond ensemble: ce qui fait un amour tendre et non pas vicieux, quoique à la vérité capable du vice; car tous les

47 MT 2, p. 1057. 48 Ibidem, p. 1057. A9 Ibidem, p. 1057. 50 MT 1, p. W .

(18)

jours en fait d'amour, on fait très délicatement des choses fort gros-s ière gros-s^ .

Elle n'est pas, sans doute, trop op timiste, c ette ma n iè r e de voir nos amours et nos c o m po r te m en t s a m ou r eu x - pouvon s-

-nous au mo ins r ecourir à une jus ti ficatio n?

Il y a bien des amours où le coeur n'a point de part; il y en a plus de ceux-là que d'autres, même, et dans le fond, c'est sur eux que roule la nature, et non pas sur nos délicatesses de sentiment qui ne lui servent de rien. C'est nous le plus souvent qui nous rendons ten-dres, pour orner nos passions; mais c'est la nature qui nous rend amoureux; nous tenons d ’elle l'utile que nous enjolivons de l'hon-nête; j ’appelle ainsi le sentiment; on n ’enjolive pourtant plus

guè-v 52

re; la mode en est aussi passée dans ce temps où j'écris

Et une c urie us e e x em p l i f i c a t i o n de nos conduites:

Allez dire à une femme que vous trouvez aimable et pour qui vous sen-tez de l’amour: "Madame, je vous désire beaucoup, vous me feriez grand plaisir de m ’accorder vos faveurs; vous l'insulterez, elle vous appellera brutal. Mais dites-lui tendrement: «Je vous aime, Ma-dame, vous avez mille charmes à mes yeux»; elle vous écoute, vous la réjouissez, vous tenez le discours d'un homme galant. C est pourtant lui dire la même chose; c'est précisément lui faire le même compliment. Il n'y a que le tour de change’; et elle le sait bien, qui pis est... Toute femme entend qu on la désire quand on lui dit: je vous aime; et elle ne vous sait gré de ce compliment q u’à cauce qu'il signifie: je vous désire. Il le signifie poliment, j'en conviens. Le vrai sens de ce discours-là est impur; mais les expressions en sont honnêtes, et la pudeur vous passe le sens des paroles. Quand le vice parle, il est d'une grossièreté qui révolte; mais qu'il paraît aimable, quand

* 53

la galanterie traduit ce qu ’il veut dire

Hélas, nos amours ne sont au tre s que ce q u ' il s p e uv ent être, ma is il est imp oss ib le de les ima giner sans t en d r e s s e . " On fait très d é l i ca t em en t des c ho se s fort gro ssières" , certes, et il y

Cabinet du Philosophe - cité d'après MT 1, p. 21. 52 Ibidem, p. 20-21.

(19)

a là un men so ng e fo ncier et c on da mn a bl e - mai s que d e vi en dr ons - -nous sans des me n so nge s pareils. Pour ne pas sombrer dans une barbarie, que l'amour tendre ado uc iss e d onc l'amour trop

l i b e r t i n . ..

Quoi qu' il en soit, auta nt ces d eu x text es a ppo rte nt des suites d i ss em b la b le s à la mê me si t ua tio n épique, autan t le do ute sur le vrai sens de l'idée de Ma r iv au x sur 1 amour semble persister. Il d is pa raî t à la lumière de ses aveux p e r -sonnels. La natur e ayant d é te rmi né notre c om p or tem ent a m o u r -eux, c'est le ton qui fait la chanson; la r éponse ressortit des nuan ces que l^on p rête à d eux Amours et que Jupite r a su

saisir au profit de sa conception.

Quel le que fût d 'a il le urs la do ct r in e d' amo ur que M a r i -vau x p ro po se dans sa Réunion des Amours, il y ajoute encor e des co n si dé rat io ns sur la poé sie actuelle; ce sujet s up pl é men ta ire sans d oute non sans in térêt pour le précédent, d é pa sse p o u r -tant le ca dre des c oï nc i de nc e s avec le texte de Loui se Labé. Les rap pr och eme nts formels, le di alo g ue d e ve n u la forme uniqu e des de ux textes, nous y ram ène nt de nouveau. Si 1 on aborde pou rta nt le pr obl èm e du genre, on ne sa urait insi ster sur la dif fé ren ce qui les désunit, cel le- ci n' e xi s ta nt à la vé rité qu 'en co n sé qu enc e des i nt e rp ré tat ion s de l'oeuv re de Louise, l'on v oyai t h a b i tu e l le m en t un d ébat ou un traité. La v a

-leur art ist iqu e de ces deu x pièces th éât ra les mi se à part, il est p eu t -êt re plus intére ssa nt de faire rem arquer que la

Réu-nion des Amours prolonge, d ans les be lles lettres, le même thème des ave ntures d'Amo ur que l'on voit dan s le Débat et

qu'el-le s 'insè re ainsi dans la m a t iè r e du con te myth ologique.

Ce qui m é rit e enco re d' être sign alé et ce qui sou strait cette p i èc e de m o in dre im port ance à des cri tiq ue s don t la s é -vérité serait d is p r o po r ti o nn é e au rang qu ' el l e occ upe dans l'oeuv re dr am at iq ue de Ma rivaux, c'est son style et c 'est la viv aci té des d ia lo gu es qui ne c ède n t en ri en au style du Débat.

La ma t ièr e un is sa nt ces de ux textes si élo ign és 1 un de l'autre dans le temps et une cert ai ne p ar ent é de 1 a tmo sphère où se meuv ent leurs p rot a go n is t es té mo ign ent aussi bien de la con tin uit é de la tr a di t i o n ant iq ue que du mê me esp ri t de la co ncevo ir et de la sentir. Et si, en mê me temps, on se r ap -pelle que la trad it ion du cont e m yt ho lo g iq u e se retrouve, par

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exemple, chez H. S i e n k i e w i c z 5 4 , c om pte tenu de ce que le m ond e des d ie ux anti que s y r este b aig né dans une a t m os ph èr e qui a autant de c ha rme que dans le Débat de Louise L abé ma is que l'on c her ch er ai t en vai n chez .Marivaux, on a de quoi ê tr e i m -p re ss ionn é -par cette c om m un a ut é sai si ss an te qui s'ét abli t grâce au mêm e enc ha nt em en t a nt ique et qui unit des in divi dual ités cr éa tri ces aussi di ss em b l ab l e s et sépar ées dans le temps. M a -riva ux a -t- il lu le Débat de Folie et d'Amour? la réponse p a -raît un peu vide; toujo urs e st -il que la Réunion des Amours se place dir e ct em en t dans son sillage.

Université de Łódź Pologne

Kazimierz Kupisz

ŚLADEM PIÇKNEJ POWROŹNICZKI (Luiza Labé i Marivaux)

Choć już od dawna wykazywano, że twórczość Luizy Labé inspirowała wie-lu piszących aż do naszych czasów, "dokumenty" jej sławy zestawione o- statnio przez nieodżałowanej pamięci E. Giudici można wzbogacić o jedno jeszcze sławne nazwisko, zarówno bowiem we fragmencie nie zachowanej w ca-łości sztuki L'Amour et la vérité Marivaux, jak i w jego Réunion des Amours widać uderzające zbieżności z Debat de Folie et d'Amour.

Obydwa teksty wprowadzają w ten sam świat bogów antycznych (Amour, Cupidon, Apollon, Minerve, Mercure) bądź upostaciowanych abstrakcji (Vertu, Vérité), w obydwóch uderzają podobne ujęcia sytuacyjne (np. spór na temat własnej roli i znaczenia), w obydwóch występuje ten sam problem istoty mi -łości, ukazany przez pryzmat konfliktu pozornie antagonistycznyćh woЪec siebie protagonistów (Amour, Cupidon); jak w Débat, tak i tu problem ten znajduje fabularne rozstrzygnięcie w takim samym rozwiązaniu akcji (wyrok lowisza). Nie jest to oczywiście wynikiem ślepego naśladownictwa, ale artystyczne zabiegi przekształcania tych samych wątków są dostatecznie wi-doczne; przekształcenia nie zawsze zresztą szczęśliwe, skoro w

ostatecz-54

Cf. К. K u p i s z , Z dziejów jednego motywu - Sienkiewicz i Ma-rivaux, "Prace Polonistyczne" 1985, seria XLI, pp. 357-374.

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nym rozrachunku świat bogów u Marivaux nie posiada podobnej szlachetności wyrazu poetyckiego,jak w Débat. Być może, niedociągnięcia w konstrukcji bohaterów są spowodowane częściowo przez aktualizujące wstręty, jak np. krytyka poezji panegirycznej.

Uderzający jest paralelny układ ról głównych protagonistów, w wyniku czego rola Kupidyna u Marivaux odpowiada roli Folie u Luizy Labé, zaś aluzje do jego "nieprawego pochodzenia" przypominają nieślubną metrykę Głupoty u Erazma. Fakt, że frywolny Kupidyn potrafił wywrzeć wrażenie na Cnocie, dodaje niewątpliwej pikanterii sytuacji. Koncepcja miłości, jaka wynika z woli Jowisza nakazującego Amorowi i Kupidynowi połączyć swoje za-lety i wady, to propozycja przekazana wiekowi, który znał jedynie miłostki bądź nie potrafił odróżnić szczerego uczucia od sentymentalnej maniery.

Wszystkie trzy teksty łączy to samo zainteresowanie opowiastką mito-logiczną, jakie spotykamy i u naszego Sienkiewicza.

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