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La position de l'évéque de Rome dans le collège épiscopal

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Academic year: 2021

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Edward Sztafrowski

La position de l’évéque de Rome dans

le collège épiscopal

Collectanea Theologica 50/Fasciculus specialis, 133-160

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C o lle c ta n e a T h e o lo g ic a 5 0 (1 9 8 0 ) fa sc. sp e c ia lis ED W A R D SZT A FR O W SK I, W A R S Z A W A-KIELCE

LA POSITION DE L'ÉVÉQUE DE ROME DANS LE COLLÈGE ÉPISCOPAL

En raison de la succession sur la chaire de Pierre, l'évêque de Rome occupe une position particulière, tan t dans le peuple de Dieu tout entier que dans le corps du collège episcopal. De cette m aniè­ re apparaît en quelque sorte le double rôle de l'évêque de Rome, comme p asteu r de l’Eglise universelle et comme tê te du collège episcopal. Dans nos réflexions, nous tiendrons com pte essentielle­ m ent de ce second rôle ou plutôt du service, ce que suggère l'én o n ­ cé du sujet. Il nous arriv e ra cependant de nous référer à son p re ­ m ier rôle.

Bien que l'enseignem ent sur la collégialité des évêques ait été officiellem ent présen té pour la prem ière fois dans les docum ents de V atican II, le problèm e cependant était actuel depuis les débuts. En effet, pour bien com prendre l'enseignem ent du dernier concile, il faut, suivant en cela l'exem ple des pères conciliaires, rem onter aux textes de l'E criture Sainte et à l'histoire de l'Eglise. Dans ce d ernier cas, il s'agira avant tou t de l'h isto ire des conciles qui fu ­ ren t d uran t un long laps de tem ps pratiquem ent la seule form e de l'activ ité collégiale des évêques. On com prend que la présentation du problèm e tel qu'il se présentait avant V atican II tiendra compte des seuls faits les plus caractéristiques.

1. Le collège apostolique

La constitution conciliaire Lumen gentium introduit sa contri­ bution sur le collège episcopal par la référence au collège aposto­ lique créé par le C hrist lui-même. Et c'est le collège episcopal qui en est le successeur. Il faut donc rem onter aux pages du N ouveau Testam ent.

Le groupe des apôtres apparaît nettem ent d u ran t la vie publique du C hrist. Il est caractéristiq u e que les trois synoptiques ont parlé expressém ent du choix des „Douze". Il est v rai que chacun des évangélistes donne des détails différents concernant l'appel de certains apôtres, m ais indépendam m ent de ces détails tous réser­ v en t une place spéciale à la description de la constitution du groupe

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des ,.Douze”1. A p a rtir de ce moment, les apôtres apparaissent comme un groupe précis, se ten an t toujours auprès du M aître qui parle, groupe auquel il enseigne avec patience tous les détails qui concernent le Royaum e de Dieu2. C 'est à ce groupe aussi que le C hrist ressuscité a donné le pouvoir de p rêch er l’Evangile3. A près l’A scension les apôtres ont pensé q u ’il fallait com pléter le groupe par le choix d'un nouvel apôtre en rem placem ent du traître Judas. Le choix fut fait au Cénacle, d urant les jo u rn ées d ’atten te de la D escente du Saint Esprit4. De cette m anière, le jo u r de la m anifesta­ tion publique de l ’Eglise3, le groupe com ptait à nouveau „Douze" apôtres.

Q uand nous analysons les textes bibliques nous arrivons à la conclusion bien fondée que le term e des „D ouze” ne concernait pas tellem ent le nombre, mais qu'il avait un sens technique6. Il est devenu le synonym e du groupe des personnes que le C hrist a fait apôtres. Car, nous rencontrons dans l’Evangile des situations où l’auteur inspiré em ploie le mot „Douze” (en grec dodéka), alors q u ’en réalité tous les apôtres n ’étaien t pas p résen ts7.

Cependant, pour avoir un tableau complet, il faut observer le rôle de Pierre, tan t par rapport à l’Eglise que par rapport aux au tres apôtres. C ’est le second cas qui nous in téresse ici: la position de Simon dans le groupe des „Douze”. Or P ierre est présenté, sans au ­ cun doute, comme le prem ier du groupe. C’e st ce qu’indique une série de faits en registrés par les évangélistes, à com m encer par le symbolique changem ent du nom lié à sa vo cation8, à trav ers la p ré­ férence m anifestée à P ierre par le M aître9, ju sq u ’à la transm ission du pouvoir sur toute l'Eglise, le groupe apostolique y compris.

Quand il s'agit des paroles du C hrist qui m ontrent le rôle de P ierre parmi les „Douze”, il faut se rappeler d ’abord la prom esse de la prim auté qui lui e st faite après sa profession de la mission m essianique du M aître: „Tu es Pierre et sur cette p ierre je bâtirai mon Eglise... Je te donnerai les clefs du Royaum e des cieux; to ut

1 „II m o n te dan s la m o n ta g n e e t il a p p e lle c e u x q u 'il v o u la it. Ils vin ren t à lu i et il en é ta b lit d o u z e pou r ê tre a v e c lui et pou r le s e n v o y e r prêcher..." (Me 3, 13— 14). Cl. M t 10,1 s s.îLe 6 , 12 ss.

2 C l. p. ex. M t 13, 10— 23, 36— 43. 3 C l. Mt 28, 16— 20; M e 16, 14— 15. 4 A c 1, 15— 26.

5 Le dernier c o n c ile a r a p p elé que du c ô té du C h rist m ourant sur la cro ix e s t n é le m e r v e ille u x sa c r em e n t d e l'E g lise (S a c r o s a n c tu m C o n c i li u m n°5,2. Cf.

L um en g en liu m n ° 3,1).

6 In d iq u o n s e n p a ssa n t q u e l'E criture S a in te n e se sert p as du term e rom ain „ c o llè g e '1.

7 Cf. en tre au tres Jn 20, 24; 1 С о 15, 5. Pour p lu s d e r e n se ig n e m e n ts cf. H. L a t t a n z i , Q u id d e E p i s c o p o r u m „ c o ll ë g ia l i ta t e " e x N o v o T e s t a m e n t o s e n ­

t ie n d u m sit, Rom a 1964, p. 10— 11.

8 Jn 1, 42. 9 Ci. Le 5,3.4.10.

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ce que tu lieras sur la te rre sera lié aux cieux, et tou t ce que tu d élieras sur la te rre sera délié aux cieux" (Mt 16,18— 19). Sans doute est-il question ici du rôle de P ierre par rap p o rt à to ute l'Eglise, mais il convient de souligner q u 'a été m ontrée indirectem ent la position de P ierre dans le groupe apostolique. Du moment que Simon doit être la pierre de toute l'Eglise, il d evra aussi être la p ierre du g ro u ­ pe des „Douze".

Saint Luc nous transm et les paroles du C hrist qui m anifestent en core mieux la position de Pierre dans le groupe apostolique: „Si­ mon, Simon, Satan vous a réclam és pour vous secouer dans un cri­ ble comme on fait pour le blé. Mais moi j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne disparaisse pas. Et toi, quand tu seras rev en u affermis tes frères" (Le 22, 31—32) Il convient de rem arquer que Jésus a dit ces paroles après la dern ière Cène, et donc seulem ent dans le groupe des apôtres. C 'est pourquoi par „Frères" il faut entendre avant tout les apôtres.

Enfin saint Jean raconte la scène qu'on appelle à juste titre la rem ise de la prim auté à Pierre. En effet il a reçu du Seigneur l'ord re formel: „Pais mes agneaux... pais mes brebis" (Jn 21, 15— 17). Cet o rd re a été répété trois fois, et alors que pour la prem ière fois le C hrist avait dit: „Pais mes agneaux, il dit ensu ite p ar deux fois: „Pais mes brebis". Beaucoup de Pères de l’Eglise ont vu dans cette distinction des „agneaux" et des „brebis" une intention form elle du M aître d'englober to u t le monde: les pasteurs et les fidèles. Bien que les exégètes contem porains ne soutiennent pas toujours cette distinction, considérant comme des synonym es les term es „agne­

aux" e t „brebis", néanm oins c'était certainem ent la volonté du C hrist que le rôle pastoral de P ierre s'étendît à tout le peuple de Dieu, le groupe des „Douze" y compris.

Sont égalem ent im portants les récits des A ctes des Apôtres, p ar­ ce qu'ils présen tent l'histoire de l'Eglise prim itive. Or, ici encore, le rôle singulier de P ierre est souligné dès le prem ier moment. C’est lui qui, le prem ier, prend la parole quand il s'agit de choisir un nou­ vel apôtre à la place du traître Judas (Ac 1,15). Le jo u r de la Pen­ tecôte, Pierre se p résente avec les onze apôtres et il parle seul au nom du groupe „d'une voix forte" (Ac 2,14). C 'est lui qui guérit le boiteux de naissance (Ac 3,6 ss.); e t quand plus tard on apportait les m alades sur des lits et des civières, tous voulaient qu'au moins l'om bre de P ierre touchât l'unou l'au tre (Ac 5,15). A la lum ière de ces faits Simon apparaît nettem ent comme le „rem plaçant" (vi­ caire) du Christ.

D 'autre p art nous apprenons de la même source que P ierre n 'a­ gissait pas seul: surtout quand, dans les affaires im portantes, les au tre s apôtres agissent de concert avec lui. Bien plus, à côté des

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apôtres, apparaissent des „anciens" à plusieurs rep rises10. Ce te r­ me semble indiquer la même chose que les „p resby tres"11, ce qui n'au to rise pas cependant à m ettre le siqne d’égalité en tre le con­ ten u ancien e t actuel du mot „p resb y tre"12. Q uand il s'agit de la p ri­ se collégiale d ’une décision, l’exem ple classique est fourni par le „concile de Jérusalem ". Saint Luc raconte: „Les apôtres et les an ­ ciens se réu n iren t pour exam iner cette affaire". La suite du texte, et surtout le contenu de la décision prise indiquent nettem ent une action collégiale non seulem ent des apôtres avec P ierre à leur tête, mais égalem ent des anciens avec les apôtres: „D’accord avec toute l'Église, les apôtres e t les anciens décidèrent alors de choisir dans leurs rangs des délégués... Ils leur en v o y èren t une le ttre disant: Les apôtres, les anciens et les frères saluent les frères d ’origine païen­ ne... L'Esprit Saint et nous-m êm es (c.à.d. les apôtres et les anciens) nous avons en effet décidé..." (Ac 15,22—23.28).

2. Le collège episcopal avant Vatican II

En passant en rev u e les tex tes inspirés du N ouveau Testam ent nous avons pu nous convaincre que le C hrist a donné à l’Eglise une stru ctu re hiérarchique, m ettant comme fondem ent les apôtres13, parm i lesquels Simon P ierre occupait la prem ière place. Il est ce­ pendant clair que la stru ctu re établie d ev ait être durable; c’est pourquoi le groupe des „Douze" devait tro u v er son successeur. On peut dire que nous voyons certains d ébuts de cette prolongation dans le groupe déjà cité des „anciens". La suite de l'histoire de l'Eglise indique nettem en t que le collège episcopal est devenu le prolongem ent du groupe apostolique.

A. E p o q u e p a t r i s t i q u e

Pendant les persécutions il n 'ex istait pas de conditions e x té ­ rieures pour le m aintien de contacts plus étro its en tre les évêques, et par là-même e n tre l’évêque de Rome et le reste du groupe des évêques, ce qui eût mis en plein relief la position de la tête du

10 D e la m a n iè re la p lu s p r é c ise au m om en t du „ c o n c ile d e Jéru salem " (cf. A c 15,6. 22— 23. 28). Cf. a u s si 11,30; 16,4 e t 21, 15— 26.

11 Cf. S. N a g y , P r e z b i t e r z y w p i e r w o t n e j g m i n i e j e r o z o l i m s k i e j (Les p r e s­ b y tr e s dan s l ’a n c ie n n e co m m u n a u té d e Jéru sa lem ), R o czn ik i T eo lo g ic zn o -K a n o - n ic zn e 8 (1961) fa sc . 1, p. 20 s s .; G. D ’E r c o l e , K o l e g i a k a p ł a ń s k i e w p i e r w o t ­

n y m K o ś c i e l e (Les c o llè g e s p r e sb y té ra u x dan s la p r im itiv e E g lise), C o n ciliu m

(éd. P allottin u m ) 1965/66, p. 569 ss.

12 Pour p lu s d e r e n se ig n e m e n ts cf. en tre au tres J. S t ę p i e ń , E k l e z jo l o g i a

ś w . P a w ia (L’e c c lé s io lo g ie d e s t Paul), P ozn ań 1972, p. 334— 339; S. N a g y , H i e ­ ra rch ia k o ś c i e l n a w o k r e s i e m i s y j n e j d z i a ł a l n o ś c i ś w . P a w ia (La h iéra rch ie e c c lé ­

sia stiq u e au tem p s d e l'a c tiv ité m issio n n a ire d e sa in t P aul), R o czn ik i T e o lo g ic z n o - -K a n o n iczn e U (1964) f. 2, p. 67 ss.

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collège episcopal. Nous avons pourtant sur la m atière des tém oig­ nages précis ém anant de cette époque. Il im porte de citer les d é­ clarations des Pères de l'Eglise e t des écrivains ecclésiastiques, surtout de la période proche des tem ps apostoliques.

Saint Ignace d'A ntioche (î 107), tém oin im portant de la tradition) parce qu'il était disciple des apôtres) parle non seulem ent du rôle de l'évêque dans une com m unauté particulière, non seulem ent de la collégialité des évêques, mais aussi du rôle de l'évêque de Rome. Il souligne notam m ent le fait que l'Église de Rome préside {c.à.d. di­ rige, gouverne) à toute la com m unauté des fidèles, et donc à l'Église universelle qui se com pose de com m unautés dirigées par les év ê­ ques locaux14. La constatation de la „présidence” de l’Église de Ro­ me doit être com prise en ce sens qu'elle dirige toute la commu­ nauté des fidèles, c.à.d. de l'Église universelle et oeci dans tous les domaines de sa vie: doctrinal, liturgique et sacram entel15.

Saint Irénée (î v e rs 202) souligne la prim uaté de l'Église de Rome et la nécessité d'une rencontre de toutes les Églises dans l'Église de Rome, où est toujours conservée la tradition apostoli­ que16.

T ertullien (t vers 222), bien qu'il ne p ren ne pas position sur ce point, reconnaît cependant la prim auté de l'Église de Rome e t de son évêque. Le plus souvent on cite ses paroles sur le pape C allixte qu'il appelle Episcopus episcoporum 17.

N ous trouvons beaucoup de déclarations très n ettes dans saint C yprien (i v ers 258). Ses constatations ont d 'au tan t plus de poids que ce Père de l'Église a précisém ent beaucoup parlé de la collé­ gialité des évêques. Il e st le prem ier à avoir em ployé le term e de „collège episcopal”18. Or, saint C yprien constate en tre autres, que sans doute après sa résurrectio n le C hrist a transm is à tous les apôtres le même pouvoir, mais pour m anifester (maintenir) l'u n ité il a établi une seule chaire, décidant qu'elle p ren d rait ses débuts d'un seul (Pierre)19.

34 E p is tu la a d R o m a n o s , in scr. (E n c h ir id io n P a tr is ti c u m n ° 52).

35 Cf. J. S a r a i v a M a r t i n s , D e d o g m a t i c o c o i l e g i a l i t a t i s e p i s c o p o r u m

f u n d a m e n t o se c . C o n s . ..Lum en g e n t i u m ", C la retia n u m 5/1965/51.

36 A d h an c e n im e c c le s ia m , p ropter p o (te n )tio re m p rin cip a lita tem , n e c c e s s e e st om n em c o n v e n ir e e c c le s ia m , h o c e st, e o s q u i su n t u n d iq u e fid e le s , in qu a se m p e r ab h is, qui su n t u n d iq u e (vel: qui p ra esu n t e c c le s iis ) c o n se r v a ta e s t ea q u a e e s t ab a p o s to lis tr a d itio ” (A d v. h a e r e s e s , III, 3,2 — Enchir. P a tr is t. n ° 210).

37 Cf. J. S a r a i v a M a r t i n s , art. cit.' p. 54.

38 Cf. S c h e m a C o n s t i t u t i o n i s d e E ccles ia , T y p is P o ly g lo ttis V a tic a n is 1964, p. 89.

39 „H oc eran t u tiq u e et c e te r i a p o s to li q u o d fu it P etru s, pari c o n so r tio p ra e­ d iti et h o n o ris et p o te s ta tis , sed ex o rd iu m ab u n ita te p r o ficiscitu r (et prim atus P etro datu r), ut e c c le s ia C h risti un a (et ca th ed ra una) m on stretu r" (De c a t h o l i c a e

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Saint Ephrem (ï v ers 373) constate que le Seigneur a établi P ier­ re fondem ent de la sainte Eglise, qu'il est celui qui surveille la con­ struction entreprise p ar les autres; si les co n structeurs de l'Église élevaient quelque chose de non convenable, lui, le fondem ent, de­ v ra it les arrêter. P ierre e s t la tê te de la source à laquelle nous puisons l'enseignem ent du Christ...20

Ces déclarations, pro v en an t de la prem ière période patristique, constituent un tém oignage suffisant sur la position du successeur de P ierre dans le groupe episcopal. Elles soulignent que P ierre et ses successeurs ont reçu la prim auté pour être le principe d'unité dans toute l'Église. Ces déclarations de caractère essentiellem ent doctrinal tro u v en t leur confirm ation dans l'action des évêques de Rome qui, dès les débuts, n ’avaient pas seulem ent conscience de leur position à la tête de l'Eglise et des évêques; ils en donnaient une expression pratiq u e e n p ren an t la parole chaque fois qu'il en était besoin. Déjà C lém ent de Rome (92— 101) écrit une le ttre à la loin­ taine C orinthe pour ram ener la paix dans la com m unauté ecclésia­ le locale21. Q uand v ers la fin du 2e siècle s'élev èren t les discussions sur la date de la fête de Pâques, V ictor I (189— 199) prend la parole e t m enace des peines ecclésiastiques ceux qui se séparent de la tra ­ dition rom aine. Nous avons donc des exem ples du pouvoir „univer­ sel" d'infliger des peines qui rev ien t au successeur de P ierre22. De même Etienne I (254—257) in terv ien t dans la pratique erronée qui consiste à ré itére r le baptêm e fait par les hérétiq ues e t il contrain­ dra les évêques d'A frique à m aintenir la p ratiq u e de l'Église ro ­ m aine23.

B. L'é v ê q u e d e R o m e e t l e s c o n c i l e s o e c u m é n i q u e s

La cessation des persécutions créa la possibilité de faire des réunions d'évêques; celles-ci p renaient un caractère plus universel. On les appela d'abord „synodes oecum éniques"24 ou conciles oecu­ méniques. Elles d ev in ren t une forme plus visible de la réalisation

20 H y m n i e t serm o n es. S er m o n es in h eb d om ad am sa n cta m , 4,1 (E n c h i i . Pa-

trist. n ° 706).

21 E pistula a d C o r i n th io s I, (Enchir. P atr is t. n ° 11 ss.). Cf. J. S a r a i v a M a r ­ t i n s , art. cit., p. 62 ss.

22 J. S a r a i v a M a r t i n s , op. cit., p. 63. 23 Ibid., p. 67.

2i P ro p o rtio n n ellem e n t c e so n t le s é v ê q u e s d 'A s ie M in eu re qui se r é u n issa ie n t le p lu s so u v en t. N o u s en p o s s é d o n s t ie s m en tio n s d è s la 2e m o itié du 2e s. (vers 175). P eu ap rès n o u s o b s e r v o n s le m o u v e m en t sy n o d a l à R om e et en A fr iq u e et dan s le s au tres c e n tr e s im p o rta n ts d e la v ie c h r étien n e — cf. H. B o g a c k i ,

T eo r ia s o b o r u p o w s z e c h n e g o w p r z y g o t o w a n i u i o b r a d a c h I S ob oru W a t y k a ń s k i e ­ go (T héorie du c o n c ile o e cu m é n iq u e dan s la p rép aration et le s d is c u s s io n s du

C o n cile V a tic a n I) W a r sz a w a 1965, p. 67; H. M a r o t , C o n c i l e s a n t é r i e u r s et

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du pouvoir par le collège episcopal. C 'est la raison pour laquelle les Pères du concile V atican II, voulant dém ontrer le caractère collégial e t la natu re de l'épiscopat, citent en prem ier lieu les con­ ciles oecum éniques23. Etudiant la position du successeur de P ierre dans le collège episcopal, il faut apporter une atten tion spéciale à sa position par rapport au concile oecum énique.

Comme on le sait, on énum ère 21 conciles oecum éniques. La question de les considérer comme oecum éniques, surto u t en ce qui concerne les prem iers, est le résu ltat d'un décom pte ultérieur. Ce décom pte n 'était pas toujours dicté par l'universalité de la réunion; le plus souvent ce qui a décidé, c'étaient les affaires qui y étaien t discutées. Le prem ier synode qui lui-même s'attrib u a le titre de sy­ node universel, universalis, fut celui de Chalcédoine (451 )26.

Nous distinguons les conciles orientaux e t les conciles occiden­ taux, ce qui puise sa justification dans le lieu et la com position des m em bres de ces réunions. Indépendam m ent de cela il y a aussi d 'autres différences; nous aurons l'occasion d 'en p arler avec plus de précision. Les huit prem iers conciles se tin ren t en fait en O rient et les m em bres en furent presque exclusivem ent les évêques o rien­ taux. Ainsi au 1er concile de N icée (325), sur 318 pères conciliaires, 5 seulem ent v in ren t de l'O ccident27. Il faut po u rtant souligner que les conciles orientaux fu ren t de véritables réunions d ’évêques, et donc qu'ils furent composés uniquem ent de successeurs des apôtres, ce qu'on ne peut pas dire des conciles occidentaux.

Les treize autres conciles furent tenus en O ccident et réunirent, presque dans tous les cas28 les seuls rep résen tants de l'O ccident. M ais ce n'étaien t pas uniquem ent des évêques. Nous y rencontrons des cardinaux, des généraux d'ordres et d 'au tres personnages ecclé­

siastiques sans sacre episcopal.

Ce qui nous intéresse ici en prem ier lieu c'est la position de l'évêque de Rome par rapport aux conciles oecum éniques. Il faut souligner que les conciles orientaux furent convoqués par les em ­ pereurs, ce qui se justifiait en ces tem ps29. Q uant à la participation

p. 28— 31. C es r éu n io n s d 'é v ê q u e s p o r ta ien t le nom g r ec d e s y n o d e s . E vid em m en t, su rtou t au début, on n 'a tta ch a it p as u n e a tten tio n s p é c ia le au fait q u 'u n e réu n io n a v a it un c a ra ctère u n iv e r s e l ou se u le m en t p articu lier. Le p ro b lèm e de l'é ty m o - lo g ie é ta it en c e se n s se c o n d a ir e.

25 Cf. L u m en g e n tiu m , n ° 22,1.

26 Sa n cta e t m a g n a et u n i v e r s a l i s s y n o d u s (cf. C o n c i li o r u m o e c u m e n i c o r u m

d e c r e t a , F ribu rgi Br. 1962, p. 59). Il faut c ep en d a n t so u lig n e r q u e le c o n c ile a n té ­

rieur d e C o n sta n tin o p le I (381) dan s l'écrit qui le c o n v o q u e (in s y n o d i c i s l i t t e r i s ) se n om m e u n iv e r s e l (C on cili oru m... , p. 18).

27 Cf. B. K u r t s c h e i d , H is to r ia Iuris C a n o n ici, R om ae 1951, p. 152. 28 A l ’e x c e p tio n d e s c o n c ile s d e L yon II (1274) e t de F lo r e n c e (1439) où il y a v a it un g ro u p e d e G recs p lu s im p ortan t (cf. C on cili oru m .. ., p. 280 et 429).

88 Co ncili oru m .. ., p. 505— 510.

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de la tête du collège episcopal, l'affaire se présen tait de diverses façons. Ainsi au 1er concile oecum énique de N icée (Nicée I, 325) il y avait deux légats du pape qui présidaient aux débats et qui furent les prem iers à signer les décisions30. La situation est déjà différente au concile oecum énique suivant (Constantinople I, 381). Il n'y avait aucun légat pontifical et l'évêque de Rome n 'a jam ais confirm é officiellem ent les décisions du concile, car celles-ci ne lui furent jam ais présentées. U ltérieurem ent ce concile fut mis au nom bre des conciles oecum éniques31. Le dernier des conciles orientaux, C onstantinople IV (869—870) fut reconnu comme concile oecum é­ nique seulem ent au XIe s.

Les conciles occidentaux ou v riren t certainem et une nouvelle ère dans le dom aine de la position du pape par rap p o rt au concile oecum énique, pour cette raison surtout qu'ils étaien t tous convo­ qués par les év êq u es de Rome qui les présidaien t soit personnelle­ m ent soit par leu rs légats. Ce fait eut égalem ent son influence sur la form e des décisions conciliaires. Très souvent ce sont des déci­ sions du pape qui obtiennent l'approbation des pères du concile ce qui rev êtait différentes formes extérieures, comme nous le verrons. Pour cette raison on les appelle parfois „conciles pontificaux”32.

C ependant, en p arlan t des conciles occidentaux du point de vue de leur position à l'ég ard de l'évêque de Rome, il faut indiquer le caractère différent des conciles du XVe s. Ils étaien t sous l'influ­ ence du conciliarism e, qui m anifestait une n ette tendance à défor­ m er le principe de la collégialité épiscopale, précisém ent sous le point de vue des rapports de l'évêque de Rome avec le concile oecum énique. Le conciliarism e affirm ait que le concile oecum éni­ que était la form e parfaite de la rep résen tatio n de toute l'Eglise. Dans cette perspective le pape devenait un organe d'exécution dans l'Eglise. Sans doute lui rev ien drait le droit de convoquer le concile, mais dans les cas ex traordinaires, le concile po u rrait se réunir contre la volonté de l'évêque de Rome. Et donc supériorité du concile sur le pape. L'occasion de la m anifestation de cette ten d an ­ ce fut offerte par la désunion de l'Eglise d'O ccident pendant le schisme de 40 ans, qui eu t pour conséquence l'affaiblissem ent de l’autorité du pape.

C 'est dans cette situation que fut convoqué le concile de C on­ stance pour l ’année 1414; son principal but était de m ettre un term e au schisme. C 'est le pape Jean XXIII qui le convoqua (sous la pression du roi d'A llem agne, Sigismond de Luxembourg) et il y était présen t au début. Q uand il e u t quitté C onstance, les m em bres du concile décidèrent de d éclarer légitim e la réunion qui se te ­ nait sans la p articip ation d u pape. Et d u ran t la'5 e session, qui se tin t

30 Concili oru m .. ., p. 1. 31 Ibid., p. 18 ss.

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le 6 avril 1415, ils publièrent le d écret Haec sancta. Il reconnaît sa propre légitim ité et déclare posséder son au to rité directem ent du C hrist en tan t que rep résen tan t de toute l'Eglise; chacun, indé­ pendam m ent de son é tat e t de sa dignité, même s'il e st pape, doit lui ê tre soumis33. D urant une des sessions u ltérieu res (9 octobre 1417) on publia le décret Frequens qui p rév o y ait la convocation périodique de conciles oecum éniques34.

C ependant to u t semble indiquer que le concile de C onstance n 'a pas considéré ces décrets com m e la précision d 'un principe gé­ néral et toujours obligatoire, mais qu'il pensait au rem ède à p o r­ ter dans une situation difficile et d an gereuse pour l'Eglise, p rovo­ quée p ar le schisme d'O ccident. Les mots mêmes du d écre t sem blent l'indiquer35.

Il faut cependant ajo uter que les idées du conciliarism e fu ren t actuelles pendant un certain tem ps encore, ce que dém ontrèrent les débats du suivant concile oecum énique, convoqué à Bâle par le pape M artin V 36. Le pape m ourut peu après la convocation du concile e t son successur Eugène IV (1431— 1447) prononça la dis­ solution du concile; il n'accepta sa continuation qu 'ap rès des per- tractions. Il en resta p o u rtan t de l'antipathie pour le pape. C 'est pourquoi du ran t les prem ières sessions il y eut de nom breuses accusations portées contre le pape. On renouvela les décrets de C onstance sur la supériorité du concile sur le pape. En septem bre 1437 Eugène IV décida la dissolution du concile de Bâle en tra n s­ férant les débats à F errare, mais quelques m em bres ne tinren t pas com pte de la décision du pape et continuèrent les sessions qui d u ­ rèren t jusqu'au 15 juin (?) 1458. C 'est d u ran t cette période que fut publié le décret Sacrosancta (16 mai 1439) dans lequel on essaya de définir comme v érité de foi la supériorité du concile sur le pape37.

C ependant le 10 jan v ier 1439 le pape Eugène IV tran sféra le concile de F errare à Florence. Là fut publié (4 septem bre 1439) le décret condam nant les décisions du synode u su rp ateu r de Bâle, et

33 „Et prim o d ecla ra t, q u o d ip sa in Sp iritu S a n cto le g itim e c o n g r e g a ta , g e ­ n e r a le co n c iliu m fa c ie n s , et e c c le sia m ca th o lic a m m ilita n te m r ep ra e se n ta n s , p o ­ te sta te m a C h risto im m ed ia te h a b et, cui q u ilib e t cu iu sc u m q u e sta tu s v e l d ig n i­ ta tis, etiam si p a p a lis e x s is ta t, o b ed ir e te n etu r in h is q u a e p ertin en t ad fid em e t ex tir p a tio n e m d icti sc h ism a tis, ac g e n e ra lem refo rm a tio n em d ic ta e e c c le s ia e D ei in ca p ite e t in m em bris" (C on cilior u m..., p. 385).

31 Concili oru m .. ., p. 414— 415.

35 Cf. H, B o g a c k i , o p . cit., p. 82 et le s a u teu rs d e l'o u v ra g e c o lle c tif

C o n c i li o r u m o e c u m e n i c o r u m d e c r e t a (p. 379).

33 C o n v o q u é p o u r l e 25 ju ille t 1431.

37 Cf. C on cili oru m .. ., p. 429; H. B o g a c k i , op. cit., p. 85. A in s i d o n c c e d écret a é té p u b lié ap rès le tran sfert o ffic ie l d u c o n c ile d e B â le à F errare. T ous le s h isto r ie n s so n t d 'accord sur c e p o in t qu e le s d é c re ts p u b lié s à c e tte é p o q u e par le „ sy n o d e" d e B âle n e p r o v ie n n e n t d 'a u cu n e fa ç o n du c o n c ile .

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donc aussi en conséquence le d écret Sacrosancta38. De cette m a­ nière fut condam né le principe de la supériorité du concile sur le pape. Le conciliarism e était officiellem ent surm onté, ce qui ne sig­ nifiait nullem ent que les idées conciliaires n 'ap p aru ren t plus dans l'h istoire de l'Eglise. Les papes successivem ent condam neront sé­ vèrem ent les possibilités d'en appeler du pape au concile, accen­ tu a n t ainsi la supériorité du pape sur le concile39.

Dans le dom aine de la position du pape à l'égard de l'action des évêques, essentielles étaien t les décisions du concile V atican I, surto u t en ce qui concerne la définition du dogme qui précise la prim auté du pape. La constitution dogm atique Pastor aeternus constata que „ l’Eglise de Rome a obtenu de p ar la volonté du Sei gneur la prim auté sur to utes (les Eglises) du pouvoir ordinaire et que ce pouvoir juridictionnel de l'évêque de Rome était vraim ent episcopal et direct. Les pasteu rs de tous les rites ou de toute di­ gnité et les fidèles, individuellem ent comme collectivem ent étaient obligés de s'y soum ettre hiérarchiquem ent et de lui obéir vraim ent en ce qui concerne la foi et la morale, m ais aussi la discipline et le gouvernem ent de toute l'Eglise étendue à toute la te rre ''40.

Comme on le sait, le concile V atican I avait l'intention d 'expo­ ser d'une m anière plus com plète l’enseignem ent sur l’Eglise; il n 'a pu le faire en raison de la suspension des débats du concile, p ro ­ voquée par des motifs extérieu rs. Nous pouvons dire que la posi­ tion de l'évêque de Rome comme pasteu r de l’Eglise universelle a été mise en lum ière, ce qui ne voulait pas dire que l'était égale­ m ent sa position dans le cadre du collège episcopal. N éanmoins, après le concile V atican I beaucoup de théologiens et de canonis- tes se sont décidés à concevoir la prim auté de P ierre d'une m aniè­ re apologétique. Dans ce cas il eût fallu g ard er une certaine p ru ­ dence en tra ita n t du pouvoir découlant du sacre episcopal. En effet, beaucoup com m encèrent à ém ettre l'opinion que dans cette situation en un sens les conciles ont p erd u leur actualité puisque l'évêque de Rome, avec son pouvoir de prim auté, pouvait régler toutes les affaires concernant la vie de l'Eglise41.

Il convient de rem arquer que cette position peut ê tre „justi­ fiée” par les circonstances ex térieu res dans lesquelles l'Eglise dut rem plir sa mission. Par rapport à la précision dogm atique de la prim auté d u pape nom breux étaien t ceux qui voyaient une ultime

39 Cf. H. B o g a c k i , op. cit., p. 88. 40 B r e v ia r iu m iid e i , p. 109.

41 Pour p lu s d e r e n s e ig n e m e n ts cf. E. S z t a f r o w s k i , K o l e g i a l n e d z ia ła n ie

b i s k u p ó w na t l e V a t i c a n u m II (L 'a ctiv ité c o llé g ia le d e s é v ê q u e s à la lu m ière de

V a tic a n II), W a r sz a w a 1975, p. 33 ss.

42 La th é o r ie d e la su p é rio r ité du c o n c ile sur le p a p e a e u un r eg a in au X V IIIe s, par su ite d u g a llic a n ism e , du ja n s é n is m e , du fé b r o n ia n ism e et du ri- ch é ria n ism e (cf. E. S t a f r o w s k i , K o l e g i a l n e dzia ła n ie.,. , p. 30).

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victoire rem portée sur l’idée du conciliarisme, qui avait bien re­ pris vie encore au XVIIIe s.42. Le fait de rev enir aux principes de la collégialité sem blait recréer le danger du conciliarisme.

Cependant, après un siècle, on pouvait „sans d an g er” e n tre ­ prendre les réflexions sur la collégialité épiscopale et com m encer à préciser la position de l’évêque de Rome dans ce collège. C ’est ce que réalisa le concile V atican II convoqué par Jean XXIII, car une de ses principales tâches était de p résen ter d ’une m anière plus com plète l’enseignem ent sur l’Eglise, ce qui n ’avait pas pu être réalisé par V atican I. M ais avant d ’en trep ren d re l’exposé de l’en­ seignem ent donné p ar V atican II, revenons encore à l’histoire, afin d’arrê te r no tre attention sur des élém eiits qui m anifestent la po­ sition de l'évêque de Rome envers les „conciles occidentaux” .

Nous avons déjà souligné plus haut que la différence de ces conciles apparaît en ce que tous furent convoqués par le pape. Ce principe fut rete n u même à l’époque du danger du conciliarism e. On p eu t affirm er que depuis le 1er concile de Latran (prem ier „con­ cile occidental”), la convocation des conciles oecum éniques était une prérogative incontestable de l'évêque de Rome. Lui est liée la prérogative de la suspension du concile. Pour cette raison, en ce qui concerne tous les conciles occidentaux, le critère de leur oecum énicité (surtout s’il s'agit des différentes sessions conciliai­ res) se ram ène avant tout à la constatation du fait si les réunions des évêques étaien t convoquées par le pape e t si elles n'o n t pas été suspendues par lui.

La spécificité des conciles occidentaux se m anifeste égalem ent par la m anière de p ren d re les décisions. Le plus souvent, les pro ­ jets de docum ents préparés d'avance obtenaient l'approbation des pères conciliaires e t on les publiait au concile comme des arrêtés pontificaux. Leur form e é tait diverse. Souvent c’étaien t des canons (Canones), comme au 3e concile de Latran (1179)43 ou simplement des bulles ou des constitutions comme au 5e concile de Latran (1512— 1517)44. C ’est la form e de la constitution Pastor aeternus de V atican I qui définit la prim auté e t l’infaillibilité de l’évêque de Rome45. Nous trouvons une au tre p rocédure au concile de T rente (1545— 1563). On y tro u ve le d écret dans lequel, après la lectu re des décisions conciliaires, les pères conciliaires s'ad ressen t au pape par l’interm édiaire de ses légats, qui sont les présidents des ses­ sions, pour dem ander la ratification de ce qui a été décidé au concile48.

43 Cf. Co nc ili oru m ., ., p. 187 ss.

44 Cf. ibid., p. 571 ss. C h a q u e d o cu m e n t d é b u te par le s m ots: „Iulius e p is c o ­ p u s se r v u s serv o ru m D ei, ad p er p etu a m Tei m em oriam , sa cro ap p rob an te co n cilio " . 45 „Pius e p isc o p u s se r v u s ser v o ru m D ei, sa cro a p p ro b a n te c o n c ilio , ad p er­ p etu a m rei m em oriam . P astor aetern u s..." (Conc ilior um..., p. 787).

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3. L'enseignem ent de V atican II

Dans le point p récéd en t nous avons étudié la position du suc­ cesseur de P ierre dans le collège des successeurs des apôtres sur­ tou t dans la pratiq u e qui e n beaucoup de circonstances s’est créée directem ent au contact de la situation concrète. Incontestablem ent la pratique se justifiait dans les débuts de l'Eglise à qui le C hrist lui-même a donné la structure; néanm oins elle sem blait toujours en atten te d 'une précision de ses fondem ents donnée p ar l’en­ seignem ent du m agistère. N ous avons vu que le concile V atican II ,.m archant sur les traces du 1er Concile du V atican ’’ (Lumen gen­

tium, n° 18, 2) a p résen té l’enseignem ent sur ,,la constitution h ié­

rarchique de l’Eglise e t spécialem ent l’ép isco pat’’47. Et c’e st ici p ré­ cisém ent qu'a été définie la position de l’évêque de Rome dans le collège episcopal. Pour bien com prendre cet enseignem ent con­ tenu dans les docum ents conciliaires, il faut te n ir compte des éta­ pes successives des trav au x des pères conciliaires et des commis­ sions.

A. P r o j e t s e t d i s c u s s i’o n s c o n c i l i a i r e s

Si nous nous rappelons q u ’au m om ent de V atican I le problèm e de la collégialité épiscopale est passé au second plan, nous nous rendons facilem ent com pte du fait que le problèm e de la collégia­ lité renaissait en quelque sorte et m ûrissait pendant de laborieux trav au x conciliaires. Bien qu'en prem ier lieu il s’agît de l’élabo­ ration „th éorique” du problèm e, il ne faut pas oublier que celui-ci a toujours une répercussion dans la pratique, exigeant la réalisa­ tion du principe de la collégialité en différentes form es concrètes de l'activité collégiale des évêques. C’est pourquoi les déclarations des pères conciliaires très souvent p ostulaient des stru ctu res col­ légiales.

Déjà l’annonce du concile par Jean XXIII48 créa l’occasion d'avancer des propositions concernant e n tre au tres la participation pratique du collège episcopal à la direction de l’Eglise universelle, ce qui était en connexion avec la position de l'évêque de Rome dont la prim auté av ait été définie par V atican I. Ainsi le cardinal Alfrink, archevêque d ’U trecht, exprim ait l’espoir (22. 12. 1959) que

Illu strissim i d om in i r ev e r e n d is s im iq u e patres, p la c e tn e v o b is , ut ad la u d em D ei o m n ip o ten tis h u ic sa c r a e o e c u m e n ic a e sy n o d o fin is im p on atu r, et om nium et s in ­ g u loru m q u a e tam su b f e lic is r ec o rd a tio n is P a u lo III et Iu lio III q u am su b s a n c ­ tissim o d om in o n o s tr o P io IV R om an is p o n tific ib u s in d e c re ta et d efin ita su n t, con firm atio n o m in e s a n c ta e h u iu s s y n o d i per a p o s to lic a e s e d is le g a to s et p r a e si­ d e n te s a b e a tissim o R om an o p o n tific e petatur? (resp on d eru n t: p lacet)" , C o n c i ­

liorum..,. p. 775.

47 „De c o n s titu tio n e h iera rch ica E c cles ia e et in s p e c ie d e E piscop atu ". 48 Le p ap e le fit d an s le d isco u r s p ro n o n cé le 25 ja n v ie r 1959: A A 51/1959/ 68 ss.

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le concile définirait clairem ent la position du collège episcopal sous l'aspect de la responsabilité de l'Eglise universelle. Et il était convaincu qu'en plus du concile, il y au rait dans l'Eglise des organism es stables, composés d'évêques, experts dans des b ran ­ ches précises, choisis parm i les m em bres de l'épiscopat du monde entier. Ces institutions, dans la com position desquelles en treraien t le pape e t les cardinaux de la C urie Romaine, au raien t le pouvoir législatif. Dans cette situation la C urie Romaine serait réduite à être un organism e consultatif et exécutif49.

On n ’est pas surpris de tro u v er dans le prem ier schém a de la future constitution sur l'Eglise50 un point spécial (16) intitulé Col­

legium Episcoporum. On y a proposé l'affirm ation que ,,le collège

episcopal étan t le successeur du collège apostolique pour le m a­ gistère et la direction pastorale, dans lesquels elle p ersév ère e t rem plit sa mission, constitue avec l'évêque de Rome e t jam ais sans lui le sujet de l'au to rité pleine et la plus haute pour toute l'Egli­ s e ''51. C 'était le prem ier p ro jet e t il n'a pas été jugé suffisant. D’abord, parce qu'il é ta it comme un supplém ent au chapitre tra i­ tant des évêques résidentiels e t ensuite, par suite des conclusions pratiques extrêm em ent m odérées qu'on tirait de cette thèse im por­ ta n te52. M ettant en p arallèle le pouvoir du collège et le pouvoir du pape comme pasteu r de l'Eglise universelle, le schéma parlait ,,d'un seul sujet du pouvoir", ce qui sera modifié dans les schémas ultérieurs.

Le prem ier schém a a y an t été critiqué, la Commission Théolo­ gique élabora un deuxièm e p ro jet53, qui concevait le problèm e de la collégialité épiscopale d'une m anière bien plus large e t plus p ro­ fonde. Nous avons là un point spécial (16) intitulé De collegio Epis­

copali eiusque Capite. On y a accentué le parallélism e en tre le

collège apostolique avec P ierre à sa tête e t le collège episcopal avec l'évêque de Rome à sa tête. Un pas im portant a égalem ent été franchi par la façon d ’envisager le pouvoir qui rev ien t au col­ lège episcopal. Le point de départ en a été la mise du signe d 'éga­ lité54 en tre le collège apostolique et le collège episcopal. Il en résultait que le collège episcopal h éritait égalem ent le pouvoir qui é tait rev enu au collège apostolique.

4> A n t e p r a e p a r a t o r i a , v o l II, p. 511.

50 D e E c cles ia et B. M a r ia V i r g i n e — a p p ro u v é par J ea n XX III le 10 n o ­ v em b re 1962.

51 Ibid., p. 24.

58 Pour p lu s a m p les in fo rm a tio n s cf. E. S z t a f r o w s k i , K o l e g i a l n e d z i a ­

łanie..., p. 41 ss.

58 La p a rtie I du sch ém a q u i n o u s in té r e s s e (I. D e E c cles ia e m y s t e r i o e t II.

De c o n s t i t u t i o n e h ie r a r c h ic a et is s p e c ie : D e E p is c o p a tu ) a é té a p p ro u v ée par

Jea n X X III le 22 a v r il 1963.

54 La lia is o n ea d em r a t i o n e e m p lo y é ic i, so u lig n a n t l ’id e n tité d e s c o llè g e s a p o s to liq u e et sp is c o p a l a é t é e n s u ite r em p la c ée par u n e au tre q u i c o n s ta te la sim ilitu d e: p a ri r a tio n e .

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Indépendam m ent de cette opinion générale nous rencontrons dans le schéma des explications plus précises concernant le pou­ voir qui revient au collège episcopal. On a clairem ent relevé que le concile oecum énique é ta it un mode „extraordinaire" du pouvoir collégial. Et ce pouvoir p eu t être exercé par les évêques dispersés par le monde. La condition doit en être cependant l'ingérence di­ recte de la T ête du collège et donc l'invitation faite aux év êq u es à l'action collégiale ou du moins la confirm ation ou l'acceptation libre d e l'acte identique des évêques dispersés par le m onde55.

P resque parallèlem ent à la discussion sur le schém a de la cons­ titution dogm atique sur l'Eglise était m enée la discussion sur le schém a sur les évêques e t le gouvernem ent des diocèses (décret ultérieu r C hristus D ominus)56. C 'est à cette occasion précisém ent que fu rent adressées un grand nom bre de propositions concrètes au sujet de diverses form es d'exercer le pouvoir collégial. Le Sy­ node des Evêques fut une expression p ratique de ces propositions57. Quand on suit pas à pas les trav au x du concile concernant la préparation de la doctrine sur le collège episcopal, il faut aussi en registrer les changem ents introduits au schém a II présenté plus haut de la constitution dogm atique sur l'Eglise. Ils furen t rendus apparents dans le schém a III qui fut distribué aux p ères conciliai­ res en 1964 (schéma approuvé par Paul VI le 3 juillet). Les m odi­ fications consistaient à situer convenablem ent le pouvoir du col­ lège par rapp o rt au pouvoir du pape. D éjà dans la prem ière phrase, après avoir constaté que le collège episcopal possédait le pouvoir quand on le p ren ait ensem ble avec le successeur de Pierre, on a im m édiatem ent ajouté: ,,à condition que le pouvoir suprêm e de ce dernier (pape), tan t sur les pasteurs que sur les fidèles reste inviolé"58. De cette m anière il a été tenu com pte de la suggestion du Saint-Père59. Dans la phrase suivante, quand le schém a aborde le parallèle direct e n tre le pouvoir du pape e t celui du collège, on a signalé dans l'introduction que le pape possédait l'au to rité non seulem ent „pleine e t universelle" (ce que faisait le schéma II), mais aussi „suprêm e” qu'il „peut to u jo urs exercer librem ent"60.

55 Schém a II, p. 27. C e t e x te a é té in c o r p o ré sa n s c h a n g e m e n t dan s la c o n s ­ titu tio n c o n c ilia ir e.

56 La d is c u s s io n sur le sch ém a d e la c o n stitu tio n sur l'E g lise a c o m m e n c é le 30 sep tem b re pou r durer ju s q u ’au 31 o c to b re 1963 (cf. A . W e g n e r , V a t i ­

ca n u m II. C h r o n i q u e d e la d e u x i è m e s e s s io n , P aris 1964, p. 28). La d is c u s s io n

sur le ch ém a „D es é v ê q u e s e t du g o u v e r n e m e n t d e s d io c è s e s " (ch. I) eu t lie u du 5 au 8 n o v e m b r e 1963.

57 Pour p lu s d e r e n se ig n e m e n ts cf. E. S z t a f r o w s k i , K o l e g i a l n e d z i a ł a ­

nie..., p. I l l ss.

58 S c h e m a c o n s t i t u t i o n i s d e Ecclesia, T y p is P o ly g lo ttis V a tic a n is 1964 ( = S c h é ­ ma III), p. 63.

59 Cf. ib id ., p. 90 (H). 60 Ibid., p. 63— 64.

(16)

O n a ajo uté „suprêm e" pour que par hasard on ne p û t croire que son autorité était m oindre que celle du collège episcopal que le schém a nomme plus bas „autorité suprêm e"61. La m ention de l'e x ­ ercice „libre" de cette au to rité (qui e st aussi une suggestion du pape) voulait souligner que le Saint-Père était entièrem ent in d é­ p endant des év êq u es dans l'exercice de l’au torité suprêm e. La con­ clusion indirecte, c'est q u ’il peut choisir librem ent ses collabora­ teu rs parm i les évêques ou d 'au tres perso n n es62.

Ces précisions „supplém entaires" ont clairem ent m ontré que l'au to rité suprêm e pouvait ê tre ex ercée par le pape, comme p a ­ steu r de l'Eglise universelle e t par le collège episcopal quand on le p ren ait dans son ensem ble avec le successeur de Pierre. Dans la phrase suivante où il est question du collège episcopal comme su jet de l'au torité suprêm e de l’Eglise, on a ajouté une nouvelle „précision" que cette au to rité ne saurait être ex ercée indépen­ dam m ent de l'évêque de Rome63.

B. L a c o n s t i t u t i o n „ L u m e n g e n t i u m "

L'enseignem ent de V atican II sur le collège episcopal a été ex ­ posé avant tout dans la constitution dogm atique Lum en gentium . Le su jet qui nous in téresse exige que nous tenions com pte de la position de l'évêque de Rome dans le cadre des trois problèm es directem ent liés au collège episcopal:

1. La conception du collège — le pape Tête du collège episco­ pal.

2. L’appartenance au collège — la nécessité de la communion hiérarchique avec la Tête du collège episcopal.

3. Le pouvoir du collège — sa dépendance dans son exercice de l'ingérence de la Tête du collège.

1) L'évêque de Rome, Tête du collège

N ous rem arquons dès le début que la question de la term inolo­ gie a relativem ent occupé beaucoup de place e t souvent elle a cons­ titué l'essence des déclarations dans les trav aux qui ont préparé le 3e chapitre de la constitution dogm atique sur l'Eglise. Le term e „collège" e st e n fait un des trois term es em ployés équivalem m ent dans les docum ents conciliaires e t donc à côté de: „corps — cor­

pus" e t „groupe — ordo”. Mais le term e „collège" apparaît le plus

souvent e t semble p rend re la valeu r de term e technique, bien q u ’il

31 C f. relation, d u ra p p orteu r a u n ° 22 (S ch ém a III, p. 90 (L). 42 Cf. ibid., S ch ém a III, p. 92 (T).

63 Sch ém a III, p. 64. Cf. r e la tio n du rapporteur a u n ° 22 (S ch ém a III, p. 91,

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n 'ait pas été admis sans opposition, à cause du contenu qu'on lui attrib u ait64.

Le collège episcopal ne constitue pas un groupe de personnes égales. De même que nous rencontrons P ierre dans le collège apos­ tolique, de même dans le collège episcopal se tro u v e toujours le successeur de Pierre, chaque fois l'évêque de Rome. La position de chefs qui est la leur à l'in térie u r du collège ne peut jam ais être conçue de m anière qu'ils sem blent lui com m uniquer l'au to rité su­ prême. La position de P ierre ainsi que celle de ses successeurs a été définie par le C hrist lui-même, Ensuite leur position de chefs n'est pas seulem ent liée à l'action du collège apostolique ou epis­ copal; elle concerne tou te la stru ctu re hiérarchique de l'Eglise où, de par la volonté du Christ, existe la prim auté de saint P ierre e t de ses successeurs.

Le rôle de l'évêque de Rome dans le collège episcopal a été dém ontré par le concile au m oyen de l'im age puisée dans l’ecclè- siologie de saint Paul. Si donc nous exprim ons to u t le collège epis­ copal au m oyen du term e ,.corps'', il faut constater que l ’évêque de Rome en e st la Tête, et les autres évêques en sont les mem­ b res65. C ’est de cette même image que se sert la Nota· piaevia soulignant qu'il ne sau rait être question d'égalité entre la Tête et les m em bres du collège66. Et constatant que le collège n 'est pas pris ici au sens légal, la note explique; ,,Le collège n 'est pas com­ pris... comme un ensem ble de personnes égales, qui tran sm ettraien t leur pouvoir au présid en t"67.

L'évêque de Rome ne peut donc pas ê tre conçu comme un sim­ ple président du collège; il en e st la Tête de par l'institution divine. Il n'o b tien t non plus la prim auté par le choix ou par la transm is­ sion d'un pouvoir qui rev ien t à tous les m em bres. V oulant soulig­ ner la position réelle de l'évêque de Rome dans la structu re du collège episcopal, la note explicative constate: ,,Le collège... n 'e x ­ iste pas sans la Tête". En d 'au tre s mots le succeseur de P ierre sur la chaire de Rome conditionne l'existence elle-m êm e du collège episcopal.

2) N écessité hiérarchique de communion avec la Tête du collège A près de longues discussions les pères conciliaires décidèrent que la doctrine des conditions de l'ap p arten an ce au collège

épis-64 II s'agit su rtou t du se n s attrib u é à c e m ot dan s la litté r a tu re et la lé g is la ­ tion rom ain e (= Pour p lu s d e r en se ig n e m e n ts cf. E. S z t a f r o w s k i , K o l e g i a l n e

dz iałan ie... p. 73).

85 La c o n stitu tio n L u m en g e n t iu m s o u lig n e à p lu sieu rs r ep rises q u e l'é v ê q u e d e R om e e st la T ê te du c o llè g e e p isc o p a l, p. ex. a u x n os 21 et 22.

и N o te p rélim in a ire e x p lic a tiv e ( K o t a p r a e v ia ) , n ° 1.

67 Ibid.: „ C o lleg iu m n o n in te llig itu r se n s u str icto iu rid ico , s c ilic e t d e c o e tu aeq u aliu m , qui p o te sta te m su am p r a e sid i d em a n d a ren t”.

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copal devait être présen tée comme suit: „Un homme e st constitué m em bre du corps episcopal en v e rtu de la consécration sacram en­ telle et par la communion hiérarchique avec la Tête du Collège et avec ses m em bres"68. Deux conditions sont donc exigées: 1° le sa ­ cre episcopal e t 2° la communion hiérarchique tan t avec la Tête q u ’avec les m em bres du collège. C 'est le deuxièm e cas qui nous in téresse ici et ceci au point qui e st directem ent lié à l'évêque de Rome: ,,la communion hiérarchique avec la Tête du collège". Une analyse plus précise de cette condition exige d'abord qu'on fixe le contenu du term e „communion" (gr. koinonia, lat. communio).

La „communion" est une notion connue du vocabulaire de l'E­ glise déjà aux prem iers siècles. Le m onde rom ain connaissait déjà ce term e. Le mot „communion", dérivé de l'adjectif „commun" si­ gnifie au sens propre ce qui est possédé en commun, ou ce qui a une p art commune à quelque chose, la com m unauté de quelque chose et la réunion, les relations, l'u n ité69.

Dans le N ouveau Testam ent koinonia apparaît plusieurs fois, surto ut en saint Paul, p ren an t les significations suivantes: „p arti­ cipation (com m unicatio), com m unauté (communio), collecte (coi-

latio), participation à quelque chose (paiticipatio), société (socie­ tas)70. Le term e com m unio a aussi été introduit dans le vocabulaire

du dro it ecclésiastique. De lui dérive en tre autres la peine ecc lé­ siastique appelée excom m unication, ce qu'indique clairem ent la définition de cette censure qui constate qu'elle exclut de la com­ m unauté des fidèles (cf. can. 2257, § 1).

Ainsi le m ot com munion n'a pas de contenu univalent. Si on v eu t établir le sens exact du term e com m unio dont se sert la cons­ titution Lumen gentium il faut tenir compte de la N ota praevia à ce docum ent et les propositions ou plutôt les réserv es faites par les pères conciliaires e t les explications données p ar la commis­ sion de rédaction du tex te de la constitution.

La N ota praevia explique que , ,1a com munion ne signifie pas un sentim ent indéfini, m ais une réalité organique qui exige une forme juridique et qui en même tem ps e st anim ée de l'esp rit de ch arité"71. Donc la com m unauté dont il est question ici est d'abord „une réalité organique", c.à.d. strictem ent liée à un organism e v i­ v an t q u 'est le collège; il est p eu t-être perm is de d ire q u ’elle est une réalité qui conditionne de quelque m anière l'existence et l’ac­ tiv ité de l'organism e qu 'est le „corps episcopal”. „L’organicité” de

88 L u m en g e n tiu m , n ° 22,1.

09 S ł o w n i k i a c i ń s k o - p o i s k i (D ictio n n a ire L atin -P olon ais) réd. M. P l e z i a , 1.1, W a r sz a w a 1959, p. 612.

70 C f. A . S m o 11 e r, H a n d k o n k o r d a n z z u m g r i e c h is c h e n N e u e n T e s ta m e n t , éd . 11, S tu ttgart, p. 285 (au m ot k o in on ia ).

71 N o t a p r a e v ia , n ° 2: „N o n in te llig itu r au tem d e v a g o q u od am affectu , sed d e r e a lita te o rg a n ica , q u a e iu rid ica m form am e x ig it e t sim u l c a rita te anim atur".

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cette „com m unauté" suggère indirectem ent que nous avons affaire à quelque chose qui est visible. C ette conclusion resso rt du texte de la constitution où on a souligné qu'il s'agissait d'une commu­ nauté „hiérarchique" qui devait ex ister en tre les personnes visibles et devait donc être ex térieure.

L'existence d'une com m unauté ainsi conçue exige incontesta­ blem ent une form e juridique, c.à.d. un cadre e x térieu r défini par les prescriptions de l’Eglise. C ette forme é ta it e t est toujours assu- jetie aux m odifications dans les différentes périodes de l'histoire de l'Eglise. La définition ou la confirm ation de la forme juridique appartient par la force des choses à la T ête du collège, c.à.d. l'é- vêqué de Rome. Q u'il faille com prendre de cette m anière la forme juridique p araît ê tre indiqué clairem ent p ar le contenu de ^ .a m e n ­ dem ent" désigné par le n° 40 auquel renvoie la N ota praevia dans l'art. 2. Il est v rai que cet am endem ent concernait directem ent un au tre num éro du schém a III de la constitution Lum en gentium , mais son contenu est e n liaison directe avec n o tre thème.

Le schéma, en p arla n t des résultats de la consécration episco­ pale expliquait: „La consécration épiscopale, avec la charge de sanctifier, confère aussi la charge d'enseigner et de gouverner, lesquelles cependant, de par leur nature, ne p eu v en t s'exercer que dans la communion hiérarchique avec la Tête e t les m em bres du collège"72. Plusieurs pères, pensant que cette form ulation était inexacte, av an cèren t leu rs propres propositions. Un groupe (22 pères) pensait que les restrictions contenues dans le tex te devaient être élargies de cette m anière: ,,... dans la com m union avec la Tête e t les m em bres du collège e t conform ém ent aux dispositions de l’au to rité ecclésiastique suprêm e". Deux autres pères dem andèrent l’addition de cette condition: „... quand y est jointe la mission ca­ nonique". Enfin 11 m em bres étaien t d'avis d 'ajo u ter, en form e d 'ex ­ plication, une des conditions suivantes: „après avoir reçu l'ordre du successeur du C hrist": „par la provision canonique": „après avoir reçu la mission du successeur de P ierre" ou „...en communion que la Tête d ev rait p erm ettre"73.

C ependant la commision n 'a pas donné suite aux propositions de changem ents e t le référen d aire expliqua que l'adjonction de nouvelles restrictions était inutile, car ces restrictions se tro u ­ vaient indirectem ent dans la notion de la communion qui était exigée pour rem plir les charges pastorales.

Pour obtenir de plus grandes précisions e n ce qui concerne la forme juridique, il faut égalem ent ten ir com pte de ce que dit la

72 S chém a III, p. 63.

7S S ch em a C o n s t i t u t i o n i s d o g m a t i c a e d e E c cles ia . M o d i a P a tr ib u s c o n c il i a ti ­

b u s p r o p o s it i a C o m m i s s i o n e d o c tr in a li e x a m i n a t i , ca p u t III, T y p is P o ly g lo ttis

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constitution au n° 24 au sujet de la mission canonique, qui est un signe ex térieu r incontestable de la „com munion" hiérarchique", quand nous considérons l'incorporation à la réalité organique qu'est le collège episcopal. On com prend cependant que le lien „h iérar­ chique" ainsi établi doit durer, doit être sciem m ent soutenu. On peut l'exprim er encore d'une au tre m anière en disant qu'il faut s'in sérer dans la communion hiérarchique e t y p ersévérer.

C ependant en accentuant l'aspect ex térieu r de la communion, il ne faut pas négliger son contenu intérieur. Il faut égalem ent p a r­ ler de la nécessité d'un élém ent intérieur qui unit tous les m em bres avec la Tête et les m em bres du collège. C 'est pourquoi la commu­ nauté doit être „animée par l'esp rit de c h arité”. L'am our doit rem ­ plir un rôle très im portant dans la réalisation d'une com m unauté parfaite et donc interne. D 'autre part, il ne faut pas oublier que dans le cas d'une com m unauté hiérarchique la charité sera avant tout un postulat de caractère m oral et ascétique, qui ne se laisse pas toujours constater en pratique. C’est pourquoi, du moins sous un rapport, on devra accorder la prim auté aux liens de caractère externe. Ces liens deviennent égalem ent le signe d'union interne anim ée par la charité.

Il n ’est pas dificile de rem arquer que ces conditions d 'in tég ra­ tion au collège com ptent surtout pour les évêques de l'Eglise ca­ tholique. M ais quand nous réfléchissons sur ce sujet, m algré nous surgit la question de savoir comment se p résente la question d 'ap ­ partenance au collège des évêques qüi sont en dehors de l'Eglise catholique. N ous n ’avons pas d'indications précises du d ern ier con­ cile sur ce point. Ce n 'e st qu'indirectem ent qu'y fait allusion la note explicative: „Sans la communion hiérarchique ne peut pas être accomplie la tâche sacram entelle-ontologique qu'il faut distin­ guer de l'aspect canonico-juridique. La commission a reconnu qu'il ne fallait pas toucher aux questions de licéité et de validité qui sont laissées à l’exam en des théologiens, surtout en ce qui concer­ ne le pouvoir exercé de iacto chez les chrétiens orientaux séparés, dont l'explication com porte des opinions d iv erses"74.

Il faut se rappeler que l'affaire des conditions d 'ap partenance au collège episcopal a été l'objet d'un vote spécial. La question posée était: „La rédaction du schéma qui dit que to ut évêque lé­ gitim em ent sacré, en communion avec les au tres évêques e t avec le Pontife rom ain qui est leur Tête et le principe d'unité devient m em bre du corps episcopal vous convient-elle?"75. Pendant le vote (30. 10. 1963) 2154 pères répondirent par „oui" e t seulem ent 104 „non"76. On reje ta donc la proposition des pères qui voulaient que

74 N o t a p r a e v i a , n ° 4. N b. 75 S ch ém a III, p. 89. 76 Ibid., p. 89, F.

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seule la consécration épiscopale fût la condition d 'ap partenance au collège77.

Une telle approche de la p art du concile n'exclut pas cependant la réflexion sur la relation au collège des évêques qui rem plissent leur fonction dans les com m unautés séparées de l'Eglise catholique. Au contraire, il convient de rem arquer que ce que dit Lumen gen­

tium sur l’ap partenance à la com m unauté du peuple de Dieu des

baptisés vivant dans les Eglises séparées de l'Eglise catholique peut servir de base d ’étu d e78. P eut-être peut-on p arler dans ce cas d ’une certaine analogie. Du m om ent que nous em ployons la notion de peuple de Dieu (qui e st la continuation de la com m unauté qui a commencé son activité le jour de la Pentecôte) et que nous é ta ­ blissons la relation à ce peuple de tous les baptisés, il faut égale­ m ent parler du corps episcopal et établir la relation à ce collège de tous ceux qui ont reçu la consécration épiscopale. Le collège episcopal e st bien lié intim em ent au peuple de Dieu, puisqu'il dé­

cide de sa structu re hiérarchique, qui lui a été donnée par le C hrist. Ce collège est le successeur du collège apostolique qui a reçu du C hrist la m ission d ’annoncer l’Evangile par toute la terre, de sanc­ tifier e t de g ouverner les fidèles. En reconnaissant la succession apostolique des évêques qui sont les p asteurs des Eglises séparées et en soulignant que c ’est précisém ent cette succession qui consti­ tue en tre au tres l'h éritag e commun qui unit (bien que ce soit d'une m anière incomplète) à l’Eglise catholique, nous devons donc dé­ signer quelque union au collège episcopal qui soit la leur.

En conséquence rappelons que le concile a introduit une diffé­ rence justifiée en tre ceux qui ont été baptisés et éduqués en d e­ hors de l'Eglise catholique, et ceux qui (baptisés dans l’Eglise ca­ tholique ou convertis) se sont sciem m ent séparés d ’elle. Faisant appel à l'analogie, il faut distinguer en tre ceux qui reçoivent la consécration épiscopale dans leurs Eglises et leurs com m unautés comme des frères séparés et ceux qui reçoivent l’épiscopat après une ru ptu re form elle et coupable avec la com m unauté de l’Eglise catholique, ou bien le font contre la discipline obligatoire de l’E­ glise, bien qu'ils ne rom pent pas form ellem ent l'union avec l'Eglise.

77 Cf. E m e n d a ti o n e s a C o n c ilii P a tr ib u s s c r i p t o e x h i b i t a e s u p e r S c h e m a C o n s ­

t i t u t i o n i s d o g m a t i c a e d e E c cles ia , pars I, T y p is P o ly g lo ttis V a tic a n is 1963, p. 38,

n ° 293; 39, n ° 307 e t 40, n ° 316.

78 II faut d'abord cite r u n e d é c la r a tio n s im p o rta n te du c o n c ile ; „C ette E g lis e (l'u n iqu e E g lise du C hrist) c o n s titu é e et o r g a n isé e e n c e m o n d e com m e u n e s o ­ c ié té , e x is t e d a n s l'E g lise c a th o liq u e , g o u v e r n é e par le s u c c e s s e u r d e P ierre et par le s é v ê q u e s en co m m u n io n a v e c lu i, b ie n q u 'en d eh o rs d e so n o r g a n ism e v is ib le se tr o u v e n t d e n o m b re u x é lé m e n ts d e sa n c tific a tio n e t d e v é r ité , q u i, éta n t le s d o n s p ropres à l'E g lise du C h rist, p o rten t par e u x -m êm e s à l'u n ité c a th o liq u e "

(Lum en g e n tiu m , n ° 8,2). A u su je t d e s lie n s e x is ta n t en tre l'E g lise c a th o liq u e et

le s E g lis e s s é p a r é es la c o n stitu tio n L u m en g e n t iu m pren d la p a r o le au n ° 15. Cf.

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