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Le feu rapide de l'infanterie : son passé et son avenir

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LE FEU RAPIDE

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L’INFANTERIE

SON PASSÉ ET SON AVENIR

B. J. I.

DE

P.

TEM OIN OCULAIRE DE LA G U E R R E D O R IEN T

Avec un tab leau de troup es en Europe et en Amérique

P A R I S •

L IB R A IR IE M IL IT A IR E DE J. DUM AINE

L I B R A I R E - É D I T E U R

R u e e t P a s s a g e D a u p h in e , 3 0 1879

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L E F E U R A P I D E

D E

L ’I N F A N T E R I E

SON P A S S É ET SON AVENIR

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LE FEU RAPIDE

D E

L ’INFANTERIE

SON PASSÉ ET SON AVENIR

P A R

B. J. I.

D E

P.

TÉM OIN OCULAIRE DE LA G U E R R E D’O RIEN T

Avec un tableau de troupes en Europe et en Amérique

P A R I S

L I B R A I R I E M I L I T A I R E D E J . D U M A I N E

L I B R A I R E - É D I T E U R

R u e e t P a s s a g e D a u p h in e , 3 0 187 9

Tous droits de tra d u c tio n et.de rep ro d u c tio n rése rv é s.

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CRACÔVIEN*S

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Biblioteka J ag ie llo rï ska

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« C’est souvent faute d’être éclairé sur ses devoirs, qu’on y m anque; c’est pour cette raison qu’il y a ta n t de crim inels sans le savoir, et que tous les gens bornés sont dangereux ; que les généraux sachent môme que ceux qui, dans l’occasion, de peur de risquer leur réputation, n ’ai­

dent point leur cam arade dans une affaire, sont aussi cou­

pables que s’ils se jetaien t dans le parti de l’ennem i. »

Le Pe i n c e d e Li g n e.

(.Préjugés m ilitaires.)

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(11)

. . . Sadova, Gravelotte, P le w n a , Ghipka, Aladja-Dagh, Kars, règlen t sans appel, en ré­

conciliant divers auteurs m ilitaires d ’opinions opposées, les controverses qui ont eu lieu tantôt sur plusieurs des problèm es de la tactique m o­

derne, tantôt sur les m achines de guerre et sur­

tout sur Feffîcacité du feu en général.

Toutes ces différentes questions se décident plus facilem ent par les démonstrations éclatantes des batailles décisives, que par de lon gu es d is­

cussions et les expériences méthodiques faites par des com m issions spéciales pendant la paix.

Mais la log’iq u ed es batailles est trop inexorable pour les nations ; son expérience coûte bien cher et est souvent très-funeste. C’est pourquoi il nous semble préférable de chercher d’avance

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— VIII —

les m oyens de concilier des opinions diam étrale­

m ent opposées.

Comme tém oin oculaire de la guerre d ’Orient, l’auteur a assisté à plusieurs assauts des arm ées russes et roum aines devant P lew na, aux opéra­

tions du sièg e de cette remarquable place du moment et à plusieurs combats de l ’arm ée héroïque de Son Altesse Impériale leGrand-Duc N asliédnik- Césarévitch sur la Yantra et le Lom.

Toute cette guerre fut vraim ent aussi intéres­

sante que féroce, aussi attirante que brutale.

Maintenant il est très-utile de chercher à appro­

fondir les épisodes aussi nom breux qu’instructifs de cette g’uerre slave, en ce sens que l ’on y trouve réunies toutes sortes d’opérations différentes, dont l’étude est aujourd’hui à l’ordre du jour.

Les raids de la cavalerie russe sous Gourko ne le cèdent en rien aux grandes raids am éricaines.

Les combats de la cavalerie h pied, les attaques de positions fortifiées, le bom bardem ent infernal des forteresses, des tranchées-abris et des redoutes et leurs défenses opiniâtres à P lew n a et Kars, le passage de vive force d’un grand fleuve com m e le Dannbe, les opérations difficiles dans la m on­

tagne (Zikheziri, Cbipka, Arab-Konak), le service compliqué des approvisionnem ents, les longues m arches des troupes de H elsingfors et Saint-Pé­

tersbourg1 ju sq u ’à E rzerou m ,etd e Kazan etPerm e ju sq u ’àSan-Stephano, de corps entiers de troupes, l’u sage et la construction de voies ferrées, la guerre

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— IX —

sous-marine : — voilà les faits qui se sont présentés à foison dans cette cam pagne si cruelle, par la­

quelle la Russie est devenue si populaire dans tout le monde slave.

Là, devant Plew na, un art m ilitaire lutta contre l’autre sur les plus grandes échelles ; l ’artilleur russe lutta contre le sapeur turc, et pourtant ni l’un ni l’autre ne peut se vanter d’avoir réussi à vaincre son adversaire. D’un côté, Osman Ghazi, après avoir fait une résistance opiniâtre et m algré d’im m enses sacrifices, fut ob ligé de reconnaître l ’im possibilité de sauver la place, et, m algré la bravoure de ses soldats, il dut s ’incliner respec­

tueusem ent devant l’héroïsm e incomparable de l ’armée russe.

Le général Totleben, de son côté, en voyant l'inefficacité complète du bom bardem ent, devait reconnaître l’im puissance de l’artillerie et la su ­ périorité de fortifications si soudainem ent im ­ provisées et si bien défendues par les tirailleurs turcs.

Ce qui nous avait particulièrem ent frappé dans cet épisode si atrocem ent meurtrier, dans ses causes et ses con séq u en ces, c’était l’effet des feux d’enfer des défenseurs. Ces feux m éritent d’être exam inés au point de vue de la guerre à l’avenir. C’est pourquoi nous portons toute notre attention sur les feux, dont l’efficacité est appelée à jouer le rôle principal le jour où deux grandes arm ées auront à combattre l’une contre l’autre...

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Dès les premiers combats autour cle Plew na, on reconnut que d’un côté c’étaient les feux cle l ’in ­ fanterie turque à lon gu e portée et à tir rapide, souvent dans le bleu, qui rendaient la défense de cette place si efficace, tandis que de l’autre côté c’étaient les feux de masse de l ’infanterie russe, à com m andem ent, qui im m obilisaient Osman-Pacha dans son nid si fortement retranché, et dont il ne put être débloqué pendant les lon gs m ois que dura le siège, m algré les efforts des grandes ar­

m ées com m andées par les m ouchirs Abdoul-Ké- rim, Ahm ed-Eyoub, Mehmed-Ali, Souleïman et Réouf, com m e jam ais n ’en avait eu le Padischah de Stamboul.

Dès ce mom ent, il n ’est personne qui puisse nier l’importance de la supériorité des feux de l ’infan­

terie dans le combat, et si la l’apidité du tir n ’était là un élém ent exclusif de cette supériorité, elle en sera sûrement à ïavenir ïélément principal et essentiel, surtout dans certaines circonstances où elle per­

mettra de com penser l’infériorité du nombre des hom m es par la supériorité du feu.

Mais la plus grande difficulté pour les gou ver­

nem ents sera toujours d ’avoir des arm es supé­

rieures, parce qu’il n ’est pas si facile aux com ­ m issions militaires techniques de s ’ém anciper des préjugés enracinés presque partout, de préférer un m écanism e in gén ieusem ent composé et com ­ pliqué à une m achine de guerre simple et du­

rable. Plusieurs de ces com m issions deviennent

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dupes des industriels, ou elles dupent souvent des gouvernem ents; — l’un et l’autre est bien regret- table ! — Surtout dans le m om ent actuel, chaque gou vernem ent doit bien ouvrir les yeux, quand il s’a g it d’au gm en ter encore la puissance de son armée pour la mettre à la hauteur des progrès, quand il s ’a g it de dem ander à la nation une centaine de m illions pour un nouvel armement.

Dans ce m oment, iJ serait d angereux de se préci­

piter aux décisions subites qui pourraient s ’é­

tendre trop, non-seulem ent à la sim plicité de la construction et du m aniem ent, mais aussi à la solidité et à la durée des arm es, qu’on doit adopter ou perfectionner. L’industrie reste toujours in - g’énieuse et séduisante, mais souvent il faut s’en bien garder : elle nous au gm en te toujours le nombre des pièces du m écanism e de l’arme;

mais pourquoi ne nous étend-elle pas dans la m êm e proportion les fonctions de l ’arm e, qui devraient aussi logiquem ent en résulter?

C’est pourquoi aussi la question de décider de la supériorité d’une arme n ’a encore abouti ju sq u ’à ce jou r à aucun résultat pratique et défi­

nitif; les lon gu es discussions et conférences, et m êm e les expériences m éthodiques exécutées récem m ent sur les fusils à répétition dans quelques États de l’Europe, n ’ont pas eu de solutions con­

cluantes.

Pour attirer l’attention sur cette question, pour­

tant si importante pour chaque arm ée, nous avons

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été am ené ainsi à exam iner plusieurs incidents des dernières guerres, et, pour éclaircir la situa­

tion actuelle de l’arm em ent de l’infanterie et pour lever plusieurs des préjug’és sous ce rapport, nous nous som m es proposé de répondre aux questions suivantes :

Quel était le but principal de la dernière grande réforme d’armes portatives?

S i c’était, la rapidité du tir, ju sq u ’à quel degré était- elle déjà, parvenue par le mécanisme darm es se char­

geant p ar la culasse ?

L e feu rapide, obtenu déjà par les armes à répé­

tition, est-il satisfaisant?

S i les fusils soi-disant à répétition ne produisent en­

core un feu rapide à véritable répétition et ne peuvent satisfaire les tacticiens modernes, comment peut-on augmenter la répétition ?

Q ui a obtenu sous ce rapport par ses expériences le résultat le p lu s pratique et le p lu s satisfaisant sans toucher à la simplicité et à la solidité des armes actuelles à longue portée ?

%

Répondant à toutes ces questions, nous devons parcourir l’histoire des dernières g'uerres depuis l’expédition de Grimée ju sq u ’à nos jours, pour prouver par des faits irréfutables que le feu des arm es portatives en général et surtout leur feu rapide était toujours l’élém ent principal de la supériorité des armes de l’infanterie, et qu’en

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— XIII —

conséquence la décision des batailles à l ’avenir appartiendra à telle infanterie d o n t la puissance sera la p lu s augm entée p a r les a rm es à fe u les p lu s sus­

ceptibles d u fe u rapide, tout en restant en même temps les plus sim ples, solides et de durables m a­

chines de gu erre.

J. I. D E P.

P aris, le 1er août 1879.

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L E F E U R A P I D E

D E

L ’I N F A N T E R I E

SO^ P A S S É ET SON A V E N IR

C H A P I T R E P R E M I E R

LA R A P ID IT É DU TIR

L E M OTIF PR IN C IP A L DE LA G R A N D E *RÉ FO R M E D ’ARMEMENT LES RÉSULTATS ORTENUS

PA R LES ARMES SË CHARGEANT PA R LA CULASSE

L ’histoire de l ’arm em ent des divers États européens, les phases successives p a r lesquelles ces arm em ents ont passé, les nom breux m odèles qui ont été adoptés à différentes époques, les m otifs cles changem ents q u i ont été apportés à ces modèles, les principes d ’où l ’on a fait découler les raisons de ces ch angem ents, offrent des sujets d ’étude nom breux et rem plis d ’in térê t su r les­

quels les officiers de toutes arm es po u rro n t se liv re r à des recherches fructueuses, car toutes ces questions se re lie n t d’une m anière directe à la tactique des diffé­

ren tes arm ées, aux époques les plus intéressantes de l’histoire m ilitaire.

Ils y v erro n t que les révolutions apportées à la tac­

tique p a r le génie des grands capitaines ont été accom ­ pagnées d ’un changem ent toujours très-im portan t dans l ’arm em ent.

1

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2 LE FEU R A PID E DE L ’IN FAN TERIE.

Au xve siècle JanZ izka’z Trocnova, au xvii0 Gustave- Adolphe, au xvm e F rédéric II, au xix° Napoléon, ap ­ p o rte n t sur les champs de bataille des systèm es nou­

v eau x de faire la g u erre.

Mais, quel que soit l ’in térê t de ces études ré tro sp ec­

tives, nous ne nous y arrêtero n s pas, p arce que la science des arm es a fait de tels progrès depuis qua­

ran te ans que nous n ’y trouverions que peu d ’enseigne­

m ents dont nous puissions faire une application im m é­

diate à la nouvelle organisation des arm ées et à la ta c ­ tique m oderne qui doit en ré su lter.

L ’histoire des arm es à feu p o rtatives successivem ent adoptées p a r les puissances européennes com prend huit époques bien distinctes : la p re m iè re , qui date du xive siècle, est celle où l ’on fit à la gu erre l ’application des prem ières arm es à feu, telles que canons à maii], serpentines, arquebuses, etc. La deuxièm e commence en 1717, lors de l’établissem ent en F rance et en E urope du p rem ier modèle d’arm es. La troisième pren d naissance en 1840 avec la platine à percussion. La quatrièm e en 1841 avec l’ad o p tio n , en P ru s s e , du fusil à a ig u ille , p a r Dreyse. La cinquièm e, en 1846, avec les arm es ray ées et les projectiles allongés. A p a rtir de cette époque, le m ouvem ent, en ce qui concerne les modifications à ap ­ p o rte r aux arm es de service, devient partiel, provoqué surto ut p a r l ’adoption du fusil se ch arg ean t p a r la cu­

lasse, en P russe.

L a sixièm e époque date de la dernière coalition de l ’E urope occidentale avec l ’A ngleterre contre la Russie, en 1853, c’est-à-dire au m om ent, où l ’on voit ap paraître les arm es de p etit calibre dans l ’arm em ent européen.

Quant à la rapidité du tir, il semble qu ’il n ’en fut question que po u r en craindre l ’excès. En vain, p en ­ dant une période de tre n te ans, les inventions se succé­

d èrent, en Am érique, en A ngleterre, en Bohême et en F ran c e; en vain plusieurs modèles offrirent des avan­

tages dont on au rait pu tire r p arti en en poursuivent l ’é tu d e ; de 1840 à 1860, tous les m odèles d ’arm es se

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SON PA SSÉ ET SON AVENIR. 3 chargeant p a r la culasse qui furent expérim entés, aussi bien à P rag u e (1850) et à S aint-P étersbourg q u ’à Lon­

dres, à P aris et .à Vienne, ne subirent les essais que pour satisfaire en partie la curiosité ou l ’opinion publi­

que, dont la pression comm ençait à se faire sen tir. Ces expériences furent en treprises, en outre, dans un but de recherches plutôt au point de vue de la justesse, dont la p lu p art de ces arm es réunissaient les conditions à un degré rem arquable.

La septième époque de la grande réform e d ’arm em ent commence en 1866 avec la bataille de S adow a, qui était p a r ses conséquences si funeste pour la m onarchie des H absbourg et qui a produit une v éritable révolution dans l’arm em ent. On ne discuta plus nulle p a rt, et le lendem ain de Sadow a, toutes les puissances, grandes ou petites, adoptèren t en principe le chargem ent p a r la culasse.

Dès cette ép oque, une v éritable fièvre d ’arm em ent s’em para des gouvernem ents européens, qui s’em pres­

sèren t d ’adopter le plus vite possible une arm e se ch ar­

geant p a r la culasse. P lus les inventeurs et les com pila­

teu rs p résentaient des nouveaux systèm es et des com pilations d ’arm es, plus on était em barrassé de tro u v er une bonne arm e de g u erre. Les gouvernem ents mêmes se p ré cip itè ren t comme jam ais.

En A u trich e , tout allait tellem ent précipitam m ent et subitem ent et l ’on s’échauffait à tel point, q u ’en moins de huit mois on adopta trois systèm es différents. La commission technique adm inistrative de V ienne, si aveugle ju sq u ’à ce m om ent, adopta en novem bre 1866 le fusil R em ington, e n ja n v ie r 1867 le systèm e W enzel, et déjà en ju illet de la mêm e année le systèm e à tab er­

nacle de Holoub, baptisé enfin systèm e W ern d l.

V A n g leterre transform a son fusil Enfield en Snyder, adopta le m écanisme de M artini avec la cartouche de H enry p our l’arm e neuve, et se sert m aintenant du fusil M artini-Peabody.

L'Am érique du Nord adopta le fusil Lindner, qui était

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4 LE FEU R A PID E DE L ’IN FAN TERIE.

rem placé plus tard p a r le systèm e Springtield et p artiel­

lem ent p a r le fusil à m agasin de Spencer.

La B avière avait le fusil P odew il et W e rd e r qui ont été, en conséquence de l’unification forcée, rem placés en 1869 p a r D reyse, et en 1874 p ar le systèm e M auser.

La Belgique a adopté le m écanism e du systèm e Albini- B randlin, qui était adapté pour un p etit calibre.

La Bulgarie vien t d ’être arm ée p a r la R ussie avec le systèm e de K rnka.

Le Brésil comme aussi le C h ili sont arm és avec le systèm e Comblain.

La Chine fabrique elle-même le systèm e R em ington dans, sa p ropre m anufacture d ’arm es, à Lian-dché-ou-fou.

Le D anem ark et l 'E g yp te ont égalem ent choisi pour arm e le fusil R em ington.

L 'E sp a g n e adopta R em ington et B erdan.

La France adopta une transform ation peu différente du systèm e Snyder, en '1866 le fusil Chassepot, en 1874 le fusil Gras, pour la m arine le fusil à m agasin K ro- patchek.

La Grèce adopta le fusil R em ington et récem m ent le systèm e Gras.

La Hollande a im ité l’A ngleterre et transform é ses fusils; elle adopta définitivem ent en 1870 le système Beaum ont.

Les Indes avaient reçu, p a r l ’A n g leterre, les fusils Snyder, jetés p a r elle, qui étaient bientôt rem placés partiellem ent p a r le systèm e H enry-M artini et M artini- P eabody.

L 'Italie adopta Carcano, puis le fusil R em ington, et est arm ée avec le systèm e V etterli.

Le Monténégro adopta en 1869 le systèm e K rnka, muni du « chargeur rapide » du systèm e K rnka.

La N orw ège avec la Suède ont adopté le systèm e R e­

m ington et le fusil à m agasin de Jarm an.

La Perse a acheté, p a r l ’Allemagne, les fusils Chas­

sepot.

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Le P ortu g a l a adopté le fusil B erdan.

La Roum anie les fusils D reyse, K rn k a et P eabody.

La Russie rem plaça le systèm e Térry-Norm an p ar le systèm e C arie, adopta définitivem ent le systèm e K rnka et com pléta son arm em ent de p etit calibre p a r le fusil B erdan, qui était m uni du chargeur rapide de K rn ka récem m ent adopté et introdu it en Russie.

La Serbie a les fusils Green et Peabody.

La Suisse a le fusil V etterli à un coup et V etterli à m agasin.

La Suède avec la Norwège ont adopté le fusil B e- mington et le fusil à répétition de Jarm an.

La Turquie, comme les Indes, reçoit son arm em ent p a r l ’A n g le te rre ; c’est pourquoi elle a les fusils de Snyder, de H enry-M artini, de M artini-Peabody, et aussi une p artie des fusils à répétitio n du systèm e W in ­ chester.

Quoique le nom bre de ces systèm es différents soit bien considérable, on p o u rrait, à v ra i dire, les ré d u ire faci­

lem ent à cinq ou six systèm es, m éritant cette dénom i­

nation ; la plus grande partie sont plu tôt des im itations et des com pilations souvent peu originales et encore moins ingénieuses qu’on p o u rra it le supposer à prem ière vue. Mais on sera encore plus étonné des résultats et des effets de tous ces systèm es nom breux, en ce qui con­

cerne la vitesse du tir. Aucun de ces fusils se charg eant p a r la culasse ne p eu t donner en com bat plus que 7 à 10 coups dans une m inute, ce que les tacticiens mo­

dernes ne tro uvaient aucunem ent satisfaisant, ni dans la gu erre franco-allem ande, ni dans la dernière gu erre d ’Orient.

Tel était succinctem ent l ’état général de la grande ré ­ forme d ’arm em ent en E urope, dans la septième époque.

On voit p arto u t l ’idée déterm inante p ou r l ’adoption du modèle neuf, la ra p id ité du tir; dans ce b u t, chaque puissance avait transform é son arm em ent existant. Avec le systèm e du chargem ent p a r la culasse po u r base, on chercha un m odèle neuf dont le tir fût aussi rapide que

SON PA SSÉ ET SON A V EN IR. 5

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6 LE FEU R A PID E DE L ’IN FAN TER IE.

possible et qui surpassât les m odèles adoptés p a r les au­

tre s puissances.

C’était la rapidité du tir qui avait déterm iné plusieurs puissances m ilitaires de l’E urope à ch ang er deux ou trois fois le u r arm em ent à des époques si restrein tes.

Allons voir dans l’histoire des d ernières g u e rre s l’ef­

fet obtenu p a r les arm es se ch arg ean t p a r la culasse : Napoléon Ior était si loin de p lacer la force de l’in fan ­ te rie ailleurs que dans son feu, qu ’il prescrit, dans ses Mémoires, de la form er su r deux rangs, p arce que le fusil ne p erm e t de tire r que sur cet ord re et q u ’il est reconnu que le feu du troisièm e ra n g est im parfait, et m êm e qu’il est nuisible à celui des deux p re m ie rs !...

« Prétendre courir sur les pièces, les enlever à l ’arm e blan­

che ou fa ire tuer des canonniers p a r des tirailleurs sont des idées chim ériques... Une bonne infanterie est sans doute le n e rf de l’arm ée ; mais, si elle avait longtem ps à com battre contre une artillerie très-su p érieu re, elle se dém oraliserait et serait détruite ('1). » Cette opinion ex­

clusive d ’un si grand praticien dans les g u erres était v raie à son époque, mais m aintenant cette opinion n ’est p arta g ée que p a r les partisans outrés de l ’artillerie;

dans le m om ent actuel, p a rto u t en E urope, ces p a rti­

sans veu lent augm enter considérablem ent le nom bre des bouches à feu d ’une arm ée en cam pagne, se b asa n t sur l ’influence exagérée que l ’on a accordée à l ’artillerie allem ande p endant la d ernière g u erre franco-allem ande, et qui p araît peu fondée.

En I 808, un corps d ’arm ée tu rq u e d ’élite, sous le férik (divisionnaire) K adri-Pacha, envahit le district de Grahovo en Monténégro pour le détach er de cette p rin ­

(1) Mémoires de Napoléon, écrits à Saint-H élène p ar le général de Montholon, sous la dictée de l’em pereur.

(25)

SON PASSÉ ET SON AVENIR. 7

cipauté po u r toujours. Le prince Daniel (1) envoya son frère, le grand-voïvode Mirko P etro v itch , avec 36 com­

pagnies m onténégrines sans aucune artillerie contre un corps de 13 000 Turcs ayant une artillerie composée de 14 bouches à feu. Les Turcs avaient occupé les m eil­

leu res positions stratégiques entre G rahovac et Miro- tinski-D olovi, dans lesquelles ils s’étaient bien re tra n ­ chés. 3 600 M onténégrins, sous les voïvodes Mirko P etrovitch et P e ta r V oukotitch, p a rv in re n t, en trois jo u rs, à occuper leurs flancs et blo q u èren t le camp tu rc.

Le 1er mai 1888, les M onténégrins attaq u è ren t de tous les côtés la position fortem ent re tran ch é e, d onn èrent plu­

sieurs salves et co u ru ren t avec les y atagans sur les pièces, tu ère n t tous les canonniers tu rcs et p rire n t à l ’ennemi toutes les pièces et to u t le camp ; ces faits p ro u ­ ven t ainsi aux partisans de l ’opinion de Napoléon Ier, que ces idées ne sont plus chim ériques pour les braves tirailleurs m onténégrins, su r lesquels toute la forte canon­

nade tu rq u e des trois jo u rs n ’avait eu aucune influence dém oralisante. Les M onténégrins avaient pris aux Turcs toute l ’artillerie et § 000 fusils Minié.

La g u erre de 1889, de Y A utriche contre le P iém on t et la France, avait tro u v é l ’arm em ent de l’infanterie au­

trichienne dans un état des plus déplorables et des plus négligés. Quoique l ’arm u rie r K rnka eût déjà, en fé­

v rie r 1880, proposé, p our la prem ière fois, à cette puissance un fusil se charg eant p a r la culasse, elle avait p o u rta n t préféré à ce nouveau systèm e le Zünder- schlossgew ehr, une invention clu général Augustin.

Ce systèm e était bientôt abandonné, et le même in ­ venteur re n o u v ela, en 1886, sa proposition d’une

« Schnellschufsbüchse », déjà perfectionnée. Mais l’Ober- arm eecom m ando, de V ienne, re je ta , pour la seconde fo is, la proposition du K rnka avec un docum ent de

(1) L a Souveraineté du Monténégro, par Jean Vaclik. P aris, 1858.

—• « Orlitch » Cetinié, 1865.

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8 LE FEU R A PID E DE L’IN FAN TERIE.

ce tem ps, qui m érite d ’être considéré comme une cause célèbre dans l’histoire de l’arm em ent, en général (1).

L ’O berarm eecom m ando a répondu entre autres :

« P arc e q u ’il est suffisamm ent constaté, p a r plusieurs cau­

ses bien fondées, qu’un fusil se ch arg ean t p a r la culasse ne p o u rrait jam ais être p ro p re aux services de la g u erre, le systèm e K rnka vient d ’être re je té . » Alors on adopta le fusil à piston de Lorenz. Ce systèm e p ré sen tait deux arm es du même calibre (1 3 ,nm,9 ). L ’infanterie au tri­

chienne devait em ployer deux sortes de cartouches, l ’une p ou r le fusil rayé de la ligne, avec un projectile de 30 gram m es et 4 gram m es de poud re ; l ’au tre p o u r la carabine tyrolienne, avec un projectile de 28 gram m es et une charge de poudre de 4BT,37. Les deux armes avaient une hausse graduée à 750 m èt.; mais le fusil de ligne n ’avait pas, après 500 m èt., beaucoup de justesse, quoiqu’elle fût encore bien supérieure à celle du fusil français. Excepté les Tyroliens et les chasseurs, le reste de l ’infanterie autrichienne ne jouissait pas d ’une c e r­

tain e réputatio n d ’adresse d ’exercice au tir et de l’ap­

préciation des distances. Mais, après un certain nom bre de coups, le canon a été bientôt encrassé, le charge­

m ent devenait très-pénible.

L ’infanterie piém ontaise avait un fusil analogue au fusil français, mais non ray é et tira n t une balle à téton.

Les bersag lieri possédaient seuls une carabine rayée, mais de beaucoup inférieure aux fusils autrichiens.

L’infanterie française, n ’oubliant jam ais la ten eu r d ’un des prem iers ordres du jo u r : « Les arm es de précision ne sont dangereuses que de loin, » ne se p résen ta pas en colonnes profondes d e v a n tle fe u des A utrichiens, et, déployée presque toujours en une chaîne de tirailleu rs sachant tire r p arti de tous les accidents de te rra in pour tirailler, et su rto u t se couvrir à son aise, s’avancait avec rapidité sur l ’infanterie ennem ie, qui, ne pouvant réu s­

(1) K rnka’s Schnellschussbûchse, Mediass in Siebenbürgen Druck von L auterbaeh, 186S.

(27)

SON PASSÉ ET SON AVENIR. 9 sir à F éb ra n le r p a r quelques salves précipitées, et n ’osant a tten d re le com bat corps à corps, to urnait les talons dès q u ’elle se sentait se rrée de près. L ’infanterie autrichienne ne se laissa jam ais ab o rd er p a r l ’infanterie française et b attit toujours, en conséquence, en re traite avant le contact. Ainsi furen t gagnées p a r les troupes françaises les batailles de Palestro. Turbigo et Monte- bello. La victoire de M agenta fut due à la b rav ou re des g renad iers de la garde française, qui défendirent, cha­

que fantassin individuellem ent, la redoute de S a n Mar- tino avec ténacité ju sq u ’à ce que M ac-Mahon, tom bant en plein sur le flanc des A utrichiens, décida définitive­

m ent de la victoire de M agenta.

Le com bat de Melegnano est un succès de l’infanterie française. La bataille de Solferino fut gagnée p ar l ’in­

fanterie du m aréchal Nie! renforcée p ar le général Tro- chu et p a r la division des voltigeurs de la garde fran­

çaise, qui enleva les positions de Solferino et C avriana.

Si quelques boulets français destinés aux prem ières lignes autrichiennes tom bant dans leu rs réserv es au­

ra ie n t déterm iné leu r débandade, cela pro u v erait le peu de solidité de l ’infanterie autrichienne. Le soldat fran ­ çais se b a ttit selon ses traditions d’offensive, soutenu toujours p a r la force m orale, bien supérieure à la force physique, comme le disait le prince Frédéric-C harles de P ru sse, étu d ian t la tactique française dans la cam pagne d’Italie (1860) (1).

Quel succès a u ra it pu avoir l’arm ée autrichienne dans cette g u e rre , si son gouvernem ent avait adopté déjà, en 1880 et en 1856, le fusil se ch arg ean t p a r la culasse, qui lui avait été proposé p a r un de ses arm uriers p a ­ triotiques ! P ersonne ne p eu t n ier qu ’alors les désastres de Solferino pouvaient être facilem ent é v ité s '(2).

(1) Charles (le prince), « P rincipes de la grande g u e rre ».

(2) K rnka’s Schnellschnssbùchse. — K rnka’s Kùrassreisser.

K lausenburg in Siebenbürgen in der reform irten D ruckerei, 1866.—

K rnka’s H and-m itraüleitse oder K ulom et. P ra g , 1872.

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10 LE FEU R A PID E DE L ’IN FAN TERIE.

En '1861-1862, le p etit P iém ont des Slaves du sud, le Monténégro, souleva les chrétiens d ’Herzégovine contre ses oppresseurs tu rcs. P a r la m anière adoptée p ar les M onténégrins de l ’ordre dispersé dans le com bat, depuis que les Turcs m enaçaient l ’indépendance de ce vaillant et héroïque peuple, l’arm ée tu rq u e, sous le com m ande­

m ent de D ervich-P acha et A bdi-P acha, fut chassée p a r les tirailleurs m onténégrins, sachant utiliser le terrain , ju sq u ’à M ostar et S cutari, et dans les fortins érigés comme une ceinture de fer au to u r du M onténégro. Dans les com bats, à K rinica, M ouritchi, V ranina, dans les défilés sanglants de Douga, p arto u t les M onténégrins restaient, quoique sans aucune artillerie, vainqueurs. Mais la T u r­

quie, s’appuyant sur les conseils de l ’A ngleterre et de l ’A utriche, d éclara enfin la g u erre au p etit M onténé­

gro, qui savait se défendre héroïquem ent sans artillerie et avec les arm es lisses, contre une arm ée nom breuse de cinq m ouchirs (m aréchaux), sous le fameux Ser- d ar Ekrem O m er-P acha. Les combats et batailles, à Slano, à R asselina-G lavica, à P lana, à Zagaratch, à V olatch, à M eterize et à Grab, dirigés p ar le g ran d - voïvode Mirko P etro v itch contre les m ouchirs Abdul- K érim , Abdi et D ervich-P acha, avaient convaincu le sultan Abdul-Azis, que toute cette cam pagne devait re ste r sans aucun ré su lta t pour la Turquie, bien qu ’elle fût soutenue p a r les Anglais, tant avec l’argen t et le m atériel de g u erre, que p a r les conseils des agents anglais qui se tro u v aien t dans le camp tu rc. L ’infanterie m onténégrine, avec son feu bien dirigé, a conservé le prestige politique du M onténégro po u r l ’avenir p ro ­ ch a in ....

P en d an t la guerre du D anem ark en 1863-1864, dans cette lutte héroïque d ’un p etit mais brave peuple contre deux grandes puissances de prem ier rang, la P russe et l ’A utriche, c’étaient les P russiens qui se servaient po u r la prem ière fois de leur fusil à aiguille, de systèm e D reyse, su r une échelle un peu large, et les résultats

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q u ’ils obtinrent p ro u v è ren t toute l ’influence du feu d ’une bonne infanterie sur le sort des com bats. Les re tra n ­ chem ents de D annew erke, les ouvrages de Düppel ont 'été p ris p a r le feu supérieur de l ’infanterie p ru ssien ne;

tandis que les Danois avaient en m oyenne à sup po rter de trois à cinq victim es, l’infanterie prussienne n ’en su­

bissait q u ’une, et cependant elle était sacrifiée aux balles ennemies (1).

A l’attaque de Düppel, une com pagnie de ISO hommes ap p a rten an t à un bataillon danois des plus estim és, et que po u r cette raison on appelait le bataillon des zouaves, fut com plètem ent détru ite p a r le feu rapide su r un p arcours de 200 pas seulem ent, au m om ent où elle se précip itait sur un bataillon prussien qui lui était opposé.

Dans la guerre d ’Am érique, 1861-'186b, d ’une lutte incessante et acharnée, rem plie p a r une quantité de com bats et de batailles, l’arm em ent de l ’infanterie était le m êm e dès le début dans les deux arm ées. Il se com­

posait de fusils (copie du fusil Enfield) et carabines rayées de moyen calibre (14nim,6) lançant un projectile de 32 gram m es avec une charge de 4sr,50, ayant ju s q u ’à 1 000 m èt. une assez belle justesse. Les batailles de cette g u erre ne fu ren t q u ’une lutte à longué po rtée, c ’est pourquoi elles sont restées généralem ent indécises.

Le Nord introduisit, enfin, non-seulem ent le fusil P ea­

body, se chargeant p a r la culasse, mais aussi le m ous­

queton S pencer (à répétition), et la lu tte a été bientôt décidée et term inée. Ces arm es (12mm,7), d ’un tir très - rapide, re n d iren t le feu de l’infanterie fédérale décisif.

Elle avait, à la bataille de Chikam anga, dirigé un feu tellem ent infernal contre les adversaires, « que le feu cessé, — dit le colonel W ilder, — il fut impossible, dans un espace de 271 m ètres de la position occupée

(i) Plœ nnies : « Le fusil à aiguille, notes et observations cri­

tiques, etc. »

SON PA SSÉ ET SON A VENIR. i l

(30)

•12 LE FEU RAPIDE DE L ’IN FA N TER IE.

p ar l ’ennemi, de faire un pas sans poser le pied sur un cadavre. »

Les batailles livrées pen d an t cette g u erre de la sé­

cession nous donnent une m oyenne de 10 à 12 pour 100 en tués, blessés ou disparus. En lisant les relations des com bats qui se liv rère n t à cette époque aux États-Unis, on ne s’étonnera pas que les chiffres des pertes soient plus forts que ceux relevés su r les champs de bataille européens.

Dans ] a g u e rre entre la Prusse et l ’A utriche, en 1866, l’in­

fanterie autrichienne avait le même arm em ent q u ’en 1859.

Les P russiens avaient le systèm e D reyse, fusil à aiguille rem o ntant à '1841. Le calibre de l ’arm e avait 15mm,43 et le fantassin prussien p o rtait 60 cartouches, dont 20 dans chacune de ses deux gibernes et 20 dans le sac, qui contenait en outre 36 enveloppes en pap ier et 30 sabots en carton. Quoiqu’il y eût dans l ’arm ée prussienne plusieurs modèles de fusils et de carabines à aiguilles, toutes ces arm es étan t du même calibre ti­

raien t la même cartouche. La m anœ uvre de la charge exigeait 8 tem ps distincts et on pouvait tire r, en se pressant, de sept à h u it coups p a r m in u te , vitesse de tir bien supérieure à celle des arm es autrichiennes, qui ne dépassait guère trois coups en deux m inutes.

P en d an t les opérations des arm ées belligérantes dans le royaum e de Bohême, toutes les actions de g u erre de cette cam pagne furent gagnées p a r le feu de l ’infanterie prussienne. Même àN achod, Skalice, P rob lus, aux com­

bats de M ünchengratz, H ühnerw asser, de Sohr, de litchine et à la bataille de S adow a, les tirailleurs p ru s­

siens firent taire le feu de l ’artillerie autrichienne et s’em p arèren t d’un gran d nom bre de pièces. Sur les 113 bouches à feu prises sur le champ de bataille même, 108 le furen t p a r l ’infanterie et presque toutes p ar des tirailleurs. A Sadow a, des bataillons entiers d ’A utri­

chiens ont m ordu la poussière en cherchant à abo rd er tém érairem ent, en terrain découvert, des troupes bien

(31)

SON PASSÉ ET SON AVENIR. 13

comm andées. La cause principale de presque toutes les pertes des A utrichiens doit être cherchée dans le tir rapide. « Il serait erron é, — dit le colonel d’artil­

lerie Stoffel, attaché m ilitaire à la cour de B erlin, de 1866-1870, — de croire que, si l ’infanterie autrichienne n ’a jam ais réussi à ab o rd er l’infanterie prussienne, c’est grâce à la ra pidité du tir de cette d ern ière : c’est bien plutôt grâce à la ferm eté et au sang-froid qu’a donnés aux troup es prussiennes la conviction d ’être inab o rd a­

bles, arm ées, comme elles l ’étaien t, d ’un fusil qui, après un prem ier coup tiré, perm et, p a r u n chargem ent ra­

p id e , d ’en tire r un second au b esoin , puis un tro i­

sièm e. C’est ce sang-froid et cette fe rm e té , nés de la confiance q u ’on s’était attaché à développer p en ­ dan t quinze ans, qui ont perm is à l’infanterie p ru s­

sienne, com posée de soldats sans expérience de la g uerre, de donner des feux tranqu illes et s û r s , à l ’égal des troupes les plus ag u erries. Les P russiens distinguent les feux d ’ensemble, q u ’ils appellent salves (feux de pe­

loton, de com pagnie ou de bataillon) et les feux à vo­

lonté, qu’ils nom m ent fe u rapide. C’est, p a r les feux d ’ensemble q u ’ils ont été redoutables. On ne cite pas un seul com bat où les Autrichiens aient pu les ab ord er à la baïonnette, m algré les recom m andations faites à ce sujet p a r le général B enedek dans une de ses procla­

mations. La prem ière décharge prussienne a rrê ta it net l ’attaque des A utrichiens qui, le plus souvent, se re ti­

rè re n t ; puis, grâce aux avantages que présen te un fusil qui se charge rapidem ent, les feux à volonté achevaient la déroute (R apports m ilitaires p a r Stoffel). » Môme la cavalerie autrichienne, si célèbre autrefois, re sta it sur le champ de bataille sans aucune action et était r e ­ poussée avec de grandes pertes p a r l ’infanterie p ru s­

sienne.

Il est une chose étran g e, c’est que, im m édiatem ent après Sadow a, alors que l ’on devait être bien persuadé de l ’im portance du feu rapide des fusils se chargeant p a r la culasse, on a adopté, pour l’A utriche, le fusil R e-

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14 LE FEU R A PID E DE L’IN FA N TER IE.

m ington, en le p ré féra n t de nouveau au fusil K rnka nouvellem ent perfectionné et proposé au gouvernem ent, ce qui se ré p était en 1867, quand on a préféré à K rnka le systèm e W enzel, lequel se trouve depuis ce tem ps-là déjà oublié et abandonné aux arsenaux comme vieille ferraille, tandis que K rnka gagne toujours du terrain .

M algré les avertissem ents et les conseils de plusieurs hommes de g u erre, les résultats des g u erres en Italie, en Saxe, dans le g rand-duché de B ade, ceux de la g u erre de 1863, dans le Schlesw ig-H olstein, ne dessil­

lère n t pas les y eux de l’Autriche ni d ’aucune puissance;

mais, après la cam pagne de 1866, ce fut une stu p eu r générale.

En M onténégro, en R ussie, on adopta alors le systèm e K rnka, en A utriche le R em ington, W enzel et W ernd l dans un court espace de tem ps.

La guerre franco-allem ande en 1870-1871. — Le fusil Chassepot, adopté p a r la commission de 1866 en trois sem aines d ’expériences, où il n ’avait pour concurrents que deux autres arm es , les fusils M anceaux et Favé, dont le mécanisme dérivait du fusil à aiguille de Dreyse, était très-su p érieu r au fusil prussien po u r la tension de trajecto ire, la justesse e t la rapidité du chargem ent, qui p erm ettait de tire r 10 coups p a r m inute en se p ressant beaucoup. Mais la cartouche, étan t trop libre dans son logem ent, donnait beaucoup de ra té s au p rem ier coup.

La justesse du fusil était bonne à 500 m èt. et assez bonne ju sq u ’à 1 000 m èt.; mais l ’étude d ’appréciation des distances et des feux à com m andem ent n ’était pas introduite d ’une m anière sérieuse, d ’où devait fatalem ent ré su lter dans l’infanterie française l’abus du tir à volonté et des feux aux grandes distances de 800-1200 m ètres.

Le feu causait aux troupes allem andes des pertes sé­

rieuses avant que celles-ci eussent pu répondre effica­

cem ent p a r le feu du fusil Dreyse, qui n ’avait q u ’une portée efficace de 400-500 pas. Les Français tiraient avec une précipitation fiévreuse, m ettant à peine le fusil

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SON PASSÉ ET SON A V EN IR. 15 dans la direction de l’ennem i, faisant beaucoup de b ru it pour peu de besogne, échappant ainsi au com m andem ent, consomm ant m aladroitem ent une grande quantité de m unitions alors que l ’ennemi était aux grandes distances, et les ayant épuisées ou mis les arm es hors de service au m om ent où, l’ennemi se p o rta n t en avant, des feux d ’ensemble bien ajustés auraien t pu p ro du ire des ré ­ sultats si efficaces. (A S ain t-P riv at, R oncourt, Sainte- M arie-aux-Chênes.)

Si les feux à com m andem ent avaient été exécutés à la place de cet inepte feu à volonté, dit M. G irard (1), la résistance eût été plus longue; la ligne d’infanterie eût pu défendre le terrain pied à pied, continuer le com bat ju sq u ’à la nuit, c’e st-à -d ire ju s q u ’à l’arrivée de la garde et des m unitions de l’artillerie. En tout cas, on eût doublé p e u t-ê tre les p erte s de l ’ennem i... Le soldat français v it les Allemands, adm irablem ent disciplinés et com m andés, a rriv e r et m an œ uvrer sur le champ de b a ­ taille comme sur le terrain d’exercices. Sa confiance fut ébranlée et le com m andem ent subit probablem ent la même im pression...

La F rance avait un fusil d ’une portée, d ’une justesse incontestablem ent supérieures à celui des P russiens. Les feux de la m ousqueterie française, à g rande distance, leur ont fait épro uver des pertes q u ’ils n ’ont pu a rrê te r.

Les m éthodes de tir n ’avaient pas été étudiées ; le ra v i­

taillem ent abondant des m unitions n ’était pas assuré ; mais, ce tir mal dirigé, ils s’encourageaient à p récipiter la m arche en avant po u r dim inuer les distances.

Dans toute la g u e rre ,, l ’arm ée française lu tta cepen­

dant contre les forces bien supérieures de l ’Allemagne.

Dans le combat de W issem bourg, 4 août, il y avait 40,000 Prussiens contre 9,000 Français, et p o u rtan t les Allemands eu ren t au tan t d’hommes hors de com bat que les Français.

(1) Le Fusil Chassepot, p ar G irard, lieutenant au 91° de ligne.

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10 LE FEU R A PID E DE L ’IN FA N TERIE.

Le 6 août, à W œ rth et aussi plus tard à M etz, les troupes allem andes étaient obligées de tra v e rse r des espaces entièrem ent à découvert sous le feu violent des Français, sans que, du reste, leurs feux pussent a t­

teindre l ’ennem i, la p lu p art du tem ps déjà bien abrité ; p ar suite, le com bat commençait au m ilieu des circons­

tances les plus favorables. P end an t qu ’on appren d aux fantassins allem ands à ne pas tire r plus loin et plus sou­

ven t que l’efficacité probable ne le dem ande, les offi­

ciers français paraissent être d ’une opinion contraire : celle de faire ouvrir le feu à des distances telles q u ’il ne peut être question que de hasard , et non d ’excellence du tir (1). Dans cette bataille, 40 000 Français se b a t­

taient contre 80 000 P ru ssien s, qui avaient encore 60 000 hommes en réserve. Les F rançais p erd iren t 4 000 hommes, mais la victoire coûta trè s-c h e r aux Allemands, 8 000 hommes.

Dans le com bat du 6 août, à Spicheren, les Allemands perd iren t 4 000 hommes environ, comme les F rançais;

mais la force m orale était déjà passée du côté des Alle­

mands, et la garde française se repliait sur Metz.

Dans le com bat de B orny, près du fort de Queuleu, les forces prussiennes a rrê ta n t le m ouvem ent de re traite de l’arm ée française, au prix de grandes p ertes dues au tir de l ’infanterie française, qui était su périeu re à l'in ­ fanterie allem ande p a r la valeu r et la rapidité de d es­

truction (2), les pertes ont été de 3 §00 Français et de 5 000 Allemands.

La bataille de R ezonville, le 16 août, fut sanglante, mais indécise. Les Prussiens avaient 17 000 tués ou blessés, les Français 18 000 hommes. Des deux côtés, chaque p arti avait engagé à peu près 80 000 hommes ;

(1) Guerre franco-allem ande, p ar le colonel B orbstoedt.

(2) A rm em ent et tir d’infanterie, p ar Capdevielle.

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SON PA SSÉ ET SON AVENIR. 17 les troupes furen t adm irables, les trophées enlevés à peu près nuls (1).

Dans la bataille de Gravelotte, le 18 août, l ’arm ée française com ptait à peine 120 000 hommes, avec 480 canons et m itrailleuses ; les P russiens lui opposèrent 200 000 hommes avec 720 canons. Les feux de l ’infan­

terie française furen t encore supérieurs aux feux des Allemands qui étaient épuisés. L ’attaque de S aint-P rivat p a r la garde prussienne était repoussée avec des pertes énorm es, pro v en an t principalem ent du feu rap ide de l ’infanterie française. Une offensive vigoureuse de la garde française, en réserve au fort de P lappeville, aurait donné une belle victoire à la F rance ; mais l ’infanterie française, ayant épuisé toutes ses m unitions, fut obligée de se replier. Six corps d ’arm ée allem ands avaient rem ­ porté cette belle v icto ire, mais aucun trophée, aucune pièce de canon dém ontée ne resta nulle p a rt en tre leurs mains. De plus, 40 000 tués ou blessés allem ands et 20 000 Français tém oignaient de l’acharnem ent inouï de cette lu tte de neuf heures, dans laquelle « le courage des Allemands n ’a triom phé qu’avec peine de la solidité des troupes françaises » (2).

La grande portée du fusil français a mis, à plus de '1 200 m èt., en dix m inutes, à bas 6 000 gardes p ru s­

siens à S aint-P riv at, et il fallut aussitôt suspendre la m a rc h e . en avan t (3). C’est le feu de l’infanterie qui am ena seul ce résu ltat.

L ’au teu r ajoute quelques lignes en re n d an t compte de tous les com bats au to u r de M etz. Quoique 80 000 hommes eussent disparu, le ré su ltat obtenu était trè s- mince. On peut se faire une idée de l ’esprit qui rég nait parm i les troupes, si l’on rem arque que les Allem ands,

(1) Opérations m ilitaires autour de M etz, p a r un officier général prussien.

(2) Opérations autour de Metz.

(3) P rince Guillaume de W ü rte m b e rg , Tactique de l’infanterie prussienne.

(36)

18 LE FEU R A PID E DE L ’IN FAN TERIE.

les vainqueurs de ce duel gigantesque, n ’avaient pris que 7 pièces de canon et 6 000 prisonniers non blessés, tous sans exception pris dans les villages q u ’ils venaient de défendre ju sq u ’à la d ernière extrém ité. Ils avaient eux-m êm es p erd u 800 prisonniers et 2 pièces de canon (1).

Dans les combats et batailles autour de Metz, les pertes prussiennes étaient plus considérables que les p erte s françaises, et elles provenaient presqu e exclusi­

v em en t du feu de l’infanterie française. S ur '100 bles­

sures, les P russiens en accusent près de 90 p a r les b alles et arm es blanches de l ’infanterie, et '10 seulem ent p a r les éclats d ’obus et balles de m itrailleuses.

Dans les opérations de l'arm ée de S ed a n , l ’infanterie française lu tta avec acharnem ent dans le com bat de B ea um ont, et su rto u t l ’infanterie de la m arine dans le com bat de D ouzy à Bazeilles, et il ne restait réellem en t à m ettre en ligne que 90 000 hommes et 2S0 canons en dem i-cercle au to u r de Sedan, dans une position détes­

table. Dans cette jo u rn ée funeste, les F rançais avaient perdu 14 000 hommes et les Allemands '13 000 hommes av an t l ’apparition du drapeau blanc à Sedan.

Dans les opérations m ilitaires autour de Paris, avec l ’arm ée réorganisée du G ouvernem ent de la Défense nationale, on doit reconnaître les plus grands efforts des Gam betta, Yinoy, D ucrot, Trochu, po u r défendre la capitale, mais, selon les tém oignages du g énéral Vinoy (2), la jeu n e arm ée sans expérience, avec des officiers qui avaient à peine reçu un com m encem ent d ’instruction m ilitaire, et des sous-officiers to u t à fait ignorants, et avec des troupes aussi im pressionnables, venait en vain, dans les com bats de Châtillon, deC hevilly et de Malmaison, se h e u rte r contre un ennem i a g u e rri.

(I) Les opérations autour de Metz.

2) Siège de Paris.

(37)

SON PA SSÉ ET SON A VENIR. 19

S ur la Loire l ’infanterie de l ’arm ée n ouvellem ent re ­ constituée était, au com m encem ent, pleine de bonne volonté et de zèle, mais l ’arm em ent de cette infanterie laissait beaucoup à d ésirer. On y avait des fusils, mo­

dèles 1866 et 1868, à tab atière, des fusils ray és à p e r­

cussion, R em ington de divers m odèles et de divers ca­

libres, Snyder, Enfield, Springfield et môme Spencer.

• Toutes ces arm es étaient inférieures au fusil D reyse, manié p a r des soldats déjà bien pratiques.

Le général d ’A urelle de P aladines b attit les P ru s­

siens à Vallière et dans la bataille de C oulm iers; la jeu ne infanterie m archa brav em en t contre l ’ennem i. Le géné­

ral B arry, comme le général d’Aurelle .de P aladines, chassait l ’ennem i, et l’élan de nos troupes, disait le gé­

n éral Chanzy (1), » devint bientôt irrésistible; l ’ennem i dut se re p lie r successivem ent des jard in s et du parc, lais­

sant en tre nos m ains un assez grand nom bre de p ri­

sonniers. A quatre heures, Coulmiers était à nous ». Les Allemands évacuaient Orléans, qui fut transform é en camp re tran ch é . L ’infanterie française se b attit bien à B eaune-la-R olande, e ll e 1er décem bre la division Jaur- ré g u ib e rry enleva, avec son infanterie, successivem ent les villages de T erm iniers, F averolles, Villepion, Non- neville et C hauvreux.

Dans les com bats à L o ig n y et à P oupry les jeu n es trou pes com battaient bien contre les forces sup érieures de l’ennem i. « Mais ce fut une victoire stérile et sans résu ltats : nous avions devant nous toutes les forces ré u ­ nies du duc de M ecklem bourg, du g énéral de Thann et du prince F rédéric-C harles (2). »

En défendant O rléans, les m arins, comm andés p a r le capitaine de vaisseau R ib o u rt, tin re n t ju s q u ’à la d e r­

nière heu re. L eur feu avait duré toute la jo u rn ée et tenu en resp ect l’arm ée prussienne (3).

(1) La deuxième armée de la Loire, p a r le général Chanzy.

(2) La prem ière armée de la Loire, p a r le général d ’Aurelle de Paladines.

(3) Orléans.

(38)

20 LE FEU RAPIDE DE L ’IN FA N TERIE.

« Les Allemands avaient des raisons pour reconnaître la brav o u re des tro u p es françaises im provisées (1). »

Dans les opérations de l’arm ée du Nord, à la bataille d'A m iens, l ’infanterie de m arine, le 2e bataillon de chas­

seurs et la com pagnie du génie rep o u ssèren t l ’ennemi à grande distance (2). Dans les batailles de Pont- Noijelles, d ’Achiet-le-G rand et de B apeaum e, la jeu n e arm ée s’em para des positions ennem ies et résista contre • la force supérieure des P russiens.

M. Boguslavski (3), capitaine d'infanterie prussienne, prouve clairem ent, en étudiant la question à un point de vue plus gén éral que nous, que, « m algré la puis­

sante action de l ’artillerie, les deux infanteries se sont battu es entre elles. P as plus en 1870 que dans les gu erres antérieu res, l ’artillerie n ’a jo u é un rôle décisif; les af­

faires ont presque toujours été décidées p a r l’infanterie, qui au rait souvent pu atten d re une p ré p aratio n plus com plète de sa besogne p a r l ’artillerie ».

La p roportion en tre le nom bre de blessures pro v e­

nan t des différentes arm es, qui fut constatée sur les corps de 13 202 hommes blessés ou tués de l ’arm ée p ru s­

sienne, donne les chiffres suivants (4) :

Blessures provenant de balles et f u s ils ... 79 ,0

d ’éelats d ’obus... 15,6

de coups de sabre ou lance. 5 ,0

de coups de baïonnette . . . 0 ,4 100,0

Dans les expéditions de la Ihtssie en Asie centrale contre le T ourkestan et B ukhara (1 8 6 6 -1 8 6 8 ), Khiva (1873), K hokand (1876), Alaï et P am ir (1877), sous les

(•1 ) , Guerre des frontières du R hin, p ar R üstow . (2) Général Faidherbe.

(3) Considérations générales sur la physionom ie des combats et batailles de 1870-1871.

(4) D éveloppem ent des arm es à feu, p a r Schmidt.

(39)

SON PASSÉ ET SON AVENIR. 21

g énéraux T chérniayev, K alpakovski, K rzizanow ski, von K aufm an, Abramov, Golowatchov, V eriovkin, Skobe- lev, Trozki, Borch et Ivanov, etc., p arto u t, dans p lu ­ sieurs sanglants com bats (à Tchim kend, Tachkend, Dji- sak, S am arkand, M akhram e, Andidjan e t dans la m on­

tagne d ’Alaï), le feu de l’infanterie, des fam eux chas­

seurs du T o u rk e sta n , ou le feu des Cosaques avait vaincu, com battant à pied contre des forces plusieurs fois num ériques et supérieures, contre des troupes de l ’ém ir de B oukhara, des khans de Khokand et Khiva et des bandes de K iptchaks, de K arakalpaks, et des Turkm ènes.

Dans la guerre GTOnmM877-'1878, la plus grande p a r­

tie de l’infanterie et de la cavalerie russe ont été an nées du fusil K rnka (calibre de six lignes). Ce fusil est trè s- solide et durable dans sa construction, mais à grande p ortée il était, inférieur à l ’arm em ent tu rc. On re g re tta it beaucoup en Russie d ’avoir appliqué au m écanisme K rnk a les m auvais canons de fusils Carie et de n ’avoir pas adopté le même m écanisme aussi po u r la fabrication des fusils nouveaux du p etit calibre. Le systèm e B erdan, adopté en Russie comme p etit calibre, m algré plusieurs perfectionnem ents successifs, ne put fonctionner encore que très-péniblem ent, su rto u t souvent p endant de grands froids. Chez K rnka il y a encore un au tre défaut : c’est que le contrôle, en re cev a n t ces fusils des fabricants, n ’a pas été assez rigoureux, surtout en ce qui con­

cerne la fabrication exacte de l ’éjecteur. Il y avait aussi les cartouches, souvent trop graissées ex térieurem ent : ce qui rendait, pen d an t les grands froids, l ’éjection des cartouches vides un peu plus difficile. Mais p o u rtan t le fusil K rnka, un peu plus fort en calibre, occasionnait aux Turcs des pertes très-sensibles au to u r de Plevna, C hipka, Koceliévo et Tcherkova. La garde im périale et les chasseurs avaient le fusil B erd a n , de bonne portée.

Chez les Turcs, presque toute l ’infanterie avait le bon fusil du systèm e M artini-P eabody, p artiellem ent aussi

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22 LE FEU R A PID E DE L’IN FA N TERIE.

H enry-M artini et S ny d er; et les Tcherkesses étaient a r ­ més de carabines à répétition du systèm e W in ch ester (à 7-13 coups). La supériorité d’arm es des Turcs était ainsi incontestable sur celle des R usses. Aussi les géné­

ra u x tu rcs ne tro u v èren t-ils rien de m ieux, p our leurs troupes de nouvelle levée, que de les disposer d errière des retranchem ents et d’utiliser, aussi bien que possible, la grande portée et la rapid ité du tir de leu rs arm es.

Ces deux pro p riétés principales furent mêm e mises à profit d’une façon nouvelle.

Le 15 ju illet, à N icopolis, il n ’y avait presque point de p ré p aratio n d ’attaque p a r l’artillerie, et une courte fu­

sillade de l ’infanterie avait causé de grandes p erte s, sur­

to u t au l 6r bataillon du 20e rég im ent (Galitch), qui se p ré cip ita it en avant contre le feu violent des Turcs, dans une solide redoute devant Nicopolis. Le feu rapide des Turcs était tellem ent violent que la l re com pagnie fut obligée de sortir des fossés et de ch e rch e r un abri dans les plis du te rra in de la redoute.

Le 19 ju i ll e t , dans la prem ière bataille devant P lew na, le 9e régim ent de Cosaques du Don fit, p a r le com m an­

dem ent de son colonel Nagibin, aussitôt m ettre pied à te rre , et un com bat très-vif de m ousqueterie d ura pres­

que ju sq u ’à l ’entrée de la nuit.

Le20 juillet, les fractions d u m êm erégim en td e Cosaques étaient obligées de re cu ler, étan t attaquées p a r le feu de l ’infanterie turque ; mais peu après deux sotnias re çu re n t l’ord re de m ettre pied à te rre et recom m encèrent le feu, qu ’avait a rrê té le m ouvem ent des Turcs en avant.

Le b rav e général Pokhitonov, sorti heureusem ent, pen­

dant la prem ière bataille de P lew n a , de la ville, rallia les débris des régim ents de Vologda et d’A rchangel, et résista héroïquem ent pendant plus de quatre heures à toutes les attaques des troupes d ’O sm an-Pacha p a r le feu bien no u rri des débris d ’infanterie qui lui restaient.

Le 30 ju ille t, dans la deuxièm e bataille devant

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SON PA SSÉ ET SON AVENIR. 23 P lew n a sur l ’aile gauche du prince Chakhovskoï, l’infan­

terie russe (les régim ents K oursk et Rylsk) sous le vaillant général Gorchkov ch argen t et chassent, p a r un feu rap ide, les Turcs d’abord de leurs em buscades, puis de leurs logem ents et de leurs tranch ées-ab ris p rès de R adichévo ; à la suite de ce fait, le régim ent R ylsk pouvait s’em parer de la redoute H afiz-Pacha en tre K ri- vica et Radichévo. Avec le régim ent Jaro slav (n° 117), le gén éral Gorchkov se lança de nouveau en avant, chassa les Turcs, p a r son feu rapide, su r P le w n a, et s’em para même du faubourg de la ville et d ’un grand moulin qui s’y tro u v ait et qu ’il mit aussitôt en état de défense.

Sur Y extrêm e gauche, le même jo u r, le détachem ent du g én éral Skobelev lu tta avec deux com pagnies d’infan­

terie et deux sotnias de cavalerie, depuis 10 heures du m atin, en avant de K rjine, po u r défendre contre huit bataillons turcs une h a u te u r par laquelle Osm an-Pacha eût pu to u rn e r la gauche du prince Chakhovskoï. Quoi­

que exténuée p a r six heures de com bat, cette poignée d’hom mes, se je ta n t résolûm ent à la baïonnette su r l’en­

nem i, le culbuta p a r cette attaque in atten d u e, et le poursuivit ju sq u ’aux faubourgs de P le w n a, à la p o rte du Sud.

S ur l'aile droite, le régim ent de P enza fît des prodiges de b ra v o u re ; de p a rt et d ’au tre le feu fut redoutable, et les attaques, sous les m ajors Kovalevski, étaient im­

pétueuses contre le feu m eu rtrie r de l ’infanterie tu rq u e de la redou te d ’A bdul-K érim -Tabia, défendue p a r le co­

lonel É rim -B ey. Mais to u t était en vain contre les feux rapides et terrib le s de l ’infanterie tu rq u e, qui les ac­

cabla p a r les feux des retranchem ents de front et en flanc, p a r lequel ils d u re n t interro m p re le u r m ouve­

m ent offensif. La b ra v o u re , la ténacité du régim ent P enza avait coûté 29 officiers et 1006 soldats m orts et blessés ensuite.

Cet exem ple a été suivi encore par le régim ent Koz- lov (123e), le 2e et 3e bataillons; mais leu r com m andant

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