LXXVIII.4 (1997)
Valeurs en s = 1 de fonctions L
par
Michel Pestour (Grenoble)
0. Introduction. Soit k un corps de nombre, totalement r´eel, de degr´e d ≥ 2, d’anneau des entiers O
k. Soit K une extension ab´elienne de degr´e n de k de conducteur C. On note :
• k
Cl’ensemble des ´el´ements α de k qui sont totalement positifs et con- grus `a 1 modulo C,
• I
Cle groupe des id´eaux fractionnaires de k qui sont premiers avec C,
• P
Cle sous-groupe de I
Cform´e des id´eaux principaux de la forme αO
kavec α ∈ k
C.
D’apr`es la th´eorie du corps de classes la restriction ω de l’application d’Artin `a I
Cest surjective et son noyau est P
C×N
kK(C) o` u N
kK(C) d´esigne le sous-groupe des normes des id´eaux fractionnaires de K. (N
kK(C) = {N
kK(B) o` u B est un id´eal fractionnaire de K premier avec CO
K}.) On a donc I
C/P
CN
kK(C) ' Gal(K/k). Soit alors e χ un caract`ere de Gal(K/k) = G.
e
χ induit un caract`ere χ = e χ ◦ ω sur I
C:
I
CI
C/P
CN
kK(C) Gal(K/k)
C
∗s
//
χ
++
V V V V V V V V V V V V V
˜
∼ω
//
˜ χ
²²
(o` u s d´esigne la surjection canonique et e ω ◦ s = ω) qui permet de d´efinir la fonction
L
C(s, χ) = X
aid´eal entier dek apremier `aC
χ(a)
N (a)
spour Re s > 1 (o` u l’on a pos´e N (a) = N
Qk(a)).
Notons que l’on peut prolonger le caract`ere χ `a l’ensemble des id´eaux non nuls de k en posant pour tout id´eal P premier de O
k:
• χ(P ) = 0 si le groupe d’inertie I
Pde P n’est pas inclus dans le noyau Ker χ de χ,
[367]
• χ(P ) = e χ(σ) si I
P⊂ Ker χ o` u σ est un ´el´ement de Gal(K/k) dont la restriction au corps K(χ) = {x ∈ K : σ(x) = x, ∀σ ∈ Ker χ} est l’automorphisme de Frobenius (P, K(χ)/k), ce qui permet de poser
L(s, χ) = X
aid´eal entier non nul dek
χ(a)
N
Qk(a)
spour Re s > 1.
On a alors
L(s, χ) = L
C(s, χ) Y
Pid´eal entier premier dek
tel queP |C
1
1 − χ(P )/N (P )
spour Re s > 1
et on sait que L(s, χ) se prolonge en une fonction enti`ere si χ est distinct du caract`ere trivial.
En particulier,
L(1, χ) = L
C(1, χ) Y
Pid´eal entier premier dek
tel queP |C
1
1 − χ(P )/N (P )
.
Le probl`eme de l’´evaluation de L(1, χ) fut ´etudi´e initialement par Kro- necker qui d´etermina une expression du second terme du d´eveloppement de Laurent au voisinage de s = 1 de la fonction ζ
kd’un corps de nombres k quadratique imaginaire expression dans laquelle la fonction ln |η(z)| avec
η(z) = e
πiz/12Y
∞ n=1(1 − e
2πinz) (z ∈ C, Im z > 0)
joue un rˆole fondamental. De la formule obtenue, appel´ee formule limite de Kronecker , r´esulte ais´ement l’expression de L(1, χ) (cf. [Si] par exemple).
Le cas o` u k est un corps quadratique r´eel fut ´etudi´e en 1917 (pr`es d’un demi-si`ecle plus tard) par Hecke, l’existence d’unit´es de k d’ordre infini ren- dant le probl`eme plus d´elicat, la fonction ln |η(z)| intervenant toujours mais de fa¸con moins satisfaisante. Ce cas fut repris par Meyer en 1957 dans un travail dont certaines remarques ont ´et´e interpr´et´ees en termes de fractions continues par Zagier en 1975 (cf. [Z]). Dans son travail, la formule limite de Kronecker obtenue par Zagier s’exprime `a l’aide de valeurs particuli`eres de la fonction
F (x) =
∞
\
0
1
1 − e
−t− 1 t
ln(1 − e
−xt) dt (x > 0) (cf. [Z], p. 164).
En 1980, Novikov mena une ´etude analogue (cf. [N]) en introduisant la fonction
%(x, α, β) =
1
\
0
ln(1 − t
xe
2πiα)
e
−2πiβ− t dt (x > 0, β 6∈ Z)
et obtint une formule limite de Kronecker s’exprimant `a l’aide de certaines valeurs relativement compliqu´ees, prises par cette fonction %, valeurs qui rendent l’expression obtenue difficile `a expliciter (cf. [N], th´eor`eme 2, p. 167).
Entre-temps, Shintani en 1977 avait obtenu une formule limite de Kro- necker o` u un rˆole fondamental ´etait jou´e par le logarithme de la fonction gamma double de Barnes (cf. [S1], th´eor`eme 1, p. 184).
Dans ce travail on reprend, en l’adaptant au cas de L
C(s, χ) avec χ 6= 1 (la relation P
σ∈G
χ(σ) = 0 jouant un rˆole essentiel), un travail (cf. [C]) o` e u Colmez exprime la fonction zˆeta d’un corps de nombre comme la transform´ee de Mellin en d variables d’une fonction rationnelle en e
z, `a l’aide d’une variante effective de la m´ethode de Shintani. On obtient ainsi une formule g´en´erale valable pour d quelconque. On donne ensuite, dans le cas o` u d = 2, deux expressions de L(1, χ) qui sont `a rapprocher de celles obtenues dans [N] et [Z]. La bibliographie donne des r´ef´erences d’articles pr´esentant des r´esultats reli´es aux nˆotres ou utilis´es dans le d´etail des calculs.
1. D´ ecomposition de Shintani. Variante effective de Colmez
• Soient O
∗kle groupe multiplicatif des unit´es de O
k(O
∗k' {±1}×Z
d−1) et U
Cle sous-groupe de O
k∗form´e des unit´es de k totalement positives et congrues `a 1 modulo C.
• Soit τ
1, . . . , τ
dles d plongements de k dans R. L’application τ : k → R
d, x 7→ (τ
1(x), . . . , τ
d(x)),
permet d’identifier k avec une Q-sous-alg`ebre de R
d.
Colmez a prouv´e dans [C] l’existence de ε
1, . . . , ε
d−1∈ U
Cv´erifiant : (i) le groupe multiplicatif V engendr´e par ε
1, . . . , ε
d−1est discret et libre de rang d − 1,
(ii) si pour σ ∈ S
d−1(groupe sym´etrique d’ordre d − 1) on pose f
1,σ= 1 et f
i,σ=
i−1
Y
j=1
ε
σ(j)∀i = 2, . . . , d − 1,
alors ∆
σ= det(f
1,σ, . . . , f
d,σ) a le mˆeme signe que la signature ε(σ) de la
permutation σ, pour tout σ ∈ S
d−1.
De plus, si l’on pose pour toute partie J non vide de {1, . . . , d} et pour tout σ ∈ S
d−1C
σ,J= n X
j∈J
λ
jf
j,σavec λ
j∈ R
+∗∀j ∈ J o
, alors
(R
+∗)
d/V = a
(σ,J)∈S
C
σ,Jo` u S d´esigne un syst`eme de repr´esentants fix´e de l’ensemble des couples (σ, J) muni de la relation d’´equivalence : (σ, J) ∼ (σ
0, J
0) si et seulement s’il existe v ∈ V tel que C
σ,J= vC
σ0,J0.
Notons alors, pour tout id´eal a de O
k,
D
σ,J,a= D
σ,J∩ (1 + Ca
−1) avec
D
σ,J= n
y ∈ C
σ,J: y = X
j∈J
x
jcf
j,σavec 0 < x
j≤ 1 ∀j ∈ J o
(c ´etant le g´en´erateur positif de l’id´eal C ∩ Z). D
σ,J,aest un ensemble fini.
Posons de plus, pour z ∈ (R
+∗)
d, F
y,σ,J(z) = e
− Tr(yz)Y
j∈J
1 1 − e
−c Tr(fj,σz)et
F
aq,σ(z) = X
J∈S0σ
X
y∈Dσ,J,aq
F
y,σ,J(z)
o` u S
0σd´esigne l’ensemble des parties J de {1, . . . , d} telles que (σ, J) ∈ S et Tr(x) = P
dj=1
τ
j(x) pour x ∈ k. Alors, si h
C= Card I
C/P
Cet si a
1, . . . , a
hCd´esigne un syst`eme de repr´esentants de I
C/P
Con a si Re s > 1, L
C(s, χ) =
hC
X
q=1
χ(a
q)
N (a
q)
s· 1
[U
C: V ] · 1 Γ (s)
dX
σ∈Sd−1
\
(R+∗)d
F
aq,σ(z) Y
d i=1(z
is−1dz
i).
A partir de cette expression, pour d´eterminer la valeur en 1 de L `
C(s, χ) on explicite un prolongement holomorphe `a {s ∈ C : Re s > 1 − 1/d} de la fonction h d´efinie par
h(s) =
hC
X
q=1
χ(a
q) N (a
q)
s· 1
[U
C: V ] · 1 Γ (s)
dX
σ∈Sd−1
X
y∈Dσ,aq
\
(R+∗)d
F
y,σ(z) Y
d i=1(z
is−1dz
i) pour Re s > 1 (o` u l’on a pos´e, pour all´eger les notations, D
σ,aq= D
σ,aq,{1,...,d}et F
y,σ= F
y,σ,{1,...,d}).
En reprenant le travail effectu´e par Colmez dans [C] (lemme 3.3, pp. 377–
378) on obtient pour Re s > 1 − 1/d et s 6= 1,
(1) h(s) = − 1
[U
C: V ] · 1
Γ (s)
d· 1
d(s − 1) f (s) avec
f (s) =
hC
X
q=1
χ(a
q) N (a
q)
s× X
σ∈Sd−1
X
y∈Dσ,aq
X
d i=1\
(R+∗)d
∂Φ
i,y,σ∂u
i(u)
Y
dj=1 j6=i
u
s−1ju
d(s−1)iY
d i=1du
io` u, si l’on pose
L
i(y, u) = (y
1u
1+ . . . + y
i−1u
i−1+ y
i+ y
i+1u
i+1+ . . . + y
du
d)u
i(avec u = (u
1, . . . , u
d) ∈ R
det y
i= τ
i(y) pour i = 1, . . . , d et y ∈ O
k), Φ
i,y,σest d´efinie par
Φ
i,y,σ(u)
= e
−Li(y,u)Y
d j=1L
i(f
j,σ, u)
1 − e
−cLi(fj,σ,u)· u
iL
i(f
j,σ, u)
ψ
i(u
1, . . . , u
i−1, 1, u
i+1, . . . , u
d) pour i = 1, . . . , d, ψ
1, . . . , ψ
d´etant des fonctions C
∞sur (R
+)
d\{0} v´erifiant
(i) P
di=1
ψ
i(u) = 1 ∀u ∈ (R
+)
d\ {0}, (ii) ψ
i(u) = 0 s’il existe j 6= i tel que u
j≥ 2u
i,
(iii) ψ
i(λu) = ψ
i(u) pour tous λ > 0, u ∈ (R
+)
d\ {0} et i = 1, . . . , d.
Les fonctions Φ
i,y,σpr´esentent l’avantage d’ˆetre C
∞sur (R
+)
det `a d´ecroissance rapide `a l’infini.
En notant alors que f (1) =
0 si χ 6= 1,
−h
CX
σ∈Sd−1
K
σ|∆
σ| N (C) √
D
ksi χ = 1, avec
K
σ= X
d i=1\
(R+∗)d−1
ψ
i(u
1, . . . , u
i−1, 1, u
i+1, . . . , u
d) c
dQ
dj=1
L
i(f
j,σ, u) u
diY
dj=1 j6=i
du
j(D
kd´esignant la valeur absolue du discriminant du corps k) et en utilisant la relation P
hCq=1
χ(a
q) = 0 si χ 6= 1, on obtient h(1) = −f
0(1)
d[U
C: V ]
o` u, en notant p
i(u) = u
1. . . u
i−1u
diu
i+1. . . u
dsi u = (u
1, . . . , u
d), f
0(1) = −
hC
X
q=1
χ(a
q) ln N (a
q) N (a
q)
X
σ∈Sd−1
X
y∈Dσ,aq
X
d i=1\
(R+∗)d
∂Φ
i,y,σ∂u
i(u) Y
d j=1du
j+
hC
X
q=1
χ(a
q) N (a
q)
X
σ∈Sd−1
X
y∈Dσ,aq
X
d i=1\
(R+∗)d
∂Φ
i,y,σ∂u
i(u) ln p
i(u) Y
d j=1du
j. On a de plus
hC
X
q=1
χ(a
q) N (a
q)
X
σ∈Sd−1
X
y∈Dσ,aq
X
d i=1\
(R+∗)d
∂Φ
i,y,σ∂u
i(u) ln(u
1. . . u
di. . . u
d) Y
d j=1du
j= d
hC
X
q=1
χ(a
q) N (a
q)
X
σ∈Sd−1
X
y∈Dσ,aq
X
d i=1\
(R+∗)d
∂Φ
i,y,σ∂u
i(u) ln u
idu
1. . . du
det
−
hC
X
q=1
χ(a
q)
N (a
q) ln N (a
q) X
σ∈Sd−1
X
y∈Dσ,aq
X
d i=1\
(R+∗)d
∂Φ
i,y,σ∂u
i(u) Y
d j=1du
j=
hC
X
q=1
χ(a
q)
N (a
q) ln N (a
q) X
σ∈Sd−1
K
σCard(D
σ,aq)
= h X
hCq=1
χ(a
q) ln N (a
q) i
· dR(V ) N (C) √
D
k(en notant R(V ) le r´egulateur de V ).
En r´ecapitulant, on en d´eduit une premi`ere expression de L
C(1, χ) : Th´ eor` eme 1.
L
C(1, χ)
=
hC
X
q=1
χ(a
q) N (a
q) · 1
[U
C: V ] X
σ∈Sd−1
X
J∈Sσ0 J6={1,...,d}
X
y∈Dσ,J,aq
\
(R+∗)d
F
y,σ,J(u) Y
d j=1du
j−
hC
X
q=1
χ(a
q)(ln N (a
q))R(V ) [U
C: V ]N (C) √
D
k− 1
[U
C: V ]
hC
X
q=1
χ(a
q) N (a
q)
X
σ∈Sd−1
X
y∈Dσ,aq
X
d i=1\
(R+∗)d
∂Φ
i,y,σ∂u
i(u) ln u
iY
d j=1du
j.
On reprend ensuite `a l’envers la transformation de Colmez permettant de passer des fonctions F
y,σaux fonctions Φ
i,y,σ(cf. [C], pp. 377–378) en exploitant `a nouveau la relation P
hCq=1
χ(a
q) = 0. On fait successivement une int´egration par parties, puis un changement de variables permettant d’´eliminer les fonctions ψ
i. On obtient alors, en posant
f
k,σ∗= (τ
k(f
1,σ), . . . , τ
k(f
d,σ)) ∀k = 1, . . . , d,
et en d´esignant par Γ
σ= Γ
σ(f
1,σ∗, . . . , f
d,σ∗) le cˆone ouvert form´e des points z = (z
1, . . . , z
d) ∈ (R
+∗)
dtels que pour tout k = 1, . . . , d,
ε(σ) det(f
1,σ∗, . . . , f
k−1,σ∗, z, f
k+1,σ∗, . . . , f
d,σ∗) > 0, une seconde expression de L
C(1, χ).
Th´ eor` eme 2.
L
C(1, χ)
=
hC
X
q=1
χ(a
q) [U
C: V ]N (a
q)
X
σ∈Sd−1
X
J∈S0σ J6={1,...,d}
X
y∈Dσ,J,aq
\
(R+∗)d
F
y,σ,J(u) Y
d k=1du
k−
hC
X
q=1
χ(a
q)(ln N (a
q))R(V ) [U
C: V ]N (C) √
D
k+ 1
[U
C: V ] X
σ∈Sd−1
ε(σ) c
d∆
σ\
Γσ
hC
X
q=1
χ(a
q) N (a
q)
X
(x1,...,xd)∈ ˆDσ,aq
Y
d j=1e
−xjzj1 − e
−zjdz
j( b D
σ,aqd´esignant l’ensemble des d-uplets (x
1, . . . , x
d) ∈ ]0, 1]
dtel que P
dj=1
x
jcf
j,σ∈ D
σ,aq).
2. Le cas d = 2. Dans le cas d = 2, S
d−1= {Id} et la somme sur les parties J de {1, . . . , d} distinctes de {1, . . . , d}, intervenant dans l’expression du th´eor`eme 2, est r´eduite `a J = {1} modulo la relation d’´equivalence ∼ (de sorte que l’on peut supprimer l’indice σ).
On choisit en outre un syst`eme particulier de repr´esentants de I
C/P
Cform´e d’id´eaux premiers de P
1, . . . , P
hCdont la norme est un nombre pre- mier. Un tel syst`eme de repr´esentants existe d’apr`es un th´eor`eme de Tche- botareff, ce qui permet de d´ecrire explicitement les ensembles finis b D
{1},Pqet b D
Pqpour tout q = 1, . . . , h
C. De fa¸con plus pr´ecise, on introduit une base (e
1, e
q2) de CP
q−1telle que pour tout q = 1, . . . , h
C, cf
1= e
1et cf
2= u
Pqe
1+ v
Pqe
q2. On obtient alors :
Lemme 1. Pour tout q = 1, . . . , h
C,
D
{1},Pq= {1},
D b
Pq=
x
1x
2∈ ]0, 1]
2: x
1= x
1(m) = θ
mu
Pqv
Pq− 1 c
, x
2= x
2(m) = m
v
Pq, m = 1, . . . , v
Pq, en posant θ(x) = E(x) − x + 1 = 1 − {x} pour x ∈ R et v
Pq=
N (PN (C)q√)cD2∆k
. D’o` u l’on d´eduit :
Th´ eor` eme 3.
L
C(1, χ)
=
hC
X
q=1
χ(P
q)ζ(2, 1/c) N (P
q)c
2[U
C: V ] −
hC
X
q=1
χ(P
q)(ln N (P
q))R(V ) N (C) √
D
k[U
C: V ]
+ 1
[U
C: V ]
\
Γa
hC
X
q=1
χ(P
q) N (C) √
D
kv
PqX
(x1,x2)∈D
b
Pqe
−x1z1e
−x2z2(1 − e
−z1)(1 − e
−z2) dz
1dz
2=
hC
X
q=1
χ(P
q)ζ(2, 1/c) N (P
q)c
2[U
C: V ] −
hC
X
q=1
χ(P
q)(ln N (P
q))R(V ) N (C) √
D
k[U
C: V ]
+ 1
[U
C: V ]N (C) √ D
k\
Γa
hC
X
q=1
χ(P
q) v
PqvPq
X
m=1
e
−xq1(m)z1e
−(m/vPq)z2(1 − e
−z1)(1 − e
−z2) dz
1dz
2o`u ζ(x, b) d´esigne la fonction zˆeta d’Hurwitz et Γ
a= {(z
1, z
2) ∈ R
+∗: (1/a)z
1< z
2< az
1} si ε
1= (1/a, a).
Posons alors, pour s = 1, . . . , v
Pq− 1, H
s(x) =
∞
\
0
ln(1 − ζ
qse
−xt)
1 − ζ
qsuPqe
−tdt (x > 0) o` u ζ
q= e
2πi/vPq. Th´ eor` eme 4.
L
C(1, χ) =
hC
X
q=1
χ(P
q) ln N (P
q) ln a [U
C: V ] √
D
kN (C)
+ 1
[U
C: V ] √
D
kN (C)
×
hC
X
q=1
χ(P
q)
vPq
X
−1 s=1e
−2πis/c∞
\
0
ln(1 − ζ
qse
−az) − ln(1 − ζ
qse
−z/a)
1 − ζ
quPqse
−zdz
=
hC
X
q=1
χ(P
q) ln N (P
q) ln a [U
C: V ] √
D
kN (C)
+ 1
[U
C: V ] √
D
kN (C)
hC
X
q=1
χ(P
q)
vPq
X
−1 s=1e
−2πis/c[H
s(a) − H
s(1/a)].
Ce r´esultat peut se rapprocher d’un r´esultat obtenu par Novikov dans [N]; il s’obtient `a partir du th´eor`eme 3 en ´evaluant pr´ecis´ement le terme correspondant `a s = v
Pqet en int´egrant par rapport `a z
1(si l’on int`egre par rapport `a z
2les calculs sont plus compliqu´es) la somme des termes restants, le calcul reposant sur la d´ecomposition en ´el´ements simples de la fraction rationnelle T
r−1/(1 − T
vPq) pour r = 1, . . . , v
Pq. L’int´erˆet de cette d´ecomposition est double : d’une part, il permet d’int´egrer par rapport `a l’une des variables; d’autre part, l’apparition de racines v
Pq-i`eme de l’unit´e permet “d’avaler” l’entier E(mu
Pq/c − 1/c
+1 intervenant dans x
q1(m) et que l’on maˆıtrise mal.
Corollaire. Il existe un syst`eme d’id´eaux (a
σ)
σ∈Gtels que L(1, χ) = 1
n h X
σ∈G
e
χ(σ) ln N (a
σ) i 2hR √
kD
k+ 1
[U
C: V ] √
D
kN (C)
×
X
hCq=1
χ(P
q)e
−2πis/cH
s(a) − H
s1 a
Y
P |C
1 − χ(P ) N (P )
−1o`u R
kd´esigne le r´egulateur et h le nombre de classe du corps k.
On termine cette ´etude en donnant une expression r´eelle de L
C(1, χ) : soit
G
q(z) = X
∞l=1
(Γ
0/Γ )(lz+x
q1(l)) − ln(lz) l
= X
∞l=1
1 l
∞
\
0
"
e
−lztt − e
−(lz+xq1(l))t1 − e
−t#
dt, ∀z > 0.
Th´ eor` eme 5.
L
C(1, χ) =
hC
X
q=1
χ(P
q)
N (P
q) · ζ(2, 1/c) [U
C: V ]c
2+
hC
X
q=1
χ(P
q) ln N (P
q) ln a N (C) √
D
k[U
C: V ]
+ 1
[U
C: V ]N (C) √ D
khC
X
q=1
χ(P
q)
G
qa v
Pq− G
q1 av
Pq.
Ce r´esultat s’obtient encore `a partir du th´eor`eme 3 en isolant la partie polaire dans l’int´egrale sur Γ
a, l’expression restante conduisant cette fois aux fonctions G
q, fonctions qui pr´esentent certaines analogies avec la fonction F introduite par Zagier dans [Z].
R´ef´erences
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Universit´e de Grenoble I Institut Fourier
UMR 5582
UFR de Math´ematiques B.P. 74
38402 St. Martin d’H`eres Cedex, France
Re¸cu le 5.4.1996 (2961)