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Les „trusts" de l'électricité contre les municipalités: l’exemple de Saint-Étienne

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A C T A U N I V E R S I T A T I S L O D Z I E N S I S

FOLIA H IST O R IC A 47, 1992

Jean Lor ein

LES „TRUSTS”

DE L ’ELECTRICITE CONTRE LES MUNICIPALITÉS: L ’EXEMPLE DE SAINT-ETIENNE

A la fin du XIXème siècle, la croissance de la population urbaine et de la consommation tant domestique q u ’industrielle, compte tenu du progrès du niveau de vie et des téchniques, a contraint les villes à s’équi­ per, à se doter de services publics de plus en plus coûteux, adduction d ’eau, distribution d’énergie (gaz, puis électricité), tram ways: on assiste à une véritable course entre la croissance des besoins et celle des équi­ pements où les prévision de consommation et l’offre de services qui en résulte sont sans cesse dépassées par la demande.

Face à cette inflation des besoins et des investissements, les villes les plus dynamiques, comme Saint-Etienne, sort obligées d’opter entre la solution libérale, la concession des services publics à des sociétés p ri­ vées; comme jadis pour les mines ou les chemins de fer, et la solution socialiste, la régie directe, c’est-à-dire la municipalisation: à Saint-É tien­ ne, les municipalités socialistes mises en place par un puissant m ouve­ ment ouvrier, soucieuses de faire échapper les tisseurs de rubans de soie, notam m ent les ouvriers à domicile, au monopole d ’une compagnie, emploient la voie de la municipalisation de l’énergie électrique, tan t au niveau de la production que de la distribution. Mais cette première tentative de collectivisation à l’échelle locale se heurtere à la concurren­ ce victorieuse des prem iers „trusts” de l’électricité, appuyées sur les libéraux qui l’em portent sur les socialistes aux élection municipales de 1910. Il faudra aller jusqu’au bout de la concentration capitaliste — la création du puissant monopole de „Loire et C entre” liée à l’intercon­ nexion entre le bassin houiller de Saint-Étienne et les centrales hydro- -électriques des Alpes du Nord pour voir la solution collectiviste l’em ­ porter, en 1945, mais cette fois au plan national, par le biais de la n a ­ tionalisation du gaz et de l’électricité. Comme le m ontre cet exemple, l’an a­

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lyse d ’un processus téchnologique — l’utilisation de la „Houille blan­ che” — et économique- la mécanisation de l’industrie textile — ne peut faire abstraction du contexte social — l’exploitation du travail à domi­ cile des tisseurs de rubans de Saint-Étienne et politique le conflict en tre socialistes et libéraux à l’époque de l’Affaire Dreyfus — Seul, ce croi­ sem ent de données nous perm ettra de com prendre les raisons de l’échec du „socialisme m unicipal” à Saint-Étienne, cette citadelle ouvrière, et de la victoire du „tru st” de l’électricité au term e d ’un long siège.

I. LES ENERGIES NOUVELLES ET LEUR C O N C E N T R A T IO N

Entre 1832 et 1885, la mise en place du réseau du gaz de ville s’était déjà faite sous le régime de concession de longue durée instaurant un véritable monopole: il visait notam m ent à interdire la concurrence de nouvelles sources d ’énergie, limitée par l’obligation de verser de lour­ des indemnités au prem ier concessionnaire. Limitée à l’origine à l’éclai­ rage public et privé cette concession s’est étendue à la force motrice avec l’invention du m oteur à gaz dont les possibilités de m iniaturisation et la propreté perm ettaient l’application au travail à domicile, notam ­ ment au tissage de la soie: Mais cette extension tardive — les années 1880 — resta très limitée, compte tenu des obstacles auxquels elle se h eu rtait faiblesse du rendem ent, insécurité.

La concurrence de l’énergie électrique apparait à partir de 1885. A l’origine, elle se limite à la production de courant continu par des centrales thernvques: son transport sur des lignes à basse tension ne peut s’opérer que sur de courtes distances.

L’éclairage public, puis privé, à l’aide de la lampe à filam ent inca- descent et sous vide inventée par Edison, donne lieu à des demandes de concession dans toutes les grandes villes européennes, y compris Saint-Étienne, par des filiales de la société américaine fondée par l’in- ventur. Cette concession, accordée le 11 novem bre 1886, reste limitée au centre de la ville par l’obstacle téchnique opposé au transport à gran ­ de distance.

La „concession avec monopole” de la Compagnie Edison s’étend à la force m otrice1, le m oteur électrique perm ettant une m iniaturisation en­ core plus possée-jusqu’à 1/4 CV — que le moteur à gaz: cette particula­ rité qui va alim enter l’utopie du „parcellisme” cultivée par le m arxiste

1 A rch. C h am bres d e C o m m erce de Sain t-E tien n e, C arton 18B, d o ssier 1, „ S a in t­ -É tien n e et so n ind ustrie" , A s s o c ia tio n fr a n ç a ise pou r l'A v a n c e m e n t d e s S c ie n c e s (A FA S) — X X Vlèm o s e s s io n (S ain t-É tien n e 1897), in: „Le T em p s” 12 a o û t 1897, su p p lém en t.

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révisionniste Bernstein en fait l’instrum ent privilégié de la mécanisa­ tion du travail à domicile, très développé dans l’industrie textile. C’est la réalisation du mythe de ,,l’usine à domicile”, sensée perm ettre la renaissance de l ’atelier de famille. Les enquêteurs de l’Office du Travail du Royaume de Belgique, C. Dubois et A. Ju lin 2 ont fait justice de ces illusions qui faisaient du moteur électrique „une sorte de panacée” aux maux de la société. En réalité, il a favorisé le développement du ,,swea- ting-system ”, la forme de „m archandage” qui constitue le „domestic- -system ” entraînant une véritable auto-exploitation de la p art du chef d ’atelier et de sa famille. La substitution ultérieure du courant altern a­ tif au courant continu, en perm ettant la transport à grande distance sur des lignes à haute tension expérim enté à Francfort-L auffen en 1891, a constribué en o u tre à la résurrection de i’artisanat rural, notam m ent pour le tissage des rubans de soie, comme le souligne Berthelot: la di­ stribution de l’énergie à domicile perm et de reconstituer l’atelier de fa­ mille „dans les compagnes, où l’artisan, sa femme et ses enfants pour­ raient ensemble joindre le travail agricole au travail industriel”3. Cela m et à la disposition des fabricants stéphanois une „armée de réserve” du travail d ’ouvriers-paysans bon marché, pour qui leur salaire n ’est q u ’un revenu d ’appoint. Le bon m arché de la m ain-d’oeuvre perm ettra aux soyeux de faire face à la concurrence étrangère, notam m ent celle de Eâlle, q u ’a exacerbée la „Grande Dépression” . Le transport à grande distance perm et de substituer la force hydraulique à la vapeur, d’autant plus que l’invention de la turbine par le stéphanois Fourneyron en a augm enté la rentabilité: cette substitution supplé à l’épuisem ent suppo­ sé des houillères: „[...] en présence de l’épuisem ent de nos richesses houillères” écrit le secrétaire de la cham bre de commerce de Saint-Étien­ ne, „c’est un devoir pour ceux qui acceptent le m andat de s’occuper

des intérêts publics, de prendre toutes les mesures nécessaires pour parer à certaines éventualités. Tout en s’occupant du présent, préparer raveinir, tal est le m andat dont doivent se préoccuper ceux qui ont l’honneur d ’être à la tête d ’une ville comme Saint-Étienne”4,

La pénurie artificielle créée par la grève générale des mineurs en 1901 a fourni un nouvel argum ent aux partisans de cette reconversion: „[...] opposons »la houille blanche« à la houille noire le »pain de

l’in-2 C. D u b o i s et A. J u l i n , Les m o te u r s é l e c t r i q u e s d a n s l e s in d u s t r i e s à d o m ic ile , B r u x e lle s 1902.

8 R apport B erth elot „sur un p ro jet d e lo i sur le rég im e lé g a l d e la d istrib u tion d e s tin é à fa v o r iser l ’em p lo i d e l'é lec tric ité " , 26 ju in 1899 (Ch. D é p u tés-7 è lég isla tu r e , n. 1054, p. 6).

1 [L, T h i o i l i e r ] , La c h a m b r e d e C o m m e r c e d e Sain t-É tien ne, 1833— 1890, 1891, pp. 1 5 3 -1 5 4 ,

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dustrie« ne m arquera pas, il changera de couleur, voilà to ut”, lit-on dans le journal conservateur »Le Mémorial«5.

Cette substitution était d’autan t plus valable que l’exploitation plus récente de la „houille verte” des rivières du Massif Central, au régime océanique, allait renforcer le potentiel énergétique que rep résen tait la „houille blanche" des Alpes du Dauphiné, c’est-à-dire la force motrice des rivières nivo-glaciaire, depuis les découvertes de Bergès. L ’utilisa­ tion de cette force motrice supposait la substitution de filiales à la So­ ciété Edison pour des raisons techniques et juridiques, les centrales therm iques de la Compagnie Edison fournissent un simple appoint per­ m ettant de „passer les pointes” et de compenser les sécheresses®. Telle fut l’origine de la Société du Lignon, fondée en 1892 par le tein tu rier François Gillet dans le but „social” de fournir aux tisseurs de rubans ou passementiers à domicile l’énergie bon m arché7, produite par l’usine de Pont-de-Lignon. Elle donne à son tour naissance à la société de la Loire, avec l’adjonction de l’usine de Saint-V ictor-sur-Loire8. Dès 1906, la nouvelle société, au capitalsections de 3 milions de francs, disposait d ’un actif de plus de 8 milions9. Spécialisée dans la fourniture de force notrice aux tisseurs ru rau x de la Ilaute-Loire, dans la zone d’influence de la fabrique de Saint-Étienne, elle ne tarda pas à investir la grande ville qu’encerclait son réseau rural: sa substitution de fait à la Com­ pagnie Edison10 dont elle escomptail la succession à l’expiration de la concession en 1910 lui perm it d ’em piéter sur le territoire municipal: dès 1901, 7000 métiers, sur plus de 30 000, était électrifiés à S aint-É tienne'1.

6 Le m é m o r i a l d e la Loire, „La H u o ille B lanche", 8 XI 1901.

6 E.-F. C ô t e , L 'é co n o m ie i n d u s t r i e l l e d e s l o r c e s h y d r a u l i q u e s et leu r lég is la tio n , „La H u o ille B la n c h e ” 1905, IV, p. 209.

7 A rch. EDF, E. 925-n. 99 Loire, C A 17 IX 1902. En réa lité , la c lie n t è le d e s p a s se m e n tie r s é ta it a v a n ta g e u s e , l'in te r m itte n c e du fo n c tio n n e m e n t d es m étiers éta n t a s s e z réd u ite pour fa ire p référer le ré g im e du forfait à la ta r ifica tio n h oraire, m ais a s s e z im p ortan te pour assu rer u n e m arge en tre le prix d e r e v ie n t et le prix; d e v e n t d e l’é n e r g ie : „M êm e a v e c un ren d em en t d e 40%, le r ev e n u a n n u el de 000 francs, a b a iss é à 240 Irancs pou r le c h e v a l o rig in a l, se tr o u v e r e le v é à 400 fran cs par la co m p e n sa tio n d e s in e r m itten ce s (un m étier bat sep t h e u r es sur onze) (A rch. EDF, E. 925-n. 99. Loire, C A , 12 d écem b re 1893).

11 J. L о г с i n, L 'e x p lo ita tio n d e s l o r c e s m o tr ic e s du Lignon v e l l a v e , [in:] J o u r ­ n é e s d ' é t u d e du C e n t r e in t e r d is c i p l in a ir e d ' é t u d e et d e r e c h e r c h e su r l e s s tr u c t u r e s r é g io n a le s , U n iv e r sité d e S ain t-É tien n e, L 'A m én agem en t du B assin lig é r ie n , [S a in t­ -É tien ne] 1973, p. 109.

* C o n s t it u t i o n s et m o d il i c a t i o n s d e s o c i é t é , „B u lletin d e la C h am bre s y n d ic a le d e s F o rces h y d r a u liq u e s” 1907, p. 20.

10 A rch . EDF, E. 925-B. 43. E dison, AG 15 se p tem b re 1892; E. 925-n. 99. Loire, C A , 24 ju ille t 1895.

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Le „monopole” hérité de la Compagnie Edison allait être ren-forcé par la fusion de fait, sous la forme d’une „entente” ou „cartel”, de la Compagnie de la Loire avec „L’Energie Electrique du C entre” . Cette société, au capital de 2 500 000 francs, disposait d’un actif de 259 672 417 francs. Vouée à l’exploitation des rivières du centre et de l’ouest du Massif C entral12, elle se spécialiserait désormais dans la production et la vente en gros de l’énergie hydraulique que la Compagnie électrique de la Loire se chargerait de revendre au détail13. Cette entente entre deux société qui avaient sept adm inistrateurs en commun, dont Lou- cheur, excluait toute concurrence entre elles: „(...] il existe une sorte de „tru st” formé par des groupes financiers qui se sont partagés l’exploi­ tation de l’énergie électrique en France et se sont entendues pour ne pas se faire concurrence dans leur réseau respectif”14.

La fusion qui fut à l’origine du „loire et C entre” en 1912 fut le prolongem ent normal de cette cartellisation15 qui, dès 1910, perm it à la Compagnie électrique de la Loire de tenir la draquée haute à la ville et de lui imposer des tarifs qui allaient dim inuer la com pétitivité de l’industrie rubanière stéphanoise face à la concurrence étrangère.

II. L'ECHEC DU „SOCIALISM E M UNICIPAL"

1. L a p r o d u c t i o n

Pour éviter cette issue, la ville de Saint-Étienne avait tenté de créer une concurrence à la compagnie de la Loire au niveau de la production. Ce fut la préoccupation principale de la municipalité socialiste issue de la grève générale de Saint-Étienne en 1900: c’est en effet le chef de la gève, le passementier Jules Ledin, qui succéda à la m airie au fabricant Chavanon. Il avait tout un program m e de „socialisme m unicipal”1® qui comportait, entre autres promesses électorales, la municipalisation de

12 C o n s t it u t i o n s et m ollificatio ns..., pp. 18— 19; „.Journal O ffic iel B u lletin " , a n n ex e, 27 ja n v ie r 1908.

13 A rch. EDF, F 925-B. 44; A rch . Ch. Com m . S a in t-É tien n e, carton 18B, d o s sie r 1, p iè c e 12. „B u lletin m un icip al" , S a in t-É tien n e 1909, pp. 228— 229.

14 A rch . Ch. C om m S a in t-É tien n e, carton 18B — d o s sie r 9.

15 Cf. H. M o r s e 1, C o n t r ib u ti o n à l'h is to ir e d e s e n t e n t e s In d u s tr ie lle , „R evu e H ist. éco n . et so c ia le " 1976, 54, pp. 18 sqq.

16 P. M i m i n , Le S o c i a li s m e m u n ic ip al, Paris 1911, pp. 15— 16; J. L о r c i n, Le „ s o c i a li s m e m u n ic ip a l" à S ain t- É tien n e e n 1900, M é la n g e s A n d ré L a treille, A u din, Lyon 1972, pp. 567— 580. Cf. Y. L e q u i n , O u v r i e r s l y o n n a i s et i d é o l o g i e , „Le M o u v em en t so cia l" , o c to b r e — d é cem b re 1969, p. 16.

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l’énergie. Pour y parvenir, la nouvelle adm inistration rep rit le projet, en cours de réalisation, de dérivation des eaux du Lignon vellave pour alim enter Saint-Etienne en eau industrielle, sinon potable, en lui adjoi­ gnant un projet de création de forces m otrices17. Ce dernier projet avait égalem ent été conçu par l’adm inistration sortante, soucieuse d’équilibrer les dépenses d ’adduction qui réclam aient un em prunt de plus de 8 m il­ lions de francs en vendant de la force aux passementiers stéphanois, mais s’é tait heu rté à l’opposition des tisseurs de la Ilaute-Loire, inquiets d’être privés de cette énergie au profit de leurs concurrents de la g ran ­ de ville, et au veto du Conseil d’Etat, hostile à toute expérience de m u ­ nicipalisation de l’énergie18, fût-elle dénuée d’arrière-pensée politiques. D errière ces oppositions, on devinait celle de la Compagnie de la Loire dont les usines se trouvaient précisément en aval de la prise d ’eau de la ville de Saint-Étienne et dont le monopole allait prendre fin, su r­ tout si la ville allait endra également de la force aux tisseurs de la

H aute-Loire pour calmer leur hostilité1®.

La municipalité socialiste issue des élections de 1900 allait se heur- te|r aux m|ême oppositions que ne suffisait pas à lever l’appui d’un gouvernem ent où l’em portait désormais l’influence des radicaux, voire des socialistes, avec Millerand. La sécheresse de 1904 devait précipiter la déconfiture de cette tentative de socialisation de l’énergie en oblige­ an t la municipalité Ledin à abandonner la partie énergétique du projet pour n ’en re te n ir que l’adduction d ’eau. Il faudra atten d re la Seconde G uerre mondiale et la pénurie d ’énergie qu’entraîna l’occupation alle­ mande pour voir enfin réaliser un projet de création de forces m otri­ ces qui rem ontait à 1893! En attendant cette lointaine échéance, l’urgen­ ce des besoins non seulem ent en eau potable ou industrielle, mais en énergie électrique, avec l’invention du four électrique qui trouve une de ses prem ières applications aux Aciéries de Saint-Étienne en 1906, obligeait la municipalité à tolérer les empiétements sur le sol urbain do la Compagnie de la Loire, en dépit de l’hostilité des passementiers, re ­ présentés au conseil municipal par la fraction intransigeante du P arti socialiste, à l’origine de la scis-sion du PSU-SFIO en 1905.

De son côte, la Compagnie, sous l’impulsion d’un adm inistrateur aussi

17 J. L o r c i n , Le p i o j e t du Lig non : u n e t e n t a t i v e d 'a p p lic a tio n d e la d o c tr in e d u „ s o c i a li s m e m u n ic ip a l" à S a in t-É tien n e en 1900, „B ullet. C en tre H ist. é c o n . et s o c ia le , R ég io n ly o n n a is e " 1973, 4, pp. 63—76.

18 P. B o u g e n t , D e 1 a l im e n t a ti o n d e s v i l l e s en l o r c e m o tr ic e , „La H o u ille B lanche" 1902, I, pp. 80— 81; P. M i m i n , S o c i a li s m e m u n ic ip a l, Paris 1911, pp. 70— — 75; J. T é t г e a u , Les R é g ie s m u n ic ip a le s , 1935, pp. 26— 27.

18 J. L o r c i n , L 'e x p lo ita tio n d e s l o r c e s m o tr ic e s d u Lignon v e l l a v e , [in :) f . ' A m é n a g e m e n t du Ba ss in l ig é r ie n [S a in t-É tien n e 1978J.

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dynam ique que Loucheur, réalisa, pour faire face à cette nouvelle de­ mande l’interconnexion avec les Alpes du Dauphiné qui supposait, on l’a vu, la fusion avec „L’Energie du Centre” réalisée en 1912, voire la recours au capital suisse, ce qui n ’alla pas sans inquiéter les passemen­ tiers stéphanois qui trouvaient à Bâle leurs principaux concurrents20. Cette combinaison qui perm ettait de compenser les basses eaux hiver­ nales des torrents alpins par les pluies océaniques du Massif C entral21 fut à l ’origine d’une des principales concentrations capitalistes françai­ ses que m atérialise l’am pleur du réseau de „Loire et C entre”22.

2. La distribution

Si la m unicipalité socialiste de Saint-Étienne avait reconcé dès 1904 au projet de contracarrer le développement de la Compagnie de la Loire en lui faisant concurrence, elle n’abandonna pas l’idée de faire obsta­ cle à son monopole au niveau de la distribution en substituant une ré ­ gie directe à la concession Edison qui allait expirer en 1910. Elle était encouragés dans cette voie par les passementiers qui jugeaient trop éle­ vée les tarifs de la Compagnie et ne parvenaient pas à lui arracher l’application de la journée de 10 heures aux tisseurs de la campagne: cela supposait en effet l’installation d ’interrupteurs automatiques, donc la pose d ’une canalisation spéciale jugée trop coûteuse par la Compagnie électrique.

Pour lim iter ses em piètements sur le territoire municipal, qui ris­ quaient de créer une situation irréversible, l’adm inistration socialiste re ­ fuse désormais les „permission de voirie” que lui réclam aient la Com­ pagnie de la Loire, Celle-ci tourna l’obstacle en m ultipliant les cana­ lisations en situation irrégulier que la ville était bien obligée de tolérer, compte tenu de l’accroissement de la demande des industries locales: c’était céder devant la nécessité, „la force des choses”23, qui limite tuo- jours la m arge de liberté des responsables politiques dans leurs choix24.

Ainsi placée en position de force par le privilège du prem ier occu­ pant, la Compagnie put réclam er une concession avec monopole2*, en

*» A rch . EDF. E. 925-B. 44. L oire, C A , 27 av ril 1910.

21 Fr. В o u c h а у e г, Les P io n n ier s d e la H o u i ll e Blanc he , Paris 1954. 22 Cf. A. L a f e r r i è r e , C o m p a g n i e é l e c t r i q u e d e la Loire et du C e n tr e , [in:] Le M é m o r i a l d e la Loire, 26 d éc em b re 1913.

23 J. M a z o y e r , La Q u e s t i o n du G a z et d e l'E lectrlcit é à S a in t-É tien n e, S a in t­ -É tien n e 1910, pp. 23— 27.

21 Cf. W . B. C o h e n [U n iv e r sité d e l'In d ia n a -B lo o m in g to n ], M u n i c i p a l it é et u r b a n is a tio n en F ra n ce au XlX^me s i è d e , S ém in a ire du C en tre P ierre-L éon , U n iv e r sité L yon If, 25 lé v r ie r 1984.

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l’occurence le „privilège” d ’éclairage privé qu’autorisait la loi de 1906, la concurrence étan t lim itée à la force motrice26.

La ville était d’au tan t moins apte à résister aux prétentions de la Compagnie que celle-ci avait l’appui inattendu du syndicat „rouge” du Textile depuis 1906: en effet, elle avait enfin cédé à ses exigeances en m atière de réglem entation horaire. Les frais de canalisation qu’allait entraîner son application donnaient à la Compagnie une région supplé­ m entaire de réclam er un monopole, avec l’appui, désormais, des syn­ dicalistes et des socialistes unifiés qui les représentaient au conseil m u ­ nicipal27.

La division de la gauche facilita le reto ur au pouvoir des libéraux, dirigés p ar Jean Neyret, en 1910. C’en était fait dès lors de la régie directe et Loucheur, assuré désormais de trouver à Saint-Étienne l’écou­ lem ent de la production excédentaire des Alpes, pouvait écrire, à l’an ­ nonce de la victoire électorale de la droite: „Tous les kilow atts-heure hydraulique acheté dans les Alpes sont actuellem ent vendus”28.

L ’interconnexion avait trouvé son point d ’application dans la déroute du „socialisme m unicipal”, force à la coalition du libéralism e des pro­ ducteurs de houille blanche et du corporatisme des ouvriers syndicalistes révolutionnaires.

J ea n Lorcin

TRUST ELEKTRYCZNY PRZECIW W ŁA D ZO M MIEJSKIM N A PRZYKŁADZIE SA IN T -E T IE N N E

A u tor p rzed sta w i! c ie k a w y p rob lem r y w a liz a c ji m ię d zy le w ic ą i p raw icą w S a in t­ -É tien n e p rzy o k a zji p ro d u k cji e n e rg ii e le k tr y c z n e j dla m iasta, jak r ó w n ież dla p rzem y słu . O tó ż ju ż w k o ń cu X IX w. w S a in t-É tie n n e isto tn ą sp raw ą b y ło p o s z u k i­ w a n ie te c h n o lo g ii w y tw a rz a n ia e n e r g ii dla r o z w ija ją c e g o się p rzem ysłu , w tym g ó r n ictw a i w łó k ie n n ic tw a , a ta k ż e d rob n ej w y tw ó r c z o ś c i c h a łu p n icz ej. J e d n o c z e ś ­ n ie w y c z e r p u ją c e się z a so b y w ę g la n ie m o g ły w y s ta r c z y ć na p ro d u k cję en e rg ii e le k tr y c z n e j w tr a d y c y jn y c h e le k tr o w n ia c h . W te d y lilia T ow . A k c. E disona — K am ­ pan ia E lek try czn a Loary, zb u d o w a ła w 1892 r. h y d r o e le k tr o w n ię . W z w ią zk u z tym p r z ed sięb io r stw o to z m o n o p o liz o w a ło p r o d u k c ję e n e rg ii e le k tr y c z n e j, sta ją c s ię g łó w

-** C om p te-ren d u d e s tra v a u x , Ch C om m . S a in t-É tien n e, 1910, pp. 67— 168i J. M a- z o y e r , op. cit., pp. 23— 27.

87 Bull, m un., S a in t-É tien n e, 1908, pp. 95— 9 7 i Le M é m o r i a l d e la Loire, 27 m ai 1910,' La T r ib u n e r é p u b l i c a i n e , 11 et 31 a o û t 1910.

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n ym d o s ta w c ą prądu dla p rzem y słu i m ie s z k a ń c ó w m iasta, co je d n o c z e ś n ie p rzy ­ n o s iło mu o g ro m n e zy sk i. W 1000 r. w ła d z e m iejsk ie, w k tó ry ch z n a leźli s ię p r z ed ­ s ta w ic ie le le w ic y — so c ja liś c i, p o d ję ły k o n tra k cję w o b e c T rustu , za m ierza ją c zb u ­ d o w a ć w ła sn ą , m iejsk ą h y d r o e le k tr o w n ię na r ze c e L ignon . W ten sp o só b Zarząd M iejsk i c h c ia ł b y ć g łó w n y m d y stry b u to rem e n e rg ii. P ro jek t s o c ja lis tó w n ie z o sta ł jed n a k z r e a liz o w a n y , p o n iew a ż n ie u z y sk a li oni p op arcia rządu. Z r y w a liz a cji e k o ­ n o m iczn ej z w y c ię s k o w y s z ła K am pania E lek tryczn a Loary, rep rezen tu ją ca p ra w icę. W 1910 r. w w y b o ra ch m u n ic y p a ln y ch z w y c ię s tw o p o lity c z n e o d n io sła ta k ż e praw ica u z y sk u ją c w ię k s z o ś ć m an d atów .

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