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Souvenirs militaires : 1792-1814. T. 1

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HIPPOLYTE D’ESPINCHAL

Souvenirs Militaires

1 7 9 2 -1 8 1 4

P U B L I E S P A R

Fr é d é r ic M A S S O N e t Fr a n ç o i s B O Y E R

T O M E I

P A R I S

SOCIÉTÉ d’ÉDITIONS LITTÉRAIRES ET ARTISTIQUES

L ib ra irie P aul O llendorff

5 0 , c h a u s s é e d ’ a n t i n , 5 o

1 9 0 1

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Biblioteka Jagiellońska

1 0 0 1 0 6 9 6 4 1

Souvenirs Militaires

17 9 2 - 1 8 1 4 1001069641

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HIPPOLYTE D ’ESPINCHAL

Souvenirs Militaires

1 79 2-1 81 4

P U B L I É S P A R

Fr é d é r ic M A S S O N e t Fr a n ç o i s B O Y E R

T O M E I

P A R I S

SOCIÉTÉ D’ÉDITIONS LITTÉRAIRES ET ARTISTIQUES

L ib ra irie Paul O llendorjf

5 0 , c h a u s s é e d ’ a n t i n , 5 o

1 9 0 1

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T r o is e xe m p la ir es s u r p a p ier du Japon T r e iz e de H o lla n d e

N U M E R O T E S

31bf. iagieil.

2008 D

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A Y A N T - P R O P O S

Il a, depuis douze ans, été publié bien des volu m es de m ém oires et de souvenirs sur la période des grandes guerres. Bien que, dans presque tous, se rencontrent des détails intéressants et qu’il n ’en soit guère de n égligeab le, on peut trouver parfois cette abondance excessive et regretter que les éditeurs n ’aient pas exercé u ne critique plus sévère sur les docum ents qu ’ils livren t au public. Il peut ne pas suf­

fire que ces docum ents soien t m atériellem en t au th en ­ tiques, c’est-à-dire qu ’on ait en m ains les m anuscrits autographes de l ’auteur. Encore fau t-il qu ’ils soient originaux, qu’ils ne soient pas un développem ent ou m êm e sim plem ent une copie, additionnée d ’anec­

dotes invérifiables, de quelque ouvrage populaire tel que Victoires et Conquêtes. Davantage encore faut-il qu’ils soient sincères et ne présentent pas de telles invraisem blances qu’au lieu de grandir nos soldats,

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il en résulte contre eux un préjugé. Sans doute, ne peut-on exiger que la véracité des m ém orialistes soit absolue. A distance, les faits grossissent, et toujours les acteurs, si m édiocre qu’ait été le rôle qui leur a été distribué, sont en clin s à s ’attribuer tout le succès qu ’a eu la pièce. Point de com parse, ayant joué avec Talma, qui ne tire vanité des applaudissem ents. De m êm e est-il des m isères; les pires qui aient été souf­

fertes sont toujours celles qu ’on a éprouvées soi- m êm e. Il y a donc un partage nécessaire à opérer entre ce qui est de la réalité et ce qui a été superposé par l ’im agination ou m êm e la m ém oire. Cela est vrai su rtou t pour les souvenirs écrits longtem ps après les événem ents où u n e con fu sion peut s ’établir, dans l ’esprit de l ’auteur, entre ce qui lu i est arrivé à lui- m êm e, ce qu’il a conté com m e lu i étant arrivé et ce qui est arrivé à ses voisin s. Mais encore là est-il un fond de vérité. M alheureusem ent, certains font pis : c’est de toutes pièces et com m e un sinistre roman d’aventures qu ’ils forgent leur récit. Pour le rendre intéressant, ils y entassent des détails qui, m atérielle­

m ent, se contredisent ; ils s’attribuent à eux-m êm es des aventures qui suffiraient à quelques m illiers d’hom m es ; leur véracité n ’est point soutenable ; leur bonne foi n ’est pas m êm e adm issible ; leurs prétendus m ém oires sont des contes tels q u ’à la veillée, les gro­

gnards en faisaient pour étonner les conscrits. S eule­

m ent, au lieu d ’être dits, ils sont écrits. Ils dem eurent alors et, la lettre m oulée exerçant toujours son pres­

tige, la m anie s’étant répandue partout du tém oi­

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gnage inédit, les voici qui passent à la presse et se répandent sur le m onde. Ils n ’y portent point — je le dis çi regret — u ne bonne renom m ée pour nos soldats.

Ils les rendent suspects, les convainquent m êm e de hâblerie, et ailleurs, — non sans raison — on nous trouve assez sols de prendre pour argent com ptant ce qui n ’est, qu’on passe le m ot, que des blagues de cham brée.

Pour que des m ém oires m éritent d’être publiés, il faut qu’ils présentent ces trois qualités : authenticité m atérielle, o rigin alité, véracité. 11 n ’en faut pas dem ander p lu s: tout individu qui a écrit sur sa propre vie a cédé à l ’une de ces préoccupations : le- besoin d ’occuper son oisiveté, le désir de se.disculper, la volonté d’établir qu’il a été m éconnu. Très souvent, ayant com m encé pour se distraire, ayant eu pour objet, en se racontant, d’em ployer les heures de la retraite, il tourne à se glorifier, à soutenir une thèse, à prouver qu’il ne s ’est jam ais trom pé, que, s’il n ’a pas été avancé com m e sa vanité le dem andait, c’est q u ’on était jalou x de son m érite. Il a tout prévu, tout indiqué, tout deviné, tout fait: on l ’a d épouillé de ses idées et il revendique sa gloire. Cela n ’est point dangereux : dès qu ’il apparaît, le délire des persécutions ou le délire des grandeurs avertit le lec­

teur un peu perspicace ; à la dixièm e page, on est fixé. Mais c ’est sou ven t à la dixièm e page d’un troi­

sièm e ou d’un quatrièm e volum e. Latent d ’abord, peut-être inexistant, à coup sûr inconscien t, le délire ne s’est développé qu ’au courant du récit, par u n n a tu -

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rel désir qu’a eu l ’auteur de corser son rôle et de lui donner plus d’am pleur, par un retour qu ’il a fait sur sa fortune, sur l ’injustice du sort. D’ailleurs ne se d onne-t-il pas d’abord cette excuse qu ’il n ’écrit que pour lu i-m êm e et pour les sien s? Si la postérité a connaissance de son vrai m érite, tant m ieux pour elle ! Il a com m encé en ajoutant des v étilles à la vérité : bientôt, le délire m onte, il en vah it les pages, il obscurcit les faits les plus clairs; il n ’y en a plus que pour lu i, et le lecteur ferm e avec tristesse ces volu m es où, au début, il avait trouvé de la sincérité, de la gaieté, un ferm e et joli récit d ’actions ignorées, où il ne trouve plus qu’en vie, vanité, m ensonges, un style fatigué, bruyant et lâche, — pis que tout, l ’ennui.

Sans doute, cette décroissance tien t à une cause m alheureusem ent fort hum aine. Un hom m e com ­ m ence d’écrire ses m ém oires, étant encore en pleine activité d’esprit. Il vien t de quitter le service, le tra­

vail qu ’il fait lui est nouveau et lu i plaît ; des temps d ’enfance et de jeu n esse, les souvenirs lui arriven t'en foule, alertes et joyeux com m e l'Espérance. Les jours passent. Le travail se fait plus lourd; les événe­

m ents, m ieu x connus des h istorien s, se rendent plus difficiles à conter. La position de l ’auteur a grandi et il a pris des responsabilités. On l ’a attaqué et il riposte. La polém ique n ’a d ’intérôt que pour lu i, mais elle en a tant! Sa m ém oire s ’affaiblit, m ais l ’aigreur s ’y m êle et la décrépitude arrive. Faut-il chercher plus loin?

L’historien ne devrait accepter com m e tém oignages

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portant charge que les journaux personnels, écrits sous le coup des événem ents, qui en fournissent une notion nette, précise et vu e; en seconde lig n e , les m ém oires rédigés postérieurem ent, m ais d ’après un journal original tenu quotidiennem ent. Les m ém oires qui n ’ont pas cette base nécessaire ne devraient être i'cçus qu ’avec m éfiance. V ainem ent cherche-t-on à y suppléer en s’aidant des feu illes publiques com m e d’un m em ento chronologique sur qui l ’on brode. Les feuilles publiques présentent toujours de l ’officieux et du con ven tion nel qui obscurcit le spectacle. A un mot, à une phrase, involontairem ent copiée ou repro­

duite, le point de départ apparaît, tout le développe­

m ent suit, et ce développem ent devient suspect. Sans doute, doit-on préférer à tout le journal personnel au jour le jour, m ais il se faut encore contenter lorsqu’il a servi à rédiger des m ém oires. Outre qu’il a offert à l ’auteur le m em ento le plus précieux, il l ’a rappelé constam m ent à la réalité, l ’a contraint la précision, l ’a gardé contre les vanités excessives, et, lorsque la fatigue est venue, il a pourtant m aintenu l ’intérêt;

m êm e si l ’auteur a quelque peu brodé, son travail garde u ne autorité et peut servir l ’histoire.

Tel est le cas des m ém oires que nous publions.

Leur authenticité m atérielle n ’a pas besoin d ’être dém ontrée : à la mort du comte Ilippolyte d’E spin- chal, le m anuscrit original et autographe qu ’il avait laissé a été déposé à la B ibliothèque m unicipale de C lerm ont-Ferrand et nous devons à M. le maire la gracieuse autorisation de les im prim er, tâche qui

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nous a été rendue facile par l ’extrêm e obligeance du B ibliothécaire de la V ille, le savant M. V im ont.

Leur authenticité morale n’est pas m oin s certaine : à chaque instant, l ’auteur fait allusion à son journal dont il envoie des extraits à son père ou à son frère.

L’itinéraire est suivi avec une précision absolue;

pas un gîte n ’est om is. Pour les personnes, des listes, dressées avec un soin particulier expliquent com m ent, pourquoi, en q u elles circonstances, le com te d’Espin- chal les a connues et fréquentées. B arem cnt un docu­

m ent personnel a présenté de telles garanties de véra­

cité et de sincérité.

Ces m ém oires se suffisent à eu x-m êm es. Des notes brèves n ’eu ssen t rien appris au lecteur instruit; déve­

loppées en vue d’en seign er l ’histoire de la R évolution et de l ’Em pire au lecteur qui n ’en a pas connaissance, elles eu ssen t pris un tour odieux et inutile de pédan­

tism e. Nous nous som m es bornés à revoir soigneuse­

m ent le texte sur les. m anuscrits originaux, à rétablir du m ieu x possible les nom s des lieu x et des person­

nages et à redresser çà et là quelq u es phrases que M. d’Espinchal eût lu i-m êm e corrigées à l ’im pression.

Pour la clarté du récit, nous l ’avons divisé en cha­

pitres et nous avons rejeté en appendices les listes de n om s qui se trouvaient dans le texte. A cela se borne notre rôle d’éditeurs. Il y a v in g t ans, quand j ’avais vu pour la prem ière fois ces m anuscrits, j ’avais été frappé de leu r origin alité et de leur intérêt. J’ai donc été heureux de saisir l ’occasion de les publier de con­

cert avec M. François Boyer, de V olvic, si com pétent

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en tout ce qui touche à l ’histoire d’A uvergne. Peut-être, son érudition locale se fû t-elle u tilem en t em ployée ici à des notes généalogiques, mais j ’estim e que les notes doivent être bannies lorsqu’il s’agit, com m e ici, d’un docum ent personnel où la responsabilité entière du tém oignage doit être laissée au narrateur.

Bien que les anecdotes de m œ urs m ilitaires et civiles, si curieuses et si abondantes, fassent l ’intérêt principal de ces m ém oires, l ’histoire pourtant, la p e ­ tite h istoire, com m e on dit, celle des institutions et des m ilieux, des sociétés et des m œ urs, pourra en tirer profit. Sur l ’ém igration et la vie de certains des princes de la Maison de France, il y a ici du nouveau : à côté des Souvenirs de N orvins récem m ent'édités par M. de Lansac de Laborie, les souvenirs de d’Espinchal apportent u ne contribution im portante à la chronique des Gendarmes d’ordonnance ; les annales du 5° H us­

sards se trouveront sin gu lièrem en t d ocum entées par les détails recueillis par celu i qui en fut six ans le capi­

taine adjudant-major ; m êm e certains points de la cam pagne de 1809 seront éclaircis; le voyage à Naples montre en un jour n eu f la cour de Murât; le voyage à travers l ’Espagne qui term ine le prem ier volum e est singu lièrem en t instructif; m ais c’est surtout au séjour de l ’auteur à l ’Armée d’Italie et auprès du prince Eugène qu’il faudra s’attacher. Ce sont là les parties les plus intéressantes, et je n ’en sais point d’analogues en notre littérature m ilitaire. Les am ateurs de détails précis sur les uniform es, ceux qui prennent intérêt à la vie fam ilière de l ’armée trouveront d’am ples satis­

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x i V

factions. Rarem ent, l ’on en fournit une im pression aussi ju ste, précise et vraie. Quant aux bonnes for­

tu n es de l ’auteur, je n e saurais dire s’il y a ajouté, m ais, com m e de ses duels, on n ’a rien à retrancher : sans les uns et les autres, le tableau eût été incom plet.

L’accent de sincérité est d’ailleurs p areil; et si,, poul­

ie détail des cam pagnes, la véracité de l ’auteur est établie, n e doit-il pas bénéficier du préjugé pour ses autres aventures. Au reste, qu’on prenne, dans la série des souvenirs m ilitaires, ceux de Parquin et de Combe, qui sem blen t le plus intim em ent se rappro­

cher de ceux-ci, n ’est-ce pas le m êm e courant d’idées, la m êm e suite d ’anecdotes et ne sont-cepas les m êm es hom m es? Parquin et Combe vien nent de la bour­

geoisie, d’E spinchal de la noblesse; peu im porte.

Cavaliers légers tous trois, ils portent à ce qu’ils content une façon qui est de m étier et d’âm e, com m e de Brack, com m e Marbot, com m e Curély; m ais si, pour le style et la hauteur d’esprit, d’Espinchal est inférieur à de Brack, s ’il n ’a point cette alacrité qu ’on a ju stem en t adm irée en Marbot, il est plus précis que celu i-ci, pénètre davantage au détail; et, par ses liai­

sons et le m onde qu ’il fréquente, l ’em porte sur tous.

Combe seu l pourrait lu i être com paré, m ais c’est encore à un étage social inférieur, durant une période bien plus courte et m ieu x connue. J’ai dit ailleurs où le cavalier lég er puisait ces dons d’observation1 et je n ’y veu x point revenir. Toutefois, com m e il est ici un

1, Cavaliers de Napoléon, p. 309.

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élém en t particulier que l ’auteur tien t de sa naissance et de son éducation, il convient d’indiquer d’où vien t M. d’Espinchal et com m e il s ’est formé.

Quatrième fils de Joseph-Thom as, com te d’E spin­

chal, m estre de camp de dragons, et de Louise-Gabrielle de Gaucourt, Hippolyte d’Espinchal, né le 30 août 1777, tenait de son père, qui a laissé des m ém oires si intéres­

sa n ts1, une curiosité d’esprit qui s’exerçait sur toutes choses, m ais sur la société d ’abord, le com te d’Espin­

chal étant, sous Louis XVI, l ’hom m e qui la connais­

sait le m ieu x et la savait le plus parfaitement. S ’étant retiré jeu n e du service pour lequel il avait peu de goût, il avait ses entrées en tous lieu x, m ais fréquentait de préférence à Chantilly et à l ’hôtel de Condé, chez Mme du Barry et dans les m aisons où il pouvait satis­

faire à la fois sa passion du m onde et son goût aux anecdotes. Il sem ble qu’il fût m édiocrem ent à la Cour et qu ’il ne com ptât point parmi les favoris. Ce n ’était pas au m oins que sa m aison ne fût bonne, sa n oblesse ancienne et ses alliances telles que, pour se faire bien venir, il pût se réclamer d ’une Isabeau de Polignac qui, en 1638, avait épousé son grand-oncle François- Gabriel d’E spinchal, baron de D unières. Aussi, en ém igration, se rattacha-t-il à ces Polignac; m ais en France, il était plus volontiers à Paris qu’à V ersailles et y trouvait plus d’agrém ent. Au m oin s, n ’était-cc pas par goût d’opposition, bien que son aïeul, Charles-

1. Nous ,en avons publié nous-m êm e divers fragments dans la tievue de P aris et nous com ptons en donner prochainem ent une édition complète;

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Gaspard, eût été, aux Grands Jours d’Auvergne, con­

dam né à mort par contum ace, à la suite d ’aventures que F léchier a longu em en t contées ; m ais ce Charles- Gaspard, passé en Bavière, où l ’E lecteur l ’avait fait colonel général et capitaine de ses gardes, lieutenant général de ses arm ées, capitaine d’un régim en t de 600 cuirassiers et com m andant en ch ef de ses troupes, eû t eu m auvaise grâce à ten ir rancune à Louis XIV qui, après le m ariage du grand D auphin, l ’avait réin ­ tégré dans ses b ien s, titres et grades et fait maréchal de ses cam ps et arm ées. Son cinquièm e descendant ne voyait dans cette h istoire qu ’un titre d’honneur, établissant com m e sa m aison avait été puissante et com m e les hauts barons de jadis savaient m aintenir leurs droits.

Et, en effet, depuis Charles VIII, dont A ntoine d’Es- pinchal fut cham bellan, il n ’avait pas m anqué dans la fam ille de vaillants hom m es de guerre, — tel Jean, baron des Fernes, mort lieu ten an t général des arm ées navales et des galères de France; — m ais plutôt que d ’aller à la Cour et d’y chercher des grâces, les d’Es- pinchal s’étaient m aintenus ferm es en leur pays d’Au­

vergne où ils avaient les plus belles terres et des baronnies presque indépendantes. Ce fut seulem ent le petit-fils de Charlcs-Gaspard, Thom as, qui y vint, aux Gardes du corps, dont il fut exem pt en 1732, brigadier en 1745, en seign e en 1750, lieutenant en 1752; il se trouva par suite lieutenant général en 1762»

et obtint* entre autres grâces, le gouvernem ent de Salces en R oussillon. Il échangea le titre de baron

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que portaient ses ancêtres, contre celu i de m arquis, sans pourtant qu’il y eût érection régulière en mar­

quisat de ses baronnies de D u n ières-lès-Joyeu se, d ’Es- pinchal et Massiac et de ses seigneuries de Saint- M arcellin, du Vernet, de Saint-Prix et de V iellesp esse.

Désormais, ses descendants furent fixés en Cour où son fils fut page du Roi, puis m estre de camp d’un régim ent de cavalerie de son nom et brigadier des arm ées et où son petit-fils, Joseph-Thom as, eû t pu, s ’il avait em ployé à s’y pousser la dixièm e partie de l ’ac­

tivité qu ’il porta à connaître tout Paris, parvenir a u i plus hautes dignités. Les alliances, presque toutes auvergnates et de m aisons égales, étaient Chavagnac, Montmorin, d’Albon, de Lévis, de P o lig n a c ,d ela Roue, d’A pchon, de Léotoing,* de la Tour de Rochebrune, de Laizer, de Froulay-T essé.

Par les Gaucourt, dont était sa m ère, Ilippolyte ou Hypolite tenait à une m aison plus illu stre encore, puisque, dès le xm° siècle, elle joua dans l ’histoire un rôle im portant, fournit, au début du xv°, un grand fau­

connier de France, plus tard un grand maître d’hôtel de France, un gouverneur de Paris, et toute une suite de lieu ten an ts du Roi en Rerry. De là une n ou velle série d’alliances qui le m ettaient en cousinage avec la plus haute noblesse de Cour. Cela, com m e on verra, n ’est pas sans jouer un rôle dans son histoire et si, dans des notes, on avait dû relever les allusions qu’il y fait et expliquer les parentés, on eû t dû fournir un

nouveau supplém ent au Père A nselm e.

Que, né ainsi, élevé ainsi, soldat à treize ans de

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X V I I I

l ’Armée de Condé, H ippolyte d’E spinchal ait été pris, com m e il fut, par le sen tim en t national, qu’il ait poussé ju sq u ’à l ’adoration sa passion pour l ’Empereur, qu’il ait porté à le servir cette ardeur dont tém oignent ses blessures, ses faits d ’arm es, l ’aigle d’or de la L égion et la Couronne de fer, libre à quelques-uns de s’en étonner; pour n ous, c ’est une des belles affirmations de l ’œuvre entreprise et accom plie : la réconciliation des Français dans la g lo ire, leur com m union en la Patrie q u ’incarne l’Em pereur. A tou s, paysans et bourgeois, ouvriers et gen tilshom m es, N apoléon a ouvert les m êm es portes ; il a sonné l ’appel et le bon sang n ’a point m enti pour y répondre.

Ils ont tressailli, ces jeu n es gen s, à la v ieille fan­

fare entendue, au choc des sabres, aux lointain s rou lem ents des canons ; ils se sont élan cés, et Lui, alors, les pétrissant de sa petite m ain aux doigts d ’acier, les a m êlés dans le rang, les a confondus dans la victoire; il a tissé de ces fils d’or, de laine, de lin et de soie, « la bonne étoffe du peuple de France », l ’étoffe brillante et solide, soyeuse aux regards et chaude au corps, qui, trouée par des balles, m ontre, en sa trame brisée, de quoi payer tous les rois, parer toutes les fem m es et couvrir tous les peuples.

Je ne saurais rien ajouter aux am ples détails que le com te d ’E spinchal donne sur lui-m êm e. Il com ­ manda pour le Roi, en m ai, ju in et ju ille t 1813, des volontaires chasseurs-royaux d’Henri IV, et prit sa retraite en 1836 com m e colonel de cavalerie. Il est

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A V A N T - P R O P O S . X I X m ort le 18 mars 18641 à Clerm ont-Ferrand. Officier d e l à Légion du 19 ju ille t 1809, il avait reçu la croix de Commandeur des m ain s de l ’E m pereur Napo­

léon III en ju ille t 1862.

F. M.

1. Du 18 mars 1864, acte de décès de M. Ilippolyte marquis d’Espin­

chal, chevalier de Saint-Louis et de l ’ordre de Malte, Commandeur de la Légion d’honneur et du Mérite militaire de Bavière, membre de la Couronne de fer, chevalier de la Fidélité de Bade, lieutenant- colonel de cavalerie en retraite, âgé de 86 ans, habitant de Clermont, veu f de dame Marie-Catherine-Geneviève de Montorcier, fils légitim e de défunts Joseph Thomas, com te d’Espinchal, lieutenant général en retraite et de dame Gabrielle de Gaucourt, décédé le 18 mars à 1 h. 1/2 du soir, place d’Espagne, 10.

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SOUVENIRS MILITAIRES

DU COMTE HIPPOLYTE D ’ESPINCHAL

I

L’ É M I G R A T I O N — L ’ A R M É E DE C O N D É

Mon p è re , le c o m te d ’E s p i n c h a l , m a r é c h a l de c a m p , é m i g r a a u m o is de j u i l l e t 1789, p e u d e j o u r s a p r è s la p r is e d e la B a stille, c h a r g é p a r Mgr le p r i n c e d e C ondé, d o n t il é t a i t tr è s affectionné, de c o n d u i r e sa fille, la p r i n c e s s e L o u is e de B o u rb o n - C o n d é , à B ruxelles, où, peu de j o u r s a p r è s , se t r o u v a i t r é u n i e t o u t e la f a m ille de ce p r in c e .

H e n r i, m o n f rè re a i n é , v in t à T u r i n avec m a m è re , a p p e lé e p a r S. A. R. la c o m t e s s e d ’A rtois. P e u a p r è s , t o u s les p r i n c e s d e la M aison s e t r o u v è r e n t r é u n i s e n ce lte ville d ’où m o n p è r e , Mgr le d u c d ’E n g h ie n e t m o n f rè re p a r ­ t i r e n t p o u r f aire u n v o y a g e e n S u is s e q u i d u r a d e u x m o is . L o r s d e la r é u n i o n , à C oblentz , d e s é m i g r é s v e n a n t j o i n d r e S. A. R. M o n sieu r et Mgr le c o m te d ’A rto is, ce f u t le c o m t e d ’E s p in c h a l q u i o r g a n is a la co a litio n d ’A u v e r g n e c o m p o s é e d ’à p e u p r è s 400 g e n t i l s h o m m e s de ce lte p r o ­ v in c e , t o u s m o n t é s e t é q u i p é s à l e u r s f ra is e t f o r m a n t q u a t r e s u p e r b e s c o m p a g n ie s .

Alexis, m o n s e c o n d frè re , élève d e p r e m i è r e classe 1

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d a n s la m a r i n e , se r e n d i t a u p r è s d e m o n p è r e à Coblentz, a u s s i t ô t s o n r e t o u r d e S u is s e , e t ce f u t e n 1792 q u ’il m e f i t v e n i r de P a r i s p r è s de lui. Ce f u t s u r t o u t e n 1790 e t 1791 q u e l’é m ig r a tio n p r i t .pne activité q u i s ’é t e n d i t du b o u t du r o y a u m e à l ’a u t r e e t q u e se f o r m è r e n t d if fé re n ts c o r p s qui f in ir e n t p a r s e c o n s t i t u e r e n t r o i s c o r p s d ’a r m é e p o u r être j o i n t s a u x tr o u p e s .a u tr ic h i e n n e s e t p r u s s i e n n e s , f o r te s de 80000 c o m b a t t a n t s , q u i e n t r è r e n t e n c a m p a g n e , a u m o is d ’a o û t 1792. Le p r e m i e r de ces c o r p s , s o u s les o r d r e s de le c o m t e d ’A rtois, é t a it f o rt de 8000 h o m m e s d ' i n f a n ­ t e r i e e t de S 000 c h e v a u x e t d e v a it o p é r e r s u r le c e n t r e de la F r a n c e ; le s e c o n d , c o m m a n d é p a r le p r i n c e de C ondé, p la c é s u r la lig n e d u R h in , é t a i t de 5 000 c o m b a t t a n t s , e t le t r o i s i è m e , d irig é p a r le d u c de B o u r b o n , d e 4 000 ; e n to u t, 23000 h o m m e s , e n g r a n d e p a r ti e n o b le s .

Cette c a m p a g n e , q u i s e m b l a i t d e v o ir offrir les p lu s h e u ­ r e u x r é s u l t a t s p a r l’i n v a s i o n d e s t r o u p e s é t r a n g è r e s , se b o r n a à l ’o c c u p a t io n d e q u e l q u e s v illes d e 'F r a n c e , d o n t o n fut b i e n t ô t c h a s s é p a r s u it e d ’u n e r e t r a i t e h o n t e u s e q u i d é t a c h a la P r u s s e de la c o a lition et a m e n a la d is s o lu tio n de l ’a r m é e d e s p r in c e s fra n ça is. L es é m ig ré s se t r o u v è r e n t d a n s la p lu s g r a n d e d é t r e s s e , e r r a n t en E u r o p e s a n s t r o u ­ v e r n i s y m p a t h i e s ni s e c o u r s , e t r e je té s d e s p a y s o ù ils c h e r c h a i e n t u n asile. C e p e n d a n t l ’A u tric h e , s o u t e n u e p a r le s s u b s i d e s d e l ’A n g le t e r r e , c o n t i n u a la g u e r r e , e t le p r i n c e d e C ondé , a y a n t o b t e n u d e l ’e m p e r e u r d ’A lle m a g n e la c o n s e r v a ti o n de s o n c o r p s e t l ’a u t o r i s a t i o n de l’a u g m e n ­ t e r de t o u s les é m ig r é s q u i v o u d r a i e n t s e r v i r s o u s ses d r a p e a u x , se t r o u v a b i e n t ô t à la t ê t e de 6 796 c o m b a t ­ t a n t s d o n t 4 836 c h a s s e u r s à p ie d e t c a v a lie rs n o b l e s et 3360 h o m m e s de d iffé re n te s a r m e s , f o r m a n t d e u x r é g i­

m e n t s d ’in f a n te rie et tr o is de c a v a le r ie , p l u s d o u z e p iè ce s d ’a r tille rie . D ans ce c o r p s d ’a r m é e , p la c é t o u j o u r s à l ’avant-

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L ’A R M É E D E C O N D É . - 1 7 9 4 . 3 g a r d e d e s A u tr i c h i e n s e t s ’y c o u v r a n t d e gloire, se t r o u ­ v a i e n t le d u c de B o u r b o n , s o n fils le d u c d 'E n g h i e n et n o m b r e d e g é n é r a u x et de co lo n e ls c o m m a n d a n t d e s c o m ­ p a g n i e s n o b le s .

Ce f u t d a n s l ’é té d e 1794 q u e m o n f r è re Alexis e t m o i f û m e s e n v o y é s p a r m o n p è r e à l ’A r m é e de Condé e t p la cé s d a n s le c o r p s n o b le d e s C hevaliers d e la c o u r o n n e , s u p e r b e r é g i m e n t d e ca v alerie (j’avais a lo rs q u a t o r z e a n s ); H enri, n o t r e aîn é, é t a it officier d a n s les h u s s a r d s de C hoiseul à la s o ld e de l ’A n g le t e r re .

L ’a r m é e , q u i a lo rs s ’é t a it c o n s i d é r a b l e m e n t a u g m e n t é e m a lg r é le s p e r t e s q u ’elle a v a it s u b i e s d a n s n o m b r e de c o m b a t s s a n g l a n t s , se t r o u v a i t fo rte de 12500 c o m b a t t a n t s e t d e v i n t u n p u i s s a n t a p p u i a u x t r o u p e s a u t r i e h i e n n n o s q u e l e u r s m a u v a i s e s d i s p o s i t i o n s e x p o s è r e n t p lu s i e u r s fois à se v o ir a n é a n t i r p a r les s a v a n t e s m a n œ u v r e s d u g é n é r a l M o rea u . N o ta m m e n t , d a n s la c a m p a g n e de 1795, au s a n g la n t c o m b a t de B ib e r a c h où les C h e v aliers de la c o u r o n n e e u r e n t 6 t u é s e t 15 b le s s é s , a u n o m b r e d e s q u e ls j e fus, e lle p r o t é g e a la r e t r a i t e d u g é n é r a l a u t r i c h i e n c o m te d e la T o u r, d o n t le c o r p s se t r o u v a i t g r a v e m e n t c o m p r o ­ m i s ; elle c o n t r i b u a a u s si p u i s s a m m e n t à p r o té g e r n p t r e r e t r a i t e s u r M unic h p a r p lu s i e u r s b r i l l a n t s c o m b a t s s o u ­ t e n u s avec a c h a r n e m e n t p a r les C h a s s e u r s n o b le s de l ’avant- g a rd e d u d u c d ’E n g h i e n q u i p a y a i t si n o b l e m e n t de sa p e r ­ s o n n e e t c o u r u t p l u s i e u r s fois le s p l u s g r a n d s d a n g e r s en s ’e x p o s a n t c o m m e un s i m p l e solda t.

Ce f u t à c e tte m ê m e é p o q u e q u e l’a r m é e a p p r i t avec t r i s t e s s e e t i n d ig n a tio n la t e n ta t iv e d ’a s s a s s i n a t s u r la p e r ­ s o n n e du ro i, d a n s la p e t i t e ville d e Dillingen, p r è s d u D a­

n u b e , a l o r s q u ’il venait de q u i t t e r l ’a r m é e p r è s d e l a q u e ll e il é t a it v e n u p a s s e r u n e h u i t a i n e de j o u r s . Cet h o r r ib l e a t t e n t a t e u t lie u v e r s les dix h e u r e s d u so ir : le r o i s ’é t a it

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m i s à la f e n ê t r e d e s o n a p p a r t e m e n t p o u r j o u i r d ’u n b e a u c l a ir de lu n e , u n c o u p d e c a r a b i n e p a r t i t d ’u n e a r c a d e voi­

sine, e t la b alle v in t le f r a p p e r a u s o m m e t de la tê te . Àu m o u v e m e n t q u e fait le roi t o u t c o u v e r t d e sa n g , le d u e de F l e u r y le c r o y a n t m o r t e l l e m e n t b le s s é a p p e lle d u s e c o u r s ; a u s s i t ô t a r r i v e n t le d u c de G r a m o n t e t le c o m te d ’Avaray, m a i s le p r i n c e l e u r d i t t r a n q u i l l e m e n t : « R a s s u r e z - v o u s , m e s a m i s , ce n ’e s t r i e n d u t o u t ; v o u s voyez b i e n q u e j e s u is r e s t é d e b o u t . » Q u o iq u e le c o u p fût à la t ê te , la plaie f u t t r o u v é e p r o fo n d e , m a i s n ’offrant a u c u n d a n g e r . Q u a n t a u m i s é r a b l e q u i a v a it c o m m i s le c r i m e , il t r o u v a le m o y e n d e s ’é c h a p p e r , m a l g r é les r e c h e r c h e s le s p l u s a c tiv e s et s a n s q u ’o n d é c o u v r it le m o t i f d ’u n p a r e il a t t e n t a t . P e u d e j o u r s a p r è s ce f u n e s t e é v é n e m e n t , l ’A r m é e de C o n d é e u t à s o u t e n i r u n te r r i b l e c o m b a t a u v illage d ’O b e r k a m la c h o ù les C h a s s e u r s n o b le s d é p l o y è r e n t u n c o u r a g e s u r h u m a i n c o n t re d e s f o rc e s p r e s q u e s e x tu p le s , s a n s q u e les A u tr ic h i e n s , p a r l ’in e p t i e de l e u r s chefs, v i n s s e n t l e u r p o r t e r s e c o u r s . Le b a t a i l l o n d u m a r q u i s d u G oulet, m a r é c h a l de c a m p , q u i y p e r d i t la vie, e u t 101 c h a s s e u r s n o b le s tu é s e t p l u s de 200 b l e s s é s ; et, ce n e f u t q u e p a r d e u x c h a r g e s r é it é r é e s d e s C he valiers d e la c o u r o n n e q u e le r e s t e de ce m a l h e u r e u x b a ta illo n p u t s o r t i r d u g u ê p i e r d a n s le q u e l il é t a i t to m b é .

Il n e se p a s s a it g u è r e de j o u r s s a n s q u e l ’A rm é e de Condé e û t à s o u t e n i r d e s c o m b a ts d ’a u t a n t p l u s s a n g l a n t s q u e les p r i s o n n i e r s , q u ’o n a u r a i t p u lu i faire, é t a i e n t d e s tin é s à u n e m o r t o r d o n n é e p a r le s lo is r é v o l u t i o n n a i r e s . 11 faut c e p e n d a n t d ir e , p o u r r e n d r e h o m m a g e à l ’h o n n e u r d e l ’a r ­ m é e fra nça ise, e t n o t a m m e n t a u g é n é r a l F e r in o , q u e g r a n d n o m b r e de p r i s o n n i e r s f u r e n t s o u s t r a i t s à la b a r b a r ie d u r e p r é s e n t a n t d u p e u p l e , e n l e u r p r o c u r a n t le s m o y e n s de r e v e n i r p a r m i n o u s .

Les succès de Bonaparte en Italie, et ceux obtenus par

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L ’ A R M | É E D E C O N D É . — 1 7 9 7 . fi

M oreau qui n ’é ta it p lu s q u ’à v in g t-e in q lie u e s d e Vienne, d é t e r m i n è r e n t l ' e m p e r e u r d ’A u tr ic h e à faire d e s p r o p o s i ­ ti o n s de paix q u i f u r e n t p r é c é d é e s d ’u n a r m i s tic e s ig n é à L é o b e n e n t r e B o n a p a r te e t l’a r c h i d u c C h a rles, d o n t u n e d e s c o n d i t i o n s é t a it le li c e n c i e m e n t d e l ’A r m é e de Condé. Cet é v é n e m e n t , q u i allait p la c e r u n e q u a n t i t é d ’é m i g r é s d a n s l ’é ta t le p l u s d é p l o ra b le , f u t h e u r e u s e m e n t p a r a l y s é p a r le b o n v o u l o i r de l ’e m p e r e u r P a u l Ier q u i e n v o y a s o n aide de c a m p , le p r i n c e G o rs tc h a k o f, a u p r i n c e de C ondé p o u r lui p r o p o s e r de c o n d u i r e s o n a r m é e en W o l h y n i e et q u ’il la p r e n d r a i t à s o n s e rv ic e , avec to u s le s a v a n ta g e s q u e m é r i ­ ta it sa n o b le e t b r illa n te c o n d u i te : c e lte offre f u t ac c e p té e avec u n e v é r ita b le r e c o n n a i s s a n c e ; le p r i n c e e n d o n n a c o n n a i s s a n c e à l ’a r m é e , p a r u n o r d r e d u j o u r d a n s le q u e l il laissa it à c h a c u n la f a c u lté d ’a g ir ain si q u ’il l’e n t e n d r a i t ; c e t é v é n e m e n t qui allait p o r t e r si loin le s C o n d é e n s f u t p l u s o u m o i n s b ie n a p p ré c ié p a r le s g e n t i l s h o m m e s qui n e p o u v a i e n t s ’é l o ig n e r s a n s r e g r e t s d e s riv es de la p a t r i e ; au s si, p l u s i e u r s p r é f é r è r e n t r e s t e r e n A lle m ag n e , se r é s e r ­ v a n t de r e j o i n d r e l ’a r m é e p l u s t a r d ; d ’a u t r e s , a u n o m b r e d e s q u e l s é t a it m o n fr è r e Alexis, v o u l u r e n t t e n t e r de r e n t r e r e n F r a n c e p o u r a l le r d a n s la V e n d é e , o u tâ c h e r de s a u v e r l e u r s b ie n s n o n v e n d u s . C e p e n d a n t m o n f rè re , q u i sa v ait m o n p è r e e n c o r r e s p o n d a n c e ave c le p r in c e , c r u t d e v o ir lu i faire p a r t de sa d é t e r m i n a t i o n e t o b t i n t de lu i u n e a u ­ d ie n c e d o n t j e vais r a p p e l e r te x tu e l l e m e n t t o u s les d étails.

I n t r o d u i t s e u l d a n s l ’a p p a r t e m e n t d u p r in c e : « B o n jo u r, Alexis, lui dit-il avec b o n té . Q uelle grave affaire avez-vous à m e c o m m u n i q u e r ?

— M o n s e ig n e u r, elle e s t g r a v e en effet, r é p o n d i t A lexis;

m a is l ’a m itié d o n t vous d a ig n e z h o n o r e r m o n p è r e m ’e n ­ h a r d i t à v o u s d e m a n d e r c o n s e i l s u r la m a r c h e q u e j e dois su iv r e , d a n s l ’i n t e n t i o n q u e j ’ai d e r e n t r e r e n F r a n c e , afin

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d ’e n t r e p r e n d r e de le s o r t i r , a in s i q u e m a m è r e , d e la c r u e l l e p o s i t i o n o ù ils se t r o u v e n t . Cette f u n e s te p e n s é e m e p o u r s u i t j o u r et n u i t , e t j e la g a rd a is c o m m e u n v e r r o n g e u r t a n t q u e j ’étais s o u s d e s d r a p e a u x q u e l’h o n n e u r m e p r e s c r i v a i t d e s u iv r e . Mais, a u j o u r d ’h u i q u e l ’a r m é e va c h e r c h e r u n as ile e n R u s s ie e t q u e la p a i x s e m b le a s s u ­ r é e , j e m e dois t o u t à m o n p è r e , ca r c e n ’e s t p a s d a n s ce p a y s lo in t a in q u e j e p o u r r a i s lui ê t r e u tile .

— Mais, m a l h e u r e u x e n f a n t, c ’e s t la m o r t q u e t u vas c h e r c h e r ; elle e s t in é v ita b le av e c le s ti g m a t e d o n t e s t m a r ­ q u é t o n f r o n t e t les e x e m p l e s t e r r i b l e s q u e n o u s a v o n s c h a q u e j o u r !

— Cette m o r t , M o n s e ig n e u r , j e l ’affronte d e p u i s p l u s d ’u n e a n n é e , p o u r d e s r a i s o n s b ie n m o i n s p u i s s a n t e s , e t la P r o ­ v id e n c e , en c e t t e c i r c o n s t a n c e , se ra , j ’e s p è r e , m a p r o t e c ­ tric e, c a r elle n ’a b a n d o n n e r a p a s u n fds q u i fait s o n d ev o ir.

— V o tr e p è r e e t v o tr e m è r e n e s o n t pas, c o m m e v o u s le s u p p o s e z , d é n u é s d e r e s s o u r c e s ; j ’ai d e f o r te s r a i s o n s p o u r v o u s af f irm e r q u 'ils o n t de n o m b r e u x a m i s q u i ne le s a b a n d o n n e r o n t ja m a i s . Il f a u t g a g n e r d u t e m p s , l ’a v e ­ n i r e s t g r o s d ’é v é n e m e n t s , e t q u i s a it a t t e n d r e e s t s û r d ’a r ­ r iv e r . Au r e s t e , v o u s ê te s b ie n j e u n e p o u r u n e s e m b la b le e n t r e p r i s e , c a r il f a u d r a i t u n e e x t r ê m e p r u d e n c e e t u n e g r a n d e r é s e r v e p o u r sa v o ir i n s p i r e r la confiance a u x p e r ­ s o n n e s av e c le s q u e l l e s v o u s e s p é r e z p o u v o i r v o u s m e t t r e en r a p p o r t , s u r t o u t d a n s u n m o m e n t où la m é fi a n c e e s t u n e n é c e s s i t é . E t p u i s , e n o u t r e d e cela, v o s m o y e n s p é c u n i a i r e s d o i v e n t ê t r e tr o p faibles p o u r e n t r e p r e n d r e u n p a r e i l voyage, q u i n e p e u t q u ’e n t r a î n e r à d e g r a n d e s d é p e n s e s ; v o tr e p r o j e t e s t l o u a b le e t fait l’é loge d e v otre c œ u r , m a i s je v o u s e n g a g e à l ’a j o u r n e r à u n t e m p s m e i l l e u r .

— j ’a u r a i l’h o n n e u r d ’o b s e r v e r à M o n s e ig n e u r q u ’en p r e n a n t la l i b e r t é d e lui d e m a n d e r d e s c o n s e il s , il n ’éta it

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q u e s t i o n q u e d e sa v o ir la m a n i è r e d ’e x é c u t e r m o n p r o j e t im m u a b l e , e n r a c in é d a n s m o n c œ u r , e t d a n s le q u e l il f a u t q u e je s u c c o m b e , o u q u e m o n p è r e e n r e s s e n t e le s effets.

L ’i n f o r t u n e d o n n e de l ’âge e t de la p r u d e n c e ; c ’e s t a p r è s a v o ir m û r e m e n t ré flé c h i s u r la s i t u a t i o n c r i t i q u e d a n s la q u e ll e j e p o u v a i s m e t r o u v e r q u e j ’ai a c q u is la co n v ic tio n d e p o u v o i r s u r m o n t e r le s o b s ta c l e s q u i se p r é s e n t e r a i e n t .

« L e s d ifficultés d u p a s s a g e d e s f r o n t i è r e s v a i n c u e s , j ’a r ­ r iv e à L yon o ù se t r o u v e l ’h o n n ê t e r é g i s s e u r d e s b i e n s de m o n p è r e , d o n t la p r o b ité , la d é l ic a te s s e e t la fidélité n e se s o n t j a m a i s d é m e n t i e s . Alors, n o u s av iso n s e n s e m b l e a u x m o y e n s de r e n t r e r d a n s l a j o u i s s a n c e d ’u n e t e r r e s it u é e e n t r e le s d e u x villes d e S a in t- E tie n n e e t d e M o n tb r is o n , qui n ’e s t q u e s e q u e s t r é e , e t n o u s allo n s e n s u i t e e n A u v e r g n e che z d e u x r e s p e c t a b l e s d é p o s i t a i r e s d e la vais­

se lle d e m o n p è r e , s o u s t r a i t e e t en f o u ie d a n s u n e c a c h e tte in tr o u v a b le lo r s de la v e n t e d e s o n c h â t e a u de Massiac. Q u a n t à m e s fa c u lté s p é c u n i a i r e s p o u r faire le v oyage , b ie n q u ’elles n e so ie n t tr è s c o n s id é r a b l e s , p o s s e s s e u r s e n t r e m o n f rè re e t m o i d ’u n e s o m m e d e 760 francs, j e lui e n laisse q u a t r e c e n t s , e t le r e s t e m e suffit p o u r a r r i v e r à L y o n . » Le p r in c e , a p r è s l’av o ir é c o u té avec la p l u s g r a n d e a t t e n t i o n , lui d it d e la m a n i è r e l a p l u s b ie n v e illa n te :

« J e vois q u ’il s e r a i t in u ti le d ’e n t r e p r e n d r e d e v o u s d é t o u r n e r d ’u n e d é t e r m i n a t i o n a u s si a b s o lu e . Eh b ie n ! m o n en fa n t, je v e u x m ’a s s o c ie r à ce p ie u x p è l e r in a g e e n v o u s fai­

s a n t p o r t e u r d ’u n e l e t t r e in d é ch iffra b le p o u r t o u t a u t r e q u e m o n c o r r e s p o n d a n t d e L y o n , d a n s l a q u e ll e j e lu i p r e s ­ c r ir a i d ’ê t r e v o tr e g u id e d a n s la c o n d u i t e q u e v o u s a u r e z à t e n i r et d e v o u s d o n n e r l’a r g e n t qui p o u r r a i t v o u s ê t r e n é ­ c e s s a ir e . M a in te n a n t, p r u d e n c e e t d is c ré tio n , s u r t o u t ne r i e n f a ire q u i p u i s s e la i s s e r s o u p ç o n n e r v o tr e p r o j e t , e x ­ ce p té à la p r i n c e s s e de Monaco à q u i vous devez c e tte c o n ­ A U D I E N C E D U P R I N C E D E C O N D É . — 1 7 9 7 . 7

(30)

fiance t a n t p o u r l ’a m itié d o n t elle h o n o r e v o tre p è r e , q u e p o u r le s b o n t é s q u ’elle a t o u j o u r s e u e s p o u r v o u s e t v o tr e f rè re . A d ie u , A le x is; suiv ez d o n c le s im p r e s s i o n s de v o tr e c œ u r , e t à la g a r d e de D ieu. »

Mon f rè r e , p r o f o n d é m e n t é m u de t a n t de b o n t é , se p r é ­ c i p ita , e n l a m o u i l l a n t de ses l a r m e s r e c o n n a i s s a n t e s , s u r la m a i n de c e t e x c e l le n t p r i n c e , qui lui d it avec u n s o u rir e d ’a n g e : « S oyez t r a n q u i l l e s u r v o t r e j e u n e f r è r e ; la p r i n ­ c e s s e e t m o i a u r o n t s o in de lui. »

L ’e n t r e v u e q u ’Alexis e u t ave c la p r i n c e s s e d e Monaco n e fut p a s m o i n s t o u c h a n t e ; elle fit t o u t ce q u ’elle p u t p o u r le d é t o u r n e r de s o n p r o je t ; m a is , l o r s q u ’elle v it s o n inflexi­

bilité, elle lui d it : « V o tr e e n t ê t e m e n t é m a n e d ’u n si h o n o ­ r a b le m o ti f, q u e j e n e veux p lu s le c o m b a t t r e . » P u i s , lui f a i s a n t sig n e de l ’a t t e n d r e u n m o m e n t , elle p a s s a d a n s u n c a b in e t, e t r e v e n a n t p e u a p r è s : « T ene z, Alexis, lui dit-elle e n lui m e t t a n t v in g t- c in q lo u is d a n s la m a in , voilà p o u r v o s fra is de v oyage , p r é c a u t i o n t o u j o u r s utile. » Mon f rè re , le c œ u r gonflé p a r la r e c o n n a i s s a n c e d e t a n t de b i e n ­ faits, n e p u t r e m e r c i e r c e tte b o n n e p r i n c e s s e q u ’a v e c des l a r m e s d a n s le s y e u x e t se re ti ra .

L e l e n d e m a i n d e c e t t e to u c h a n te e n t r e v u e , m o n f r è r e r e ç u t la le ttr e p r o m i s e , q u ’il m i t d a n s un b â to n c r e u x avec le q u e l il d e v a it v o y a g e r; p u is , fit t o u t e s s e s d is p o s itio n s de c o n ­ c e r t avec so n a m i, E d m o n d D a le sm e , q u i v o u la it a u s si r e n ­ t r e r e n F r a n c e . L e u r p la n c o n s is ta it à se d ir ig e r s u r L y o n , e n p a s s a n t p a r la F r a n c h e - C o m t é , o ù , d a n s u n e n d r o i t d o n t ils av a ie n t l ’i n d ic a t io n , d e v a it se tr o u v e r u n in d iv id u qui, m o y e n n a n t s a la i re , d ev a it l e u r faire f r a n c h i r la fro n tière.

C e p e n d a n t Alexis, t o u j o u r s a n i m é d ’u n e t e n d r e s s e fi­

liale , v i n t d é p o s e r e n t r e les m a i n s d u p a y e u r de l ’a r m é e les v in g t- c in q lo u is d e la p r i n c e s s e , en le p r i a n t de le s faire p a s s e r à s o n p è r e à H a m b o u rg .

(31)

A L E X I S R E N T R E E N F R A N C E . — 1 7 9 7 . 9 N o tr e s é p a r a ti o n f u t des p l u s d o u l o u r e u s e s . Je n e p o u v a i s m e d é t a c h e r de ce f rè re c h é r i, l ’a p p u i, le p r o t e c t e u r de m o n j e u n e âge , e t d o n t la s o ll ic i tu d e é t a it te lle q u e , n o m b r e de fois, il se j e t a a u - d e v a n t d e s c o u p s q u i p o u v a i e n t m ’a t ­ te i n d r e , n o t a m m e n t u n j o u r où, b le s s é d ’un coup d e s a b re , il se p r é c ip ita a u - d e v a n t de m o n a d v e r s a i r e q u ’il r e n v e r s a d ’u n c o u p d e p is t o le t . L o r s q u e j e le vis p a r t i r , u n affreux p r e s s e n t i m e n t m ’a v e r tit q u e j e n e devais p l u s le rev o ir, h é l a s ! Il n e se r é a lis a q u e trop, a in s i q u ’o n le v e r r a . ..

Au m o m e n t d u d é p a r t p o u r la R u s sie , l ’a r m é e avait e n c o r e u n effectif d e 10000 h o m m e s , m a lg r é le s n o m ­ b r e u x e t s a n g la n t s c o m b a t s q u ’elle a v a it liv ré s d a n s c e tte d e r n i è r e c a m p a g n e , m a is c o n t i n u e l l e m e n t re n f o rc é e p a r d e s é m i g r é s q u i n ’a v a ie n t p a s d ’a u t r e s m o y e n s d ’ex iste n c e , e t d e s d é s e r t e u r s fra n ç a is q u i a r r i v è r e n t en a s se z g r a n d n o m b r e , a t t i r é s p a r la s o ld e e t u n é q u i p e m e n t d o n t la R é p u ­ b liq u e était f o r t avare à c e tte é p o q u e .

Le r e c e n s e m e n t d e s p e r s o n n e s qui s ’a t t a c h è r e n t à la for­

t u n e d u p r in c e de Condé se m o n t a i t à 6000 e t q u e l q u e s , q u i f u r e n t p a r ta g é e s e n tro is c o lo n n e s, sa v o ir : la p r e m i è r e , f o rm é e des officiers a y a n t c o n s e r v é l e u r s c h e v a u x ; la s e ­ c o n d e , c o m p o s é e d e s é q u i p a g e s de l ’a r m é e e t de q u e l q u e s p iè c e s d ’a r li lle r ie a p p a r t e n a n t p a r t i c u l i è r e m e n t a u p r i n c e , le s a u t r e s a y a n t été r e m i s e s à l’A u tr ic h e , ain si q u e t o u s les c h e v a u x d e l à c a v a le rie ; e t la tr o i s i è m e , d o n t j e faisais p a r ­ tie , e m b a r q u é e s u r d e s r a d e a u x p o u r s u iv r e le c o u r s d u D a n u b e j u s q u ’à K re m s , o ù ces tr o is c o l o n n e s r é u n i e s d u r e n t finir le u r t r a j e t j u s q u e s u r les b o r d s d u Bug. A la ville de H ru b i e s z o w , où n o u s f îm e s n o tr e e n t r é e s u r le te r­

r ito ir e m o s c o v i t e a p r è s a v o i r p a r c o u r u 500 lie ues, l’a r m é e f u t a u s s i t ô t s u b d iv i s é e d a n s d iffé ren ts q u a r t i e r s , r é o r g a ­ n i s é e , e t d u t q u i t t e r la c o c a r d e b la n c h e .

N otre e n t ré e d a n s la V o lh y n ie r e s s e m b l a i t à u n e t r o u p e

(32)

de v o y a g e u r s v e n a n t p o u r y f o n d e r q u e l q u e co lo n ie e t n ’a y a n t d e m i l i t a i r e q u e l ’h a b i t, g r â c e a u x a d m i n i s t r a t i o n s a u t r i c h i e n n e s q u i n o u s a v a ie n t r e t i r é n o s a r m e s .

N o u s f û m e s c a n t o n n é s d a n s d iffé ren te s p e t i t e s villes, en a t t e n d a n t la n o u v e l le o r g a n is a tio n de l ’a r m é e d o n t s’o c c u ­ p a i t a l o r s M6r le p r i n c e de C ondé, de c o n c e r t avec d e s c o m ­ m i s s a i r e s r u s s e s e n v o y é s à c e t effet p a r l ’e m p e r e u r P a u l.

P e n d a n t ce t e m p s d e r e p o s , n o u s n o u s é t a b lî m e s t a n t b i e n q u e m a l d a n s le s m a i s o n s e n f u m é e s d e p a y s a n s e t c h e z le s ju i f s b o u r g e o i s de ce p a y s , e t p l u s i e u r s d ’e n t re n o u s p r o f it è r e n t, avec r e c o n n a i s s a n c e , d u b i e n v e il la n t ac c u e il offert p a r le s s e i g n e u r s p o lo n a is q u i s ’e m p r e s ­ s è r e n t d ’a u t a n t p l u s d ’a d o u c i r n o tr e exil q u ’ils a v a ie n t eux- m ê m e s à r e g r e t t e r u n e p a t r i e .

Ce f u t d a n s le c o u r a n t de fé v rie r 1798 q u e l ’a r m é e r e ç u t sa n o u v e l le f o r m a t i o n , e t q u e l ’on s ’o c c u p a de lui faire e n d o s s e r l ’u n i f o r m e r u s s e , r i d i c u l e co p ie d e c e lu i des P r u s s i e n s , l ’e m p e r e u r a y a n t la m a n i e d ’i m i t e r c e tte n a t io n d o n t il s ’é t a it e n g o u é .

Organisation de l ’armée de Condé et répartition de ses cantonnements dans les districts ainsi qu’il suit :

le p r in c e de C on dé, a v ec so n q u a rtie r g é n é ra l, l ’a r tille r ie , le g é n ie e t le s d iffé re n te s a d m in is tr a tio n s, à D u bnow ,

a v e c 1100 h o m m e s

Le R é g im en t n o b le à p ie d , à W lo d zin iew . . . 1400 La C avalerie n o b le , à L ocatze et H orod lo. . . 1190 G ren ad iers de B o u rb o n , à L u s z k o w ... 1075 D ragon s d 'E n g h ien , à L u s z k o w ... 800 F u silie r s d’H o h e n lo h e , à K o v e l ... 1000

D ép ô t et h ô p ita l à K ovel 700

To t a l... 7265 h o m m e s Les h u ssa rd s r u ss es de B ow er a tta ch és au

corp s de C o n d é ... 2100 Total Gén ér a l. . . 9365 h o m m e s

(33)

Les d is t r i c t s d a n s le s q u e l s l ’a r m é e é ta it r é p a r t i e se c o m p o s e n t d e p e t ite s villes e t d e villages, h a b i t é s , ces p r e ­ m i è r e s p a r d e s ju if s , et les a u t r e s , d e s m a i s o n s é p a r s e s , b â t i e s e n te r r e et e n b o is, o c c u p é e s p a r d e s p a y s a n s sa les, m a l p r o p r e s e t t o u t à fait a b r u ti s . P l u s i e u r s de n o s c a m a ­ r a d e s f u r e n t ob lig é s d ’y r e s t e r f a u t e de m o y e n s p é c u ­ n i a i r e s ; d ’a u t r e s se c o n s t r u i s i r e n t d e p e t i t e s m a i s o n s e n r o n d i n s de b o u l e a u x g a r n is de m o u s s e e t d o u b l é s en p la n c h e s , ce q u i le s r e n d a i t tr è s h a b i ta b l e s e t d ’u n effet a s se z p i t t o r e s q u e . Logé avec u n de m e s c a m a r a d e s , n o m m é D ale sm e , d o n t le f r è r e é t a i t p a r t i ave c Alexis p o u r r e n t r e r e n F r a n c e , n o u s o b t î n m e s d ’u n j u i f chez q u i le s o r t n o u s av ait p la c é s , e t m o y e n n a n t u n e lé g è r e r é t r i b u t i o n , u n e c h a m b r e à d e u x lits, q u e n o u s a p p r o p r i â m e s p a r de f o r te s a b l u t i o n s , et, a u m o y e n d ’a c h a t de m a t e l a s , d e c o u v e r ­ t u r e s e t de d ra p s , n o u s fin îm e s p a r a v o i r u n g îte as sez c o n v e n a b l e ; n o u s y a j o u t â m e s q u e l q u e s u s t e n s i l e s de c u i­

sin e , s o u s la d i r e c t i o n d ’u n e ju iv e , d o n t le t a l e n t d e m a n ­ d a i t q u e l q u e s d é v e l o p p e m e n t s , m a i s en fin q u i n o u s fai­

sa it v iv re.

La p e tite ville d ’H o ro d lo , c h e f -lie u d u d is t ric t d a n s le q u e l éla it l ’e s c a d r o n d o n t j e faisais p a r ti e , é t a it h a b i té e p a r n o t r e é t a t- m a jo r , m o i n s le chef, M. le c o m te d ’A sto rg, m a r é c h a l de c a m p , qui o c c u p a it u n a p p a r t e m e n t d a n s u n m a g n ifiq u e c h â te a u d o m i n a n t la ville e t a p p a r t e n a n t au c o m t e S troynovvsky, s e i g n e u r de l’e n d r o it . B ientôt, a d m is d a n s l ’i n t é r i e u r de. c e tte f a m ille h o s p i t a l i è r e , j e n e ta rd a i p a s à en d e v e n i r le c o m m e n s a l le p l u s a s s i d u p a r la b i e n ­ v eilla n ce ave c la q u e ll e j ’étais r e ç u , e t d e u x m o i s n e s ’é t a ie n t p o i n t é c o u l é s q u e la j e u n e V alé rie, fille d u c o m t e , p a r t a g e a i t avec t o u t e la c a n d e u r d e s o n â g e l e s s e n ­ t i m e n t s q u ’elle m ’a v a it in s p i r é s et d o n t s a m è r e n e p a r a i s ­ s a i e n t n u l l e m e n t i n q u i è t e . Mais q u e l le n e fu t p a s m a s u r ­ L ’A R M É E D E C O N D É E N R U S S I E . — 1 7 9 8 . I l

(34)

p r i s e l o r s q u ’u n j o u r , j e r e ç u s u n e le ttr e de G rim aldi, u n de m e s a m i s p a r t i c u l i e r s et a id e de c a m p d u p r i n c e de C o n d é , q u i m e m a n d a i t q u ’on a v a it p r i s d e s r e n s e i g n e m e n t s p r è s d e S. A. S. p o u r s a v o ir q u e lle était m a f a m i lle ; la r é p o n s e a v a it é té d e s p l u s f a v o ra b le s e t j ’e n e u s b i e n t ô t d e s p r e u v e s i n c o n t e s t a b l e s p a r le s m a n i è r e s e n g a g e a n te s e t le s s o in s avec le s q u e l s j ’é ta is a c cu e illi p a r l a c o m t e s s e . C’e s t ici le m o t i f de d ir e la c a u s e q u i p o u v a i t m e l a is s e r e n t r e v o i r u n b o n h e u r a u q u e l je n ’e u s s e j a m a i s p e n s é p r é ­ t e n d r e , m o n a t t a c h e m e n t p o u r V alé rie é t a n t l ’im p r e s s i o n d ’u n p r e m i e r s e n t i m e n t s a n s a u c u n e a r r i è r e - p e n s é e . La c o m t e s s e , âg é e d e c in q u a n te - c in q a n s , jo ig n a it, à u n e g r a n d e i l l u s t r a t i o n , u n e f o r t u n e si c o n s id é r a b l e q u ’elle n e se c r u t p a s le s c a p a c ité s n é c e s s a i r e s p o u r la r é g i r e n d e v e n a n t v e u v e , c e q u i la d é t e r m i n a à é p o u s e r e n s e c o n d e s n o c e s s o n i n t e n d a n t , p e t i t n o b l e s a n s f o r t u n e , m a i s d ’u n p h y s i q u e s é d u i s a n t , d ’u n e s p r i t tin, délié, e t q u i p a r v i n t à c a p tiv e r l ’e s p r i t de sa m a î t r e s s e , d o n t il p a r t a g e a la c o u c h e , avec l ’a s s e n t i m e n t de l ’e m p e r e u r q u i lui d o n n a le t i t r e de c o m t e , d e s d ig n it é s , d e s g r a n d s c o r d o n s e t le c o m b l a de f a v e u r s d a n s l ’i n t e n t i o n de s ’e n faire u n e c r é a t u r e d é v o u é e d a n s ce p a y s o ù il n ’e n a v a it g u è r e . De ce s e c o n d m a ri a g e é t a it a d v e n u e u n e fille d u n o m d e V alé rie, âgé e a l o r s de seize a n s , jo li e , g r a c ie u s e , a y a n t r e ç u l ’é d u c a t io n la p lu s s o i g n é e ; le s a t t r a i t s d e c e tte j e u n e p e r s o n n e , se s t a l e n t s r e m a r q u a b l e s , s o n c a r a c t è r e a i m a n t e t p a s s i o n n é , j o i n t s à l ’i n t i m i t é d o n t j e j o u i s s a i s p r è s d ’elle , n e t a r d è r e n t p a s à f aire n a î t r e d a n s n o s j e u n e s c œ u r s d e s s e n t i m e n t s sa n s a u t r e c a lc u l de m a p a r t q u e c e lu i d e c a p tiv e r la t e n d r e s s e d e c e tte a d o r a b l e fille, i g n o r a n t m ô m e a l o r s q u e le p è r e a v a it m a n i f e s t é l ’i n t e n t i o n de m a r i e r sa fille à u n é t ra n g e r , n ’a y a n t é p r o u v é q u e d e b a s s e s j a l o u s i e s de la p a r t d e ses c o m p a t r i o t e s , e n v i e u x d e sa f o r t u n e , m é c o n t e n t s d e s

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