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Lupanie, avec les maximes d’amour

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Academic year: 2021

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(1)

L U P A N I E . t :'

A V E C

L E S M A X 1MES jg

O

d ’ A M O U R.

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*

PiMiS

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/<3 Tendresfe

chez les Amans

(2)
(3)

Hum etir commode de plu- fieurs M aris, et Ia grande facilite d’ un nom bre iflfi.

n i de belles fem m es, avoient rendu Pottam ie une des plus po­

lies , et des plus agreables villes du Monde. II ne falloit qu’ etre d’untem peram ent am oureux,pour y m ener une v ie h e u re u fe , et fi dans les comm encemens quelque A m ant fe tro u v o it traverfe dans

A a . l*a

(4)

M

fa pasfion, fa Maitresfe ne le lais- foit dans cette in q u ie tu d e , que to u t autant de tems qu' il en etoit necesfaire, pour lui faire gouter en fuite avec plus de plaifir les dougeurs d ’etre aime, Les plus belles fe fervoient de cet inno- cent artifice pour engager plus fortem ent leurs Amans : Mais la feule Lupanie etoit enemie de toutes ces addresfes; elle avouoit in g en u m en t, que rien ne lui e- to it fi incom m ode qu’ un Amant qui dem euroit plus de trois jours a decouvrir fa pasfion, et a qui 1 elle etoit obligee de faire des avances : car elle aimoit qu’ on fu t libre et ouvert 5 qu’ on ne fe

ca.

(5)

[ 5]

cachat de rien,non pas meme de fes foiblesfes, et que f i l ’o n le n to it elever quelque m ouvem ent a-

m oureux pour elle, on le lui fiit connoitre for le champ. Mais avant que de parier des amours de cette ouverte p e rfo n n e , di- fons comme elle eft faite \ Le to u r de fon vifage eft un oval de- fe ttu e u x , fes yeux font gris e t lubriques au dernier p o in t, fa

bouche tro p fendue,mais afles v er- m eille, fon front p e tit, fon n£s long et d ech arn e, fon m enton en p o in te , fes dents blanches , fes mains feches et v ilain es, fur les quelles un decouvre jusques au plus p etit n e rf, fes cheveux font

A 3 cha-

(6)

cM tains et anneles a grofies b o u c le s , fon teint eft u n i , et dans de certains tem s aftes ecla- ta n t, fa taille eft petite et voutee

et les diverfes fecousfes, dont elle a etoit agitee ont fait que le deiliis de fon corps n ’ a point d’ asflete asluree et fe balange a chaque pas quelle fait fur fes h a u c h e s , pour la gorge et la c h a ir ella l’ a m erveilleuie, et 1’ on pent dire qu' elle cache ce qu' elle a de plus b e a u , e t qu’ heureux font fes amans puis- qu! elle leur fait to u t voir. II eft v ra i,.q u ’ils fe plaignent, que ee beau corps dans lesm oindres petites chaleurs par une odeur

qui

(7)

0 3 ■

qui en em ane, ne fatisfait pas fi bien 1’ o d o ra t, que la vue :

ie pique d’ etre des mieux chaus- fees, les pas de foye qu’ elle por- te font etendus jusques au milieu de la c u isfe ,e t fes jarretieresfo n t fo rt proprem ent a tta e h e e s; Ii n’ y a point de femme qui fe don- ne plus de foin de p o rte r bien pied qu’ elle ; P our ee qui reg ar- de 1’efp rit, elle a beaucoup de f e u , mais peu de ju g em en t, et e£h fo rt eto u rd i, fon hum eur et al- tie re , fo u rb e, malicieufe, jalou- fe , elle ne peut foufFrir les cares- fes qu’ on fait aux autres femmes, comme ii dans elle il [y av o it, pour contenter to u t le refbe des

A 4 hom-

(8)

M

hom m es, il luffit d ’etre belle p o u r devenir fon ennem ie, elle m edit inceffament des plus jolies, et imagine mille artifices. pour en donner de mauvaifes im pres- fions. Elle a pour 1’ argent un puisfant attach em en t, et les plus aimes de fes amans ne font pas toujours les m ieux fa its, ni ceux qui ont le plus de m erite , mais les pius liberaux, et f il f ’entrou~

ve quelqu’ un qui ne laiile pas quelquefois fur fa table un m iroir, un diam ant, un collier de p e rle s, ou quclque autre bijo u , il eit re- garde avec des yeux bien moins tendres que les autres. Lupanie etant doncfaite com m eje vousTai

de-

(9)

d ep ein te, ne laisfa pas dans le com m encem ent q u ’ elle re c u t com pagnie, et fe produifit dans le grand m o n d e , d ’ avoir une foule d’ adorateurs et meme des mieux faits deCallopaidie, ou elle demeu- ro it en ce te m sla , dont elle m e- nageoit fib ie n l’efprit, qu’ellen ’en perdit pas un. Cleandre etoit pour- tant le mieux re c u et le plus aim e, et cet amant par le foin officieux de lui changer fouvent fes gar- n itu res, avoit fait un m erveil- leux progres fu rfoncoeur, outre qu’ il n’ eft pas des plus mal - faits de ce m onde, fatailleeftdegagee et fort bien p rife , fon air pal- fable, fon teint brun et grosfier,

A 5 fes

(10)

fes yeux ru d e s, fa bouche grande et fendue jusques oreilles, des che- veux en quantite et frifes a gros- fes boucles, fon efprit b riilan t, v if , en trep ren an t, et capable de grandes chofes, un peu fanfaron et de nom bre de fes b ra v e s , qui cro y en t qu’ilfau t etre brutal era- p o r te , et faire mille querelles en l’air, p o u rp a fferp o u r homme de Courage, fa plus forte pasfion eil p o u r les fem m es, e til leur donne tout. C’ ell ce qui n’avancoit pas peu fes affairesfur le coeur de Lu- panie, il obtenoit d’elle quantite de petites fav eu rs, et regevoit tous les temoignages d ’une tendre pasfion; mais comme il ne penfoit pas au m ariag e, et qu ii aime le fc-

lide

[ioJ

(11)

M

lido en a m o u r: un jo u r il la fu t tro u v erfeu le et ap re slu ia v o irfa it quelque prefent a fon o rd in aire, il je tta u n g e n o u a te rre , et lui p re- nant un m ain, fur laquelle il appli- q u ap lu fieu rsfo islab o u ch e, il lui p ariaain fi: vous me dites que vous m ’ aimes plus que to u t le reile des hommes enfem ble, mais quel te- moignage m’ aves vous donne de cette tendre amitic pour me faire ju g er que vous me tires du pair de vos autres amans ? Iis vous vo- yent comme m o i, iis ont la liberte de vous parier de leur pasfion, iis foupirent en votre prefence et en~

fin aupresde vous je ne puis faire une dem arche, que je ne les voye m lm ite r: v o u s voules toutefois

A 6 que

(12)

M

que par une croyance aveugle je me perfuade d’etre m ieux dans vo- tre coeur qu’ils n’ y font. Ah ! Ma- dam e, Madame ne disfimulons r i e n , vous n’ aves pas pour moi toute 1’ amour que vous dites, vous me 1’auriesbien fait connoitre par des preuves plus fortes et plus presfantes, et la nature n’ eft pas (i chiche a Vendroit des b e lle s, qu’elle ne leur ait donne des liens plus forts pour les reten ir plus longtem s dans leu r chaines, elle leu r adiftribue des trefors inelli- mables pour les recom penfer de leur conftance etde leur fidelite.Ce font la les temoignages les plus fo- lid e s, par lequels vous me pour- ries fair connoitre la difference

que

(13)

[ i3]

que vous m ettes entre le refte cies hom m esetm oi. V ou sd ev es asfes connoitre rna difcretion poiu' croire qu’un femblable fecret ne fo rtiro itjam aisd em a b o u c h e , e t qu’on m’arracheroit plustot la v ie : cn finisfant fon difcours il f a v e n - tura avec un transport le plus am oureuxdu monde de glisfer la main dans un lieu delicieux, q u il eft plus naturel de touchei’ , qu’- honnete de nomm er. A r r e te s , arretes luirepliqua L upanie, en le repouifant d’une m aniere qui lui faifoit connoitrc que fon procede n e l’a v o itp a sto u t a fait desobli- gee. V ous alles etrangem ent vite, et ne confideres pas 1’efFet dange- reux qui £’ en fu iv ro it, li j ’ avois

A 7 pour

(14)

M

pourvous la condelcendange que vous fouhaites. E n quel etat mi- ferable me reduiries v o u s , fi par des fuites honteufes et presque in- evitables on venoit a connoitre ce que j ’auroisfait pourvous ? T ou- te la te rre ne me regarderoit qu’a- v ec h o n te , et je ferois le mepris apresune femblable infamie de ceux qui delirent a prefent avec tine pasfion violente de m’epoufer.

Je fai bien que 1’honnenr n ’ eft qu’- ime ch im ere, une belle imagina- tion que 1’ on ainventee pour tenir les perfonnes de n o tre fexe dans leu r d e v o ir; Mais ce font de fan- tom es vifionnaires, apres lcquels nous fommes obligees de courir pendant u n certain tems 3 lie nous

(15)

1*5]

voulons vivre heureufes. Quand nousfom m es engagees danslem a- ria g e , alors n o tre infamie elt bien m oindre etant p artag ee, nous a- vons liberte de to u t fa ire , puis qu’unm anteau couvre nos desor- d r e s : et comme nous n’ en avons point d e te m o in s , e t qu’on n ’en parle que par de foibles conjectu­

res , nous traitons hardim ent de medifances et d’ im pollures, to u t c e q u ’o n e n p e u td ire . C 'e ft dans ce tems l a , m on ch er C leandre, ajouta - t - e lle , que nous vive- rons h e u re u x , et que par un art m erveilleux nous unirons plus for- tem ent nos] coeurs et nos ames»

S chelicon, ce D o£teur que vous connoisfes, et a qui fans doute

par

(16)

D6]

par fa grande foiblesfe je donnerai le piis que je fo u liaite, me rend de frequentes vifites et fait voir to u t 1’ em presfem ent posfible a ir/epoufer. Sa fortune eft asfes confiderable e tn ’eltpas a re je tte r, c’ eft ce qui fait que je menage fon efprit pour me v o ir au p lu to t fa fem m e, afin d ’avoir plus de liber­

te de me donner enfuite a vous.

Q u o i, M adam e, rcp artit Clean- d r e , encore toute fouilliee de baifers d'un ftu p id e, et d’un bru- tal, pretendres vous vous prefen- te r a m o i, pour m'offrir les reftes de fa brutalite ? M anqueries vous de 1’efprit jusques la , que de fouff- rir qu’un femblable original re- cuillit les prem ices de v o tre a.

m our

(17)

M

m our et de v o tre jeunesfe ? et le voudries vous p referer a raoi ? N o n , non repliqua Lupanie, je fai m e ttreia differenge entre lui et vous, et je vous prom ets que je vous donneraiun rendez-vous dans le tems quele mariage fera fur le point de f ’accom plir, qui vous aiiurera de ma perionne et de mon coeur. Cleandre la presfa b ie n to u t lerefte d e c e tte conver- fation fur ce fuiet et lui d i t , qu’ il avoit des fecrets admirables p our d eto u rn ed e m alqu’elle c ra ig n o it:

re a isto u tc e qu’ilp u td ir e fut inu­

tile,et il fut oblige de f ’en tenir'aux promesfes qu’elle lui avoit faite.

Cependant elle agit apres cet en- tretien fi adroitem ent avec Sche-

licon

(18)

M

lic o n , e t feduifit fon eflime et fon coeur avec tant d’a fp rit, qu’11 f ’ imachina que le bonheur de fa vie dependoit dep o u fer une fille fi honnete et fiv e rtu e u fe , et qu’il c r u t, qu’il ne devoit pas p erd re un moment pour avanger la posfef- fion d’ un fi grand b ie n : il n’y trouva pas grand o b ftacle, car fes parens qui connoiffoient fon incli- nation volage et lib e rtin e , furent bien - aife de f ’ en decharger entre les bras de ce D o£teur , et menae confentirent que ce mariage f ’ ac- com plit dans p e u d e jours. Cette nouvellene donna pas une petite joie aLupanie, e te lle en e u tl’ame ft fatisfaite, qu’elle en inftruifit Cleandre par une lettre evacue en ces te rm e s ;

Sche.

(19)

„ Schelicon me doit epoufer

„ bientot. Mais jufte c ie l! que . ,, nous fommes peu raifonnables

„ quand nous nous engageons a

„ faire quelque chofe. je tre m b - v le ,m o n c h e r , que vous ne vous ,, fouvenies de ce que je vous ai r prom is: Je v o u say o u e in g e n u - ,j m en t, que li j’ etois afies mal-

„ heureufe que de vous v o ir fur le foir dans ma ch am b re, me fom mer de la promefles que je

„ vous ait fa ite , je fuis fi rigou-

„ reufe a ten ir ma p a ro le , que je . 1 vous accorderaifans doute , ce a quoi je me fuis obligee. "N ’ y M venes donc p o in t, je vous en co n ju re, et je vous en aurai l’ob- ligation que je vous en dois a-

jj voir».

Cie-

[1 9 ]

(20)

[

20

]

Cleandre com prit le fens de cet- te le ttre et jugea bien que fa Mai- trefle vouloit ce merae foir couron- n er fon aroour: fi bien que fans f ’- arreter a faire rep o n fe, il attendit avec toute 1’ im patienge, qu’ un amant ausfi pasfionne que lui pouvoit avoir que la nuit fut ve- n iie , afin qu’a la fav e u rd e fon ob- fcu rite ilp u te n tre r dansfam aifon fans etre ap p e rg u : il etoit a d ro it, et fut fi b ie n p re n d re fon tein s, qn’il executa fon desfein et la trou- va feule dans fa cham bre : il ne p e rd it point de tem s dans une fi belle occafion, et par mille petites libertes qu’il p r i t , il reveilla dans fon coeur une em otion lecrette qui la fitc h a n g e rd e couleur plufieurs fois: il poufTe fa p o in te , profite

(21)

M

de cette foiblefie, fait agir quelque chofe de plus prelTant, a quoi elle ne p u trefifter, et cette amoureufe p e rfo n n efev ito b lig ee de ren d re les armes et la v ie a fonvainqueur par un doux tre p a s, elle en rev in t encore plufieurs fois aux mains, et tant que Cleandre u t de for^c et d e v ig u e u r, cecornbat ne celia point, elle ne faisfoit que dire pen­

dant la n u it, que c’etoit une chofe bien imaginee que 1'homme et q u - elle ne v oyoitriens dans le monde qui en egalat le m e rite : elle con- fideroit avec curiofite ce que la nature lui avoit donne de plus qu’ a elle, e tn ’_v trouvoit que des lujets d ’adm iration et de p laiiir; la joie ou elle f ’ etoit tro u v ee dans toutea

les

(22)

f > ]

les attaques, dont fon amant etoit' forti fi glorieufem ent, la follicitoit , continuellem ent a les recom m en- j c e r , elle fembloit par fa defaite reco u v rer de nouvelles fo rg es; ii n ’ en etoit pas ainfi du pauvre Cie- an d re, il etoit epuife et les forges lui m anquoient, il auroit bien voulut en trer to u t de nouveaux en H ce, mais une loi naturelle et plei- ne de cruaute to u t enfemble lui de- fendoit de palTer o u tre , ce que Lu- panie obfcrvant il lui devint in­

com m ode par fes foiblesfes, e t n’en attendant plus de plaifir, elle i le fit fortir avec le moins de b r u i t , et le plus fecretem ent qu’elle p ut, ausfitot que le jo u r commenda d e paroitre. Elle fe m it enfuite dans

le *

\

(23)

M

le l i t , ou elle dem eura tout lejo u r, feignant d’avoir quelque leg ere indifpofition. Sehelicon fit v o ir toutes les foiblesfes d’un amant tran fi, quand il apprit la nouvelle de cettefein te m aladie, il crioit et p le u ro itd ela p lu s vilaine maniere d u m o n d e , e te n b a tta n t des pieds eontre te r r e , il elevoit les yeux au ciel d’une fagon fi desagreable e tfi b ifarre, que loin de to u c h e r ceux qui le re g a rd c ie n t, il leur e- to it imposfible de f ’ empechep d’en rire. Is’ im porte fut il mille fois plus grosfier et plus p efan t, on le fouhaite pour m a r i, et pourveu qu’il foit bien partage du cote ou L upaniefait confifterle fouverain b ie n , e tq u ’ilfach e ce que g’e ft

que

(24)

M '

que n’ etre pas a charge toute une n u it, au*e femine dans fon lit, on le regevra a bras ouverts fans fe m ettre fo rtp c u enpeine durefte- E lle fe v e u t eclaircir prom tem ent la d e llu s, e tfa v o ire e qu’ilv a u t, p o u r ce fujet elle fe rend la fa n te , et fe m et en etat de le rege- v o ir pour epoux le merae jo u r qu’il avoit etep ris. Ce m ariage accom- p li, tous deux n’attendent plus que la n u i t , trev e aux autres di- vertisfem ens dujo u r, un bien plus doux les attend. Lupanie parune rougeur etudiee contrefait la fille hondeufe et pu d iq u e, elle dit qu' elle aime m ieu x m o u rir, que de paffer la nuit avec un homme , pendant q u aS ch elico n pousfe par

la

(25)

M ,

la feul pasfion, fans ecouter au- cune de fes raifons, la flifit avec violenge, e tfe jettan t brusque- m ent entre fes bras, apres l’avoir fait crier qtielqixesmomenspar les douleurs qu’elle difoit fouffrir, en roulantdes yeux langiirant e t p er­

dant la voix, demeura immobile et feignit de f ’ etre evanouie. Ce p au v rem arife desefpere, la c ro it d e ja m o rte , e tfe periuade qu’une fi grande jeunefie n’a pii refifler a defi rudes efforts, il fait toutes les chofes imaginables p o u r la tire r de fon evanouiflem ent, maisle vin e t l e vinaigre e t to u t ce qu’illu i p u tm e ttre a la b o u c h e e flin u tile , ’ il reco u rt au C hirurgi en e t juge fo- lem ent que les ventoufes la pour-

B ro n t

(26)

ront foulager, il appelle pour ce fujetun v alet, dans cet inflant elle r e v in ta e lle , e tre c o u v ra n t l’ufa- ge de fes fens elle lui d i t , en jettant fur lui negligem m ent une m ain, mon coeur q»e vous etes m echant I que vous m ’aves fait fentir de dou- leurs l jamais enm a vie Je n’en ai tant foufFert. II lui en demanda pard o n , e t en parut fort to u c h e , lui difant que c’etoit les prem ieres croix de m ariage, mais qu’ autant qu’elle avoit fouffert des douleurs danscem om ent , autant elle fen- tiro it de plaifirs les autres fo is; el­

le fu t fo rt contente cette prem iere nuit de lu i, bien qu’il faille etre d ’un gout peu delicat pour f ’ en fa- tisfa ire , car il eft re p le t, d’une

- taille

(27)

M

taille m alprife, et effroyablement grasfe, 1’efprit railleu r, piquant, e t fans aucun brillant, to u t fon p laifireftd ejo u erles maris e tle u r hum eur jalo u fe; dansfon vilage o a ne voit rien que de ftupide et de b ru tal, et qui l’obferve bien r e . marque dans toutes fesaftions 1*.

inftinft d’une bete qui paroit fous la figure d’un homme, il a le coeur bas, p etit et capable de mille foiblesfespourfoie il l’ a prodi- gieufem ent g ran d , e tla plus belle reputation qu’il f eft acquife et des paller pour le plus grand mangeur de p ais, il veut qu’on le croie homm e d’e tu d e , mais ceux qui le connoiflent favent bien qu’am oins

B a que

(28)

M

que les fcienges ne foient enfufes, il n’en peut avoir aequis, puisqu’il m et to u t fon efprit a pouvoir ecar- te ru n as pour faire u n re p ic a p ro - p o s : on peut dire cette feule chofe a fon avantage, qu’il eft fo rt ou- v e r t , qu’il n’a rien de referve, et que les chofes qui font les plus par- ticulieres ches les au tres, devien- nent publiques ches lui. Un mari fa ita in fi, eto itju ftem en t ce qu’il falloit a L upanie, il n ’ etoit point

incom m ode, et quand quelque a- m a n tlu ire n d o it v ifite , apres l’a- v o ir rem ercie de Thonneur qui lui faifo it, ilfo rto itp a r re fp e tt d e la cham bre e tle laifloitfeul avec elle.

Cleandre fu t un de prem iers qui retourna a l’asfaut apres ce m aria-

Se >

(29)

M

g e , il eut tout le plaifir imaginable quand il apprit de la bouche de Lu- panie 1’artifige dont elle f ’ etoit fervie pour perfuader a fon mari,' qu’elle avoit toujours vecu chafte et vertueufe. II fe m ourroit de ri- r e , quand elle lu iraco n ta l’emba- ras ou ce pauvre mari f etoit tro u - v e p a r fon feint evanoiiisfem ent, les foins ingenus qu’il f ’ etoit d o n -.

n es pour la r e m e ttre , la crainte qu’elle avoit eue des v en to u fe, et le zele avec lequel il lui avoit de­

ni an de pardon d u m a l qu’il lui a-

vo it fait fouiFrir. E lle n’ om et- to itp as une petite circonftance de ce qui f ’etoit palle et enfin dans cette vifite et dans toutes les autres que fon amant lui re n d it, le m ari

B 3 def-

(30)

[ 30]

deffraioit t o u t , et elle donnoit bien a ju g er a Cleandre par le nom- bre des faveurs qu’ elle lui acor- d o it, qu’une femme etoit bien plus obligeante et plus facile qu’une fille. Dans le cours heureux de ce tte vie v o lu p tu eu fe, une dis- grage furvint qui troubla le plaifir de ces deux amans. Comme un jo u r Cleandre etoit venu voir Lu- p a n ie , elle le fit paffer dans la fal­

le., o u ap resav o irfrap p e ala por- te du cabinet de fon m ari, qui e- to it dans un des cotes de cette fal­

le , etap res 1’ avoir appelle plu- fieurs fo is , fans qu’il re p o n d it, ne voulant pas etre detourne de l’oc- cupation ou il etoit,elle fe r ’asfura 1’efprit en flm ag in an t qu’il ny etoit

(31)

D O

pas. Si bien que dans cette gran­

de liberte elle repoufe mollement les douces et puiffantes violances de fon am ant, e tla refiftance qu’- elle lui oppofe, n’eft que pour v o ir augm enter fes efforts 5 il foupire, fesyeux ch ereh en t les fiens pour les av ertir du plaifir qu’elle va g o u te r , fes levres im prim ent mille baifers fur fab o u ch e, et fes m ainstoutes de feu lafaisfisfent et la couchent fur un placet. A lors roulantdes veux etingellans, il fait voir des cuilTes toutes nues plus blanches que l’iv o ir, et de- co a v re ce tem ple de l’amour ou il avoit deja offert tant de viftim es.

A p ein e avoit il force les prem ie- res entrees, qu’il entendit du bruit,

B 4 e t

(32)

et vit fortir Schelicon du cabinet ouLupanie av o itfrap e,fan s ache- v e r fon facrifige il en f o r t i t , et m em ede la falle avec tant de pre- cipitation qu’il n’eut pas le loifir de pren d refo n ep ee. Lupanie toute emue abaisfantprom tem ent fa jup- p e , f ’ en 1’ ai i i t , et apres l’avoir tiree du foureau, la prefente a Schelicon p aria p o in te, lui par­

iant en ces term es; „ Perges,

„ Perges de mille coups c e c o e u r,

„ que le crim e d’autrui a voulu ,, ren d reco u p ab le, e tn ’epargnes

„ pas une miferable que 1’indigna-

„ tio n d u c ie l a choifie pour etre 5, 1’in fam eo b jetd ela plus effroia- ,, ble brutalite dont 1’homme foit

„ capable. Je m erite la m o rt,

„ puis-

[

32

]

(33)

,, puisquem a fatale beaute etm es

„ re g a rd s, to u t innocens qu’ils

„ 1'ont, ont pu infpirer de fi la-

„ c h e se td e fih o n te u x fentim ens,

„ et je dois repondre mon fang

„ laver le crim e d’au tru i: Mais

„ f ’ il m’eft perm is de vous dire

„ avant ma m ort quelque chofe ,, pour ma juftification; A ppre-

„ nes que fi c elle, qui a eu l’hon-

„ neur d’etre choifie p o u rv o tre

„ fem m e, eft m alheureufe, elle

„ eft innogenteet ne participe

„ point a la faute de cet infame.

,, Je m’etois asfife fur un placet,fur

„ le quel je dorm ois, lorsqu’ a ,, m o n rev eilje me fuis vue toute

„ nue entre les bras de 1’ infolent

„ Cleandre. L e c ie lm ’efttem oin B 5 „ quels

[33]

(34)

„ quelsontetesm esfentim ens e t

„ fila plus effroiable m ort ne m -

„ auroit pas paru plus douge que ,, cette infamie. J e le menaee de r, c rie r, je c r ie , je m e d e ro b e

„ de fes b r a s , je frape a v o tre 5, p o rte , je vous appelle am onfe-

„ c o u rs, je tache a eviter fes vio-

„ lenges et mes ongles im prim ent ,, fur fon vifage les effets de ma

„ foible vengeange. T o u tc e q u e

„ j ’ aurois p u faire auroit toute fois ete in u tile , fi vous n’eusfies p aru p o u r me rendre l’honneur qu’un lache m’alloit ravir. Mais pour quoi retardes v o u s, Sche- lico n , ma m o rt, puisque c’eft j, le feul rem ede des coeurs des-

„ elperes et genereux ? V en g es, ven-

V)

V 35

(35)

[ 35]

„ venges raon injure fur C leandre,

„ je vous redem ande avant m on

„ tr e p a s , et ne vous oppofes plus

„ am es desfeins, ce que le fer

„ n’aura pu fa ire , je 1’ obtiendrai

„ dupoifon. Je dois la p erte de.

„ ma vie a ma propre gloire. Les

„ D am esdeC allopaidiene diront

„ jamais que j ’aie furvecu a une

„ femblable infamie. „ E n fin is- fant fon discours, elle faifit 1’ cpee qu’elle avoit prefente a Schelicon, et qu’il avoit prife, et feignant de fela vouloir plonger dans le fe in , illa lui arrache d esm ain s, en lui p arlant ainfi: ,, Q ualles vous fai-' ,, r e , M adam e, y fonges vous bi-

,, en, p u n iru n ein n o cen ted u cri-

„ me d’un in fo len t, eft ce avoir

B 6 des

(36)

/ . M

des lentimens railonnables et

„ genereux ? Ne craignes vous

„ p o in tlech atim en td eD ieu ? Di-

„ te s m o i, pouves vous etre cou-

„ pables des crim es d*autrui,

„ quand v o tre volonte epure de- ,, telle et les abhorres? II faut ,, donner le confentem ent pour ,, faire le crim e , il vient de lui

„ feul, e tc e tte p u re te q u id e m e u -

„ reau m ilieu des corruptions eil une huile facree qui fe conferve

„ dans des vafes fragiles et im- 3, purs ? Quoi vous pourries vous refo u d re, lui re p liq u a -t-e lle e n verfant quelques larm es, de don- ,, n er encore a cette miferable ce

„ nom illuftre de fem m e, et la ,, pourries vous re$evoir dans vos

bras,

(37)

[ 37]

bras, apres avoir ete arretee par ceux d’un autre ? volis n’y pcnfes pas, Schelicon, quand v o u sc ro ie s, qu’ une fem m e, dontlesinclinationsfont fi no- bles et fi v ertueufes, puifle vous reg ard er apres cette disgrage fans m ourir de deplaifirs „ Sche- licon apres avoir ellaie fes larraes, la careile et lui donne mille baifers, avec des em portem ens plus pasfi- onnes qu’iln ’avoit jam aiseus, foit pargequ’iiravoit trouvee plus belle et plus aim abledans les fiens, ou p ar d’ autres raifons, il 1’interroge, lui demande toutes les petites cir-

conftanges de ce qui f ’ etoit pafle: ■ fie llea v o ite u quelque chatouille- m e n t, et fi Cleandre avoitreilenti

B 7 les

(38)

[ 38]

les dcrniers raviflemens ? Elle lui allure qu’il n’avoit pu par les ef­

forts qu’elle avoit emploies a le re- pouier. E t par cette allurance q u ­ ii reg o it, il concliit qu’il n’y etoit rien alie d u lie n , fi bien que 1’ em- braiFant avec un transport amou- re u x , il la porte fur un lit ; Ha ! vous ne m ’aimes pas lui dit elle, en fe debattans dans fes b ra s, puisque vous etes fi peu fenfible a ce qui to u c h e m o n h o n n e u r! N on, n o n , je ne vous faurois fouffrir et j ’ ai concii tant d’h o rreu r contre tous les hommes enfem ble, apres un femblable affront, que je m’en prendrois volontierem ent a v o u s;

Schelicon fans f'am ufer a lui re- pondre j lu ifait parier en faveur

(39)

[ 39] '

de fon am our, par je ne fai quoi , aqui elle n’avoit jamais pu refifter de fa v ie , fi bien qu’il acheva l’ou- vrage im parfait de 1’amant de fa femme. II eft vrai qu’elle p aru t fi modefte en cette occafion, qu’elle ne voulut jamais confentir, quoi qu’il pu t faire qu’il la regar dat n u e , etelle abaifoit incesfament fesjup- p e s, en d ifan t, q u e c ’e to itc o n tre toutes les regles de la bienfeance e td e rh o n n e u rd e fa tisfa ire les re- gards impudiques d’un mari. Cle- andre qu’il avoit entendu de la cham breprochaine ou il etoit re- f te , ce qui f'eto it palle entre Sche­

licon et L upanie, avoit 1’efprit a- gite de transports furieux, et com ­

me

(40)

ime illa vit en trer dans cette meme ch am b re, fansriens confulter, il f'ap p ro ch a d ’elle , et lui tin t ce

„ difcours:jefuisdonc,M adam e ,

„ cette m alhereufe v iftim e , que

„ vous aves choifie pour etre fa-

„ crifiee a vos infames plaifirs, il vous en falloit u n e , vous aves

„ fait to m b erle choixfur m oi, et

„ p a ru n e x c e s de cruaute fans e-

„ gale vous m’ aves rendu le te- ,, m o in le ju g e e tle b o u rre a u de

„ mes propres f jp p lic e s , la

„ bouche toute m ouilleede mes

„ baifers , les yeux pleins de re-

„ gardsam oureux, le co eu rrem -

„ pii de foupirs en ma fa v e u r, 1’.

„ ame touchee d’unenoble et di- s; vine em otion 3 vous vovis alius

jet-

(41)

M

„ je tte r dans les bras d’un autre eri

„ ma prefenge, et apres que j1 ai

„ allume dans v o tre arae un beau

„ feu , vous le lailles eteindre par ,, lesbrutaux e th o n teu x embras-

„ femens duplus v il, et du plus , infame de tous les homines. Si vous fufpendies , repondit elle , Cleandre vos reffentimens, je vous ferois afles facilem ent com pren- dre que comme c’eft vous feul qui aves a|lum c cette belle flamme dans mon c o e u r, vous feul ausli 1’aves eteinte. N’eft il pas vrai que l:ame n’elt fenliblc q'a’a c e q u e 1’ imagination reprefente et que puisquela mienne n’etoit rem plie dans les plus douxravisfem ens du p laillr, que de v o tre id ee, je puis

bien

(42)

bien d ire , que par vous je 1’ ai vue naitre, et que pour vous je l’ai vue m ourir. HaJ m alaifem ent, re- pliqua C leandre, quand on prete le c o rp s , l’ame fe p e u t defendre d e le fu iv re , et cette union ne fe ro m p tp o in t fans de grandes vio­

lentes. D ites p lu to t, Madame , que vous n’aimes pas C leandre, rnaisque v o u sn ’aimes qu’un hom- m e e n lu i, et il vous repondra, que f ’ ilvous a aimee il detefte c e tte am our, comme la plus in­

digne foiblefle dont il a ete capa- b le e n fa v ie , et qu’ a 1’ aveniril vous regardera avec autant de me- pris et d’ h o rre u r, qu’ autrefois vous lui aves paruaim able. E nfi- niffant ces dernieres paroles, il

for-

(43)

fortitbrusquem ent de la cham bre fans vouloir ecouter un m ot de to u t ce que Lupanie avoit a lui dire : ElleVappella bien plufieurs fo ise tm ite n u fa g e tous les artifi­

ces dont elle fe fervo it pour calm er les em portem ens de fes am ans, mais inutilement puisquejamais il

n e la voulut voir n’y entendre de- puis ce jo u r la e t en publia toutes les medifances imaginables. Elle fe confolu afles facilem ent de fa p e r te , par la reflexion qu’ elle fit, de ne pouvoir plus resev o ir fes vi- fites fans de facheufes fuites, apres ce qu’ elle avoit dit a Schelicon.

D e plus il n’etoit pas fi lib eral, qu’il avoit e te , et 1’argent lui m an,

quoit

[

43

]

(44)

quoit fort fo u v en t, outre qu’en a- m o u rle changem ent lui plait inii- nim ent. Elle ne dem eura pas long tem s dans cette vie faineante, elle reco u v rab ien to t un autre am ant, qu’ ilv a lo it bien Cleandre a fon avis: iln e d ifo it pas tan t, mais il en faifoit davantage, et l’heureux partage qu’il avoit eu de la n a tu re , lui tenoit lieu d’efprit et de m erite.

A pres c e la , il en vint un a u tre , puis u n 'a u tre , et enfin elle fit fi b ien , qu’eile ne lailla pas echap- p e r unjeune homme de Callopai- die qui payat de mine fans Pim lrui- re de fon fort et de fon fo ib le ; Ce- pendant cette vie libertine fut fue dans toute la v ille , tant par leur indiscretion que par la veine faty-

rique

[4 4 ]

(45)

M

rique de C lean d re, qui fit cette E le g ie :

J ’avois c r u jusqu*ici q » ’ausfit6t qu ’une foU' . Un c o eu r a v o i t r e £ u les a moure uf es 1 ois ,

Il ne f o n t o i t plus c a p a b l e de la haine

E t t o u j o u r s e t o i t p r e t , de r e n t r e r dans fa chaine*.

J e c r o j o i s qu*un o b j e t q u a n d on a pu 1’a i m t r Siit le c hemi n d ’un c o e u r qu’il a v o i t fu c h a r -

m e r ♦

E t m a l gr e le d e p i t p o u v o i t t o u j o u r i p r e t e n d r e A r e e a g n e r im c o e u r q u i f a i t mal fe defendre,- Ausfi j u s q u ’a p r e f e n t cr ai nt e d ’e t r e furpris J ' e v i t o i s avec foin de r e nc on t re s - Icis»

C r a i n t e que de fes y e u x la p e n e t r a n t e f k m c N e f u t e n c o r e t r o u v e r le chemin de mon amc*

J e ne me c r o j o i s pas e n c o r e bi en aflfermi.

J e r e d o u t o i s les co up s d ’un fi g r a n d e nn em i . M a l g r e les divers t o u r s de fon ame infi dele J e me fentoi s e n c o r u n f o n d d ’a m o ur p o u r elle*

Mais j ’ai vu du d e p u i s que ce refte d ’a r d e u r E t o i t dans m o n e f p r i t p l u t o t que dans m o n

c oeur »

E t ce c o e u r a connu que q o u r et re fon m a i t r e I l n ’aYoit feulement qu*u d e l i re r de 1’e t r e .

JaToie

(46)

- JavoIibiCH evitc fa vue cn mille Hcnx

Q u a n d un jour lc hafard la fit voir a mes y e u x j D a b o r d plus interdit qu’unc jeunt bergere Q u itr o u v e le ferpent cache fons la fou gere , Jfc r o u g i s , jc p o l i s , j c c h a n g e a i mille foi*

J e reftai fans c o u l e u r , fans h al ei ne et fans voixs l i n e m o r n e l a n g e u r me cauf ami l le pei nes U n e f r o i d e fueur g l a ^ a t o u t e s mes v e i n e s , E t je pus affurer d an s c e p r o m t m o u v e m e n t

Q u e la c r a i nt e d ’aimer me fit p a r o i t r e a m a n t t M a is q u a n d j ’eus difiipe c e t t e p r e m i e r e idc e 9 1 Q u i c a p t i v o i t mes fens et m o n ame obfede'e J

A la fin mo n d e p i t fe t r o u v a le plus f o r t E t ju jques a ia vo ir j e p o r t a i m o n elfort*

A h ! que dans c e m o m e n t m o n ame f ut v a n g a e * D i c a x ! q u ’elle me p a r u t haisfable e t c h a n g e t Sa taille me d e p l u t , fon air me fit p i t i e , Sa b o uc he me p a r u t plus g r a n d e de m oi t i ^

Ses yeu x f u r e n t p o u r moi languisfans e t f t u p i d e * Ses l t y r e s et fes d e nt s me f e m b l e r e n t l i v i d e ? , S o n t e i n t que je t r o u v o i s a g r e a b e e t f l e u r i M e p a r u t t o u t fouille des baifers d ’un m a ri , Ausfi bien que de ceux , qui la f acha nt p u b l i q u e Y v e n o i e n t c o n t e n t e r l e u r a m o u r i mp u di qu e:

Au t ra v e r s d’s n m o u c h o i r de repli» un d o y a n s

J*

(47)

Je v?* deux g r o s t e t c n s t o u t ri d^ s t t p en d a B i J e c r o i s que t o u t e x p r e s le h a f a r d p o u r me

p l a i r e

I a f i t f o t t e ce j o u r p l u s qu’a f o n o r d i n a i r e : Jamais pour fon malhcur elle n’eut moins d1

e fp rit ,

Elle a vo i t mauvais air a t o u t ce quelle di t * C e r t a i n e e ff r o n te r i e e t o i t de dans fon amc Q u i f a i f o i t bien j u g e r que c ' e t o i t une i nf ame.

O D i e u x ! d a n i c e m o m e n t que m o n c o e u r fuc ravi

De br i f e r les liens q u ’il P a r o i e n t afTervi I Q u e l e j o u r f u t fieureux qui t e r m i n a f a p e i ne E t q u ’ii f en ti t d e j o i e a f o r t i r de fa c h a i n c : II ne me refta r ien de m o n a m o ur lasfe'

Q u e les h o n t e u x r e m o r d s de 1’avoir mal pl*£e 3 E t fi je f o u p i r a i , ce f ut de IatrilUfTe

D ’avoi r i n d i g n e m e n t p rodigue' ma tendrefle»

P o u r t a n t fans me f lat er je vis plus d ’un regard Q u i f e m b l o i t dans mo n c o eu r d e m a n d e r quel*

que p a r t ;

Mais comme d*un r o c h e r Ia r a ^ i n e p r o f o n d e N e f ’ e b ra nl e j amais p a r les ef f or ts de Tonde 5

Ainfi j e confervai ma r e f o l u t i o n E t ne fenti jamais la m o i n d r e emotiofl.

Iris fut dans ce jour* de mon ame bannie

[

47

]

(48)

[48]

Sans efpoir de pouvoir y rentrer de fa vie , J u s q u e l a , q u ’a p r e f e n t j e me fens du d e p i t Q i r e l l e a i t p u p o u r une h e u r e o c c u p e r more

efprit* r

E nfinonne laregarcfoit plus apres cette elegie qu’avec h o n te e t m e- p ris, et quelque faulle P ru d e,

dont la conduite n’etoit pas plus raifonnable que Ia fienne, mais plus c a c h e e , nefaifoit que parier de fes aetions, de fes rendesvous e t de fes p arties, et publioit haute- m ent fes desordres. E lle v it bien quelle avoit affes fait a Callopai- d ie , e t que ce m etiern e vaut plus rien quand on le profesfe ouverte- m e n t, ii bien qu’elle obligea fon mari d’en fo rtirp a r de fauffes rai- fons, et p ard efein tes confidera- tions domeftiques aux quelles il fe

*

(49)

[ 49]

re n d it, ne fachant ce qne c’efl:que de ne pas fuivre fes volontes, il confentit a fa follicitation de choi- firPottam ie pour fo n fe jo u r, elle preferra cette ville a plufieurs au- tres, pai'cequ’elle avoit appris que les hommes y etoient galands plus qu’en lieu du monde. Elle tacha de prendre d’autres raefures les prem iers jours qu’elle fvit dans cette ville, qu’elle n’avoit fait dans Callopaidie, et refolut de vivre tout d ’une autre maniere pour f ’acquerir un fond de reputation et d’eftim e, elle fit habitude au com m encem ent avecles dames de ce lieu qui pasfoient pour les plus fagesetles plus vertueufes, et par fonefpritplaifant et foum is, elle

G ga^

(50)

gagna ram itie des plus fmceres 9 o n n e peut m ieux contrefaire la P rude et la fevere. Jamais elle ne fervit demeuree d’accord dans au- cun en tretien , qu’il p u t y avoir des femmes dans le monde afles erim inelles pour donner la moin- dre liberte au n h o ram e, e tfo u te - noit que c’ etoit une infupportable p erae, q u an d o n d ilo it dans une asfemblee ou elle etoit quelque chofe quichoquoit tantfoit peula bienfeance, et quittoit la com- pagnie avec un depit fi bien etudie, que le plus fin y auroit ete trorape.

Elle fe contraignit quelques jo u rs, aiais cette vie la degouta b ien to t, et elle donna a juger qu’ un peu Hioins de reputation et plus de

plai-

[

50

]

(51)

plaifir etoit mieux fon f a i t : II n’y avoit pas encore eu un hom m e dansPotam ie qui fe fut. avanture de lui dire aucun dougeur, et fon plus fenfible etoit qu’elle fe voioit obligee de f ’ en te n ir a un tres p e­

tit ordinaire : ce qui fitq u ’elle re - folut de fuivre fon inclination et de

ch e rc h e r une vie plus heureufe : fon m iroir 1’ inftruifoit afles dupeu de beaute qui lui refhoit, et elle voioit bien que fes deux grosfesfes lui avoient fait perdre cet eclat de jeunesfe qu’ elle avoit eu fur le te in t, et diminue le peu de viva- cite qu’on avoit vu dans fes yeux.

P our reparer ces defauts elle eu t recours au fard, et durouge et du blanc, elle f ’ em brunta une beaute

C 2 qu’el*

(52)

M

qti’ elle ne devoit qu’ elle feule et ou 1’ art avoit mille fois plus de p art que la nature. Si elle eut en fuite de la fe v e rite , ce ne fu t plus que dans le grandes aflem blees, et feule dans quelque alcove avec un homm e d ’untem peram ent amou- r e u x , elle auroit ete bien plus trai- ta b le , elle n’ attandoit plus que quelqiVun fe decouvrit pour le ren d re h e u r e u x e t fuffit qu’ elle 1’aimoit deja par avance fans favoir fonnom nifon m erite. Celui qui franchit le prem ier pas fut un Moine defroque qui avec quantite de petites lafines qu’il avoit faites lu r fa penfion viagere avoit fait un fo n d d e quelques piftoles qui ne lu ife rv ire n tp a sp eu pour avanger

fes

(53)

[ 53]

fes affaires. C em oine fe notnme A n to n in , il eft d’une taille grande, menue et mal fournie, fa tete e t fes yeux penchent inceliam ment con- tre terre depuis fon N oviciat, fon vifage eft long et fort fe rre , deux gros os couvert de peau ridee font laform e de fes jo u e s , au deflous des quelles on voit deux grands c re u x , fes yeux font enfonces fi avant dans la tete qu’ a peine en peut on decouvrir la c o u le u r: fon m enton eft pointu, fon nes cro- c h u , fonteint d’u n b ru n des plus enfonges, et la nature pour aifor- tir ce vifage a u lie u d e c h e v e u x lu i a donne deux grandes oreilles qui r e le v e n t fo rt haut enfaifant un effet asfes p laifant: II ne manquc

C % pour-

(54)

fmm

[54J

jjourtant pas d’e fp rit, et f explique asies agreablem ent, au refte vain d efo n fav o ir, m aligieux, a d ro it, fo u rb e , et pendart tout ce qu’on le peut e tr e , il f etudie d’ avoir un efprit doux dans la converfa- tio n , et avec une faucet affette, il fe radougit en pariant comme une ridicule precieule. Quoi que p lu sm alfait, que je ne vous 1’ ai d e p in t, il n’eut pas grande peine a obtenir ce qu’il fouhaitoit de Lu­

panie. Ce qui fe vend on 1’ a tou- jours pour de 1’ a rg e n t, iln ’y a que m aniere a le c h e rc h e r; la pre- m iere fois qu’illa v itelle fe pro- m enoit fur les rem parts de Potta- m ie, et comme elle f ’ appergut qu’ il avoit les yeux fortem ent at-

tachcs

(55)

[ 5 5 ]

taches fur e lle , elle c ru t qu’ il en avoit dans 1’ aile ; fi bien que pour 1’ engager davantagc, elle arrete fesregards a fonvifage ave c une langueur etu d iee, et feignant d’

etre furprife par le fiens, elle rou- g it, et baisfa la vue avec une pu- deur fi bien affe&ee que qu’il ne lui falut pas plus pour augm entcr fa pasfion. Sur cette foible conjectu­

re de n’etre pas regarde to u t a fait indifferem ens, il refolu d’avoir a quelque prix que fe f u t , fon entre- tie n e t debuta comme un finm oi- n e p a r 1’amitie de fon mari. Des qu’ il eut reconnu que tout fon plai­

fir etoit de p affer les journees en- tieres dans le repas et dans le je u , ille traitat afles fouvent, fit plu-

C 4 fieurs

(56)

fieurs parties de je u , et fe rendit fi necefiaire aupres de lui qu’ il ne pouvoit re ile r un mornent fans le v o ir; le tem sdevendanges arriva o u ch acu n aco u tu m e defe retirer a la campagne. Schelicon pro- pofa a A ntonin de le fuivre , ce parti favorifoit trop fon amour pour le re fu fe r: iis partirent avec Lupanie et allerent refpirer ce douxair decham ps. Antonin ne fu t pas fi to t arrive qu’ilrefolut de prendre fon tems pour decouvrir fon amour a L upanie, et apres a voir manque plufieurs fois fon co u p , comme un jour Schelicon dorm oit apres le d in c, il la fut tro u v er fousune grande allee d’ar- bres ou elle revoit feule enprenant le

(57)

M

le frais, il ne manqua pas cie pfofi- te r d’une fi belle occafion pour lui decouvrir fon a m o u r, lui dit tout ce qu’un coeur peut concevoir de tendre et de pasfionne, et fu t fi heureux dans cette converfation qu’onlu id o n n alieu de to u t efpe- r e r , ausfi bien que dans les autres.

Mais comme il eft fo rtp ro m t, iln e f ’ en tint pas la , ilvoulut favoir jusques ou fon bonheur pouvoit a lle r , la connoisfance qu’ il avoit de fon efprit intere ile lui fit hafar- der une lettre concuc en ces teiv m es: u je croirois anner en N o - v ic e , M adam e, fi pour vous

„ expliquer ma pasfion, je vous

„ parlois de foupirs,de langueurs,

„ de douges inquietudes; mon C 5 „am our

(58)

j, am our eft trop male pour f oc-

„ cuper a ces jeux enfantins, il ,, me faut du fo lid e; et les regards

„ languiilant de ces amans vifion-

„ naires qui ne goutent le plaifir ,, d’ etre aimes que par imagina-

„ tion, ne me touchent point. Ce

„ beau feu que l’amour allume

„ dans nos coeurs n’ eft pas fait

„ pour f'ev ap o rer par des regards

„ languillans et par de tendres

„ foupirs, la nature lui a donneun

„ conduit plus commode et plus

„ doux. Quancl on eft aime de

„ ces foibles am ans, on doit f ’en ,, tenir a de fimples paroles et a

„ des protcftation d’une tendreffe

„ cliim erique, c’e ftu n e c rim e d ’.

7, etat parm i eux que de parier d'-

„ar-

[58 ]

i

(59)

„ argent et des qu’on devient mer-

„ ce n a ire , on cft haiflable. Pour

„ moi qui en agis tout d’une autre

„ m aniere, et qui n’ai pas fait mon

„ principal des foupirs, je veux

„ vous offrir m ab o u rfe, et fi. vous

„ me donnes ce foir une h e u r ,

„ vous verres mon fond et ce que

„ jepuis faire pour vous.,, Elle fit cette reponfe, qu’elle luiglilla fe- crettem ent dans fa p o ch e, pen­

dant qu’il joiioit avec fon m ari:

„ Quoi que je n’aiepas biens com- ,, pris le fens de v o tre le ttr e , j ’ y ,, trouve pourtant quelquechofe ,, de fort agreable, et d’un bon

„ raifo n n em en t: fi vous voules ,, m’en donner 1’ explication apres

„ fouper, je tacherai d’imaginer

C 6 „un

[59]

(60)

5, un moyen pour vous entretenir

„ en particu lier,, L a le ttre qu’a- voit ecrite A ntoninfut fi malheu- reufe , qu’apres que Lupanie l’eut lu e , elle tomba par terre en tirant fon m ouchoir et fu t trouvee par Schelicon au milieu de lacham - b re , q u ila lu t toute entiere et en p aru t fort chagrin. Lupanie qui l’_

avoit cherchee par to u t, fans la pouvoir tro u v e r, voiant fur fon vifage cette morne froideur et cet- teinquietude , qui rieto it pas or- dinaire, juga qu’elle etoit fans dou- te v e n u e e n tre fesm ains: fi bien q u e p o u rjo iiera u p lu sfin , elle f ’- approcha de lui comme il re v o it, et en lui pallantia m ainfur le vifa­

g e, le careflant et le baifant, elle ' lui

[60] '

(61)

M

lui demanda le fujet de fa melan- c h o lie , et fans lui donner le tems de repondre, voules vous gager lui dit e lle , que to u t chagrin que vous etes, je vous fais rire , fi je vous racontelaplus agreable cho- fe du m onde qui m’eft arrivee : Je fuis bien obligee, M onfieur, a- jo u to it elle avec un fouris malici- e u x , de fouffrir que vos amis m;- envoient des billets pleins d’im- pertinance : V o ies, reprenoit el­

le , enfoiiillant d a n sfap o ch e, e t feignant d e c h e rc h e r la lettre d’

A ntonin, c e q u ’on m ’e c rit, a qui doit on fe fier apres cela ? A n to ­ nin ce corps m ourant, ce vifage rid e e ta ffre u x , cefquelette have et decharne me parle d’amour et

C 7 p re-

(62)

M

pretend fubornerm a v ertu ! vous ne croioiries jamais, lila le ttre que je vaivous m ettre entre les mains n’en etoit une preuve irrepro- chable. E nceflant de p arier, el­

le foiiille tan to t dans une po- c h e , tan to t dans l’a u tre , fort ce qui etoit dans les deux , cherche dans fa ju p e , la d e ta c h e , f ’ impa- tiente d e n e la pouvoir tro u v er lorsque Sclielicon disfipant fon pi’em ier foupgon, lui prefente fansm otdire. Q uoi, lui dit e lle , vousetes donc deconcert a me jou- e r , et il vous en donne une c o p ie : N o n , lui repli qua - 1 - il, en fe ra- douciflant, c ’ eft la meme que vous aves p e rd u c , a c e q u e je p u is com prendre, et que j ’ai trouvee

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