LXXXVIII.3 (1999)
Calcul de la dynamique de transformations lin´ eaires contractantes mod 1 et arbre de Farey
par
Yann Bugeaud (Strasbourg) et Jean-Pierre Conze (Rennes)
Introduction. L’´etude du comportement asymptotique des it´erations d’une transformation de l’intervalle dans lui-mˆeme a fait l’objet de nombreux travaux, dans un cadre tr`es g´en´eral. Nous envisageons ici le cas particulier des applications T
γ,αde l’intervalle [0, 1[ dans lui-mˆeme d´efinies par
T
γ,α: x → γx + α mod 1,
γ et α ´etant deux param`etres r´eels v´erifiant 0 < γ < 1, et d’applications analogues `a “deux pentes”. Bien que tr`es simple en raison du caract`ere localement contractant des applications, l’´etude explicite des it´erations de T
γ,αest int´eressante d’un point de vue appliqu´e, car elle intervient dans des algorithmes de quantification en traitement du signal (cf. [3]). D’autre part, d’un point de vue th´eorique, elle offre un mod`ele simple pour lequel on peut effectuer une ´etude compl`ete de la dynamique, par une m´ethode suscepti- ble d’ˆetre ´etendue `a des familles plus g´en´erales d’applications localement contractantes.
Cette m´ethode consiste `a prolonger la construction de l’arbre de Farey (cf. [4], [5]), classique pour les rotations (cas γ = 1), `a la r´egion 0 < γ < 1. On obtient ainsi une famille de polynˆomes qui permet de pr´eciser si l’attracteur de la transformation T
γ,αest un ensemble fini ou un ensemble de Cantor sur lequel la transformation est semi-conjugu´ee `a une rotation irrationnelle, et d’expliciter analytiquement l’ensemble exceptionnel des valeurs du couple de param`etres (α, γ) pour lesquelles la deuxi`eme situation se pr´esente.
Par ailleurs, en utilisant un proc´ed´e d’induction, on peut obtenir num´e- riquement les caract´eristiques de la dynamique, `a l’aide d’un algorithme du type “fractions continues”. Ce proc´ed´e devrait pouvoir s’´etendre `a des situations plus g´en´erales de transformations localement contractantes semi- conjugu´ees `a un ´echange d’intervalles.
1991 Mathematics Subject Classification: 11B57, 58F08.
[201]
Le travail pr´esent´e ici prolonge des r´esultats de Y. Bugeaud [2] et d’au- teurs travaillant dans le cadre du traitement du signal, en particulier sur des probl`emes de quantification (voir par exemple les r´ef´erences dans l’article de O. Feely et L. O. Chua [3]). Pour certaines notions utilis´ees ici telles que nombre de rotation, arbre de Farey, on pourra se r´ef´erer `a l’ouvrage de W.
de Melo et S. van Strien [5].
Plan de l’article. Une caract´erisation des valeurs des param`etres pour lesquels l’application T
γ,αa une orbite p´eriodique attractive a ´et´e donn´ee dans [2] (th´eor`eme 1.1 ci-dessous). Apr`es une premi`ere partie consacr´ee `a des rappels, nous pr´esentons dans la partie 2 une d´emonstration de nature alg´ebrique de ce r´esultat, bas´ee sur l’´etude de fractions rationnelles en une variable g´en´eralisant l’arbre de Farey.
Dans la partie 3, nous pr´esentons, sans d´emonstration, une g´en´eralisation du th´eor`eme 1.1 au cas des transformations contractantes `a deux pentes.
Dans la partie 4, nous d´ecrivons un algorithme, du type de l’algorithme des fractions continues, qui permet de calculer, pour des param`etres (γ, α), les caract´eristiques de la dynamique des transformations T
γ,αet plus g´en´e- ralement de la classe des transformations introduite dans la troisi`eme partie.
Nous mentionnons enfin quelques questions prolongeant l’´etude pr´esent´ee ici.
1. Notations et rappels. Nous notons X l’intervalle unit´e [0, 1[ et nous d´esignons respectivement par [·] et {·} les fonctions partie enti`ere et partie fractionnaire.
Etant donn´e α ∈ [0, 1[, nous notons T
αla rotation T
αx = {x + α}, vue comme application de X dans lui-mˆeme. On peut coder la rotation T
αen utilisant la partition de l’intervalle [0, 1[ en les intervalles [0, 1 − α[ et [1 − α, 1[. Soit ε la fonction d´efinie par
ε(x) =
0 si x ∈ [0, 1 − α[, 1 si x ∈ [1 − α, 1[.
Pour chaque point x, la suite (ε(T
αk−1x))
k∈Zest une suite de “0” et de “1”
codant le point x. En appliquant la relation x + α = T
αx + ε(x) au point T
αn−1x, nous obtenons par r´ecurrence
x + nα = T
αnx + ε(T
αn−1x) + ε(T
αn−2x) + . . . + ε(x).
On notera simplement (ε
k)
k∈Zla suite correspondant `a x = 0. On a donc par d´efinition ε
k= ε(T
αk−10), pour tout k ∈ Z. Pour pr´eciser que cette suite d´epend de α, on la note ´egalement (ε
αk). Pour tout α, on a ε
α1= 0 et, pour k ≥ 1,
(1.1) ε
αk= [kα] − [(k − 1)α].
La suite (ε
αk) donne la dynamique de l’action de T
αsur l’orbite de 0. Si l’on note A
0(resp. A
1) la translation x 7→ x + α (resp. x 7→ x + α − 1), on a (1.2) T
αn(0) = A
εαn. . . A
εα1(0).
Cette suite (ε
αk) (dite aussi suite de Sturm de α) sera appel´ee suite de codage de la rotation T
α. Dans le cas o` u α est rationnel, ´egal `a la fraction irr´eductible p/q, la suite (ε
p/qk) est p´eriodique de p´eriode q.
Notons que l’on a, pour n ≥ 1, [nα] =
X
n k=1ε
k, nα = {nα} + X
n k=1ε
k,
ce qui fournit une m´ethode de quantification binaire du r´eel α, puisque α peut s’´ecrire, si α = p/q ∈ [0, 1[ est rationnel :
α = 1
q [ε(T
αq−10) + ε(T
αq−20) + . . . + ε(0)], et si α est irrationnel :
α = lim
n
1
n [ε(T
αn−10) + ε(T
αn−20) + . . . + ε(0)].
Nous allons voir que l’ensemble des suites de codage associ´ees aux nom- bres α ∈ [0, 1[ peut aussi ˆetre construit globalement par concat´enation selon le proc´ed´e de construction de l’arbre de Farey dont nous rappelons bri`evement le principe.
Arbre de Farey. L’arbre de Farey est la suite (G
n)
n≥1d’ensembles de rationnels, ordonn´ee par inclusion, d´efinie de la fa¸con suivante. On part de G
1=
01
,
11. Pour n ≥ 1, G
n+1est l’ensemble, ordonn´e par ordre croissant, form´e des rationnels appartenant `a G
net des rationnels obtenus en prenant le m´ediant des couples de rationnels cons´ecutifs de G
n, le m´ediant de deux rationnels p/q et p
0/q
0´etant le rationnel
p
00q
00= p + p
0q + q
0.
On obtient ainsi tous les rationnels de l’intervalle [0, 1]. On montre par r´ecurrence que deux fractions irr´eductibles p/q et p
0/q
0sont deux ´el´ements cons´ecutifs d’un ensemble G
nsi, et seulement si, pq
0− p
0q = ±1.
Dans la partie 2, nous g´en´eralisons ce proc´ed´e `a des suites de fractions rationnelles en une variable.
Dans ce qui suit, on utilisera, sans le repr´eciser, le fait que, si p/q est
une fraction irr´eductible appartenant `a ]0, 1[, alors ε
p/q0= 1, ε
p/q1= 0 et la
suite (ε
p/qk) est q-p´eriodique. Le lemme 1.1 ci-dessous montre que les suites
(ε
p/qk) sont sym´etriques, si l’on exclut les valeurs extrˆemes ε
0et ε
q−1:
Lemme 1.1. Soit p/q un rationnel irr´eductible; si l 6≡ 0, 1 mod q, on a ε
p/ql= ε
p/qq−l+1.
P r e u v e. Il suffit d’observer que, si j ne divise pas q, on a [−jp/q] =
−[jp/q] − 1.
Lemme 1.2. Soient p/q et p
0/q
0deux rationnels v´erifiant p
0q − pq
0= 1 et notons r le rationnel (p + p
0)/(q + q
0). Alors ε
rq0= 0 et ε
rq0+1= 1. De plus, on a
(i) ε
rl= ε
p/ql, 1 ≤ l ≤ q, (ii) ε
rq+l= ε
pl0/q0, 1 ≤ l ≤ q
0, (iii) ε
rl= ε
pl0/q0, 0 ≤ l ≤ q
0− 1, (iv) ε
rq0+l= ε
p/qq−l+1, 0 ≤ l ≤ q − 1,
(v) ε
rq0+1−l= ε
pl0/q0, 0 ≤ l ≤ q
0− 1, (vi) ε
rq+q0−l= ε
p/qq−l, 0 ≤ l ≤ q − 2.
P r e u v e. La preuve est bas´ee sur la relation (1.1). Comme q
0p + p
0q + q
0= p
0− 1 q + q
0,
on a [(q
0− 1)r] = [q
0r] = [(q
0+ 1)r] − 1 et donc ε
rq0= 0, ε
rq0+1= 1.
(i) Pour 0 ≤ l ≤ q, on d´eduit de 0 ≤ lr − lp/q ≤ 1/(q + q
0) et [lp/q] = [lp/q + 1/(q + q
0)] que [lr] = [lp/q]. Par cons´equent ε
rl= ε
p/qlpour 1 ≤ l ≤ q.
On prouve (iii) de mani`ere analogue.
(ii) Soit 0 ≤ l ≤ q
0. Comme (l + q)(p + p
0)
q + q
0= p + 1 + l(p + p
0) q + q
0,
il suffit de prouver que [lp
0/q
0] = [(1 + l(p + p
0))/(q + q
0)], ce qui d´ecoule de 1 + l(p + p
0)
q + q
0− lp
0q
0≤ 1 q + q
0.
(iv) Si l = 0, 1, (iv) est d´ej`a prouv´e. Pour 1 ≤ l ≤ q − 1, on a (q
0+ l) p + p
0q + q
0= p
0+ l(p + p
0) − 1 q + q
0et l’on d´eduit de l’in´egalit´e
lp
q − l(p + p
0) − 1 q + q
0< 1
q + q
0que [lp/q] = [(l(p + p
0) − 1)/(q + q
0)]. On a donc ε
rq0+l= ε
p/qlsi 2 ≤ l ≤ q − 1.
Il suffit alors d’appliquer le lemme 1.1.
Enfin, on d´eduit (v) (resp. (vi)) de (iii) (resp. (iv)) en appliquant le lemme 1.1.
Remarque 1.1. D’apr`es le lemme 1.2, la dynamique de la rotation par (p + p
0)/(q + q
0) est d’abord (pour les q premiers it´er´es) celle de la rotation par p/q, puis (pour les q
0derniers it´er´es), celle de la rotation par p
0/q
0. On peut donc construire la dynamique des rotations rationnelles par un proc´ed´e de concat´enation calqu´e sur la construction de l’arbre de Farey des rationnels de l’intervalle [0, 1].
Dynamique des applications T
γ,α. Consid´erons maintenant l’application de l’intervalle [0, 1[ dans lui-mˆeme T
γ,αd´efinie par
(1.3) x
T−→ {γx + α},
γ,αo` u γ et α sont deux param`etres r´eels. On peut supposer α ∈ [0, 1[. Pour γ = 1, on obtient la rotation T
α. Nous nous int´eressons ici au cas contractant et nous supposerons donc, dans toute la suite, 0 ≤ γ < 1.
La dynamique de l’it´eration de T
γ,αest donn´ee, en fonction des valeurs des param`etres, par les r´esultats suivants de [2] :
Th´ eor` eme 1.1. Soient q et p, q ≥ 1, p ≤ q, deux entiers premiers entre eux. D´efinissons l’intervalle I
qp(γ) par
I
qp(γ) =
P
qp(γ)
1 + γ + . . . + γ
q−1, P
qp(γ) + γ
q−1− γ
q1 + γ + . . . + γ
q−1, o`u P
qpest le polynˆome
P
qp(γ) = X
q−1 k=0ε
p/qq−kγ
k.
Alors l’application T
γ,αa une orbite p´eriodique attractive avec la mˆeme dy- namique que la rotation T
1,p/qsi, et seulement si, α ∈ I
qp(γ).
Corollaire 1.1. Soit γ < 1; la mesure de Lebesgue de l’ensemble des param`etres α ∈ ]0, 1[ pour lesquels le nombre de rotation de T
γ,αest rationnel est ´egale `a 1.
P r e u v e. La somme des longueurs des intervalles I
qp(γ) d´efinis au th´eo- r`eme 1.1 vaut
µ(γ) = X
∞ q=1Φ(q)(γ
q−1− γ
q) 1 + γ + . . . + γ
q−1,
o` u Φ(q), fonction d’Euler, est le nombre d’entiers p, 1 ≤ p ≤ q, premiers avec q. En utilisant le th´eor`eme 308 de [4], on obtient µ(γ) = 1.
Nous avons repr´esent´e sur la Figure 1 les sous-ensembles de [0, 1[ × [0, 1[
form´es par les couples (γ, α) tels que α ∈ I
qp(γ), pour
pq∈
01
,
15,
13,
25,
12,
35,
2 3
,
45.
Figure 1
On comparera ce r´esultat avec l’´etude de perturbations de rotations, telles que la famille classique x → x + α + ε sin x (cf. [1]).
Pour γ ∈ ]0, 1[, il existe cependant un ensemble r´esiduel C
γde valeurs de α pour lesquelles le nombre de rotation est irrationnel. Cet ensemble est d´efini par
C
γ= X \ [
q,p
I
qp(γ).
Etant donn´es α irrationnel et γ ∈ ]0, 1[, posons τ
γ(α) = (1 − γ)
X
∞ k=0ε
α−kγ
k,
(ε
αk)
k∈Z´etant la suite fournie par le codage de α. On peut montrer (cf. [2]) que, pour chaque γ ∈ ]0, 1[, l’application τ
γest une bijection de R \ Q ∩ [0, 1]
sur C
γ, telle que lim
γ→1τ
γ(α) = α. De plus, la transformation T
γ,τγ(α)est semi-conjugu´ee `a la rotation d’angle α.
2. Etude des polynˆ omes P
qpExtension de la construction de Farey. Le th´eor`eme 1.1 motive l’exten- sion suivante du proc´ed´e de Farey `a la r´egion des param`etres 0 ≤ γ < 1.
On construit un arbre de fractions rationnelles de la forme P (γ)/Q(γ), o` u Q est un polynˆome de la forme Q = 1 + γ + . . . + γ
q−1et P un polynˆome `a coefficients dans {0, 1}, de degr´e au plus q − 1 = deg(Q).
Le proc´ed´e est le suivant. Les fractions de d´epart, au niveau n = 0, sont 0/1 et 1/1, qui sont adjacentes. Supposons construite la suite au niveau n.
Alors les fractions rationnelles au niveau n + 1 sont les fractions rationnelles au niveau n et les nouvelles fractions obtenues en prenant le “m´ediant” de deux fractions adjacentes au niveau n, construit de la fa¸con suivante :
Si P/Q et P
0/Q
0sont deux fractions adjacentes au niveau n, P/Q ´etant
`a “gauche” de P
0/Q
0, on forme P
00/Q
00, qui sera “entre” P/Q et P
0/Q
0: P
00(γ)
Q
00(γ) = P
0(γ) + γ
deg(Q0)+1P (γ) Q
0(γ) + γ
deg(Q0)+1Q(γ) .
Si q − 1 et q
0− 1 sont les degr´es respectifs de Q et de Q
0, le polynˆome Q
00est donc de la forme Q
00(γ) = 1 + γ + . . . + γ
q+q0−1. Les couples (P/Q, P
00/Q
00) et (P
00/Q
00, P
0/Q
0) ainsi construits constituent les nouveaux couples de frac- tions adjacentes au niveau n+1, P/Q ´etant `a “gauche” de P
00/Q
00et P
00/Q
00`a “droite” de P
0/Q
0.
Les fractions rationnelles P (γ)/Q(γ) ainsi obtenues seront appel´ees frac-
tions rationnelles de Farey. En faisant γ = 1, on retrouve les fractions
irr´eductibles construites suivant le proc´ed´e de Farey. Il est clair que les co-
efficients des num´erateurs P obtenus forment les suites de “0” et de “1”
obtenues dans la partie 1, puisque la concat´enation de deux telles suites correspond `a la construction de la fraction m´ediant.
Plus pr´ecis´ement, si (ε
1= 0, . . . , ε
q−1) est la suite construite en proc´e- dant aux mˆemes concat´enations que dans la construction du polynˆome P , ce polynˆome (en fait de degr´e au plus q − 2, car ε
1= 0) est de la forme
P (γ) =
q−1
X
k=0
ε
q−kγ
k,
et (ε
k) = (ε
p/qk) est la suite associ´ee `a la rotation d’angle p/q = P (1)/Q(1).
Si P/Q et P
0/Q
0sont deux fractions adjacentes, P
0/Q
0´etant la fraction de droite, on a la relation
(2.1) P
0Q − P Q
0= γ
deg(Q).
Elle se d´emontre par r´ecurrence : supposons que le couple (P/Q, P
0/Q
0) de fractions adjacentes v´erifie la relation (2.1). Consid´erons P
00/Q
00d´efinie par
P
00(γ)
Q
00(γ) = P
0(γ) + γ
deg(Q0)+1P (γ) Q
0(γ) + γ
deg(Q0)+1Q(γ) .
Un calcul imm´ediat montre que les nouveaux couples adjacents (P/Q, P
00/Q
00) et (P
00/Q
00, P
0/Q
0) v´erifient (2.1).
Etude alg´ebrique de la dynamique des transformations T
γ,α. Reprenons la remarque 1.1. Dans le cas des entiers (γ = 1), ´etant donn´ee une fraction irr´eductible p/q, la dynamique de la rotation x 7→ x + p/q mod 1 peut ˆetre d´ecrite de la fa¸con suivante.
Pour l = 1, . . . , q, effectuons la division euclidienne de lp par q : lp = qs
l+ r
l, 0 ≤ r
l< q.
Le passage de l − 1 `a l est donn´e par la suite (ε
l) correspondant `a p/q : s
l= s
l−1+ ε
l, r
l= r
l−1+ p − ε
lq.
Cette assertion peut ˆetre d´emontr´ee par r´ecurrence en mettant en parall`ele
le proc´ed´e de concat´enation (suivant l’ordre correspondant `a l’ordre sur
l’intervalle entre les fractions adjacentes) et le fait que la dynamique de la
rotation par p
00/q
00est d’abord (pour les q premiers it´er´es) celle de la rotation
par p/q, puis (pour les q
0derniers it´er´es), celle de la rotation par p
0/q
0(ceci
peut ˆetre montr´e ais´ement par un raisonnement dynamique, ou arithm´etique
(bas´e sur la relation q
0p − qp
0= 1)). La proposition 2.2 et le corollaire 2.1
qui suivent montrent que cette observation s’´etend aux polynˆomes de Farey
et `a la dynamique des transformations T
γ,α. Nous en d´eduisons une preuve
alg´ebrique du th´eor`eme 1.1 d´emontr´e dans [2] au moyen d’un raisonnement
dynamique.
Soit P
00/Q
00= (P
0+ γ
q0P )/(Q
0+ γ
q0Q) la fraction m´ediant de deux frac- tions adjacentes P/Q et P
0/Q
0. Dans la preuve de la proposition 2.1, nous utiliserons les relations (2.2) suivantes, d´eduites de (2.1) avec q = deg(Q)+1, q
0= deg(Q
0) + 1 :
P
00Q
00= P
Q + γ
q−1, (2.2
0)
P
00Q
00= P
0Q
0− γ
q+q0−1Q
0Q
00. (2.2
00)
Pour des entiers l et l
0v´erifiant 1 ≤ l < q + q
0et 1 ≤ l
0< q
0, notons S
l00et R
00lle quotient et le reste de la division de (1 + . . . + γ
l−1)P
00par Q
00, S
let R
l(resp. S
l00et R
0l0) le quotient et le reste de la division de (1 + . . . + γ
l−1)P par Q (resp. (1 + . . . + γ
l0−1)P
0par Q
0).
Proposition 2.1. (1) Cas 1 ≤ l ≤ q. Soit r = l mod q
0. On a les relations (2.3) :
S
l00= S
l, (2.3
0)
R
00l= R
l+ γ
q−1(1 − γ
r+ γT
0), pour r 6= 0, (2.3
00)
o`u T
0est le reste de la division de (1 + γ + . . . + γ
r−1)P
0par Q
0. Dans le cas r = 0, l’expression de R
00ldevient R
00l= R
l+ γ
q−1Q
0.
(2) Cas q < l = l
0+ q < q
0+ q. Soit r = l
0mod q. On a les relations (2.4) :
S
00l= S
l00+ γ
l0P, (2.4
0)
R
00l= R
0l0+ γ
l−1+ γ
q0T, pour r 6= 0, (2.4
00)
o`u T est le reste de la division de (1 + γ + . . . + γ
r−1)P par Q. Dans le cas r = 0, l’expression de R
l00devient R
00l= R
l00+ γ
l−1.
P r e u v e. (1) Notons, pour simplifier, S
00= S
l00, R
00= R
00l, S = S
l, R = R
l. On a
S
00+ R
00Q
00= (1 + . . . + γ
l−1) P
00Q
00= (1 + . . . + γ
l−1)
P
Q + γ
q−1= S + R
Q + (1 + . . . + γ
l−1) γ
q−1. D’o` u
(S − S
00= −(1 + . . . + γ
l−1)γ
q−1+ R
00Q − RQ
00.
Chacun des polynˆomes dans l’expression `a droite est de degr´e < 2q + q
0− 2.
Comme QQ
00est de degr´e 2q + q
0− 2, on a n´ecessairement S = S
00.
Il en r´esulte
R
00= R Q
00Q + γ
q−1Q (1 + . . . + γ
l−1)
= R + γ
q−1Q (1 + . . . + γ
l−1+ γRQ
0).
D’autre part, R = (1 + . . . + γ
l−1)P − SQ et 1 − γ
q= (1 − γ)Q; d’o` u, en utilisant (2.1),
1 + . . . + γ
l−1+ γRQ
0= (1 + . . . + γ
l−1)(1 + γP Q
0) − γSQQ
0= (1 + . . . + γ
l−1)(1 − γ
q+ γP
0Q) − γSQQ
0, et donc
R
00= R + γ
q−1[(1 + . . . + γ
l−1)(1 − γ + γP
0) − γSQ
0].
Soient, comme d´efinis dans l’´enonc´e, r le reste de la division de l par q
0: l = uq
0+ r et, pour r 6= 0, T
0le reste de la division de (1 + . . . + γ
r−1)P
0par Q
0. On a
(2.5) (1 + . . . + γ
l−1)P
0= Σ
0Q
0+ T
0, avec deg(T
0) < deg(Q
0) = q
0− 1.
Si l’on reporte la relation (2.5) dans le crochet, on obtient donc [ ] = (1 + . . . + γ
l−1)(1 − γ + γP
0) − γSQ
0= 1 − γ
l+ γT
0+ γ(Σ
0− S)Q
0= 1 − γ
r+ γT
0+ γQ
0(Σ
0− S) + (γ
r− γ
l).
Or γ
r− γ
lest un multiple de γ
rQ
0, donc de γQ
0, car r ≥ 1. Comme le polynˆome dans le crochet doit ˆetre de degr´e ≤ q
0− 1, on a
R
00= R + γ
q−1(1 − γ
r+ γT
0), avec deg(R) < q − 1.
Pour r = 0, le calcul est imm´ediat.
(2) On a 1 ≤ l
0< q
0. Notons S
0= S
l00, R
0= R
0l0et posons S
00= S
0+γ
l0P . Le polynˆome S
0est de degr´e au plus q + q
0− 1. On a
S
00+ R
00Q
00= (1 + . . . + γ
l−1) P
00Q
00= (1 + . . . + γ
l0−1)
P
0Q
0− γ
q+q0−1Q
0Q
00+ γ
l0(1 + . . . + γ
q−1) P
00Q
00= S
0+ R
0Q
0− (1 + . . . + γ
l0−1) γ
q+q0−1Q
0Q
00+ γ
l0Q P
00Q
00.
Il en r´esulte
Q
00Q
0(S
0− S
0) = R
0Q
00− Q
0R
00− (1 + . . . + γ
l0−1)γ
q+q0−1+ γ
l0Q
0[QP
00− Q
00P ]
= R
0Q
00− Q
0R
00− (1 + . . . + γ
l0−1)γ
q+q0−1+ γ
l0+q−1Q
0. Comme le polynˆome Q
00Q
0est de degr´e q + 2q
0− 2 et que le polynˆome `a droite est de degr´e < q + 2q
0− 2, on a S
0= S
0et donc
S
00= S
0+ γ
l0P,
Q
0R
00= R
0Q
00− (1 + . . . + γ
l0−1)γ
q+q0−1+ γ
l0+q−1Q
0.
Soient, comme d´efinis dans l’´enonc´e, r le reste de la division de l
0par q : l
0= uq + r et, pour r 6= 0, T le reste de la division de (1 + γ + . . . + γ
r−1)P par Q. On a
(2.6) (1 + . . . + γ
l0−1)P = ΣQ + T, avec deg(T ) < deg(Q) = q − 1.
En utilisant (2.1), Q
00= Q
0+ γ
q0Q, et le fait que R
0est le reste de la division de (1 + . . . + γ
l0−1)P
0par Q
0, on obtient
R
00= R
0+ γ
l−1+ γ
q0−1Q
0[−γ
q(1 + . . . + γ
l0−1) + γR
0Q]
= R
0+ γ
l−1+ γ
q0−1[(1 + . . . + γ
l0−1)γP − γS
0Q].
En r´e´ecrivant le crochet `a l’aide de (2.6), et comme l’expression dans le crochet doit ˆetre de degr´e ≤ q − 1, on trouve Σ = S
0, et le crochet se r´eduit
`a T ; d’o` u
R
00= R
0+ γ
l−1+ γ
q0T.
Comme pr´ec´edemment, pour r = 0, le calcul est imm´ediat.
On en d´eduit :
Proposition 2.2. Soit P (γ)/Q(γ) une fraction rationnelle de Farey, avec Q(γ) = 1 + . . . + γ
q−1de degr´e q − 1 et P (γ) = P
q−1k=0
ε
q−kγ
k. Soit 1 ≤ l ≤ q. Le quotient S
lde la division euclidienne de (1 + . . . + γ
l−1)P (γ) par Q(γ),
(2.7) (1 + . . . + γ
l−1)P (γ) = S
l(γ)Q(γ) + R
l(γ), deg(R
l) < deg(Q), est donn´e par
(2.8) S
l(γ) =
X
l−1 k=0ε
l−kγ
k.
P r e u v e. Le r´esultat est clair pour l = q car S
q= P . D’apr`es le proc´ed´e de construction des suites (ε
k) par concat´enation, l’assertion r´esulte, par r´ecurrence, de la proposition 2.1 et du lemme 1.2.
Corollaire 2.1. Soit P (γ)/Q(γ) une fraction rationnelle de Farey.
Pour 1 ≤ l < q, le reste R
lde la division euclidienne de (1 + . . . + γ
l−1)P par Q est un polynˆome `a coefficients 0 ou 1, de degr´e < q − 1.
P r e u v e. En d´eveloppant l’expression (2.7), on voit que le coefficient du terme en γ
l−1dans le reste R
lest donn´e par (ε
q+ . . . + ε
q−l+1) − (ε
1+ . . . + ε
l). Par application du lemme 1.1, cette diff´erence se r´eduit `a ε
q− ε
1. Le coefficient du terme en γ
l−1dans le reste R
lest donc 1.
Raisonnons maintenant par r´ecurrence en utilisant la proposition 2.1 et en consid´erant deux fractions adjacentes P/Q et P
0/Q
0. Les notations utilis´ees dans la suite de la preuve sont celles de cette proposition.
(1) Cas 1 ≤ l ≤ q. Dans (2.3), on a deg(R
l) < q − 1 et le deuxi`eme terme est de degr´e ≥ q − 1. Par hypoth`ese de r´ecurrence, R
lest `a coefficients 0 ou 1, ainsi que T
0. Il en est donc de mˆeme pour 1 − γ
r+ γT
0, puisque l’on sait d´ej`a que le coefficient du terme de degr´e r − 1 dans T
0est 1. Tous les coefficients de R
00lsont donc 0 ou 1.
(2) Cas q < l < q + q
0− 1. D’apr`es l’expression de R
l00dans (2.4), o` u deg(R
0l0) < q
0− 1, on a comme pr´ec´edemment le r´esultat en utilisant l’hypoth`ese de r´ecurrence et le fait que l’on sait d´ej`a que le coefficient du terme de degr´e l − 1 dans R
l00est 1.
Montrons pour finir cette partie comment les r´esultats pr´ec´edents per- mettent alg´ebriquement de retrouver le th´eor`eme 1.1 ´etabli dans [2].
La proposition 2.2 et le corollaire 2.1 montrent que l’observation concer- nant les suites (ε
l) s’´etend aux polynˆomes de Farey et `a la dynamique des transformations T
γ,α. On a en effet, avec les notations de la proposition 2.2, pour 1 ≤ l ≤ q,
T
γ,P (γ)/Q(γ)l(0) = R
l(γ)
1 + . . . + γ
q−1∈ [0, 1[.
En particulier, T
γ,P (γ)/Q(γ)q(0) = 0. Ainsi, d’apr`es (2.8), la dynamique de la transformation T
γ,P (γ)/Q(γ)sur l’orbite de 0 est celle de T
1,p/qsur l’orbite de 0. En notant A
0et A
1les transformations A
0: x 7→ γx + α et A
1: x 7→
γx + α − 1, on obtient comme dans (1.2) (2.9) T
γ,P (γ)/Q(γ)n(0) = A
εp/qn
. . . A
εp/q 1(0) pour tout n ≥ 1.
D’autre part, avec les notations du th´eor`eme 1.1, on a, pour 1 ≤ l ≤ q, T
γ,(Pl pq(γ)+γq−1−γq)/(1+...+γq−1)
(0) = R
l(γ) + γ
q−1− γ
q+l−11 + . . . + γ
q−1∈ [0, 1[,
et, plus g´en´eralement, pour tout entier n ≥ 1 : T
γ,(Pn pq(γ)+γq−1−γq)/(1+...+γq−1)
(0) = R
n mod q(γ) + γ
q−1− γ
q+n−11 + . . . + γ
q−1∈ [0, 1[.
L’assertion (2.9) s’´etend donc `a toutes les valeurs du param`etre α dans l’intervalle I
qp(γ). Notons par ailleurs que, pour tout x ∈ [0, 1[, on a
dist(T
γ,αn(x), {0, T
γ,α, . . . , T
γ,αn(0)}) ≤ γ
n.
3. G´ en´ eralisation au cas de deux pentes distinctes. Apr`es avoir donn´e, dans la partie pr´ec´edente, une preuve purement alg´ebrique du th´eo- r`eme 1.1, nous en pr´esentons une g´en´eralisation au cas de deux pentes dis- tinctes.
Soient θ ∈ [0, 1], u, v, avec 0 < u < 1 − θ < v < 1, trois param`etres.
Notons γ
0, α
0, γ
1, α
1les quatre param`etres d´efinis par
γ
0= (1 − v)/θ, α
0= v, γ
1= u/(1 − θ), α
1= −uθ/(1 − θ).
Ils v´erifient −1 < α
1< 0 < α
0, γ
0, γ
1< 1 et α
0> α
1+ γ
1, ainsi que la relation
(3.1) α
1γ
0= (α
0− 1)γ
1.
On consid`ere les applications
[0, θ]
A−→ [v, 1],
γ0,α0o` u A
γ0,α0(x) = γ
0x + α
0, [θ, 1]
A−→ [0, u],
γ1,α1o` u A
γ1,α1(x) = γ
1x + α
1. Nous noterons plus simplement A
0et A
1ces deux affinit´es.
La transformation T
γ0,γ1,α0: X → X, que l’on note simplement T quand il n’y a pas d’ambigu¨ıt´e, est d´efinie comme l’unique application qui co¨ıncide avec A
0sur [0, θ[ et avec A
1sur [θ, 1[.
On note S la famille de ces transformations T
γ0,γ1,α0contractantes, lin´eaires par morceaux, de l’intervalle [0, 1[ dans lui-mˆeme. Les transfor- mations T
γ,αintroduites plus haut appartiennent `a cette classe (´egalit´e des deux pentes).
Le comportement asymptotique de l’it´eration de T
γ0,γ1,α0est reli´e `a la position du point critique θ = (1 − α
0)/γ
0. Plus pr´ecis´ement, on a le r´esultat suivant.
Proposition 3.1. Soit n
0= inf{n ≥ 0 | θ 6∈ T
n(X)} + 1. Pour tout
n < n
0, T
n(X) est compos´e d’exactement n + 1 intervalles disjoints. Si n
0est fini, pour tout n ≥ n
0, T
n(X) est compos´e d’exactement n
0intervalles
disjoints.
P r e u v e. Soit n ≥ 0. Supposons que T
n(X) soit la r´eunion disjointe de l intervalles I
1, . . . , I
l. Alors, si θ ∈ I
l, on a
T
n+1(X) =
l−1
[
i=1
T (I
i) ∪ J
1∪ J
2,
o` u les T (I
i) sont des intervalles et o` u J
1et J
2sont des intervalles respec- tivement de la forme [0, ·[ et [·, 1[. Ces l + 1 intervalles sont disjoints par injectivit´e de T ; dans ce cas, une it´eration suppl´ementaire a donn´e naissance
`a un intervalle suppl´ementaire. Si θ 6∈ T
n(X), alors T
n+1(X) est la r´eunion disjointe des l intervalles T (I
i). On conclut en notant que T
0(X) = X se compose d’un unique intervalle.
Nous ne pr´esentons pas de preuve de l’´enonc´e suivant, qui g´en´eralise le th´eor`eme 1.1. Notons simplement que l’on peut le d´emontrer soit `a l’aide d’un raisonnement dynamique (il s’agit de la m´ethode esquiss´ee dans [2]), soit `a partir d’une ´etude alg´ebrique semblable `a celle d´etaill´ee dans la par- tie 2.
Th´ eor` eme 3.1. Soient γ
0et γ
1v´erifiant 0 < γ
0, γ
1≤ 1. A tout rationnel p/q irr´eductible, 0 < p ≤ q, correspond un intervalle compact I
qp(γ
0, γ
1) tel que, si α
0∈ I
qp(γ
0, γ
1), l’application T
γ0,γ1,α0est semi-conjugu´ee `a la rotation d’angle p/q. De plus, si l’on note ε
l= ε
p/ql, on a
I
qp(γ
0, γ
1) =
A
pq(γ
0, γ
1)
B
qp(γ
0, γ
1) , C
qp(γ
0, γ
1) D
pq(γ
0, γ
1)
, o`u
A
pq(γ
0, γ
1) = 1 +
q−1
X
k=1
ε
kγ
εq−1. . . γ
εk,
B
qp(γ
0, γ
1) = 1 +
q−1
X
k=1
γ
εq−1. . . γ
εk,
C
qp(γ
0, γ
1) = 1 + X
q k=2ε
kγ
ε2. . . γ
εk− γ
ε1. . . γ
εq,
D
pq(γ
0, γ
1) = 1 + X
q k=2γ
ε2. . . γ
εk.
Remarques. On observe que l’intervalle I
qp(1, 1) est r´eduit au rationnel p/q.
Il n’est pas difficile de montrer que l’on peut construire les intervalles
I
qp(γ
0, γ
1) par r´ecurrence, en utilisant une g´en´eralisation du proc´ed´e de
Farey. Plus pr´ecis´ement, si p/q et p
0/q
0sont deux rationnels de ]0, 1[ v´erifiant
p
0q − pq
0= 1, alors on d´etermine I
q+qp+p00`a partir de Min(I
qp) =: P/Q et Min(I
qp00) =: P
0/Q
0de la mani`ere suivante :
I
q+qp+p00=
P
0+ γ
1p0γ
0q0−p0P
Q
0+ γ
1p0γ
0q0−p0Q , P + γ
1pγ
0q−pP
0Q + γ
1pγ
0q−pQ
0,
sauf si P/Q = 0/1 ou P
0/Q
0= 1/1, auxquels cas on a, respectivement, Min(I
q+qp+p00) = 1/(1 + γ
0+ . . . + γ
0q0),
Max(I
q+qp+p00) = (1 + γ
1P )/(1 + γ
1Q).
En utilisant cette construction et en suivant le raisonnement d´etaill´e dans la partie 4 de [2], on peut faire correspondre `a tout irrationnel α ∈ [0, 1] et
`a tout couple (γ
0, γ
1) ∈ ]0, 1]
2un unique r´eel τ
γ0,γ1(α) tel que l’application T
γ0,γ1,τγ0,γ1(α)soit semi-conjugu´ee `a la rotation d’angle α.
4. Un algorithme de type “fractions continues”. Contrairement
`a la classe des transformations T
γ,α, la classe S des transformations “`a deux pentes” T
γ0,γ1,α0introduite dans la partie 2 est stable par induction sur l’intervalle [θ, 1], θ ´etant le point critique. En notant T la transforma- tion T
γ0,γ1,α0, on observe en effet que la transformation induite par T sur l’intervalle [θ, 1] est de la mˆeme forme. Comme dans le cas des rotations, en utilisant l’induction sur [θ, 1], on peut d´efinir un algorithme, analogue `a celui des fractions continues, permettant d’´etudier la structure des transfor- mations T .
S’il n’existe pas de point critique dans l’intervalle [0, 1], la transformation T contracte l’intervalle [0, 1] et les it´er´es de T convergent vers son unique point fixe. La condition d’existence d’un point critique θ dans l’intervalle [0, 1] est γ
0+ α
0> 1. On it`ere le proc´ed´e d’induction tant que la transfor- mation induite poss`ede un point critique.
Calcul de la transformation induite. La transformation induite sur [θ, 1]
est de la forme:
[θ
1, 1]
An−1 0 A1
−→ [θ, u
1], [θ, θ
1]
A−→ [v
n0A1 1, 1].
Les valeurs de u
1, v
1, θ
1sont donn´ees par
u
1= α
0(1 + γ
0+ . . . + γ
0n−2) + γ
0n−1(α
1+ γ
1), v
1= γ
0nγ
1θ + α
0(1 + γ
0+ . . . + γ
0n−1) + γ
0nα
1= α
0(1 + γ
0+ . . . + γ
0n−1),
θ
1= γ
0−nγ
1−1(1 − (α
0(1 + γ
0+ . . . + γ
0n−1) + α
1γ
0n)).
Apr`es normalisation de l’intervalle [θ, 1] en [0, 1], on obtient la param´etri- sation de la transformation T
0d´eduite de T par induction :
θ
0= θ
1− θ
1 − θ , u
0= u
1− θ
1 − θ , v
0= v
1− θ 1 − θ .
Les deux nouvelles affinit´es d´efinissant la transformation induite sont donc A
00= A
γ00,α00
et A
01= A
γ01,α01