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La Russie et la Révolution française (1798-1792)

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Extrait du Bulletin de I’Academie des Sciences de Cracovie.

Mars 1896.

L A R U S S I E

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LA REVOLUTION FRANCAISE

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1789

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Extrait du Bulletin de I’Academie des Sciences de Cracovie, Mars 1896.

L A R U S S I E

ET

LA REVOLUTION FRANCAISE

(

1789

-

1792

).

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B. D e m b i ń s k i .

C R A C O V IE .

IMPRIMERIE DE L'UNIVERSITE JAGELLONNE.

1896.

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Extrait da Bulletin de l’Academie des Sciences de Cracovie.

Mars 1896.

12. — B. De m b i ń s k i. Rosya a rewolucya francuska. (L a liu s s ie e t la R e v o lu tio n fr a n ę a is e j. (1789—1792).

M algre les reraarqnables etudes de MM. S ybel, Sorel, H e rr­

m an n , H äu ser, R a n k e , R am baud, B rü ck n er, m algre les ;tócents tra v a u x de M. M. W aliszew ski et C harles de L a rv ie re , le role de la Russie au m om ent solennel oil la R evolution dm nęaise bou lev ersait 1’aneien Systeme de la politique europeenne, n ’a pas ete suffisam m ent m is en lum iere. O n sait que C atherine s’a ttach a su rto u t ä pousser les m onarchies ä une g u erre contre la R evolution, m ais on n ’a pas encore exposö clairem ent les dem arches, les artifices, les com binaisons q u ’elle m it en oeu v re;

on n ’a pas suivi 1’habile joueuse dans toutes ses actions; on n ’a pas monb-e les phases successives de cette partie, ni les rapports ótroits qui la ra tta c b e n t a u x vis6es de I’im peratrice s u r la Pologne.

L ’a u teu r s’est propose de dóbrouiller I’echeveau confus de cette adroite, ferine, im placablem ent p ersev eran te politique de la Russie. II a voulu, non ta n t nous parier des intentions de C atherine k l’eg ard de la R evolution, que nous devoiler la subtile et perverse finesse avec laquelle fut dirigee alors la

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politique de I’E m p ire du N ord, et nous faire v o ir quelle fut, p arm i les puissances de l'E urope, Paction exercee p a r cet E m ­ pire. II s’est done place ä un to u t au tre point de vue que M.

C harles de L ariv iere dans son livre: „Catherine I I et la R e­

volution fra7icaiseil. Cet ecrivain en efiet s'attach e su rto a t k faire resso rtir la peraonnalite de Fim peratrice au-dessus des evene- m ents.

L e present trav ail s’arrete vers le m ilieu de 1 7 92; pre- cisem ent ä cet in stan t dócisif dans Fhisloire de F E urope, oü fu ren t rom pues les relations en tre la F ra n c e et la Russie.

L 'a u te u r a mis a profit tons les ouvrages precedetnm ent publies, et, de plus, a eu entre les m ains les tres prćcieuses, tres exactes lettres de F am basadeur de FVusse ä P dtersbourg, le comte de G o ltz , diplom ate de prem ier ordre et de vive intelligence dont la correspondance avec la cour de P russe contient les plus complets et le plus sürs renseignem ents, tou- chant la politique de la Russie et celle de la Prusse, (A rchives d ’E ta t secretes a Berlin). II a encore pu etu d ier les longues in stru ctio n s dśtaillśes qui etaient adressees de B erlin au comte de Goltz, en reponse, et, pour ainsi dire comme com m entaires au x lettres que c e lu i-c i envoyait regulierem ent d eu x fois p ar sem aine. II fau t ajouter k ees docum ents la correspondance de Fenvoye de Pologne a Pbtersbourg. Deboli. C ette correspondan­

ce, adressee au vice-chancelier Chreptow icz, ren d spścialem ent com pte de ce qui interesse la Pologne, m ais elle ne laisse pas de contenir nom bre d’indications de v aleu r sur la politique generale de FEurope. Ces soui’ces inedites sont incontestable- m en t du plus h a u t m erite.

L ’ouvrage est divisś en six chapitres. L e prem ier cha- p itre retrace Fhistoire de lapśriod e qui sA coula depuis le fa- m eux voyage ti’iom phal de C atherine dans les provinces meri- dionales de son em pire (1787), voyage si bien raco n te p a r le P rin ce de L igne, et au coux-s duquel parvinrexxt ä F im p eratrice les premiei-es nouvelles de tx'oubles en F ra n c e , ju s q u ’au mois d octobre 1789. L a Rixssie ayaxxt alors su r les b ras la g u erre avec la 1 urquie, et, plus t a r d , avec la Suede, m enacóe en

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m eine tem ps p a r la P ru sse et F A ngleterre. desirait une F ra n c e torte et paisible, capable d ’dlever une voix ecoutće, ou tout an moins redoutable, dans le concert des puissances europćennes, et prete ä m ettre au Service da la R ussie son influence e t sa puissance. L ’am bassadeur de F ra n c e a P etersb o u rg , le comte de S eg u r, ap p o rtait tons ses soins a m aintenir les bons rapports en tre son pays et la Russie. L es desordres in terieu rs furent Yus d’un to rt m auvais oeil ä P etersbourg, ils allaient ä I’encon- tre de tons les plans de la politique russe. L a revolution ne pouvait done ni etre approuvee. ni 6tre encouragee, n ’y eut-il que ce seul m otif ä l ’opposition de C atherine. D ’ailleurs, pour beaucoup d’au tres raisons,, C atherine fut, tout de suite, contraire ä la convocation des notables et encore plus ä celle des E tats- g en erau x . L a g u e rre lui sem blait „le m eilleur rem ede ä ap- po rter ä l’ex altatio n des cervelles, le m oyen de les faire trav ailler h bam ortisseinent des dettes et a u x votes des im pots“.

L ’envoye ru sse a P a r is , S im olin, tres repandu dans le monde de la cour et fort au co u ran t des choses, envoyait de frequen­

tes inform ations ä P ó tersb o u rg sur le m ouvem ent revolution- naire en F ra n c e . A la nouvelle de la prise de la Bastille, Ca­

th erin e dem ande stupdfaite: „Q ue fait le r o i? £< E lle ne pou­

vait com prendre que le m onarque se tro u v ät sans force en face des E tats-G en erau x , eile ne savait pas q u ’il existe des forces qu’une seule volonte est im possible a m aitriser et ä vaincre. T o u t en an n onęant l’aneantissem ent de l’autorite royale et la ru in e de la m onarchię, Sim olin affirm ait q u ’il se rait insensd de com pter su r une alliance avec la F ran ce. E t cependant les meines re la ­ tions am icales d ’autrefois re g n e n t et vont encore re g n e r en tre la F ra n c e et la R ussie. L a j our nee du 14 ju ille t ne determ ina aucu n ch an g em en t, n i dans la po litiq u e, ni dans les idees de C atherine, et M. de L ariv iere se trom pe quand il e c rit: „Aussi est-ce a p a rtir de 1789 que C atherine rejeta tout son passd liberal et se lan ca dans la voie de la repression ä o u tra n c e “ . R o n , C atherine re sta toujours fidele h ses principes; eile fu t toujours aristocrate et autocrate. Son p reten d u liberalism e dtait superficiel, litteraire, m ais ne s’eten d ait pas au dom aine de la

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politique. E t si, en 1789, eile p a ru t rom pre avec le passe et adopter de nouvelles opinions, e’est tont sim pleraent parce q u ’elle c ru t le m om ent o p p o rtu n , favorable pour faire connaitre ce que depuis' longtem ps, depuis toujours, eile avait pensś dans le fond de son äme. II n’y eut pas non plus de volte - f a c e , ni dans la vie de la so u v erain e, ni dans les rapports de la R us­

sie avec la F ran ce. L es liens qui attach aien t les d eux p ay s se d dnouerent lentem ent. C atherine se plaint m ain ten an t de plus en plus de l’inutilite de la F ra n c e pour la R ussie; eile lui re- proche une politique equivoque et pleine de duplicitó, puisque la F ra n c e appuie secretem ent la T urquie. U n pacte ex istait en effet entre ces d eux dernieres puissances. A u m ilieu de ces difficultes la position du comte de S eg u r ä P etersb o u rg etait devenue des plus difficiles, m algró q u ’il fut personnellem ent tres bien en cour. A ussi peut-on dire que le jo u r oil cet am bassa- d eu r alia p ren d re conge de Fim peratrice et s’eloigna de P e ­ tersb o u rg fut un m om ent critique et caracteristique dans Fhi- stoire. D eu x mondes, deux eres se separaient. S egur etait favo­

rable ä la Revolution, C atherine lui etait au contraire de plus en plus hostile; elle predisait k L ouis X V I le sort de C harles I.

L e chapitre I I s’occupe de la periode com prise en tre le mois d ’octobre 1789 et la fuite de V arennes (juin 1791). C’est G enet qui rem plit alors k P etersb o u rg les fonetions de charge d ’affaires. D iplom ate mddiocre et politique k courtes vues il suit avec aveuglem ent les errem ents de S e g u r ; il recherche Fam ilie de la Russie. P lein d’illusions lui-m em e, il essaye de les faire p a rta g e r k la cour de P etersbourg, profonddm ent convaincu que la F ra n c e v a s’assagir, se calm er, recouvrer son ancienne puissance avec le bon ordre rev en u . C ependant k P ćtersb o u rg on n ’ajoute que peu de foi ä ces optim istes p red ictio n s; nean- m oins et m algró Faversion toujours croissante de Fim peratrice p o u r la re v o lu tio n , m algre son irritatio n et sa haine contre Fhydre m enaęante, elle charge Fenvoy6 russe ä P a ris de eir- convenir quelques m em bres de FA ssem blee nationale, de les g a g n e r meine k prix d ’or. II fallait en effet que la politique ex terieu re de la F ra n c e se m ontrat favorable k la Russie, sur-

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tout en presence de I’a ttitu d e hostile de la P rasse et de 1’An- gleterre. L a situation e ta it des plus tendues en 1790 et au com m encem ent de 1791. A ussi vit-on alors n a itre le pro­

je t d’u ne vaste alliance entre la Suede, le D an em arck , 1’Espa- gne, la Russie et la F ran ce. G enet ap p u y ait fiövreusem ent ce projet. II ne cessait de conseiller ä la F ra n c e d’agir tranche- m en t et energiquem ent, en ab an d o n n an t rósolum ent la T urquie.

Mais la politique de M ontm orin m an q u ait de decision. Aussi, I’anarchie ne faisant q u ’em pirer en F ran ce, acquit-on bientöt la conviction, de plus en plus repandue, qu’il etait insense de com pter su r ce pays. L ’envoye franęais ä P ötersbourg n ’en persistait pas moins ä soutenir le contraire, h assurer que la Russie et la F ra n c e devaient etre dans une entente complete et que leur alliance, ainsi que 1’a v ait dit P ierre-le-G rand, tien- d rait en öchec tout le reste de FE urope. Ce fam eux Systeme de P ierre - le - G ra n d etait alors prśconise moins par la R ussie que p a r la diplom atic franęaise dont c’etait en quelque sorte Fidśe fixe. L a R evolution denoue tous les liens qui attach aien t la F ra n c e ä la Russie. C atherine se detourne d ’un pays ,,me- p h itiq u e “ ou debordent la sottise et la brutalitó. E lle predit q u ’un C esar v ien d ra m ettre un term e aux assassinats et a u x erneutes. C’est precisćm ent alors que le m alheureux Louis X V I essaye de fu ir la F ran ce. M algre les deceptions que lui avait infligóes la F ra n c e , m algre les projets d ’alliances diriges contrę la Russie, m algre toutes les interventions et m ediations, F im peratrice au m ilieu des cruelles difficultes que les questions orientales lui suscitent, reste ineb ran lab lem en t ferine, inflexible et ne se laisse pas a rra c h e r ses conquetes.

D ans le troisiem e chapitre, F au teu r expose les consequen­

ces de „F attentat inou'i“ commis contrę le r o i , a V arennes.

L ’A u trich e la prem iere eleva la voix dans le congres des n a ­ tions. Leopold convie tous les souverains a une action com m une contrę le dćveloppem ent de ces idees subversives et dangereu- ses, osant a tta q u e r Fordre m onarchique „le seid auquel Fexpö- rience des siecles ait ap p o rtś sa san ctio n “. L ’A utriche comp- ta it beaucoup su r la Russie q u ’elle considörait comme une puis-

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sance amie. Ce projet de declaration collective ren co n tra ä Pe~

tersb o u rg un favorable accueil. C atberine annonęa que la cause du roi tres cbretien etait aussi sa cause k elle, et en conse­

quence enjoignit ä tous ses envoyes en E urope d ’ap p u y er vive- m ent les efforts de Lśopold. Goltz ecrivait de P etersb o u rg le 8/1 9 a o ü t: „ T o u s l e s i n d i c e s q u e j ’ a i p u m e p r o c u r e r n e m e f o n t n u l l e m e n t d o u t e r q u e T l m p e r a t r i e e n ’ a c q u i e s c e e n p l e i n a u x p r o p o s i t i o n s f a i t e s p a r l ’ E m p e r e u r . A c e q u ’ il m e s e m b l e T l m p e r a t r i e e a d o p t e r a a v e c p l a i s i r l e s p r i n c i p e s d e s o n a l l i ć ; e l l e s e p o r t e r a a v e c t o u t e T e f f i c a c i t e q u e s o n e l o i g n e m e n t p o u r r a l u i p e r m e t t r e a s o u t e n i r l e m a i n t i e n d e l a f a m i l i e r o y a l e “ . Mais en m eine tem ps il suppose que C atherine ne m odifiera en rien la politique rosse en O rie n t, q u ’elle n ’ab an d o n n era aticutt de ses desseins, aucune de ses entreprises.

L e program m e in tran sig ean t et im posteur de l’em igration, ce program m e si etroitem ent m onarehique q u ’il en devient a n ti­

royal lui convient eom pletem ent et sans reserves. L ’em igration et les princes qui la com m andaient agissaient avec a u ta n t de legerete que d ’inconsequence; au nom du roi, sans le roi, con­

trę le roi meme. P ro fessan t une sorte de culte plus ou moins sincere pour C atherine, le Com te de Provence et le Com te d ’A rtois adressent a P śte rsb o u rg u n m em orial im plorant du secours. L a difference entre la declaration proposee p a r 1’A n ­ triebe et le mem orial des Emigres etait considerable. L a decla­

ratio n voulait am ener une action diplom atique et ne se dissi- m ulait pas q u ’on serait peut-etre obligó k des concessions. L e m em orial e ta it un appel au x arm es, un requisitoire dóm ontrant la necessite d ’une prom pte et energique action m ilitaire, n ’ad- m ettan t aucu n com prom is avec la Revolution. L es princes comp- taien t sur toute l’E urope, m ais su r C atherine plus que sur tout a u tre souverain. A ussi s’adresserent-ils k elle avec la plus entiere confiance, la plus ouverte predilection. Celle-ci d ’ailleurs les en tretien t dans leurs esperances. E lle se place com m e eux, sur le te rra in c o n trę -revolutionnaire, eile affirm e, comme eux

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q u ’ii ne suffit point de p arier, q u ’il fan t agir, que 1’im p o rtan t est d ’avoir des „arraees p re te s“. L ’em igration et C atlierine tra ite n t de puissance ä puissance, et, an mois d’aout, rim p e ra tric e envoie au cam p des em igres un re p rś s e n ta n t. le Comte Rom ancow . E sterh azy , g rand ennem i des dem i-m esures e t des concessions, est dśsignó p a r les princes pour' „ t r a i t e r e n n o t r e n o m , et , p a r c o n s e q u e n t e n c e l u i d u R o i , v u l a c a p t i v i t e d u R o i “ . (Pouyoir donnę la 20 aout 1791).

A Pillnitz, dans la suite du Comte d ’A rtois, se trouvent E sterh azy et le prince de N assau -S ieg en , qui a quittd P eters- b o u rg le prem ier aout. N assau est au cam p des em igres pro- b ab lem en t chargć p a r Fim pdratriee „de regier une entente a v ecles p rin c e s“ (Goltz 1/12 aout). L es vues des princes ne recu ren t pas, a Pilnitz, I’approbation souhaitee, m ais en revanche C athe­

rin e ap p u y a vivem ent et de plus en plus ouvertem ent leurs de­

m arches hardies et leurs prdtentions aventureuses. E sterh azy fut im m ediatem ent recu „dans le p etit in te rie u r“ . L ’usurpation de la regence p a r le com te de Provence fu t approuvee. E n m em e tem ps G enet a y a n t recu l’ordre de ne plus se mon- tre r k la co u r, s’en eloigne, non sans faire de vives p ro ­ testations. II se plaint de ce que „les ennem is com m encent ä nous tra ite r avec m epris, ä nous considerer comme de teme- raires et im puissants fan faro n s“ . L es relations diplom atiques avec la vieille F ra n c e cessent d ’exister.

O r L ouis X V I v en ait prścisśm ent d ’accep ter la nouvelle constitution (C hapitre IV ). C atherine ś ta it indignee de la con- duite du roi, eile re g a rd a it les conseillers de ce prin ce comme des m isbrables, des laches sans h onneur et sans foi. L e roi voulait ten ir com pte des desirs, des besoins, des sentim ents et m em e des egarem ents de son peuple. L ’im per a trice de Russie ne reconnaissait au contraire, ne preconisait q u ’une solution:

la co n train te et la violence. L es divergences qui sóparaient la politique de la R ussie et cede de I’A u trich e ne fu ren t jam ais plus 6videm m ent m arquees que p a r 1’a ttitu d e de ces deux em­

pires a l ’bgard de la constitution, quoique en apparence leurs interets fussent identiques. L a cour de V ienne s’efforce de per­

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su ad er a celle de P etersbourg que la p a ix , la paix genórale est indispensable, que la guerre v a exciter le fanatism e des peuples. Leopold etait le p artisan convaincu d ’u ne politique paeifique, ta n t ä l’eg ard de la F ra n c e que de la Pologne; il reconnaissait la constitution francaise, de m em e que la consti­

tution polonaise: la prem iere parce q u ’elle ne ren v ersait pas la m onarchie, la seconde parce q u ’elle crćait tine m onarchie hśre- d itaire; l’une et l’au tre parce q u ’il ten ait a v an t tout a 6viter la g u erre soit civile, soit etrangere, ä em pecher les troubles n śs en F ra n c e et en Pologne d’em braser to u t le reste de I’E urope.

P o u r C atherine, c’est la une politique sterile, et c’est precisó- m en t ä cause de la constitution qu’elle encourage 1’em igration, q u ’elle la protege, et celle-ci, grace ä 1’appui m oral et m ateriel de 1’im pśratrice, voit s’elarg ir son credit et com m ence k recru - te r une arm ee. C atherine se solidarise entierem ent avec les violences folles des princes du sa n g , m algrś M arie A ntoinette qui lui ócrit le 3 decem bre 1791 pour justifier I’acceptation de la constitution et la m ettre en garde contre la legerete, l ’indiscretion et l’am bition des em igres. C’est B reteuil qui re- pró sen tait alors la politique de la cour de F ra n c e a u x T uileries.

II envoie Bombelles a P etersb o u rg avec la mission d’am ener C atherine ä prendre p a rt ä un „congres arm 6 “, oil les m onar­

chies seules seraient representees, afin de ne pas n u ire a u roi.

T oute initiative et toute action seraient refusćes k 1’em igration.

C atherine refuse categoriquem ent d’en tre r dans ces v u e s; elle a pitiś de la reine et repete sans cesse „q u ’il fa u t suivre la bonne voie avec ceux qui la connaissent“, c’est-a-dire avec les Emigres.

Get appui donnó a Im m igration n ’etait pas la consequence d’u ne S ym pathie, mais bien celle d’une politique habilem ent com binee et suivie en ces conjonctures avec une logique im ­ placable. C atherine assu rait que 1’intervention e tran g ere sans la participation effective des em igres ne ferait que rafferm ir la involution et en doubler la force d’e x p a n sio n , tandis que la m ise en av an t de 1’em igration assu rerait au contraire la victoire.

E t im m igration se berce des plus chim&riques esperances, elle

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com pte su r la Russie, sur sa noble et genereuse souveraine, tandis que celle-ci abuse sciem m ent les princes (voir la lettre earacteristique du 9 ja n v ie r 1792) leur persuade q u ’elle fait mille efforts „pour que tout le m onde leur tende la m a in “ , et cela sim plem ent parce qu il est de son in te re t ä eile q u ’il en soit ainsi. E lle pensait que plus les princes ap p o rteraren t de bäte ä ag ir, plus tot eclaterait la g u erre. G enet donne l’alarm e su r „les plans gigantesques et I’am bition insatiable de C athe­

rine qui veut profiter de la R evolution p o u r les realiser. E lle est allee plus loin que tous les au tres souverains, eile ne re- culera pas, ce n ’est pas dans son c a ra c tere “.

L e chapitre V expose la politique de la periode. com prise entre la p aix de Ja ssy et la m ort de Leopold. Ges deux d ates correspondent a des evenernents qui m arq u en t des phases deci- sives dans la m aniere d’ltr e de la R ussie envers la Revolution.

O n av ait appelb C atherine, les uns la Sem iram is, d ’au tres la Messa line du N ord. A u com m encem ent de 1792 , c’est le S phinx du N ord. T outes les cours ont les y eu x atten tiv em en t fixes sur celle de. Petersbourg. L ’au te u r rap p o rte tous les soup- ę o n s , toutes les suppositions que faisait alors naitre I’im pera- trice. L es avis ótaient p a rta g e s ; les diplom ates deconcertes he- sitaient,. se contredisaient,. re tractaien t ce q u ’ils avaient affirme.

C’e ta it une m ode inspiree de h a u t, de ne rien dire de la Po- lo g n e, de ne pas rep o n d re au x questions fa.ites a ce sujet, d ’insister su rto u t et p a rto u t sur la necessity d’une b itte avec la R evolution. T elle ótait encore la tactique p en d an t les prem ieres sem aines de 1792. Nous en trouvons les preuves dans la cu- rieuse note adressóe p ar O sterm ann a u x cours de V ienne et de B erlin, note dans laquelle P im pśratrice d it que „les espe- rances que Fem pereur av ait fondees sur la constitution pour apaiser la R evolution a y a n t ete d e ęu es, il fallait s’em presser de voler au secours des- princes qui seuls representent les vrais sentim ents de la n a tio n “ . II y ótait aussi question de Findem- nite ä leur accorder et des frais m ilitaires ä leu r rem bourser.

C atherine poussait la P ru sse et F A utriche a en trer en mouve- m ent, sans toutefois d onner la m oindre prom esse de se jo in d re

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elle-meme ä ce nloüvem ent, oe qu’il ć ta it cependant indispen­

sable de savoir. L e tra ite de 7 fevrxer 1792, enfcre la P rasse et l’A utriche devait aussi obliger la Russie ä p ren d re p a rt ä la g u e rre centre la R evolution. T o u t ä coup et a v a n t que ce tra ite ne soit presente ä P etersbourg, C atherine decouvre ses b atteries.

L e silence g a rd ś sournoisem ent sur la Pologne cesse su b item en t;

eile ne parle plus de la F ran ce. L a m ode a changó.

Sous la form e d’une insinuation v erb ale du 17/28 f6vrier 1792, I’irnperatrice declare a u x cours de V ienne et de B erlin q n ’elle ne sau rait reco n n aitre la constitution polonaise et q u ’elle desire śch an g er des vues ä ce sujet. L a question polonaise passe ainsi au prem ier p la n , tandis q u ’il n ’est mbme pas fait m ention de la F ran ce. A toutes les questions posćes p a r les envoyös des puissances ä P e te rs b o u rg , au su jet de la g u e rre avec la R ev o lu tio n , ou fait des reponses evasives, tandis que l’envoyó russe k Paris, Sim olin, p ren d I’initiative, non d ’apres l’ordre de 1’im peratrice, il est vrai, m ais avec son consentem ent, d’une m ission sollicitant une in terv en tio n en fav eu r du roi et de la reine de F ran ce. Sim olin adresse sa requbte et expose les faits a Leopold la veille m em e de la m ort de ce prince.

L e Systeme paciflcateur de l'ernpcreur a v a it echouś, av ait meme ete anóanti du viv an t de ce souverain. II ótait m ort ä l’heure de la fam euse i n s i n u a t i o n , m ort, mais, a v a n t sa fin, il en connut saus doute, ou du moins il en soupconna les term es.

C hapitre V I. S u r ces entrefaites a rriv e n t ü P etersb o u rg E sterh azy et N assau, reprósentants des princes. Ce d ern ier est passd p a r B erlin et p a r V ienne. Bombelies ne ta rd e pas h les rejoindre, m uni des instructions de B reteuil, et p ar consequent in terp rete de la pensee de L ouis X V I. E sterh azy , ap p u y e su r N assau, d’un cöte, su r Bom belies de l’a u tr e , essaye de g ag n er la cour de Russie ä la cause de la F ra n c e que les tro is en- voyes dćfendent chacun a sa faęon. A V ienne cep en d an t c’est a l’envoye russe q u ’est accordee la prem iere audience de l ’em p ereu r F ranęois. L ’envoye soum et au souverain le projet d ejä com m nniquö ä L ćopold; il cherche ä s’assu rer la p artici­

pation de L ouis X V I.

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A u milieu de toutes ces intrigues, de tons ces plans qui se cro isen t, I'im peratrice ne songe qu'ii rśaliser les projets q u ’elle a sur la Pologne, les projets d^voiles dans r„ in sin u a tio n “ d u 28 fevrier et ä l’execution desquels eile veut faire contri- b u er 1’A ntriebe et la Prusse, su rto u t la Prusse. Cette derniere puissance s’Stant m ontre prete ,ä la seconder, le 10/ 21 avril C atherine dans une „com m unication v e rb ale“ au x cours, ddclare q u ’elle va convoquer une confederation en Pologne et dem ande de l’ap p u y er diplom atiquem ent. E t voilä q u ’au m om ent ou, a B erlin et ä V ienne, on croyait ä peine entam óes les nego- ciations au su jet de la conduite k ten ir dans la question polo­

naise, C atherine, sans atten d re l’avis de B erlin ni celui de V ien­

n e , fait „une nouvelle dem arche" qui plonge les cours de 1’E u ro p e dans la stu p e fa c tio n , surtout celle de Prusse. L e 23 av ril/4 m a i , I’im peratrice fait savoir que „ses arm ees doivent im m ódiatem ent en trer en Pologne, afin d ’y soutenir les confe- d e rć s“ . E t pas un m ot tou ch an t la F ra n c e dans ces declara­

tions, insinuations, com m uniques. E t cependant des lors la g u erre avec la Revolution etait inevitable. Ce n ’est que vers la m i-m ai, quinze jo u rs apres la presentation faite sim ultanem ent p a r 1’A utriche et la P russe du traite conclu le 7 fdvrier 1792, apres les instances róiterees des envoyes k P etersb o u rg dem an­

d an t sans cesse une róponse k leurs questions, que C atherine se decide enfin a p arier; eile prom et u n corps auxiliaire de 15000 hom ines dont le contingent sera preleve sur les corps d ’ar- móe occupant la Pologne et dirigć ensuite su r le Rhin. L es plönipotentiaires d’A u trich e et de P ru sse font alors observer au x m inistres russes que cette offre est loin d’etre en rapport avec les sentim ents ta n t de fois et si hau tem en t manifestos p ar I’im peratrice, q u ’elle est m esquine pour un e ta t a y an t les res- sources d o n t dispose la Russie. Ces rep resen tatio n s n ’aboutis- sent ä rien. O sterm ann ne cache meme pas que les ordres tou­

ch an t le corps auxiliaire prom is ne sont pas encore donnes, q u ’il Im porte d’atten d re, „de voir ce que deviendra la crise polonaise“. E t Gloltz, malgrO les instructions de son souverain, a y an t continue ses pressantes instances fut Oconduit avec ces

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paroles c a ra e teristiq u es: „Nos affaires personnelles a v a n t to u t“ . E n meme tem ps on refuse de Terser ä la Suede le subside annonce: l’E spagne, dit-on ä P ótersbourg, donnera sans doute de l’argent. C atberine se m oque des reprósentants de FE urope.

E t toute sa cooperation se re d u it enfin ä u ne aum óne de 25 0 .0 0 0 roubles qu’elle daigne v erser en behänge de F arm ee atten d u e et su r laquelle on eom ptait.

G en et q u i, au mois de ju ille t 1 7 9 2 , se tro u v ait encore a P e te rb o u rg , cro y ait que C atberine av ait engage F A utricbe et la Prusse dans la question polonaise dans un b u t de d iv er­

sion „com m e Circfe, elle a ebarm e ces deux puissances qui croyaient la g ag n er ä leu r bonteuse coalition“. E t il ajoute a v e c jo ie : „Fólicitoms-nous de cette disposition de C atberine et rendons bom m age ä la Sagesse divine qui fait servir au bien le principe du m al". T out ä-coup G enet recoit Fordre 8 /9 ju il­

let) de q u itter dans les h u it jo u rs P etersb o u rg et 1’em pire russe.

L a politique de C atberine fut en somme tres profitable a la Revolution. DTm au tre cöte la g u e rre k la R evolution fut aussi favorable k cette politique; cependant il ne fau d rait pas ex ag erer Finfiuenee qu’eu t la g u erre d’Occident su r les desseins de F im peratrice k F dgard de la Pologne. B ien a v a n t que la coalition n ’e n trä t en Campagne, bien a v an t meme qu’elle fu t form ee. ces desseins ótaient ferm em ent arretes. L a proclam a­

tion de la constitution polonaise Favait d ’abord su rp rise, irrite m em e; elle n ’av ait p o u rtan t pas ta rd ś k m ontrer de Findiffe- rence, ä se taire, atte n d a n t dans le silence et le recueillem ent Fheure qui lui sem blerait la m eilleure pour en tre r e n scene.

H ard ie dans ses conceptions, elle ne recu lait d evant rien pour les realiser. Au plus fort de la lu tte avec les T u res, entouree de perils, elle n ’avait sollieite aucune in terv en tio n ; eile ag ira de mem e avec la P o lo g n e : passionnee mais ne p e rd a n t pas son sang froid eile m arcb era ä son b u t im placablem ent. L a g u erre avec la Revolution la servit, avons-nous dit, mais ce n ’est pas cette guerre qui suscita Faudacieuse Campagne contrę la Pologne. C ette Campa­

gne n ’e ta it que le developpement; de la politique an terieu re de Ca­

th erin e, la consequence de son insatiable ap p etit de conquetes. II

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sem ble qu’il y ait eu en cette souvei-aine, on ne sait quelle force d estructive, im petueuse et irróductible, d ’une m erveilleuse sou- plesse dans ses m oyens d ’action, comme aussi d’une inflexible p erseverance dans ses voies. L a g u erre en Occident v int puis- sam m ent en aide ä ses projets, mais ceu x - ci ótaient ólaborós, prets des la prom ulgation de la öonstitution du 3 mai en Po- logne. L ’im peratrice com prit tout de suite I’heureux parti qu’elle pouvait tire r des com plications surgies en F ra n c e ; elle poussa de toutes ses forces ä la guerre, pour que, p en d an t que les adversaires seraient au x p ris e s , elle p u t avoir toute facility ä dóchirer, k dóyorer la nation voisine. Mais elle disposait encore d’au tres ressources pour atteindre a son but. Si Ton veut bien com prendre et ju stem en t apprecier la politique russe a la fin de 1791 et au com m en cem en t de 1792, ii ne fa u t pas oublier les facteurs qui jouerent un role si considerable dans le prem ier acte de la trag ed ie polonaise, en 1772. Ce sont eux qui determ inerent, encouragerent la Russie dans sa soif d ’em- pietem ents, dans sa resolution a m aintenir 1’anarchie en Polo- gne. N ous voulons p a rie r de la cupidite de la P ru sse et de l’indecision de l’A utriche. C atherine sut vite ce qu’il fallait faire p o u r g a g n er la cour de B erlin ; pour profiter de la po­

litique em barass6e de la cour de V ienne et de la faiblesse de l’A utriche. L a Russie p a r sa puissance, son energie, sa volontö de fer, son orgueil, son attitu d e ferm e effraya, dom ina les puis­

sances; eile les „ c h arm a“ — du moins p endant quelque tem ps — p a r sa patience et son adresse. A son d e b u t, la Revolution causait un prejudice reel ä R ussie, car elle la privait d’une alliee indispensable au milieu de la crise que traversait 1’Eu- rope. P lu s ta r d , cette m em e Revolution lui devint profitable, p u isq u ’elle lui perm it d ’ex ecuter avec plus de securitó l’atten- ta t contre la Pologne. Mais elle ne fit cependant que faciliter cette entreprise, ainsi que le fait rem arq u er 1’a u te u r avec in- sistance, car ce que I’im peratrice a v a it arrete, eile I’eut sans aucun doute accom pli, meme si la tem pete n ’eüt point grondó a 1’occident. Q u ’on veuille bien sim plem ent consid6rer avec

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quelle i'apidite les cours de V ienne et de B erlin ab an d o n n eren t leür ligne de eonduite, pour ecouter la Russie, sitöt que celle- ci eut fait des propositions precises et tem oigne le dósir d ’une entente.

C raqovie, 1896. — Im prim erie de l ’U niversit^ Jag ellonne.

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