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Widok Décoder à travers les âges: traduction polonaise des textes d’ancien français

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TERESA GIERMAK-ZIELIŃSKA Università de Varsovie

DECODER À TRAVERS LES ÁGES: TRADUCTION POLONAISE

DES TEXTES D ’ANCIEN FRANęAIS

A b s tr a c t. Giermak-Zielińska Teresa, Decoder à t ravers les àges: traduction polonaise des textes d ’an­ den franęais [Decoding through the ages. Polish translations o f Old French texts]. Studia Romanica Posnaniensia, Adam Mickiewicz University Press, Poznan, vol. XXV/XXVI: 2000, pp. 125-133. ISBN 83-232-0965-0, ISSN 0137-2475.

The main problem discussed is how a contemporary Polish reader is supposed to receive a translation of a medieval text. The traditional choice between a philological translation and a stylistically enhanced text is not relevant according to the E. Nida’s theory o f the dynamic equivalence. In his translation theory, special emphasis is given to the achievement o f good readability. Some solutions resulting from author s practical experiences are proposed.

D ans cette presentation sont exp o ses quelques problèm es relatifs à la traduction d ’ un texte m ed ieval et sa reception par les lecteurs contem porains. B o n nom bre de reflexio n s que je form ule sont le résultat d ’ une exp erien ce personnelle; j ’ ai traduit, en étroite collab oration avec une sp écialiste de la ph ilosophie m ed ievale , d eu x im - portants textes franęais datant du X IIF siècle: L i livres dou tresor de B runetto Latini et Le Roman de la R ose de G u illau m e de Lorris et Jean de M e u n 1. C e travail nous a o b ligees à affronter des d ifficu lté s d ’ ordre très divers, aliant de la pure com prehension du texte ju s q u ‘ à la reception présum ée, ch e z les lecteurs polonais, du sens et des connotations vé h icu lé es par l ’ original. Pour les deux o u vrages nous nous som m es basées sur les textes origin au x. L e s versions franęaises m odernes (elles existent pour tous les deux textes), avaient été consultées d ’ un o eil critique. II faut cependant avouer que, dans quelques cas précis, elles ont été notre d em ier recours, à savo ir là où le passage traduit s ’ avérait particulièrem ent obscur et m èm e le com m entaire fourni par l ’ édition critique n ’ apportait pas tout l ’ éclaircissem en t souhaité.

C e qui m ’ interesse en particulier, c e sont les conditions de reception d ’ un texte m edieval franęais ou, plus généralem ent parlant, d ’ un texte ancien provenant d ’ une langue étrangère dans notre culture et notre expression linguistique. U n texte m ed ie­ val était conęu et s ’ adressait d ’ abord à un p u blic connu de l ’ auteur, c ’ était done un

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m essage produisant son e ffe t direct sur le destinataire. C e dernier, contem porain de l ’ auteur, partageait avec celu i-ci le cod e linguistique ainsi q u ’ un vaste dom aine de conn aissan ces et de cro yan ces grace au xqu elles étaient assurées la com prehension au niveau référentiel ainsi que la transm ission des connotations. L e m essage que 1’ auteur adressait à ses contem porains po u vait enfin déclen ch er des em otions, susciter des passions, souh aitées ou inattendues, m ais dans une certaine m esure au m oins p revi­ sibles. C e t éch an ge auquel participaient l ’ auteur et le destinataire unis par la situation de com m u nication ainsi que par les connaissances et croyan ces partagées représente une situation d ’ énonciation directe; la relation auteur - m essage - destinataire est com parable à ce lle d ’ un auteur d ’ articles d ’ actualité vis-à -vis ses lecteurs. Cependant, une oeu vre littéraire est d ’ habitude en visagé e, conform ém ent à la tradition et pro- bablem en t au désir de tout auteur, sous l ’ angle de la pérennité. C e la im plique pour le m oins le fait que l ’ univers c o g n itif du destinataire par rapport à celui de l ’ auteur ne représente q u ’ une intersection en m atière de code, des connaissances et croyances, en fin de sen sib ilité esthétique. Il va sans dire que tout cela est fonction de la d ifference m ajeure, c e lle de la distance tem porelle séparant la prem ière apparition de l ’ oeuvre de sa reception tardive.

C e s rem arques assez banales ont pour but de m ieu x cerner les conditions dans le sq u e lle s s ’ op ère la reception d ’ une oeu vre littéraire non seulem ent à travers le tem ps, m ais aussi à travers le d éca la ge linguistique et culturel.

L e m o d éle auquel se réfèrent les travaux m odernes sur la traduction est celu i de E u gen e N id a 2; lui-m èm e traducteur de la B ib ie, N ida m et l ’ accen t sur la nécessité d ’ une « eq u ivalen ce dynam ique» entre deux textes, en la mettant bien au-dessus d ’ une sim ple e q u iva len ce fo rm elle. L e texte en lan gu e-cib le (L C ) doit produire le m ém e effe t sur le destinataire R2 q u ’ aurait fait le texte originai sur R i. C e c i n ’ est possible que lorsqu e le traducteur tient com pte aussi bien de la structure du texte que des relations entre les d eu x cultures. L ’ aspect fonctionnel, dynam ique de la traduction est lié au role cru cial du recepteur qui est cen sé accu eillir le texte en L C de m aniere critique et porter un ju ge m en t sur sa valeur.

S u ivan t le m od éle de E. N ida, le transfert interlinguistique et interculturel du m es­ sage se fait en trois étapes; dans un prem ier tem ps il y a transfert du m essage M i entre l ’ auteur S i (Source) et R i (R écepteur du texte originai)

|Si|--- |Mi|--- * |Ri|

D ans un d eu xièm e tem ps, le traducteur qui est l ’ interm édiaire bilin gue, à la fois récepteur (R2 ) de M i et source (S2) de la traduction M2 adresse son m essage au recepteur R2:

IR2-S2I--- IM2I--- ► IR2I

L e s con textes lingu istiqu es et culturéis de deux m essages sont, bien sur, différents. 2 E. N id a (1969). Je cite ce texte d’après le recueil Readings in Translation Theory, ed. by Andrew Chesterman, Oy Finn Lectura Ab, 1989. Dans les renvois, les números de pages sont ceux de Chesterman 1989.

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Enfin N ida postule une troisièm e instance R3-S3 qui représente le critique cen sé faire la com paraison de M i à M2, ainsi que ju g e r de l ’ e ffe t produit sur R2 par le texte traduit3. U n e telle instance se place tout naturellem ent en dehors du cadre S o u rce - M essage - R ecepteu r qui nous interesse ici.

R am ené à la situation de traduction d ’ un texte m éd iéval franęais en polonais m o ­ derne, ce schèm a perm et de cerner les en jeux d ’ une traduction à travers les ages. C ’ est la situation de R2, récepteur du m essage en lan gu e-cib le, qui est de m on point de vue particulièrem ent interessante.

L a traduction d ’ un texte m éd iéval franęais s ’ adresse à un p u blic cu ltivé, aux am a­ teurs de lettres m unis d ’ une exp erience et de connaissances qui perm ettent non seu- lem ent de com prendre m ais aussi d ’ évalu er la qualité de l ’ oeu vre et m ém e de se laisser entrainer par des em otions déclen ch ées par la lecture. U n e reception rich e et com plète est rendue p o ssible grace à l ’ existen ce d ’ un dom aine cognitif/culturel, pa- trim oine com m un des lecteurs cu ltives. D ans ce patrim oine deux com posantes doi- vent ètre signalées:

- des repères pour une evaluation esthétique du texte traduit en polonais (ces repères sont constitués par la culture livresq u e partagée avec d ’ autres locuteurs natifs);

- la culture generale, soit la tradition antique et m ed ievale européenne.

On devrait s ’ attendre à ce que la reception (et re v a lu a tio n ) des qualités esthéti- ques ait pour repère une assez large connaissance, ch ez les lecteurs po lo nais, de textes m édiévaux, aussi bien ceu x traduits du franęais que des autres langues européennes. Or, les traductions polonaises du franęais m éd iéval représentent un ch o ix décidém ent pauvre. U n lecteur polonais m oyen n ’ avait pratiquem ent, ju s q u ’ à la fin des années ‘ 8 0 , eu à sa disposition que le recueil A rcydzieła fra n cu skiego Średniow iecza4 conte - nant les traductions des L ais de M arie de France, de P ercev a l ou le conte du G raal de C hrétien de T ro y e s5, de la Chanson de Roland, de Rom an de Tristan et Iseut, enfin du Testament de Franęois V illo n 6. Il existe aussi un recueil de la po esie franęaise en deux vo lu m es dont le prem ier renferm e un assez grand nom bre de textes d ’ ancien franęais7.

3 Cependant, un critique connait l’original, ce qui n’est pas le cas d’un recepteur ordinaire. Aujour- d’hui, la qualité de la traduction est jugée d’après l’effet de comprehension chez un lecteur moyen: «Ra­ ther, one must determine the extent to which the typical receptors o f M2 really understand the message in a manner substantially equivalent, though never identical, with the manner in which the original re­ ceptors comprehended the first message» (E. Nida, p. 95). Il va sans dire que ce postulat est irréalisable dans le cas des traductions «à travers les àges».

4 Arcydzieła francuskiego Średniowiecza (1968). 5 Les deux textes ont été traduits par Anna Tatarkiewicz.

6 Ces trois traductions sont de T. Boy Żeleński. Seul le Testament a pour source le texte du X V e s., les deux autres sont basées sur les traductions en franęais moderne.

7 J. L is o w s k i (1966), Dans le tome 1 on trouve entre autres la poesie des troubadours, les poèmes choisis de Thibaut de Champagne, Colin Muset, Rutebeuf, Adam de la Halle, Guillaume de Machaut, Eustachę Deschamps, Christine de Pisan, Alain Chartier, Charles d’Orléans, Franęois Villon. Les traduc­ tions ont été faites par de très bons traducteurs parmi lesquels on il y a aussi bien des philologues que des poètes: Leopold Staff, Artur Międzyrzecki, Jarosław Iwaszkiewicz (Chanson de Roland, traduite au- paravant par Boy).

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C ependant, les traductions connues le m ieu x restent celles de T. B o y-Ż eleń sk i. E n m èm e tem ps, e lle s sont les plus m arquees stylistiquem ent. Etant d ’ une excellen te qualità stylistiq u e et littéraire, les traductions de B o y se laissent lire com m e de très bons textes o rigin au x m ais, en m èm e tem ps, elles tém oignent parfois d ’ une infidélité flagrante par rapport à l ’ original. O n peut done supposer que le lecteur-récepteur, s ’ il conn ait les traductions de B o y -Ż e le ń sk i, se fait une idée très sp eciale d ’ un texte m e­ d ieval franęais, p u isq u ’ il le v o it à travers l ’ im agerie pittoresque, vivan te et fantaisiste du poète-traducteur.

U n traducteur qui aurait l ’ am bition non pas d ’ im iter B o y -Ż e le ń sk i, m ais plutót de lui op poser un autre style de traduction, se trouve done bien em barassé. L a tra­ d uction doit trouver son public: com m en t con vain cre un lecteur potentiel d ’ accepter une op tiqu e differen te?

U n e m esure prop osée par N ida à propos des situations de d écalage culturel entre la source et la c ib le c ’ est instaurer un rapport dynam ique entre les deux langues et les d eu x cultures. E ssayo n s de vo ir c e que l ’ on peut tirer de ce postulat théorique.

L e traducteur, sup pose parfaitem ent b ilin gu e selon N ida, se trouve au croisem ent des d eu x langues et des deux cultures. D ans ce cas précis cependant la connaissance de la L S , en 1’ occu rren ce de l ’ ancien franęais, ch ez le traducteur ne peut étre q u ’ in­ directe et p assive, du fait de la grande distance historique. L e traducteur devra utiliser en prem ier lieu ses cap acites sp écu latives et d éductives, basées sur un savoir philo- lo g iq u e, plutòt que de m ettre à profit sa com p eten ce de locuteur b ilin gu e puisque, en fait, il n ’ en est pas un. O utre les problèm es purem ent linguistiques, il aura à analyser et decod er tout l ’ environnem ent culturel du m essage c e qui n’ est p o ssible q u ’ à con d i­ tion de m ettre en o eu vre une solid e erudition concernant divers aspects de la vie et de la pensée m e d ie v a le s8.

C o m m e on a déjà m entionné, E. N ida m et l ’ accen t sur la nécessité d ’ une eq u iva­ len ce d ynam iqu e entre le texte M i en L S et sa traduction M2, par quoi il entend une sim ilitude de l ’ e ffe t produit par M 2 sur le recepteur R2 à celu i produit par M i sur R i.

C o m m e l ’ éq u iva len ce de l ’ e ffe t produit est une notion se prètant m al à l ’ objecti- visation , il serait plus prudent, m e sem ble-t-il, de m ettre l ’ accen t sur c e que N ida consid ere co m m e F u n e des consequ ences de la traduction dynam ique, à savoir la recevab ilité . C e la veu t dire que la tàche du traducteur consiste à rendre M2 accessib le au lecteu r en L C dans le respect de la culture «d’ accueil». J’ ajouterai à cela que, outre les égards à la culture de L C , le transfert d ’ un texte d ’ ancien franęais dans un autre m ilieu culturel doit tout aussi bien respecter l ’ originalité du style de M i en langue source et son caractère autonom e par rapport à la langue cib le. P récisons tout de suite que, par respect vis-à -v is de l ’ origin alité du style du M i, j ’ entends en prem ier lieu 1’ abandon des techn iques «polonisantes» (dont il sera en core question) dans le style adopté, ainsi que le resp ect de l ’ environnem ent culturel du M i.

8 C’est pour cette raison que les traductions de Brunetto Latini et du Roman de la Rose ont pour auteurs une spécialiste en philologie et une spécialiste en philosophie medievale.

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V o y o n s aussi la description des étapes de la traduction, toujours suivant le m odéle propose par E. N id a 9. C e s étapes ou procedures se présentent, dans l ’ ordre chrono- logiq u e, com m e suit:

L an gu e S ou rce T E X T E A N A L Y S E L an gu e C ib le T R A D U C T I O N R E S T R U C T U R A T I O N T R A N S F E R T

L a procedure d ’ an alyse co m m en ce au n iveau gram m atical du texte. D ’ après N ida, elle consiste à transform er les segm ents du texte en ph rases-n oyau x qui seraient, selon lui, le m ieu x appropriées aux dem arches ultérieures de la traduction. D iso n s tout de suite que, confron té à la syn taxe de l ’ ancien franęais dont on conn aít la sp écificité par rapport à c e lle de la lan gu e m oderne, le traducteur ressent plutót la n écessité de rem ettre les segm ents en ordre fix e (sujet-verbe-com p lém ent); une fo is l ’ ordre «lo- gique» rétabli, la restitution des structures de base (phrases n o yau x) n ’ est pas im p é­ rative.

U n e an alyse des con n exion s interphrastiques est non m oins im portante pour saisir de m anière g lo b a le le texte traduit. A titre d ’ exp erience, j ’ ai an alyse quelques conn ec- teurs exprim ant F ex p licatio n , la ju stificatio n , etc., dans Li livres dou tresor de B ru ­ netto L a tin i10. L ’ an alyse a con firm é une grande diversité de la portée des con n ec- teurs11 ainsi que la com p lexité des inferences qui relient non seulem ent des segm ents du texte entre eu x, m ais aussi un segm ent à une presupposition faisant appel à un patrim oine de conn aissan ces partagées. En v o ici un exem p le: A ce com m en ce mon

conte, ca r aprés bon com m encem ent ensiut bonne f i n 11. L ’ anaphorique à ce sem ble

ren vo yer à un segm ent qui précède, m ais en fait il n ’ en est rien. D e plus, le segm ent introduit par c a r , au lieu d ’ e x p liciter c e renvoi, evo q u e une esp èce de lieu com m un dans le genre de tout est bien qui fin it bien, introuvable dans le texte. L e ren vo i ana- phorique a done pour c ib le ce lieu com m un sous-entendu et non pas un segm ent ex p licite dans la partie précédente. C e n ’ est q u ’ un exem p le parm i d ’ autres montrant le genre de d ifficu lté s au n iveau de la structure du texte au xq u elles le traducteur doit faire face.

9 E. N id a , p. 82.

10 T. G ie r m a k - Z ie liń s k a , (1992).

11 Par la portée on entend les limites des segments relies par le connecteur en question.

12 Traduction littérale: «A ceci commence mon récit, car après un bon commencement vient une bonne fin»).

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L a d eu x ièm e dém arche d ’ an alyse dans le schèm a de N ida concern e le niveau sé- m antique. N id a m et en garde contrę les d ifficu lté s pouvant surgir de la sp écificité cu ltu re lle13. U n autre aspect im portant c ’ est l ’ an alyse du sens co n n o tatif (connotative

m eaning) des structures syntaxiqu es et sém otactiques. Il s ’ agit là d ’ une analyse sty-

listiqu e au point de vu e de la coh esio n et des valeurs com m u nicatives (en particulier, la faęon dont les sequen ces sont com bin ées afin d ’ é v eiller et de soutenir l ’ intérét du lecteur). N o u s verrons l ’ im portance de ces données analytiques dans la partie consa- crée à la restructuration.

A p rè s l ’ a n a lyse vien t le transfert auquel N id a attache une grande im portance: il com pare cette dém arche à la recherche d ’ un g u é qui perm et de traverser a vec le m oins de d ifficu lté un cours d ’ eau im pétueux. Il accen tue la nécessité d ’ un transfert des com po san ts sém antiques et non des m o ts14. D ans le transfert du contenu référentiel du m essag e trois types de redistribution peuvent ètre appliqués:

1) redistribution com p lète; dans le cas des structures idiom atiques il s ’ agit de trou- ve r une m ise en form e appropriée à la lan gu e-cib le, de preference une structure idio- m atique propre à L C ;

2 ) redistribution an alytiq u e d ’ une seu le unite de la L S . E lle intervien i là où une notion, peu fam ilière ou inconnue à la com m unauté linguistique de L C , doit étre in­ tro d u ce par une paraphrase e x p licative.

3 ) syn th èse des com posan ts de la L S .

L e transfert peut étre com pare à un projet de texte en L C , projet qui n ’ est évi- dem m ent pas une traduction littérale (celle-ci pourrait s ’ élo ig n e r de l ’ e ffe t souhaité, contrairem ent à l ’ o b je c tif principal du transfert!), m ais qui contient les principales instructions n écessaires pour une m ise en form e du texte en L C .

L a dernière procedure - la restructuration - doit étre e n visa gé e sous deux aspects: form el et fon ctionn el. L a restructuration fo rm elle consiste à determ iner de faęon ade­ quate pour L C le style de M2, confo rm ém ent au genre littéraire q u ’ il représente. En ce qui co n cern e les genres littéraires, la tàche est particulièrem ent ardue, car dans differen tes cultures les form es élabo rées pour un genre donne ne sont évidem m ent pas id en tiq u e s15. L a restructuration fon ction n elle vise l ’ e ffe t que l ’ on souhaité dé- cle n ch er c h e z le récepteur (R2) en lan gu e cib le. A ce propos, v o ici quelques rem ar­ ques concernant un texte traduit de l ’ ancien franęais.

C o m m e il vient d ’ etre dit, le lecteu r po lonais m oyen est très peu fam iliarise avec les textes m éd iév au x franęais traduits en polonais. L a célébrité de B o y et son style bien à lui ont em preint la sensibilità esthétique du public polonais cu ltivé. L e

traduc-13 «In translating a text which represents an area o f cultural specialization in the source language but not in the receptor language, the translator must frequently construct all sorts o f descriptive equivalents so as to make intelligible something which is quite foreign to the recepton> (E. N id a , p. 90).

14 «the words may be likened to suitcases used for carrying various articles o f clothing. It really does not make much difference which articles are packed in which suitcase. What counts is that the clothes arrive at the destination in the best possible condition, i.e. with the least damage. The same is true in the communication o f referential structures» (E. N id a , p. 92-93).

15 «... the real problems are not in the existence o f the corresponding litterary genres, but in the manner in which such diverse forms are regarded by the people in question» (E. N id a , p. 94).

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teur qui m aintenant se d écid e à travailler sur un texte d ’ ancien franęais d oit avoir dans l ’ esprit les conn aissan ces et les goüts établis par la tradition de ses presum es lecteurs. Q u els sont done les traits caractéristiques des traductions de B o y qui restent graves dans la m ém oire c o lle ctiv e des lecteurs polo nais?

L e plus im portant c ’ est celu i d ’ une langue assez fortem ent archai'sante, néanm oins com prehensible, pieine de fantaisie, parfois d ’ hum our et m arquée d ’ une haute qualité esthétique. C e la est dü d ’ abord au fait que B o y , grand am ateur de la littérature p o lo ­ naise, en particulier des oeu vres de la R enaissance, savait à m erve ille tirer parti de ce patrim oine com m un. Il a égalem ent exp lo ité le fait que le p u b lic po lo nais, surtout ses contem porains, était fam iliarise a ve c les im itations stylistiq u es «historiques». R appelons la grande m ode des rom ans historiques qui a bien dépassé le cadre du R om antism e et a subsiste en P o lo g n e ju s q u ’ au X X eme siécle. L e style de H enryk S ie n ­ k ie w ic z reste un ex em p le inégalable: cet auteur a su atteindre la perfectio n dans l ’ i- m itation de la lan gu e des «Sarm ates», soit c e lle du baroque po lo nais, dans sa très célebre Trylogia ch ère à des generations des lecteurs. C ’ est done ainsi que se présente l ’ univers des conn aissan ces d ’ un lecteur po lonais cu ltivé (m ais non d ’ un sp écialiste de la littérature, bien sur), en ce qui concern e le passé littéraire. L e s attentes d ’ un tei lecteur se dirigent tout naturellem ent vers quelque ch o se de connu: il ne serait pas surpris de vo ir la traduction d ’ un texte m éd iéval franęais teintée de tournures em - pruntées à K o ch a n o w sk i, vo ire m èm e à Trylogia. Il s ’ y serait répéré facilem ent.

Ensuite, B o y s ’ était più à po lo niser une grande partie des nom s propres et des toponym es, soit en inventant des equ ivalen ts po lo nisés des m ots franęais, soit en o p ­ tant pour differen tes sortes de calq u es ou une paraphrase libre. Il ne répugnait pas aux procédés e xp ressifs, fa cile s dans une lan gu e com m e le po lo nais, m ais dans cer­ tains cas in excu sab les. Son talent de poète et sa predilection pour l ’ harm onie et la richesse d ’ exp ression l ’ em portaient sur le respect de l ’ original. C e sont pourtant ces qualités-là qui fon t de ses traductions des oeu vres de grande valeu r, dont le su ccès resterà en core longtem ps plus grand que ce lu i des versio ns pedantes, fid èles m ais sans àme.

O n vo it done quel est l ’ enjeu d ’ un traducteur de nos jo u rs confron té d ’ une part aux attentes du p u b lic po lonais et de 1’ autre sou cieu x de garantir à sa traduction un m axim um de transparence, afin de perm ettre au lecteur de savou rer la nouveauté d ’ un texte et d ’ une culture q u ’ il n ’ avait peut-ètre pas l ’ o ccasio n de connaitre auparavant. C ependant, il faut so u lign er en core une fo is que, en m atière d ’ im itation stylistiqu e basée sur des textes p o lonais anciens, toute procedure de c e typ e est fau sse dès le depart; les textes m éd iévau x polonais sont relativem ent rares et, m is à part quelques- -uns, m al connus ou ignores du grand p ublic. Par ailleurs, la lan gu e des textes m é­ d iévau x po lonais que nous connaissons est aujo urd’ hui pratiquem ent incom p rehen ­ sible: il serait done insensé d ’ en essayer une im itation et, m èm e si c e lle -ci po u vait ètre une réussite p h ilo lo giq u e , le texte traduit serait, du fait de sa d ifficu lté et son étrangeté, in acce ssib le au lecteur m oyen.

E ssayon s done de determ iner les conditions de restructuration et partant, de re­ ception d ’ un texte d ’ ancien franęais en po lonais m oderne.

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L E V O C A B U L A I R E

II sem ble tout indiqué de ch o isir un vo cab u laire neutre, c ’ est à dire ni trop archai- que, ni anachronique par son evid ente m odernité. R enon cer aux archai'smes n ’ est pas du tout d ifficile : dans un texte écrit contem porain ils ne peuvent avoir q u ’ une fonction esthétique dont l ’ e ffe t m e sem ble très souvent contestable. E viter des anachronism es est une dém arche com portant beaucoup plus d ’ em büches. Pour c e faire, le traducteur doit s ’ en rem ettre à son intuition linguistique, con firm ee par la consultation des dic- tionnaires. T o u s les m ots ressentis com m e récents (il ne s ’ agit évidem m en t pas de n éo lo gism es, c e la v a de soi, m ais de m ots correspondant à une réalité nettem ent pos- térieure au texte en L S ) d oivent étre évités dans la m esure du possible.

L A S Y N T A X E

L ’ ordre de la phrase en p o lonais m oderne peut correspondre au schèm a basique S - V - C (surtout dans les phrases iso lées), m ais on y distingue quelques autres sch e­ m as, notam m ent lorsqu e la p la ce des segm ents est en rapport avec le contexte (ana- phore) ou bien resulte de l ’ em phase ( l’ inform ation n o u ve lle précède c e lle connue). C on trairem en t à un état de lan gu e plus ancien, l ’ ordre des term es en polonais m oderne n ’ est pas entièrem ent lib re 16. O n peut done tenter d ’ introduire une légére archaísation au n iveau syn taxiqu e en construisant la phrase de m aniere plus libre (rappelons tou- te fo is que 1’ ordre libre des term es est caractéristique pour le polonais du X V I P siécle, il est done im portant de ne pas exagérer!). U n e im itation de l ’ ordre de la phrase en L S donne p arfo is de bons résultats.

D ison s en core qu elqu es m ots à propos des nom s propres qui constituent d ’ im por- tants repères culturéis pour la lecture d ’ un texte ancien.

L a fo rm e des nom s propres authentiques doit ètre co n fo rm e à l ’ univers des con n aissan ces d ’ un locu teu r cu ltivé; en m èm e tem ps, ces nom s constituent d ’ im por- tants repères pour la lecture. C e la e x ig e bien entendu un grand travail d ’ érudition. Q uant au x nom s propres qui n ’ ont pas été ju s q u ’ à present po lo nisés ils doivent, me sem b le-t-il, garder leur form e origin ale dans la m esure du possible; la seu le co n ces­ sion dans c e dom aine pourrait ètre une légère adaptation au x ex ig e n ce s de la flexion n om inale du polonais.

L e m ém e sou ci d ’ authenticité et de transparence devrait concerner les citations. L e s textes m éd iév au x , plus que d ’ autres, s ’ appuient sur un univers des connaissances en globant tout le sa vo ir a ccessib le à l ’ époque. L e s o u vrages dont les auteurs m éd ié­ va u x s ’ inspirent sont en general indiques dans le com m entaire critique de l ’ éditeur. Il va sans dire qu e dans de tels cas la version polo naise existante est indispensable, m èm e quand il ne s ’ agit pas d ’ une citation exacte dans le texte en L S (ce qui est le

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plus souvent le cas). C e la est surtout im portant pour les citations ou les quasi citations de proven an ce biblique; le lecteur y trouvera un autre repère im portant pour son uni- vers des connaissances.

L e s nom s propres fic tifs sont un autre grand problèm e. C ’ est, par exem p le, le cas des nom s de personnages allégoriqu es dans le Roman de la R o se (O iseu se, D am e R aison, B e l A c c u e il, C ontrainte A b stin en ce, etc.). L à, le traducteur doit retrouver le principe qui inspirait 1’ auteur du texte en L S et essayer de trouver qu elqu e correspon- dance sém iotique valable.

D ans l ’ optique de l ’ éq u ivalen ce dynam ique prop osée par E. N ida l ’ antynom ie entre «traduction p h ilologiqu e» et «traduction littéraire», perd de son acuite: la fid élité à l ’ origin al n ’ est pas une valeu r en soi, elle doit ètre atteinte par le concou rs de toute une gam m e de procédés visan t une bonne reception de l ’ oeuvre. E n appliquant le postulat de E. N ida à la traduction des textes m éd iévau x franęais fo rce nous est de constater que, la principale e x ig e n ce étant la recevab ilité, le traducteur doit d ’ abord im aginer le destinataire à qui le texte en L C s ’ adresse. Etant donne le peu de p lace que les traductions de l ’ ancien franęais occupen t actuellem ent parm i les oeu vres tra- duites du franęais en polonais, les futures traductions seront probalem ent destinées au grand public plutòt q u 'à une p o ign ée de sp écialistes. L e lecteu r m oderne est de m oins en m oins em preint de la stylistique historique, tout en restant cu rieu x du passe. Un grand enjeu de la traduction c ’ est de l ’ en courager à la lecture, d ’ é v e ille r son in- térèt, sans pour autant recourir à des procédés de stylisation artificielle, entrepris dans le seul but de plaire. L a transparence du texte traduit reste, je le pense, l ’ idéal auquel tout traducteur aspire, sans jam ais l ’ atteindre, il est vrai, m ais trouvant sa satisfaction à chaqué fo is q u ’ il s ’ en approche.

BIBLIOGRAPHIE

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