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Les origines des emblèmes Renaissance en Pologne

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Janusz Pelc

Les origines des emblèmes

Renaissance en Pologne

Literary Studies in Poland 3, 95-110

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Janusz Pelc

Les Origines des emblèmes Renaissance

en Pologne*

L’héritage du Moyen Age

La Pologne est entrée assez tard dans l’aire de rayonnem ent de la culture chrétienne. La nouvelle religion chrétienne et la culture à laquelle elle avait donné naissance, adoptées par Mesco I au milieu du Xe siècle, fortifiées et consolidées par ses successeurs et par l’organisation ecclésiastique encouragée par eux, supplantèrent les anciens cultes et les rites paiens. La culture paienne de la Po­ logne était, il faut le dire, une culture non écrite. Il est de ce fait difficile de constater, même en tenant compte des vestiges conservés de l’ancienne sculpture, des bas-i*eliefs, souvent associés au culte, si, et surtout comm ent les significations attachées à ces objets, s’associaient à des significations identiques ou semblables des mots. Sans doute, les mots, les prières, les conjurations, les chants rituels, se fondaient en un tout avec les objets plastiques du culte, les représentations des divinités. Cependant, dans ces images plastiques des dieux, des hommes, des concepts, toutes choses conservées pour la plupart sous forme de vestiges, nous ne retrouvons pas, pour employer le terme de Mieczysław W allisl, des «enclaves sémanti­ ques» écrites.

* N o te d 'éd iteu r. N o u s p u b lio n s un fragm ent d ’un d es ch a p itres de l'o u v ra g e d e J. P e l c , O b r a z — sło w o — zn a k . S tu d iu m o em b lem a ta ch w lite ra tu r ze s ta r o p o lsk ie j

(Im a g e — m o t — signe. L ’étu d e su r le s em b lèm es dan s la litté ra tu r e p o lo n a ise du X V F e t X V I F *.), W rocław 1973.

1 M . W a l l i s , N a p isy na o b ra za ch (In sc rip tio n s su r ta b le a u x ), „S tu d ia S e m io ty c z ­ n e ” , vol. II, W rocław 1971, p. 39.

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Avec la religion et la civilisation chrétiennes commencèrent à affluer en Pologne des livres écrits en latin, d ’autres étaient composés sur place; on commença à construire de nouveaux temples, des églises, possédant, sur le modèle de l’architecture médiévale des autres pays, des peintures (sujettes à la détérioration), des sculptures et des bas-reliefs, oü intervenaient des «enclaves sémanti­ ques» écrites.

Parmi les livres les plus anciens associant la sémantique de l’image à la sémantique du m ot, il faut citer, pour la Pologne médiévale, le fameux Or do Romanus, aujourd’hui malheureusement perdu mais connu des chercheurs. Cet ouvrage avait été offert par la princesse M athilde de Souabe, la femme de Frédéric de Lorraine, au roi de Pologne Mesco II. Ce qui nous intéresse surtout, c’est la dédicace du livre. Elle se compose d ’une belle m iniature représentant «le m oment où le livre était remis au roi de Pologne»2, illustrant le contenu de la lettre-dédicace qui célèbre les vertus du m onarque, ses mérites et ceux de ses prédécesseurs dans la propagation en Pologne du christianisme 3. L’image représente Mesco assis sur le trône dans son vêtement de cérémonie, recevant le livre de la m ain de M athilde. La m iniature portait l’inscription: «Hune Librum régi M athilta donat Mi[j] goni quam genuit clarus Svevorum dux Herimannus». La m iniature et le texte de la dédicace formaient ensemble une construction proche du genre icon, imago. A joutons que l’ouvrage avait un sens politique très net, bien q u ’accom­ pagnant un livre liturgique. Le mari de M athilde, duc de Lorraine, se trouvait à la tête de l’opposition contre l’empereur C onrad II, et il recherchait en Mesco II un allié qui purrait soutenir son action.

La femme du roi Mesco II, Richèze, fille du palatin de Lorraine, avait apporté en dot un beau codex enluminé (dit Codex Gertrudianus),

2 D . B o r a w s k a , T. L a l i k , S. T r a w k o w s k i , Z zagadn ień w czesn o śred n io ­

w iec zn ej k u ltu ry p o ls k ie j (P ro b lè m e s d e la cu ltu re p o lo n a ise du b a s M o y e n A ge),

[dans:] P o ls k a p ie r w sz y c h P ia stó w . P a ń stw o — sp o łe c ze ń stw o — k u ltu ra (L a P o lo g n e

d e s p re m ie rs P ia st. L ’E ta t — la s o c ié té — la cu ltu re), ss la dir. de T. M an teu ffel,

W arszaw a 1968, p. 255.

3 C ette m iniatu re est caractérisée et rep ro d u ite d a n s S z tu k a p o ls k a p rz e d r o -

m a ń sk a i ro m a ń sk a d o sc h y łk u X I I I w ieku ( L ’A r t p o lo n a is p ré ro m a n e t rom an ju sq u 'a u déclin du X IIIe 5.), ss la dir. d e M . W a lick i, W a rsza w a 1971, p. 2 5 4 et

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exécuté dans les années 984 — 993 pour l’archevêque de Trêves Egbert. Puis, avec la fille de Mesco II mariée avec le duc Isiaslav de Kiev, le livre se trouva en Ruthénie. Le nom bre de codex enluminés augm entait peu à peu en Pologne. Citons à titre d ’exemple Ewangeliarz gnieźnieński (Evangéliaire de Gniezno — v. 1050). Ewan- geliarz płocki (Evangéliaire de Płock — fin du XIe s.). Ces livres étaient exécutés en Pologne ou importés, tel p. ex. M ały ewangeliarz płocki (Petit evangéliaire de Płock — v. 1150), originaire de l’école de la Meuse. De cette même école provient aussi le Liber geneseos (seconde moitié du X IIe s.), appelé aussi Biblia czerwińska (Bible de Czerwińsk), autrefois probablem ent propriété de l’abbaye de Czer­ wińsk ou, comme pensent d ’autres chercheurs, de la cathédrale de Płock, puis, selon toute probabilité, du m onastère des religieux du Saint-Sépulcre (Chanoines Réguliers) à Miechów, d ’où elle devait passer aux XVIe siècle aux mains du cardinal Andrzej Batory. «Elle avait, constate Tadeusz Dobrowolski, treize initiales enluminées avec des plantes entrelacées, et sur toute une page une m iniature exceptionnellement belle, légèrement tracée au vermillon. Elle représen­ tait l’histoire de la création dans des médaillons reliés entre eux, modelés en spirale avec des tiges flexibles et des feuilles autour de l’initiale IN [...] Le charme de cette m iniature vient aussi bien de ces entrelacements que des personnages nus légèrement marqués de l’Hexaméron, rem arquables par la simplicité de la forme classique, les bonnes proportions, le charm e et la délicatesse du c o n to u r» 4. A ces rem arques analytiques de l’historien de l’art nous ajouterons que ces «médaillons» représentent des images symboliques de la création, compte tenu de la hiérarchie respectée dans l’art médiéval avec, au centre, dans la fraction supérieure, la place d ’honneur réservée à Dieu dans sa majesté.

Des m onum ents intéressants pour nous sont fournis par la peinture miniaturisée postérieure à l’époque considérée. Nous rem arquerons surtout Psałterz trzebnicki (Psautier de Trzebnica) de la première moitié du X IIIe siècle, avec des m iniatures sur pages entières

4 T . D o b r o w o l s k i , M a la r stw o {L a P ein tu re), [dans:] H isto r ia s z tu k i p o ls k ie j w z a r y s ie {P ré c is d ’h isto ire de l ’a rt p o lo n a is), ss la dir. de T. D o b r o w o ls k i et W . T a ta rk iew icz, v o l. 1, K ra k ó w 1962, p. 116, 122; T . M r o c z k o , C ze rw iń sk

ro m a ń sk i ( L ’A b b a y e rom an e d e C ze rw iń sk ), W a rsza w a 1972, p. 58.

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illustrant la vie du Christ et de sa Mère. D ans ses m iniatures nous relevons des inscriptions latines se rapportant au contenu des im ages5. Des illuminations du même genre se rencontrent aussi dans d ’autres index contenant des psautiers (p. ex. ceux de Głogów et des Clarisses de Wrocław), des graduels et des an tiph on aires6. Le codex de Trzebnica Expositio in Apocalypsis, du Franciscain Aleksander, contenait un grand nom bre de représentations imagées de grande expression symbolique, souvent liées à des inscriptions7.

La sculpture figúrale, surtout les bas-reliefs, associée à des inscrip­ tions (tituli) apparaît déjà dans le décor des églises rom anes du bas Moyen Age, tels les tympans, celui p. ex. de l’église N otre-D am e du quartier de Piaski à Wrocław de la seconde moitié du X IIe siècle8, et les portails, où l’ornem ent s’accom pagnait souvent de l’inscription.

Dans notre art rom an nous retrouvons déjà des oeuvres plasti­ ques composées d ’une série d ’images constituant un tout complet. C ’était le cas de la Porte de Płock coulée dans le bronze, se trouvant actuellement à G rand N ovgorod (Płock en aura une copie), datant de 1152 — 1156 ou 1152 —11549, ainsi que de la fameuse Porte de Gniezno d ’environ 1170, dont l’ornem entation com porte des symboles astraux et animaux, apparentés à ceux de Physiologus et des bestiaires qui s’en insp iraien t10. Les tableaux — fragm ents de la Porte de Płock et de la Porte de Gniezno — com portent d ’ailleurs de courtes inscriptions caractérisant les diverses scènes et les person­

-s H isto ria s z tu k i p o l s k i e j ..., v o l. 1, p. 1 2 8 — 129 et fig. 75. 6 Ibidem , p. 129; S z tu k a p o l s k a . . . , p. 251 —276, su rtou t p. 275.

7 M n s de la Bibl. d e l’U n iv . de W rocław , c o te 1.Q .19. C f. S z tu k a p o l s k a . . . , p. 2 6 9 - 2 7 0 , fig. 5 6 7 - 5 7 1 .

s T. D o b r o w o l s k i sur la sculp tu re dan s; H isto ire s z tu k i p o ls k ie j. . . , v o l. 1, p. 94, fig. 46; S ztu k a p o l s k a . . . , p. 211, fig. 5 0 0 —507 (là éga lem en t sur les au tres ty m p a n s).

9 S ztu k a p o l s k a . . . , p. 227 — 228, fig. 1144 — 1174; K . A s k a n a s , B rą zo w e d rz w i

p ło c k ie w N o w o g ro d zie W ielkim (L a P o rte de b ro n ze d e P ło c k à G ra n d N o v g o ro d ),

P ło ck 1971, p. 18 et p a ssim , et su rto u t fig. 1 —30; H isto ria s z tu k i p o l s k i e j . . . , v o l. 1, p. 88 — 89.

10 D r zw i g n ieźn ień sk ie (L a P o r te d e G n iezn o), ss la dir. de M . W a lick i, W ro cła w 1956; D r z w i g n ieźn ień sk ie (L a P o r te de G n iezn o), éd. T . D o b r z e n ie c k i, W a rsza w a 1953; S z tu k a p o l s k a . . . , p. 2 2 8 —2 30, fig. 1175 — 1196; J. S. P a s i e r b , P r ó b a s y n te z y

tre śc i ideow ych D r z w i g n ieźn ień sk ich ( E ssa i de sy n th èse d es con ten u s id é e ls d e la P o rte de G niezno), „B iu letyn H isto rii S z tu k i”, A n n é e X X X : 1968, N o 2, p. 24 0 — 242.

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nages. On ne relève pas en revanche d'inscriptions développées. Des séries d ’illustrations se trouvaient assez souvent dans les codex médiévaux enluminés, dont il a déjà été question. L’image associée à l’inscription apparaissait aussi dans l’ornem entation des objets liturgiques. Là aussi nous retrouvons souvent des séries de représen­ tations accompagnées d ’inscriptions; citons en exemple les colonnes brodées de la chasuble (attribuée à s-te Hedwige) de l’abbaye des cisterciens de H enryków 11. Les monnaies et les sceaux des ducs et des rois de la dynastie des Piast renouaient avec les modèles antiques et médiévaux des autres pays de l’E u ro p e 12. La fameuse épée ébréchée, le glaive du couronnem ent employé par Ladislas le Bref (qui l’avait hérité de Boleslas de Kujavie ou de Boleslas de Łęczyca, et que la légende attribuait à Boleslas le Vaillant) et par ses successeurs, com portait, en plus de l’aigle piastien ajouté par la suite au fourreau, d ’autres représentations. «L’abondante iconographie, exceptionnellement riche pour un objet de ce genre, prouve celui qui l’avait comm andé attachait une grande importance à l’aspect extérieur du glaive. La poignée est ornée des deux côtés de la représentation de l’Agnus Dei et des symboles des évangélistes. Le pom meau porte l’alpha et l’oméga, séparés par le signe du tétragram m aton. Outre cela, sur le pom meau et la garde de l’épée figurent des inscriptions judidiaires et cabalistiques qui définissaient la fonction de l’objet. Sur les écussons aujourd’hui perdus, mais qui se trouvaient encore de part et d ’autre de la poignée lors de l’inventaire du trésor du Wawel en 1772, étaient gravées des inscriptions constatant que l’épée avait été propriété d ’un des ducs de Pologne appelé Boleslas»13.

Le gothique a évidemment laissé en Pologne plus de monuments d ’art, où la sémantique de l’image trouve un complément dans la sémantique du verbe ou même coexistait avec cette dernière.

11 S ztu k a p o l s k a . . . , fig. 1 2 2 — 123 (après la p. 2 9 6 ); cf. au ssi une série sem b lab le, b ea co u p p lu s récente — la ch a su b le a v ec la L ég en d e d e s t S ta n isla s, d o n de P iotr K m ita , 1504, d a n s le T résor de la ca th éd ra le du W a w el — T. D o b r o w o l s k i ,

S ztu k a K ra k o w a (L ’A r t d e C ra c o v ie ), K r a k ó w 1971, p. 2 06, fig. 143 et 144.

12 S ztu k a p o l s k a . . . , p. 28, fig. 103 — 130, 1118 — 1130; A . B o c h n a k , K . B u c z ­ k o w s k i , R ze m io sło a r ty s ty c z n e w P o ls c e ( L ’A r tisa n a t a rtistiq u e en P o lo g n e), W arszaw a

1971, fig. 3 4 - 3 5 .

13 S ztu k a p o l s k a . . . , p. 301 et fig. 1062 — 1063; H isto r ia s z tu k i p o l s k i e j . . . , v ol. 1, p. 1 4 0 - 1 4 1 .

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L’on a de ce temps plus de peintures murales et sur planches avec des inscriptions. Il s’est également conservé de nombreux monuments funéraires où la figuration du défunt se combine avec une composition allégorique portant une inscription. L ’usage d ’associer dans les compositions funéraires l’image à l’inscription était connu dans l’antiquité rom aine — il s’était même formé un style spécial, élogique ou tumulaire, continué par le christianisme des premiers siècles. Au Moyen Age il apparaît dans les m onum ents de l’art roman, de l’art gothique, pour être assimilé ensuite par la Renaissance où la composition tombale avait souvent un caractère em blém atique14. On voit aussi augmenter le nom bre de codex enluminés, dont la popularité n ’avait pas baissé à l’époque de la Renaissance, et cela malgré l’invention de l’imprimerie et la carrière du livre imprimé.

Le M oyen Age polonais n ’a pas laissé une littérature chevaleresque aussi touffue que celle de certains autres pays de l’Europe. Néanm oins la culture et les moeurs chevaleresques étaient largement connues chez nous. A mesure que se propageaient les usages chevaleresques, une importance de plus en plus grande était attachée à l’héraldique. Les blasons des chevaliers, à l’origine simples signes distinctifs des chevaliers et des form ations militaires, s’auréolaient chez nous aussi de légende, devenaient des symboles de gloire, de dignité, d ’honneur chevaleresque. L ’éminent chroniqueur du déclin du Moyen Age et de l’aube de la Renaissance polonaise — Jan Długosz — consacre beaucoup de place dans sa description de la bataille de G runw ald à l’énum ération et à la caractéristique des signes des chevaliers, des drapeaux des détachements polonais et de l’armée teu to n iq u e15. Dans sa relation écrite dans un style tendu et noble, Długosz présente le m oment dram atique où était menacé le drapeau du roi de Pologne Ladislas.

Les T e u to n iq u e s atta q u a ien t, v o u la n t par leur zèle arracher la v icto ire, et, d an s cette c o n fu sio n , le grand étendard du roi d e P o lo g n e L ad islas, p ortant le sign e de l ’aigle b la n c, ten u par M arcin d e W r o c im o w ic e , p o r te -e n se ig n e de K ra k ó w , un n o b le du b la so n P ó łk o z a , to m b a à terre; m a is les ch ev a liers plus c o u ra g eu x et p lu s exercés au c o m b a t, qui se relliaien t so u s ce sign e, le relevèrent

14 E. P a n o f s k y , Tom b S cu lp tu re, l i s C hanging A s p e c ts f r o m A n cien t E g y p t

to Bernini, N e w Y o r k 1964.

15 J. D l u g o s z , D zie jó w p o lsk ic h k sią g d w an aście ( H isto ire d e P o lo g n e en dou ze

livres), trad. par K . M ech er zy ń sk i, v o l. 4, livres X I —X II, K r a k ó w 1869, p. 35 — 39

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et rap p ortèren t là o ù il c o n v en a it. N ’éta it le c o u ra g e d e c e s h o m m e s v a illa n ts q ui l ’a v a ien t p ro tég é de leurs p o itr in es et de leurs arm es, il aurait à co u p sûr été p erdu. P our laver ce t ou tr a g e, les ch ev a liers p o lo n a is se lan cèren t im p é tu e u se ­ m en t sur l ’en n em i et d isp ersèren t, m irent en d éro u te, to u s les régim en ts qui c o m b a ttiren t av ec eux 16.

L ’intérêt porté à l’héraldique est aussi prouvé par les travaux q u ’y consacra Długosz: Insignorum clenodiorum Regis et Regni Polo- niae description, contenant les armoiries du roi des terres, des seigneurs polonais, des chapitres et d ’autres, et, écrit en 1448, Ban­ deria Prutenorum18. Długosz a donc été à vrai dire le premier héraldicien polonais, et bien que ses travaux ne fussent pas imprimés dans l’ancienne Pologne, ils servirent de fondement aux héraldiciens qui vinrent après lui. Długosz écrivit aussi plusieurs séries de Vies ( Vitae) d ’archevêques et évêques polonais, invoquées plus tard par les auteurs de séries de portraits (icônes).

Les poètes latins avant Rej

Les poètes polono-latins de la première période de la Renaissance avaient précédé chronologiquement Alciatus et l’édition de son fameux Emblematum liber-, d ’autres avaient été ses contem porains. Le rappel

16 Ibidem , p. 5 1 —52.

17 [J. D ł u g o s z ] , Insignia seu C len o d ia re g is e t R e g n i P o lo n ia e, éd . Z. C elich o w sk i, P ozn ań 1885; 2e éd. critiq ue de M . F riedberg, K ra k ó w 1931.

18 J. D ł u g o s z : B an deria P ru ten oru m , éd. K . G ó rsk i, W arszaw a 1958 (texte latin et trad u ction p o lo n a ise ); B an deria P ru ten oru m , tu d zie ż Insignia (B an deria P ru ­

tenorum ainsi que Insignia), éd. réu n ie J. M u c z k o w sk i, K ra k ó w 1851. D a n s ses

o u v ra g es, D łu g o sz a é v id em m en t d écrit et en q u elq u e sorte co d ifié l’éta t déjà a v a n cé et d é v e lo p p é d e la c o n sc ie n c e , de la cu ltu re, d es m o eu rs ch evaleresq u es, m éd iév a les, en P o lo g n e , ay a n t leur reflet en tre au tres d a n s l’h érald iq u e. Sur les p h a ses p réco ce s de ce p ro cessu s cf. A . G i e y s z t o r , Id eo w e w a rto śc i k u ltu ry p o ls k ie j

w H'. X —XI . P rzy ję c ie ch rześcija ń stw a ( Valeurs id éelles d e la cu ltu re p o lo n a ise X e — X Ie s. A d o p tio n du ch ristia n ism e), „K w a rta ln ik H isto r y c z n y ” , A n n ée L X V II:

1960, fasc. 4, p. 9 3 4 — 935 (o ù il se réfère au travail fo n d a m e n ta l de A . B o r s t ,

D a s R itte rtu m im H o c h m itte la lte r. Id e e und W irk lic h k e it, „ S a e c u lu m ” , X : 1959, p. 2 1 3 —231). P our les p ro b lèm es e n co re antérieurs, o n peut co n su lter l’étu d e de A . G i e y s z t o r , P o d sta w y ro d zim e j k u ltu ry a r ty s ty c z n e j w P o lsc e w c zesn o śre d n io w ieczn ej

( F on dem en ts d e la cu ltu re a rtistiq u e indigène en P o lo g n e du b a s M o y e n A ge),

„K w a rta ln ik H isto r y c z n y ” , A n n é e L X X : 1963, fasc. 3, p. 583 — 597, su rtou t p. 594 (rem arq ues sur l ’a ttrib u tion à l’art sé m a n tiq u e et aux m o tifs figuraux d es p o u v o irs m agiq u es).

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de cette circonstance a une portée assez essentielle. Nous désirons en effet signaler certaines tendances parallèles qui, à l’origine, ne pouvaient être et n ’étaient certainement pas inspirées par l’ouvrage d ’Alciatus et d ’autres créateurs de l’emblématique m oderne, venus après lui.

Installé en Pologne, l’Italien Filippo Buonaccorsi, connu sous son pseudonyme littéraire «Calimachus», a écrit le poème In picturam orbis terrae:

Q u em vix su b to to p o tu it d istin g u e re c a e lo Iup p iter, h aec orb em p arva ta b e lla ca p it.

Il avait composé d ’autres vers semblables, dont le quatrain In picturam Silviae:

Q u id p etis a p icta d ecep tu s im a g in e verb a? N o n datur artifici fingere v o c is iter. Interiore d eu s sed si m e p arte p a ra sset,

artis o p u s p o sse t reddere verba tibi.

Il a aussi écrit In cervam pictam :

Tarn sim ilem versae cervae m e pin xit A p e lle s, ut sim ilis viven s sit m ihi cerva m i n u s . . . lÿ

Paulus Crosnensis a développé dans une oeuvre plus vaste des considérations sur les origines de diverses choses, sur la variété et la variabilité, adoptant pour point de départ l’image du dieu à deux faces Janus — A d Janum Deum Bifrontem a qui Januarius. Plus intéressantes par leur symbolique nettement apparentée à l’emblème sont, du même Paulus, les Epigrammata in insignia magnifici domini Gabrielis de Peren, cubiculariorum regalium magistri, domini et patroni sui gratiosissimi, condita anno 1509, où l’on doit rem arquer les sous- -titre Harpyia barbata ad spectatores:

H a rp y ia s q u isq u is cu p ia s c o g n o sc e r e fo e d a s Et m e, su b scrip to s perlege, q u a e so , m o d o s . Illae P h in ea s sp o lia ru n t se d u lo m en sa s,

F o ed a ru n t la u ta s ventre fluente d ap es. Illae virgin eo p a ssim fo rm a n tu r et ore,

Et m en to m u llis lu xu rian te pilis.

V u ltu e g o sed sp ec to r grap h ice d eco ra ta virili, Et fu lgen t m u ltis ora ro tu n d a co m is.

19 P h ilip p i C a llim a ch i E p ig ra m m a tu m lib ri duo, éd . C . F. K u m a n ie c k i, W rocław

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O rigin es d es em b lèm es 103

E t n itid as d o m in i m en sas c o n sp e c to p o te n tis, E x o r n o d isco s, vasa, sigilla, d o m o s, A tq u e o b virtu tes to to d eca n to r in orbe,

Q u a s fo ris ex h a u si c o n stitu iq u e d o m i20.

Le poème Aquilla Polona loquitur, Epigramma Pauli Crosnensis, se rattachant aux armoiries du royaume de Pologne, est une oeuvre de circonstance où la symbolique de deux aigles, l’aigle blanc polonais et l’aigle noir impérial, inspire à l’auteur d ’intéressantes réflexions politiques:

N ig r a fuit q u o n d a m R o m a n i n o m in is aies, N ig ra fu it su m m i fida m inistra lo v is. S ed licet, arctoi q u ae d ico r ca n d id a regni,

O b servem Id a e o s R o m u le o sq u e lares: T r u x tam en en n ostras spernit G erm a n ia vires,

Q u o d gero cu m d iris fo rtia b ella G etis. N o n m ihi ch ristico la s libet in v a sisse catervas,

V erum T artareu m d ilacerare g e n u s 21.

O n n ’a pas identifié l’autèur du poème Sub imagine Christi crucifixi, contenu dans les oeuvres de Nicolaus Hussovianus:

In cru ce v o s m o n e o p en d en s, hic p la n g ite vestra C rim in a, n o n ea d em tem p o ra sem p er erunt. S a ev u s ero v in d ex , v en ia e n u n c p ro d ig u s; atra

M o rs p rop erat, viv en s p ro sp ice q u isq u e s ib i22.

Ce n ’est pas sans raison que l’on a attribué cette oeuvre à A ndréas Cricius (K rzycki)23.

Parm i les poèmes de ce dernier, nous en retrouvons un grand nom bre sub imagine, in imaginem. C ’étaient pour la plupart tout simplement des oeuvres appartenant au genre imagines, icônes, pra­ tiqué déjà par les premiers humanistes. Mais Cricius écrivait non

seulement des vers sur des portraits de personnes concrètes. Il com ­

20 P a u li C ro sn en sis R u th en i C a rm in a , éd . M . C y to w sk a , W arszaw a 1962, p. X V ;

P a u li C ro sn en sis R u th en i a tq u e Joan n is V islicien sis C a rm in a , éd . B. K ru czk iew icz,

K r a k ó w 1887, p. 70 — 71.

21 C ro sn en sis a tq u e V isliciensis C arm in a, p. 155.

22 N ic o la i H u sso via n i C a rm in a , éd. J. P elczar, K r a k ó w 1894, p. 110.

22 A n d rea e C r ic ii C arm in a, éd . K . M o ra w sk i, K ra k ó w 1888, p. 14 — 15. Cf. K . S t a w e c k a , R e lig ijn a p o e z ja ła ciń sk a X V I w ieku w P o lsce. Z a g a d n ien ia w ybran e

(L a P o é sie religieu se la tin e en P o lo g n e au X V I e siè cle. P ro b lè m e s ch oisis), L ublin

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posait surtout des épigrammes sur des images saintes: le Christ, sa Mère, les saints, et ces vers sont pénétrés de la symbolique typique de ce genre de littérature, proche des recueils emblématiques. N ’ou­ blions pas que Cricius est m ort en 1537, six ans après la parution de YEmblematum liber d ’Alciatus. Est-ce q u ’il connaissait ce recueil? Peut-être. Mais même s’il l’avait connu, ce n ’était que dans les der­ nières années de sa vie. L'oeuvre littéraire d ’Alciatus, et dans une mesure non moins grande son Emblematum liber, étaient bien le pro­ duit d ’une culture définie, celle de l’époque de l’humanisme renaissant en voie de devenir, mûrissant et, finalement, mûr. Au cours de ce processus qui s’étendait à divers pays et dans le contexte de di­ verses cultures européennes, intervenaient des phénomènes identiques, semblables ou apparentés, reflet de tendances communes qui, évi­ demment, sur tel terrain pouvaient se développer et se manifestaient plus nettement, plus fortement que sur d ’autres. La latinité qui prédom inait dans la culture, dans la littérature, dans la poésie de la Renaissance précoce, qui était restée vivante plus tard, malgré le développement des littératures nationales, qui renouait avec les traditions ressuscitées de l’antiquité, était l’un des fils les plus im­ portants sauvegardant l’unité de la culture européenne Renaissance24. D ’ailleurs, les littératures des langues vulgaires qui s’épanouissaient avec une si grande exubérance, surtout à la m aturité de la Renaissance, baignaient dans le même climat idéel, étaient nourries des mêmes thèmes, des mêmes conventions stylistiques, des mêmes tendances et styles artistiques25. Uuniversitas latine, celle d ’autrefois et la pré­ sente, de la Renaissance, fournissait une sève nourricière et des modèles aux littératures nationales.

L ’idéal des humanistes de la Renaissance était de connaître les trois langues anciennes: le grec, le latin et l’hébreu. La littérature

24 W. W e i n t r a u b , Ł a ciń sk ie p o d ło ż e p o ls k ie j lite ra tu ry X V I w ieku (L a S u b stra t

latin de la litté ra tu re p o lo n a ise du X V I e s.), [dans:] L ite ra tu ra sta ro p o lsk a i je j z w ią z k i eu ro p e jsk ie. P ra c e p o św ięco n e VII M ię d zy n a ro d o w e m u K o n g reso w i S la w istó w w W a rsza w ie w roku 1973 (L a L itté r a tu re d e l ’ancienne P ologn e e t se s a tta c h e s européennes. T ravaux co n sa crés au V IIe C o n g rès in tern a tio n a l d es S la visa n ts à V arsovie en 1973), ss la dir. d e J. P elc, W rocław 1973; J. P e l c , E u ro p ejsk o ść i sw o isto ść lite ra tu ry p o lsk ie g o renesansu (L a C a ra c tè re européen e t indigène d e la litté ra tu re de la Renaissance po lo n a ise), ibidem .

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O rig in es d es em b lèm es 105

ancienne grecque était très hautem ent prisée et jouissait d ’une grande autorité — pour ne citer que la Pléiade et, en Pologne, Jan K ocha­ nowski. On adm irait, imitait et traduisait VAnthologie grecque décou­ verte et publiée26. Rappelons que Alciatus avait traduit ses épigrammes et les avait incorporées dans son Livre des emblèmes. Elles étaient traduites et imitées par les poètes de différentes nations, dont égale­ m ent notre Jan Kochanowski et d ’autres poètes polonais et polono- -latins — pour ne citer que M elchior Pudłowski, Petrus Roysius, un Espagnol installé à demeure en Pologne, poète latin, et plus tard par les auteurs baroques d ’épigrammes. Le plus souvent cependant l’on traduisait et imitait dans les littératures nationales de la Renais­ sance les oeuvres latines, ce que rem arque très justem ent W iktor W eintraub 27.

La poésie latine de la Renaissance m aniait un ensemble assez déterminé de thèmes, de loci communes28, de figures de style et de symboles poétiques, correspondant souvent aux symboles des arts plastiques — tous ces éléments se répétaient dans les grandes lignes, malgré certaines modifications, chez les poètes de différents pays. La généralisation de ces symboles, leur contenu sémantique univoque, ou du moins assez nettement défini dans la conscience et chez les auteurs et les lecteurs, frayaient la voie au développement ulté­ rieur de l’emblème Renaissance dont ils devaient constituer le fon­ dement, ensuite en facilitaient la propagation, la rapide carrière européenne. Ce n ’est pas par hasard que les poètes de la Renaissance appelaient souvent ces symboles du terme insignia. Certains insignia, p.ex. le laurier poétique couronnant les auteurs len plus célèbres, renouaient visiblement avec les traditions de l’antiquité, mais rappe­ laient aussi les traditions féodales du Moyen Age, toujours vivantes, quoique modifiées. Le m ot latin corona signifiait insignium du pouvoir royal — la «couronne» — mais aussi la «couronne» qui récom pen­ sait les poètes célèbres. O r souvent elle était remise par ceux-là même qui portaient les couronnes royales. K onrad Celtis, un poète latin du début de la Renaissance, allemand d ’origine, globe-trotter

26 J. H u i t o n , The G re e k A n th o lo g y in Ita ly to th e Y ear 1800, Ith a ca 1935; W . W e i n t r a u b , H ellen izm K o c h a n o w sk ieg o a je g o p o e ty k a ( L ’H ellén ism e d e K o c h a ­

n o w sk i e t sa p o é tiq u e ), „ P a m iętn ik L itera ck i” , 1967, fase. 1, p. 1 —6.

27 W e i n t r a u b , Ł a c iń sk ie p o d ł o ż e ...

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par vocation, établi pendant un certain temps en Pologne où il contribuait à asseoir à Cracovie le m ouvement hum aniste — écrivait avec fierté comm ent il avait reçu cette distinction des mains de l’empereur (dans le vers com m ençant par «Hanc laurum dedimus Conrado i n s i g n i a v a tu m » ).

Dans la poésie européenne antérieure à Alciatus s’était déjà formée la langue dont devaient se servir et que devaient perfectionner dans un sens défini les auteurs des compositions emblématiques.

Parmi les vers latins de Andréas Cricius, nous retrouvons de nombreuses oeuvres très proches par leur construction des emblèmes d ’Alciatus. Les vers de Cricius étaient édités et inscrits dans les co­ dex sans illustrations, mais le poète y renouait avec certains sym­ boles qui se répétaient dans les oeuvres plastiques et en appelait en quelque sorte à la connaissance qu ’en avait le lecteur, comme p.ex. dans In triumphum Amoris pictum :

Q u isq u is es a lig ero p u ero qui c o lla récu sas, A s p ic e u t h ic h o m in e s su b icit a tq u e d e o s. H a ec iu ga si viridi refu gis p ortare su b a e v o ,

T u rp iu s ilia sen ex ferre c o a c tu s eris.

Cricius introduisait volontiers dans sa poésie des figures de notions générales. D ans certains poèmes, il a dessiné l’image du Temps, qui apparaît la plus complète dans l’épigramme In imaginent Temporis :

Ilia e g o , n e ig n o res, h o m in u m reru m q u e v o ra g o , T e m p u s inest to to n o m e n in o rb e m ihi.

Q u id q u id m a g n a p aren s tellu s, q u id q u id m are nutrit, S u b ia c et im p erio p ro tin u s o m n e m eo .

R ég n a , d o m o s , urbes, v a r io s o p eru m q u e la b o res S em per in e x p le to viscere c u n cta v o ro .

A sp ic is u t celeri cu rsu lev is effluit h ora, N e c p o sth a c , q u a e n u n c p raeterit, u lla redit, Sic tua c o n tin u o per m e c o n su m itu r aetas,

N e c red eu n t u n q u a m qui periere d ies. F o rtu n a m , vires, fo rm a m d u lc e m q u e iu v en ta m

C o n te r o , virtu tem , si c o lis, ilia m a n e t.

Très significatif aussi est son distique intitulé In imaginem Temporis adstantis puero flores colligenti:

D u m p u er a sto tibi, v ita e fac collrge fluorés, F rustra illo s, a te q u a n d o v o la b o , le g e s 29.

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O rig in es d e s em b lèm es 107

Certains vers de Cricius concernent à n ’en pas douter les figures de l’oeuvre populaire de Pétrarque Trionfi30. C ’est surtout le cas de l’épigramm e In triumphum Famae:

S p ecta te h u n e p o tiu s q u em d u cit fam a triu m p h u m , Q u o fas est m o rtis n o n m etu isse rotas.

N a m m oritu r n u llu s, d ea q u em c o m p le c titu r ista; T erra ca p it terram , fam a p eren n is e r it 31.

Je pense q u ’à la figure des Triomphes de Pétrarque se rattache aussi l’épigramme de Cricius In triumphum M o rtis:

M o rta les m iseri, sa ev u m sp ec ta te triu m p h u m , Q u em m o rs in m u n d o d u cit e t a b sq u e tub a. N e m o est tam sa p ien s, fo rtis, fo r m o su s, a b u n d a n s,

Q u in ca d a t; ut v iv a s p o ste a v ive b e n e 32.

Peut-être peut-on apercevoir certains liens avec la figure pétrar-quienne du Tiomphe du Temps dans les deux vers cités sur l’image du Temps.

Parm i les poèmes de Andrzej Krzycki, les vers in imaginem appartiennent aux constructions très souvent employées par le poète. O utre ceux qui ont déjà été présentés, citons In imaginem M ortis et Infantis (deux), In imaginem Senis ac Pueri M orte his astante, In imaginem Vitae aulicae33. Un groupe distinct est constitué par les vers rattaché comme sous-titres aux tableaux, images, objets de culte: Sub imagine Deiparae Virginis Christum puerum tenentis, Sub imagine Virginis M atris Mariae, In imaginem passi Redemptoris nostri, In Virginem M atrem sub cruce, Sub imagine Christi crucifixi in templo S. Catherinae Cracoviae (trois vers), Sub imagine Deiparae Virginis, In lapidem habentem vestigia sanguinis et cerebri S. Stanislai in martyrio eius effusi, in ecclesia S. Michaelis in rupella Cracoviae H

30 D e s é d itio n s illu strées d es T riom ph es de P étrarqu e o n t paru en tre au tres en 1521 à V en ise , en 1526 à S év ille. Il y en a v a it b e a u c o u p p lu s, su rto u t d es italien n es, q u ’a v a it p u c o n n a îtr e C riciu s. S o n o n c le et p rotecteu r, P io tr T o m ic k i, co n n a issa it les o e u v r e s, su rto u t ita lien n es, de P étrarqu e, les p o ssé d a it et les p risait h a u tem en t — cf. L. H a j d u k i e w i c z , K s ię g o zb ió r i za in te re so w a n ia b ib lio filsk ie P io tr a T o m ic k ie g o na tle

je g o d zia ła ln o ś c i k u ltu ra ln ej (L a B ib lio th èq u e e t les p ré o c c u p a tio n s b ib lio p h iles d e P io tr T o m ic k i dan s le c o n te x te d e son a c tiv ité cu ltu relle), W ro cła w 1961, p. 90.

31 C r ic ii C arm in a, p. 244. 32 Ibidem , p. 243.

33 Ibidem , p. 2 43, 2 4 9 - 2 5 0 .

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Par leur construction, ces vers s’apparentent très certainem ent aux oeuvres emblématiques postérieures. Il est im portant de le souligner, car dans les poèmes de Cricius se sont aussi trouvés des vers apparte­ nant au genre icônes, imagines. Il y avait d ’ailleurs parmi eux des portaits positifs — In imaginem Lucretiaei5, comme des négatifs, satiriques — In imaginem Lutheri36. Cricius écrivait aussi des stemmata ou vers sur les blasons. L ’aisance avec laquelle le poète m aniait cette composition est illustrée par le fait q u ’à côté de stemmata ordinaires, p.ex. In stemma Joannis Tarnovii, ou des vers apparentés qui tiennent davantage des emblèmes, comme Insignia „Odrowąż" Christophori de Szydłowiec, castellani et capitanei Crac., R.P. can- celarii37, il en a écrit aussi des satiriques sur le Serpent se trouvant dans les armoiries de la reine Bona — In serpentem Bonae, reginae Poloniae :

Si sub rupe draco c o n c lu su s h ia n te cavern a U rb is C racce tuae m agn a v o r a g o fuit,

Q u id m irum , q u o d in a rce se d e n s reru m q u e p o titu s S o lu s in e x p le to viscere c o n c ta voret?

et un autre:

Q u a n d o sub arce fu it, C r a co v ia so la peribat. C u m sit in arce d ra co , patria to ta p é r it 38.

Dans une épigramme spéciale sur les arm oiries royales, gravée sur le m ur de la chapelle Sigismond sur le Wawel et comm ençant par les mots: „Ne mirere hospes decus hoc sublime sacelii”, il chantait la gloire du roi et la louange des magnifiques oeuvres de l’art nouveau, dues à son m écénat39.

35 C ric ii C arm in a, p. 197, cf. au ssi les au tres ép ig ra m m es, en partie d ifféren tes, sur L u crèce, p. 198 — 201.

36 Ibidem , p. 9 9 — 100.

n Ibidem , p. 116, 1 5 1 - 1 5 2 .

38 Ibidem , p. 87.

39 Cf. A n to lo g ia p o e z ji p o lsk o -ła c iń sk ie j {A n th o lo g ie de la p o é s ie p o lo n o -la tin e ), p. 167 et fig. 6; J. P e l c , R enesan s w lite ra tu r ze p o ls k ie j. P o c z ą tk i i r o z w ó j {L a R en a is­

san ce dan s la litté ra tu r e p o lo n a ise. L e s d é b u ts e t le d évelo p p em en t), [dans:] P ro b le m y lite ra tu ry sta r o p o lsk ie j {P ro b lè m e s d e la litté ra tu re d ’ancienne P o lo g n e), Prem ière

série, W rocław 1972, p. 60 — 6 1; J. P e l c , W . T o m k i e w i c z , R o la m ecen a tu w rozw oju

k u ltu ry i lite ra tu ry p o ls k ie j w cza sa ch renesansu o ra z b a ro k u {L a R ô le du m écén a t dans le d é velo p p em en t d e la cu ltu re e t d e la litté ra tu re p o lo n a ise s à l ’ép o q u e d e la R enaissan ce e t du B aroqu e), [dans:] P r o b le m y lite ra tu ry s ta r o p o lsk ie j {P ro b lè m e s de la litté ra tu re d ’ancienne P ologn e), D e u x iè m e série, W rocław 1973, p. 1 7 2 — 173.

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O rig in es d es em b lèm es 109

Clemens Janicius (Janicki), un poète polono-latin plus jeune que Krzycki, m ort vers ou en 1543, a laissé un assez grand nom bre de stemmata, dont In stemma Ravitarum, In insigne Rolitarum, In arma Andreae Cricii, archiepiscopi Gnesnensis, ainsi q u ’une oeuvre intéressan­

te, par sa genèse apparentée au stemmata, composée sous forme de dialogue entre un Etranger et un Polonais sur le blason des Tarnowski «Leliwa» — De insigni Tarnoviorum colloqium Advenae et Poloni. A uteur de deux séries versifiées d ’icônes: Vitae Regum Polonorum et Vitae archiepiscoporum Gnesnensium, Janicki a en outre composé des oeuvres plus proches de la com position emblématique, p.ex. In imaginem Mariae Magdalenae:

F la g itiis iacu i m u lto s im m ersa per a n n o s; A b stu lit ilia d o lo r , fletus a m o rq u e m ihi.

et In im agfinem ] Longini Militis:

T ransfixi D o m in u m , v isu m q u e fid em q u e recepi; C ru d elem (o b o n ita s) p ro fu it esse m ih i40.

Des stemmata, et parmi eux le vers In Sigismundi aquilam, pour son propre blason De insigni suo, se retrouvent aussi dans l’oeuvre du poète, courtisan et diplom ate Joannes Dantiscus (D antyszek)41. Plus intéressants pour nous sont ses poèmes m éditatifs et autobio­ graphiques In effigiem suam (deux), et cela du fait des connexions q u ’ils ont avec les emblèmes. De la plume de Dantyszek aussi est sorti, semble-t-il, le premier vers polono-latin portant dans le titre le m ot emblema. C ’était le distique In emblema Gattinarae:

S o la fides terris P h o e n ice m su stu lit u n a m , S u stu lit ad su p ero s h an c q u o q u e so la f id e s 42.

C ’était très probablem ent un des vers tardifs du poète. Il l’écrivait sans doute au m om ent où il connaissait le recueil d

’Alcia-40 K . J a n i c k i , C arm in a — D z ie ła w s z y s tk ie ( C arm in a — O eu vres co m p letes), éd. J. K r o k o w sk i, trad, par E . Jęd rk iew icz, W ro cla w 1966, p. 1 4 2 — 143, 1 7 2 — 173, 2 8 4 - 2 8 7 , 1 4 6 - 1 4 7 .

41 Joan n is D a n tisci, P o e ta e L a u re a d , C arm in a, éd. S. S k im in a, K ra k ó w 1950, p. 4 1 , 8 7 ; v. au ssi p. 20 9 et autres.

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tus, et peut-être encore d ’autres emblèmes à partir des livres qu ’il avait pu voir ou lire à l’étranger ou en Pologne*.

Trad. par Lucjan Grobelak

* N o te d ’éd iteu r. L a su ite de ce ch a p itr e traite d e: 1) les em b lè m e s et les c o n ­ stru ctio n s leur p ro ch es d a n s l’o eu v re d e M ik o la j R ej, 2) gen res r a p p ro ch és aux em b lèm es, 3) ex p a n sio n d es o u v ra g es em b lé m a tiq u e s à la ch arn ière de la R en a issa n ce et le d éb u t du B a r o q u e, 4) « n a issa n ce» d e F ic o n o lo g ie .

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