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Allocution d'ouverture

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Academic year: 2021

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A C T A U N I V E R S I T A T I S L O D Z I E N S I S

FOLIA LITTERARIA 33, 1992

ALLOCUTION D ’OUVERTURE

M agnificence M onsieur le R ecteur, M adam e le Doyen, Chers Collègues, M esdames, M esdemoiselles, M essieurs!

P o ur ch an te r Ulysse qui, a près la ,prise de Troie, e rr a longtem ps su r des m ers et des continents, Hom ère a com m odém ent recours à la Muse;

celui, à qui rev ien t encore une fois le fla tteu r et périlleux devoir de vous saluer ici, n ’a pas, hélas, cet avantage commode dont H om ère et m aints poètes après lui on t su tirer le plus large profit. Aucune m use ne v iend ra à mon secours, aucune ne me rem placera. T out au plus tro u v erai-je appui dans le sourire de mes étud ian tes, heureuses d ’avoir o b ten u un e dispense générale de leurs cours (horm is certaines m atières particu lièrem en t privilégiées, p ar exem ple, les exercices de gym :;asti-que) et enchantées de se tro uv er en présence des rep résen tan ts les plus ém inents des sociétés académ iques étran gères et de celles de no tre pays.

Si c’est dans leur joie et dans leu r ém otion que je puise ma confian-ce, c’est que leu r sourire est celui de l ’avenir et que l’on voudrait bien que notre avenir soit dans leu r sourire m êm e si les pertes douloureuses que notre université et les disciplines rom anes ont récem m ent subies ju stifien t cette réflexion au fond un peu m élancolique.

C hers Amis, Vous avez donc accompli de beaux voyages:

[...] C oslum , non anim am m utant qui trans m are currunt (H orace) —

je connais trop bien votre am itié, je sais que les espaces parcoui’us et les privations quelquefois supportées n ’a uron t jam ais la force de la ch an-ger. „Le voyageur est encore ce qui im porte le plus dans le voyage”, a-t-o n é crit (André Suarès), et cette observation pleine de sagesse doit vous incliner à ne pas m ettre l’accent sur les p a rticu larités parfois d é-courageantes de n otre contrée; toutes décevantes q u ’elles soient, elles

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n e sont pas de n a tu r e à obscu rcir vos ha utes qu alité s des v oya ge urscon -gressistes, v o tre reno m m ée et v o tre éru dition, et cela à re n c o n tre m êm e du s u je t de n o tre colloque que des esprits m al inten tion n és tro u v e ra ie n t p e u t-ê tre de peu d ’im portance.

Mais est-ce v raim en t le cas?

Je n ’oserais jam ais h asa rd er un voyage à tra v e rs le la b y rin th e des n uan ces m u ltiples que cette notion o ffre au géographe, historien , socio-logue, psychosocio-logue, m o raliste e t tu tti qu anti. P u isqu e n o tre colloque ne se propose, ce q ui est in fin im en t reg re tta b le , aucu ne ap proche lin g u istiq u e p lu s am ple, et que les su je ts co n cern ant la R enaissance se ré v è -lent, ce q ui est p lu s re g re tta b le encore, m oins n om b re u x q u ’on ne le vo u d rait, que l’a u te u r des Essais (c’est son a n nive rsaire, cette année) nous accom pagne au m om ent d ’e n tre r en lice:

Le v o y a g e r m e se m b le un e x e r c ic e profitable. L'ame y a un e c o n tin u e lle e xe rc i- ta tio n à rem arquer le s c h o s e s in c o n g n e u ës et n o u v e lle s ; et je ne sç a c h e point m e il-leu re e s c o le [...] à form er la v ie q u e de lu y pr op oser in ce ssam m en t la d iv e r sité de tant d'autre s v ie s , [c] fa n ta s ie s e t u s a n c e s , [b] et lu y faire go u s te r u n e si per- p e tu e lle v a r ié té de for m e s de n ostr e natu re (III. IX, 973— 974).

On p eu t rec u e illir une q u a n tité infinie de sentences ou p ratiq u e r des ouvrages d ’ensem ble, je me d em ande p o u rta n t s ’il y a beaucoup d ’e x tra its qui co n tie n d raien t en raccourci une p are ille syn th èse des ob -serv ation s sur le voyage.

R etenons en encore un a u tre, su r la psychologie des voyageurs, vo ya-geu rs de race, é tern els voyaya-geurs, ceux dont

hum eur av'ide d es c h os e s n o u v e lle s et inc on n u e s a yd e b ie n à nourrir en [eux] le dé sir de v o y a g e r ,

car

p arm y le s c on d ition s hu m a in es, c e tte -c y e st a sse z com m une: de n ou s plaire plu s des c h o s e s estra n ge r e s qu e de n os tr e s et d'aym er le rem uem ent et le c h an gem en t (III, IX, 948).

C onscient que „les voyages ne [le] blessent que p ar la despence, qui est g rand e et o u tre [ses] forces; a y a n t accoustum é d ’y estre avec equip- page non nécessaire seulem en t, m ais encores ho nn este ” , M ontaigne p ro -pose en m êm e tem ps un a r t a u th e n tiq u e de bien voyager pour qu e le désir de voir des choses n ouvelles soit conform e a u x forces p hysiques et à la perception du v oyageur:

Je n e v e u x p as q u e le plaisir de prom ener corr om p e le p laisir du rep os; au r ebours, j'en te n s qu'ils se nou rr issen t et favo risen t l'un l'au tre (III, IX, 949).

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Si de n o m b reu x passages des Essais e xposent la théorie de son a rt de voyager, son Jo urnal de voyage en Italie fait voir son application p ratiq u e. „II y satisfait, a-t-o n écrit, ou y rav iv e sa n a tu r e lle curiosité des gens et des m oeurs, des pays et des choses, to u jo u rs am usé et to u -jo u rs alerte, re g a r d a n t to u t et re te n a n t tout, depuis les beaux e t ria n ts asp ec ts et les jolis fonds de paysages ju s q u ’à la m a n iè re de to u rn e r une broche, se crè te m en t h e u re u x dans son for qu e le philosophe en lui tro u -ve son com pte p resq ue a u ta n t qu e le c u rie u x ” . (M. R at-M ontaigne,

Journal de voyage en Italie [...] Paris, G arnier, 1955, p. X II).

Cet hom m e si a m o ureu x, sem ble-t-il, de la douce qu iétu d e se révèle é to n n am m e n t avide des choses inconnues:

J e r esp on s ordinairem en t à c e u x qui m e de m and en t raison d e m es v o y a g e s : qu e je sç a y bie n ce qu e je fuis, m ais n o n p as ce q u e je c er ch e . Si on m e diet qu e parm y le s e str a n g e r s il y p eut avoir a u ssi peu de san té , et qu e le u rs m eurs ne v a -len t p as m ie u x qu e le s n o str e s, je r esp on s (...) qu e c'e st tou jou rs ga in de ch a n ge r un m au vais e stât à un e stâ t in c er tain (III, IX, 972).

Je ne sais pas ce que je cherche..., je donne donc une lib re c arrière à l ’inconnu, à to u t ce q ui p eu t aiguillon ner m a curiosité et mon im agin atioagin — com m e aginous aginous éloigaginoagins des é lém eagin ts plus réels du v o y -age, lo rsq u ’on „se ten a it à cheval sans d em o n te r” ou lorsqu 'on m etta it en doute l’u tilité des om brelles (cfr. III, IX, 974).

J e m ’a rr ê te p o u rta n t ici: il n ’y a pas lieu, pour le m om ent, d ’e n tre r dans les d étails des idées de M ontaigne su r le voyage; il y sera reven u. Mais si, p ar hasard , qu elques v ingtiém istes convaincus d ’avoir décou-v e rt l ’A m ériqu e ju g e n t à propos de faire re m a rq u er adécou-vec Céline que „v o y a g er c’est utile, ça fait tra v a ille r l’im a gina tio n” , o n a to u t d ro it

d ’observer que M ontaigne l’a v a it dit un peu plus tôt.

V aton, dans les com m unications sa van tes q u e l ’on se propose, r e -n o u e r avec sa pe-n sée ou com pléte r so-n „ esth étiq u e du v oy age”, d o-nt o n lui a ttrib u e la fo n d atio n ? (G. Boccazzi, La curiosité du v o ya geu r au

X V I e siècle in La curiosité à la Renaissance, SEDES, 1986) C ertes, non

seu lem en t J éru sa le m et la T erre S ain te (pour des raisons religieuses) et l ’Italie (pour les h um an istes qu i „ n ’on t pas eu la chance de n a ître i ta -lien s”) sont devenues l’o b je t de la curiosité des v oy ageurs — e t les con-sid ératio n s su r le voyage dans les époques p o sté rieu re s nous sero n t g én éreu sem en t offertes — m ais ce n ’est pas la m orphologie du voyage, à en ju g er d ’après les su je ts des conférences, qui va n ous préoccuper, m ais p lu tô t, et p e u t-ê tre su rto u t, sa présence dans la litté ra tu re . Est-il possible, si l ’on av a it m êm e eu cette idée h ardie, d ’é n u m é re r tous les „voyages” qui existent, dans les belles lettre s, depuis l’a n tiq u ité ju s q u ’à nos jours? tous ces „voyages en Ita lie ”, „en O rien t ’, „en A m ériq u e ” ?

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tous ces „voyages” „autou r du m onde”, „au centre de la te rre ”, môme „autour de ma cham bre”, les „voyages” des personnages réels, souvent historiques, et les voyages imaginés? les „voyages” en rim es et en prose, dans des langages les plus divers et soumis aux fonctions les plus di- verses?

Evidem m ent, no tre colloque ne p ou rra em brasser l’ensem ble de leur richesse infinie, mais, en revanche, que de sujets plus détaillés se déga-geront de cette gerbe touffue de no tre problém atique: le mot „voyage” et ses connotations, le thèm e du voyage a u to u r duquel s’organise l’action du rom an, le voyage qui trad u it la situation existentielle des personn a-ges, les voyages réels et im aginaires, les voyages-symboles, les person-nages des grands voyageurs, les étud es com parées concernant le même voyage et les m êm es auteurs, les réflexions sur le genre et sur son évo -lution — que de voyages divers et que de sensibilités diverses, mais toujours reco uv ran t la m êm e expérience hum aine qui nous enrichit et qui confirm e n o tre unité culturelle.

Et puisque nous n ’ignorons pas, vieux sceptiques que nous sommes, que „le secret pour voyager d ’une façon agréable consiste à savoir poli-m ent écouter les poli-mensonges des a u tres et à les croire le plus possibles, on vous laissera, à cette condition, produ ire à votre tour vo tre petit effet, et ainsi le p ro fit sera récip ro qu e” (F. Dostoiewski).

Et puisque d ’au tre p a rt nous n ’ignorons pas non plus que „les plus grandes séductions p e u t-ê tre que l’h istoire des passions p o urrait racon-ter o nt été accom plies par des voyageurs qui n ’o nt fait que passer et dont cela fu t la seule puissance” (J. B arbey D ’A urevilly), votre passage ici, Chers voyageurs, nous sera séduction irrésistible et inoubliable.

J ’en suis d ’a u ta n t plus convaincu que je m ’adresse m aintenan t à M. R obert A ulotte, viator celeberrim us et honoris causa n ostrae Uni- versitatis doctor pour le prier d ’accepter la présidence d ’h onneur de no tre Colloque et de l ’assum er avec la ferm e et souriante au torité qui lui est p arto u t reconnue.

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