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Le rôle des processions pro rege en France sous Charles VI

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Academic year: 2022

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CIYITAS MENTIS

Tom 1

pod redakcją

Z B IG N IE W A K A D Ł U B K A i

T A D E U S Z A S Ł A W K A

Wydawnictwo Uniwersytetu Śląskiego Katowice 2005

(2)

ANNA MICHAŁEK-SIMIŃSKA

Universite de Szczecin / Universite Nancy 2

Le role des processions pro rege en France sous Charles VI*

La notion de procession1 (lat. processio) est definie comme «defile religieux qui s’effectue en chantant et en priant; longue suitę de personnes qui marchent a la file ou qui se succedent a brefs intervalles»2. La procession c’est aussi un

«cortege solennel a 1’occasion de fetes religieuses ou de circonstances par- ticulieres constitue du clerge seculier et regulier, suivi des fideles, visitant successivement les lieux de culte, eglise, calvaire, cimetiere, tout en chantant,

* Publication sdentifiąue financee par Komitet Badań Naukowych dans les annees 2004/2005 comme le projet de recherche n° H01G 082 27.

1 Etudes sur les processions: T. B a il e y : The Processions o f Sarum and the Western Church.

Toronto 1974; A.F. M a r ci a n o , M. S p i n a : La processione dei Bianchi a Padova, 1399. „Storia della Citta” 1977, 4, p. 3-30; A. D a l i aj: Le processioni a Milano netta Controriforma. „Studi Storia” 1982, p. 167-183; A. A u s s e d a t - M i n v i e l l e , J.-B. M o l i n : Repertoire des rituels et processionnaux imprimes conserves en France. Paris 1984; J. D e l u m e a u : Rassurer et proteger.

Paris 1989; J. H u i z i n g a : Jesień Średniowiecza. Warszawa 1992, p. 31, 202, 213-214; Dictionnaire encyclopediąue de la liturgie. Sous la dir. de D. S a r t o r e , A.M. T r i a c c a , S. R o s s o . T. 1-2.

Brepols, Turnhout 1992, sur les processions voir S. Rosso, T. 2, p. 236-242; S. F e l b e c k e r : Die Prozession. Historische und systematische Untersuchungen zu einer liturgischen Ausdruckhandlung.

Altenberge 1995; B. G u e n e e: Liturgie et politique. Les processions speciales a Paris sous Charles VI. In: Saint-Denis et la royaute. ktudes offertes a Bernard Guenee. Paris 1999, p. 23-49; A. L 6- t h e r : Prozessionen in spdtmittelalterlichen Stddten. Politische Partizipation, obrigkeitliche Insze- nierung, stadtische Einheit. Kółn-Weimar-Wien 1999 (Norm und Struktur. Studien zum sozialen Wandel im Mittelalter und Fruher Neuzeit. Bd. 12).

2 Dictionnaire de ta langue franęaise, Le Robert Micro. Paris 1998, p. 1059; voir aussi la defi- nition de la procession, dans Dictionnaire encyclopidiąue du Moyen Age. T. 2. Sous la dir.

d’A. V a u c h e z . Paris 1997, p. 1261-1262 (voir ibidem la litterature J. E v e n o u : Processions, pelerinages, religion populaire. In: L'feglise en priere. Introduction d la liturgie. Ed. A.-G. M a r - t i m o r t et al. T. 3. Paris 1993, p. 258-269); Prozession. In: Lexikon des Mittelalters. Bd. 7;

Procession. In: J. F a v i e r : Dictionnaire de la France medievale. Paris 1993, p. 791-792.

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en priant et en demandant 1’intercession du saint invoque dont les reliąues ou la statuę peuvent etre egalement exhibees»3.

Le terme procession fonctionnait generalement dans les aspects liturgiques, au niveau religieux, mais aussi dans d’autres domaines sociaux. Les proces- sions etaient organisees dans plusieurs pays4. En Pologne et en France, la procession de la Fete-Dieus etait panni les ceremonies les plus populaires6, des rituels nouveaux7. «En 1264, par la bulle Transiturus, le pape Urbain IV, qui a ete archidiacre de Liege, rend la fete universelle et obligatoire et la fixe au jeudi suivant la Trinite.

A

vrai dire la bulle Transiturus reste lettre morte jusqu’a ce que, au condle de Vienne, en 1311, Clement V la remette en vigueur, et meme, plus precisement, jusqu’a ce que, en 1317, Jean XXII promulgue la constitution de son predecesseur dans les „Clementines”. Mais aussitót la celebration de la Fete-Dieu comporte ce qui n’existe pas au XIIIC siecle: une procession»B. «La procession de la Fete-Dieu apparait pour la premiere fois

3 Yocabulaire historique du Moyen Age (Occident, Byzartce, Islam). Sous la dir. de F.-O.

T o u a t i. Paris 2000, p. 254.

4 A. F r u g o n i : La devozione dei Bianchi nel 1399. In: L'attesta delieta nuova nella spirituali- ta della fine del Medioevo. Todi 1962; E. D e l a r u e l l e : Les grandes processions de penitents de 1349 et de 1399. In: La piete populaire au Moyen Age. Turin 1975. En 1399 avaient lieu les proces­

sions a 1’intention de la sante de Hedwige, la reine de Pologne: P. S c z a n i e c k i : Gest modlitewny w późnym średniowieczu. W: Kultura elitarna a kultura masowa w Polsce późnego średniowiecza.

Red. B. G e r e m e k . Wrocław 1978, p. 44; S. K w i a t k o w s k i : Powstanie i kształtowanie się chrześcijańskiej mentalności religijnej w Polsce do końca X III w. Warszawa-Poznań-Toruń 1980, p. 105—110; D. C r o u zet: Recherches sur les processions blanches, 1583-1584. In: Histoire, eco- nomie et societe. 1982, p. 512-563; sur les processions en Prusse: S. K w i a t k o w s k i : Klimat religijny w diecezji pomezańskiej u schyłku X IV ih> pierwszych dziesięcioleciach X V wieku. Toruń 1990, p. 151, 154.

s «Fete du Saint-Sacrement. Au milieu du XIIIC siecle encore, c’est une fete locale propre a certains dioceses et a la province de Rome. Le pape franęais Urbain IV dćcrźte en 1264 son extension a 1’Eglise universelle, et charge Thomas d’Acquin d’en composer 1’ofGce. La Fete-Dieu est reellement celebree dans toute la Chretiente a partir du XIV® siecle, le jeudi qui suit la Trinite, soit dix jours apres la Pentecóte. Pour le peuple, la fete consiste surtout dans une grandę proce­

ssion, des reposoirs etant organises aux carrefours urbains et ruraux [...]». J. F a v i e r: Dictionnaire de la France medievale..., p. 409.

6 N. C o u l e t : Les je u xd e laFłte-D ieud'Aix, unefłtemediemle?«PT0\eDcebisl0ńqae» 1981, p. 313-339.

1 Voir B. G u e n e e , F. L e h o u x : Les entrees royales franęaises de 1328 a 1515. Paris 1968, p. 15-17; H. Z a r e m s k a : Procesje Bożego Ciała w Krakowie h> X IV -X V wieku. W:

Kultura elitarna..., p. 25-40; E. D u m o n t e t : Les origines de la Fłte-Dieu et de la procession du Saint-Sacrement. «La vie et les arts liturgiques» 1925, p. 343-348; F. Ba i x , C. L a m bot : La devotion d l'Eucharistie et le VII‘ centenaire de la Fłte-Dieu. Gembloux-Namur 1946. Cf.

aussi B. G u e n e e : La folie de Charles VI. Źtudes de mots. In: I d e m : Un roi et son historien.

Vingt etudes sur le regne de Charles VI et la «Chronique du Religieux de Saint-Denis». Paris 1999, p. 173.

8 B. G u e n e e , F. L e h o u x : Les entrees royales franęaises..., p. 15, note 3.

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a Barcelone en 1319 ou 1320»9. Au debut du XIVe siecle la Fete-Dieu evoluait et elle devenait «d’une part un spectacle bruyant et colore, et de 1’autre une veritable „Fete-Roi”»10.

La procession de la Fete-Dieu se developpait d’une faęon extraordinaire.

Au bas Moyen

Age

le clerge anime ces ceremonies, mais aussi toutes les cor- porations et toutes les autorites de la ville y participent tres activement.

A

l’epoque medievale, les processions sont un des aspects les plus importants de la vie de societe municipale.

«A

la fin du XIVe siecle, les processions sont depuis longtemps un moment essentiel de la liturgie catholique. Mais sous le regne de Charles VI, se sont multipliees les processions qu’on a parfois appe- lees „speciales”))11. «Comme la naissance des enfants du roi, ou comme les acclamations royales, les processions speciales sont donc 1’occasion de mieux connaitre les reactions de 1’opinion publique»12. Les processions «speciales»

etaient les processions pro unione Ecclesie, destinees a mettre fin au Schisme, les processions pro pace avaient pour but de rendre la paix au royaume et les processions pro rege de garder (proteger) le roi13.

On peut trouver des relations entre le peuple et le monarque, ainsi la sante du roi qui dependait d’une certaine faęon de la procession et de Dieu. Aussi le róle des processions dans le contexte de communication entre la societe et le roi etait-il predominant.

On se propose id de faire un essai de typologie des processions pro rege, d’e- tudier le róle de 1’opinion publique et des rapports existants entre 1’opinion pu- bliąue et le pouvoir monarchique en temps de crise. «Parfois, mais rarement, cer- tains moments de crise mettent bien a nu le jeu complexe de pressions et de de- cisions qui est a 1’origine d’une procession))14. La question de l’activite du peuple au sujet du pouvoir du roi etait importante au temps de crise monarchique.

Au XVHP siecle, les mots propagandę et opinion commenęaient a desi­

gner des attitudes de la societe15. «On parle donc bientót de 1’opinion du

9 Ibidem, p. 15-16; F.G. Ver y: The Spanish Corpus Christi procession: A literary and folkloric study. Valence 1962, p. 4, 6; F. Bai x, C. L a m b o t : La devotion a 1'Eucharistie...;

B. G u e n e e : La folie de Charles VI..., p. 173.

10 B. G u e n e e , F. L e h o u i : Les entrees royales franęaises..., p. 18.

11 Ibidem; voir aussi A. G i e y s z t o r : Spektakl i liturgia. Polska koronacja królewska. W:

Kultura elitarna..., p. 9-23.

12 B. G u en e e: L ’opinion publiąue d la fin du Moyen Age d ’apres la <iChronique de Charles VI du Religieux de Saint-Denis». Paris 2002, p. 41.

13 Chroniąue du Religieux de Saint-Denis contenant le regne de Charles V I de 1380 a 1422.

Publiee en latin et traduite par M.L. B e l l a g u e t . T. 1-6. Paris 1839-1852; nouvelle edition B. G u e n e e . T. 1-3. Paris 1994, T. 3, p. 185 (en abrege RSD); voir I d e m: L'opinion publiąue a la fin du Moyen Age..., p. 41.

14 I de m: Liturgie et politiąue. Les processions speciales..., p. 31; cet artide a ete publie aussi dans I de m: Un roi et son historien..., p. 425-454.

15 Le sens historique des mots: propagandę et opinion, dans I d e m: L'opinion publiąue a la fin du Moyen Age..., p. 8-9.

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public»16. L’opinion designait alors un avis, un jugement, un sentiment, une croyance. Au Moyen Age 1’action de propagandę et de 1’opinion publique exprimait la mentalite de la personne et des groupes sociaux. Une conviction que dans les processions on exprimait la mentalite sociale existait deja a l’epoque medievale. On admettait la possibilite et la necessite d’employer des actions de propagandę. En ce qui conceme les methodes de propagandę, on doit souligner les differences des methodes des temps passes, mais egalement des methodes de l’epoque moderne. Par le mot propagandę on designait

«l’action exercee sur 1’opinion pour 1’amener a avoir et a appuyer certaines idees (religieuses, politiques, sociales...)»17. Les souverains pretaient 1’attention a toutes les rumeurs. L’attitude sociale etait visible dans des actions concretes, comme la preparation d ’une procession. Alors, on doit repondre a la question suivante: qui formait 1’opinion publique aux XIVe et XVe siecles?

Nos investigations concement le territoire de la France a la fin du XIVe et au debut du XV' siecle. Les XIVC et XV' siecles etaient marques par des crises18. Une de ces crises etait la crise dynastique apres la mort du souverain, quand il y avait des problemes pour choisir le successeur, pendant 1’absence du roi ou en train de sa maladie.

Nous aborderons successivement quelques exemples de processions, qui etaient organisees par la societe pendant la periode de crise.

Le champ d’action des organisateurs des processions etait surtout la ville de Paris. Dans la periode du XIVe siecle et avant il n’y avait pas beaucoup de processions. Chacune durait seulement une journee. «Les Grandes Chronigues de France parlent tres rarement de processions))19. D ’apres ces chroniques, la premiere procession speciale pro rege a eu lieu en 119120. On demandait a Dieu la guerison du flis de Philippe Augustę21. Ensuite, en 1244, la procession suppliait de rendre la sante a Louis IX22. La troisieme, en 1335, quand «il vint une tres grant maladie a messire Jehan duc de Normendie, ainsne filz du roy de France [...]. Adonques le roy et la royne si mistrent leur esperance en Nostre Seigneur, et firent faire prieres tant par les religieux comme par autre gens de 1’Eglise, et furent faites processions par diverses eglises, et meismement entre les autres qui en 1’eglise de monseigneur saint Denis furent faites, tout le convent ala par trois jours nuz piez a procession»23.

16 Ibidem, p. 9.

17 Dictionnaire de la langue franęaise..., p. 1067.

18 A. D e m u r g e r : Temps de crises, temps d'espoirs (X IV t- X V t siecle). In: «Nouvelle histoire de la France me'dievale». Vol. S. Paris 1990.

19 B. G u e n e e : Liturgie et politiąue. Les processions speciales..., p. 25.

20 Les Grandes Chronigues de France. Ed. J. V i a r d . T. 6. Paris 1920-1953, p. 203-205.

21 Voir B. G u e n e e : Liturgie et politiąue. Les processions speciales..., p. 25.

22 Les Grandes Chroniąues de France..., T. 7, p. 106-107; T. 10, p. 40-42.

23 Les Grandes Chronigues de France..., T. 9, p. 148-149.

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Les sources concernant le XV‘ siecle sont tres interessantes et surtout plus riches, car elles donnent plus d’informations. Dans la Chroniąue de Charles VI, Michel Pintoin, un religieux de Saint-Denis, a decrit tout le regne du roi, de 1380 a 142224. L’auteur ajoute ses remarques de temps en temps, mais «c’est un temoignage de premier plan que peut, ici ou la, completer la Chroniąue de Charles VI dite de Juvenal des Ursins, qui en est pour partie un resume franęais mais qui offre aussi pour partie un recit plus original»2S. Juvenal des Ursins dans son H istoire de Charles VI decrivait par exemple une procession de sages de l’Universite parisienne, «ceux de l’Universite firent une belle et notable procession pour la sante du Roy»26. Une autre source, le Journal de Nicolas de B aye, couvre les annees 1401-141627. Le chroniqueur note que

«l’Umversite a ete en procession et pelerinage par maniere d’anniversaire pour la paix de 1’Eglise, du royaume et de la sante du roy»28.

Pour les annees 1417-1422, on trouve des informations interessantes dans le Journal de Clement de Fauąuembergue29. Le 1 septembre 1421, a Paris, le peuple priait Dieu pour le salut et la prosperite du royaume et du roi, «la Court se leva et parti [...] du Palais pour aller a 1’eglise Nostre-Dame ou estoient, ce jour, les processions generales assemblees pour prier Dieu pour le salut et pros­

perite du roy et de ce royaume»30. L’annee 1422 «dimenche, xije jour de juil- let, y ot procession generale de 1’eglise de Paris a 1’eglise Saincte-Katherine- du-Val-des-Escoliers pour prier Dieu pour la sante du Roy nostre sire, pour la prosperite du Roy d’Angleterre, regent, et pour la paix de ce royaume»31.

Le Journal d ’un Bourgois de Paris est une source precieuse sur les annees 1405-1422, pour le temps de Charles VI32. Sa premiere edition parait en 1729 et elle compte les 208 premieres pages du volume intitule M em oires pour servir a l ’histoire de France et de Bourgogne. Cette chroniąue franęaise est anonyme.

L’auteur etait probablement un ecclesiastique33. II decrivait la vie parisienne sous Charles VI et Charles VII.

24 Voir note 14.

25 B. G u e n e e : Liturgie et politiąue. Les processions speciales..., p. 25.

26 J u v e n a l d e s U r s i n s : Histoire de Charles VI, roy de France [...]. In: NouveIle Collec- tion des Memoires pour servir a 1'Histoire de France. Ed. M i c h a ud, P o u j o u l a t . T. 2. Paris 1836, p. 428.

27 B. G u e n e e : Liturgie et politique. Les processions spiciales..., p. 24.

2B N i c o l a s de Baye: Journal de Nicolas de Baye, greffier du Parlement de Paris, 1400-1417. Ed. A. T u e t e y . T. 1. Paris 1885-1888, p. 93; RSD, T. 3, p. 184.

29 C l e m e n t de F a u q u e m b e r g u e : Journal de Clement de Fauąuembergue, greffier du Parlement de Paris, 1417-1435. Ed. A. T u e t e y . T. 1-3. Paris 1903-1915.

30 Ibidem, T. 2, p. 24.

31 Ibidem, p. 53.

32 Voir B. G u e n e e : L'opinion publiąue a la fin du Moyen Age..., p. 11.

33 Voir C. B e a u n e: La rumeur dans le "Journal du Bourgeois de Par im. In: La circulation des nowelles au Moyen Age. XXIV* Congres de la Societe des Historiens Medievistes de l'Enseignement Superieur Public (S.H .M .E.S.), Avignon, juin 1993. Paris 1994, p. 191.

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«Le Bourgeois de Paris, les deux greffiers du Parlement, Nicolas de Baye et Clement de Fauąuembergue nous donnent de precieux details concrets, mais leurs temoignages sont trop tardifs et trop ponctuels»34.

Pour repondre a la question concernant le resultat des processions, on se propose d’analyser la Chronique du Religieux de Saint-Denis qui nous permet de faire des comparaisons. Michel Pintoin, 1’auteur de cette chroniąue, utilise des expressions semblables pour decrire les participants des processions. «Trois fois sur quatre, il se contente d’evoquer la presence de laics dans les campagnes de procession dont il parle»35. II ecrit que les processions etaient suivies par une populosa m ultitudo36, multitudo copiosa31, multitudo popularis36, innumerabilis copia39, mnumerabiles utriusąue sexus*°. Quelquefois il parle des processions determinees et il precise le nombre des personnes. En juillet de 1412, la proces­

sion etait suivie par «pres de six mille personnes des deux sexes»41. L’annee 1412 a connu beaucoup de processions speciales, des dizaines ou des centaines.

On marchait «en tous sens, apparemment sans programme preris, dans l’ur- gence: autour des paroisses, de Saint-Eustache a Boulogne-la-Petite ou a Saint- Denis, de Saint-Germain a Saint-Martin-des-Champs, de Notre-Dame a Sainte- Genevieve, des Mathurins a Sainte-Catherine-du-Val-des-Ecoliers, tandis que convergent vers la Cite les villes et les villages d ’alentours»42.

Dans la France medievale, les relations entre le roi et 1’opinion publique avaient les fonctions de propagandę43. Les dependances entre la politique et les rituels urbains etaient bien visibles.

A

la fin du Moyen Age, les processions pro rege etaient organisees plus souvent qu’auparavant.

D ’apres Bernard Guenee, le medieviste franęais, 1’opinion publique pouvait s’exprimer par deux faęons des sentiments: 1’amour et la joie ou le mecontente- ment et la colere de peuple et du roi44. En France, sous le regne de Charles VI,

34 B. G u e n e e : Liturgie et politiąue. Les processions spiciales..., p. 41.

35 Ibidem, p. 42.

36 RSD, T. 2, p. 56.

31 Ibidem, p. 694; T. 5, p. 136.

38 Ibidem, p. 342.

39 Ibidem, T. 2, p. 544.

40 Ibidem, T. 5, p. 344.

41 Ibidem, T. 4, p. 680; B. G u e n e e : Liturgie et politique. Les processions speciales..., p. 43.

42 Voir Journald’un Bourgeois de Paris. Ed. C. B e a u n e . Paris 1990, p. 44, 47-51; J. C h i f - f o 1 e a u: Les processions parisiennes de 1412. Analyse d'un rituel flamboyant. «Revue historique»

1990, n° 284, p. 37.

43 N. G r e v y - P o n s : Propagandę et sentiment national pendant le regne de Charles VI:

l'exemple de Jean de Montreuil. «Francia» 1980, n° 8, p. 127-145; I d e m: La propagandę de guerre franęaise m ant l'apparition de Jeanne d'Arc. «Joumal des Savants» 1982, p. 191-214; Cl. G a u - v ard: Le roi de France et 1'opinion publiąue a l'epoque de Charles VI. In: Culture et ideologie dans la genese de l'Etat moderne. Actes de la table roncie organisee par le Centre National de la Recherche Scientifląue et l'Ecole franęaise de Rome, Rome, 15-17 octobre 1984. Rome 1985, p. 353-366.

44 B. G u e n e e : Uopinion publiąue a la fin du Moyen Age..., p. 19, 49.

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donc dans les annees 1380-1422, les processions etaient organisees tres sou- vent45. On peut dire que «a cóte de la procession ordinaire, la procession speciale fait partie, sous Charles VI, de la vie quotidienne»46.

Les clercs et l’Universite, mais aussi, de plus en plus souvent, les habitants du royaume (regnicole47), laiques, decidaient les processions et les organisaient.

Le succes ou 1’echec de processions dependaient de nombre de participants et de leurs comportements. Les groupes sociaux manifestaient pendant les processions leurs emotions et leurs opinions sur les sujets determines. Bernard Guenee a prouve qu’une centaine de processions ou de campagnes de proces­

sions a eu lieu dans les annees 1380-1422. Les campagnes de processions comportaient chacune un plus ou moins grand nombre de processions48.

Michel Pintoin, dans sa Chroniąue du Religiewc de Saint-Denis, passait outre soixantaine processions en les jugeant peut-etre de peu importantes.

A

propos d’une quarantaine de processions, ce chroniqueur precisait «simplement une dizaine de fois qu’elles ont ete suivies par une multitude de gens. On peut admettre que ces processions-la ont eu plus de succes que les autres»49.

Les occasions pour participer a une procession se presentaient avant tout, mais pas seulement, pendant les malheurs sous le regne de Charles VI. On se toumait vers Dieu dans les moments difficiles: «[...] lorsque les pluies etaient incessantes50, lorsque la secheresse ou le froid etaient insupportables51, lorsque epidemie et mortalite menaęaient les hommes [,..]»52. Les plus importantes processions etaient «celebrees tout au long du regne pour le roi, p ro rege»53.

Le 30 aout 1383, le roi partait en Flandre avec ses soldats pour lutter contrę les Anglais. Les religieux et les chanoines s’etaient rendus nu-pieds en processions de Notre-Dame a Sainte-Genevieve p ro rege K aroloS4.

A

partir de 1383, les processions devenaient de plus en plus nombreuses et regulieres.

La periode de la maladie de Charles VI, commencee par un coup de folie a la foret pres du Mans en aout 139255, a provoque des occasions de multiplier

45 J. C h i f f o l e a u : Les processions parisiennes..., p. 37-76.

46 B. G u e n e e : Liturgie et politique. Les processions spłciales..., p. 25.

47 L’anaJyse d’un mot regnicole, dans I de m: L ‘opinion publiąue a la fin du Moyen Age..., p. 79-88.

48 Voir ibidem, p. 41.

49 Voir ibidem, p. 42.

50 Archives Nationales (en abrege AN) LL 270, f. 22-22v, 23v, LL 112, f. 350. Les dtations sur les registres capitulaires de Notre-Dame de Paris d’apres B. G u e n e e: Liturgie et politiąue. Les processions speciales..., p. 23-49. Dans cet article B. Guenee a publie Extraits des registres capitulaires de Notre-Dame de Paris. AN, LL 112, pouT l’an 1418.

51 RSD, T. 1, p. 340; AN, LL 270, f. 23-24.

” RSD, T. 1, p. 474-476; AN, LL 111, f. 301.

13 B. G u e n e e : Liturgie et politięue. Les processions speciales..., p. 27.

54 Chronographia regum Francorum, 1270-1405. Ed. H. M o r a n v i l l e . T. 1-2. Paris 1891- 1897, T. 3, p. 57; ibidem, p. 44.

55 F. A u t r a n d : Charles VI. La folie du roi. Paris 1986, p. 290 et suiv.

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des corteges pro rege. Pendant le premier moment de la folie, qui avait touche le roi en 1392, le peuple participa a la religion civique56, en marchant nu-pieds57. Les processions etaient un des aspects importants de la vie commune et urbaine58. Elles s’inscrivaient dans 1’espace urbaine et devenaient des rituels urbains.

En 1392-1393, les processions avaient lieu dans tout le royaume59. D ’apres Bernard Guenee, sur cent processions ou campagnes de processions, «entre 1380 et 1422, une vingtaine demande a Dieu la sante du roi»60. Dans ces de incolumitate regis participaient des docteurs, des professeurs et des membres du clerge qui «prirent la pieuse resolution d’avoir recours au souverain medecin, a Jesus-Christ»61. Durant la maladie de Charles VI «tout un peuple supplie le souverain medecin de rendre la sante du roi»62. Le peuple etait a cóte des religieux. Pendant le deuxieme coup de folie du roi, en 1393, le peuple participait aussi pieusement aux processions. Tout le monde marchait nu- pieds. De meme «lorsque, en 1393, Charles VI part en campagne contrę les Anglais, ses sujets prient a la fois pro rege et pro pace»63.

Dans L es registres du chapitre de N otre-D am e, a la date du 25 novembre 1395, on lit que „fuerunt factae processiones generales, per ecclesiam Parisien- sem propter nives, ad orandum Deum pro d. n. Rege qui infirmabatur in hospitio Sancti Pauli”64. Ensuite les processions ont ete organisees le 28 novembre 1395 a Notre-Dame et en decembre 1395. La periode suivante des manifestations p ro rege commenęe en janvier 1396. Michel Pintoin a decrit une

16 Sur la religion dvique: A. V a u c h e z : Introduction. In: La religion civiąue a l'ipoque mediemle et moderne (Chretiente et Islam). Actes du colloąue organise par le Centre de recherches

„Histoire sociale et culturelle de l ’Occident. X W - X V lI I t siecle" de l ’Universite de Paris X-Nanterre et rinstitut universitaire de France (Nanterre, 21-23 juin 1993). Sous la dir. de A. V a u c h e z . Rome 1995 (Collection de 1’Ecole franęaise de Rome. T. 213); voir aussi pour la religion:

E. V o l t m e r : Leben im Schutz der Heiligen. Die mittelalterliche Stadt ais Kult- und Kampfgemein- schaft. In: Die Okzidentale Stadt nach M ax Weber. Zum Problem der Zugehdrigkeit in Antike und Mittelalter. Sous la dir. de C. M e i e r . Munchen 1994, p. 233-238; H. Z a r e m s k a : Miasto:

struktury społeczne i styl życia. In: Kultura Pobki średniowiecznej. X IV -X V w. Red. B. G e r e ­ mek. Warszawa 1997.

51 B. G u e n e e : Liturgie et politiąue. Les processions spiciales..., p. 43.

38 N. C o u l e t : Procession, espace urbaine, communiąue civique. In: Liturgie et musiąue (IX ‘- X IV ‘ s.). «Cahiers de Fanjeaux». T. 17. Toulouse 1988, p. 391-397.

59 RSD, T. 2, p. 22, 92.

60 B. G u e n e e : Liturgie et politiąue. Les processions spiciales..., p. 28.

81 RSD, T. 2, p. 91-93.

62 Ibidem, p. 22, 90-92; Chronographia regum Francorum..., T. 3, p. 106; B. G u e n e e : Liturgie et politiąue. Les processions speciales..., p. 28.

83 Ibidem.

84 Voir F. L eh o u x: Jean de France, duc de Berri: sa vie, son action politiąue (1340-1416).

T. 2. Paris 1966, p. 351, note 1.

(10)

de ces processions dans laąuelle participaient les ducs de Berri, de Bour- gogne et de Bourbon et aussi pres de trois mille personnes6s. «En particulier, sur ordre des oncles du roi, les religieux de Saint-Denis renouvelerent une ceremonie qui n’avait pas eu lieu depuis 1239»66. Ils allaient jusqu’a Sainte Chapelle du Palais. «Dans tout le royaume de France, les personnes de tout sexe, de tout rang, de toute condition, faisaient a l’envi des prieres et des oeuvres pieuses pour le retablissement du roi. Enfin Dieu jęta du haut du ciel un regard de misericorde sur la France; il accueillit les voeux qu’on lui adressait de toutes parts, et rendit la sante au roi vers le commencement du mois de fevrier»67. Pour remercier Dieu «le 6 fevrier, Charles VI se rend en personne a Notre Dame»6B.

Le 1 octobre 1402 la sante du roi s’est amelioree. Deux jours plus tard, il s’est rendu en procession a 1’eglise de Saint-Denis. Mais cette procession s’est passee sans succes parce que trois jours apres le roi tombe dans sa demence69.

En juillet 1412, la procession avait a 1’ordre du jour la sante du roi, l’ac- cord entre les princes et la paix dans le royaume70. Le roi n’etait pas a la capitaie. Des le 30 mai, durant quelques semaines, les processions ont sillonne Paris. «Elles furent suivies par des foules immenses d ’hommes et de femmes qui allerent nu-pieds, ce qui n’etait pas frequent, et un cierge a la main, ce qui ne s’etait encore jamais vu sous Charles VI»71. A partir de 1412, on marchait de nouveau nu-pieds72.

Le 6 septembre 1413, «tous les docteurs, maitres et ecoliers de l’Universite et de bourgeois de Paris „firet une procession solennelle a Saint-Martin-des- Champs pour prier Jesus-Christ, le pere de la paix de consolider l’union et la concorde qui venaient d ’etre retablies entre les ducs et les princes des fleurs de lis et les habitants du royaume”»73. Ensuite, un Religieux de Saint-Denis a note que ces processions ont eu lieu en octobre et pendant plusieurs jours des mois suivants. On chantait des litanies et «chaque fois, au milieu de la messe, apres le serment, on lisait 1’ordonnance royale a haute et intelligible vois pour recommander la paix et justifier la conduite des princes»74. La procession

45 RSD, T. 2, p. 406-409; voir B. G u e n e e : L'opinion publiąue a la fin du Moyen Age..., p. 45.

®* Ibidem, p. 45.

47 RSD, T. 2, p. 409.

S0 Voir F. L e h o u s : Jean de France..., T. 2, p. 351, note 1.

" RSD, T. 3, p. 47.

70 Ibidem, p. 658-662.

71 B. G u e n e e : L"opinion publiąue a la fin du Moyen Age..., p. 43.

72 RSD, T. 2, p. 22, 92, 694; T. 4, p. 658, 660, 680-682; B. G u e n i e: Liturgie et politiąue. Les processions speciales..., p. 43.

73 RSD, T. 5, p. 160; B. G u e n e e : L ’opinion publigue a la fin du Moyen Age..., p. 45.

74 RSD, T. 5, p. 194-196; B. G u e n e e : L ’opimon publiąue a la fin du Moyen Age..., p. 46.

(11)

suivante s’est passee le 3 juillet 1418. C’etait «une des plus belles processions qu’on eut vues oncques»7S.

La visualisation du pouvoir royale s’exprimait dans les ceremonies et les rites qui portaient sa dimension symbolique76. Au bas Moyen Age, les habitants du royaume se transformaient en participants ou en spectateurs, au fur et a mesure que les processions devenaient des spectacles politiques. Ces spectacles exeręaient aussi une influence importante sur des difficultes qui secouaient le systeme politique de la France au XV' siecle. Le pays, dechire par la Guerre de Cent Ans77, le conflit entre des Armagnacs et des Bourgui- gnons78 et aussi touche par la folie de Charles VI79, avait besoin de manifester ses emotions. On observait donc les dependances entre 1’espace politique et la procession. Les grands rituels traduisaient les questions de la propagandę et de la representation du pouvoir royal. Ce pouvoir etait corrobore par la thea- tralisation et la visualisation des corteges.

De meme 1’entree solennelle du roi dans Paris avait une signification symbolique et politiqueB0. Dans le Journal d ’un Bourgeois de P aris Charles VII

71 Journal d'un Bourgeois de Paris..., p. 121; B. G ue ne e : Liturgie et politique. Les processions speciales..., p. 432; I de m: L ’opinion publiąue a la fm du Moyen Age..., p. 47.

76 Ph. C o n t a m i n e : L'oriflamme de Saint-Denis aux X IV ‘ et X V* siec les. Etudes de sym- boliąue religieuse et royale. «Annales de l’Est, serie 5®», 1973, p. 179-244; F. I s a m b e r t : Rite et efficacite symboliąue. Rite et symbole. Paris 1979.

77 E. C o s n e a u , dir.: Les grands traitis de la Guerre de Cent Ans. Paris 1889.

78 J. d ’ A v o u t : Armagnacs et Bourguignons. Paris 1943; B. S c h n e r b : Les Armagnacs et les Baurguignons. La maudite guerre. Paris 2001.

79 Sur la maladie du roi Charles VI: F. Bi r d : Geschichte der Geistrankheit Carls VI KSnigs von Frankreich. „Allgemeine Zeitschrift fur Psychiatrie und ihre Grenzgebiete” 1848, Vol. S, p. 569-579; A. C h e r e a u : De la maladie de Charles VI, roi de France, et des medecins qui ont soigni ce prince. «L’Union Medicale» 1862, N° 13; Dr. L i ze: Description et naturę de la maladie de Charles VI. «BuUetin de la Sodete d’Agriculture de la Sarthe» 1871-1872, N° 21, p. 345-357;

J. A u d r y : La folie du roi Charles VI. Lyon 1888; A. B r a c h et: Pathologie mentale de rois de France. Louis X I et ses ascendants. Une vie humaine etudiee a travers six siecles d"heredite, 852-1483. Paris 1903; J. S a l t e l : La folie duroi Charles VI. Toulouse 1907; E. D u p r e : La folie de Charles VI. «Revue des Deux Mondes» 1910, p. 835-866; L. M ir ot: Un essai de guerison de Charles VI en 1403. «Revue des questions historiques» 1912, N°41, p. 96-100; G. D o d u : La folie de Charles VI. «Revue historique» 1925, N° 150, p. 161-188; J. L e v y - V a l e n s i : La folie de Charles VI. «Aesculape» 1932, N° 22, s. 73-79; M. He i m: Charles V I le Fol. Paris 1955;

F. A u t r a n d : Charles VI...; M. L a h a r i e : La folie au Moyen Age, X F -X III‘ siecle. Paris 1991;

F. B o u l m e r : A out 1392, Charles le Bien-Aime devient Charles lefol. «Revue histoire et archeo- logiąue du Maine» 1992, ser. 3, T. 12, N° 12, p. 249-264; G.-M. d d F r a n c o : Charles V I le Bien-Aime ou la folie sur !e tróne de France, these medecine. Paris 1996; B. G u e n e e : La folie de Charles VI..., p. 277; I. de B u r es: La folie de Charles V I en son temps par le Religieux de Saint-Denis: aspects medicolegaux. «Joumal de Mededne Legale Droit Medical» 1999, N° 42, p. 191-205.

80 Voir B. G u e n e e , F. L e h o m : Les entrees royales franęaises...

(12)

etait uCharles qui se dit roi de France et l’expression le roi Charles ou le roi de France ne reapparait qu’avec 1’entree dans Paris»81.

«La sante de tous les regnicoles depend de celle du roi»82. L’analyse des processions permet de definir et de faire la comparaison entre les sentiments des habitants du royaume et 1’opinion publiąue. Les processions restaient de la decision des clercs, mais a partir du r£gne de Charles VI, les autorites laiąues participaient a 1’organisation de ces ceremonies liturgiąues. «Parfois, c’etaient „les gouverneurs de Paris”, „ceulx de Paris”, les cives Parisienses qui faisaient celebrer des processions»B3. Les processions etaient organisees sou- vent par le roi84, son Conseil85, son chancelier86, ses oncles87 (sa familie), son prevót88.

Les paroisses, les docteurs et les professeurs de l’Universite, les presidents du Parlement, les membres du Conseil du roi, decidaient les processions89. Ces ceremonies etaient des rituels et «la participation a ces rituels contribuait a forger le sentiment de fldelite envers le roi ou le parti au pouvoir, ainsi qu’a developper le sentiment d ’appartenance a la communaute large»90.

A

la fin du Moyen

Age,

la multiplication des processions ne signifiait pas la fin du monde et du temps de crise ininterrompu, on observait avant tout la transformation des systemes de representation91.

A

la fin du Moyen

Age,

on remarque 1’integration de rUniversite de Paris a 1’ordre du royaume.

«A

partir du regne de Charles VI, elle partidpa a un grand nombre de reunions du Parlement en conseil, au cours desąuelles on discuta des affaires du royaume et de l’Eglise»92.

Pendant les funerailles royales «l’Eglise, comme mere du roi, et l’Univer- site, comme filie du souverain, precedaient immediatement la depouille royale»93. La responsabilite sociale des conseillers du roi menait aussi sa

B1 Voir Journal d'un Bourgeois de Paris. Ed. C. B e a u n e . Paris 1990, p. 19.

82 RSD, T. 2, p. 22 530; T. 5, p. 580; T. 6, p. 284; B. G u e n e e : L ’opinion publiąue d la fin du Moyen Age..., p. 84.

93 Journal d'un Bourgeois de Paris..., p. 20, 79; RSD, T. 4, p. 734; B. G u e n e e : Liturgie et politiąue. Les processions spiciales..., p. 31.

84 RSD, T. 6, p. 184.

85 Journal de Clement de Fauąuembergue..., T. 2, p. 88.

8S RSD, T. 2, p. 584.

87 Ibidem, p. 406.

88 Ibidem, T. 4, p. 680. Voir B. G u e n e e : Liturgie et politiąue. Les processions speciales..., p. 31.

89 Ibidem; RSD, T. 4, p. 248-550.

90 S. L u s i g n an: «Verite gardę le roy». La Construction d ’une identite unńersitaire en France ( X l ll‘-XV* siecle). Paris 1999, p. 283.

91 J. C h i f f o l e a u : Les processions parisiennes..., p. 76.

92 Ibidem, p. 295.

93 Ibidem, p. 288.

(13)

politique94. La procession en tant que ceremonie liturgique devenait aussi un element de la vie politique. Les membres de l’Universite de Paris participaient souvent aux processions, notamment a la procession pour la guerison de Charles VI9S. Le role de l’Universite de Paris au service de ce roi et de son pere Charles V «s’exprimait egalement par la metaphore de la filie du roi»96. Sous Charles VI, l’Universite comme une bonne filie «secondait son pere Charles VI dans ses actions pour que cessat le Grand Schisme et elle priait pour que celui-ci recouvrat la sante»97. Les descriptions des processions et des autres ceremonies royales illustraient la place qu’y occupait l’Universite, l’eveque de Paris et le recteur dans les corteges aux XIVc et XVe siecles. On observait le renforcement de la position de l’Universite dans les moments de crise dyna- stique. Pour le Bourgeois de Paris «les regnes de Saint Louis et de Charles V sont des paradis perdus.

A

l’inverse, son epoque est troublee, elle precede la fin des temps»9B. Alors les processions etaient necessaires, le peuple y par- ticipait pour prier Dieu de rendre la paix et la bonne sante a son roi.

Pendant la periode de crise, le royaume etait dirige par la representation de la societe ou, plutót, par les membres des elites99. La plus grandę activite des elites etait un trait caracteristique de la genese medievale de 1’Etat moderne100.

«En cas de crises extremes, jour apres jour, parfois pendant des semaines, les processions se succedent sans interruption»101.

Le regne de Charles VI etait marque par la folie du roi, sa maladie men- tale, la crise de 1’institution ecclesiale et les institutions politiques de 1’etat102.

«A

partir de 1378, le Grand Schisme plonge la Chretiente dans une crise d ’autorite, [...] non seulement le pouvoir du pape mais aussi, d’une certaine faęon, celui de tous clercs est mis en cause durablement»103.

94 M.-Th. C a r on: Noblesse et pouvoir royal en France. X IIIe- X V I‘ siecle: de Saint-Louis a Franęois I " . Paris 1994.

93 Voir S. L u s i g n a n : «Verite gardę le roy»...

96 Ibidem, p. 267.

91 Ibidem, p. 279.

9“ Journal dun Bourgeois de Paris..., p. 18.

99 Les elites urbaines au Moyen Age. X X IV ‘ Congres de la S.H.M .E.S., Rome, mai 1996.

Paris-Rome 1997.

100 M. M o l lat: Genese medievale de la France moderne. Paris 1970; L 'Etat moderne et les elites. Ed. J.-Ph. G e n e t , G. L o t t e s . Paris 1996.

101 RSD, T. 5, p. 196; T. 4, p. 658; T. 5, p. 342; voir B. G u e n e e : Liturgie etpolitiąue. Les processions speciales..., p. 3.

102 R. F o s s i e r : Le Moyen Age. T. 3: Le temps des crises 1250-1520. Paris 1982-1983; Fin du monde et signes des temps: visionnaires et prophetes en France meridionale (fin X IIIe - debut XV*

siecle). In: «Cahiers de Fanjeaux». T. 27. Ćd. M.-H. V i c a i r e . Toulouse 1992; H. M a r t i n : Crise de la chretiente et approfondissement de la vie religieuse (1250-1550). In: X IV* et X V* siecles: crises et geneses. Sous la dir. de J. F a v i e r . Paris 1996, p. 275-422.

103 J. C h i f f o l e a u : Les processions parisiennes..., p. 44; N. V a l o i s : La France et le Grand Schisme d ’Occident. T. 1-4. Paris 1896-1902.

(14)

«La procession en etait a Paris, sous Charles VI, un moment-cle»104\ Ces corteges se multiplieraient et, comme des rituels, ils etaient une formę de propagandę et avaient la fonction de communication publique. On pourrait dire qu’ils portaient des aspects rituels demonstratifs et theatraux de cette com m unication- Ils etaient un temoignage de la vie politique et sociale. Les processions portaient le plus souvent une grandę densite d’informations non verbale, mais symboliąue. La sodete medievale passait a ces spectacles pour exprimer ses sentiments: son enthousiasme ou sa protestation.

A la fin du Moyen Age l’expansion de 1’ideologie royale est une carac- teristique. Cette ideologie debouchait sur le grand spectacle monarchiąue - «les sacres, les entrees, les fetes, 1’accueil de souverains etrangers, les proces­

sions, les pelerinages, les lits de justice, les seances solennelles du tribunal de la cour»10S. Les spectacles royaux, ąuasi du theatre, avaient la fonction de com­

munication publique. Le peuple, les clercs, les sages prenaient part dans les ceremonies, ils cherchaient, comme le faisaient differentes corporations, des moyens pour s’adapter a la crise.

Les processions representent donc 1’etat du royaume, les menaces et les craintes du peuple, les relations entre le roi et la sodete. Dieu par la sacralisation du pouvoir du monarque etait un gerant de 1’ordre sur la terre, de la paix et de la prosperite dans le royaume sacre106. Le succes des processions aux XIVe et XV' siecles transformait considerablement le pouvoir des clercs, du Conseil et de la familie royale. La procession devient alors un des elements de l’Etat modeme qui se formait a la fin du Moyen Age, elle est aussi une manifestation de 1’opinion publiąue a un sens tres important. La procession exprime les emotions des partidpants, qui croyaient en sa puissance magique.

De leur cóte, les corporations et les confreries demontrent, par leur presence dans le cortege, leur appartenance a la communaute.

104 B. G u e n e e : Liturgie et politique. Les processions spiciales..., p. 48.

105 H. M a r tin: Mentalites mediemles. Represenations collectńes du X Ie au X V* siecle. T. 2.

Paris 2001, p. 156.

106 Voir J. B a r b e y : źtr e roi. Le roi et son gouvemement en France de Clovis a Louis XVI.

Paris 1992, p. 149.

(15)

Rola procesji pro rege we Francji w czasach Karola VI

S t r e s z c z e n i e

Artykuł jest studium porównawczym na temat organizowania i znaczenia procesji, jakie odbywały się we Francji w XIV i XV wieku, przede wszystkim zaś w czasach Karola VI. W okresie późnego średniowiecza procesje stanowiły jeden z ważniejszych aspektów żyda społecznośd miejskiej. Udział w procesjach był przejawem religijnośd mieszkańców królestw. Wyjątkowo często organizowano je w Paryżu za panowania Karola VI, czyli w latach 1380-1422. Według francuskiego historyka Bernarda Guenće, w okresie tym odbyło się we Francji około stu procesji lub tzw. kampanii procesyjnych. Szczególny cel miały procesje specjalne trojakiego rodzaju: pro rege, pro pace i pro unione Ecclesie. Z objędem rządów przez Karola VI nastąpił wyraźny wzrost ich liczebnośd i częstotliwośd, z jaką były organizowane. Interesujące są procesje pro rege przedstawione w napisanej przez Michela Pintoin Chronique de Charles V I du Religieux de Saint-Denis, obejmującej całe panowanie Karola VI. Procesje pro rege odgrywały istotną rolę w czasie kryzysu związanego ze słabośdą władzy królewskiej, szaleństwem króla, upadkiem autorytetów i skutecznośd funkcjonowania dotychczasowego ustroju państwowego.

Na przełomie XIV i XV wieku procesje były organizowane nie tylko przez duchownych, ale również przez świeckich wchodzących w skład królewskiej Rady, z polecenia wujów króla, współrządzących państwem w czasie małoletniośd i choroby panującego. Procesje były ceremo­

niami o charakterze liturgicznym, ale miały też znaczenie polityczne. Pomagały przystosować się mieszkańcom królestwa do sytuacji kryzysowych. Podobne funkcje miały procesje także w średniowiecznej Polsce, gdzie modlono się między innymi w intencji zdrowia panujących.

W okresie późnego średniowiecza wzrosło znaczenie święta Bożego Ciała, podczas którego również organizowano procesje. Udział przedstawideli społeczeństwa i instytucji politycznych w procesjach pro rege, ale także w innych ceremoniach, wskazywał na przejęde przez te czynniki funkcji reprezentowania władzy państwowej w warunkach przesilenia i poszukiwania nowej ja- kośd.

Anna Michałek-Simińska

The Role of the pro rege Procession in France in the Times of Charles VI

S u m m a r y

In the 14^ and 15**1 cc. processions constituted one of the most important aspects of a ty life.

The partidpation in processions was a demonstration of the religious feelings of a give kingdoms inhabitants. They were particularly frequent in Paris in the years 1380-1422, under the rdgn of Charles VI. According to the French historian Bernard Guenee, in that period, around one hund- red processions, or series of processions, took place. Of peculiar character were the so-called spedal processions, which were of three kinds: pro rege (for the king), pro pace (for the peace), and pro unione Ecclesie (for the unity of the Church). Once Charles VI came into power, they became significantly more numerous and more freąuent. The pro rege processions were interestingly presented in Michd Pintoin’s Chronigue de Charles VI du Religieux de Saint-Denis. They played a substantial role at the time of the crisis connected with the weakness of the king’s authority, his

(16)

madness, the generał authority crisis, and the decrease of the efiidency of the established political system.

At the tura of the 15*11 c. processions wer organised not only by the clergy, by also by the secular members of the Royal Council, on the orders of the king’s family, and the kin’gs undes, who, for some time, were the co-regents of the State. The processions were ceremonies of a liturgical character, and they helped the king’s subjects to adapt to crisis situations. The partidpation of the sodety’s and the political authorities’ representatives, among other things in the pro rege processions, but also in other ceremonies, bore witness to those persons becoming representatives of the states’ power in the conditions of a crisis, and a ąuest for new values. Just as in the case of the king’s ceremoniał entries into dties or the rulers’ funerals, the procession marches contained the elements of the yisuałisation and theatralisation of various aspects of the royal authority.

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