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La Réception de la poésie grecque dans la Pologne des XVIe et XVIIe siècles

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Janina Czerniatowicz

La Réception de la poésie grecque

dans la Pologne des XVIe et XVIIe

siècles

Literary Studies in Poland 15, 81-91

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Jan in a C zerniatow icz

La R éception de la poésie grecque dans la

P o lo g n e des X V Ie —X V IIe siècles*

Avec la culture latine, la littératu re polonaise de l ’époque de la R enaissance a abso rbé égalem ent, d an s une certaine m e­ sure, la science et la culture grecques, et ce, soit au travers de trad u c tio n s latines, soit directem ent à p a rtir de textes écrits en grec, im prim és ou com m entés p ar des cours. O u tre les disciplines scientifiques qui on t pris leur d ép a rt à p a rtir des sources grecques, à l’exem ple des foyers de l’hum anism e de cette époque, les belles lettres aussi on t participé à cette réception.

L ’objet de ce travail, ce sont les m anifestatio ns de l’intérêt po rté à la littératu re grecque, et particulièrem ent à ses genres poétiques — ainsi que les m éthodes em pruntées p o u r sa réception. La to talité de ce phénom ène, dans le dom aine de la science et de la cu ltu re grecque, nous l’appellerons grécistique, a eu égard à la diversité des form es que cet intérêt a revêtues. P ar ce term e, nous co m p re n d ro n s donc le traitem ent des textes grecs sous diverses form es: édition de texte, trad u c tio n , im itation, com m entaire, d é­ m arches auxiliaires servant la connaissance de la langue et du m onde de l ’A ntiquité, l’enseignem ent, la p ro d u c tio n de l’édition, la collection des textes, leur circulation, les études linguistiques et littéraires.

C e processus s ’est fait à p a rtir des grands centres de ces c o u ra n ts nouveaux qui s ’étaien t su rto u t concentrés en Italie, où la «découverte» de la litté ra tu re grecque avait ébloui les hum anistes

* C e tex te c o n stitu e le ch ap itre d ’in tr o d u c tio n du livre: R e cep cja p o e z ji g re c k ie j w P o ls c e X V I — X V I I w ieku , W ro cła w 1966.

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et avait fait de la langue grecque un élém ent indispensable d 'u n e b onne éducation. C ’est là q u ’on a com m encé à trad u ire en latin, à collectionner des m anuscrits, à éditer des textes. L ’activité ex trao rd i­ nairem ent intense dans la sphère de la trad u c tio n a d o n n é naissance à des points de vue divergents sur la concep tion de celle-ci.

N os hum anités qui s ’étainent fam iliarisés, p ar leurs études en Italie, avec les nouvelles directions prises p ar l ’éd ucatio n — lesquel­ les n ’englobaient plus seulem ent la littératu re latine, m ais aussi la grecque — ont ra p p o rté en Pologne, y o n t acclim até cet intérêt p o u r la culture grecque. A près cette époque de l’in tro d u ctio n de la connaissance de cette langue, et après différentes tentatives de fam iliarisation avec les oeuvres grecques à travers de trad uction s latines, la P ologne est entrée, vers la m oitié du X V Ie siècle, dans l'époque d ’une certaine contin u ité de réception des lettres grecques, to u t en y op éran t un choix fondam ental. D ans le dom aine de la prose, on a préféré les écrivains-m oralistes et les oeuvres à la thé­ m atique narrative qui renvoyait parfois à l’actualité sociale ou politique. P lu tarqu e, Lucien, certaines m anifestations rom anesques com m e Les Ethiopiques d ’H éliodore, Isocrate et, d ans une m oindre m esure, D ém osthène o n t exercé un attra it qui ne s ’éteignait pas. En poésie, on a accordé un grand intérêt à ce q u ’on appelle m ain ten an t les form es m ineures: bucoliques, anacréontiques, épi- gramm es.

La réception des lettres grecques a d on né lieu à la connaissance des genres et des form es de la prose littéraire tels que le traité m oral ou pédagogique, le dialogue, l’apophtegm e, le récit biographique; en poésie fut intro d u ite la connaissance de l’épopée, du dram e, de l’épigram m e, de l ’an acréontiqu e et de l ’idylle, et des contenus afférents.

Le processus de cette réception s ’est accom pli selon des voies nom breuses, à travers les trad u ctio n s latines, les trad u ctio n s et les im itations en polonais, l'étu d e de la langue, l ’exégèse des textes originaux, leur im pression, et, enfin, p a r l’accum ulation d ’oeuvres grecques originales ou traduites. L ’exam en des m éthodes d ’approche des textes grecs nous do nne l ’im age du passage d ’une trad u ctio n latine philologique à une trad u ctio n polonaise libre, et m êm e au rem aniem ent polonisé, q u o iq u ’il y ait aussi des exemples sporadiques de restitution fidèle de l’original. O n est rarem en t sorti de ces

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L a R é cep tio n de la p o é s ie g re cq u e dan s la P ologn e 83 formes le plus souvent littéraires p o u r entrer d ans le dom aine des travaux strictem ent philologiques. Ceux-ci, nous les tro u v o n s chez Józef Strusiek, un des nos ém inents m édecins de la Renaissance, qui, dans les trad u c tio n s en latin de G alien s’est livré à une critique du texte, en se so uciant de la correction de la traduction. N ous les trouvon s aussi chez K ochanow ski qui a recréé le texte de la trad u ctio n cicéronienne des Phénomènes d ’A rato s sur la base du texte grec. N ou s la trouvons, enfin, dans les initiatives prises par Szym onowie en m atière d ’édition. P arm i les travau x stricte­ m ent philologiques, il faut égalem ent com p ter les trad u ctio n s en latin qui exigeaient une pleine connaissance des deux langues et qui s’efforçaient de restitu er fidèlement le texte original. Parm i les travaux les plus im p o rtan ts, il convient de citer ceux de M. K rom er et de S. H ozjusz (des trad u ctio n s de plusieurs lettres de Jean C hrysostom e), de S. M arycjusz (traducteu r de D ém osthène), de S. W arszewicki (traducteur du ro m an d ’H éliodore), de F. M asłowski et de S. Ilowski (traducteurs d ’oeuvres rhétoriq ues de D em etrios) ou de J. G rodecjusz (la C athéchèse de Cyrille de Jeruzalem ) et de S. B irkow ski (trad u cteu r de textes rh étoriqu es de D ionisos d ’H alicarnasse).

En Pologne, la réception des lettres grecques s ’est su rto u t faite sous form e de trad u c tio n s diverses. Aussi devons-nous nous arrêter un peu à ce problèm e de la trad u ctio n .

En faisant la connaissance, de la littératu re grecque à partir des centres de l’hum anism e européens et en greffant cette connaissance sur le sol n ation al, no s hum anistes o n t égalem ent ad o p té des m éth o­ des diverses de trad u ctio n .

Le concept m êm e de trad u c tio n qui se précisa dans la Rom e antique d an s les d éclarations de C icéron, d ’H orace et qui a été pensé à la fin de l’A ntiquité p a r saint Jérôm e com m e une resti­ tution fidèle du con ten u et de la form e qui l’accom pagne, ce concept a changé de position au M oyen Age, il est devenu la version verbale, le «m o t à m ot» qui allait m êm e parfois ju s q u ’à détru ire de sens du texte. L a conceptio n classique prim itive s’est m anifestée à nouveau à l ’époque de la R enaissance lo rsq u ’on s’est mis à ad a p te r la littératu re antique gréco-latine, et ensuite les littératu res grecque et latine aux langues n atio nales; m ais alors sont nées des divergences, des différenciations dans la conception

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et les m éthodes de la trad u ctio n . O n a distingué le dom aine des textes bibliques ou l'on a co ntinué à exiger une trad u c tio n littérale (quoique, visiblem ent, il y ait eu parfois dans ce d om ain e aussi des hésitations q u an t au degré de littéralité) et des tentatives d ’application du p o stu lat de st Jérôm e qui m ettaient au prem ier plan le souci d ’une restitu tio n fidèle du sens. A côté de cette direction — celle d ’une trad u c tio n philologique fidèle q u ’on a égale­ m ent appliquée dans les trad u c tio n s latines d ’oeuvres au contenu strictem ent scientifique (d’A ristote, de Ptolém ée, de G alien etc.), sont app arues de nouvelles tendances qui voulaient saisir le conten u et l’exprim er dans des co rresp o n d an ts équivalents à la langue o ri­ ginale. U ne distinction supplém entaire est survenue ici à travers l ’intro d u ctio n graduelle d ’une to tale liberté d an s la trad u c tio n des oeuvres littéraires. C ’est ainsi que ces hum anistes allem ands qui vivaient tous deux au X V e siècle, H einrich Steinhôw el (trad ucteur d ’Esope et du ro m an Appolonius, roi de Tyr) et A lbrech t von Eyb (dans des trad u ctio n s de plusieurs com édies de P laute) ont tra n s­ form é l’original à leur façon, en s ’efforçant de le rend re accesible à la com préhension des lecteurs et en tra ita n t le travail du trad u cteu r com m e un m oyen d ’éd ucation et d ’enrichissem ent de la langue nationale. U ne telle conception du rôle du trad u c teu r s’est géné­ ralisée dans la France du X V Ie siècle et elle s ’est exprim ée dans la thèse d ’E. D o le t1 et d an s les A rts poétiques de J. D u B ellay 2, de Th. S ib ilet3, et de J. P e le tie r4 qui o n t développé des p oints de vue sem blables. L ’oeuvre étrangère ne devait être q u ’un recueil de m atériaux à l’usage du trad u c teu r ou du p oète d o n t la tâche consistait, non en une restitu tio n fidèle de l ’oeuvre trad u ite ou du m odèle imité, m ais en une exploitation de ce m atériau p o u r l ’enrichissem ent et la fo rm atio n de la littératu re nationale.

Le problèm e de la trad u c tio n d an s les arts poétiques du X V Ie siècle n ’est ap p a ru q u ’occasionnellem ent com m e une conséquence des règles qui y avaient été fixées. En effet, la trad u c tio n ne

1 E. D o l e t , M a n iè re d e bien tra d u ire d'une langue en l'a u tre , vers 1540. - J . D u B e l l a y , D éfen se e t illu stra tio n d e la langue fran çaise, 1549, ainsi qu e sa préface au recueil de p o é sie s L ’O liv e, 1549.

' T . S i b i l e t , A r t p o é tiq u e fra n ç o is p o u r l ’in struction d e s je u n e s s tu d ie u s ..., P aris 1548 (il est une autre v ersio n du n o m de l ’auteur: S eb illet).

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L a R écep tio n de la p o é s ie g re cq u e da n s la Pologne 85 faisait pas partie des principes discutés dans ces arts poétiques, elle app araissait parfois com m e une des form es de l ’éducation d ’un poète. O n a ad o p té com m e principe fondam ental l'im itation des chefs d ’oeuvre de l’A ntiq uité — Yim itatio — qui consistait en une connaissance aussi proche que possible de ces oeuvres, en une convivialité avec elles et en un recours à ces sources. Il ne doit pas nous être indifférent q u ’un des principaux arts poétiques de la R enaissance, celui d ’A ngelo Poliziano p o rte l’appellation N utri- cia - Sylva cui litulus Nutricia. Argum entum de poetica et poetis.

Le term e d o n t ne cessent de faire usage ces arts poétiques — imitatio —ressort d ans une dou ble signification: il co rresp on d à la pipr\oic, d ’A ristote, désignant l’essence de l’art poétique — rep ré­ sentation de choses inventées a l’exem ple des choses vraies — et, dans une deuxièm e signification,. il concerne la m éthode de co n sti­ tu tio n de l’art poétiq ue à travers la conform ation à un m odèle (c’est ce q u ’indiquent en tre autres les arts poétiques de J. C. Sca- lig e r5 et de J. P o n ta n u s 6. C ’est dans ce sens exclusif que D u Bellay a utilisé les term es ‘im itation, im iter’ d an s sa D éfense et Illustration de la langue française qui a exercé une si grande influence sur le développem ent de la littératu re française en définissant le ra p p o rt aux m odèles et en exigeant une création littéraire dans la langue nationale.

P o n tan u s a résum é les opinions des auteurs d ’arts poétiques et il a désigné la tra d u c tio n du grec en latin et l’inverse com m e éta n t une des façons d ’édu quer le style poétique, une façon qui perm et de bien se fam iliariser avec les élém ents du style et qui fourn it la m atière de cette imitatio. A la m oitié du X V Ie siècle, en plein élan ém an cipateur des langues nationales, cette m éthode a revêtu des form es spécifiques. C ette direction a été jalo n n ée p a r des poètes précoses. M arc Jérôm e V ida exige q u ’«on ap p o rte des riches dépouilles d an s sa p atrie » :

[...] veteres A rg iv a q u e régna

E xp lorare o cu lis, et o p in a m avertere gazam

In L atium a tq u e d o m u m Iaetum sp o lia am p la referre7.

J. C . S c a l i g e r , P o e tic e s libri V i l , L. V, 1: « D e im ita tio n e et iu d ico » . 6 J. P o n t a n u s , P o e tic a ru m in stitu tio n u m lib ri III, L. I, 10: « D e im ita tio n e et q u en am q u o q u e p a c to im itan d a».

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On en trouve un écho ultérieur chez D u Bellay qui écrit dans D éfense... (L. II, chap. II) à p ro p o s de la langue française: «le m oyen de l ’enrichir et illustrer, qui est l’im itation des G recs et R om ains» — et c ’est aussi ce q u ’exigera P o n tan u s (L. I, 10): «ut illustria quaedam exem pla p ro p o n a m u s [...] et [...] ad n o stra scripta transferam us».

Voilà que ce p o stu lat de l’im itation et du recours aux modèles a p o u r effet que la trad u ctio n , fût-elle assignée à un m odeste rôle auxiliaire, com m ence à p ren d re une p art sensible à l’activité de l'im itation et q u ’elle in troduit d an s la littératu re n atio nale des textes antiques qui sont, soit trad u its fidèlement, soit m odifiés ou carrém ent rem aniés. C ela eut une influence p ar ailleurs sur le traitem en t de la trad u c tio n en tan t q u ’ad a p ta tio n d ’une oeuvre trad u ite p o u r les besoins du milieu national.

Q uoique, p ar la n atu re des choses, les arts poétiques ne se soient pas occupés de la technique de la trad u ctio n , q u ’ils se soient limités, com m e je l’ai m entionné, à indiquer son rôle m odeste d ’exercice, m algré to u t, ces arts poétiques o n t indiqué la voie de nouvelles form es de travail littéraire. En effet, une conception avait vu le jo u r, que D u Bellay reco nnaissait: il ne faut pas trad u ire les oeuvres poétiques, car la beauté de leur texte original est intrans- posable; on co m prenait cepend ant que les trad u ctio n s fussent utiles à ceux qui n ’avaient p as la possibilité de se fam iliariser avec les originaux.

Des érudits de cette époque, spécialistes des textes antiques, on t pu form uler sous diverses form es une conception ad é q u ate de la traductio n. P o u r dépister ces conceptions, il fau d rait exam iner sur un long espace de tem ps les préfaces que ces érudits o n t écrites p o u r leurs trad uctions. C om m e, cependant, on voit croître, en ce X V Ie siècle, l’intérêt p our les textes bibliques, q u ’on voit se m ultiplier les éditions et les trad u ctio n s de grec en latin et dans les langues nationales, et ces oeuvres être soum ises à une étude exceptionnellem ent attentive et à une critique sévère, il est p ar conséquent extrêm ent facile de saisir les opinions émises sur la trad u ctio n au sens p ro p re de ce m ot. N o us tro u v o n s ju stem en t définition claire des types de trad u ctio n dans un opuscule qui s’occu­ pe, pour la prem ière fois, de ce q u ’on appelle une in tro du ction aux études bibliques. Son au teu r, Sixte de Sienne, cite dans cette

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L a R écep tio n de la p o é s ie g re cq u e dan s la P ologn e 87 Bihliotheca sancta (Venise 1566), au ch ap itre intitulé «D e transla- tione sancta», les deux types de trad u c tio n : il recom m ande la traductio n littérale, fidèle des textes bibliques:

F id eli interpreti d eb itu m et n écessita s in cu m b it, ut verbum de v erb o fidelissim e reddat f...] p ropter verb oru m ord in em et in n um era m ysterioru m sacram enta [ ... cette trad u ction s'o p p o s e à c e lle d es auteurs laïcs c h ez qui] su m m a sit laus, ut non verbum de verb o (id en im saepe ab su rd am reddit tra n sla tio n e m ) sed sen su m de sensu a p p o site et elegan ter exp rim ât (pp. 64 — 65).

De ces deux types différents de trad u ctio n , le dernier était appliqué dans les trad u c tio n s de grec en latin ; par co ntre d an s les élab o ratio n s en langue nationale, on assistait à la fusion de l'in ten tio n de trad u c tio n et de la règle de Yim itatio, ce qui m enait à une trad u c tio n libre qui m odifiait, rem aniait l ’oeuvre originale ou bien à une in troduction, d ans des oeuvres pro pres de parties em pruntées à des textes antiques.

Le problèm e de la trad u ctio n , en P ologne reflète la situation régnan t dans les centres européens. D éjà dans le ch apitre d ’in­ tro d u ctio n d ’un traité — écrit en latin, sur l ’orth o g rap h ie polonaise — de Ja k u b P arkoszow ic (vers 1440), un anonym e attire l’atten tio n sur ce fait: la pensée de l’original doit parfois être rendue p a r des expressions, une co n stru ctio n différentes, conform ém ent aux p a rti­ cularités de la langue don n ée; il exige q u ’on ne traduise pas m ot à m ot. m ais q u ’on rende fidèlem ent le vrai sens du texte, et il s’en réfère à l’opinion de saint Jérôm e, de C icéron et d ’H o ra c e 8. Au X V Ie siècle, d ans l'a d a p ta tio n du P seudo-Lucien Dialog Pali- nura z Charonem {Le dialogue de P. et de Ch.) et Z yw o t Ezepa {La Vie d ’E.) faites p ar B iernat de L ublin nous percevons déjà l’influence des conceptions libérales de Steinhôwel. Et depuis la m oitié du XVIe siècle, les trad u c tio n s polonaises de P lutarq ue, de Lucien, des épigram m es, des anacréontiques, des idylles indiquent une généralisation de la tendance à une plus grande liberté allant ju s q u ’à l’a d a p ta tio n et aux rem aniem ents au nom du principe

d 'im itâ t io.

Ici et là, on peu t trouv er des déclarations de nos écrivains à p ro p o s des profits que p eut tirer le polonais des tradu ction s

x C ité par P. G r z e g o r c z y k , « P ro b le m a ty k a tłu m aczeń » (Les P rob lèm es des tra d u c tio n s). |d an s:] O sztu c e tłu m a c ze n ia , W ro cła w 1956, pp. 4 5 0 — 451.

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à p artir de ces langues étrangères^. Les difficultés de la trad u c tio n sont plus souvent com m entées p ar les biblistes qui sont aux prises avec la discipline de la tra d u c tio n fidèle, littérale des textes sacrés et avec les exigences de la langue nationale. Les uns ne disent rien de l ’activité m êm e de la trad u c tio n , les autres ne parlent que de la trad u ctio n littérale. Deux déclarations de la m oitié du X V Ie siècle éclairent davan tage en nous m o n tra n t ce q u ’on savait chez nous des types de trad u c tio n en nous m o n tra n t ce q u ’on savait chez nous des types de trad u ctio n et en nous désignant les c o n ­ ceptions dom inantes.

Sim on M arycjusz, trad u c teu r de D ém osthène, explique d ans sa préface à la trad u c tio n latine du discours De pace (1546) q u ’il a choisi un type interm édiaire entre la p arap h ra se et la trad u c tio n littérale, q u ’il ne s’en est pas tenu rigoureusem ent au m ot à m ot, m ais q u ’il a restitué fidèlement la pensée. Il écrit (D4b):

N e q u e illud in terpretandi gen u s, q u o d n a g d tp ę a o w . n eq u e q u o d x a x à nôôaQ d icu n t G raeci, se cu tu s sum . E legi m ed iu m q u o d d a m (app ellan t eQfirjveiav) q u o d non su p erstitio se verba ad n u m eran s, fideliter se n ten tia m inquirit.

De toute évidence, cet hom m e érudit a eu recours aux sources des théories littéraires, et il a rem onté, au-delà des au teurs latins, ju s q u ’aux rh éto riq u eu rs grecs qui étaient déjà co nn us à cette époque. On a appliqué chez nous ce type de trad u c tio n aux trad u c tio n s de grec en latin ; m ais p o u r la réception en langue polonaise, la form e la plus fréquente était la trad u c tio n -ad ap tatio n . Sur la m éthode d ’un tel travail, sur les réflexions afférentes, sur les opinions qui avaient cours alors, nous trouvo ns un passage intéressant écrit p ar un anonym e co n tem p o rain de M arycjusz, trad u c teu r en langue po- naise des traités de P lu tarq u e sur l’am itié. D ans sa préface à l’un de ces traités, Przyjaciela od pochlebcę ja k o rozeznać (C om m ent reconnaître l ’am i du flatteur, C racovie, vers 1557), cet anonym e écrit (c. A2 — A3):

U n jo u r , en lisan t P lu tarq u e, je su is to m b é sur d es livres qui d isen t c o m ­ m en t recon n aître l ’am i du flatteur et je les ai pris p ou r les traduire en p o lo n a is. M ais en su ite, q u and j ’ai d em a n d é l ’avis de gens instruits, ceu x -ci m ’ont c o n se illé

y Cf. L. P s z c z o ł o w s k a. J. P u z y n i n a . « T łu m a c z e O d ro d zen ia o sw o ic h p rzek ła­ d ach » (L es T radu cteu rs de la R en a issa n ce sur leurs tra d u c tio n s), P o ra d n ik J ę z y k o w y , 1954, c. 9; B. N a d o l s k i , « D o k o ła prac p rzek ła d o w y ch w X V I w iek u » (A u tou r d e tra d u c tio n s de X V I e s.). P a m iętn ik L ite r a c k i, 1952, c. 1/2.

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L a R é cep tio n de la p o é s ie g re cq u e dan s la P ologn e 89 d ’écrire en p ren a n t d e P lu tarq u e d e q u i p o u v a it bien co n v en ir en p o lo n a is et en rejetant son o rd o n n a n ce, d e telle so r te q u e cela soit p lus facile à lire pour to u t un ch acu n [ ...I l est vrai q u ’il ex p liq u e p lu s loin ne parven ait p as à d é ­ cider] q u e prendre de P lu tarq u e et q u e refuser [ ...] C ep en d a n t, ayant délibéré en m o i-m êm e, j ’ai écrit en recou ran t à d ’autres auteurs et en b ea u co u p d ’en d ro its, j'ai traduit c o m m e m o n sim p le p o lo n a is m e p ortait [ ...] Si bien q u e je c ro is q u e je n ’ai rien en lev é à la b o n n e écriture d e P lu tarq u e par m o n étra n g e m élan ge ni par m a trad u ction p rop re et q u ’en d o n n a n t libre c o u r s à n o s c o u tu m e s qui sont bien différen tes d es g recq u es, ainsi q u ’aux ex em p les q u i, c h ez les G recs leur éta ien t p articu liers et qui n ’on t ni lieu ni raison d ’être c h e z n o u s, je n'ai pu p ou rtan t é lim in é gran d e ch o se .

Ce trad u c teu r a donc rejeté son intention prim itive qui était de tradu ire le traité de P lu ta rq u e dans sa to talité et il s’est soum is à l’opinion de «gens instruits» qui se sont p rononcés en faveur d ’une a d a p ta tio n de la trad u ctio n à l’intention du lecteur polonais, exprim ant ainsi des cenceptions em pruntées aux milieux hum anistes européens en ce qui concerne la trad u ctio n d ’oeuvres littéraires; ces conceptions préconisaient d ’ap p o rte r des changem ents dans le texte de la trad u c tio n afin de l ’ad a p te r aux besoins d ’un certain milieu. E n usan t d ’une telle liberté, n o tre anonym e a in trod uit des insertions étrangères au texte original et il a polonisé divers détails. Des d éclarations citées, il ressort q u ’on cannaissait chez nous divers types de trad u c tio n ta n t la trad u c tio n verbale, que fidèle ou libre.

Ces tendances libérales n ’étaient pas le principe de rigueur, car il arriv ait souvent que les mêmes écrivains, les m êm es poètes traduisent certaines oeuvres fidèlem ent et q u ’ils en m odifient, q u ’ils en rem anient d ’autres de façon sensible.

La situ atio n se présentait de façon to u te différente dans le dom aine des trad u c tio n s de textes bibliques où il fallait appliquer le principe de la fidélité, et m êm e de la littéralité, q u o iq u ’ici égalem ent il y ait eu des hésitations soit p o u r le profit des exigences du polonais, soit d an s le sens de la littéralité. En tém oignent les différences des m éthodes de trad u c tio n , d ’une p a rt dans la Bible de Brest et chez J. W ujek (qui se soucient de la beauté du texte polonais) et, de l’au tre chez B udny (aux hébraïsm es si indigestes) ou, puis encore, chez «Sm alcjusz» (Nouveau Testament, 1606) qui était p artisan d ’une littéralité extrêm e au d étrim en t des règles du polonais.

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tion libre — on t été égalem ent appliquées, dans leurs variantes dans des trad u ctio n s d'oeuvres poétiques. N ous ne rangeons cependant pas dans la catégorie de la trad u c tio n ces form es extrêm es d ’assim i­ lation des oeuvres qui ap paraissent dans la dém arche d Im itatio prescrite p a r les règles de la p oétiqu e lo rsq u ’on reprend la form e grecque en y m ettan t co n ten u p ro p re — ce q u ’on peut voir par exem ple dans les odes pindariques de Szymonovvic où en dehors de la stru ctu re form elle, il n ’est rien resté de grec. Ce type d ’assim ilation ap p artien t p lu tô t déjà, en effet, à la catégorie de l’im itation lointaine et en tre dans la sphère d 'u n au tre type de recherches.

D e l’abondance des genres poétiques qui nous ont été transm is p ar la G rèce antique et qui se sont propagés en E urope, la Pologne a retenu des form es peu nom breuses en accordant une préférence évidente à certaines d 'e n tre elles. D ans les genres m onum entaux — tels l’épopée et le dram e — on a fait de m odestes tentatives; cependant, on a m anifesté un plus grand goût p o u r les formes poétiques m ineures com m e l ’anacréontique, l ’épigram m e, la bucolique. Ici, une m otivation s’im pose, qui est peut-être simplifiée, mais sans dou te juste, selon laquelle on a privilégié chez nous les genres tels que l’épigram m e ou l’an acréon tiqu e prace q u ’ils corres­ p o n d aien t aux besoins des milieux culturels de cette époque, à leur vie sociale; nous attrib u o n s le succès de la bucolique au penchant du grand nom bre des lecteurs — la noblesse — p o u r la vie à la cam pagne et p o u r les am biances cham pêtres. P ar contre, les causes du peu d ’intérêt p o u r le dram e et l ’épopée — des genres qui exigeaient une connaissance considérable du m onde de l’A ntiquité, une for­ m ation intellectuelle et un talen t poétique — on peut les lire aussi dans l’avertissem ent d ’H orace que répétait la po étique de la R enais­ sance: q u ’on ne se m ette pas sur le dos de tro p lourdes charges et q u ’on essaie ses forces sur des form es poétiques m ineures.

La réception de la poésie grecque en Pologne a pris des for­ mes diverses —on a im prim é des traduction s étrangères en latin, on a édité des trad u c tio n s autochtones, en latin et en polonais, on a procédé à des résum és, à des rem aniem ents ou à des imi­ tatio n s et enfin, soit sur n o tre p ro p re terrain, soit au sein de notre cu lture sont nées des tentatives d ’analyses de l’élém ent épique; dans les académ ies, on a com m enté, on a lu certains poètes et les

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L a R écep tio n d e la p o é s ie g re cq u e dans la P ologn e 91

oeuvres de ceux-ci ne faisaient pas défaut dans les bibliothèques d ’alors.

Si l’on veut apprécier l ’étendue générale de cette réception, on peut la qualifier de m odeste. Seuls, des genres peu nom breux ont été intro d u its en Pologne, m ais certains d ’en tre eux — p ar exemple les bucoliques ou des oeuvres épiques com m e les Phénomènes d ’A ratos ou la Batraehom yom achia — on t attein t un niveau élevé et soutiennent la co m paraison avec des trad uction s ou des ad a p ta tio n s européennes de ces genres littéraires.

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