XCII.3 (2000)
Symboles des restes quadratiques des discriminants dans les extensions mod´ er´ ement ramifi´ ees
par
A. Movahhedi et M. Zahidi (Limoges)
1. Introduction. Soit L un corps de nombres de degr´ e n sur le corps Q des nombres rationnels de discriminant D = D
L/Q. Si l’entier D n’est pas un carr´ e, on note d le discriminant du corps quadratique Q( √
D), sinon on pose d = 1. Soit p un nombre premier non-ramifi´ e dans L de sorte que le symbole des restes quadratiques
Dpsoit non-nul. Un th´eor`eme d´ej`a ancien dˆ u ` a A. Pellet ([3, page 245]), L. Stickelberger et G. Vorono¨ı montre que la parit´ e du nombre g d’id´ eaux premiers de L au-dessus de p est d´ etermin´ ee par ce symbole
Dp. En effet, nous avons
Dp= (−1)
n−g.
Plus g´ en´ eralement, mˆ eme si p est ramifi´ e dans L, on aimerait pouvoir relier le symbole
dp`a la d´ecomposition (p) = P
e11. . . P
eggde p en produit d’id´ eaux premiers P
ide L.
Supposons que p n’est pas sauvagement ramifi´ e dans L. Si f
id´ esigne le degr´ e r´ esiduel de P
idans l’extension L/Q, alors la valuation p-adique du discriminant D est donn´ ee par v
p(D) = P
gi=1
(e
i− 1)f
i[9, Chap. 3, Prop. 13]. Donc le symbole
dpest non-nul d` es que tous les indices de ramification e
isont impairs. Dans ce dernier cas, g´ en´ eralisant une s´ erie de r´ esultats (Wahlin [10], Hasse [5], Buhler [2], Dribin [4], Kientega [6], . . .), P. Barrucand et F. Laubie ont ´ etabli la formule suivante (´ egalement valable dans le cas relatif) [1] :
d p
= (−1)
Fp E
avec E = Y
2
-
fie
iet F = X
2|fi
1.
Notre but est de donner une formule analogue sans aucune hypoth` ese sur la parit´ e des indices de ramification e
i. Cet article s’inscrit donc comme une suite logique de [1] et en est largement inspir´ e.
2. ´ Enonc´ es des r´ esultats. Soient K un corps de nombres et L une extension finie de K de degr´ e n. Soit {b
1, . . . , b
n} une base du K-espace
2000 Mathematics Subject Classification: 11A15, 11R29, 11S15.
[239]
vectoriel L. Le discriminant D = D
L/K= det(Tr
L/K(b
ib
j)) est un ´ el´ ement non-nul de K : D ∈ K
·. La classe δ = δ
L/Kde D modulo les carr´ es K
·2est ind´ ependante du choix de la base, c’est donc un invariant de l’extension L/K; elle d´ etermine une extension quadratique (ou triviale) K( √
δ).
Soit p un id´ eal premier de K. Notons K
ple compl´ et´ e de K en la place p.
On va s’int´ eresser au symbole des restes quadratique
δp: ´ etant donn´ e a ∈ K
p·, le symbole des restes quadratiques
apest d´efini par
a p
=
1 si K
p( √
a) = K
p,
−1 si K
p( √
a)/K
pest une extension quadratique non-ramifi´ ee, 0 si K
p( √
a)/K
pest une extension quadratique ramifi´ ee.
En particulier
apne d´epend que de la classe de a modulo les carr´es. Soit p = P
e11. . . P
eggla d´ ecomposition de l’id´ eal p en produit d’id´ eaux premiers deux ` a deux distincts P
ide L. On note f
ile degr´ e r´ esiduel de P
ide sorte que n = e
1f
1+ . . . + e
gf
g. On d´ esigne par π ∈ p une uniformisante du corps local K
p.
Proposition 2.1. On suppose que l’id´ eal premier p de K est non 2- adique. Si P
2|ei
f
iest un entier pair , alors le produit Q
2|ei
π
Pi
est non-nul et est ind´ ependant du choix de l’uniformisante π.
Cette proposition sugg` ere
D´ efinition 2.2. Pour tout id´ eal premier non 2-adique p du corps de nombres K, on pose
ε(p) = ε
L/K(p) =
0 si X
2|ei
f
iest impair, Y
2|ei
π P
isinon,
o` u π d´ esigne une uniformisante quelconque du corps local K
p. Si tous les e
isont impairs, on convient que ε(p) = 1. En particulier ε(p) = 1 d` es que l’id´ eal premier p est non-ramifi´ e dans L.
Remarque 2.3. Le symbole ε peut ˆ etre interpr´ et´ e par l’application de r´ eciprocit´ e d’Artin de la mani` ere suivante. Notons A l’id´ eal Q
2|ei
P
ide L.
Soit (A, L( √
π)/L) l’´ el´ ement du groupe de Galois G(L( √
π)/L) d´ efini par le symbole d’Artin. Lorsque ε
L/K(p) est non-nul, il est ´ egal ` a 1 si et seulement si le symbole d’Artin (A, L( √
π)/L) est l’identit´ e [8, Chap. IV, §8]. Nous utiliserons fr´ equemment cette caract´ erisation de ε
L/K(p).
A l’aide des propri´ et´ es fonctorielles du symbole d’Artin, nous pouvons
´
etablir une formule de transitivit´ e pour ε :
Proposition 2.4. Soit K ⊂ M ⊂ L une tour d’extensions de corps de nombres. Soit p un id´ eal premier de K. Supposons que ε
L/K(p), ε
M/K(p) ainsi que les ε
L/M(P) pour P | p sont non-nuls. Alors nous avons
ε
L/K(p) = ε
M/K(p)
[L:M ]Y
P|p 2
-
e(P/p)ε
L/M(P).
Le th´ eor` eme suivant est le r´ esultat principal de cet article qui relie les deux symboles
δL/Kpet ε
L/K(p).
Th´ eor` eme 2.5. Soit p un id´ eal premier non 2-adique du corps de nom- bres K. On suppose que p n’est pas sauvagement ramifi´ e dans L. Alors les symboles
δL/Kpet ε
L/K(p) sont reli´ es par la formule
δ
L/Kp
= (−1)
F +(q−1)G/2q E
ε
L/K(p)
o` u q est la norme absolue de p et les trois entiers E, F et G sont d´ efinis par
E = Y
2
-
eifie
i, F = X
2|fi
2
-
ei1, G = X
4|ei
2
-
fi1.
La d´ emonstration de ce th´ eor` eme se fait essentiellement en trois ´ etapes : compl´ etion, d´ evissage et globalisation.
Remarque 2.6. (i) Lorsque tous les indices de ramification e
isont impairs, alors G = 0, ε
L/K(p) = 1 et on retrouve le th´ eor` eme principal de Barrucand–Laubie [1, Th´ eor` eme 2].
(ii) Pour les id´ eaux premiers 2-adiques p qui ne sont pas sauvagement ramifi´ es dans L, nous avons encore
δ
L/Kp
= (−1)
Fq E
.
N´ eanmoins, ils ont ´ et´ e exclu de l’´ enonc´ e du th´ eor` eme pr´ ec´ edent car pour ces id´ eaux ε n’est pas d´ efini.
Supposons maintenant que l’extension L/K est galoisienne de groupe de Galois G. Soit, comme d’habitude,
e = l’indice de ramification de p dans L/K, f = le degr´ e r´ esiduel de p dans L/K,
g = le nombre d’id´ eaux premiers de L au-dessus de p.
Alors pour chaque uniformisante π ∈ p − p
2, le symbole % :=
Pπest
ind´ ependant du choix de la place P au-dessus de p de sorte que ε
L/K(p) = %
gest une puissance g-i` eme.
Avec les notations ci-dessus, le th´ eor` eme 2.5 montre facilement que la valeur du symbole
δL/Kpest donn´ee par
Corollaire 2.7. Supposons que L est une extension galoisienne de K.
Pour tout id´ eal premier p de K qui n’est pas sauvagement ramifi´ e dans L, nous avons
δ
L/Kp
=
0 si 2 | e et 2 - f g,
%
gsi 2 | e et 2 | f g, (−1)
gsi 2 - e et 2 | f g,
q e
si 2 - n.
Dans la situation de ce dernier corollaire, le cas o` u 2 | e, 2 | f et 2 - g est le seul o` u la connaissance des entiers e, f et g ne suffit pas pour d´ eterminer la valeur de
δL/Kp. Dans ce dernier cas, nous avons
δL/Kp= ε
L/K(p) =
π P
6= 0. La valeur de % =
Pπest alors li´ ee ` a la structure du groupe de d´ ecomposition D = D(P/p) de la place P dans l’extension L/K. Plus pr´ ecis´ ement, nous avons
Proposition 2.8. Soit L/K une extension galoisienne de corps de nom- bres. Soient p un id´ eal premier non 2-adique de K et P un id´ eal premier de L au-dessus de p. Supposons que le degr´ e r´ esiduel f de p dans L/K est pair. Soit π une uniformisante de K
p. Alors
Pπ= 1 si et seulement si le 2-sous-groupe de Sylow du groupe de d´ ecomposition D(P/p) n’est pas cyclique.
Notons que dans la mˆ eme extension L/K, il est possible que ε prenne les trois valeurs −1, 0 et 1 en trois places ramifi´ ees : Prenons, par exemple, K = Q et soit L := Q(
p 210 + 21 √
10). Alors L/Q est une extension cyclique de degr´ e 4 o` u ` a part 2, se ramifient uniquement les nombres premiers 3, 5 et 7.
Plus pr´ ecis´ ement, le discriminant de L est donn´ e par D = 2
11· 3
2· 5
3· 7
2. Puisque 3 est d´ ecompos´ e dans Q( √
10), il se d´ ecompose dans L sous la forme 3 = p
21p
22, donc d’apr` es le corollaire 2.7 on a ε
L/Q(3) = 1. Vu la valuation 5-adique du discriminant, 5 se ramifie totalement dans L, donc toujours d’apr` es le corollaire 2.7 on a ε
L/Q(5) = 0. Quant au premier 7, puisqu’il est inerte dans Q( √
10), on a dans L : 7 = p
2, donc ε
L/Q(7) = −1 grˆ ace au corollaire 2.7 et la proposition 2.8.
Comme cons´ equence imm´ ediate du corollaire 2.7, citons la proposition suivante qui est ` a rapprocher au th´ eor` eme de Pellet–Stickelberger–Vorono¨ı.
Proposition 2.9. Soit K un corps de nombres, L une extension galoi-
sienne de K et p un id´ eal premier de K qui n’est pas sauvagement ramifi´ e
dans L. Si
δL/Kp6= 1, alors le nombre d’id´eaux premiers de L au-dessus
de p est impair.
Il n’est pas difficile de voir que la r´ eciproque de la proposition pr´ ec´ edente est inexacte : en effet, il suffit de prendre K = Q, L = Q( √
2, √
3) et p = 3Z.
Alors p = P
2dans L et nous avons
δL/Kp= 1.
3. ´ Etude locale. Dans cette section, nous ne consid´ erons que des corps locaux, c’est-` a-dire complets pour une valuation discr` ete et ayant un corps r´ esiduel fini. ´ Etant donn´ e un corps local E, nous notons
π
E= π = une uniformisante de E;
A
E= l’anneau de valuation de E;
p
E= πA
El’id´ eal de valuation de E;
q = q
E= le cardinal du corps r´ esiduel A
E/p
E.
Lorsque F est une extension finie s´ eparable du corps local E, on d´ esignera comme dans le cas global δ
F /Ela classe modulo les carr´ es du discriminant d’une E-base de F .
Supposons que F/E est une extension mod´ er´ ement ramifi´ ee d’indice de ramification e. Si l’on suppose que e est pair, alors l’extension F ( √
π)/F est non-ramifi´ ee de sorte que
pπF
6= 0 bien que
pπE
= 0.
Lemme 3.1. On suppose que l’extension locale F/E est totalement et mod´ er´ ement ramifi´ ee de degr´ e pair e. Alors pour toute uniformisante π de E, il existe une unit´ e u
πde E telle que
(i) δ
F /E= u
ππ mod E
·2; (ii) u
πp
E= −1 q
E e/2+1π p
F.
D ´ e m o n s t r a t i o n. La valuation p
E-adique de l’id´ eal discriminant de l’extension F/E est ´ egale ` a (e − 1). Comme e est suppos´ e pair, on en d´ eduit qu’il existe une unit´ e u
πde E telle que δ
F /E= u
ππ mod E
·2.
L’extension F/E ´ etant mod´ er´ ee, il existe une uniformisante π
0de E telle que F = E( √
eπ
0) [11, Chap. 3, Prop. 3.4.3]. En particulier π
0est un carr´ e dans F.
Le discriminant du polynˆ ome X
e− π
0´ etant
(−1)
e(e−1)/2e
e(−π
0)
e−1= (−1)
e/2+1e
eπ
0e−1, on voit que δ
F /E= (−1)
e/2+1π
0mod E
·2. Il en r´ esulte que
u
πp
E= δ
F /Eπ
−1p
E= (−1)
e/2+1π
0π
−1p
E= −1 p
E e/2+1π
0π
−1p
E= −1 q
E e/2+1π
0π
−1p
E.
Comme F/E est totalement ramifi´ ee, les deux extensions non-ramifi´ ees E( √
π
0π
−1)/E et F ( √
π
0π
−1)/F sont de mˆ eme degr´ e et nous avons
π
0π
−1p
E= π
0π
−1p
F. Or π
0est un carr´ e de F , donc
π
0π
−1p
E= π
−1p
F= π p
Fd’o` u le lemme.
Lorsque l’extension locale F/E n’est pas totalement ramifi´ ee, par un d´ evissage on peut g´ en´ eraliser le lemme pr´ ec´ edent de la fa¸ con suivante :
Lemme 3.2. On suppose que l’extension locale F/E est mod´ er´ ement rami- fi´ ee d’indice de ramification pair e et de degr´ e r´ esiduel f. Pour toute uni- formisante π de E, il existe une unit´ e u
πde E telle que
(i) δ
F /E= π
fu
πmod E
·2; (ii) u
πp
E= −1 q
E f (e/2+1)π p
F.
D ´ e m o n s t r a t i o n. La d´ emonstration imite celle du lemme 4 de [1].
Soit E
0le corps d’inertie de l’extension F/E. Par la formule de transitivit´ e des discriminants [9, Chap. 3, Prop. 8], nous avons
δ
F /E= δ
Ee0/EN
E0/E(δ
F /E0) mod E
·2= N
E0/E(δ
F /E0) mod E
·2. L’extension E
0/E ´ etant non-ramifi´ ee, π reste une uniformisante de E
0, donc d’apr` es le lemme pr´ ec´ edent il existe une unit´ e u
0πde E
0telle que
δ
F /E0= πu
0πmod E
0·2et
u
0πp
E0= −1 q
E0 e/2+1π p
F= −1 q
E f (e/2+1)π p
F. Par ailleurs,
pu0πE0
peut ˆ etre vu comme le symbole de Hilbert
π,up 0πE0
[8, Chap. III, §5], d’o` u
u
0πp
E0= (u
0π, E
0( √
π)/E
0)( √ π)/ √
π
= (N
E0/E(u
0π), E( √
π)/E)( √ π)/ √
π
(fonctorialit´ e du symbole d’Artin)
= π, N
E0/E(u
0π) p
E= N
E0/E(u
0π) p
E.
Maintenant si on pose u
π= N
E0/E(u
0π), on obtient ` a la fois les deux propri´ et´ es (i) et (ii) de l’´ enonc´ e.
Le cas o` u l’indice de ramification e de l’extension locale F/E est impair a ´ et´ e trait´ e dans [1] :
Lemme 3.3. On suppose que l’indice de ramification e de F/E est impair.
Soit f le degr´ e r´ esiduel de F/E. Alors nous avons
δ
F /Ep
E= (−1)
f +1q
Ee
f. D ´ e m o n s t r a t i o n. C’est le lemme 4 de [1].
4. Globalisation
D´ emonstration de la proposition 2.1. Soient π et π
0deux uniformisantes de K
p. Posons u = π/π
0.
Soit P
iune des places de L au-dessus de p. D´ esignons par K
pet L
Piles compl´ et´ es de K et L en les places p et P
irespectivement.
L’id´ eal premier p ´ etant suppos´ e non 2-adique, l’extension K
p( √
u)/K
pest non-ramifi´ ee. On en d´ eduit aussitˆ ot que si le degr´ e r´ esiduel correspondant f
iest pair, alors K
p( √
u) est contenu dans L
Pide sorte que
Pui
= 1; et que si au contraire f
iest impair, alors [K
p( √
u) : K
p] = [L
Pi( √
u) : L
Pi] de sorte que
up=
Pui
.
On ne s’int´ eresse dans cette proposition qu’aux id´ eaux premiers P
iavec e
ipair. Pour un tel id´ eal premier P
i, le lemme d’Abhyankar [7, Chap. 5,
§2, Cor. 4 au Th. 5.11] garantit la non-nullit´ e de
Pπi
puisqu’il affirme que l’extension K
Pi( √
π)/K
Piest non-ramifi´ ee.
Supposons maintenant qu’il y a un nombre pair d’id´ eaux P
iavec e
ipair et f
iimpair. Alors d’apr` es ce qui pr´ ec` ede
Y
2|ei
u P
i= Y
2
-
fi2|ei
u P
i= Y
2
-
fi2|ei
u p
= 1
de sorte que
Y
2|ei
π P
i= Y
2|ei
π
0P
i. La proposition est donc d´ emontr´ ee.
D´ emonstration de la proposition 2.4. Fixons-nous provisoirement un
id´ eal premier P de M au-dessus de p. Notons e = e(P/p) l’indice de rami-
fication de P dans l’extension M/K. Choisissons une uniformisante π du
corps local K
pappartenant ` a K. Nous allons ´ evaluer le produit de symboles d’Artin
Y
P|P 2|e(P/P)
(P, L( √ π)/L)
suivant la parit´ e de e.
Si e est pair, alors M ( √
π)/M est non-ramifi´ ee en P, et nous avons Y
P|P 2|e(P/P)
(P, L( √
π)/L) = Y
P|P 2|e(P/P)
(P
f (P/P), M ( √ π)/M )
= (P, M ( √
π)/M )
PP|P, 2|e(P/P)f (P/P). Comme par hypoth` ese ε
L/M(P) est non-nul, la somme en exposant est paire de sorte que
Y
P|P, 2|e(P/P)
(P, L( √
π)/L) = 1.
Supposons maintenant que l’indice de ramification e est impair. Soit w une uniformisante de M
P. Il existe une unit´ e de M
Ptelle que π = w
eu. Puisque P
P|P, 2|e(P/P)
f (P/P) est pair, nous voyons, comme dans la d´ emonstration de la proposition pr´ ec´ edente (prop. 2.1), que
Y
P|P 2|e(P/P)
u P
= 1
de sorte que Y
P|P 2|e(P/P)
(P, L( √
π)/L) = Y
P|P 2|e(P/P)
π P
= Y
P|P 2|e(P/P)
w P
= ε
L/M(P).
Ainsi lorsque P parcourt les id´ eaux premiers de M au-dessus de p, on a Y
P|p
Y
P|P 2|e(P/P)
(P, L( √
π)/L) = Y
P|p 2
-
e(P/p)ε
L/M(P).
Pour obtenir la formule de la proposition, il nous faut ´ egalement calculer le produit
Y
P|P 2
-
e(P/P)(P, L( √ π)/L)
pour chaque id´ eal premier P de M tel que l’indice de ramification e = e(P/p) est pair. Comme pr´ ec´ edemment, puisque M ( √
π)/M est non-ramifi´ e en P,
nous avons
Y
P|P 2
-
e(P/P)(P, L( √
π)/L) = Y
P|P 2
-
e(P/P)(P
f (P/P), M ( √ π)/M )
= (P, M ( √ π)/M )
P
P|P, 2
-
e(P/P)f (P/P)= (P, M ( √
π)/M )
PP|Pe(P/P)f (P/P)= (P, M ( √
π)/M )
[L:M ]et ensuite
Y
P|p 2|e(P/p)
Y
P|P 2
-
e(P/P)(P, L( √
π)/L) = ε
M/K(p)
[L:M ].
La formule de la proposition se d´ eduit alors sans difficult´ e des consid´ erations pr´ ec´ edentes.
Tous les ingr´ edients sont maintenant r´ eunis pour obtenir le th´ eor` eme principal. Nous utiliserons les r´ esultats locaux ´ etablis dans la section pr´ ec´ e- dente, en rempla¸ cant E et F par les corps locaux K
pet L
Pirespectivement.
D´ emonstration du th´ eor` eme 2.5. L’id´ eal premier p ´ etant mod´ er´ ement ra- mifi´ e dans L, la valuation p-adique du discriminant δ
L/Ksatisfait ` a la con- gruence
v
p(δ
L/K) ≡
g
X
i=1
(e
i− 1)f
imod 2 ≡ X
2|ei
f
imod 2.
Donc si P
2|ei
f
iest impair, alors le symbole
δL/Kpest nul comme l’est ε
L/K(p).
Pla¸ cons-nous d´ esormais dans la situation o` u P
2|ei
f
iest pair : Pour tout i = 1, . . . , g, notons δ
i= δ
LPi/Kp
. Fixons-nous une uniformisante π de K
p. Pour chaque i tel que e
iest pair, notons u
il’unit´ e u
πde K
pintervenant dans le lemme 3.2. Alors, modulo les carr´ es de K
p·, nous avons
δ
L/K=
g
Y
i=1
δ
i= Y
2
-
eiδ
iY
2|ei
δ
i= Y
2
-
eiδ
iY
2|ei
u
ide sorte que
δ
L/Kp
= Y
2
-
ei(−1)
1+fiq e
i fiY
2|ei
−1 q
fi(ei/2+1)π P
i= (−1)
Fq E
(−1)
((q−1)/2)P
2|eifi(ei/2+1)
ε
L/K(p)
= (−1)
F +(q−1)G/2q E
ε
L/K(p).
D´ emonstration de la proposition 2.8. Soient K
pet L
Ples compl´ et´ es de K et L en les places p et P respectivement. Notons E le sous-corps de L
Plaiss´ e fixe par le 2-sous-groupe de Sylow de G(L
P/K
p) ' D
P(L/K).
Comme f est suppos´ e pair, l’extension quadratique non-ramifi´ ee M de E est contenue dans L
P. Puisque [E : K
p] est un entier impair, l’extension E( √
π)/E est non-triviale et ramifi´ ee de sorte que l’extension M ( √
π)/E est galoisienne de groupe de Galois Z/2Z × Z/2Z.
Ceci ´ etant, si
Pπ= 1, alors M ( √
π) ⊂ L
Pet le groupe de Galois G(L
P/E) se surjecte dans Z/2Z×Z/2Z. Il n’est donc pas cyclique. R´ecipro- quement, si le 2-groupe G(L
P/E) n’est pas cyclique, alors il existe un corps F entre E et L
Pqui poss` ede deux extensions quadratiques distinctes con- tenues dans L
P. Comme le corps local F n’est pas 2-adique, cela entraˆıne que toutes les extensions quadratiques de F sont contenues dans L
P. En particulier, l’uniformisante π ∈ K
p⊆ F est un carr´ e dans L
P, autrement dit
Pπ= 1.
Nous remarquons que la parit´ e du degr´ e r´ esiduel f n’est en fait utilis´ ee que dans un sens de l’´ equivalence de la proposition pr´ ec´ edente. En effet, lorsque le 2-sous-groupe de Sylow de G(L
P/K
p) n’est pas cyclique alors, comme on vient de voir au cours de la d´ emonstration pr´ ec´ edente,
Pπ= 1 sans aucune hypoth` ese sur f .
5. Exemples. Nous terminons avec deux familles d’exemples. Rap- pelons qu’on est toujours dans le cas o` u la ramification est mod´ er´ ee.
1. Pla¸ cons-nous dans la situation o` u il existe un corps interm´ ediaire M entre K et L, et o` u l’id´ eal premier p de K ne se d´ ecompose pas dans M . Notons P l’id´ eal premier de M au-dessus de p, alors p = P
e(P/p).
Supposons que l’indice de ramification e = e(P/p) est pair tandis que le degr´ e r´ esiduel f = f (P/p) est impair; autrement dit ε
M/K(p) = 0. Soient P
1, . . . , P
gles id´ eaux premiers de L au-dessus de p et f
1, . . . , f
gleurs degr´ es r´ esiduels respectifs.
Si P
gi=1
f
iest impair, alors ε
L/K(p) =
δL/Kp= 0. Si, au contraire, P
gi=1
f
iest pair, alors
ε
L/K(p) = 1 et δ
L/Kp
= (−1)
(q−1)G/2o` u G = X
4|ei
2
-
fi1.
En effet, soit π ∈ p une uniformisante de K
p. Par le lemme d’Abhyankar, l’extension M ( √
π)/M est non-ramifi´ ee en P de sorte que le symbole d’Artin (P, M ( √
π)/M ) est bien d´ efini. Comme f est suppos´ e impair, nous avons
´
egalement P
gi=1
f (P
i/P) est pair. D’o` u (P, M ( √
π)/M )
Pgi=1f (Pi/P)= Id.
On en d´ eduit, par la fonctorialit´ e du symbole d’Artin, que la restriction ` a M ( √
π) de ( Q
gi=1
P
i, L( √
π)/L) est l’identit´ e. Donc
Y
gi=1
P
i, L( √ π)/L
= Id,
ce qui signifie bien que ε
L/K(p) = 1. La formule
δL/Kp= (−1)
(q−1)G/2en est alors une cons´ equence imm´ ediate.
2. Pla¸ cons-nous dans la situation o` u il existe une extension cyclique M de K contenue dans L, et o` u l’id´ eal premier p de K ne se d´ ecompose pas dans M . Notons P l’id´ eal premier de M au-dessus de p, alors p = P
e(P/p). Supposons que l’indice de ramification e = e(P/p) et le degr´ e r´ esiduel f = f (P/p) sont pairs. Soient P
1, . . . , P
gles id´ eaux premiers de L au-dessus de p et f
1, . . . , f
gleurs degr´ es r´ esiduels respectifs. Si maintenant la somme des degr´ es r´ esiduels P
gi=1
f (P
i/P) est impaire, alors ε
L/K(p) = δ
L/Kp
= −1.
En effet, soit π ∈ p une uniformisante de K
p. D’apr` es la proposition 2.8, nous avons ε
M/K(p) =
Pπ= −1; autrement dit l’image de P par le symbole d’Artin ( , M ( √
π)/M ) n’est pas l’identit´ e : (P, M ( √
π)/M ) 6= Id . Comme P
gi=1
f (P
i/P) est impair, nous avons ´ egalement (P, M ( √
π)/M )
Pgi=1f (Pi/P)6= Id .
Toujours par la fonctorialit´ e du symbole d’Artin, ceci entraˆıne Res
M (√π)g
Y
i=1
P
i, L( √ π)/L
6= Id . D’o` u ´ evidemment ( Q
gi=1