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Włodzimierz Dzieduszycki. La vie et l'oeuvre

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ORGANON 26-27:1997-1998

G abriel Brzęk (Pologne)

W Ł O D Z IM IE R Z D Z IE D U S Z Y C K I. L A V IE E T L ’O E U V R E

W łodzim ierz D zieduszycki (1829-1899) était une des plus m éritantes et plus populaires figures en G alicie dans la seconde m oitié du X IX e siècle. P ropriétaire terrien, m agnat, grand patriote, m em bre de l’A cad ém ie des A rts e t des M étiers cracovienne, m aréchal de la D iète de G alicie, m em bre de la C ham bre des Seigneurs du Conseil de l ’E m pire autrichien, généreux m écène des sciences et des arts, am ateur de l ’artisanat populaire, o rg an isateu r d ’ex ­ positions consacrées aux acquis de la G alicie, naturaliste ém inent, b ib lio­ phile, éditeur d ’ouvrages scientifiques, docteur honoris causa de l’U niversité de Lvov, il fut aussi le fondateur du riche M usée de la fam ille D zieduszycki à Lvov, q u ’il offrit en 1880 à la nation polonaise après avoir créé un m ajorat pour assurer les m oyens m atériels de son existence.

Il poursuivait cette riche activité sociale et scientifique discrètem ent, sans éclat, satisfait de son efficacité au service de la société et de sa p atrie q u ’il aim ait sincèrem ent.

Tout ceci se passait à une époque où en G alicie, p ar suite à une ex p lo i­ tation abusive des ressources naturelles et à l’exploitation de la société par l ’occupant autrichien, régnait la m isère, les sciences naturelles étaien t négli­ gées, et les Polonais qui s ’y adonnaient faisaient objet de plaisan teries. Les écoles, ainsi que l ’U niversité de Cracovie ju s q u ’en 1860 et celle de Lvov ju s q u ’en 1871, subissaient une forte influence germ anisatrice dont elles ne se sont libérées q u ’après 1860, lorsque l’em pereur François-Joseph I accorda l ’autonom ie à la Galicie.

D zieduszycki devait en m ajeure partie la générosité de son caractère à ses parents et à ses proches. La fam ille D zieduszycki tire son origine des boyards ruthènes m entionnés dans les sources historiques depuis le X V e siè­ cle, de confession orthodoxe, qui établis dans la région de Stryj, depuis le X V IIe siècle avaient adhéré progressivem ent au rite catholique grec et ensuite catholique rom ain. En 1775, l ’un des ancêtres de W łodzim ierz, du nom de

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T adeusz, reçut de l ’im pératice autrichienne M arie-T hérèse le titre de com te. A insi, com m e de nom breuses fam illes de chevaliers polonais, tels les W i- śniow iecki, Żółkiew ski, Sobieski, les D zieduszycki tiraient leur origine d ’un tronc ruthène, m ais étaient des Polonais fervents. Au fil des années, pour ce groupe de noblesse se créa la qualification „gente R utenus, natione Polonus” . L eur polonisation fut d ’ailleurs souvent hâtée p a r des m ariages m ixtes.

Le père de W łodzim ierz, Jó zef K alasanty D zieduszycki (1772-18 47 ), grand p atriote et adm irateur de K ościuszko, à l’appel de ce d ernier se porta volontaire pour rejoindre les rangs de l ’insurrection, et entam a sa carrière m ilitaire com m e sim ple canonier. D urant la cam pagne napoléonienne, il fut élevé au grade de capitaine d ’état-m ajor. En 1815, après la guerre, revenu dans ses vastes propriétés reparties dans toutes les trois zones de l ’ancienne R épublique de Pologne partagée par trois grandes puissances, il les adm i­ nistra d ’une m anière m oderne, en poursuivant parallèlem ent des activités civiques, et une activité scientifique dans les dom aines de l’histoire et de la bibliographie. Il habitait et oeuvrait principalem ent en G alicie où en 1842 il fut l ’un des principaux fondateurs de la prem ière C aisse d ’épargne à Lvov, et en 1845 il contribua à la création de la Société Econom ique N ationale. D ans un des ses palais, à Poturzyca, il com pléta avec savoir-faire une b i­ bliothèque scientifique contenant de vieux im prim és précieux, parchem ins e t collections iconographiques; il a réuni aussi des collections de spécim ens naturels. Il s ’est fait égalem ent connaître pour l ’aide accordée aux jeun es gens sans ressources, leur perm ettant de poursuivre leurs études. Son apport financier à l’oeuvre scientifique des centres de C racovie et de Lvov lui a valu le titre de m em bre honoraire de la Société Scientifique de C racovie.

La fem m e du com te, Paulina née D ziałyńska, bien que dévouée à sa fam ille et aux oeuvres de charité, était encore une collectionneuse passionnée de squelettes d ’anim aux de mer: éponges, coraux et crustacés, q u ’elle é ti­ quetait et classait en présence de son fils. Celui-ci m entionnera plus tard avec reconnaissance dans son introduction au „G uide du M usée” de 1895 ces „prem ières leçons” de sciences naturelles et de technique de préparation que lui avait données sa mère.

W łodzim ierz fut le seul fils de Jó zef et P aulina D zieduszycki. Il naquit le 22 ju in 1825 à Jaryszow en Podolie russe. Chétif, m aladif, bégayant, et tim ide par dessus le m arché, il ne sem blait pas destiné à une brillante carrière publique. Il n ’a fréquenté aucune école. Son éducation fut assurée par sa m ère qui lui apprenait les rudim ents de l’histoire de Pologne, et par un gouverneur qui lui enseignait les autres sciences hum aines. Lorsque toute la fam ille passait l’hiver à Lvov, on faisait venir à la m aison d ’autres précep­ teurs, tels W incenty Pol, poète patriotique et naturaliste, F ranciszek Stronski, p rofesseur de l ’U niversité, et d ’autres pédagogues réputés.

Le goût pour les sciences naturelles attisé par les parents du garçon s ’approfondit lors des prem ières excursions q u ’il fit avec sa m ère dans les

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forêts aux environs de Lvov, d ’où il ram enait à la m aison des spécim ens de plantes et d ’insectes, et plus tard aussi des oiseaux q u ’il ab attait lui-m êm e avec son fusil de chasse et q u ’il avait appris à préparer. D ans une arm oire offerte par ses parents il créa l’ébauche d ’un m usée enfantin de curiosités naturelles.

Son père fut pour le garçon un m odèle de collectionneur de „m erles blancs” : livres, m anuscrits, oeuvres d ’art, spécim ens m inéralogiq u es et g é o ­ logiques. Les deux parents lui apprenaient à observer les phén om ènes de la nature et à noter systém atiquem ent les faits. L o rsq u ’il fut adolescent, sa m ère entreprit d ’élargir le cham p de ses préoccupations au-delà des curio sités n a­ turelles du dom aine fam ilial, de l ’intéresser aux ressources naturelles du pays dans ses lim ites historiques d ’avant le prem ier partage de la P ologne en 1772, et en général à tout ce qui était polonais, ce qui existait, v ivait sur le territoire de l’ancienne R épublique polonaise - depuis les m inéraux, p ar le m onde des plantes et des anim aux, ju sq u ’à l ’hom m e lui-m êm e.

N otons que parm i les parents plus éloignés de D zieduszycki il y avait plusieurs collectionneurs, des passionnés du travail intellectuel allan t de pair avec l’am our de la nature et de l ’histoire nationale. L ’un de ses cousins germ ains, Ignacy, était collectionneur de m onnaies, un autre, T ytus, p alé o n ­ tologiste et naturaliste. Son cousin M aurice était un ém inent historien. Son oncle, Tytus D ziałyński, et son cousin germ ain Jan D ziałyński étaien t tous deux collectionneurs de souvenirs historiques, fervents de la nature et m é­ cènes des sciences. Les autres m em bres de la fam ille étaient des cultivateurs rem arquables, agriculteurs, sylviculteurs et éleveurs de chevaux. W ło d zi­ m ierz appréciait ces traditions et, devenu adulte, disait souvent avec bonne hum eur que „chaque D zieduszycki possédait et possède son idée fix e” .

Tytus D ziałyński (1796-1861), bibliophile et collectionneur, fondateur de la B ibliothèque de K órnik et du m usée des „m onum ents du passé n atio ­ nal” , éditeur de sources historiques et m écène des arts, était souv en t l ’hôte des D zieduszycki. Pour sa participation à l’insurrection de novem bre (1830), durant laquelle il fut élevé au grade de capitaine et à la fonction d ’adjudant du com m andant en ch ef Skrzynecki, le gouvernem ent prussien a séquestré ses biens et mis des sceaux sur les collections du palais de Kórnik (près de Poznań). De sa part, le gouvernement russe a condam né ce patriote à la peine de mort. Après s ’être caché pendant quelque tem ps en G rande-Pologne, il passa dans la zone occupée par l’Autriche pour s ’établir à Cracovie. Finalem ent, il choisit de résider chez les Dzieduszycki à Zarzecze et à Oleszyce.

Si c ’est à la m ère de W łodzim ierz q u ’il faut attribuer l’éveil de son goût pour la nature, les fondem ents des sciences naturelles lui ont été enseignés quelques années plus tard par d ’ém inent m aîtres. Le prem ier, W incenty Pol, fournit au jeu n e hom m e les bases de géographie et de connaissance du pays nécessaires pour une approche scientifique des phénom ènes naturels observés dans diverses régions de Pologne. Il lui a égalem ent inculqué la com préhension

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des liens existant entre la nature et l’homme; il l’encourageait à fonder un jour à Lvov un „musée de la nature” . Pol, qui rêvait d ’obtenir une chaire de géographie, s ’établit à Lvov où il créa un cours privé regroupant de jeunes patriotes auxquels il enseignait l’histoire naturelle et la physiographie de la Pologne. Dzieduszycki fréquentait ces cours et y prenait des notes, qui ju sq u ’en 1939 ont été pieusement conservées à la bibliothèque du Musée de Lvov.

Jacek Lobarzew ski, ju riste de profession m ais am ateur passionné de la flore, spécialiste en m ousses et lichens ainsi q u ’en géographie des plantes, professeur de botanique à l’U niversité de Lvov, fut le second m aître de D zieduszycki. Il apprit à son élève et com pagnon de randonnées dans la nature à apprécier la relation entre le m onde végétal et le m onde anim al, et à com prendre la biologie et l ’im portance de la forêt. Enfin, son troisièm e m aître, le Saxon Ernst Schauer, qui donna à l’adolescent de solides bases d ’ornithologie, était un praticien et préparateur expérim enté; à la dem ande de son ex-élève, il s ’installa plus tard définitivem ent à Poturzyca.

L ’am our de la terre natale et de sa nature inculqué intelligem m ent au jeu n e hom m e par ses parents et ses éducateurs s ’est traduit chez lui par de solides études consacrées à l’histoire naturelle des territoires polonais et par un noble m écénat au profit des sciences naturelles, allant de pair avec la volonté de servir la science polonaise.

L a gestion d ’une fortune im m ense constituée p ar de vastes biens fonciers et forêts qui se trouvaient non seulem ent en G alicie, m ais aussi au R oyaum e de Pologne et au G rand Duché de Poznanie, obligeait D zieduszycki à chan­ ger souvent de résidence. Son enface s ’est passée surtout auprès de ses p a ­ rents à Lvov et à Zarzecze. Depuis 1840, il a résidé le plus souvent à P o ­ turzyca, située à environ 80 km au nord de Lvov; après 1847, année du décès de son père, il revint de nouveau à Lvov. Après son m ariage avec A lfonsyna M iqczyrïska, il passait beaucoup de tem ps dans la propriété de sa fem m e, Pieniaki, égalem ent dans la région de Lvov.

Il fut le père de quatre filles: K lem entyna qui épousa le com te Szem bek, A nna, m ariée au com te Tadeusz D zieduszycki (fils adoptif de W lodzim ierz, futur m ajorataire), M arie, épouse de T adeusz C iehski, et Jadw iga, m ariée au prince W itold Czartoryski.

A près 1868, il confiait de plus en plus souvent la gestion de ses biens aux régisseurs, largem ent rém unérés pour leurs services, et passait le plus clair de son tem ps à Lvov, ville à laquelle le rattachaient particulièrem ent ses activités scientifiques et publiques. Il y occupait un appartem ent de trois pièces au rez-de-chaussée du palais situé rue K urkow a. Au M usée, rue T ea- tralna, il avait au rez-de-chaussée un sim ple cabinet.

C om m e il découle de la correspondance conservée aux archives de Lvov, cet appartem ent et ce cabinet constituaient à l ’époque un foyer im portant de la vie culturelle, socio-politique et patriotique de G alicie. C ette correspon­ dance prouve aussi que cet hom m e très riche et respecté fut exagérém ent

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m odeste dans ses besoins et son style de vie. Il distribuait généreusem ent de l’argent à des fins scientifiques, pour l ’achat d ’arm oires et de collections, pour l ’édition de travaux scientifiques et de m anuels scolaires, p o u r des bourses et des subuventions destinées aux jeun es scientifiques et assistants, pour encourager la production folklorique polonaise et ukrainienne - m ais il le faisait en cachette, évitant les tém oignages de gratitude.

Les dernières vingt années de la vie de W łodzim ierz D zieduszycki furent vouées au travail scientifique, principalem ent dans le dom aine de l ’ornitho­ logie, aux efforts consacrés à l ’enrichissem ent et à l ’élaboration systém atique et taxonom ique des collections, ainsi q u ’à son activité publique, com m e l ’or­ ganisation de toutes sortes d ’expositions ou com m e ses intiatives au profit de la scolarisation et de l ’instruction du peuple.

Il n ’aim ait pas la vie m ondaine telle que la concevait le m ilieu aristo­ cratique dont il faisait partie. Il prenait par contre grand p laisir à la chasse, qui lui offrait l’occasion de m ieux connaître la vie des anim aux des bois. Il aim ait aussi l’activité publique, non pas les hautes dignités qui exigeaient la représentation, des discours officiels, etc., m ais lo rsq u ’il s ’agissait d ’o r­ ganiser des expositions et des congrès, d ’assum er le patronage de diverses institutions. M êm e lorsqu’il accepta en 1876, sous pression générale, d ’être élu m aréchal de la D iète de G alicie, il céda à condition que cela ne durât q u ’une année, tem ps suffisant pour calm er les antagonism es entre U krainiens et Polonais, et ce fut la dernière m anifestation de son activité politique.

Il considérait com m e un mal nécessaire sa qualité de m em bre de la Cham bre des Seigneurs du Conseil de l’Em pire, et prenait rarem ent p art aux sessions. Il s ’abstenait de protester publiquem ent contre la p olitique des o c ­ cupants, m ais en réalité ne pouvait les souffrir. Les palais des D zieduszycki dans ses dom aines de Poturzyca, Pieniaki ou Zarzecze, ainsi que son appar­ tem ent et son bureau au M usée servaient d ’asile non seulem ent aux artistes, littérateurs et écrivains sans ressources, m ais aussi aux hom m es pourchassés qui fuyaient les répressions de l’occupant autrichien.

D zieduszycki voyageait plutôt rarem ent à l’étranger, d ’habitude pour des conférences scientifiques où pour des raisons de santé. Son lieu de p réd i­ lection était le cabinet au M usée, où avec son collaborateur préféré de longue date, le conservateur W ładysław Zontak, il s ’adonnait des heures entières, au travail scientifique. Il y étudiait des ouvrages de zoologie, étiquetait et préparait des spécim ens po u r ses collections, et les disposait dans des v i­ trines.

W łodzim ierz D zieduszycki jo u issait d ’un grand prestige dans la société, surtout galicienne. Seule une partie de l ’aristocratie le traitait avec une c er­ taine réserve, due à ses opinion libérales sur la cause paysanne, au soutien q u ’il assurait à la créativité folklorique et à ses efforts pour rapproch er le peuple ukrainien, nom m é alors ruthène, et le peuple polonais.

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Il était bien connu des ornithologistes et des entom ologistes étrangers qui venaient souvent visiter son m usée pour y étudier les collections; il échangeait régulièrem ent des letrres avec les plus ém inents parm i eux.

En 1847 D zieduszycki fit venir de Poturzyca à Lvov la célèbre biblio­ thèque que lui avait laissée son père avec une précieuse collection de ta­ bleaux; il les a ensuite enrichies en achetant des livres, des tableaux peints p ar ses amis: Juliusz K ossak, Franciszek Tepa, et surtout des c h e fs-d ’oeuvre d ’A rtur G ro ttg er (le cycle „V arsovie” ) q u ’il accueillait souvent à Poturzyca, Pieniaki et Lvov, et auquel il versait des accom ptes généreux, qui lui p e r­ m ettaient de soigner sa tuberculose.

C om m e il fut déjà dit, les devoirs liés à la gestion de sa grande fortune o b lig eaien t le jeu n e D zieduszycki à visiter souvent ses dom aines, ce qui lui donnait l’occasion de pratiquer la chasse et d ’am asser des spécim ens pour ses collections. Au début il les conservait, étiq u etait et prép arait lui- m êm e, les em m agasinant ensuite dans une aile de son palais de Lvov. Les collections s ’agrandissaient chaque jo u r, car des parents et des am is bien­ veillants lui envoyaient souvent des spécim ens de nature m orte et anim ée, ainsi que d ’intéressants objets d ’art populaire. D zieduszycki a ccep tait vo ­ lontiers ces dons afin de les préserver de l’oubli et de la disparition, car il c o llectio n nait tout ce qui était p articulier à la Pologne, qui p erm ettait de connaître les richesses naturelles présentes et passées de nos terres. Ainsi naquirent trois sections du musée: zoologique, botanique et géologico-pa- léontologique. En 1861 la collection d ’oiseaux des territoires polonais com ptait à elle seule plus de 1000 spécim ens de 245 espèces.

D epuis 1875, en évitant les plaisirs m ondains, D zieduszycki s ’adonna de plus en plus au travail scientifique. Présent du m atin au soir au m usée, il étiquetait les spécim ens en consultant divers atlas et livres d ’ornithologie; il partait seulem ent de tem ps en tem ps visiter des m usées européens pour voir les collections des chercheurs étrangers. L ’ornithologie est devenue la passion de sa vie. En décidant de fonder son m usée, il avait dès le début l ’intention de l’offrir plus tard à la nation.

Il est impossible de citer ici tous les donateurs et les spécialistes auxquels D zieduszycki acheta des collections présentant divers groupes du m onde animal. Le m usée doit les dons et les acquisitions les plus précieuses au professeur M aksym ilian Sila-Nowicki, qui avant d ’obtenir la chaire de zoologie à l’U ni­ versité de Cracovie fut pendant plusieurs années instituteur dans les écoles populaires, puis professeur de lycée à Sam bor et à Lvov, et avait entretenu pendant presque vingt ans une collaboration étroite avec Dzieduszycki, q u ’il aidait à étiqueter ses collections ainsi q u ’à repartir les specimens et à aménager le musée. Un apport important a été également fourni par les élèves de Nowicki du lycée de Lvov lesquels conquis par l’enthousiasm e créateur de Dzieduszycki lors de l’organisation du m usée, avaient suivi Now icki à C racovie, et après y avoir term iné leurs études ont étroitem ent collaboré avec le m usée.

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L e processus de transform ation en m usée de la collection p rivée de D zie­ duszycki, qui fut d ’abord celle d ’un am ateur, dura longtem ps, presque ju s ­ q u ’à la fin de 1875. Il n ’y avait pas assez de place pour exposer les c o llec­ tions enferm ées dans des caisses déposées à Z arzecze, P oturzyca et Lvov. M êm e les salles du palais de la rue K urkow a, en partie adaptées p o u r les besoins du m usée, se sont révélées trop étroites. Du fait de cette exigiiité des lieux les collections étaient accessibles uniquem ent aux m em bres de la fam illes et aux visiteurs privés, tandis que D zieduszycki voulait les m ettre à la portée du public. Ces circonstances ont am ené le propriétaire am bitieux à acheter en 1868 une m aison de deux étages avec pavillons, rue Teatralna, et à l’adapter aux besoins du futur m usée. Lors de la reconstruction générale de cette m aison, brûlée à la suite du bom bardem ent de Lvov p a r les A utri­ chiens en 1848, il s ’est avéré que le bâtim ent était plus ancien q u ’on ne l ’avait cru, q u ’il ne possédait pas de fondem ents m açonnés m ais il était posé sur des pieux de bois verm oulu enfoncés dans le sol m arécageux. La pose des fondem ents de béton sous le bâtim ent en ruine a été dans ces conditions un investissem ent difficile et très onéreux. Les vastes pavillons furent direc­ tem ent reliés p ar des galeries avec chaque étage du bâtim ent central, l ’in té­ rieur du quadragone form ant une cour.

Pour ces raisons, la date de la fondation du m usée n ’a pas été fixée. Certains auteurs indiquent l’année 1845, d ’autres celle de 1859. M oi-m êm e, ainsi que le dernier majorataire, W łodzimierz Dzieduszycki junior, avons opté pour 1870, année où fut achevée la reconstruction du bâtiment et com m encèrent les travaux de m ise en place des sections du M usée. C ’est bien cette année-là que com m en­ ça la vraie organisation du M usée au sens scientifique. Vers 1873, il fut ouvert aux visiteurs, dans ses débuts un jo u r par semaine.

D epuis 1870, les années qui passaient furent consacrées au travail assidu en vue de parfaire le M usée, m ais la santé de son fondateur déclin ait avec l ’âge. N e pouvant plus m onter l’escalier, il fit installer au m usée un ascenseur à m ain, bien prim itif. Il se déplaçait dans les salles dans une voiture d ’infirm e à trois roues q u ’il m anoeuvrait lui-m êm e ou la faisait pousser par son valet.

Au fil des années le prestige du M usée grandissait. Des naturalistes de toutes les trois zones occupées de Pologne venaient le visiter, parfois aussi des savants étrangers qui com blaient d ’éloges son fondateur. Le nom bre de visites de zoologistes et botanistes ainsi que des étudiants qui venaient é tu ­ dier et com parer les collections augm entait. Le m usée de W łodzim ierz D zie­ duszycki, entreprise d ’am ateur, privée, fam iliale, se transform ait p ro gressi­ vem ent en institution scientifique et publique.

W łodzim ierz D zieduszycki avait une personnalité très com plexe, m ais au sens p ositif du term e. De caractère m odeste et tim ide, c ’était un idéaliste contem platif avec une vie intérieure très riche; ses diverses préoccupations scientifiques, du dom aine des sciences naturelles et hum aines, allaient de p air dans son esprit avec ses préoccupations sociales et philanthropiques.

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L ’épanouissem ent de sa passion pour l ’ornithologie était favorisé par ses nom breux déplacem ents d ’un dom aine à l’autre et ses fréquentes visites dans les dom aines avoisinants. A différentes époques de sa vie il avait eu l ’occasion de résider dans des contrées particulièrem ent intéressantes et aux conditions naturelles radicalem ent différentes. Les environs de son palais de Poturzyca, localité située à la lim ite de trois contrées: la T erre de H rubies­ zów , légèrem ent ondulée et fertile, la W ołynie - m arécageuse et recouverte de forêts, et les vastes prairies et pâturages de Podlasie, furent le berceau de ses activités d ’ornithologiste. Les vastes cham ps et forêts du dom aine de Z arzecze dans la région de Jarosław représentaient aussi un site intéressant pour les naturalistes. C ’était un paysage très diversifié, caractéristique des basses C arpates, avec des m onticules, prairies et forêts, coupé par la vallée de la rivière San, et perm ettant la nidification de nom breuses espèces d ’o i­ seaux que l ’on ne rencontrait ni dans la région de Sokal, ni dans celle de Lvov. M ais les plus intéressants du point de vue zoologique étaient les en ­ virons de Pieniaki, localité située sur la ligne de partage des eaux. P ar suite des conditions très différenciées du sol et du clim at, se rejoignaient ici les aires de répartition de trois espèces d ’arbres: : du hêtre, du chêne et du pin, en form ant différents sites pour oiseaux. Aux environs de T arnopol le p ay ­ sage prenait un caractère de steppe, anim ée par des volées d ’outardes et de coulons. La rivière Seret, traversant cinq étangs bordés de jo ncs, attirait par la richesse de sa faune de fond les „oiseaux gourm ets”, qui venaient parfois des régions très éloignées. C ’était le terrain de prédilection de D zieduszycki qui aim ait y chasser et observer les anim aux.

Les publications de D zieduszycki paraissent peu im portantes. Elles sont loin d ’égaler l ’oeuvre de Konstanty Tyzenhaus, de 39 ans son aîné, et encore m oins celle de W ładysław Taczanow ski, son contem porain, leur valeur n ’en est pas m oins très grande. Elles contiennent beaucoup de rem arques origi­ nales q u ’aucun des spécialistes ayant par la suite étudié l ’ornitofaune de cette partie du pays n’a su ou n ’a pu faire.

D zieduszycki a publié les ouvrages suivants: un exposé prononcé au IIe Congrès de m édecins et naturalistes polonais à Lvov en 1875, paru sous form e de brochure intitulée „Nasze zw ierzęta kręgow e stałe i w ędrow ne” , Lw ów 1875 (Nos vertébrés sédentaires et m igrateurs); un abrégé de son exposé prononcé à l’occasion du Ve Congrès de m édecins et naturalistes polonais à Lvov en 1888, intitulé „O w ędrów kach ptaków , a w szczególności pustynnika Syrrhuptes paradoxus”, Lwów 1888 (Des m igration d ’oiseaux, et en p articulier celles du Syrrhuptes paradoxus)', une brochure intitulée „System atycznie zestaw ione nazwy polskich ptaków , tak ludowe, ja k z ró­ żnych autorów w zięte” , 1880 (Relevé systém atique de tous les noms d ’o i­ seaux polonais, populaires ou em pruntés à divers auteurs); un guide de la collection d ’oiseaux de son propre m usée intitulé „M uzeum im. D ziedus- zyckich we Lw ow ie. D ział I Zoologiczny. O ddział Z w ierząt K ręgow ych. II

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Ptaki, Lw ów 1880 (M usée de la fam ilie D zieduszycki à L vov. Section I Zoologique. Sous-section de vertébrés. II O iseaux), qui parut aussi en alle­ mand, et enfin un guide englobant toutes les collections zo ologiques et pa- léontologiques, intitulé „Przew odnik po M uzeum im. D ziedu szyckich w e L w ow ie” , 1895 (G uide du M usée de la fam ille D zieduszycki à Lvov), publié aussi en allem and. A près la m ort de l’auteur, en 1907, p aru t la seconde édition de ce „G uide” , changée et com plétée p a r les collections botanique, m inéralogique et géologique, ethnographique et préhistorique, sous la réd ac­ tion de M arian Łom nicki. Afin de propager l’idée de la p articip atio n de la société polonaise à l ’Exposition universelle des pays de la M onarchie d ’Au- triche-H ongrie, D zieduszycki a publié aussi un article non signé: „G alicja i W ystaw a Pow szechna w W iedniu w roku 1873. L uźne m yśli rzu con e lud­ ziom dobrej w oli” (La G alicie et l’Exposition universelle de V ienne en 1873. Q uelques pensées détachées adressées aux hom m es de bonne volonté) - p u b ­ lication que je n ’ai pas réussit à trouver dans les bibliothèques polonaises.

Les publications de D zieduszycki, surtout les deux prem ières, quoique de dim ensions m odestes, contiennent une richesse d ’observations originales de l ’auteur. Ses observations sont d ’autant plus précieuses q u ’elles ont été poursuivies systém atiquem ent pendant plusieurs dizaines d ’années, à chaque saison. Particulièrem ent im portantes sont ses observations sur les oiseaux m igrateurs et nom ades, qui déjà rares sur le territoire polonais aux tem ps de notre ornithologue, aujourd’hui n ’y viennent plus ou ne passen t q u ’o cca­ sionnellem ent.

Les longues et com plexes observations de D zieduszycki p erm etten t de suivre les différences et changem ents survenus dans la com position de la faune et dans sa répartition géographique; ainsi que de rem arquer le sens de cette évolution et d ’éclaircir beaucoup d ’autres problèm es aviofaunistiques.

D ans son exposé: „nos vertébrés sédentaires et m igrateu rs” D zied u ­ szycki, à part 238 espèces d ’oiseaux vivant en général sur le territoire p o ­ lonais et à peu près dans l’Europe entière, cite aussi 43 espèces rares ou très rares, en distinguant parm i elles 4 groupes zoogéographiques établis sçlon leur provenance, à savoir: 1) les élém ents septentrionaux, 2) m érid io­ naux ou du sud-est, 3) alpins, 4) de basse m ontagne polonaise.

D e m êm e, l ’ouvrage „Sur les m igrations d ’o iseaux” contient de p ré ­ cieuses observations sur des oiseaux déjà très rares à l ’époque sur le territoire polonais, et qui aujourd’hui en ont tout à fait disparu.

En 1895 parut une version abrégée par rapport au prem ier texte de 1880 du „Guide du M usée de la famille Dzieduszycki à Lvov”, préparée par D zie­ duszycki, de petit format in-octavo, un peu modifiée. La m oitié y est consacrée aux oiseaux, et le reste aux expositions de m am m ifères, reptiles, batraciens, poissons, et, sommairement, à celle des invertébrés. Dans une courte introduc­ tion il présente la genèse de ses collections naturelles et ethnographiques ainsi

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que l’histoire du M usée. Le guide est com plété par une liste alphabétique d ’animaux selon leurs appellations latines, avec leurs noms polonais popu­ laires et scientifiques. Il y a aussi en supplém ent les données numériques sur les espèces et les spécimens de la section zoologique ainsi que le plan du musée. La préface est précédée d ’une dédicace, très belle et patriotique: „Je dédie ce livre à mes chers petits-enfants et à tous nos jeunes, dans le vif espoir que l’exhibition des richesses naturelles de nos terres, des produits dus au travail et au savoir-faire de notre peuple, et des anciens souvenirs ensevelis dans la terre de nos ancêtres les incitera à aim er ce Pays et ce Peuple, et à continuer l’étude de l’héritage de ceux qui nous ont précédés” . Il a préparé égalem ent une autre version du Guide, plus détaillée, q u ’il n ’eut plus la force d ’achever. Celui-ci parut finalem ent sous la rédaction de M arian Łom nicki, en 1907.

Q uoique l’ornithologie fût au centre de ses préoccupations, Dzieduszycki avait aussi réuni des collections complètes de faune polonaise dans le autres groupes de vertébrés. On y trouvait beaucoup d ’espèces très rares ou exterm i­ nées et d ’animaux importants du point de vue zoogéographique. Dans la col­ lection de mam mifères il y avait même un bison de la forêt de Białowieża.

Les collections de D zieduszycki jo u issaient d ’une grande renom m ée dans le m onde de la m uséologie. Elles étaient connues po ur une préparation très soigneuse des spécim ens; chaque exem plaire possédait sa carte de do ­ cum entation très détaillée.

L e M usée de la fam ille D zieduszycki constituait un com plém ent inap­ préciable pour les chaires de sciences naturelles à l ’U niversité de Lvov. Les étudiants qui préparaient leurs diplôm es faisaient ici des études com paratives de leurs propres collections d ’anim aux et de plantes avec celles du m usée, annotées par d ’excellents spécialistes. Ils y étaient aussi encouragés à co n ti­ nuer cette activité de naturalistes et de physiographes après leurs études, en allant travailler com m e professeurs d ’écoles secondaires sur les territoires non étudiés encore par les professionnels. C ette institution était en quelque sorte l ’équivalent de la Com m ission Physiographique de l ’A cadém ie P o lo ­ naise des Sciences et des Lettres de C racovie qui concentrait ses recherches en particulier sur la G alicie O ccidentale et les Tatras.

W łodzim ierz D zieduszycki fut non seulem ent un naturaliste passionné, m ais aussi un excellent chasseur, com prenant le sens de la vénerie. Selon lui, pour être bon chasseur, il fallait bien connaître la nature, les habitudes et les instincts des anim aux; sans cela on n ’était point chasseur, m ais seu le­ m ent un tireur.

Il chassait surtout dans son dom aine de Poturzyca. A l’occasion de ces parties de chasse, se tenaient ici égalem ent de nom breuses conférences vouées aux questions économ iques et patriotiques. Le jo u r de la chasse, une centaine de traîneaux se présentaient devant le perron du palais. A vant que les chasseurs n ’eussent pris place dans les traîneaux, D zieduszycki prenait

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Włodzimierz Dzieduszycki. La vie et l ’oeuvre 49

parole pour leur com m uniquer les instructions et les m ettre en garde face aux éventuels dangers. Ceux qui ne se conform aient pas aux consignes étaient exclus du tir et dorénavant jam ais plus invités à la chasse.

Après le retour des chasseurs au palais de Poturzyca, le gibier abattu était étalé et com pté à la lumière des torches devant l’entrée, les chiens recevaient leur récom pense, après quoi Dzieduszycki invitait ses hôtes dans la salle à m anger où les attendait un festin abondant. Après le repas, il réunissait le cercle de ses amis les plus proches dans le salon attenant, où l’on ouvrait le „livre de chasse” . Cet album de grand format, relié de peau de sanglier avec une inscription en lettres d ’or: „Souvenirs de chasses à Poturzyca” , se trouve m ain­ tenant au M usée. On y inscrivait les comptes-rendus de chasse, les rem arques de chasseurs, les noms des participants, le nombre d ’anim aux abattus et les différends entre chasseurs. A côté des nom breux poèm es sur la chasse, souvent très spirituels, écrits par Leopold Starzeński, W incenty Pol, Kornel Ujejski, Jan Aleksander Fredro, Kazimierz W odzicki et d ’autres - il y avait des scènes de chasse, des portraits de chasseurs, gardes forestiers et rabatteurs, divers types de paysans - tout cela en caricature. Très rem arquable est l’hum our des cari­ catures, anecdotes et petits poèmes de Leopold Starzeński, et celui des dessins des peintres lvoviens réputés: Juliusz Kossak et Franciszek Tepa, ainsi que du littérateur Kajetan Suffczyński. Parmi les esquisses il y a aussi des caricatures de Dzieduszycki lui-même, dessinées surtout par Starzeński.

D zieduszycki fonda en 1885 la Société de C hasse de G alicie dont il fut pendant longtem ps, ju s q u ’en 1892, le prem ier président. Il a participé à l ’é ­ laboration et au sanctionnem ent par les autorités d ’une loi sur la chasse, qui tenait com pte de certains élém ents de protection de la nature. Il se souciait des anim aux, recom m andait un abattage m odéré et la lutte contre le bra­ connage. Il inaugura la publication du périodique „Ł ow ca” (Le C hasseur), organe de cette Société, q u ’il a entretenu au début à ses frais.

L ’activité de D zieduszycki au sein de la société tendait à étayer la chasse sur des principes biologiques, à lim iter les parties de chasse, à am éliorer l ’état num érique des anim aux, tout en com battant le braconnage et assurait la form ation de ses gardes forestiers. G râce à ses efforts constants, les forêts de Poturzyca et de Pieniaki com ptaient parm i les plus riches en g ib ier dans toute la G alicie.

Indépendam m ent du „Livre de chasse” en question, D zieduszycki tenait aussi depuis 1887 un „Journal de chasse” . C ’était un gros livre relié de cuir avec des ferrem ents et une ferm eture à cliquet; une im age em preinte dans la peau représentait un chasseur de chevreuils. Ce livre contenait la liste des m am m ifères et des oiseaux (divisés en utiles et nuisibles) abattus dans tous ses dom aines, avec les dates exactes des parties de chasse. Il se trouve au ­ jo u rd ’hui à la bibliothèque du m usée de Lvov.

W łodzim ierz D zieduszycki a égalem ent servi la cause de la protection de la nature, en fervent propagateur de cette idée. Il aim ait de tout co eur la

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nature prim itive, non touchée par 1’im pact de la civilisation. Il estim ait q u ’à part son utilité m atérielle, elle représente un trésor richissim e de sentim ents et de pensées sublim es, souvent plus précieux pour l’hum anité que sa valeur m atérielle. La nature, selon D zieduszycki, anim e l ’esprit et le coeur, dissipe les soucis et les peines, ennoblit et polit la nature hum aine brute. La nature est un trésor inépuisable et inestimable, un stim ulant pour la création de m erveil­ leuses oeuvres d ’art, accessible même aux gens les plus pauvres si l’on sait la regarder, sentir sa beauté et apprécier ses miracles. Dzieduszycki s ’opposait à l’intervention humaine dans le règne de la nature. Il déclarait que la nature se gère le mieux elle-même, q u ’elle ne souffre pas l’intervention de l’homme, m ême la mieux intentionnée. Il était égalem ent partisan de l’idée rousseauiste du retour de l’homme à la nature dans l’intérêt de sa santé.

Etant m aréchal de la D iète de G alicie, à la dem ande du professeur M ak- sym ilian N ow icki, D zieduszycki faisait prévaloir parm i les députés l ’idée de la nécessité de voter une loi sur la protection des espèces d ’anim aux utiles pour l’économ ie naturelle et hum aine, la protection du cham ois et de la m arm otte dans les Tatras, celle des oiseaux chanteurs, et sur la protection périodique du renard. La D iète a adopté le 2 octobre 1868 cette loi, dont le projet a été élaboré par le professeur Now icki et un ecclésiastique, le père Eugeniusz Janota, mais elle n ’a pas été ratifiée par les autorités de Vienne, m algré l ’intervention personnelle de Dzieduszycki.

Dans sa façon de concevoir l’idée de protection de la nature, D ziedu ­ szycki a devancé les créateurs officiels de cette idée. L e long de la chaîne d ’ém inences nom m ée W oroniaki, qui constitue une im portante lim ite phy- togéographique séparant deux différentes contrées floristiques et forestières, il découvrit plusieurs dizaines d ’hectares de hêtraie vierge caractéristique de la région de W oroniaki. En 1886, il délim ita environ 22 hectares de cette hêtraie q u ’il baptisa „M ém oire de Pieniaki” et en fit la prem ière réserve naturelle sur le territoire polonais. Le fondateur désirait ainsi transm ettre à la science et aux descendants l’im age de la hêtraie originelle et présenter son évolution. Il exprim a le voeu que cette forêt restât pour toujours libre de toute intervention hum aine, surtout com m erciale, afin de constituer un laboratoire vivant pour ceux qui étudient la sym biose du m onde anim al et du m onde végétal, afin de servir d ’exem ple de transform ations que subissent la forêt et le sol sous l ’im pact de tous les facteurs abiotiques et biotiques. Il était hostile aux m onocultures forestières, partisan de la régénération na­ turelle des forêts. En créant la „M ém oire de Pieniaki” , il songeait aussi à la protection de l ’aigle de m er qui s ’y nichait.

Si en Europe occidentale les tentatives de protéger certaines espèces de plantes et d ’anim aux rares, et m êm e des exem plaires isolés nom m és „m o­ num ents de la nature” , étaient déjà connues, le fondateur de la „M ém oire de Pieniaki” fut le prem ier en Pologne à m ontrer la nécessité de protéger des com plexes entiers de plantes et d ’anim aux, ce que nous nom m ons

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au-WłodzimieiT. Dzieduszycki. La vie et l ’oeuvre 51

jo u rd ’hui les biocenoses. Si par la suite l’activité des naturalistes et phyto- sociologues polonais a suivi la m êm e voie, il y a là dans une certaine m esure le m érite de D zieduszycki.

Hélas, la prem ière guerre m ondiale, le vandalism e des troupes alle­ m andes, qui se servaient des plus gros troncs afin de construire des supports pour leurs canons lourds et des abris souterrains, ont détruit la réserve, et pendant la seconde guerre m ondiale les soviétiques ont parachevé la d e s­ truction de ce site unique en abbatant le reste des vieux arbres.

D zieduszycki s ’efforçait d ’inculquer les connaissances élém entaires concernant la protection de la nature aux visiteurs de son m usée, surtout aux jeu n es, non seulem ent à l’aide de paroles, m ais aussi en attirant l’attention dans son exposition sur les espèces rares et m enacées d ’anim aux et de plantes, en m ettant sur les étiquettes des inform ations plus détaillées con cer­ nant leur vie et leur répartition géographique; il m arquait aussi les insectes avec des étiquettes de couleurs différentes: noires pour les nuisibles, vertes pour les utiles et blanches pour les „neutres” .

Parm i les nom breux dom aines de préoccupation relatifs à ce q u ’on ap ­ pelait la grande propriété terrienne, D zieduszycki s ’intéressait surtout aux forêts: il passait pour un très bon sylviculteur, connaisseur de la culture et de la protection de la forêt. II était égalem ent un dendrologiste com pétent, ce qu’il prouva en acclim atant dans les parcs entourant ses palais certaines espèces d ’arbres étrangères et de plantes ornem entales. Le parc dendrologi- que de K órnik, en G rande-Pologne, lui doit sans doute aussi plus d ’une idée créatrice. Ses idées sur la nature du pays, la sylviculture et la dendrologie sont contenues dans ses souvenirs non publiés, destinés à sa fam ille, lesquels selon son petit-fils, le prince Adam C zartoryski, ont une im portance scien ­ tifique incontestable. N otons que D zieduszycki appréciait beaucoup la tâche de sylviculteur. Il eut en 1874 l’initiative de créer à Lvov l ’E cole nationale de sylviculture, école m isupérieure q u ’il soutenait m oralem ent et m até­ riellem ent, et assistait aux exam ens de fin d ’études. En 1883 il a organisé et dirigé lui-m êm e une excursion des étudiants de cette école dans les forêts de Pieniaki pour leur présenter le caractère unique de ce com plexe forestier.

En tant que chasseur, sylviculteur et dendrologiste, il a contribué à l ’o r­ ganisation à C racovie d ’une exposition consacrée à la pêche, la chasse et la forêt; il a égalem ent présenté une collection „forestière” ainsi que des objets en bois fabriqués artisanalem ent à l ’E xposition A gricole de V ienne en 1860, puis en 1890 à l’Exposition Forestière de Vienne, ce qui lui a valu des diplôm es d ’honneur.

Toute la vie de W łodzim ierz D zieduszycki fut im prégnée de civism e, de patriotism e ardent, d ’esprit social et de générosité lo rsq u ’il s ’agissait du bien public. Il se préoccupait de l’avenir de la nation et de l ’E tat polonais, effacé de la carte de l ’Europe, m ais en la résurrection duquel il croyait. Il savait jo in d re des m anières de gentilhom m e à un esprit dém ocratique. N ’ai­

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m ant ni les habits élégants, ni le luxe superflu et le faste, il n ’allait pas en calèche tirée par quatre chevaux m ais en sim ple carriole à deux chevaux. Son style de vie était celui de l’ancienne gentilhom m erie, sim ple et sérieux. Il savait devoir son train de vie au travail du peuple, q u ’il payait d ’ailleurs généreusem ent.

En octobre 1848, lorsque la vague révolutionnaire du Printem ps des P eu ­ ples avait atteint C racovie, et ensuite la G alicie O rientale et L vov, les auto­ rités m ilitaires autrichiennes sous prétexte de m enus incidents survenus dans les rues com m encèrent des représailles envers les Polonais. En réponse, le peuple a pris les arm es et les rues se sont couvertes de barricades, derrière lesquelles surtout le prolétariat de Lvov com battit vaillam m ent. L a bataille se term ina le 2 novem bre par le bom bardem ent de la ville. Le gouvernem ent autrichien décréta l ’état de siège qui s ’est prolongé pendant presque deux ans. T outes les organisations polonaises ont été dissoutes et une g erm anisa­ tion forcenée com m ença. La langue allem ande devint obligatoire dans l’ad­ m inistration, et les institutions adm inistratives subirent l’affluence d ’une va­ gue de fonctionnaires étrangers que l’on fit venir de l’intérieur de la M onarchie. Ce fut pour la société le début d ’une période de découragem ent, renforcé par des querelles incessantes entre les populations polonaise et ukrainienne, laquelle dem andait le partage de la G alicie O rientale en deux provinces: polonaise et ruthène, et réclam ait sa propre université. Ces anta­ gonism es étaient savam m ent nourris par le gouvernem ent autrichien. Ainsi se term ina en G alicie le Printem ps des Peuples qui s ’est avéré ,,1’année de grandes illusions” .

A vingt-trois ans, D zieduszycki, qui n ’a jam ais aim é faire de la politique, qui évitait de prendre une part active aux m anifestations contre l’occupant, et dont les opinions étaient éloignées du radicalism e des conspirateurs de la G alicie Orientale, soutenait dans le fond de son coeur ce m ouvem ent révo­ lutionnaire, sym phatisait avec la dém ocratie en proclam ant l’idée de l’af­ franchissem ent des paysans, et en autom ne 1847 fut l’un des prem iers à abolir le servage dans tous les villages de ses dom aines de Z arzecze et de Poturzyca.

Le Printem ps des Peuples a attisé son patriotism e. Il voulut franch ir les Carpates pour se rendre en H ongrie et y prendre part à l’insurrection de Lajos Kossuth contre les Habsbourgs. Ce fut, paraît-il, Franciszek Sm olka, depuis 1848 le m eneur du m ouvem ent indépendantiste en G alicie, qui l’en a dissuadé. L ’appartenance du jeune m agnat à la G arde N ationale de Lvov constitue une autre preuve de ses sym pathies pour le Printem ps des Peuples.

Pour la deuxièm e fois le patriotism e de D zieduszycki s ’affirm a pendant l’insurrection de jan v ier 1863. Cette insurrection contre la R ussie s ’est éten­ due sur le Royaum e de Pologne, la Lituanie et la B iélorussie; la société polonaise de Galicie ayant seulem ent apporté son aide aux com battants. En G alicie se m ultipliaient des com ités d ’insurrection qui organisaient les p as­

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sages clandestins de frontière des groupes de volontaires et du transport d ’arm es, de vivres, de vêtem ents et d ’argent destinés aux insurgés. Le g o u ­ vernem ent autrichien prit des m esures sévères contre les co nspirateurs de G alicie et décréta l’état de siège. D es centaines de conspirateurs furent ar­ rêtés et subirent de lourdes peines. En 1864, les conseils de guerre en G alicie ont prononcé quelques m illiers de sentences contre les sym pathisants de l ’in ­ surrection. D zieduszycki, qui avait alors trente-huit ans, collaborait avec les conspirateurs de G alicie et parallèlem ent avec le gouvernem ent in surrectio n­ nel à V arsovie. C ’est par son interm édiaire que passait la correspondance de ces deux cam ps. A vec T adeusz D zieduszycki, il o rganisait l ’aide m até­ rielle pour ses com patriotes com battant de l’autre côté de la frontière, en faisant passer en fraude dans ses carrioles sur le territoire du R oyaum e des gens, des arm es, des uniform es et du ravitaillem ent. P endant une de ces actions, T adeusz D zieduszycki, qui faisait transporter des uniform es, des arm es et des m unitions, fut arrêté et passa une année à la prison de Lvov. P our l’organisation du passage des hom m es et des arm es D zieduszycki avait engagé à Z arzecze un plénipotentiaire spécial.

E n 1864, sous l’im pact des nouvelles parvenant des cham ps de bataille, qui annonçaient le déclin de l ’insurrection, et devant la terreur autrichienne dont tom baient victim es les sym pathisants de celle-ci, le courage de D zie­ duszycki a fléchi: il s ’est finalem ent rangé du côté des „B lancs” , ceux qui voulaient interrom pre la lutte. Avec Tadeusz, auparavant p rop ag ateu r fervent de l’insurrection, il accepta la m ission, im posée p a r le gouvernem ent in su r­ rectionnel, de liquider les stocks d ’arm es pour insurgés qui existaien t en G alicie O rientale. Ensuite, ils se sont tous les deux rendus à Paris pour expliquer aux politiciens conservateurs polonais groupés autour de l’H ôtel L am bert q u ’il ne servirait à rien de poursuivre cette lutte vouée à l ’échec. Sur le chem in de retour ils se sont arrêtés à V ienne, où ils ont été inop iné­ m ent convoqués à une audience auprès de F rançois-Joseph I, lequel inform é p ar son am bassade parisienne de leur m ission à l’Hôtel Lam bert, les a re ­ m erciés d ’avoir liquidé les stocks d ’arm es en G alicie et d ’avoir entrepris des dém arches po ur faire cesser l’aide à l’insurrection. C ette opinion a par la suite jo u é en faveur de D zieduszycki chaque fois q u i’il intervenait auprès de l’em pereur afin d ’obtenir une réducation des restrictions adm inistratives où des fonds pour les besoins du pays.

Après la chute de l’insurrection, D zieduszycki n ’a pas m énagé son ar­ gent lorsq u’il a fallu secourir les victim es du soulèvem ent patriotique; il prit sous sa tutelle des veuves et orphelins des insurgés ainsi que des infirm es. P our ces m érites, l’A ssociation de Vétérans M ilitaires, qui regroupait les anciens insurgés, l’a nom m é en 1878 son m em bre d ’honneur.

D zieduszycki ne se refusait pas aux tâches publiques, m algré son aver­ sion pour les fonctions représentatives, et surtout pour les contacts avec l’ad ­ m inistration autrichienne. Il prônait toujours l’unité et la bonne intelligence

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dans la société; souvent il se chargeait de réconcilier les parties en conflit. L ’em pereur, conscient du rôle que D zieduszycki jo u ait en G alicie, ne lui m énageait pas des tém oignages de son estim e. En 1877 il le nom m a conseil­ ler privé à la cour avec le titre d ’excellence, en 1881 il lui attribua une très haute distinction: l ’Ordre de la C ouronne de F er de Ie C lasse, et en 1884 il le nom m a m em bre héréditaire de la Cham bre des Seigneurs au Conseil de l ’Em pire. En hom m e m odeste et patriote ardent, D zieduszycki considérait ces distinctions com m e décoration et titres honorifiques, et ne prenait que très rarem ent part aux sessions viennoises.

Aussi longtem ps que la santé le lui a perm is, il passait en revue ses m étairies et ses forêts, en bon agriculteur et sylviculteur. Il fit de Zarzecze un centre d ’élevage célèbre en G alicie, et ses forêts étaient entretenues de façon exem plaire. En reconnaissance de cette activité, il fut nom m é à vingt- -trois ans, en 1848, m em bre d ’honneur de la Société Econom ique de Galicie. Au cours des années, d ’autres institutions sim ilaires l’ont égalem ent nom m é leur m em bre d ’honneur. L ’intérêt q u ’il portait au développem ent des connaissances dans le dom aine de l’agriculture, de l’élevage et de la sylvi­ culture l’a fait participer à l’organisation de l’Ecole Supérieure d ’A griculture de D ublany, à laquelle il a offert en 1860 une m agnifique bergerie. Il a aussi fondé en 1874 à Lvov, avec A dam Sapieha, l’Ecole d ’E xploitation Forestière dont il fut longtem ps le tuteur. Dans l’intention d ’élever le niveau scienti­ fique de l ’Ecole V étérinaire de Lvov, il offrit anonym em ent deux bourses aux agrégés, pour leur perm ettre d ’étudier à l’étranger les dom aines non développés encore en Pologne.

W łodzim ierz D zieduszycki établissait dans ses villages des écoles et des hôpitaux, accordait des bourses aux jeunes paysans polonais et ruthènes pour leur perm ettre de poursuivre leur instruction dans les écoles secondaires et supérieures. En 1869 il offrit au Conseil Scolaire National une bibliothèque pédagogique et éducative.

Avec le tem ps, à sa passion pour l’ornithologie et pour le dévelopem ent de son m usée s ’ajouta une autre préoccupation im portante: il se m it à orga­ niser en Pologne et à l ’étranger des expositions de produits agraires et in­ dustriels ainsi que de produits folkloriques.

Au début, il organisa lui-êm e des expositions de m oindre im portance pour présenter les produits de ses dom aines. Il a organisé la présentation d ’une race anglaise de cochons am éliorée dans son dom aine de Zarzecze, une dém onstration de la bergerie m odèle offerte à l’E cole Supérieure d ’A ­ griculture, l’exposition des produits agricoles et industriels de G alicie en

1880 à K ołom yja. Il a organisé aussi des expositions sim ilaires en 1884 à T arnopole et plusieurs fois à Lvov et à Cracovie. Il a présenté égalem ent des produits agricoles et artisanaux à quelques expositions étrangères de m oindre im portance, entre autres à Berlin (1860), St. Pétersbourg (1881), V ienne (1880), et à l’Exposition de la Société d ’O rnithologie à V ienne

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(1884). Trois expositions d ’im portance m ondiale à V ienne (1873), Paris (1878) et Lvov (1894) lui ont valu l ’opinion d ’un excellent agriculteur, a m a­ teur et connaisseur de l’art populaire; elles lui ont aussi valu beaucoup d ’é ­ loges, lettres de rem erciem ents et m édailles.

En 1873, Dzieduszycki fut invité à organiser la section de Galicie à l’E x­ position Universelle de Vienne, dont l’em pereur François-Joseph I assurait le patronage. Il y fit envoyer, à côté des produits agricoles et industriels de Galicie, de précieux produits folkloriques, entre autres 53 costum es des paysans de G a­ licie, une collection d ’oeufs de Pâques décorés à la main et des objets produits par les artistes populaires en bois, en argile et en cuir. Il présenta aussi à l’ex­ position 80 oiseaux parmi les plus rares et singuliers, tels des corbeaux blancs, des alouettes blanches, des hirondelles blanches et d ’autres spécim ens térato- logique qui ont suscité un grand intérêt parmi le public.

Les organisateurs viennois de l’Exposition ont été tellem ent confondus en voyant l ’ensem ble des spécim ens présentés par D zieduszycki que, jalo u x du succès présum é, afin de ne pas voir réduite la valeur de l’industrie p o ­ pulaire des pays allem ands de la M onarchie, ils ont décidé de m ontrer la vie des peuples de la M onarchie dans son aspect global et ont tenté d ’inclure la collection de G alicie dans l’ensem ble de l’exposition, qui aurait été sec­ tionnée selon les sujets, et non par territoires. A insi la collection de G alicie aurait été dém em brée et dispersée dans plusieurs sections. D zieduszycki s ’y opposa avec énergie; il écrivit anonym em ent une brochure intitulée „La G a­ licie et l’Exposition U niverselle à V ienne en 1873” , en obten ant p ar cette voie le soutien du directeur du M usée des Arts et M étiers de V ienne, un des organisateurs de l’Exposition, le professeur W ilhelm Exner, grâce auquel la collection de G alicie fut exposée intégralem ent. D zieduszycki fit venir à cette exposition un groupe d ’instituteurs de G alicie.

L ’exposition de D zieduszycki a eu un grand succès à V ienne. Les é tra n ­ gers, surtout A nglais et A m éricains, ont passé de nom breuses com m andes pour les produits d ’art, à quoi D zieduszycki, par crainte de voir cette cré a ­ tivité populaire se transform er en industrie, ce qui signifierait sa banalisation, répondit que l’usine produisant ces objets avait subi un incendie, et que la production ne serait point reprise. Pour avoir présenté une collection aussi intéressante, il reçut du gouvernem ent français la Légion d ’H onneur avec le titre d ’officier de l’instruction publique. Encouragé p ar ce succès, il organisa en 1884 l ’E xposition Industrielle N ationale à Lvov, où fut présentée l’in­ dustrie galicienne dans le dom aine des m achines, de l’agriculture et de l’art populaire. Il reçut pour cette exposition le titre de citoyen d ’honneur de la ville de Lvov. L a section ethnographique am énagée par D zieduszycki a rem ­ porté un grand succès à cette exposition. Il y présenta des costum es popu­ laires, de la céramique, des tapis-kilims, etc., et à l’extérieur du paviollon, il exposa plusieurs dem eures paysannes, fidèlem ent reconstruites, avec des fi­ gures de ferm iers, présentant une im age fidèle de la cam pagne galicienne.

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W łodzim ierz D zieduszycki avait un grand sens du beau; il était sensible à l’esthétique de la form e et de la couleur. En 1876, il organisa à K ołom yja l ’Ecole N ationale de la Poterie, en choisissant pour son directeur l’artiste populaire Bachm inski. Il a égalem ent organisé une école de poterie à Sokal, et en confia la direction au potier local, paysan sans éducation m ais au goût esthétique très sûr. D zieduszycki initia aussi la fondation du M usée de l ’In ­ dustrie A rtistique à Lvov, qui réunissait de vrais ch efs-d ’oeuvre d ’art popu­ laire et stim ulait le développem ent de l’industrie artisanale. Il espérait inté­ resser l’étranger par cette production et am éliorer ainsi la situation m atérielle des paysans de Galicie.

Pendant les deux dernières décades de sa vie laborieuse, D zieduszycki a aussi assum é le patronage d ’autres expositions. A vant l’ouverture, en 1884, de l’Exposition U niverselle N ationale de Lvov, voulant activiser ,,1’inteli- gentsia” des villages, et surtout le corps enseignant, il organisa en 1883 un concours de m onographies traitant des po w ia t (unités adm inistratives) de G alicie qui étaient alors au nom bre de 74. Le concours apporta 16 ouvrages, dont 6 reçurent des prix. Cette initiative de D zieduszycki a beaucoup anim é le m ouvem ent intellectuel et ethnographique, surtout parmi les enseignants.

Du vivant de D zieduszycki, le M usée était divisé en sept sections: zoo ­ logique, botanique, paléontologique, géologique, m inéralogique, préhistori­ que et etnographique. A l’époque de l ’entre-deux-guerres, en m ettant ensem ­ ble les collections paléontologiques, géologiques et m inéralogiques, on a réduit ce nom bre à cinq. A présent, les collections des sections préhistorique et ethnographique ayant été transm ises aux m usées de l ’A cadém ie U krai­ nienne des Sciences voués à ces disciplines, il reste seulem ent trois sections: zoologique, botanique et paléontologique, dont le status est uniquem ent scientifique.

Au début, au prem ier étage du M usée se trouvaient douze salles, dont deux contenaient les collections zoologiques de vertébrés, quatre - les col­ lections botaniques et les six plus grandes - les collections ornithologiques. Le second étage était occupé par les collections m inéralogiques, géologiques, paléontologiques, préhistoriques et ethnographiques. Tous les spécim ens p ro ­ venaient des territoires qui appartenaient à la Pologne avant les partages, c ’est-à-dire avant 1772.

L a section zoologique était la plus ancienne et la plus riche. En 1895, quatre ans avant la m ort du fondateur, elle com ptait 8 328 espèces anim ales représentées par 38 225 exem plaires, et ju s q u ’en 1939, selon le directeur Jan Kinel, cet inventaire a presque triplé. La collection d ’oiseaux présentait la plus grande valeur scientifique. Les sujets, de différent âge et des deux sexes, étaient exposés pour la plupart sur un fond naturel, avec leurs nids et leurs oeufs. Il y avait certaines espèces m aintenant disparues de ces ter­ ritoires. Presque tous les vertébrés, et surtout les oiseaux, étaient préparés d ’une m anière artistique par W ładysław Zontak et par ses successeurs; quel­

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Włodzimierz Dzieduszycki. La vie et l ’oeuvre 57

ques-uns, égalem ent de façon im peccable, p ar le fondateur lui-m êm e. En 1907 l’inventaire des vertébrés était le suivant: 56 espèces de poissons, 15 - de batraciens, 10 - de reptiles, 295 - d ’oiseaux, 60 - de m am m ifères, et parm i eux beaucoup de spécim ens rares ou espèces introuvables. L a c o llec­ tion d ’invertébrés, surtout celle des insectes, était égalem ent très intéressante. E n 1907, il y en avait 7 420 espèces (931 152 spécim ens). Les collections étaient ordonnées selon l ’échelle de G eorges C uvier, en com m ençant p a r les groupes supérieurs.

D zieduszycki ne se repliait pas sur les intérêts de son propre m usée, m ais offrait volontiers les doubles de ses spécim ens préparés aux autres m usées nationaux. On signale q u ’il faisait des échanges avec W ładysław T aczanow ski au profit du C abinet Z oologique de V arsovie, avec M aksy m i­ lian Siła-N ow icki au profit du M usée de la C om m ission P h ysiographique de l ’A cadém ie des Arts et des M étiers cracovienne, et avec F ranciszek C hła­ pow ski au profit de la Société Poznanienne d ’A m is des Sciences.

L a section botanique était beaucoup m oins riche, quoique égalem ent intéressante. Elle englobait des collections de botaniciens de L vov acquises p a r D zieduszycki, parm i lesquelles l ’herbier du professeur Jacek L obarzew - ski était le plus riche: il contenait 2000 espèces de plantes représentés par environ 10 000 spécim ens.

Très riche égalem ent, la section paléontologique présentait surtout les vertébrés. Ces collections ont fait l’objet d ’im portants ouvrages scientifiques de chercheurs tels que Zejszner, G rzybow ski, Siem iradzki, N ow ak, Fried- berg, R ogala et autres. L ’extraction en 1907 des couches d ’o zocérite à Sta- runia et l’étude anatom ique du corps entier d ’un rhinocéros poilu et d ’un squelette de m am m outh ont value au M usée une renom m ée m ondiale.

D zieduszycki voulait présenter au public non seulem ent l ’im age con tem ­ poraine de la terre, m ais aussi son passé, afin d ’en conserver le plus possible pour l’avenir - com m e il avait l’habitude de dire. Afin d ’offrir une vue d ’ensem ble, il a décidé de créer aussi une section d ’;archéologie. L a section préhistorique (archéologique) n ’était pas grande, m ais d ’une grande im por­ tance. Elle com prenait divers objets provenant d ’anciennes nécropoles et de tertres funéraires, et des objets décoratifs en m étal de diverses époques de notre histoire. Cette section s ’en enorgueillait de posséder le „trésor de M i­ chałków ” , découvert en 1878 dans un village portant ce nom à la frontière de la Podolie et de la B esarabie par une jeu n e bergère, acheté ensuite par Z ontak pour le m usée. Il était constitué par environ 5 kilos d ’objets en or, et parm i eux une couronne royale enrichie d ’ornem ents, cassée en m orceaux. C ’était, selon les archéologues polonais et viennois, le trésor d ’un des rois scythiques qui avait établi son cam p sur ces terres au IV e ou au V e siècle avant J. Ch. D zieduszycki estim ait que cette précieuse acquisition tém oignait d ’une haute culture existant sur le territoire polonais aux tem ps anciens, p u isq u ’un roi scythique y était venu et s ’y était installé. Au sujet de ce trésor

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D zieduszycki a pronocé un exposé au prem ier Congrès d ’historiens à Cra- covie. En 1897, les paysans du m êm e village ont déterré un autre trésor en or, m oins im portant, dont Zontak a acheté une partie pour le m usée. Ces trésors ont été pour des raisons de sécurité placés à la B anque hypothécaire de Lvov. A ujourd’hui ils se trouvent probablem ent à Petersbourg.

L a section ethnographique a été organisée la dernière, après les exposi­ tions universelles de V ienne et de Paris, lorsque D zieduszycki a constaté l’intérêt que suscitaient les objets fabriqués par les paysans de G alicie selon les traditions ancestrales. Plus tard, personnellem ent ou bien p ar l’interm é­ diaire de ses collaborateurs, il achetait dans les foires ou aux artisans, qui étaient p arfo is de vrais artistes, divers objets p o u r en rich ir son m usée.

M algré sa m o d estie et sa tim id ité, D zieduszy cki ne s ’e n fe rm a it pas dans le cercle restrein t de ses propres p réo ccu p atio n s de sav an t et de m uséologue, m ais p ren a it largem ent part à la vie scien tifiq u e. II a p a rti­ cipé en tre autres en 1866 au p rem ier C ongrès de m édecins et de n atu ra­ listes à C racovie où il prononça un exposé sur les cu riosités de la faune de G alicie et sur ses propres co llectio n s. En 1875, il fut parm i les o rg a ­ nisateurs du IIe C ongrès de m édecins et de n aturalistes. Ce co ng rès devait se ten ir à P oznan, m ais les au to rités p ru ssiennes l’ayant in terd it po u r des raisons p o litiq u es, ce sont les m éd ecin s et les natu ralistes de Lvov qui en assu rèren t fin a lem e n t l’org anisatio n. L e C ongrès a duré c in q jo u rs et réuni 485 p articip an ts venus des trois zones occupées de P o log ne. D z ie ­ duszycki a co u vert discrètem ent la m ajorité des frais de ce C ongrès. Les particip an ts ont visité le M usée et com blé d ’éloges son cré a te u r. D z ie ­ duszycki a égalem en t pris part aux IIIe et IV e C ongrès. Au V L C ongrès à Lvov, en 1888, dans l ’o rgan isatio n duquel, m algré la p ro g ressio n de sa m aladie, il avait m is beaucoup de son initiative et avait fin an cé la plupart des d épen ses, il présid a la session de sciences naturelles et p ro n o n ça un exposé sur les m igration des oiseaux.

D zieduszycki a particip é aussi à plu sieu rs congrès intern atio n au x , sur­ tout ornithologiques, et au congrès de la Société anthropologique de Vienne, où en 1884 il prononça un exposé sur les form es, les ornem ents et l’art d ’exécution des objets préhistoriques sur le territoire de G alicie. Il voyageait assez souvent en A utriche, A llem agne, Hongrie et sur la côte de l’A driatique, en y visitant les m usées et nouant des relations avec des ornithologistes.

Il a eu non seulem ent le m érite d ’avoir offert ses collections à la nation, m ais aussi celui d ’avoir assuré en 1893 „à perpétuité” les m oyens m atériels de l’existence du M usée en chargeant des frais de son entretien le M ajorat de Zarzecze-Poturzyca. Il destina à cette fin la somm e annuelle de 12 000 cou­ ronnes, suffisante au fonctionnem ent du M usée à l ’époque des partages, mais qui à l’époque de l ’entre-deux-guerres, à cause de la dévaluation, est de­ venue insuffisante pour entretenir le M usée en bonne condition.

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