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La Pologne et la cause de l'ordre

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Academic year: 2021

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INTRODUCTION. L’EUROPE SERA-T-ELLE COSAQUE OU RÉVOLUTIONN AI RE?

Quelle que soit lissue de la lutte engagée dans le moment actuel entre la Pologne et laPtussie, il est certain que la date de sonexplosionrestera mémorable dansl’his­

toire. Cejour-là un voile habilement tissu a été déchiré, etl’Europe s’esttrouvéesoudainenface dela réalitéde sa situation. La commotion douloureuse qui a ébranlé le monde entiern’a pas été provoquée uniquement par la commisération dueà une infortune sans pareille; elle a étéproduite en grande partie par l’instinct conservateur delasociété européenne, qui s’est émue envoyant s’ouvrir un abîme là où la perfidie et la fraude semaient des men­ songespourendormir sa vigilance.

Il s’estproduit là un phénomène qui a ouvert les yeux du monde civilisé. En plein dix-neuvième siècle, au sein

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de lEurope occupée de réformes et de progrès, sous l’égide d’un libéralisme mensonger,—un peuple poussé à bout par une oppression sans exemple, aggravée par lin­ sulte, adéclaré à la face de Dieu etdes hommes qu’il ne pouvait vivreplus longtemps dans les conditions qui lui étaient imposées. Avec un régime décoré dunom de légal on étouffait sonordresocial, son développement naturel ; et lui, sans espoir de vaincre, sans calcul ni préparation, se retirait loin des habitations humaines; l’ordre dela loi était pourlui devenu impossible,—ilse mettaiten dehors de cette loibarbare, préférantl’existence traquée des bêtes fauves, à laviesociale qu’on luiavait empoisonnée -, il se réfugiait dans la mort pour échapper à l’infamiede la plus bassedesoppressions.

Cette protestation suprêmeestbientôt devenue une for­

midable insurrection,une guerre sans merci entrela race conquérante et la race conquise. Le monde s’est étonné de la persistance dela lutte, et les gouvernements occi­

dentaux obéissant à la pression de l’opinion sesontdécidés pour une intervention diplomatique, pour uneintercession auprès du meurtrier en faveur de lavictime. Nousn’avons pas à l’apprécier ici; toutle monde saitque, de la manière dont elle seprésente,ellene saurait aboutir àaucun résultat satisfaisant. Il est clair que laction diplomatique ne peut arriver quà unetransaction entreles parties belligérantes;

et une transaction dans le cas présent peut produire un apaisement momentané, mais aucunement une solution.

Silopinion occidentale avait sur cette question desdon­

nées aussi précises quelleenal’instinct juste etnet, elle verrait quil y a en lutte deux éléments si contraires

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qu’il est impossible de les concilier, et qu’une solution radicale est la seule qui puisse mettre un terme à une situationpleinede dangers pour l’Europe.

Cesdangers sont loin d’être imaginaires, comme beau­

coup semblent le croireencore. La situation de laPologne au centre de lEurope et à la tête d’unephalange de peu­

ples opprimés, dontles membres dégourdis commencent à remuer depuis la Baltique jusquà l’Archipel, fait de ce pays comme la mèche dune poudrière qui pourrait faire sauter lEurope. Il n’est donc pas indifférent d’y voir mettrele feu.D’autre part, l’oppresseur delà Pologne c’est la Russie, ce sphinx mystérieux que lon croit deviner alors qu’on le connaît le moins; c’est la Russie domina­

tricedel’Europe pendant quarante ans, travaillée d’un mal intérieur,affaiblie pourle moment, maisdevant néces­

sairement un jour revenir à la force et à ses penchants ambitieux. Est-il bien vrai que lOccident puisse être désormais sans inquiétude surles projetsdes tsars ? Quels peuvent être ces projets, etquelest lavenir quel’Europe se réserve en donnanttête baissée dans les supercheries libéralesde laRussie? Qu’est-ce,enfin, que cette Russie,

puissance problématique, au langage de miel, et aux actes sanguinaires; d’une main délivrant des millions de serfs, del’autre assassinant tout un peuple, et protes­ tant à tout propos deson respect pourla vérité, semblable à ces esprits impursqui, au direde l’Ecriture, se proster­

naientsurlepassage du Christà Capharnaüm, sans vou­ loir pour cela renier leurs pratiques ténébreuses ? Ce sont des problèmesdont ilest important de chercher lasolu­ tion; il faut que l’Europe connaisse les dangers qui la

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menacent; alors seulement, ellepourra songer aux moyens deles conjurer.

A côté de la question des nationalités qui se pose de plus en plus impérieusement dans l’Orientde l’Europe, à côté du danger que recèlela Russie, entant que puissance conquérante, vient se placer un troisième élément bien connu de l’Occident,maisdont limmixtion dans les diffi­ cultés pendantes dans cette partie de l’Europe doit les compliquer d’unemanière qu’il importe auplushaut degré deconnaître. Cet élément dont on pressent la présence sur lechampde la lutteet que l’on redoute à si juste titre, c’est la Révolution. On l’avait signalée devant le Sénat français, avec plus de zèle, certainement, que de connaissance de cause, et voilà quele ministre des affaires étrangères de Russie , la nomme dans ses réponses à lEurope. Le ministrerusse, aussi bien que sesauxiliaires, essaye de ramener l’insurrection de la Pologne à une tentativedirigée contre l’ordre social européen,à quelque

manœuvre mazzinienne que la France, dit-il, devrait aider àcomprimer si elle avaitl’intelligence de sesvérita­

bles intérêts. Le bon sens du public etl’attitude déci­ dée dela presse ont facilement fait justice de cesabsur­ dités.

Cependant il fautdireque leprince Gortchakoff, nau­

rait pas étéaussi éloigné de la vérité,s’il s’était borné à affirmerque laRévolution cosmopolite et sociale n’estpas tout-à-faitdésintéressée dans le débat.S’il a pusetromper sur le rôlequil lui attribuait, il touchaitincontestable­

ment à un côtéde laquestion qui n’est ni le moinsimpor­

tant nile moins intéressant à étudier. Nousessayerons dans

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les pages qu’on va lire de combler cette lacune, ou plutôt de rectifierson erreur.

Au momentoùl’Europe entière sepréoccupe dela ques­

tion polonaise, et se montre disposée à intervenir d'une manièreou d’une autre dans sa solution, il devient abso­ lument nécessairede préciserle caractère de la luttequi divisedepuis tant de siècles les deux branches principales de lafamilledes peuples slaves, et dont l’insurrection ac­

tuelle n’est qu’une phase, unmomentsuprême. Il faut que l’Occident sache enfin quily aentre ces deux peuples un antagonisme séculairede tendances, de tradition et des­

prit, qui rend toute accomodation impossible. Les inimi­ tiés persistantes, qui divisent parfois certains peuples ne sontjamais fortuites ni dénuées de quelque profonde rai­ son tirée delanature même des choses. L’antagonisme de la Pologne avec la Russie tient de mêmeà des causes pro - fondes que ne sauraient détruire ni atténuer les intentions les plus bienveillantes d’un tsar, quand même elles de­ viendraient des réalités. Il y a des peuples quivivent côte à côte depuisdes siècles sans pouvoir se concilier, sembla­ blesà ces fleuvesque l’on voit quelquefois coulerdans le même lit sans confondre leurs eaux ; — mais entre la Pologne et la Russieily a quelque chose de plus : — ce sont deuxcourants, non plus parallèles, maisopposés l’un à l’autre, et dontles flots se croisent et s’entrechoquent impétueusement; la lutte qui divise ces peuples ne date pas dhier, elle est plus ancienne que les partages; c’est unedes phases de l’antagonisme qui sest toujours mani­ festé entre l’Occident et l’Orient. La frontière qui les sépare n’est pas cequ’est une frontière entre deux étatseu­

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ropéens frères par les idées, les traditions, les tendances ; c’est une ligne de démarcation entre deuxmondes diffé­

rents, le monde européenet le monde asiatique. Dans des conditions pareilles, on ne peut admettrequ’une solution radicale, — il n’y a pas de point intermédiaire. La Polo­

gne doit vaincre ou périr ; elle redeviendra libre, ou elle sera subjuguée etabsorbée à la suite dunedestruction im­ pitoyable, qui fera pâlir toutes celles que l’histoire a pu enregistrer jusqu’àce jour.

L’Europe ne peut voir ces choses-là d’un œil indifférent.

Sila fraternitédes peuples nest qu’un vain mot, il y a de nos jours une tellesolidaritéentreles peuples civilisés, il y a unesi forte union, ou plutôt un si puissantenchevêtre­ ment d’intérêts, quil ne se passe pas d’événement sur quelque point du monde, quine les intéresse et ne les force à agir, surtout sil soulève les plus grands problèmes poli­ tiques et sociaux de notre temps. La lutte qui se poursuit dans l’insurrection polonaise intéresse l’équilibre euro­ péen , la paixet la liberté générale de l’Europe. Mais il y a plus encore : elle intéresse l’ordre social non seule­

ment dumonde slave, mais celui du monde occidental tout entier. C’est quily a bien véritablement, comme le prétend la Russie, un intérêt révolutionnaire dans cette question, etil ne reste qu’à le montrer clairementet à le définir. Il ne suffit pas, comme elle le fait, de crier à la révolution sociale toutes les fois qu’une explosion popu­

laire se manifeste;l’opinion publique est, grâce au ciel, assez éclairée pour savoir à quoi s’en tenir là-dessus; il ne suffit pas de crier au danger, afin d’égarer les es­

prits ; il faut le dévoiler et le montrer, il est en

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réalité. C’est ceque nous allons tenter dans les pagesqui suivent.

Jele répètedonc, dans la question qui se débat, il y a un grandintérêt européen; au-delà de cette poignée de braves quitiennent la puissance moscovite en échec, ily a un immense dangerpour la civilisation. Les peuplesqui sont à sa tête, ne sont pas libresde s’abstenir ; ils ne sont pas libres de rester simples spectateurs dela lutte; il faut que dans l’intérêtdu monde, ils prennent unparti prompt et décisif; ily vadeleur salut. MaislOccident trouvera- t-il la force moralenécessairepour l’action ? Sortira-t ilde son indécision et de sa coupable apathie? S’élèvera-t-il assez haut pour apercevoir les lointaines conjonctures au-dessus des petits intérêts du moment? Saura-t-il restaurer ce droit violé dont la chute fait chanceler tous les droits? Jelavoue, quelles que soient les apparences du moment, il me répugne d’en douter. — Eh quoi, après un siècle dexpérience, et de quelle expérience! va- t-il donc se passer sous nos yeux un acte d’infamie qui seraitle pendant du crime destrois partages? Mais avec quelle différence ! Alors les auteurs du meurtre s’appe­

laientFrédéricet Catherine; tous deux puissants pour le mal, vainqueurs de la Turquie, de l’Autriche, de la France même ; appuyés sur une philosophie qui les applau­

dissait, et sur lindifférencequi leslaissait faire ; tandis que leurs adversaires étaient Louis XV et Mme de Pompadour.

Aujourdhui les criminels sont affaiblis et démoralisés;

l’Autriche a bu jusqu’à la lie la coupe dexpérience que lui prédisait Marie-Thérèse, l’opinion dumondeflétrit lini­

quité commise, etla France est forte etunie sous la main

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d’un Napoléon. Ah! si dans detellescirconstancesle monde civilisé restait inerte; si, voyant le mal et le touchant du doigt, lEurope n’avait pas assezde force pour le guérir;

si, craignantles chances dune guerre pour ses intérêts secondaires,elle reculait, non pas devantle droit, commele prétendait le ministère anglais, mais devant le devoir ab­

solu d’assurerla paix et la liberté des générations futures,

il faudrait désespérerdela civilisation etdel’avenir dela société européenne. Victime de ses dissensions et de ses mesquines jalousies,l’Europe aurait alors mérité de se courber sous lechâtiment que lui prédisait le captif de Sainte-Hélène,quand il lui annonçait un avenir cosaque ou révolutionnaire.

C’était bien la fatalealternative qui devait se pré­

senter à tout esprit pensant en présence de l’état des choses inauguré en 1815. Mais depuis lors le monde a marché, et laphysionomie de l’Europe a changé surbeau­ coup de points. Cependant le danger que prévoyait l’empereur est loin d’avoir disparu ; il s’est au contraire aggravé, seulement il a changé de face. Depuis lors, la révolution s’est, d’une part, attaquée avec plus de force à la base de la société ; de l’autre elle s’estétendue, elle a pénétré làoù il y a quarante anson naurait jamais soup­ çonné quelle eût pu arriver. Les deux termes du dilemme que posaitNapoléon tendent donc à se confondre, à s’i­ dentifier. S’ilvivait denos jours, il est certain que le pro­

blème se serait autrementposé devant lui ; il aurait sans nul doute aperçu un péril plus grand que celui quil défi­ nissaitsi amèrement, mais il aurait pu aussi admettre une chance de salut. En considérant l’état actuel del’Europe,

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l’empereur n’aurait-il pas dit plutôt que dans peu de temps, rEurope doit restaurer son équilibre naturel, ou devenir cosaque etrévolutionnaire à lafois. Car tel est en vérité le périlleux dilemme devant lequel lEurope se trouve arrêtée, et il nous sera facile de démontrer que le seul moyen quelle ait de faire face au danger, c’est de donner à la question polonaise une solution conforme à l’équitéainsi quà la saine et grande politique.

Ce n’est point pour défendre la cause polonaisecontre d’absurdes accusations ou de basses calomnies que jen­ treprends d’en entretenir lepublic. La presse tout entière, avec une unanimitéqui lui fait honneur,a fait justice du mensonge dont la Russie voudrait faire un linceul dop­

probre à sa victime. C’est plutôt, comme je l’ai dit, pour jeterquelque lumière sur le rôle que la Révolutionest ap­

pelée à jouer dans ces complications si peu connues en Occident quant à leurs détails; c’est pour montrer aux amis de l’ordre et de la libertécequ’ils ont à attendre de l’issue dela lutte actuelle,c’est enfin pour appeler l’atten­

tion de l’Occident sur un danger quil méconnaît trop dans la confiance que lui inspire sa force. Nous aurons donc à nous occuper ici dela révolution cosmopolite et sociale, del’appuiqu’elle peut trouveren Pologne, et de celui que peut lui fournir la Russie. Nous examinerons si l’état ac­ tuelde la Pologne estun remède au mal révolutionnaire dont l’existence est généralementreconnueen Europe, ou s’il en est laggravation. Nous verrons sil est bien vrai que la Russie, comme elle le prétend, défende la cause de lordre social en Europe. En unmot, nous essayerons d’étudier aussirapidement que possible les rapports réci­

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proques de la Révolution et de la causequi se débat ac­ tuellement en Pologne. Cette question polonaise, quon a plus dunefois traitée au point de vue de léquilibre euro­

péen, nous allons l’envisagerau point de vue de l’ordre social, de la liberté, et du progrès général de la civilisa­ tion, et nous verronssi l’Europepeut y être désintéressée, ousi la France peut éluder ladifficultéet méconnaître son intérêt direct, en s’abritant derrière cette qualification de questioneuropéenne que la diplomatie lui areconnue.

Il faut l’avouer, je n’aborde pas ce sujet sans un véri­ table embarras. Onn’a pas trop damis, me dit-on, quand on est dans le malheur, et il est bon de ne dédaigner au­ cun secours. En rejetant lappui de la Révolution ou en lacceptant, onrejette ou l’on accepte lappui detelou tel parti. Le plus habile, dit-on encore, est de se taireen lais­

sant croire cequ’on voudra. Peut-être a-t-on raison sous un certain rapport, — mais le plus honnête est de parler.

Notre cause est avanttout celle de la justice et du droit,et l’on ne peut bienlesservir qu’au nom de lavérité. D’ail­ leurs, les hommessincères à quelque parti qu’ils appar­

tiennent, pour peu qu’ils veuillent lebien et non autre chose, se trouveront, jepense, d’accord avec moiaumoins sur lespoints principaux.

Sans prétendre définirla Révolutionil est pourtant né­

cessaire,pour éviter les confusions, de distinguer entre les deux significations qu’on attribue généralementà ce mot.

S’agit-il de ce quil y adincontestable etde vrai dans les principesde 89?S’agit-ildecesvéritésrenfermées en ger­

me dans lechristianisme, et introduitesparla Révolution française dans le droit public des peuples : de la liberté

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individuelle, de l’égalité civile,de la libertéreligieuse, et de la liberté politique comme garantieetcorollaire des autres? S’ils’agit de cela,la nationpolonaisepeutàbon droit être qualifiéede révolutionnaire; son histoire estpourlaf- firmer.Maiss’il s’agit, aucontraire, de ce quondésigne communémentsouslenom génériquedeRévolution, c’est à diredeces principes négatifs et haineux quis’attaquent à la base de la société pour l’asseoir sur denouveauxfon­ dements, delà violencedu nombre substituéeau droit, du capricedes masses considéré comme règle de politique et de morale, de leurbon plaisir devenantle critérium de la justice; s’il s’agit, disons-nous, decette révolte perma­ nente contre tout ordre et toute autorité qu’un révolu­

tionnaire italien, devant le parlement de Turin, déclarait être guerre à Dieu et à lasodété,jel’affirme,sanscrainte d’être contredit, la Pologne et sa cause n’ont rien de com ­ mun avec cette Révolution-là. On l’accuse despritrévo­ lutionnaire parce quelle veut reconquérir son bon droit ; or, rien n’est plus éloigné du droit que cet esprit-là.

« Nous appelons espritrévolutionnaire, disaitPortalis (*), le désir exalté de sacrifier violemment tous les droits à un but politique, et de ne pas admettre d’autre considé­ ration que celle dun mystérieux et variable intérêt d’É- tat. » C’est dans cette acception et dans aucune autre que nous entendons parlerderévolution et d’esprit révo­

lutionnairedanstout le cours de cet écrit. Lelecteur jugera qui, denous ou de nos ennemis, mérite l’accusation de viser au renversement de l’ordre, de la société, et de la civilisation.

(1) Discours préliminaire du Code civil.

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LA SOCIÉTÉ POLONAISE DEVANT LA RÉVOLUTION.

La société polonaise diffère essentiellement des au­

tres sociétéseuropéennes. On sait quelle na jamais connu le féodalité ni le droit féodal. La constitution dela pro­

priétéfoncière n’y a admis le majorâtque par exception, et c’est àpeine s’il s’en trouvequelquesapplications dans le pays. L’ancienne coutume slave s’y maintint dans le droit écrit ; c’était le droit du partage égal de la succes­

sion entre les frères. Ce droit desuccession nedonnait pas cependant d’aussi grandes facilités à lextrême division du sol et à l’affaiblissement de lafamille que le droit français de la Révolution, d’abord parcequ’il n’entravait pas la liberté de tester, ensuite parce qu’il n’attribuait aux filles qu’une partie comparativementfaible de l’héri­ tage paternel, etles dotaitpresquetoujoursen biens meu­

bles. De sorte que la terre demeurait le patrimoine de lafamille, non pas toujours, il estvrai, mais aussi long­ tempsque celaétait possible : elle restait dans le nom

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« wimieniu » comme on dit encoreen Pologne. Cela suffit pourindiquerque cetteconstitutionde la propriété, sans favoriser le moins du monde la formation d’une grande aristocratie territoriale, puisqu’elle n’immobilisait pas la propriétédansles familles, contribuait cependant, de con­ cert avec d’autres causes, à donner une stabilitérelative à la propriété et à la famille. Il devait en résulter nécessai­ rement la formation d’une nombreuse classede nobles de richesse moyenne, propriétaires du sol, le divisantpar leurs testaments, mais reconstituantsonunité par les hé­ ritages, les dots et lesservices publics ; une classe qui, envisagée dans son grand ensemble, tientle milieu entre l’aristocratie féodale etlepeuple, comme la constitution dela propriété y tientle milieu entre le droit féodalet ce­ lui de la Révolution. Aristocratie basée sur le respect du principe d’hérédité, sur l’espritde famille, surle nom et la tradition,plutôt que sur lesol, contrairement à loccident ;

bourgeoisie campagnarde, agricole et guerrière,se recru­ tant par le droit dumérite personnel,se soutenant par le travail, amoureuse jusquà l’excès de saliberté et de son égalité, mais sans les défauts mesquins des bourgeoisies mercantiles,la noblesse polonaise est une classe qui respecte le nom, la tradition de famille àl’égal d’unechose sacrée, lui sacrifie tous ses efforts, sans avoir rien de cette immobilitédes oligarchies, quiconfisque le sol et le pou­

voir au profit de plusieurs familles.

A peude différence près,cette constitution dela société subsiste jusqu’à présent dans toute la Pologne, malgré la diversité des temps. Audessus de cette classe de la no­

blessesélèvent les noms historiques,entourés du respect

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général, en tant qu’ils se maintiennent par leuf patrio­ tisme et leurs services à la tête de la nation, mais ne jouissant, ni n’ayant joui dans lepassé d’aucun privilège légal ; au dessous, il ya la grande massedu peuple, au sein duquel la noblesse se recrutait jadis parla guerre, elle se recrute denos jours par le travail. Car cest une grande preuve de la vitalité et de la souplesse de cette institution nobiliaire de la Pologne, que l’ancien ennoblissement par la Diète aété virtuellement remplacé depuis le partagepar l’ennoblissementconféré par l'opinion.

Tous ceux qui sélèvent au dessus du peuple par leur intelligence ou leur travail,sont franchement acceptéset traitésd’égaux par lancienne noblesse, pourvu quils fas­

sent preuve de leur sentiment patriotique. La société po - lonaise est, en un mot, une société qui présente leplus singulier mélange d’éléments aristocratiques et démocra­

tiques, des principes d’hérédité et de tradition, avec ceux deliberté, dégalité et de droit du mérite, et, à ce titre seul, elle mériterait d’être soumiseà létude appro­ fondie des publicités de l’occident, quiy trouveraient plus dun vaste sujet de méditation.

y a t-il doncplace, dans une société comme celle-là, pour les idées révolutionnaires? Est-ce dans cette no­ blesse territoriale qui embrasse maintenant tout ce quil ya d’éclairé dans la nation ? Evidemment non. Il faut ne pas laconnaître ou ne pas avoirle sentiment de la con­ nexion qui existe entreles idées, pour croire qu’une so­

ciété où la famille est si fortement constituée, l’accès est si facile et les traditions si tenaces, peut se prêter àdes projets de renversement detout ce quilui tient le plus à

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