143 (1993)
Classes de Wadge potentielles et th´ eor` emes d’uniformisation partielle
par
Dominique L e c o m t e (Paris)
R´esum´e. On cherche `a donner une construction aussi simple que possible d’un bor´elien donn´e d’un produit de deux espaces polonais. D’o`u l’introduction de la no- tion de classe de Wadge potentielle. On ´etudie notamment ce que signifie “ne pas ˆetre potentiellement ferm´e”, en montrant des r´esultats de type Hurewicz. Ceci nous am`ene naturellement `a des th´eor`emes d’uniformisation partielle, sur des parties “grosses”, au sens du cardinal ou de la cat´egorie.
0. Introduction. La notion de classe de Wadge permet de mesurer la complexit´ e topologique d’un bor´ elien d’un espace polonais de dimension 0.
On peut se demander si la complexit´ e d’un bor´ elien donn´ e ne diminue pas en raffinant la topologie polonaise de l’espace ambiant. Comme on le verra au tout d´ ebut, la r´ eponse est positive : tout bor´ elien peut ˆ etre rendu ouvert.
Mais la question analogue se pose avec des topologies produit, notam- ment lors de l’´ etude des relations d’´ equivalence bor´ eliennes; d’o` u l’intro- duction de la notion de classe de Wadge potentielle (on d´ etaillera ce lien dans le chapitre 1). Apr` es avoir effectu´ e quelques rappels et ´ etabli quelques pro- pri´ et´ es de base, on donne une nouvelle d´ emonstration d’un premier r´ esultat d’uniformisation partielle, d´ ej` a prouv´ e par Przymusi/nski : une condition n´ ecessaire et suffisante pour qu’un bor´ elien contienne un graphe de fonction bor´ elienne ` a image non d´ enombrable. Ensuite, on verra qu’` a chaque niveau de complexit´ e on peut trouver un bor´ elien dont la complexit´ e ne diminue pas.
Suite ` a quoi on cherchera ` a savoir si certains r´ esultats vrais pour les classes de Wadge peuvent ˆ etre adapt´ es aux classes de Wadge potentielles.
En l’occurrence, il s’agit d’une part de voir si cette notion correspond ` a une r´ eduction, comme dans le cas des classes de Wadge classiques, et on verra que non. On cherchera ensuite ` a savoir si on peut obtenir des r´ esultats de type Hurewicz, c’est-` a-dire : ne pas ˆ etre d’une classe donn´ ee, c’est ˆ etre au
1991 Mathematics Subject Classification: Primary 04A15.
moins aussi compliqu´ e que des exemples de r´ ef´ erence n’´ etant pas de cette classe.
On obtiendra des r´ esultats partiels pour les potentiellement ferm´ es, et pour les petites classes de Wadge (notamment, on caract´ erisera les bor´ eliens potentiellement ferm´ es parmi les bor´ eliens ` a coupes d´ enombrables, ` a l’aide d’ensembles localement ` a projections ouvertes).
Ce qui nous am` enera ` a de nouveaux r´ esultats d’uniformisation, pour des ensembles ` a coupes maigres et des G
δdenses, dont le but est d’obtenir d’autres caract´ erisations que celles ´ evoqu´ ees ci-dessus.
1. Notations et rappels. On utilisera les notations standard de la th´ eorie descriptive des ensembles, qui peuvent ˆ etre trouv´ ees dans [Mo]. Par exemple, on notera D
2(Σ
10) la classe des diff´ erences de deux ouverts.
Γ d´ esignera une famille d’ensembles, et Γ dX les parties de X qui sont dans Γ . Par exemple, ∆
11d2
ωd´ esignera l’ensemble des bor´ eliens de 2
ω.
Dans un espace polonais r´ ecursivement pr´ esent´ e, Σ d´ esignera la topolo- gie engendr´ ee par les Σ
11(c’est la topologie de Gandy–Harrington), ∆ la topologie engendr´ ee par les ∆
11, ce qu’on pourra noter aussi ≺∆
11(cette topologie est polonaise : cf. [Lo4]).
Si X est un tel espace, on pose Ω
X:= {x ∈ X : ω
1x= ω
1CK}. Rappelons (cf. [Mo]) que Ω
Xest Σ
11, et un Σ-ouvert dense (cf. [Lo1]). Les traces des Σ
11sur Ω
Xsont ∆
01d(Ω
X, ΣdΩ
X); en effet, si A est Σ
11contenu dans Ω
Xet f est ∆
11telle que f (x) ∈ WO ⇔ x 6∈ A, on a
x 6∈ A ⇔ x 6∈ Ω
Xou [x ∈ Ω
Xet ∃ξ < ω
CK1(f (x) ∈ WO et |f (x)| ≤ ξ)].
L’espace (Ω
X, ΣdΩ
X) est donc ` a base d´ enombrable d’ouverts-ferm´ es, donc m´ etrisable s´ eparable; on sait (cf. [Lo1]) que c’est un espace fortement α- favorable, donc c’est un espace polonais, de dimension 0 par ce qui pr´ ec` ede.
Si X et Y sont des espaces topologiques, Π
X(resp. Π
Y) d´ esignera la projection de X ×Y sur X (resp. Y ). Le symbole δ(C) d´ esignera le diam` etre de C pour une distance qui rende complet l’espace polonais ambiant.
Par ailleurs, je renvoie le lecteur ` a [Ku] et [Mo] pour ce qui concerne les notions de base en topologie, en th´ eorie descriptive et en th´ eorie effective, et
`
a [W] et [Lo2] pour les r´ esultats sur les classes de Wadge, qui seront rappel´ es en cas de besoin. Rappelons tout de mˆ eme certains de ces r´ esultats.
Soit P
0(resp. P ) un espace polonais de dimension 0, et A
0(resp. A) un bor´ elien de P
0(resp. P ). On dira que A est dans la classe de Wadge engendr´ ee par A
0(not´ ee hA
0i) s’il existe une fonction continue f de P dans P
0telle que A = f
−1(A
0).
Si Γ est une famille d’ensembles, on notera ˇ Γ := { ˇ A : A ∈ Γ }. Par
exemple, ˇ Σ
10= Π
10. On dira que Γ est auto-duale si Γ = ˇ Γ .
Soit Γ une famille de bor´ eliens d’espaces polonais de dimension 0, stable par image r´ eciproque continue. On montre que Γ est une classe de Wadge non auto-duale si et seulement si Γ admet un universel. Ainsi les classes de Baire additives et multiplicatives sont des classes de Wadge non auto-duales, par exemple.
On ordonne les classes de Wadge par l’inclusion; ce qui pr´ ec` ede montre que cet ordre n’est pas total : deux classes de Wadge non auto-duales duales l’une de l’autre sont incomparables. On a cependant le th´ eor` eme de Wadge : si Γ
1et Γ
2sont des classes de Wadge, alors Γ
1⊆ Γ
2ou Γ
2⊆ ˇ Γ
1. Cet ordre est ´ egalement bien fond´ e. On sait aussi qu’une classe de Wadge non auto-duale a pour successeur une classe de Wadge auto-duale, et qu’une classe de Wadge auto-duale a pour successeurs deux classes de Wadge non auto-duales duales l’une de l’autre.
On montre ´ egalement que si Γ est non auto-duale, 2
ωcontient un vrai Γ , c’est-` a-dire un ´ el´ ement de Γ \ ˇ Γ .
Si F est ferm´ e dans l’espace polonais P de dimension 0, dire que A est dans Γ dF ´ equivaut ` a affirmer l’existence de B dans Γ dP tel que A = B ∩ F . Enfin, si ξ est un ordinal d´ enombrable non nul, on note ∆
0ξ-PU(Γ ) la classe suivante : { S
n∈ω
A
n∩ U
n: (U
n) ∆
0ξ-partition, A
n∈ Γ }. On montre que si Γ est une classe de Wadge, Γ = ∆
01-PU(Γ ), et que si de plus Γ 6= {∅} et ˇ Γ 6= {∅}, il existe un plus grand ordinal d´ enombrable ξ tel que Γ = ∆
0ξ-PU(Γ ), appel´ e niveau de Γ (on convient que {∅} et {∅}
∨sont de niveau 0).
Rappel 1.1. (a) [Ku] Si X est un espace polonais et (B
n) une suite de bor´ eliens de X, il existe une topologie polonaise sur X, plus fine que la topologie initiale, rendant les B
nouverts.
(b) [Lo3] Si (X, σ) et Y sont des espaces polonais et B un bor´ elien de X × Y ayant ses coupes verticales Σ
ξ0, il existe une topologie polonaise σ
0sur X, plus fine que σ, telle que B soit Σ
0ξdans (X, σ
0) × Y .
Lemme 1.2. Soit (X, σ) un espace polonais; alors il existe une topologie polonaise de dimension 0 sur X plus fine que σ.
D ´ e m o n s t r a t i o n. Soit (U
n0) une base de la topologie de σ
0:= σ.
A l’aide du rappel 1.1(a), on trouve une topologie σ
1rendant ferm´ es les U
n0. Soit (U
n1) une base de σ
1. On construit comme ceci par r´ ecurrence une suite croissante (σ
n) de topologies polonaises sur X telle que si (U
np)
n∈ωest une base de σ
p, U
npest ferm´ e de (X, σ
p+1). Posons S
n:= {U
pj: j ≤ n, p ∈ ω};
alors σ
n= ≺S
n, et T
n∈ω
S
n= S
0, donc σ
0:= ≺ S
n∈ω
S
nr´ epond au probl` eme : (X, σ
0) est hom´ eomorphe ` a la diagonale de Q
n∈ω
(X, σ
n), qui est ferm´ ee dans Q
n∈ω
(X, σ
n).
Proposition 1.3. Si X est un espace polonais et (B
n) une suite de bor´ eliens de X, il existe une topologie polonaise de dimension 0 sur X, plus fine que la topologie initiale, rendant les B
nouverts.
D ´ e m o n s t r a t i o n. On applique le rappel 1.1(a) et le lemme 1.2.
D´ efinition 1.4. Soient X et Y des espaces polonais, et A un bor´ elien de X × Y . Si Γ est une classe de Wadge de bor´ eliens, on dira que A est potentiellement dans Γ (ce qu’on notera A ∈ Pot(Γ )) s’il existe des topologies polonaises de dimension 0, σ (sur X) et τ (sur Y ), plus fines que les topologies initiales, telles que A, consid´ er´ e comme partie de (X, σ) × (Y, τ ), soit dans Γ .
Dans l’´ etude des relations d’´ equivalence bor´ eliennes, par exemple dans [HKL], on ´ etudie le pr´ e-ordre qui suit. Si E (resp. E
0) est une relation d’´ equivalence bor´ elienne sur l’espace polonais X (resp. X
0), on pose
E ≤ E
0⇔ (∃f : X → X
0bor´ elienne telle que xEy ⇔ f (x)E
0f (y)).
La derni` ere relation peut s’´ ecrire : E = (f × f )
−1(E
0); or si E
0est dans Γ (ou mˆ eme si E
0est Pot(Γ )) et E = (f × f )
−1(E
0), E est Pot(Γ ) : si (U
n) et (V
n) sont des bases des topologies associ´ ees ` a E
0, on peut rendre les f
−1(U
n) et les f
−1(V
n) ouverts, par la proposition 1.3, ce qui fournit une topologie σ; on a alors E ∈ Γ d(X, σ) × (X, σ). Ceci motive l’introduction de la notion de classe de Wadge potentielle.
R e m a r q u e 1.5. (a) Si A est un bor´ elien ` a coupes verticales Σ
0ξd’un produit de deux espaces polonais, alors A est Pot(Σ
ξ0).
En effet, on applique le rappel 1.1(b) et le lemme 1.2.
R e m a r q u e 1.5. (b) [Lo4] Si Γ est une classe de Wadge et B est ∆
11(α) dans ω
ω× ω
ω, alors B est Pot(Γ ) si et seulement si B, consid´ er´ e comme partie de ω
ω× ω
ωmuni de la topologie ∆
2α, est dans Γ .
Rappelons enfin deux r´ esultats sur les ensembles maigres.
Proposition 1.6 [Lo1]. Si X est un espace polonais parfait non vide et A un sous-ensemble maigre de X × X, on trouve une copie P de 2
ωdans X telle que si x et y sont distincts dans P , (x, y) n’est pas dans A.
Corollaire 1.7. Si X et Y sont des espaces polonais parfaits non vides et A un sous-ensemble maigre de X × Y , on trouve une copie P (resp. Q) de 2
ωdans X (resp. Y ) telles que (P × Q) ∩ A = ∅.
D ´ e m o n s t r a t i o n. On peut supposer que X, Y = ω
ω; en effet, si (U
n) est une base de la topologie de X, X
0:= X \ S
n∈ω
(U
n\ U
n) est G
δdense de
X, donc polonais parfait, et est de dimension 0. Soit (x
n) une suite dense
de X
0; alors X
00:= X
0\ {x
n: n ∈ ω} est G
δdense de X
0, donc polonais de
dimension 0, et est localement non compact, donc hom´ eomorphe ` a ω
ω. De mˆ eme avec Y .
On applique alors la proposition 1.6 ` a X = Y = ω
ω; ceci fournit une in- jection continue ψ de 2
ωdans ω
ωdont l’image est le P de la proposition 1.6;
on peut alors poser P := ψ
00N
(0)et Q := ψ
00N
(1). 2. Ensembles potentiellement ouverts
R e m a r q u e 2.1. Soit A un bor´ elien d’un produit de deux espaces polon- ais. Si A a une de ses projections d´ enombrable, donc en particulier si A est d´ enombrable, A est Pot(∆
01).
En effet, si par exemple Π
X00A est d´ enombrable, on rend les coupes ver- ticales de A ouvertes-ferm´ ees, par la proposition 1.3, de sorte que A est Pot(Σ
10) ∩ Pot(Π
10), par la remarque 1.5(a). Ceci fournit des topologies σ et σ
0sur X, et τ et τ
0sur Y , de bases respectives (U
n), (U
n0), (V
n), (V
n0).
On remarque ensuite que si (Z, µ) est polonais et µ
0est polonaise sur Z et plus fine que µ, l’application identique, de (Z, µ
0) dans (Z, µ), est bijective continue; son inverse est donc bor´ elienne, et par cons´ equent, les bor´ eliens de (Z, µ) et (Z, µ
0) co¨ıncident.
On applique alors la proposition 1.3 ` a X, (U
n) et (U
n0), qui sont des bor´ eliens de X, d’une part, et ` a Y , (V
n) et (V
n0) d’autre part, pour avoir le r´ esultat.
Ceci montre en particulier que la notion de classe de Wadge potentielle n’a d’int´ erˆ et que si les espaces polonais ambiants sont non d´ enombrables.
Proposition 2.2. Soit A un bor´ elien d’un produit de deux espaces polon- ais. Alors A est Pot(Σ
01) si et seulement si A est r´ eunion d´ enombrable de rectangles bor´ eliens.
D ´ e m o n s t r a t i o n. Si A est Pot(Σ
10), on utilise la remarque de la preuve pr´ ec´ edente. Inversement, on applique la proposition 1.3.
Il r´ esulte de ceci que tous les bor´ eliens d’un produit ne peuvent ˆ etre rendus ouverts en conservant une topologie produit de topologies polonaises;
par exemple, la diagonale ∆(2
ω) de 2
ω× 2
ωn’est pas r´ eunion d´ enombrable de rectangles, donc ∆(2
ω) n’est pas Pot(Σ
10).
On donne maintenant une nouvelle preuve du premier th´ eor` eme d’uni- formisation partielle annonc´ e; assez curieusement, la discussion s’articule autour de la notion d’ensembles potentiellement ouverts. Ce th´ eor` eme sera en outre appliqu´ e au chapitre 3. Notons que ce th´ eor` eme a d´ ej` a ´ et´ e d´ emontr´ e dans [P].
Th´ eor` eme 2.3. Soit A un bor´ elien d’un produit de deux espaces polonais.
Alors A contient un graphe de fonction injective continue d´ efinie sur une
copie de 2
ωsi et seulement si A n’est pas r´ eunion d´ enombrable de rectangles bor´ eliens dont l’un des cˆ ot´ es est un singleton.
D ´ e m o n s t r a t i o n. Si A contient un graphe comme dans l’´ enonc´ e, rai- sonnons par l’absurde : A = S
n∈ω
A
n× B
n, avec A
nou B
nsingleton; si Gr(f ) ⊆ A, Gr(f ) s’´ ecrit S
n∈ω
[Gr(f dA
n) ∩ (X × B
n)]; comme Gr(f ) est non d´ enombrable, l’un des ensembles Gr(f dA
n)∩(X ×B
n) est non d´ enombrable, ce qui contredit l’injectivit´ e de f .
Montrons la r´ eciproque.
P r e m i e r c a s : A est Pot(Σ
01). D’apr` es la proposition 2.2, on a A = S
n∈ω
A
n× B
n, avec A
net B
nbor´ eliens, donc on peut trouver n tel que A
net B
nsoient non d´ enombrables, donc bor´ eliennement isomorphes, disons par ϕ. A
ncontient une copie de 2
ω, qui contient un G
δdense G sur lequel ϕ est continue; G ´ etant non d´ enombrable contient une copie de 2
ω, d’o` u le r´ esultat.
S e c o n d c a s : A n’est pas Pot(Σ
10). Posons
E := {x ∈ X : A(x) est d´ enombrable} .
Si E est co-d´ enombrable, (E × Y ) ∩ A est bor´ elien ` a coupes d´ enombrables, donc est r´ eunion d´ enombrable de graphes bor´ eliens (par le th´ eor` eme de Lusin : cf. [Mo]). De plus, par la remarque 2.1, ( ˇ E × Y ) ∩ A est Pot(∆
01), donc (E × Y ) ∩ A n’est pas Pot(Σ
10), et l’un des graphes n’est pas Pot(Σ
10) (qui est stable par r´ eunion d´ enombrable par la proposition 2.2). Par suite, la fonction correspondante est ` a image non d´ enombrable, par la remarque 2.1. On va alors trouver un parfait du domaine de la fonction sur lequel elle est injective, et on conclut comme au premier cas.
Si E n’est pas co-d´ enombrable, comme il est co-analytique, ˇ E contient une copie de 2
ω; il suffit donc de voir que si X = 2
ωet A est ` a coupes verticales non d´ enombrables, A contient un graphe comme dans l’´ enonc´ e.
Posons donc
F := {y ∈ Y : A(y) est maigre dans 2
ω}.
Si F est co-d´ enombrable, (2
ω×F )∩A est bor´ elien ` a coupes non d´ enombrables (donc non vides), donc est uniformisable par une fonction Baire-mesurable d´ efinie sur 2
ω(par le th´ eor` eme de von Neumann). Cette fonction f est continue sur un G
δdense G de 2
ω, et f
00G est non d´ enombrable : sinon, comme G = S
β∈f00G
G ∩ f
−1({β}), l’un des G ∩ f
−1({β}) serait non maigre et contenu dans A(β), ce qui contredirait le fait que β est dans F . On conclut alors comme avant.
Si F n’est pas co-d´ enombrable, comme il est bor´ elien, ˇ F contient une
copie de 2
ω; il suffit donc de voir que si X = Y = 2
ωet A est bor´ elien ` a
coupes non maigres, A contient un graphe comme dans l’´ enonc´ e.
Mais par le th´ eor` eme de Kuratowski–Ulam, A est non maigre, donc on peut trouver s et t dans 2
<ωtelles que (N
s× N
t) \ A soit maigre. On trouve alors, par le corollaire 1.7, deux copies P et Q de 2
ωtelles que P × Q ⊆ (N
s× N
t) ∩ A, et si ϕ est un hom´ eomorphisme de P sur Q, Gr(ϕ) r´ epond ` a la question.
3. Classe de Wadge potentielle d’un bor´ elien. On cherche main- tenant ` a diminuer au maximum la complexit´ e d’un bor´ elien donn´ e d’un produit d’espaces polonais.
Proposition et D´ efinition 3.1. Soit A un bor´ elien d’un produit d’espaces polonais. Il existe une unique classe de Wadge de bor´ eliens, ap- pel´ ee classe de Wadge potentielle de A, et not´ ee Γ
A, telle que :
(i) A ∈ Pot(Γ
A),
(ii) si Γ est une classe de Wadge strictement contenue dans Γ
A, alors A 6∈ Pot(Γ ).
D ´ e m o n s t r a t i o n. Montrons l’existence d’une telle classe, en raison- nant par l’absurde : si Γ
0est la classe de Wadge hAi engendr´ ee par A, A est Pot(Γ
0) et on trouve Γ
1ψ Γ
0telle que A soit Pot(Γ
1). Par r´ ecurrence, on construit comme ceci Γ
n+1ψ Γ
ntelles que A soit Pot(Γ
n+1). Mais ceci contredit la bonne fondation de l’ordre de Wadge.
Montrons l’unicit´ e d’une telle classe : si Γ
1et Γ
2v´ erifient (i), (ii) et Γ
16= Γ
2, Γ
16⊆ Γ
2(sinon Γ
1ψ Γ
2et A n’est pas Pot(Γ
1)), donc ˇ Γ
2⊆ Γ
1, et de mˆ eme ˇ Γ
1⊆ Γ
2, donc Γ
1= ˇ Γ
2est non auto-duale.
L’ensemble A est dans Pot(Γ
1) ∩ Pot(Γ
2), donc comme dans la preuve de la remarque 2.1, on trouve des topologies σ et τ telles que A soit dans (Γ
1∩ Γ
2)d(X, σ) × (Y, τ ). Mais la classe de Wadge Γ engendr´ ee par A, consid´ er´ e comme partie de (X, σ) × (Y, τ ), v´ erifie A ∈ Pot(Γ ) et Γ ⊆ Γ
1∩ ˇ Γ
1ψ Γ
1, une contradiction.
Toute classe de Wadge potentielle est donc une classe de Wadge; on peut se demander s’il y a une r´ eciproque. L’exemple de la diagonale de 2
ωmontre que c’est vrai pour la classe des ferm´ es, et on va voir que c’est vrai en g´ en´ eral.
On peut mˆ eme pr´ eciser ce r´ esultat, en trouvant un Pot(Γ ) “maximal”; mais pour ce faire on introduit une classe de fonctions qui est le candidat na- turel pour le probl` eme de la r´ eduction ´ evoqu´ e dans l’introduction, comme le montre le lemme suivant.
Soit donc C
0la classe des fonctions telles que l’image r´ eciproque d’un Pot(Σ
10) soit aussi Pot(Σ
10).
Lemme 3.2. Soient X, Y , X
0, Y
0des espaces polonais, A (resp. B) un
bor´ elien de X × Y (resp. X
0× Y
0); si f , de X
0× Y
0dans X × Y , est dans
C
0et r´ eduit B ` a A, alors Γ
Best contenue dans Γ
A.
D ´ e m o n s t r a t i o n. A ∈ Pot(Γ
A), ce qui fournit σ et τ telles que A est dans Γ
Ad(X, σ) × (Y, τ ). Soient (U
n) et (V
n) des bases de σ et τ . Comme f est dans C
0, par la proposition 2.2 on trouve des bor´ eliens U
mn,pet V
mn,ptels que f
−1(U
n× V
p) = S
m∈ω
U
mn,p× V
mn,p. Par la proposition 1.3, on obtient des topologies σ
0et τ
0rendant les U
mn,pet les V
mn,pouverts, de sorte que f , de (X
0, σ
0) × (Y
0, τ
0) dans (X, σ) × (Y, τ ), est continue. Donc B est dans Γ
Ad(X
0, σ
0) × (Y
0, τ
0) et B ∈ Pot(Γ
A), d’o` u le r´ esultat : sinon Γ
A⊆ ˇ Γ
B, et B ∈ Pot(Γ
B) ∩ Pot( ˇ Γ
B); donc comme dans la preuve de la proposition 3.1, et par abus de langage, B ∈ Pot(Γ
B∩ ˇ Γ
B) et Γ
B= ˇ Γ
B; d’o` u Γ
Aψ Γ
B, ce qui contredit B ∈ Pot(Γ
A).
Th´ eor` eme 3.3. Si Γ est une classe de Wadge de bor´ eliens il existe B dans Γ dω
ω× ω
ωtel que :
(i) Γ
B= Γ ,
(ii) A est Pot(Γ ) si et seulement s’il existe f dans C
0injective telle que A = f
−1(B).
D ´ e m o n s t r a t i o n. P r e m i e r c a s : Γ est non auto-duale. Soit U un universel pour Γ dω
ω, U ⊆ ω
ω× ω
ω. Posons (α)
i(n) := α(2n + i), o` u i = 0, 1,
hγ, βi(n) := γ(k) si n = 2k, β(k) si n = 2k + 1, et B(α, β) ⇔ U ((α)
0, h(α)
1, βi).
Alors B est aussi universel pour Γ dω
ω: (·)
1est continue, donc si C est dans Γ dω
ω, (·)
−11(C) aussi, et il existe α dans ω
ωtel que (·)
−11(C) = U
α; hα, 0
ωi est donc un code pour C.
B est dans Γ , donc comme ` a la fin de la preuve du lemme pr´ ec´ edent, Γ
B⊆ Γ . Raisonnons par l’absurde pour montrer (i) : Γ
Bψ Γ , donc Γ
B⊆ ˇ Γ ; B est Pot(Γ
B), ce qui fournit des topologies σ et τ telles que B ∈ Γ
Bd(ω
ω, σ) × (ω
ω, τ ), et on a B ∈ ˇ Γ d(ω
ω, σ) × (ω
ω, τ ).
L’application identique, de (ω
ω, σ) dans ω
ω, est bijective continue, donc d’inverse bor´ elienne; son inverse est donc continue sur un G
δdense G de ω
ω; sur G, σ et la topologie usuelle co¨ıncident. G ´ etant non d´ enombrable contient une copie L de 2
ω, et comme Γ 6= ˇ Γ , on peut trouver D dans (Γ \ ˇ Γ )dL; D = E ∩ L, o` u E ∈ Γ dω
ω. B ´ etant universel, soit α dans ω
ωtel que B
α= E. Tout comme B
α, E est dans ˇ Γ d(ω
ω, σ), donc E ∩ G est dans Γ dG car sur G, les topologies sont identiques. Donc D est dans ˇ ˇ Γ dL, une contradiction qui montre que Γ = Γ
B.
Pour (ii), si A = f
−1(B), A est Pot(Γ ) ` a cause du lemme pr´ ec´ edent.
Inversement, si A est Pot(Γ ), on trouve σ
0et τ
0telles que A soit dans
Γ d(X, σ
0) × (Y, τ
0). On trouve des ferm´ es F et H de ω
ω, et des hom´ eomor-
phismes : ϕ, de (X, σ
0) sur F , et ψ, de (Y, τ
0) sur H. (ϕ×ψ)
00A ∈ Γ d(F ×H),
donc est la trace sur F ×H de R ∈ Γ dω
ω×ω
ω. h·, ·i est un hom´ eomorphisme,
donc il existe α dans ω
ωtel que h·, ·i
00R = U
α, ce qui s’´ ecrit R(γ, β) ⇔ U (α, hγ, βi) ⇔ B(hα, γi, β) .
La fonction f := g ◦ (ϕ × ψ) ◦ Id r´ epond ` a la question, si on pose g : F × H → ω
ω× ω
ω, (γ, β) 7→ (hα, γi, β) ,
puisque par la proposition 2.2, les fonctions de la forme u × v, avec u et v bor´ eliennes, sont dans C
0.
S e c o n d c a s : Γ est auto-duale. On sait qu’alors: ou bien il existe une suite strictement croissante (Γ
n), cofinale dans Γ , de classes de Wadge non auto-duales telle que
Γ = n [
n∈ω
A
n∩ U
n: (U
n) ∆
01-partition, A
n∈ Γ
no , ou bien Γ est le successeur d’une classe non auto-duale Γ
0telle que
Γ = {(A ∩ N ) ∪ (B \ N ) : N ∈ ∆
01, A ∈ Γ
0, B ∈ ˇ Γ
0} .
Dans la premi` ere ´ eventualit´ e, comme Γ
nest non auto-duale, on trouve A
ndans Γ
ndω
ω× ω
ωtel que Γ
An= Γ
net si B
nest dans Γ
ndω
ω× ω
ω, il existe α
ndans ω
ωtel que B
n(γ, β) ⇔ A
n(hα
n, γi, β) (ceci par le premier cas).
Soit
ψ
n: ω
ω→ N
(n), α 7→ n
_α , et B := S
n∈ω
(ψ
n× Id)
00A
n. La fonction ψ
n´ etant un hom´ eomorphisme, (ψ
n× Id)
00A
n∈ Γ
ndN
(n)× ω
ω⊆ Γ dN
(n)× ω
ωet B ∈ ∆
01-PU(Γ ) = Γ , donc Γ
B⊆ Γ .
Si l’inclusion est stricte, il existe n tel que Γ
Bψ Γ
n= Γ
An; or on a A
n= (ψ
n× Id)
−1(B), et Γ
An⊆ Γ
Bpar le lemme pr´ ec´ edent, d’o` u contra- diction. Donc Γ
B= Γ .
Si A est Pot(Γ ), on trouve σ
0, τ
0, F , H, ϕ, ψ, R comme au premier cas. On sait qu’on peut trouver une ∆
01-partition (U
n) de ω
ω× ω
ωet B
ndans Γ
ndω
ω× ω
ωtels que l’on ait l’´ egalit´ e R = S
n∈ω
U
n∩ B
n. La fonction f := h ◦ (ϕ × ψ) ◦ Id convient, si on pose
h : F × H → ω
ω× ω
ω, (γ, β) 7→ (ψ
n(hα
n, γi), β) si (γ, β) ∈ U
n, puisque si C et D sont des bor´ eliens de ω
ω, on a
h
−1(C × D) = [
n∈ω
U
n∩ ({α ∈ ω
ω: ψ
n(hα
n, αi) ∈ C} × D) ∈ Pot(Σ
10) . Dans la seconde ´ eventualit´ e, on trouve A
0dans Γ
0dω
ω× ω
ω, et A
1dans Γ ˇ
0dω
ω× ω
ωtels que Γ
A0= Γ
0, Γ
A1= ˇ Γ
0; et si C (resp. D) est dans Γ
0(resp. Γ ) dω
ω× ω
ω, on trouve α
0(resp. α
1) dans ω
ωtels que
C(γ, β) ⇔ A
0(hα
0, γi, β), D(γ, β) ⇔ A
1(hα
1, γi, β) .
Si ϕ
0est un hom´ eomorphisme de ω
ωsur ω
ω\ N
(0), et si B := (ϕ
0× Id)
00A
1∪ (ψ
0× Id)
00A
0, B est dans Γ dω
ω× ω
ω, donc Γ
B⊆ Γ .
Comme Γ est le successeur de Γ
0, si l’inclusion est stricte, on a Γ
B⊆ Γ
0ou Γ
B⊆ ˇ Γ
0. Soit par exemple Γ
B⊆ Γ
0; A
1∈ Pot( ˇ Γ
0) = Pot(Γ
A1), et comme Γ
0est non auto-duale, A
1n’est pas Pot(Γ
0) car Γ
A1= ˇ Γ
0. Donc A
1n’est pas Pot(Γ
B); or A
1= (ϕ
0× Id)
−1(B), donc Γ
A1⊆ Γ
B, une contradiction.
La derni` ere partie est analogue ` a celle de la premi` ere ´ eventualit´ e.
On cherche maintenant ` a adapter les r´ esultats sur les classes de Wadge.
Si C (resp. D) est bor´ elien de X (resp. Y ), on a
hCi ⊆ hDi ⇔ il existe f continue, de X dans Y , telle que C = f
−1(D).
Une question analogue se pose pour les classes de Wadge potentielles : peut-on trouver une classe de fonctions C telle que si B est bor´ elien de Z ×T , on ait
Γ
A⊆ Γ
B⇔ ∃f : X × Y → Z × T dans C telle que A = f
−1(B) . Comme on va le voir, la r´ eponse est n´ egative; la classe qui semblait le candidat “raisonnable”, C
0` a cause du lemme pr´ ec´ edent, ne fonctionne pas, et ` a un petit niveau (avec A ∈ Π
10et B ∈ ˇ D
2(Σ
10)).
On notera ≤
Ple pr´ e-ordre associ´ e ` a C
0:
A ≤
PB ⇔ il existe f dans C
0telle que A = f
−1(B).
L’in´ egalit´ e A ≤
PB entraˆıne donc l’inclusion Γ
A⊆ Γ
B, par le lemme 3.2.
On montre maintenant un lemme bien plus fort que n´ ecessaire pour in- troduire le contre-exemple ´ evoqu´ e ci-dessus, mais qui permettra de mieux comprendre ce qu’on cherche ` a faire dans les paragraphes suivants.
D´ efinition 3.4. Si X est un espace polonais, on dira que G, G
δde X, est presque-ouvert si G est contenu dans l’int´ erieur de son adh´ erence.
Lemme 3.5. Soient (C
n) (resp. (D
n)) des suites de presque-ouverts non vides de X (resp. Y ), f
n: C
n→ D
ncontinues et ouvertes, B la r´ eunion S
n∈ω\{0}
Gr(f
n), et A un bor´ elien de X × Y contenant B; si B \ A contient Gr(f
0), alors A n’est pas Pot(Π
10).
D ´ e m o n s t r a t i o n. Sinon, soit F (resp. G) un G
δdense de X (resp. Y ) sur lequel les topologies (initiales et fournies par le fait que A soit Pot(Π
10)) co¨ıncident (on montre leur existence comme dans la preuve du th´ eor` eme 3.3);
on a A ∩ (F × G) ∈ Π
10dF × G.
Montrons que Gr(f
n) ⊆ Gr(f
n) ∩ (F × G). Soit U (resp. V ) un ouvert de X (resp. Y ) tels que (U × V ) ∩ Gr(f
n) 6= ∅. Alors D
n∩ V ∩ G est un G
δdense de D
n∩ V , donc f
n−1(V ∩ G) est un G
δdense de f
n−1(V ).
Donc F ∩ f
n−1(V ), puis F ∩ f
n−1(V ∩ G), sont des G
δdenses de f
n−1(V );
ce dernier rencontre donc U ∩ f
n−1(V ) en au moins {x}; alors (x, f
n(x)) est dans (U × V ) ∩ (F × G) ∩ Gr(f
n) 6= ∅.
Gr(f
0) est non vide, donc par ce qui pr´ ec` ede on trouve (x, y) dans (F × G) ∩ Gr(f
0), et on a (x, y) ∈ (F × G) ∩ B \ A; il suffit donc de voir que (F × G) ∩ B ⊆ (F × G) ∩ B ∩ (F × G). On applique alors le fait que Gr(f
n) ⊆ Gr(f
n) ∩ (F × G) pour avoir la contradiction cherch´ ee.
Exemple 3.6. Soit D
0:= {(α, β) ∈ 2
ω× 2
ω: ∃!p ∈ ω, α(p) 6= β(p)}.
Alors D
0n’est pas Pot(Π
10).
En effet, on applique le lemme pr´ ec´ edent ` a X = Y = C
n= D
n= 2
ω, f
0(α) = α, f
n(α)(p) = α(p) ⇔ p 6= n − 1 si n > 0, et A = B.
Th´ eor` eme 3.7. Il n’existe pas de classe de fonctions C telle que l’inclu- sion de Γ
Adans Γ
Bsoit ´ equivalente ` a l’existence de f dans C telle que A = f
−1(B).
D ´ e m o n s t r a t i o n. Raisonnons par l’absurde; si B est Pot(Σ
10) et f dans C, comme Γ
B⊆ Σ
10, Γ
f−1(B)⊆ Σ
10, donc f
−1(B) est Pot(Σ
10). Donc si C existe, C est une sous-classe de C
0.
Comme on l’a vu avant le lemme 3.2, Γ
∆(2ω)= Π
10, et par 3.6, ˇ D
0n’est pas Pot(Σ
10), donc Π
10⊆ Γ
Dˇ0et Γ
∆(2ω)⊆ Γ
Dˇ0. Il suffit donc de voir que
∆(2
ω) 6≤
PD ˇ
0pour avoir la contradiction cherch´ ee.
Raisonnons par l’absurde : il existe f dans C
0telle que ∆(2
ω) = f
−1( ˇ D
0).
Alors f
00(∆(2
ω)) est non d´ enombrable, sinon par la remarque 2.1, f
00(∆(2
ω)) serait Pot(Σ
10), et par suite ∆(2
ω) = f
−1(f
00(∆(2
ω))) aussi, ce qui est ex- clus.
On peut donc trouver une copie P de 2
ωdans ∆(2
ω) sur laquelle f est injective; f
00P est donc un bor´ elien non d´ enombrable, et ses coupes sont d´ enombrables : si par exemple une de ses coupes verticales C est non d´ enombrable, soit (f
00P )(α
0), {α
0} × C est un rectangle bor´elien, donc est Pot(Σ
10); f
−1({α
0} × C) est alors aussi Pot(Σ
10), non d´ enombrable car {α
0} × C ⊆ f
00(2
ω× 2
ω), et contenu dans ∆(2
ω), ce qui est contra- dictoire.
f
00P n’est donc pas r´ eunion d´ enombrable de rectangles bor´ eliens dont l’un des cˆ ot´ es soit un singleton, sinon les cˆ ot´ es seraient d´ enombrables comme les coupes, et P aussi. Par le th´ eor` eme 2.3, il existe un hom´ eomorphisme ψ de 2
ωsur un compact L, et une injection continue g d´ efinie sur L, dont le graphe est contenu dans f
00P .
Alors si B := D
0∩ (L × g
00L), B est bor´ elien ` a coupes d´ enombrables
de L × g
00L, donc est maigre relativement ` a L × g
00L. Donc, si l’on pose
E := (ψ × (g ◦ ψ))
−1(B), E est maigre relativement ` a 2
ω× 2
ω, et par la
proposition 1.6, il existe M hom´ eomorphe ` a 2
ωtel que si α et β sont distincts
dans M , alors (α, β) n’est pas dans E.
Soit R := ψ
00M × (g ◦ ψ)
00M ; alors R ⊆ ˇ D
0, sinon soit (α, β) dans R ∩ D
0; on a alors α = ψ(θ) et β = g(ψ(ε)), o` u θ, ε sont dans M , et θ 6= ε, sinon (α, β) ∈ Gr(g) ⊆ f
00P ⊆ ˇ D
0. Donc (θ, ε) 6∈ E et (α, β) 6∈ B, une contradiction.
De plus, Gr(gdψ
00M ) ⊆ R ∩ f
00P , donc R ∩ f
00P est non d´ enombrable, et f
−1(R) est Pot(Σ
01) comme R, est contenu dans ∆(2
ω), et est non d´ enombrable, ce qui est exclus.
4. R´ esultats de type “Hurewicz”. Dans [Lo-SR], il est d´ emontr´ e le r´ esultat suivant :
Th´ eor` eme 4.1. Si ξ est un ordinal d´ enombrable non nul , il existe un compact de dimension 0, P
ξ, et un vrai Σ
ξ0de P
ξ, A
ξ, tels que si A est un bor´ elien de l’espace polonais X, on ait : A n’est pas Π
ξ0de X si et seulement s’il existe une injection continue f de P
ξdans X telle que A
ξ= f
−1(A).
En fait P
ξ= 2
ω, sauf si ξ = 1, auquel cas P
1est constitu´ e d’une suite convergente infinie et de sa limite. Ceci implique, avec B = f
00P
ξ, que A n’est pas Π
ξ0si et seulement s’il existe un ferm´ e B de X tel que A ∩ B soit un vrai Σ
0ξde B. L’ensemble A
ξest dit “test d’Hurewicz”.
Dans la suite, on cherchera ` a ´ etablir un analogue ` a ces r´ esultats dans le cas o` u ξ = 1. On y parviendra partiellement; dans cet esprit, voici la
D´ efinition 4.2. Si Γ est une classe, on dira que P
1(Γ ) est v´ erifi´ ee si, pour tout A dans Γ , A n’est pas Pot(Π
10) si et seulement s’il existe un Pot(Π
10), B, et un Pot(Σ
10), C, tels que B ∩ C = B ∩ A ne soit pas Pot(Π
10).
En apparence, cette propri´ et´ e n’explique pas ce que signifie “A n’est pas Pot(Π
10)”. Mais elle ram` ene le probl` eme au cas o` u A est Pot(D
2(Σ
10)), et on va voir que sous l’hypoth` ese “A est Pot(F
σ)”, on sait caract´ eriser quand A n’est pas Pot(Π
10). Mais il nous faut la
D´ efinition 4.3. Si X et Y sont des espaces topologiques, une partie A de X × Y sera dite localement ` a projections ouvertes (ou l.p.o.) si pour tout ouvert U de X × Y , les projections de A ∩ U sont ouvertes.
Lemme 4.4. Soient X et Y des espaces polonais, F et G des G
δdenses de X et Y , et A un G
δl.p.o. non vide de X × Y ; alors A ∩ (F × G) est non vide.
D ´ e m o n s t r a t i o n. Soient (U
n) et (V
n) des suites d’ouverts denses, de X et Y , telles que F = T
n∈ω
U
n, G = T
n∈ω
V
n, et (F
n) une suite de ferm´ es de X × Y telle que A = T
n∈ω
F ˇ
n. On construit par r´ ecurrence sur n des suites d’ouverts non vides (O
n) et (T
n) de X et Y v´ erifiant :
(i) δ(O
n), δ(T
n) < 2
−n,
(ii) O
n× T
n⊆ (U
n× V
n) \ F
n, (iii) A ∩ (O
n× T
n) 6= ∅,
(iv) O
n+1⊆ O
n, T
n+1⊆ T
n.
Admettons avoir construit ces objets; (O
n) et (T
n) sont des suites d´ e- croissantes de ferm´ es non vides dont les diam` etres tendent vers 0, donc leurs intersections sont {x} et {y}; mais (x, y) ∈ O
n× T
n⊆ ˇ F
n∩ (U
n× V
n), donc (x, y) ∈ A ∩ (F × G) 6= ∅.
Admettons avoir construit (O
p)
p<net (T
p)
p<nv´ erifiant les conditions demand´ ees; alors par (iii), Π
X00(A ∩ (O
n−1× T
n−1)) est un ouvert non vide de X, donc rencontre U
n: l’ensemble A ∩ [(O
n−1∩ U
n) × T
n−1] est non vide, donc sa projection sur Y est un ouvert non vide de Y , donc rencontre V
n. L’ensemble A ∩ [(O
n−1∩ U
n) × (T
n1∩ V
n)] est non vide, donc contient (x
n, y
n); il reste ` a choisir deux ouverts O
net T
nde diam` etre au plus 2
−nv´ erifiant la double inclusion suivante :
(x
n, y
n) ∈ O
n× T
n⊆ O
n× T
n⊆ [(O
n−1∩ U
n) × (T
n−1∩ V
n)] \ F
n. On remarquera que ce r´ esultat est faux si on ne suppose pas que A est un G
δ. D´ esignons par P
∞l’ensemble des suites de 0 et de 1 comportant une infinit´ e de termes ´ egaux ` a 1. Si maintenant A d´ esigne (2
ω×2
ω)\(P
∞×P
∞), A est un K
σqui v´ erifie les autres conditions du lemme et ne rencontre pas P
∞× P
∞!
Th´ eor` eme 4.5. (a) Soit A un Pot(F
σ) d’un produit d’espaces polonais X × Y ; alors A n’est pas Pot(Π
10) si et seulement s’il existe des espaces polonais de dimension 0, Z et T , une suite de ferm´ es de Z × T , (F
n), et des fonctions injectives continues, f , de Z dans X, et g, de T dans Y , tels que si C := S
n∈ω
F
n, on ait : (i) C \ C 6= ∅,
(ii) C = (f × g)
−1(A), (iii) C \ C et F
nsont l.p.o.
(b) Soit A un Pot(∆
02) d’un produit d’espaces polonais X × Y ; alors A n’est pas Pot(Π
10) si et seulement s’il existe des espaces polonais de dimen- sion 0, Z et T , un ∆
02de Z × T , C, et des fonctions injectives continues, f , de Z dans X, et g, de T dans Y , tels que :
(i) C \ C 6= ∅,
(ii) C = (f × g)
−1(A), (iii) C \ C et C sont l.p.o.
D ´ e m o n s t r a t i o n. (a) Raisonnons par l’absurde : si A est Pot(Π
10),
C aussi et on trouve des G
δdenses F et G de Z et T tels que C ∩ (F × G)
soit dans Π
10dF × G.
On applique le lemme pr´ ec´ edent ` a Z, T , F , G, et C \ C, et on a [(F × G) ∩ C] \ C 6= ∅. Il suffit alors de voir que ce dernier ensemble est ´ egal ` a [(F × G) ∩ C ∩ (F × G)] \ C pour avoir la contradiction cherch´ ee;
et il suffit de voir que F
n⊆ F
n∩ (F × G).
Si U et V sont des ouverts de Z et T tels que F
n∩ (U × V ) soit non vide, on applique le lemme pr´ ec´ edent ` a U , V , F ∩ U, G ∩ V , et F
n∩ (U × V ) pour voir que F
n∩ [(F ∩ U ) × (G ∩ V )] est lui aussi non vide.
Inversement, on peut supposer que X et Y sont des ferm´ es de ω
ω, et pour simplifier l’´ ecriture qu’ils sont ∆
11, ainsi que la suite (G
n) de ferm´ es pour ∆
2dont A est la r´ eunion (on applique la remarque 1.5(b)).
Comme ∆ ⊆ Σ, et par une double application du th´ eor` eme de s´ eparation, on voit que A
Σ2
= A
∆2
; par suite, puisque ∆ est polonaise, A
Σ2
\ A est un Σ
11non vide, ainsi que (A
Σ2
\ A) ∩ Ω
ωω×ωω; et puisque Ω
ωω×ωω⊆ Ω
ω2ω, (A
Σ2
\ A) ∩ Ω
ω2ωest lui aussi non vide; posons Z := (X ∩ Ω
ωω, ΣdX ∩ Ω
ωω), T := (Y ∩ Ω
ωω, ΣdY ∩ Ω
ωω), F
n:= G
n∩ (Z × T ), et prenons pour f et g les applications identiques.
Alors (A
Σ2
\ A) ∩ Ω
ω2ω= A ∩ (Z × T )
Σ2