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Histoire de Mademoiselle Le Gras (Louise de Marillac), fondatrice des Filles de la Charité, précédée des lettres de Mgr Mermillod et de M. Fiat

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(1)

HISTOIRE

D E

MADEMOISELLE LE GRAS

( L O U I S E D E M A R I L L A C )

9

F O N D A T R I C E D E S F I L L E S D E LA C H A R I T É

P R É C É D É E D E S L E T T R E S

D E m gr M ER M ILLO D

É v ê q u e d ’H é b ron , v ic aire a p o sto liq u e d e G enove ,

E T D E M. F IA T

S u p é r ie u r g é n é ra l d es P r ê tr e s d e la M ission e t do3 F ille s d e la C h arité.

PA R IS

L I B R A I R I E P O U S S I E L G U E F R È R E S

R U E C A S S E T T E , 1 5

1 8 8 3

D ro its d e tra d u c tio n e t de re p ro d u ctio n ré s e rv é s .

(2)
(3)

H IS T O IR E

D E

MA D E M O I S E L L E LE GRAS

( L O U I S E D E M A R I L L A C )

(4)
(5)

D E

MADEMOISELLE LE GRAS

( L O U I S E D E M A R I L L A G ) F O N D A T R I C E D E S F I L L E S D E L A C H A R I T É

P R É C É D É E D E S L E T T R E S

D E Mgr M ER M ILLO D

É v ê q u e d ’H é b r o n , v ic a ire a p o sto liq u e de G en èv e,

11 y en a q u i d is e n t : II fa u t q u e j ’é c riv e u n e b elle v ie d e s a in t. T o u t e s t p e rd u si l’on se m et a in si à ce tr a v a il com m e à u n e œ u v re p u re m e n t litté r a ir e . N o n , il fa u t u n e a u tr e in s p ira tio n : il f a u t q u 'il y a it eu un jo u r où u n s a in t a it p u is ­ s a m m e n t s a isi v o tre â m e , où v o u s ay ez sen ti l’irré s is tib le a t t r a i t de ses v e r tu s e t le beso in de fa ire p a r ta g e r v o tre a d m ira tio n e t v o tr e am o u r.

L I B R A I R I E P O U S S I E L G U E F R È R E S

E T D E M . F IA T

S u p é r ie u r g é n é ra l d es P r ê tr e s d e la M ission e t des F illes d e la C h arité.

Mor Du p a n l o u p.

/

P A R IS

R U E C A S S E T T E , 1 5

1883

D ro its de tra d u c tio n e t d e re p ro d u c tio n ré s e rv é s .

(6)

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(8)
(9)
(10)

- ...

(11)

AUX FIL L E S DE LA CHARITÉ

Ce livre n’est pas digne du nom qu’il porte;

mais l’amour de votre Mère l’a inspiré. Puis­

siez-vous l’accueillir avec indulgence, y recon­

naître celle dont chaque jour vous reproduisez

la vie, et accorder à l’auteur un souvenir devant

Dieu !

(12)
(13)

LETTRE

D E M SB M E R M I L L O D

ÉVÊQUE D’H É B R O N , V ICA IRE APOSTOLIQUE DE GENÈVE

A L ’A U T E U R

M o n th o u x , p a r A n n e m a s s e ( H a u t e - S a v o ie ) . L e 8 d é c em b r e 1 8 8 2 , en la fê te d e l ’Im m a c u lé e -C o n c e p tio n ..

M.

Vous publiez l’histoire de Mlle Le Gras ; les souvenirs qui rattachent à saint Fran­

çois de Sales cette sainte existence me don­

nent quelque droit de vous remercier et de

vous féliciter. Vous venez de faire un livre

des plus attrayants et des plus utiles. Il y a

une opportunité providentielle à mettre en

relief cette humble et grande chrétienne

(14)

que la gloire de saint Vincent de Paul a un peu éclipsée, et qui fut cependant la vail­

lante et docile coopératrice de ses œuvres.

Lorsque, femme du monde encore,, elle s’exposait avec héroïsme au service des pestiférés, le saint lui annonçait sa voca­

tion : « Ne craignez point, Dieu notre Seigneur veut se servir de vous pour quel­

que chose qui regarde sa gloire, et j ’estime qu’il vous conservera pour cela. » Elle fut fidèle aux desseins de Dieu, et le récit que vous nous donnez n’est pas seulement l’ad­

mirable biographie d’une sain te, c’est toute l’histoire du mouvement religieux à cette époque, qui sert d’encadrement à ce vivant portrait; vous avez peint son âm e, son œuvre et son siècle.

Vous n’avez reculé devant aucune re­

cherche; les archives des bibliothèques, les

mémoires de l’époque, les lettres de saint

Vincent de Paul, vous avez tout compulsé

avec une patience invincible. Sans avoir

recours à aucun artifice de langage, votre

livre offre des pages merveilleuses où se

(15)

É V Ê Q U E D ’H Ë B R O N v

trouvent réunis les détails intim es, les faits intéressants, les suaves et pieux aperçus de la science m ystique, et même les analo­

gies de ce xviie siècle avec les b esoins, les aspirations et les plaies de notre société.

Nul doute que les prêtres ne lisent avec entraînement cette histoire, où ils appren­

dront le génie du zèle et les industries évangéliques pour élever les âmes et les grouper dans les œuvres de dévouement.

Les Filles de la Charité, qu’on a si bien nommées la famille de la Providence, et qui, sur tous les chemins de la douleur, forment ces légions généreuses de servantes des pauvres et des orphelins, aimeront à se retremper dans les vivifiants souvenirs de celle qui fut leur fondatrice et leur Mère ; et je ne serais pas surpris, que plus d’une jeune fille, à la rencontre de votre livre, lui doive un jour les lumières et le courage de sa vocation.

Il serait à désirer surtout que cette exis­

tence si douce et si ferme de M1Ie Le Gras

fût mieux connue des femmes chrétiennes.

(16)

Hélas! combien souvent l’ai-je répété, il y a chez beaucoup d’entre elles une déplo­

rable transaction entre les doctrines de l’É­

vangile et les tendances du monde. Combien de femmes vivent tour à tour de dévotions faciles et d’élégantes frivolités! Elles font avec Dieu un commerce de pieuses pra­

tiques, toujours en quête d’émotions reli­

gieuses , organisant quelques bonnes œuvres où la vanité a la grosse part des bénéfices.

Quelle différence avec le portrait peint dans vos pages ! Au milieu des agitations si ar­

dentes de la Fronde, Mlle Le Gras et ses filles se tinrent debout, animées de cette foi intelligente et de cette piété virile qui faisaient écrire à saint Vincent de Paul :

« Que Dieu vous fortifie de façon qu’il se puisse dire de vous : M ulierem fortem quis inveniet? Vous entendez ce latin, c’est pour­

quoi je ne vous l’expliquerai point. »

Vous nous avez donné un livre substantiel,

plein de sève et de charme ; il apprendra à

plus d’un cœur inquiet devant nos sombres

horizons ou accablé par nos orages, com-

(17)

É V Ê Q U E D ’H É B R O N v u

ment les chrétiens et les chrétiennes ne se découragent jamais et se dévouent toujours.

La vision consolante des origines des Filles de la Charité, l’histoire d’une âme d’élite, l’étude de ces jours tourmentés où ont vécu, où ont agi ces héros qui s’appellent saint François de Sales, saint Vincent de Paul, M. Olier, le cardinal de Bérulle, e t, autour d’eux, tout un cortège de chrétiens non moins héroïques, n’est-ce pas là un spec­

tacle des plus fortifiants? Avec quelle force il nous presse de devenir des sain ts, d’être

t i

dociles aux plans de D ieu , d’aimer le Sau­

veur Jésus et de nous dévouer à nos frères en amassant pour les servir un trésor de patience gaie et de tendresse joyeuse !

Recevez, je vous prie, mes hommages, mes voeux et mes bénédictions.

f G A S P A R D ,

É v êq u e d ’H é b ro n , v ic a ire ap o sto liq u e de G enève.

(18)
(19)

LETTRE

D E M. L E S U P É R I E U R G É N É R A L

DES PR ÊTR ES DE LA M ISSION ET DES F IL L E S DE LA CH ARITÉ

A L ’A U T E U R

P a r i s , le 8 d é c em b r e 1882.

M.

Vous avez désiré de moi quelques mots

de recommandation pour offrir au public

votre important et consciencieux travail sur

Louise de Marillac, qui, avec saint Vincent

de Paul, fonda la compagnie des Filles de

la Charité et fut leur première supérieure

générale.

(20)

Votre ouvrage se recommande par lui- m êm e, et je ne doute pas qu’il ne soit ac­

cueilli avec faveur.

J ’ai été frappé de l’érudition dont vous faites preuve dans cet écrit et de l’heureux à-propos avec lequel vous reproduisez le témoignage de saint Vincent de Paul à l’a­

vantage de cette mère des pauvres, de cette femme forte, de cette âme d’élite qu i fu t toujours p u r e , p u re dans sa jeunesse, dans son m ariage, dans son état de veuve, et qui pleurait avec tant de larmes ses fautes les plus légères q u o n avait bien de la peine à

Vapaiser h

J ’ai éprouvé une vraie jouissance à lire vos judicieuses appréciations et vos comptes rendus de ces conférences admirables que saint Vincent adressait aux Filles de la Cha­

rité, et qui rappellent si naïvement celles des Pères du désert.

Les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons donnent à la publication de

■> P a r o le s d e s a in t V in c e n t.

(21)

l’histoire de Louise de Marillac un intérêt et une importance qu’il est facile de saisir.

Il est évident, en effet, que le travail de laïcisation qui se fait autour de nous va exiger plus que jamais des simples fidèles, et notamment des dames chrétiennes qui vivent au milieu du monde, la pratique des œuvres de charité.

Or quoi de plus propre, après la grâce de Dieu, à provoquer le zèle pour toutes les bonnes œuvres que l’exemple de Mlle Le Gras, qui mérita d’être choisie de Dieu pour aider saint Vincent de Paul dans l’é­

tablissement des Filles de la Charité et dans la réalisation de plusieurs de ses grandes et saintes entreprises?

En nous donnant cette vie écrite avec la distinction qui vous caractérise, vous avez servi très utilement la cause de l’Église et de la société, et vous avez sujet d’espérer que votre travail ne sera pas va in dans le Seigneur 1.

D E S P R E T R E S D E L A M IS S IO N x i

1 I " É p . d e S . P a u l a u x C o r in th ., c h . x v , v . 59.

(22)

J ’ai l’honneur d’être en l’amour de ce même Seigneur Jésus et de son Immaculée Mère,

Votre très humble et dévoué serviteur,

A. F I A T ,

S u p é rie u r g é n é ra l d es P r ê tr e s de la M ission e t d es F illes de la C h arité.

(23)

A V A N T - P R O P O S

C’est une grande époque pour la France que celle dont la paix religieuse rétablie par Henri IV a favorisé le début. Siècle fort et fier, le xvne est, surtout dans sa première moitié, une pé­

riode de renaissance et de réparation. A l’ombre d’une autorité sage et ferme, les maux de la guerre se cicatrisent, et la réforme décrétée par le concile de Trente pénètre dans tous les rangs de l’Église. Le clergé s’épure et se fortifie ; les séminaires se créent; les retraites préparatoires aux ordres, les conférences ecclésiastiques s’i- naugurent; et, tandis que les anciennes com­

munautés reviennent à leurs règles et à leur

ferveur, d e. nouvelles familles religieuses se

constituent. Les âmes attirées par la pénitence

(24)

s e réfu g ien t ch ez les C a p u cin es; c e lle s q u e la v ie in térieu re ap p elle v o ien t s ’ou vrir d evan t e lle s le s p ortes de la V isita tio n ou le s g r ille s du C arm el fra n ça is ; « le s â m e s ! » s ’écrie un d e s h isto r ien s le s p lu s d istin g u é s de ce grand m o u v em en t r e lig ie u x , « le s âm es ! à cette époque on le s v o it, on le s to u c h e ! » D ieu sèm e ses sa in ts com m e d es é t o ile s , et la n u it s ’illu m in e : ja m a is • l ’É g lise de F ra n ce n ’a répandu tant d ’écla t. S a in t F ra n ç o is de S a le s , q u i n o u s ap­

p a rten a it par sa la n g u e et son e sp rit av a n t q ue s e s m o n ta g n es ne fu sse n t fr a n ç a is e s , sa in te Jean n e de C h an tai, C ésar de B u s , C laude B er­

n a r d , le P . H onoré d e C h a m p ig n y , M. de B en ty , M. B o u r d o ise , le ca rd in a l de B é r u lle , a v ec s e s d eu x a d m ir a b le s fille s , Mmo A ca rie et la Mère M adeleine de S a in t-J o se p h , M. O lier en fin , pour n e p lu s c ite r que l u i , a p p a ra issen t à la fois et se ren con tren t à P a ris a v ec le p lu s p op u laire de se s sa in ts e t de se s a p ô tr es, c elu i dont le nom v én éré p e r so n n ifie, pour a in si d ir e , l’acti­

v ité r e lig ieu se et ch aritab le de cette ép oq u e : V in cen t de P a u l. A ce grou p e illustre s ’e st trou­

v é e m êlée u n e fe m m e , si m o d e ste , si h u m b le , si d é sir e u se d e se cacher tou jou rs, q u ’elle

(25)

sem b le e n co r e, m êm e ap rès sa m o r t, v o u lo ir s ’en v elo p p er d ’o b scu rité . En effet, m algré l ’é ­ c la t du tem p s où elle a v é c u , m algré le s travau x p resq u e in n om b rab les q u i ont ch erch é à le faire r e n a ît r e , tout ce q u ’on sa it gén éra lem en t d e cette fem m e, dont le nom d an s le m onde fut L o u ise de M arillac, c ’e st q u ’e lle fonda

« ce tte co n g rég a tio n d es F ille s de la C h arité, q u i e st à e lle s e u le , a - t - o n di t , le p lu s beau d isco u rs q u e la terre ait en ten d u et com m e le p lu s b e l en tre tien en tre D ieu et le s h om m es 1 »\

M ais le s c ir co n sta n ce s qui ont accom p agn é sa fo n d a tio n , le s g ra n d es v e r tu s q u ’e lle a prati­

q u ées p en d an t u n e v ie de soixan te-d ix a n s , la part c o n sid éra b le q u ’e lle a p rise à p resq u e tou tes le s en tr ep rises ch a rita b les de sa in t V in ­ ce n t de P a u l, son t lettre s c lo se s pour u n e g é ­ nération a vid e cep en d an t de b io g ra p h ies et cu rieu se d’exh u m ation s h isto riq u es.

L e se u l tra v a il con sacré ju sq u ’ici à MUo Le Gras date d e 16 7 4 . R ééd ité av ec q u elq u es d é ­ ta ils n o u v ea u x au x v m e s iè c le , réim p rim é enfin en 1 8 4 6 , il e st tom b é aujourd’hui d a n s un o u b li

A V A N T - P R O P O S x v

1 L ’a b b é P e r r e y v e .

(26)

ju stifié par sa b riè v eté et son sty le su ran n é.

L es h isto rie n s d e sa in t V in cen t de P a u l n ’ont p u , il e st v r a i, p a sse r so u s sile n c e sa fidèle coop ératrice ; m ais ceu x q u i en on t p a rlé le p lu s lo n g u em e n t ne so n t p as toujours c eu x q u i l ’ont fa it av ec le p lu s d ’exactitu d e. Il y a là à tou s é g a rd s u n e la cu n e r e g r e tta b le , p resq u e u ne in ju stic e. N o u s n ’avon s p a s , h é la s ! l ’esp oir de l ’avoir su ffisam m en t rép arée. C ependant de nom ­ b reu x d o c u m e n ts, éch ap p és au p illa g e de S a in t- L azare en 1 7 8 9 , et pour la p lu p art in é d its , p erm etten t de retrou ver en co re les g ra n d es lig n e s de cette p h y sio n o m ie v én éré e. D es lettre s,

— c’e st-à -d ir e le s d ocu m en ts le s p lu s sin c ère s q ue p u is s e em p loyer l ’h is to ir e , — a d r e ssé e s à M110 L e Gras p ar Msr C a m u s, é v êq u e de B e lle y , so n p rem ier d ir e c te u r , et par le g a r d e d es sc e a u x , M ichel de M a rilla c, son o n c le , a in si q u ’u n e p r é c ie u se h isto ire m a n u scrite de cet h o m m e d ’É ta t, trop p eu con n u lu i a u s s i, a id en t à r eco n stitu er en p artie le s a n n ées de sa je u n e sse et le c e rc le d e fa m ille où e lle s s ’éc o u ­

lè r e n t. A côté de la corresp on d an ce d e sa in t V in ce n t de P a u l, récem m en t p u b liée par les P rêtres de la M issio n , p rès de q u atre cen ts

(27)

lettres de MUe Le Gras, absolument inconnues du public, font pénétrer dans sa vie de veuve, de mère et de fondatrice. Enfin des écrits in­

times très nombreux , prières , méditations , règlements de conscience, éclairent sa vie spi­

rituelle, tandis que des notices biographiques sur les premières Sœurs de la Charité, écrites par leurs compagnes, retracent les vertus de celles qui furent associées à ses œuvres.

Telles sont les sources précieuses et d’une valeur incontestable auxquelles nous avons eu recours. Persuadé, comme le dit Bossuet, « que nous ne pouvons rien pour la gloire des âmes extraordinaires et que leurs seules actions les peuvent louer, » nous n’avons cherché qu’à mettre le lecteur en présence des faits, lui abandonnant le soin, sans le fatiguer d’appré­

ciations ou de réflexions, de tirer lui-même des conclusions qui, émanant de lui, n’en se­

ront que plus fécondes. Notre seule prétention est d’avoir été toujours vrai et simple comme celle dont nous avons essayé de reproduire les traits.

Le caractère propre de la vie de Mlle Le Gras est, en effet, une sainteté simple et douce, qui

A V A N T - P R O P O S x v n

(28)

n ’a rien d ’effra y a n t, rien de trop a u stè r e , rien qui n e se m b le à la p ortée de to u s , et qui ne p u is s e , av ec la g r â c e de D ie u , être im ité par to u s. E t c ep en d a n t elle « s a is it p u issa m m e n t l ’âm e » , et so u v e n t en l ’étu d ia n t n ou s nous so m m es so u v e n u d e ce cri d ’en th o u sia sm e ar­

raché par la m ère de sain t Jean C hrysostom e au rh éteu r L ib a n iu s : « Q u elles fem m es il y a parm i le s c h r étie n s ! »

H eu reu x se rio n s-n o u s si n ou s p ou vion s faire p artager à q u elq u es â m es notre adm iration et notre am our, et su sc ite r d es im ita trices à L ou ise de M arillac !

(29)

HI S T OI RE

D E

MA D EMOI S EL LE LE GRAS

--- rr-^Hji rsr» ---

C H A P I T R E I

1 5 9 1 - 1 6 1 3

L a fa m ille d e M a rilla c. — N a is s a n c e d e L o u is e . — S o n é d u c a ­ tio n : le m o n a stè r e d e P o i s s y ; la m a iso n p a te r n e lle . — E lle s o n g e à en tr e r c h e z le s C a p u c in es. — L e P . H o n o ré d e C h a m - p ig n y la d é to u rn e d e c e p rojet. — S o n m a r ia g e .

Un attrait irrésistible nous conduit toujours au berceau des hom m es et des choses. Il sem ble que nous y voulions surprendre la loi qui a présidé à leur développement ou réglé leur vocation. Mais l’intérêt grandit encore quand il s’agit des âmes pré­

destinées, et nous aimons à rechercher jusque dans les circonstances ou dans les générations qui ont précédé leur naissance la trace du plan divin. L’É­

criture sainte elle-m êm e nous sert de m odèle, car elle prend soin de nous faire connaître la filiation

1

(30)

des hom m es fameux des premiers âges et nous donne à deux reprises la généalogie du Sauveur. On nous permettra donc au début de ces pages de rap­

peler brièvem ent les origines de celle dont nous entreprenons de raconter la vie.

La famille de Marillac ou de Marlhac1, à laquelle elle appartenait par son p èr e, était issu e de la haute Auvergne, où elle avait joui pendant longtemps d’une grande considération. Le plus ancien de se s membres dont l’histoire ait conservé quelques vestiges est Bertrand, seigneur de Marillac et de la Vastrie, qui vivait au xiv° siè cle , et descendait lu i-m ê m e d’un Marlhac de date inconnue dont le tombeau se voyait encore sous Louis XIV dans la cathédrale de Saint- Flour. Prisonnier en A ngleterre, en 1382, Bertrand avait étéscontraint de vendre pour payer sa rançon

« la maison noble» de ses ancêtres, située près de la ville de M auriac8; mais ses fils et ses petits-fils n’en avaient pas moins continué à habiter l’Auvergne, ainsi que le démontrent les pierres sépulcrales des vieilles églises du pays ; car, dans ces âges de foi, tout convergeait vers le sanctuaire, et la maison de Dieu était en m êm e tem ps le plus fidèle asile des souve­

nirs. Au x v ie siècle cependant plusieurs mem bres

1 L e fè v r e d e L é z e a u , d a n s s o n H is to ir e d e l a v ie d e m e s s ir e M ic h e l d e M a r ill a c ( B ib l. S a in le - G e n e v iè v e , m s s. L . f. 1 2 2 ) , œ u v r e e n c o r e in é d ite à la q u e lle n o u s a v o n s e m p r u n té le s d é ta ils q u i s u iv e n t , d it q u ’o n a v a it c h a n g é p o u r la fa c ilité d e la p r o n o n c ia tio n l ’o r th o g r a p h e d u n o m e t fa it d e M a rlh a c M a r ill a c .

2 A u jo u r d ’h u i c h e f - l i e u d e c a n to n , d a n s l e d é p a r te m e n t du C a n ta l.

(31)

D E M A D E M O IS E L L E L E G R A S 3

de la famille de Marillac, quittant leurs m ontagnes, se répandirent au loin. Dès lors on en trouve dans les m onastères et les abbayes de Paris ou de l’Ile- de-France , sur les sièges épiscopaux de la Bretagne ou dans les charges les plus importantes de l’État.

L’un d’eux, Guillaume, le seul qui intéresse direc­

tem ent notre récit, armé chevalier sur le champ de bataille de Moncontour, après la défaite de l’armée protestante, se fixa à Paris et y devint directeur des m onnaies et surintendant des fin a n ces1. Il eut huit enfants, parmi lesquels nous citerons seulem ent, parce que leurs nom s doivent trouver place dans

1 G u illa u m e d e M a rilla c m o u ru t e n 1376 e t fu t en te r ré d a n s l ’é g lis e d e S a i n t - P a u l , à P a r is . Il a v a it e u o n z e fr è r e s q u i s e d is ­ tin g u è r e n t p r e sq u e to u s d a n s le s a r m e s , le s le ttr e s o u l'É g lis e . L ’a în é , G ilb e r t, p a r ta g e a la fo r tu n e , m a is n o n la d é fe c tio n , d u c o n n é ta b le de B o u r b o n et f u t , selo n le té m o ig n a g e d e s h is to ­ r ie n s , « u n d e s m ie u x d is a n s d e s o n s iè c le , » q u a lité h é r éd i­

ta ir e , a j o u t e n t - i ls d 'a ille u r s , a in s i q u e la lib é r a lit é , d a n s la r a c e d e s M a r illa c ; sa p e t i t e - f i l l e , M a rg u er ite d ’A r b o u s e , a b ­ b e s se et r éfo rm a trice d u V a l - d e - G r â c e , m o u r u t e n o d e u r d e s a in te té e t e n r en o m d e m ir a c le s. (V o ir s a V ie , p a r M . C l.

F le u r y , 1683.) L e s e c o n d , G a b r ie l, e st c e lu i a u q u e l d e T h o u r e n d a it ce m a g n ifiq u e h o m m a g e : « P o u r la p ié t é , l ’in t é g r it é , l’é lo q u e n c e , il a v a it p eu d ’é g a u x ... C ’é ta it u n h o m m e d ’u n e d is c ip lin e a n t iq u e , et u n c e n s e u r a u stè r e d e s m œ u r s d e so n s iè c le . » T r o is a u tr e s e n tr è r e n t d a n s le s o r d r e s; c e fu r e n t : A n ­ t o in e , r e lig ie u x à T h ie r s ; — C h a r le s , a r c h e v ê q u e d e v i e n n e , a m b a ssa d e u r d u r o i a u p rè s d e S o lim a n , d 'H en ri V III e t do C h a r le s - Q u in t , q u i , d a n s s o n a r d e u r p o u r la réfo rm e d u c le r g é e t d e la j u s t i c e , p r o v o q u a la r é u n io n d e s é ta ts g é n é r a u x d ’Or­

l é a n s ; — e n fin B e r tr a n d , q u i p orta s u r le s iè g e d e V a n n e s l ’h a b it e t la c h a r ité d e s a in t F r a n ç o is a v e c l ’é lo q u e n c e e t la forte d o c ­ tr in e d e s a in t B e r n a r d , e t a u q u e l la B r e ta g n e d e v a it a p rès D ie u , d i s a i t - o n , le b ie n fa it d ’a v o ir é té p r é se r v é e d e l ’h é r é sie .

(32)

4

cette histoire : M ichel, connu sous le titre du chan­

celier de Marillac; V alence, épouse du baron d’Atti- chy, gentilhom me florentin venu en France à la suite de Marie de Médicis; L ouis, maréchal de France, et Louis, seigneur de Ferrières, qui eut pour femm e Marguerite Le Camus et fut père de Mlle Le Gras L « Si je remarque cette n o b lesse, écrivait au-

1 N o u s te n o n s trop à l ’e x a c titu d e h is to r iq u e p o u r d is s im u le r ic i l ’e m b a r r a s d a n s le q u e l n o u s n o u s so m m e s tr o u v é en p r é se n c e d e s d iv e r g e n c e s q u e p r é se n te n t le s a n c ie n n e s g é n é a lo g ie s d es M a rilla c. On p e u t j u g e r d u p e u d e c o n fia n c e q u e m é r ite n t p a r fo is c es p iè c e s p a r u n s e u l e x e m p le . L e P . A n s e l m e , c o n s id é r é g é n é ­ r a le m e n t c o m m e u n e a u to rité e n p a r e ille s m a t iè r e s , d o n n e p o u r p ère fi L o u is e , m o r t e , d i t - i l , le 15 m a r s 1 6 6 0 , à s o i x a n t e - h u i t a n s (c e q u i la fa it n a ître e n 1 5 9 2 ) , R e n é d e M a r illa c , n é e n 1588. L e p è r e n ’a u r a it e u q u e q u a tr e a n s d e p lu s q u e sa f ille !

D e u x fa its c e p e n d a n t s o n t h o r s d e d o u te :

1° L e n om d u p ère e t d e la m ère d e L o u is e . N o u s le s t e n o n s , e n e ffe t, d ’u n h is to r ie n g r a v e , G o b illo n , c u r é d e S a in t-L a u r e n t, q u i é c r iv a it q u in z e a n s a p r è s sa m o r t, s u r le s lie u x o.ù e lle a v a it v é c u e t a u m ilie u d e c e u x q u i l ’a v a ie n t c o n n u e .

2° S a p a r e n té p r o c h e a v e c l e . g a r d e d e s s c e a u x e t a v e c le m a r é c h a l d e M a r illa c , q u i r e s s o r t d e l ’e n s e m b le d e s d o c u m en ts q u e n o u s a v o n s s o u s le s y e u x .

M ais so n p ère é t a it- il frère o u c o u s in d e s p r é c é d e n ts ? C’e st ce q u e , m a lg r é to u s n o s e ffo r ts, n o u s n e p o u v o n s d é te r m in e r e n c o re d ’u n e m a n iè r e c e r ta in e . N o u s s u iv r o n s c e p e n d a n t la p r e m iè r e de c e s o p in io n s , é m ise p a r M o r é r i, q u i e x p liq u e m ie u x , si e lle e st v r a ie , le s ra p p o rts a ffec tu eu x d e M110 L e G ras a v e c le s d e u x h o m m e s le s p lu s illu s t r e s d e s a ra ce , et n e c h a n g e r i e n , e n a d ­ m e tta n t q u ’e lle s o it in e x a c te , à la v é r a c ité g é n é r a le d e n o tre r éc it.

U n e o p in io n m o in s v r a ise m b la b le a é té a v a n c é e , su r u n a u tre p o in t , p a r q u e lq u e s a u t e u r s m o d e r n e s q u i o n t v o u lu v o ir d a n s M a r g u e r ite L e C a m u s , m è r e d e M 11» L e G r a s, u n e s œ u r de Mar C a m u s , é v ê q u e d e B e l le y .'I l n o u s a é té j u s q u ’ic i im p o s ­ s ib le d e d é c o u v r ir si c ette s u p p o s itio n a u n e a u tre b a s e q u e la r e s s e m b la n c e d e s n o m s.

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D E M A D E M O IS E L L E L E G R A S 8

trefois saint Jérôm e, après avoir énum éré les aïeux de sainte P aule, ce n’est pas que je fasse beaucoup de cas de ces avantages tem porels; mais ils retrou­

vent mon admiration dès qu’on s’élève au-dessus et qu’on les immole. » Et il ajoutait : « La gloire de Paule à m es yeux n’est pas de les avoir e u s , mais de les avoir m is aux pieds de Jésus-C hrist. » Nous pourrions en dire autant de l’humble fondatrice des Filles de la Charité. A tous les titres de ses ancê­

tres elle préféra celui de servante des pauvres, et ce sacrifice fait encore aujourd’hui sa grandeur. Dieu le bénit et le rendit fécond ; car, à l’instar de la verge que la légende nous montre se couvrant de fleurs et de fruits dans le tem ple, Louise de Marillac devait porter à elle seule plus de rameaux que le tronc tout entier dont elle était sortie.

Les orages cependant ne lui furent pas épargnés.

Née dans une des périodes les plus troublées de notre histoire, elle grandit au bruit des agitations religieuses et des conflits politiques qui devaient briser, un jour, la fortune de sa famille, et passa à peu près toute sa vie au centre m êm e de ces bouleversem ents.

On était alors, en effet, dans cette période d’effer­

vescen ce qui suivit à Paris l’assassinat d’Henri III et précéda l’entrée d’Henri IY. La ville venait de subir les horreurs d’un blocus de quatre mois qui avait fait périr près du septièm e de sa population.

Elle était déchirée par les factions politiques et livrée à l’élém ent révolutionnaire de la Ligue. Seize bour­

geois s’étaient partagé les seize quartiers de la capi­

tale et y exerçaient-une véritable tyrannie. Enfin le

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désordre était tel qu’on faisait im puném ent circuler des listes de proscription où les nom s des hommes accusés de sympathie pour le roi de Navarre étaient suivis de l’une des trois lettres P. D. G. indiquant le traitement qu’ils devaient su b ir 1. Le nom de Louis de Marillac ne figurant nulle part, on est au­

torisé à supposer qu’il ne donna dans aucun de ces excès et qu’il imita la modération de son frère M ichel, leq u el, préoccupé surtout d’apaiser les esprits et d’arriver à une réconciliation gén érale, aurait voulu qu’on m ît bas les arm es dès que les garanties reli­

g ieu ses accordées par le roi seraient su ffisan tes2.

Quoi qu’il en soit de cette conjecture, ce fut au milieu de ces circonstances que vint au m onde, à Paris m êm e, le 12 août 1591, l’enfant de paix et de béné­

diction à laquelle nous avons hâte d’arriver.

La joie que causa sa naissance fût, hélas! bien vite assom brie. Mme de Marillac mourut lorsque sa fille ne pouvait encore la connaître, ou du m oins

1 P e n d u , d a g u é o u c h a s sé . (M é m o ir e s d e P ie r r e d e l'E s t o ile , q u i a v a it v u su r cette lis te s o n n o m a v e c l a le ttr e D .)

2 M ic h e l d e M a r illa c , a lo r s c o n s e ille r a u P a r le m e n t , j o u a u n r ô le im p o rta n t d a n s l ’h is to ir e d e c e te m p s. Il e m p ê c h a la c o n ­ c lu s io n d u tr a ité d e stin é à tra n sférer la c o u r o n n e d e F r a n c e à u n e p r in c e ss e e s p a g n o le e t p r o v o q u a l ’a rrêt c é lè b r e q u i p r o c la ­ m a it à n o u v e a u la loi s a liq u e u n e d es lo is fo n d a m e n ta les du r o y a u m e . C e fu t e n c o r e lu i q u i , lo r s d e l’e n tr é e d ’H en ri IV à P a r is , r é u n it la n u it d a n s s o n h ô t e l u n c o rp s d e b o u r g e o is a m is d u ro i et p rêta 1 ,2 0 0 é c u s a u c o m te d e B r is s a c p o u r s ’a s­

su r er le s la n s q u e n e ts. A u s s i , lo r sq u ’on v o u lu t e x p u ls e r le s p r in c ip a u x l ig u e u r s , p a r m i le s q u e ls o n l ’a v a it in s c r i t , le roi f i t - i l r a y er so n n o m d e la lis t e d e s b a n n is . ( L e fè v r e de L é z e a u , H is to ir e d e la v ie d e m e s s ir e M ic h e l d e M a r i l l a c .)

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D E M A D E M O IS E L L E L E G R A S 7

si elle la v it , ce ne fut qu’à cet âge où ni le cœ ur ni les yeux ne sont encore capables de mémoire. Il manque d’ordinaire, d it-o n , quelque chose aux enfants qui n’ont pas grandi sur les genoux mater­

nels , et on les compare volontiers à des fruits qui n’ont pas eu assez de soleil'; mais ici encore l’épreuve était providentielle. Appelée à de grandes œ uvres, l’enfant devait recevoir une éducation toute v irile, et les m élancoliques im pressions de ses pre­

m ières années étaient destinées à lui faire m ieux comprendre un jour tout l’amour qu’il faudrait don­

ner aux petits êtres sans m ère qu’elle s ’efforcerait d’arracher à la mort.

M. de Marillac, se voyant seul responsable de l’avenir de L ouise, l’entoura des plus tendres soins.

Sa santé délicate l’exigeait d’ailleurs. « D ieu, » écrivait-elle plus tard, « m ’a fait connaître de bonne

« heure que sa volonté était que j ’allasse à lui par

« la croix : dès ma naissance et à tout â ge, il ne

« m ’a presque jamais laissée sans occasions de souf-

« fra n ces1. » Le père dut cependant consentir à se séparer de sa fille pour un tem p s, e t, désireux de lui faire enseigner de bonne heure les principes de la piété chrétienne, il la confia à une de ses ta n te s, nomm ée aussi Louise de Marillac, religieuse au m onastère royal de Saint-L ouis, à Poissy.

C’était une résidence splendide et bien faite pour élever de jeunes intelligences que cette ab­

baye , fondée * par Philippe le B e l, en souvenir

1 M éd ita tio n s in é d ite s.

2 E n 1304.

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de son aïeul, sur l’emplacement du château habité par tant de r ein es, depuis Clotilde, qui y atten­

dait la victoire de Tolbiac, jusqu’à Blanche de Cas- tille, qui y donna naissance à saint Louis. Les bâtim ents, entourés d’un vaste parc, couvraient l’espace d’une petite ville. Partout des richesses d’art et d’ornementation attestaient la libéralité des rois et des grands seigneurs dont les filles avaient fait profession dans la maison. L’é g lise , beau spé­

cimen gothique du x iv e siècle, avec sa flèche élan­

cée dominant un chœur entouré de neuf chapelles peintes à fresq u e, était un véritable reliquaire d’art, et les yeux de la jeune Louise durent être éblouis lorsqu’elle y pénétra pour la première fois. Au- dessu s du ju b é, en face de l’autel élev é, selon la tradition, sur la place même où saint L ouis, son patron, avait vu le jour, une peinture représentant le roi en habits fleurdelisés frappait d’abord le re­

gard. A côté de cette image se dressaient la statue de sa fem m e, Marguerite de P roven ce, avec la cou­

ronne et le manteau de France, et les monuments consacrés à leurs trois fils. Ailleurs enfin c’étaient les statues ou les m ausolées des plus illustres reli­

gieu ses : Marie de Clermont, fille de Robert, tige des Bourbons, deuxième prieure, qui passa soixante- treize ans dans le cloître; Marguerite de France, fille du roi Jean; Marie de Bourbon, b elle-sœ u r de Charles V ; Marie, fille de Charles VI ; Isabelle d’Ar­

tois et Marie de B retagne', dem eurées toutes jus-

1 H is to ir e d e l a v ille d e P o i s s y , p a r O cta v e N o ë l, 1869.

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D E M A D E M O IS E L L E L E G R A S 9

qu’à leur mort dans ce monastère, dont elles avaient préféré la solitude à l’éclat du trône. C’est dans ce sanctuaire que Louise dut s ’approcher pour la pre­

mière fois de la table sain te, acte mémorable sur le­

quel les détails nous m anquent, mais que les circon­

stances extérieures entourèrent sans nul doute d’une solennité toute particulière. Les cérém onies reli­

g ie u se s, en effet, se faisaient à P oissy avec une pompe extraordinaire, rehaussée encore par la pré­

sence de deux cents dominicaines entourant un autel sur lequel la piété des rois avait accumulé les reliquaires couverts de pierreries et les vases d’or m assif étincelants de diamants.

Mais si la magnificence du culte frappait l’im agi­

nation de la jeune fille, sa mémoire s enrichissait sans effort des souvenirs attachés à cette antique demeure. L’histoire nationale s ’apprenait d’in stin ct, p eu t-on dire, en un lieu où presque tous les rois avaient passé depuis trois siè c le s, laissant leurs nom s aux appartements par eux habités, où Marie Stuart avait fait un séjour, François II tenu un cha­

pitre de Saint-Michel, et où Catherine de Médicis enfin avait convoqué, dans le parloir m êm e des re­

lig ieu ses, la fam euse assem blée de catholiques et de protestants connue sous le nom de colloque de Poissy. Les Bourbons étaient demeurés fidèles aux traditions de bienveillance des V alois, et Louise put voir un jour le petit prince destiné à être Louis XIII conduire à l’autel une jeune postulante, MUo de Frontenac, qui venait y prendre le voile. Elle se dou­

tait bien peu alors assurém ent q u e, quarante ans

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plus tard, le fils de cet enfant royal serait invoqué par elle en faveur d’un autre institut dont Dieu seul encore avait conçu la pensée et préparait l’avenir.

N’anticipons pas toutefois sur les événem ents et revenons à ses études.

Les littératures anciennes et modernes étaient cultivées avec succès à P oissy par les religieuses, dont plusieurs s’étaient rendu familière la langue d’Homère. Louise apprit-elle à l’école de la sœ ur Odeau, qui traduisait à cette époque les sermons de saint Bernard et les dédiait à la prieure, Mme de Gondy, le latin « qu’elle entendait si bien » Nous l’ignorons. Certainement du moins elle dut exercer sa mémoire en apprenant les poésies charmantes d’Anne de Marquest, la gloire littéraire du m onas­

tère, considérée comme un des esprits les plus dis­

tingués et un des premiers hellénistes de son tem ps, et qui venait à peine de partir pour « ce beau jardin des cieux » qu’elle avait chanté dans se s v e r s ,

O ù le s r o se s d e p o u r p r e e t le s lis b la n c h iss a n s S a n s j a m a is s e fla istr ir s o n t to u jo u r s flo rissa n s.

Toutefois il régnait alors dans ce splendide mo­

nastère une atmosphère quelque peu mondaine qui ne devait pas convenir aux habitudes austères de M. de Marillac, et la jeune Louise le quitta bientôt.

Lorsqu’elle s’en élo ig n a , rien, nous le répétons, ne pouvait faire soupçonner à l’humble fille sa voca­

1 R e c u e il d e q u e lq u e s p a r tic u la r ité s d e la d e r n iè r e m a la d ie d e M11” L e G ras. ( A r c h . d e la M issio n .) L es le ttr e s d e sa in t V in c e n t c o n fir m e n t c e fait.

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D E M A D E M O IS E L L E L E G R A S I I

tion et sa destinée; mais n’e s t-il pas permis de croire que du haut du paradis le royal patron de la France, dont le berceau avait abrité ses premières années, entrevoyait déjà cette pacifique armée de vierges qui devaient, un jour, sur les rivages d’O- rient, succéder à ses chevaliers? L’histoire est pleine de ces rapprochements providentiels dont le sens ne se découvre qu’avec le tem ps.

M. de Marillac, ayant fait revenir sa fille à Paris, la mit entre les mains d’une m aîtresse chargée de terminer son éducation. Il voulut que rien de ce qui pouvait achever son développement ne fût oublié et qu’elle se livrât à la fois aux exercices du corps et à la culture des arts, au moins de la peinture, pour laquelle elle conserva un goût persistant, et qu’elle n’abandonna jamais complètement à aucune des

* phases de son existence. Découvrant en outre chez elle une promptitude remarquable à saisir les vérités les plus abstraites, il s’appliqua à former son e s­

prit par l’étude de la philosophie, afin, nous dit son premier h isto rien 1, de lui « donner entrée dans les sciences les plus élevées ». La lecture la plume à la main fut, au bout de peu de tem ps, une des oc­

cupations favorites de L ouise, et sa conversation devint si agréable que son père n’eut bientôt pas de

' L a V ie d e M a d e m o is e lle L e G r a s , f o n d a tr ic e e t p r e m i è r e s u p é r ie u r e d e la c o m p a g n ie d es F ille s d e la C h a r i t é , s e r v a n te s d e s p a u v r e s m a l a d e s , p a r M . G o b iilo n , p r ê tr e , d o c te u r d e la m a iso n e t so c ié té d e S o r b o n n e , c u r é d e S a in t-L a u r e n t. A P a r is , c h e z A n d r é P r a la r d , r u e S a in t-J a c q u e s , à l ’O c c a sio n , m d c lx x v i, p . 7.

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plus vif plaisir que de s ’entretenir avec elle ou de lire le résultat de ses réflexions ; aussi proclamait- il , en dictant son testa m en t, « que sa fille avait fait sa plus grande consolation dans le m onde, et qu’elle lui .avait été donnée de Dieu pour son repos d’esprit dans les afflictions de la vie. »

Cette forte éducation préparait le terrain aux grandes vertus qui allaient bientôt y germer. Père éclairé et prévoyant, M. de Marillac n’avait déve­

loppé chez sa fille ces goûts solides que pour éloi­

gner d’elle la futilité et pour lui faire comprendre la vie grave et sainte; dès l’âge de quinze ou seize ans, Louise com m ença à se livrer à l’oraison 1 et ne tarda pas à concevoir, avec un profond mépris pour le m onde, le désir ardent de se consacrer à Dieu. Cette pensée l’occupa longtem ps sans qu’elle parvînt à dis­

tinguer l’ordre auquel elle était appelée. L’abbaye de P oissy, où la ferveur avait fléchi et où la règle n’était plus dans toute sa vigueur, ne paraît pas avoir arrêté son attention, et l’on ne saurait en être surpris. Mais, ce qui étonne davantage, elle ne sem ble pas non plus s ’être jamais dirigée vers une grande famille reli­

gieuse q u i, récem ment transportée d’Espagne à Paris, excitait, par le spectacle de vertus incompa­

rables, une sympathie universelle. Nulle part elle n’était plus vive que dans la famille de Marillac, et Louise ne pouvait ignorer la part qu’un de ses oncles avait prise à l’établissem ent des premières Carmé­

1 L ettre d e M a th u rin e G u é r in , Tille d e la C h arité, à M a rg u e­

rite C h é tif , su r le s v e r tu s d e Mlle L e G ras. (A r c h . d e la M is­

sio n .)

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D E M A D E M O IS E L L E L E G R A S 13 lites, ou plutôt Carmélines, comme l’on disait alors, ni la manière vraiment extraordinaire, et jusqu’ici peu co n n u e, dont il avait été amené à y travailler.

Ayant trouvé par h asard , à la fin de l’été de 1602, chez un libraire de Paris, le livre de la Vie et M ira­

cles de la B. Mère Thérèse, nouvellement traduit en français, Michel de Marillac l’avait acheté et em­

porté dans un pèlerinage à Notre-Dam e de Liesse.

A peine en avait-il commencé la lecture que, saisi d’admiration devant la ferveur des Carmélites réfor­

m ées d’Espagne, il avait entendu une voix intérieure lui intimer l’ordre de les introduire en France. Il avait résisté d’abord, tant la chose lui semblait diffi­

cile ; mais à la fin, vaincu par une volonté supérieure, il s’était rendu, pour devenir, selon la prédiction de Mme Acarie, « la pierre fondamentale quant au tem ­ porel du Carmel français. » C’était lu i, en effet, qui avait préparé et surveillé la construction de ce beau couvent de la rue Saint-Jacques : « Grande m aison, » disait MUe de Montpensier, « où se trouve une nom­

breuse communauté remplie de filles de qualité et d’esprit, qui ont quitté le monde qu’elles connais­

saient et m éprisaient; or, c’est là ce qui fait les bonnes religieuses. » Cependant, malgré tout ce qui devait attirer Louise vers le Carmel, malgré les re­

lations établies par son oncle entre elle et la mère Madeleine de Saint-Joseph, la plus grande et la plus sainte peut-être de cette admirable légion, elle ne sem ble p as, comme nous l’avons dit, avoir jamais eu l’idée de revêtir l’habit des filles de Sainte- Thérèse. Dieu, qui avait des vues sur elle, ne le per­

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mit pas et ne la laissa pas davantage donner suite à un autre projet qui la séduisit pendant quelque tem ps.

A peu près à l’époque où les Carmélites s ’établis­

saient en France, Paris s’enrichissait d’un second ordre de fem m es égalem ent vouées à la prière et à la pénitence. Un jour du mois de juillet 1606, les Parisiens étonnés avaient vu passer une procession com posée de douze religieu ses, la tête couronnée d’ép in es, marchant pieds n u s, conduites chacune par une dame de haute condition, et se rendant, précédées de quatre-vingts Capucins et suivies du cardinal de Gondy, de l’hôtel Vendôm e, où elles avaient reçu a sile, au couvent que la duchesse de Mercœur leur avait fait construire rue Saint-H o­

noré. Ces religieuses étaient des Capucines ; on les désignait sous le nom de Filles de la P assion , et aucune com m unauté, d isait-on , ne les dépassait en austérités. Leur genre de vie semblait répondre si bien à ses aspirations, que L ouise, dès qu’elle en eut connaissance, conçut la pensée de l ’em brasser ; et si l’on considère ce qu’elle écrivait plus tard au sujet d'un p rem ier vœ u, on est porté à conclure qu’elle prit m êm e alors au fond de son cœur une sorte d’engagem ent, bientôt annulé, il est vrai, par la décision d’une autorité sans appel. Ce n’était p as, en effet, chez les Capucines, pas plus que chez les Carmélites, que Dieu lui donnait ren d ez-vou s, et l’organe qu’il choisit pour la détourner de son d es­

sein fut un homme dont un évêque du tem ps di­

sait : « Nous n’avons point en ce siècle de sainteté

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D E M A D E M O IS E L L E L E G R A S 15

plus apparente et plus confirmée par les m iracles, » le Père Honoré de Champigny, alors provincial des Capucins de Paris 1. Investi depuis vingt ans des charges les plus importantes de son ordre, grand ob­

servateur de la règle, il attirait par sa vertu humble et douce le respect et la confiance; aussi MlledeM a- rillac n’eut-elle aucune difficulté à lui ouvrir son cœur. Le Père H onoré, dont la prudence était une des qualités dom inantes, reconnut tout d’abord que sa santé était trop délicate mêm e pour un simple essai. Il jugea qu’il y avait lieu d’appliquer là ce con­

seil donné déjà par lui à plusieurs autres jeunes filles : « En cueillant trop tôt la fleur on em pêche le fruit de croître ; mais lorsqu’elle se flétrit d’elle- m êm e, le fruit noué dem eure; » et peut-être éclairé par cette lum ière dans laquelle, pour le bien des â m es, Dieu lui montrait souvent les événem ents de l’avenir % il déclara à Louise que « le Seigneur avait sur sa personne quelque autre dessein ».

Sur ces entrefaites, elle perdit son père. P ressée par son entourage de prendre un parti, et inter­

prétant la décision qui lui avait été donnée, elle consentit à accepter la main d’un jeune secrétaire

1 L e c o u v e n t d e s C a p u c in s é ta it s itu é e n fa ce d e c e lu i d e s C a p u c in e s , su r l ’e m p la c e m e n t d e s r u e s d e R iv o li, C a stig lio n e e t d u M on t-T h a b o r. 11 y a v a it là a lo r s to u t u n g r o u p e d ’h o m m e s c é lè b r e s , e t p a r m i e u x u n c o u s in d e M u * d e M a r illa c , le frère M ic h e l, q u i y m o u ru t s a in te m e n t e n 1631.

2 H is to ir e d e l a v i e , m o r t e t m ir a c le s d u R . P .H o n o r é B o c h a rt d e C h a m p i g n y , p a r le P . H en ry de C a la is. — P a r i s , G erv a is A llio t , 1 6 4 9 .— L ’in s tr u c tio n de sa c a u s e d e b é a tific a tio n , c o m ­ m e n c é e e n 1 6 3 b , a é té r ep rise d e n o s jo u r s.

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des commandements de la reine Marie de M édecis, Antoine Le Gras, dont la famille était, comme la sien n e, originaire d’Auvergne*. La charité des Le Gras était traditionnelle et s’étendait jusqu’à la ville du Puy, où ils avaient fondé un hospice. Nul doute que cette considération n’eut quelque valeur aux yeux de Mlle de Marillac, très affectionnée elle-m êm e aux pau vres, et qui voyait dans cette qualité de sa nouvelle famille uir gage de ce qu’il lui serait per­

m is de faire à son tour. Le mariage fut donc célébré, le 5 févi’ier 1613, dans l’église de Saint-Gervais Louise avait alors vingt et un ans et quelques mois.

Par un rapprochement singulier, le mêm e jour, sur les fonts baptismaux de la même paroisse, on présentait un enfant auquel ses parents donnaient le nom de René Alméras et q u i, un dem i-siècle plus tard, appelé à diriger une œuvre dont la fondatrice était alors cachée aux yeux de to u s, devenait le premier supérieur général, après saint Vincent de Paul, des Filles de la Charité3.

1 A n to in e L e G ras é ta it n é à M o n tfer r a n d , o ù l ’on m on tre e n c o r e u n e m a is o n q u ’o n d it lu i a v o ir a p p a rten u .

2 L e r e g istr e d e la p a r o isse d e S a in t - G e r v a is o ù s e tr o u v a it la m e n tio n d u m a r ia g e d e « M . A n to in e L e G ras et d e d a m o ise lle L o y se d e M a rilla o » p a r a ît a v o ir é té b r û lé p e n d a n t la C o m m u n e, en 1871. J a l, a u te u r d u D ic t i o n n a i r e c r i t i q u e d e b io g r a p h ie et d ’h is to ir e (1 8 7 2 ), d it l ’a v o ir e u s o u s le s y e u x p e n d a n t le c o u r s d e s e s tr a v a u x .

3 R e n é A lm é r a s , n é à P a r is , p a r o is se d e S a in t - G e r v a is , le 5 fév r ie r 1 6 1 3 , r eç u le 24 d é c em b r e 1637 d a n s la c o n g r é g a t io n d e la M is s io n , s u c c é d a , le 17 ja n v ie r 1 6 6 1 , à s a in t V in c e n t de P a u l c o m m e su p é r ie u r g é n é r a l.

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C H A P I T R E II

1 6 1 3 - 1 6 2 3

N a is sa n c e de so n fils. — S e s r e la tio n s a v e c s a in t F r a n ç o is de Sales'; a v e c Me1 C a m u s , é v ê q u e d e B e lle y , q u i la d ir ig e . — E lle fa it v œ u d e n e p a s se rem a rier. — E p r e u v e s in tér ie u r e s.

La famille dans laquelle Louise venait d’entrer n’appartenait pas aux rangs de la noblesse. Les Le Gras n’avaient encore atteint qu’une bonne et honorable bourgeoisie : Antoine et Nicolas, son frère, devaient à leur seul mérite et aux sacrifices pécu­

niaires que, malgré une fortune médiocre, ils s ’étaient im posés tous deux, les positions qu’ils occupaient, l’un, nous l’avons déjà dit, de secrétaire de Marie de M édicis, l’autre de trésorier de France 1. D’autre part le titre d’écuyer, porté par Antoine, n’autori­

sait pas la femme qui prenait son nom à se faire ap­

peler M adame, et Louise continua, selon les m œurs

1 L e titre d e tr é so r ie r d e F r a n c e e st d o n n é à N ic o la s s u r les r e g istr e s d e la p a r o isse d e S a in t-G e r v a is , o ù fu t c é lé b r é , le 22 j a n v ie r 1 6 1 3 , s o n m a r ia g e a v e c M a g d e le in e L e R o u x . A p r è s la m ort d e so n fr è r e , il a c h e ta au p r ix d e 3 ,0 0 0 liv r e s sa c h a r g e d e sec r éta ir e d es c o m m a n d e m e n ts de la r e in e m è r e , e x er ç a c e s m ê m e s fo n ctio n s a u p rè s d ’A n n e d ’A u tr ic h e et m o u ru t lo 2 a o û t 1646.

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du tem p s, à. ne recevoir d’autre désignation que celle de Mademoiselle. Bien que l’usage ait changé dès

le x v i i i 0 sièc le, l’habitude n’a pas varié dans la

famille de S ain t-V in cen t-d e-P au l, et les Filles de la Charité disent encore « Mademoiselle » en parlant de leur fondatrice. Nous n’avons pas cru devoir rompre avec la tradition ni modifier une appellation consacrée par le respect de près de trois cents ans.

Peu de détails nous restent m alheureusem ent sur la vie nouvelle qui venait de s ’ouvrir pour Louise. Le pillage de Saint-Lazare, en 1789, qui fit disparaître un très grand nombre de lettres et de documents appar­

tenant à la Mission, nous a privés d’informations aux­

quelles rien ne saurait suppléer. Nous savons cep en ­ dant q u e, naturellement tendre et affectueuse, elle s’attacha à son mari d’autant plus étroitement qu’il méritait toute son estim e par « sa bonne v ie , étant fort craignant Dieu et exact à se rendre irrépro­

chable1 ». Le souvenir qu’elle devait lui garder en s ’efforçant de l’inspirer à son fils et sa fidélité à célé­

brer, par la m esse et la com m union, l’anniversaire de leur mariage ’, ne sont-ils pas d’ailleurs autant de lueurs jetées sur la douceur de leur union ?

La bénédiction de Dieu ne se fit pas longtem ps attendre, car, le 19 octobre 4613, elle mettait au monde un fils qui reçut les noms de Michel-Antoine et fut tenu sur les fonts baptismaux de l’église de Saint-Merry, sa paroisse, par « noble homme René

1 T e s ta m e n t de M 11» L e G ras.

2 V o ir sa c o r r e sp o n d a n c e a v e c s a in t V in c e n t d e P a u l e t so n te sta m e n t.

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