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Le Messager de Haute-Silésie, 1921, R. 2, nr 5

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Academic year: 2022

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Journal Hebdomadaire paraissant le Dimanche

0M.„ .1 Administration " S.

- io. r. Gliwicka (Glelwitzerstr.)

Abonnements: Un “ois: 80 PŁ

Le numćro: 20 p*.

Vaines accusations.

Le gouvernement allemand voit une paille dans l’oeil des Polonais inais ne s’apercoit pas de la poutre q.u’il a dans le sien. Dans une note qti’il a presentde il y quinze jours ä la Conference des Ambassadeurs et aux Puissances Al­

lies, il se plaint des crimes commis par les Hauts-Sildsiens polonais, comme si l'Allemagne pouvait encore avoir la prd- tention de passer pour le „Royaume de la Crainte de Dieu.“ En lisant ces do- leances allemandes, on croirait vraiment que Vordre le plus parfait regne dans le Reich et que les crimes y sont presque inconnus.

Avant de juger l'etat moral de la Haute-Silesie, ii faut tenir compte des suites de la guerre dans le monde entier et des conditions speciales dans les- quelles se trouve cette province. C’est aujourd'hui une vdritd banale de dire que la Grande Guerre dechainee par VAllemagne a eu les consequences mo­

rales les plus nefastes pour toute VEu­

rope et que partout la criminalite a sen- siblement augmente depths plusieurs amides. 11 n' y a done pas de raisons pour lesquelles la Haute-Sildsie düt faire exception ä cette regle generale. Mais il ne faut pas oublier que ce pays, avec sa population tres dense et son Industrie si ddveleppee, devait de tout temps ctre predispose ä une criminalite assez forte, d’autant plus que les passions politiques qui etaient dechaindes depuis longtemps et le conflit inevitable entre deux races ennemies ne pouvaient qu’entrai- ner un abaissement de son niveau mo­

ral. Avant la guerre deja, la Haute- Silesie passait pour un pays assez agite et le gouvernernent prussien se rendait fort bien compte du caractere exube­

rant de sa population, de sorte que dans plusieurs districts il avait introduit une police spdeiale pour assurer Vordre et la sdcuritd publique.

Peut-on s’etonner dans les con­

ditions presentes, an moment on la po­

pulation entiere est en proie ä une in- quidtude fievreuse, quand les antago- nismes politiques et nationaux sont arri-

ves ä un degre de tension inconnu jusqu’iei, de voir la criminalite augmen- ter? Si ces Messieurs ä Berlin etaient sinceres et s’ils connaissaient l’a b c de la psychologie des foules, ils n’auraient certainement pas redige une note qui ne fait honneur ni ä leur bonne foi ni ä leur erudition. Qui, la criminalite a augments en Haute-Sildsie et les Polo­

nais aussi bien que les Allemands hon- netes sont prets ä le reconnattre et ä le deplorer, mats pourquoi jeter la pierre seulement aux Polonais. pourquoi les accuser de crimes que les Allemands commettent encore plus frdquemment?

Pourquoi pretendre que la situation est intolerable ici, quand eile n’est süre- ment pas plus mauvaise que dans les regions industrielles et dans les grandes agglomerations urbaines de l’Alle- magne?

L'Allemagne et en particulier la Prusse traversent actuellement une ari­

se economique et politique dont la rd- percussion se fait sentir dans la vie mo­

rale de la nation. Il suffit pour s’en con- vaincre de prendre connaissance des donnees statistiques officielies sur les divorces dont le nombre en Prusse s’elevait ä 16129 en 1914, pour arriver a 44 869 en 1919. La dissolution des moeurs, la soif de Tor et la corruption font des ravages dans les classes dle- vdes et moyennes et le peuple suit na- turellement 1'exemple qui lui vient d’en haut. Aussi la criminalite augmente-t- elle dans des proportions fantastiques et le nombre d’affaires pdnales ddpasse- t-il depuis la guerre tout ce qu’on avait vu jusqu’ici en Allemagne. Tandis qu'en 1913 le nombre d’affaires pdnales por- tees devant les tribunaux prussiens dtait de 779 576, ils s’dlevait ä 1 389 393 en 1919 et avait par consequent presque double en 6 ans. Les Allemands se ren- dent trds bien conipte de cette ddchdan- ce morale de leur pays et ne se genent pas de le dire. Ainsi, le conseiller d’Etat (Staatsrat) Mayer declare dans la

„Deutsche Juristenzeitung“ du 1. dć- cembre 1920 que „l’accroissement de la criminalitd est littdralement effrayant.“

Et le privat-docent Honig dit dans la

„Deutsche Allgemeine Zeitung“ du 5 janvier 1921 qu’on vole tout en Alle­

magne, que d’immenses forets ont dtd l’objet de speculations vdreuses et que dans ce pays on n'dtait plus sur ni de sa vie ni de son avoir. Le meine auteur nous dit que des bandes de brigands armes attaquent des fermes et des au- berges et depouillent les passants, qu’ä Brunswick des bandits ont pilić en plein jour l’Hötel des Postes, situć au centre de la ville, et qu’une petite bourgade de fanden duchd a dtd assaillie par des troupes de malfaiteurs. Le „Berliner Tageblatt“ du 18 janvier 1921 apprend que les prisons de Berlin sont insuffisan- tes pour contenir tous les criminels con- damnds dans cette ville et que le Mini- stere public se voit souvent oblige de remettre ä plus tard l’exdcution des sen­

tences des tribunaux ä cause du manque de place dans les maisons de detention.

Enfin, MM. Nelken et Schweikert ont publid en 1920 un livre intituld „Le Cam- brioleur“ (Der Einbrecher), oft ils nous apprennent des fails ćdifiants sur la sć- curite publique en Allemagne. Pour ne citer que quelques examples, disons qu'en 1917 on a coramis dans le quar­

tier de Berlin-Ouest, le plus elegant de la capitale, 1338 vols avec effraction, tandis qu’en 1919 le nombre des memes crimes atteignait deja le chiffre de 2320.

Rien qu’en janvier et en fdvricr 1920, on a commis 1167 vols avec effraction dans le mcme quartier. Toujours d'apres les memes auteurs, on avait void ä Berlin en 1919 4500 machines ä ecrire et pendant les deux premiers inois de 1’annde 1920 ce chiffre s’elevait dejä ä 1934. En 1914 il n’y avait que 13 vols d’automobiles a enregistrer, tandis qu’en

1919 en en vola 351.

Mais a quoi bon prolongcr cette liste ä 1’infini, quand les journaux allemands apportent tous les jours de nouveaux examples de vice et dc depravation, quand les debats parlementaires ddvoi- lent constamment des scandales dans les milieux officials 2

Avant la guerre, l’Allemagne etait un des pays les mieux administres de l’Europe. La discipline de fer du rdgi-

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2 Le Messager de Haute-Silesie No. 5- me cesarien inspirait line crainte salu-

taire au peuple qui tremblait devant l’uniforme de l’officier et de Vagent de police. La culture morale avait depuis longtemps baisse en Allemagne, mais enfin on craignait Vautorite et on dtait assez prudent. Pendant la guerre, lors- que les instincts les plus bas du peuple purent se donner libre co.urs, on vit cette nation sous les armes se livrer a toutes les atrocitćs en Belgique et en France et on put s’apercevoir que la fameuse „Kultur“, taut vantee, n’avait guere penćtre dans les moeurs du peuple allemand. Depuis la revolution de 1918, le regime a change et les Allemands habitućs ä un gouvernement presque autocratique paraissent completement dósorientes en republique. 11s ne savent pas jouir de la libertć sans en abuser et nous voyons les idees les plus subver­

sives trouver le meilleur accueil dans ce pays qui encore passait pour le plus conservateur du monde. Le communis- me, le bolchevisme et l’anarchie y trou- vent des adeptes nornbreux et les doc­

trines revolutionnaires russes ne peu- vent guere relever le niveau moral d’une nation qui a passć sans transition du cesarisme, avec ses pretoriens et ses intrigues de palais, ä un regime ultra- democratique. II passera beaucoup de temps encore avant que l’Allemagne se soit habitude ä ces conditions d’existen- ce tellement changees et on peut pre- voir d’avance que la criminalite qui est un Symptome du manque d’equilibre d’une societe n’y diminuera que quand le peuple allemand aura trouvd le regi­

me stable qui lui conviendra dans les circonstances presentes.

La Haute-Silesie se trouve dans des conditions beaucoup plus anormales que

Un Allemand sur les Allemands.

Quand en Allemagne un lenne homme a terminć ses etudes, son opinion sur le monde se resume ä croire qu’etrc Alle­

mand, c’est le bonheur supreme dont puis- se jouir un etre humain.

L’Allemagne est le coeur et le cerveau du monde entier, aussi l’inferiorite des peuples augmente-t-elle en raison directe de leur eloignement de ce foyer central de lumiere. -

D’apres l’opinion allemande, ce sont les Francais qui parmi les peuples latins ont subi la plus profonde degenerescence et sont destines ä une decheance complete.

II faut chercher la raison de cette deca­

dence dans le fait que la force allemande et les moeurs de l’Allemagne sont inconnus en France. Les Anglais sont perfides et mercantils, c’est un peuple qui n’a pas de r usioue et ne comprend pas le bien, le vrai et le beau auxquels les Allemands sont particulicrement sensibles. Les Slaves ne beuvent memc pas entrer en ligne de compte, tellement ils sont sąles et pen

rAllemagne, aussi ne faut-il pas s’ćton- ner de voir le nombre des crimes aug­

mented L’instabilite de ces conditions est inevitable sous un regime provisoi- re, par consequent on pent espćrer que du jour ou le plebiscite sera termin6 et oil la vie normale aura repris dans de pays, la criminalite diminuera rapidc- ment, surtout s'il est domie satisfaction aux desirs de la majorite de la popula­

tion qui veut ä tout prix etre reunie ä son ancienne patrie polonaise.

K. W.

I’ Italie el la Polewie ä travers les ages.

Quiconque a visite l’ancienne capitate de la Pologne, Cracovie, n’oubliera cer- tainement pas trois tableaux qui sont pour ainsi dire la synthesc des impressions eprouvees et qui constituent les points cssentiels de cette belle ville: le Wawel avec la cathedrale et le chateau royal, la Place du Marche avec l’eglise de Notre- Dame et la Halle aux Praps, enfin le tu­

mulus de Kościuszko couronnant la colline qui borde ä l’ouest la plaine appelee „Bło­

nie“. Ce sont lä des tableaux vraiment pittoresques qui evoquent une foule de souvenirs historiques.

Le tumulus, eleve ä la memoire du grand capitaine et du patriotę venere, rap­

pelle les lattes heroi'ques pour 1’indćpen- dance, les efforts et les elans patriotiques qui apres 130 ans devaient enfin conduire la nation polonaise an but taut desire. La Place du Marche, c’est l’expression de la vie bourgeoise et commerciale de la Po­

logne au cours des siecles. Le Wawel, c’est le livre ouvert de l’histoire de la Po­

logne oü 1’on peut lire le recit de sa vie politique, intellectuelle et religieuse; c’est lä que sont reunis nos reiiques nationales Its plus sacrees, souvenirs de nos rois et de nos heros, les plus beaux monuments de notre art, temoignages eloquents d’une histoire qui a dure dix siecles.

On a dit avec raison que quiconque n’a

cvJtives, et ce peu de culture intellectuelle qu’ils possedent, c’est encore ä l’Alle­

magne qu’ils le doivcnt.

Tout ce qui rentre dans le domaine du progres, les decouvertes scientifiques ou techniques, les creations de l’art, en un mot tout ce qui reprćsente des valours ideales, a etć trouve par le genie allemand.

Vu le manque complet d’esprit du ridi­

cule et de critique de soi-meme qui ca- racterise l’Allernand, on ne saurait s’eton- ner de voir ce peuple ne pas se rendre compte de l’opinion exageree qu’il a de lui-meme. II est surprenant de voir que les Allemands ignorcnt completcment le fait que des hommes superieurs de leur pays en ont parle souvent avec amertumc et mepris. Nous ne rappellerons pas au- jourd’hui ce que Goethe, Schopenhauer, Heine et tant d’autres ont dit sur ce sujet et nous voulons nous bonier ä citer quel­

ques passages de Nietzsche. Commenęons par une citation tiree de l’„Ecce Homo“:

„Pień ne saurait m’empechetr d’etre sincere et meme impertinent et de dire plusieurs verites aux Allemands“.

pas visite le Wawel ne connait pas l’hi- stoire de la Pologne. Tout ce qu’il y eu de plus grand et de plus noble dans notre passe a laisse ici des traces indelebiles.

La cathedrale avec les tombeaux de nos rois, avec ses chapellcs et ses autels, avec les gobelins qui ornent ses murs, avec son tresor et ses archives est une rare accu­

mulation d’oeuvres dart, de documents scicntifiques et de souvenirs historiques.

Le chateau royal attenant ä la cathedrale, avec sa grande cour Interieure, est uni- versellement reconnu commc un des plus beaux exemples de l’architecture des palais.

Au milieu d’oeuvres de toutes les epo- ques et de tons les styles accumulees au Wawel, depuis la petite eglise decouverte recemment, la plus vieille qui soit en Po­

logne, car eile date peut-etre du Xe siecle, jusqu’aux oeuvres contemporaines, c’est l'art de la Renaissance qui nous parle ici avec le plus deforce; nous devons ä l’lta- lie, parmi beaucoup d’autres oeuvres de ce genre, deux de ses joyaux les plus pre- cieux: la merveilleuse chapelle des Sigis- mond dans la cathedrale et le chateau royal sont l’oeuvre d’artistes Italiens.

Les relations entre la Pologne et Htalie remontent ä une epoque tres reculee et ont etc tres suivies. Au moyen-age dćja, des Italiens etaient chez nous directeurs des salines, des mines et des carrieres de marbre ainsi que des Hotels de la Mon- naise. Plus tard, ä partir du XVe siecle, les Italiens jouent un röle important dans notre commerce; nous les voyons ä la tete des principales institutions financieres.

Au XVe siecle i!s organiserent les postes de l’Etat dont ils furent les premiers diri- gcants. Des noms tcls que Cellari, Mon­

telupi, Gianotti abondent chez nous ä cet­

te epoque; plus tard ce sont les Pac (Pazzi) et les Madaliński (dont le nom, qui est une corruption de Mediolanum, trahit l’origine italienne): beaucoup de ces families se sont fixees definitivement en Pologne et ont meme polonise leurs noms. Le roi Si- gismond I epousa en 1518 une princesse italienne, Buona Sforza, filie de Gianga- leazzo, due de Milan, qui fit evidement ve- nir en Pologne ä sa suite une foule de ses

Void l’opinion de Nietzsche sur les comparaisons qu’on fait parfois entre la Reforme allemande et la Renaissance:

„En entendant des opinions pareilles, je finis par etre ä bout de patience et une envie irresistible me prend de dire une fois aux Allemands ce qu’ils ont sur la conscience. Ce sont eux qui sont respon­

sables de tons les crimes commis contrę la civilisation depuis quatre siecles“.

„Apres avoir, grace ä une perseverance et une maitrise de soi-meme tout-a-fait extraordinaires, acquis une manierę de penser exclusivement scientifique, les Al­

lemands sont revenus par des chemins detournes ä leur ancien „ideal“, c’est ä dire ä vouloir concilier la verite avec cet ideal meme. En realite ils ont trouve des formales pour s’ecarter de la vraie science et pour donner des droits au mcn- songe".

„J’ai declarć dćja ä Tage de 26 ans qu’il y allait de mon ambition de me di- stinguer par un profond mepris des Alle­

mands. Je les trouve impossibles. Quand je tache de me representer des gens dont

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compatriotes. Mais c’est bien avant dejä qu’avait commence l’afflux d’artistes Ita­

liens ä la cour des Jagelions. Des archi- tectes et des sculpteurs italicns ornaient et restauraient dejä vers 1502 la residence royale et unc foule d’artistes y vinrcnt travaillcr dans la suite. Sigismond-Auguste, fils de la reine Buona et dernier roi de la dynastic des Jagellons, se plaisait ä s’en entourcr; ses successeurs, Jean Batory et les souverains de la familie des Waza, continuerent ä les attirer ä leur cour.

‘Cette tradition a survecu pendant le regne de Sobieski et meine pendant celui de la dynastic de Saxe, pour atteindre son plein

■ćpanouissemcnt vers la fin du XVIIIC siede, lorsque le dernier roi de Pologne, Stani- slas-Auguste, grand p/otecteur des arts quoique faible souverain, voulut causer en Pologne unc renaissance artistique. II fit venir ä Varsovic toute une serie d’archi- tectes, de sculpteurs et de peintrcs Italiens pour leur donncr differentes taches ä ac- complir et les placer ä la tete des ecoles des beaux-arts.

La cour royale communiqua l’influence italienne ä toute la societe polonaise. Les grands seigneurs polonais, qui au XVIIU

•et au XVIIP siede rivalisaient souvent de richesses et d’influence avec les rois, se plaisaient ä s’entourcr d’artistes Italiens et envoyaient les Dunes gens de talent en Italic pour leur permettre de se perfcction- ner dans les arts. L’exemple. venant de baut, il fut suivi par le reste de la nation:

la noblesse et la bourgeoisie aisee. C’est ainsi que s’explique le fait qu’on trouve chez nous, mćme dans les petites villes et les campagnes, tant d’eglises, de cha­

teaux et d’edifices eleves par des artistes Italiens, tant de monuments funeraires, de mcubles, d’objcts d’art etc. sorbs de leurs mains. Et puis, combien nombreux ćtaient les artistes polonais appartenant ä l’ecole italienne. II suffit dc citer les grands ar- diitectes du XVP siede Słoński et Micha­

łowicz d’Urzedow. L’influence italienne s’etendait egal?mpnt ä la peinture. Un de nos meilleurs peintres avant le X1XC siede, Simon Czechowicz, etait l’eleve de Char­

les Muratto; c’cst egalement en Italie, ä l’ecole de Rome, qu’un second peintre

polonais de marque quelque peu plus jeune que Czechowicz, Thaddee Konicz, a puise son education artistique.

Nos relations avec l’Italie s’etendaient aussi ä d’autres domaines. Nous avoirs eu en Pologne beaucoup de savants, de fonc- tionnaires et dc diplomates Italiens. Au Xe et au XP siede dejä, les six premiers eveques de Cracovie furent des Italiens.

Au XVC siede, les fils de Casimir Jagelion, dont trois devaient occuper successive- ment le trönc de Pologne, eurent pour maitre le savant humanistę Italien Philippe Buonaccorsi, gurnomme Kallimachus. Pen­

dant de longs siecles, les grandes famil­

ies polonaises et meine les families sim- plcment aisees envoyaient volontiers leurs fils aux celebres Universites italien- nes pour acliever leurs etudes. Nous en trouvons un temoignage dans leurs 110ms et leurs armes graves sur les murs des vieilles ecoles de Padoue et dc Bologna ainsi que dans les tombes des Polonais morts jeunes ä l’ctranger. Reciproquc- ment, on pent voir toute une foule de tom- beaux d’ltaliens daus les eglises de la Po­

logne entiere, mais tout particulierement dans edles de Cracovie.

Ces longs interets communs et ccs lon­

gues relations mutuelles ont cree dans notre pays de vifs sentiments de Sympa­

thie pour les fils de l’Italie et pour tout ce qui vient de leur belle patrie, une sorte de fraternite d’armes dans cette Campagne pacifique entreprise au cours des siecles par les deux nations contrę l’ingnorance et la barbarie, Campagne dans laquelle la fleur du peuple polonais s’unissait aux meilleurs elements de l’Italie. Et quoique les Allemands soient nos voisins au point de vue geographique, nous nous sentons Tarne et le coeur bien plus prochcs de la loin- taine Italie. Nous sommes lies aux Italiens par unc affinite dc temperament, par des traditions seculaires qui nous ont passe dans le sang et qui creent en nous pour cux une Sympathie sincere, quoique par- fois inconsciente et irraisonnee. Presque chaque Polonais se sent attire d une faęon irresistible vers l’Italie, et parmi ses fils il se sent commc parmi les siens.

S. Tomkowicz.

Le monde slave et ta question de Hante-Siićsie.

S'il est un phenomene qui pendant et apres la Grande Guerre aurait dii attirer 1’attention des sociologues et des histo- riens, c’est le role vraiment efface qu a joue le sentiment de la solidarite des races durant les grands evenements qui ont transforme l’aspect du monde moderne.

A cöte de,s pcuples de la meine origine qui, comme les Franęais et les Italiens, se sont donne la main pour combattre le germanisme, nous pumes voir les Alle- mands et les Anglais, quoique rattaches par des affinites dc race tres prononcees, se poursuivre mutuellement d’unc Maine implacable pendant quatre ans de guerre.

11 est vrai que les sympathies des Suedois ćtaicnt acquises ä l’Allemagne, mais les Danois et les Norvegiens faisaient des voeux pour la victoire dc i Entente et le sang germanique qui coule dans leurs vei- nes ne les empechait nullement d’avoir pour la France les sentiments les plus ami- caux.

Au debut de la guerre, le monde slave paraissait vouloir donner un bei exemplc de solidarite. Oubliant pour un instant leurs anciennes querelies, la plupart des Slaves, sans distinction de nationalste et de religion, desiraient ardemment l’ecrase- ment de l’ennemi hereditaire et si la Buł­

garie n’a pas partage cet elan general, il taut en attribuer la raison aux intrigues du tsar Ferdinand qui, Allemand lui-merne, devait d’autant plus facilement se faire l’instrument des visees allemandes en Eu­

rope. La solidarite slave a done existe pen­

dant les premieres annees de la guerre;

eile a meine donne des resultats tres ap­

preciates, car on ne saurait doutcr que les difficultes interieures que creaient ä VAutrichc-Hongrie les Tcheques, les Po­

lonais, les Slovenes et les Creates ont puissamment contribue ä affaiblir la mo­

narchie dualistc et ä hater son effondre- ment.

Cette treve de Dien que s'etaicnt im- posee les peuples slaves au commence­

ment de la guerre ne fut que de courte duree et actuellement on les voit plus di- vises que jamais. Depths l’automne de les faęons blessent tous mes instincts, c’est

toujours un Allemand qui surgit dans ma pcnsćc".

„On s’abaisse en ayant des rapports avec des Allemands“.

„Ils n’ont aucune notion du degre de leur grossierete, dont l’expresston supreme est le fait qu’ils n’ont nieme pas honte d’etre Allemands. Les Allemands sont in- capables de tout sentiment de grandeur.

II est certain que ce n’est que grace ä un concours de circonstanccs inattendues que Wagner est Allemand et qu’il en est au- tant pour nioi-meme“.

„Jamais je n’avoucrai qu’un Allemand soit vraiment capable de comprendre la musique. Je pretends que les compositeurs allemands sont pour la plupart des etran- gers, des Slaves, des Italiens ou des Hol­

landais. Moi-meme je suis encore assez Polonais pour attribuer ce qui reste de notre musique ä l’influence de Chopin“.

„Reflexion faitc, je n’aurais pas suppor­

ts les annees de jeunesse saus la musique de Wagner. J’etais alors condamne ä su- bir les Allemands. Quand on veut se de-

livrer d’un grand poid, on a besoin de liaschisch et c’est ainsi que j’avais soif de Wagner qui est la contradiction par ex­

cellence de tout ce qui est allemand“.

„Ce que je n’ai jamais pu pardonner ä Wagner, c’est qu’il avait de la condes- cence pour les Allemands et qu’il etait devenu Allemand du Reich, car l'Alle- magne detruit la civilisation partout oü s'etend son influence“.

„Je suis- Stranger dans nies plus pro- fonds.instincts ä tout ce qui est allemand, ä tel point que la proximite d’un Allemand m’empeche de digercr".

„11 faut voir comment Henri Heine trai- tait les Allemands. On dira un jour que Heine et moi nous etions les premiers ar­

tistes de la languc allemande et complete- ment etrangers ä ce que les Allemands en ont fait‘\

„Les rares personncs de veritable cul­

ture d’esprit que j’ai trouvees en Alle- magne Stalent de provenance franęaise“.

„Je Supporte beaucoup, mais sentir et penser en allemand dSpasse vraiment mes forces“.

„L’esprit allemand a de tout temps manque dc finesse et de divination, et au- jourd’hui qu’il est exclusivement vouS ä l’admiration de soi-meme, ce manque de finesse se fait de plus en plus sentir".

„Quelle benediction qu’un juif parmi les Allemands“.

Dans sa preface „Nietzsche contra Wa­

gner“ il dit:

„Ceci est un cssai pour des tisycholo- gues, mais non pour des Allemands. J’ai partout des lscteurs, non seulement dans les terres plates de l’Allemagne“.

„J’aurai peut-etre un mot ä dire tout bas ä MM. les Italiens que j’ainie tant...

Quousque tandem Crispi... Triple Al­

liance ... c’est toujours mesalliance quand on voit un peuple intelligent s’allier an Reich“,

La Grande Guerre a prouve combien Nietzsche avait raison, car les Italiens ont renonce ä temps ä cctte mesalliance.

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4 Le Messager de Haute-Silesie No. 5- l’annće 1917, la Russie s’est placee volon-

tairement sous le patronage de l’Allemagne et malgre V,assonance trompeuse de leurs noms de guerre, ses maitres actuels ne sauraient vraiment pas passer pour des Slaves. L’origine de Lenine est incertaine, Trotzki s’appelle Braunstein, le vrai nom de Zinowiew est Apfelbaum, MM. Krassin et Kamieniew portent des noms d'emprunt et les traits de M. Joffe trahissent facile- ment sa provenance. Ce sont done des Russes d’hier qui out largement ouvert les Portes de leur pays aux influences germa- niques, aussi ne fait-il pas . s’etonner de voir la politique des Soviets suivre une direction contraire aux interets slaves.

Au centre de f’Europe, Polonais et Tche­

ques, qui naguere ioignaient leurs efforts pour affaiblir l’Autriche, en sont venus aux mains en 1919 et la malheureuse que­

stion de Tescben parait devoir diviser pen­

dant longtemps encore deux peuples que leur passe semblait appeler ä former une digue contrę le „Drang nach Osten“, la fameuse poussee vers Vest du germanisme.

II ne faut pas se faire d’illusions; au- cune force de cohesion n’unit actuellement les differents membres de la familie slave et e’est en vain qu’on chercherait des in­

dices pouvant presager leur rapproche­

ment.

II y a pourtant des raisons de croire que cet etat de choses changera dans un avenir plus proche qu'on ne le suppose.

En depit de leur mentalite tellement diffe­

rente, tons les peuples slaves sans excep­

tion comprennent instinctivement le dan­

ger germauique, et quoique en Russie' la dynastie ä moitie germanisee des Roma­

noff ait de tout temps ete infeodee aux Hohenzollern, les masses du peuple russe ainsi que les milieux intellectuels n’ont ja­

mais cache leur profonde aversion pour l’Allemagne. La mefiance des Polonais et des Tcheques envers leurs voisins de Vouest est trop connue pour qu’il soft necessaire d’insister sur ce sujet et certes les Yougo- Slaves ont toutes les raisons de redouter les Allemands. Ainsi, chez tons les Slaves nous voyons le meme fond d’hostilite et de mefiance envers I’Allemagne qui a ete de tout temps leur ennemi jure.

Ces sentiments ne pourront qu’augmen- ter et que se developper ä mesure que les idees democratiques feront du chemin dans le monde slave et que les peuples auront sur leurs propres destinees l’influence ä la- quelle ils ont droit. Si la politique des tsars ćtait en general germanophile et si leurs successeurs ont pu marcher dans la meme vole, e’est que le tsarisme comme le bol- chevisme sont des regimes despotiques qui ne tiennent pas compte de la volonte et des sentiments du peuple. Une fois que la Russie se sera debarrassee de ses op- presseurs actuels et qu’un regime vraiment liberal y aura remplace la tyrannic san- glante des Soviets, les sentiments germa- nophobes ne tarderont pas ä s’y faire jour et peseront sürement sur les decisions de son gouvernement. On pent done s’at- tendre ä voir la Russie, des la chute du regime actuel, revenir ä une politique sla­

ve et changer d’attitude envers I’Alle­

magne. La fin du regime actuel en Russie pourrait amener ainsi tons les peuples slaves ä s’entendre sur un point essentiel et ä s'unir pour opposer une barriere in- franchissable ä l’expansion du germanisme.

Mais sans attendre cet accord, il taut que les nations slaves, conscientes de leur mission historique, travaillent des ä pre­

sent ä se dćfendre contrę le pangerma- nisme agressif, qui reve de reprendre sa politique d’expansion et de conquetes en Europe orientale. C’est la Pologne qui est appelće en premier lieu ä dćfendre les in­

terets des Slaves, en opposant dans ses marches de l’ouest une resistance inebran- lable ä I’Allemagnc. La Prusse Occiden­

tal, la Posnanie et la Haute-Silesie de- vront etre autant d’avant-postes du monde slave contrę lesquels viendront se briser tons les assauts allemands.

II y moins de dix siecles, e'etait 1’Elbe qui separait les Allemands des Slaves qui furent germanises on extermines peu ä peu dans la: suite. Aujourd’hui encore, les Ser- bes de Lusace foment un ilot slave dans cet ocćan germauique et dans le Spree- wald, aux portes de Berlin, on pent jusqu’ä present se faire comprendre en polonais on en tchequc. C’est tout ce qui reste des petits peuples slaves qui n’ont pas su sc dćfendre contrę la poussee allemande. Le memo sort, c’est ä dire une mort lente, etait reservć aux Polonais de Haute-Silesie.

A Berlin on avait dćcide de les exterminer et on y aurait peut-etre róussi sans le grand mouvement national qui, surtout de­

pths 1904, a dćcuplć les forces de ces paysans qui dependent leur langue et leurs coutumes avec une obstination et un cou­

rage incomparables. Les grands evene- ments des dernieres annees ont reduit a neant ces projets allemands depuis long- temps caresses. Aujourd’hui, le peuple haut-silesien se dresse devant ses oppres- seurs pour reclamer ses droits et le monde slave voit avec une emotion croissante ces parias d’hier se constituer l’avant- garde de la race et dćfendre ses interets communs.

On nous a souvent reproche de ne pas nous sentir Slaves, mais bien ä tort, car le sentiment de la race est tres eveille en Pologne. Nous nous sentons Slaves sans etre panslavistes dans le sens que vou- laient donner ä ce terme les champions de l’imperialisme russe. pour lesquels le pan- slavisme etait synonyme de „panrussisme“.

Oui, nous sommes Slaves, et aujourd’hui en luttant pour la Haute-Silesie nous ne combattons pas seulernent pour la Pologne mais pour 1’avenir et la securitć du monde slave et c’est contrę nous que se brise- ront les assauts furieux de l’ennemi secu- laire. Si nous succombions dans cette bit­

te, si I’Allemagne rćussissait par ses in­

trigues ä garder la Haute-Silesie, ce ne serait pas seulernent la Pologne mais tons les Slaves qui subiraient une defaite irre­

parable. Aussi, forts de nos droits et con- scients de nos devoirs envers la Polqgne et nos freres slaves, sommes-nous decides ä hitter jusqu’au dernier.

II faudrait voir les choses par leur petit cote, si on envisageait les evenements de Haute-Silćsie uniquement sous l’aspect d un conflit local entre Polonais et Alle­

mands. La grande bataille qui se livre aujourd’hui est la lutte de deux races, la lutte entre le slavismc et le germanisme, une journee dćcisive de l’ćternelle guerre entre Ormuzd et Ahriman.

■J.'G.

les Ironlieies hislorips de la iiaole-Sildsie..

Certains journaux qui, sous prćtexte de reclamer 1’indćpendancc complete de la Haute-Silesie, travaillent tout bonnement pour l’AIlemagne, pretendent ä tort que les frontieres historiques de cette province ne seraient pas respectees au cas oti eile de- vait revenir ä la Pologne. Or, c’est juste­

ment le contraire qui est vrai. Si le terri- toire plebiscitaire est reuni ä la Pologue et si la partie polonaise de la Silesie de Tescben est rattachee ä la Haute-Silesie, nous verrons les anciennes frontieres.

hautes-silesiennes ä peu pres rćtablies.

La ligne noire ininterrompue indique sur notre petite carte les frontieres histo­

riques de la Haute-Silesie. A l’ouest de cette ligne (ä gauche sur la carte) se trou- vent indiques les territoires faisant partie de la Regence d’Opole qui n’ont pas ap- partenus ä la Haute-Silesie historique.

Quant au pays de Teschen, il a de tout temps ete une partie integrante de la Haute-Silesie et u’en fut separe que depuis 1742, ä l’epoque de la guerre que Frede­

ric II fit ä Marie-Therese. Les pays de Pszczyna (Pless) et de Bytom, indiques sur notre carte par une ligne ponctuće„

appartenaient anciennement au duchć de Cracovie et c’est le due de Pologne qui en 1178 en fit cadeau ä Mieszko, premier due polonais de Haute-Silesie.

Le pays de Głubczyce (Leobschiitz) et la partie stid-ouest du district de Ratibor sont de vieux fiefs moraves et dans le temps ils faisaient partie du duche morave d’Opawa (Troppau), respectivement de celni de Jägerndorf. Depuis le XIVe siede on considerait ä tort le duche d’Opawa (Troppau) et ensuite le duche de Jägern­

dorf comme appartenant ä la Haute-Silesie et ce sont les faits suivants qui expliquent cette erreur: le dernier due de Ratibor de la dynastie polonaise des Piast mourut en 1337 et Nicolas, due tcheque d’Opawa, qui avait epouse sa soeur, herita ainsi du duche de Ratibor. C’est ainsi que les dit­

ches de Troppau et de Ratibor für ent rću- nis et que la region de Troppau fut consi- deree comme faisant partie de la Haute- Silesie. II u’en est pas moins vrai que ces.

territoires etaient ou point de vue religieux places sous la juridiction de l’eveche d’Ol- mtitz en Moravie.

La partie stid-ouest du district de Prud­

nik (Neustadt), qui aujourd’hui est comple- tement germanisee, est, eile aussi, un an­

cien pays morave.

Le pay% de Nyssa (Neisse) qui, avec d’autres territoires, constituait un duche place sous la domination des eveques, etait rattache ä la Basse-Silesie et n’a jamais- appartenu ä la Haute-Silesie, Ce sont les- Prussians qui ont rattache plus tard une grande partie du pays de Nyssa ä la.

Haute-Silesie.

Si l’on tient compte de tout ce qui pre­

cede, on arrive ä la conclusion que le ter- ritoire plebiscitaire correspond plus ou:

moins ä la Haute-Silesie historique. II n'y a que le petit district de Falkenberg, pres- que completement germanisć aujourd’hui, qui se trouve -en dehors du territoire ple­

biscitaire, sans parier d’une grande partie du duche de besehen qui a ete attribute recemment ä la Tcheco-Slovaquie.

II faut toujours revenir sur ce fait que l’ancienne Haute-Silesie polonaise const!-

(5)

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livres qui nous venaient de chez Alcan et de cliez Flammarion contrebalanęaient 1’effct produit par les gros bouquins alle- mands qui ne pouvaient qu’obscurcir les idees des Slaves de la Vistule.

Les progres realises par la science fran- ęaise ne nous etaient done pas Grangers.

Nous lisions aussi de nombreux romans, mais il faut avouer que notre choix lais- sait souvent beaucoup ä desircr. Cepen- dant 1'existence fievreusc moderne nous faisait malheureusement oublier les tresors de la littćrature franęaisc plus ancienne, d’autant plus que, pour les comprendre et les appretier, il aurait fallu avoir des con- naissances approfondies de la langue et de son evolution que nos exccllentes institu- trices du Jura et de Meurthe-et-Moselle n’auraient guerc pu nous inculquer. On oubliait les classiques franęais et le genie des Rabelais, des Moliere, des Racine, et des Corneille devenait de plus en plus etranger au public polonais.

Lamarck, le precurscur genial de Dar­

win, Lamarck dont les idees semblcnt au- jourd’hui l'emporter sur etiles du grand naturaliste anglais, avait pretendu que le besoin de »’adapter ä un milieu creait tou- jours l'organe indispensable ä cette adap­

tation.

On put se convaincre en Polognc de la verite de cette these qui s’appliquc non seulement ä la biologie, mais aussi bleu aux besoins intcllectuels et artistiques de l’humanite. Il nous fallait en Pologne un homme de grand talent qui put rendre familier ä nos lecte" "s pas suffisamment inities aux finesses ue la langue francaise, la litterature classique de la France. La Pologne intellectuelle et litteraire avait besoin dun auteur qui lui eut rendu neces­

sities les classiques franęais qu’elle oubliait pen ä pen. Get homme, la Pologne l’a trouve. Il s’appelle Thaddee Żeleński, mais il est surtout comm sous le pseudonyme de „Boy“.

Dans la preface d une de ses etudes sur la litterature franęaise, M. Żeleński, autrement dit „Boy“, raconte qu'uti soil', il y a une vingtaine d’annees, il ecoutait le Chansonnier Gabriel de Montoya chan­

ter ä Montmartre une de ces chansons langoureuses et passionnees qui vous font never, quarid il eprouva le besoin irre­

sistible de connaitre brutes les beautes de la langue et de la litterature franęaises.

Depuis lors, M. Żeleński, qui est medecin, consacra tous ses loisirs ä etudier et ä tra- duire en polonais les chefs-d’oeuvre de la litterature classique. Comme il aime l’es- prit gaulois et ne rougit pas sur les textes, il nous donna une traduction superbe de

„Gargantua et Pantagruel“, ne recula pas devant Francois Villon et prit d’assaut les „Dames Galantes“ de Brantömc. Ges traductions sont parfaites, car M. Żeleński exprime en termes archaiques brutes les finesses et meme les rugositćs du vieux franęais. Il hśsita longtcmps avant de tra- duire Moliere, car sa rnodestie egale son grand talent. Mais deux ans de travail assidu nous out vain une edition complete des oeuvres du grand comique franęais et, sans nous Vanter, nous pouvons affirmer qu’il existe fort peu de traductions pareil- les dans les literatures ćtrangeres. Il faut bien avouer, pour etre juste envers les Al- lemands, que leur langue se prete admira- blement aux traductions et que plusieurs

La culture franęaise et son protagoniste en Pologne.

Il y a une cinquantaine d’annees, on parlait le franęais tout autant que le polo­

nais dans les salons de Varsovie, et on le parlait meme fort hien. Toutes les famil­

ies aisees faisaient venir, de France des bonnes d’enfants et des institutrices qui apprenaient ä la jeune generation ä parier la langue de Racine et de Moliere. Mais si par hasard l’institutrice etait des Bou- ches-du-Rhöne, alors ses petits'eleves par- laient avec un bei accent meridional qui aurait fait honneur aux petits Marseillais qu’on rencontre ä la Cannebiere. Enfin le franęais a ete de tout temps tres rćpandu en Pologne, il Vest encore ä present et le sera toujours.

Il est vrai que plus l’oppression ger- manique et russe devenait cruelle, plus on tenait ä la langue maternelle, qui etait le seul tresor qu’on ne pouvait nous arra- cher. Aussi tachait-on de parier de plus

en plus le polonais, meine dans les milieux qui se piquaient d’etre tres parisiens.

L’esprit democratique et national qui unis- sait toutes les spheres sociales pour re- sister ä [’oppression etrangere, contribua de son cóte ä faire negliger un peu le fran­

ęais et 1 anglais, meme dans les boudoirs les plus aristocratiques. Aujourd’hui on parle moins bien le franęais qu’on ne le par­

lait il y a cinquante ans, mais le nombre des personnes qui le comprennent et le liscnt a certainement augmentć.

Pour se soustraire ä l’influenee delć- tere du germanisme, pour combattre les idees etroites et obscures qui nous venaient de Berlin et de Vienne, il fallait connattre et stiiwc les progres de la science et de la philosophic franęaise, et il etait indis­

pensable de se retremper dans cette Fon­

taine de Jouvence qui jaillit toujours ä la Sorbonne. On parlait souvent assez mal dans les milieux intellectuels de Cracovie, de Varsovie et de Posen, mais on lisait beaucoup en franęais, et ces excellent»

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tuait une province ä part que la „Presek^“, autrement dit une bande de territoire oc- cupee par des forets vierges, separait com- . pletement de la Basse-Silesie. Cette „Pre- seka“ est indiquee dans notre carte par une bande stride s’etendant depuis les en­

virons de Nyssa (Neisse) jusque dans la region de Kluczborek (Kreuzburg) et de Namysłów (Namslau).

Durant plusieurs śiecles notre pays ne raisait pas partie de la Silesie proprement dite et ne portait pas ce nom, mais s’ap-

pelait „pays d’Opoie“. A Vorigine le nom de „Silesie“ ne designait que le territoire attenant ä Breslau, puis on Vetendit ä la Basse-Silesie et ce n’est que vers la fin du XIVe siede qu'un des dues de Te- schen qui acquit des proprietes en Bas­

se-Silesie commenęa ä porter le titre de „duc de Teschen et de Silesie“. Au XVe sidcle on donna le nom de Silćsie ä notre pays et on commenęa ä distinguer la Basse- et la Haute-Sildsie.

Hyacinthe Pytlik.

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6 Le Messager de Haute-Silesie No. 5 de lours traducteurs, pour ne citer que

Voss, savaient rcndre toutes les finesses des textes originaux. Eh bien, le profes- seur Greizenach, l’eminent savant alle- mand connu surtout par son „Histoire du Dramę Moderne“, sc plaisait ä dire que la litterature allernande ne possćdait pas une traduction de Moliere comparable ä cello de notre ami „Boy“. Le celebre dicton Italien: „Traduttore — traditore“ ne s’ap- plique vraiment pas ä M. Żeleński.

Pendant la guerre, M. Żeleński aurait du remplir ses devoirs „patriotiques“ en- vers l'Autriche et aller so faire tu er dans les tranchees. 11 ne m’en voudra pas de le denoncer aujourd’hui et de divulgucr un grand secret: M. Żeleński est un embusque qui, tout en n’aimant pas personnellement les marivaudages, a prefere traduire „Le Jeu de 1’Amour et du Hasard“ que d’aller planter le drapeau noir et jamie sur les remparts de la citadelle de Belgrade.

La „Bibliotheque de Boy“ comprend deja un tres grand nombre de chefs-d’oeu­

vre de la litterature franęaise. Tout der- nierement M. Żeleński vient de traduire les „Comedies et proverbes“ de Musset et travaille actuellement ä une traduction des oeuvres de Chateaubriand. Le talent de M. Żeleński est asscz vaste pour etn- brasser (honni soit qui mal y pense!) les Dames Galantes et le Genic du Christia- nisme.

Dcpuis plus de dix ans la Pologne en- tierc s’arrache les traductions de Boy.

Rabelais, Francois Villon, le grave et pro- fond Descartes, Moliere, Racine, Bran- tome, les Encyclopedistes sont devenus familiers an public polonais qui n’aurait guere pu lire tons ces auteurs en franęais.

Mais M. Żeleński est plus qu’un grand traductcur. C’est un poete satirique et un ironists distingue, et toutes les literatures comtemporaines pourraient nous l’cnvier.

II a comble une lacunc de la litterature polonaise moderne en publiant phisieurs volumes ds poesies qui joignent au vieil esprit franęais un humour local qui sent toujours le terroir. M. Żeleński peronnifie dans notre literature contemporaine la pensee et les idees franęaises qui ont toujours trouve accueil chez nous. II tra­

vaille pour Part et sans poursuivre d'autre but que la satisfaction de son epicurisms litteraire, mais dcpuis des annees il est l’artisan inconscient du rapprochement de plus en plus intime entre la France et la Pologne.

Dcpuis 1913 un modeste ruban violet orne la boutonniere de M. Żeleński, qui paraft tres heureux dc porter ce petit sou­

venir de France. A notre avis, le violet se marie tres bien au rouge, surtout ä une boutonniere.

Empiricus.

Chronique de Haute-Silesie

Des armes, toujours des armes!

La police plćbiscitairc de Gliwice (Glei- witz) vient de faire une trouvaille prć- cieuse ä Łabędy (Laband). La nuit du 21 au 22 janvier on a fait une perquisition chez 1’aubergiste Piegsa, connu pour avoir des accointances avec les Heimattreue, et on a pu confisquer ainsi un depot d’armes important. Voici la liste des objets trouves:

une mitrailleuse de gros calibre, 33 fusils modele 98,

une carabine, un fusil de chasse, 3 pistolets automatiques, 35 bandoulieres,

un lance-fusees, 26 fusees,

un canon de reserve pour mitrailleuse, 3900 cartouches pour fusil et

4000 cartouches pour mitrailleuse.

L’aubergiste Picgsa, son beau-frere Bialas et le stosstruppler Gruschka ont ete arre- tes. On prevoit d’autres arrcstations en­

core.

Le 21 janvicr, ä la gare de Katowice (Kattowitz), on a mis la main sur deux paniers dont l’un contenait 50 grenades ä main, tandis que l’autre renfermait une collection assortie de cravaches en caout­

chouc. Les deux paniers avaient etć en- voyes de Brieg et portaient l'adresse de Paul Schön et de Joseph Weihrauch, tons les deux ä Katowice (Kattowitz).

Mais ce n’est pas seulement chez des vulgaires Heimattreue qu’on trouve des de­

pots d'armes. Les gros bonnets de la ma- gistrature allemande en Haute-Silesie tien- nent, eux aussi, ä preparer le „putsch“ et ä se faire complices des machinations pan- germanistes. Ainsi, il y a quelques jours un officier franęais se presenta au bureau du procureur de l’Etat et demanda ä l’huis- sier de ltd ouvrir une des pieces. Parma les dossiers il trouva quinze brownings et plusieurs cravaches en caoutchouc.

Contrę les comites paritaires.

Les violences allemandes contrę les Polonais, membres des commissions pari­

taires, deviennent de plus en plus frequen­

tes. Ainsi ä Miechnica (Mechnitz) district de Koźle (Cosel) le Polonais K. fut attaque par le Heimattreuer Sch. pendant qu it etait occupe ä dresser une liste des pcr- sonnes autorisees ä voter. K„ qui est inembre de la commission paritaire locale, fut frappe plusieurs fois par le Heimat­

treuer et ce n’est que grace ä l’aide de plusieurs personnes accourucs sur les lieux qu’il put remettre l’agresseur ä la raison.

Les autorites competcntes devraient pren­

dre les mesures necessaires pour empecher des faits parci Is de se renouveler.

Un true ingenieux.

Ce ne sont plus simplement des armes qu’on decouvre chez les pangermanistes en Haute-Silesie, mais ... des sous-marins.

Quelque invraisemble que puisse paraitre ce fait, il n’en reste pas moins exact. C'est au coins d'unc perquisition dans une fa- brique allemande ä Ozimek (Malapanc), district d’Opole, que les autorites intcral- liees eurent la chance de mettre la main sur toutes les parties constitutives d un sous-marin, soigneusement dissimulees dans la fabrique. Le sous-marin a evidem- incnt ete demonte et transportu d’Alle- magne en Haute-Silesie pour ne pas etre livre aux Allies. Inutile d’ajouter que la perquisition a about! en outre ä la decou-

verte de plusieurs mitrailleuses.

Une perquisition ä l'hötel Lomnitz.

La „Ostdeutsche Morgenpost“ avait annonce ä grand fracas qu’il y avait ä l’hö- tel Lomnitz, siege du Comite plebiscitairc polonais ä Bytom, une chambre de torture

oü Von martyrisait les pauvres Allemands pour leur extorquer des aveux. Pour met­

tre fin ä ccs precedes barbares, un offi­

cier anglais et un inspecteur de police se sont presentes mardi le 25 janvicr ä l’hö- tel Lomnitz pour y faire une perquisition.

Inutile de dire que l’on ne put trouver la fameuse chambre de torture qui avait tel­

lem ent frappe I’imagination des ecrivassiers pangermanistes de la „Morgenpost“.

A travers la presse.

Le „Manchester Guardian“ et Vinvasion bolcheviste en Pologne.

De tons les journaux anglais, c’est le

„Manchester Guardian“ qui se distingue le plus par une polonophobie aigüe, dont heu- reusement d’autres fcuilles du Royaume Uni sont loin de souffrir. Les critiques se- veres que la feuille de Manchester adresse au haut commandcmcnt des armees rouges et son opinion sur l’impossibilite d’une nou- velle invasion russe en Pologne ne sont done surement pas suspectes de partiahte ä l’egard de notre pays. Depths quelque temps le „Manchester Guardian“ public une serie d’articles de la plume de M.

Farbman sur le bolchevisme et la revolu­

tion mondiale. A l en croire, le Congres de la Troisieme Internationale qui cut lieu ä Moscou avait non seulement rempli d’espoir les grands chefs bolchevistcs, mais aurait eu une repercussion profonde dans les milieux ouvriers acquis aux idees communistes, de sorte que l’enthousiasmc populaire aurait pousse les Soviets ä pro- pager leurs grands principes par les armes et ä tenter une invasion de la Pologne.

On partit done en guerre et les premiers succes remportes par les armees rouges paraissaient justificr les esperances des ouvriers russes fanatises. „L’attitude des soldats", dit le „Manchester Guardian“,

„etait parmi tons ces grands evencments la surprise la plus inattenduc. La propa­

gandę revolutionnaire avait dans l’armec un retentissement inespere et la haine de la Pologne ne pouvait qu’exalter le cou­

rage des soldats. Le souffle du Congres de la Troisieme Internationale animait les troupes. Nombreuses sont les personnes qui racontent l’ardeur surprenante des sol­

dats de l’armee rouge qui, harrasses de fatigue, marchaient toujours en avant vou- lant ä tout prix arriver aux portes de Var- sovie. Pendant le dernier mois qui pre- ceda la catastrophe, ils faisaient plus de trente kilometres par jour. Picds mis, mal vetus, mal nourris, ils avancaient toujours en criant: „Faites nous entrer a Varsovie!“

Mais l'enthousiasme ne suffit pas; l’ar­

mee rouge etait mal commandee, 1’inten- dancc et le service de ravitaillcment ne fonctionnaient pas, l’artillerie restart ä trois jours de inarche en arrierc et les differents corps d’armec n’avaient plus de contact entre eux. Commc des forcenes, les bol- chevistes voulaient toujours aller en avant, sans tenir compte de la contre-offensive polonaise qui avail commence. Le desar- roi de l’armee russe devenait de plus en plus grand et bientöt il la conduisit ä une defaite complete.

M. Farbman cite les paroles d'un hom­

ilie d’Etat bolcheviste qui n’entrevoyait que deux possibilites d’entreprendre une attaque generale contrę le capitalisme eu-

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ropeen. „Ou bien“, disait-il, „les milieux ouvriers en Europe seront ä tel point su- rexcitds qu’on pourra, sans risquer grand chose, livrer assaut ä la forteresse du ca- pitalisme, ou bien la situation de la Russie bolcheviste deviendra tellement dćsespe- ree qu’il faudra essayer d’en appeler au proletariat europeen pour obtenir son se- cours“.

„La tentative insensee“, dit M. Farb- man, „consistant ä vouloir transformer la guerre contrę la Pologne en une croisade revolutionnairc pour delivrer les classes ouvrieres de l’Europe, parait avoir etc entreprise pour satisfaire ä la premiere partie de cette formule bizarre. Les bol- chevistes ne se sont pas rendus compte de l’etat d’esprit des milieux ouvriers de l'Europe. Ils se figuraient qu'il suffirait d’urte etincelle pour allumer le grand feu revolutionnairc en Europe. C’etait une opinion grotesque et les bolchevistes out paye eher leur erreur. Actuellement on peut affirm er sans hesita­

tion q u e la Russie a si bien pro­

fits de cette leęon qu'elle n’es- sayera plus jamais de propager par les b a "io nettes les idćes r ć- volutionnaires en Europ e“.

Nous sommes tres sceptiques quant ä l’enthousiasme des armees rouges dont M. Farbman fait un tableau saisissant, d’autant plus que nos soldats et nos offi- ciers ne s’en sont jamais aperęus. A leur avis, il faudrait attribuer les premiers suc- ces bolchevistes ä la superiorite numerique de leurs troupes et ä un plan de Campagne savamment prepare par des officiers d’e- tat-major allemands aux services de la Russie. Nous avons eu ä plusieurs reprises l’occasion dc visiter des camps de prison- niers bolchevistes en Pologne. Nous nous sommes longuement entretenus avec des soldats et des officiers dont'nous commis­

sions plusieurs a Varsovie avant la guerre et nous apprimes ainsi des choses bien dif­

ferentes de edles que relate l’envoye spe­

cial du „Manchester Guardian“. Les pri- sonniers nous disaient que les troupes russes ne pouvaient faire autrement que de marcher en avant, parce qu’elles n’a- vaient que. le choix de se faire tuer par les Polonais ou bien d’etre fusillees par les arriere-gardes russes, souvent compo- sees de Chinois, qui brülaient impitoyable- ment la cervelle ä tons les fuyards. Mais laissons ä M. Farbman ses illusions sur l’enthousiasme des soldats bolchevistes.

Ce qui Importe pour nous, e’est la consta- tation tres juste que les soviets ne recom- menceront plus jamais une invasion de la Pologne pour affranchir le proletariat eu­

ropeen. Les journaux allemands, dont le

„Manchester Guardian“ est le favori. de- vraient bien mediter les articles de M.

Farbman avant de predire une nouvelle agression bolcheviste ä laquclle on ne emit plus que dans les milieux de propa­

gandę pangermaniste.

Divers.

Tu I’as vquIu, Georges Bandin!

Nous nous souvenons tons de l’entrec triomphale en Russie qu’en 1917 le gou- vernement allemand avail menagee ä Le­

nino et ä son etat-major communiste. Le futur maitre de la Russie bolcheviste fut transporte en wagon-salon depuis la fron-

tiere suisse jusqu’ä son pays d’origine oil il devait propager les idćes subversives destinees ä desorganiser barmee russe dont le moral avail etć dćja gravement en tam ć par la Phraseologie creuse d’un Kierenski.

Lesresultats de la politique machiavelique de l’Allemagne ne se firent pas attendre longtemps et bientöt les armees du Kaiser ne rencontraient plus aucune resistance de la part des troupes russes dćsorganisćes par Lenine et ses adcptcs. Nous savions tous alors que les bolchevistes s'etaient fait payer leurs services rubis sur bougie, mais la presse allemande jetait les hauls cris en parlant de ces insinuations perfides de l’Entente qui evidemment ne reposaient que sur une accumulation de mensonges.

Ce que nous ignorions alors, c’est le mon­

tan! de la somme qu’avait touchee Lenine.

Aussi lisons-nous avec grand interet les revelations qu’Edouard Bernstein, un des grands chefs du socialisme majoritaire al- lemand, vient de publier dans le „Vor­

wärts“, organc officiel du parti. „Lćnine et ses complices“, dit Bernstein, „ont ef- fectivement touche de tres fortes sommes du gouvernement imperial. J en eus con- naissance fin deccmbre 1917. Je fis done prendre ä un de nies amis des renseigne- ments ä ce sujet aupres d une personne qui, grace ä ses relations avec les milieux officiels, devait etre bien informee. Bien­

töt j’obtins une reponse affirmative ä nies questions, mais j’ignorais le montant de la somme et ne savais rien sur la personne qui l’avait versee ä Lenine. A present je viens d’apprendre par un informateur dont les renseignements doivent etre pris tout- ä-fait au serieux qu’il s’agissait de sommes tout-ä-fait exorbitantes, qui certain c- ment depassaient 50 millions de marks en or. On ne pent douter que Lenine et ses amis ne sc soient pas rendus compte de la source d'oü leur ve- nait cet argent".

Bernstein pretend qu’aux personnes qui accusaient Lenine de toucher de bargen!

allemand, le tribun russe rćpondait avec un calme imperturbable que pen lui impor­

tant la source d'oü venaient ces millions pourvu qu’ils soient depenses ä propager les idees communistes. Nous ne sommes nullement scandalises par cette reponse, car nous sommes habitues ä voir les Rus­

ses prćtendre, a l’exemple de Vespasien, que bargen! n’a pas d'honneur. Mais que de- vons nous penser du Kaiser qui, avec sa morale austere, n’hesitait pas ä soudoyer des bandits bolcheviques? Un journal con- servateur allemand disait il y a pen de temps encore qu’un jour, en Hollande, bex-empereur, occupć ä fendre du bois, interrompit son travail en entendant par­

ier de cc qui se passait en Allemagne.

Brandissant sa haclie, Guillaume II aurait dit alors: „C’est ainsi que je ferai marcher la haclie pour extirper tous les ennemis de l’Allemagne le jour ou mon peuple me rap- pellera". Ce jour si ardemment desire par l’ex-kaiser ne reviendra sans doute jamais, mais comment Guillaume II ose-t-il s’indi- gner en voyant tout ce qui se passe dans son pays, quand il a etc le premier ä pro- teger les criminels bolchevistes dont bAl­

lemagne se ressent si cruellement au- jourd’hui. Les erneutes communistes ä Ber­

lin, le regne de Kurt Eisner et les journees sanglantes de Munich, les menees des bol­

chevistes en Allemagne — tout cela est

boeuvre de cet homme nefaste dont la me- diocrite se drapait tour ä tour dc la toge romaine et du manteau du pelerin chrć- tien. Au lieu de brandir sa hache pour enterminer les ennemis de l’Allemagne, qu’il lui a crećs lui-meme, l’ex-eitipereur devrait plutöt relire Moliere et dire hum- blement: „Tu bas voulu, Georges Dandin!“

Le inouvement de la population en Russie.

Le journal russe „Ryżskij Kurier“ (Le Courrier de Riga) apprend que le bureau central de statistique des soviets a entre- pris en aoüt et en septemb' e de l'annee derniere un recensement de la population en Russie. Jusqu’ä present, on vient de publier les donnees concemant 22 gouver- nements, 40 chefs-lieux de gouvernement et 50 vibes dont, la population depasse 15 000 habitants. Depuis 1917, la popula­

tion rurale de ces 22 gouvernements a augmente de 533 000 habitants, autre- ment dit de 3'/2%. II en est bien autre- ment des villes. En 1917, les 40 chefs-lieux de gouvernement dont s’occupe la sta­

tistique officielle avaient une population globale de 6 392 000 habitants, tandis qu’en 1920 ce chiffre etait tombe a 4 295 000 ce qui equivaut ä une diminution de 33,8%.

Pour les villes principales de la Russie, ces pertes, exprimees en pourcents, sont les suivantes: Retrograde 71%, Moscou 44,50 %, Jarosław 43,2 %, Arkhangel 36 %, Pskow 34,2 %. Moscou avait au mois de mai 1917 2 043 816 habitants et settlement 1 128 218 au mois d’aoüt 1920.

Les ch iff res que reproduit le „Ryżskij Kurier“ d’apres les statistiques officielles, confirment pleinement les nouvelles qu’on avait dejä recues sur la depopulation de la Russie, qui parait revenir ä 1’etat pri- rnitif au-dessus dtiqtiel eile s’etait elevee pen ä peu depuis Pierre le Grand. Tandis que partout en Europe le developpement de l’industrie et du commerce tendait ä augmenter tres rapidement la population des grandes agglomerations urbaines, un inouvement en sens inverse se dessine tres nettement dans la Russie communiste. Les villes se meurent, 1’industrie n’existe pres- que plus et les ouvriers privös de travail refluent vers les campagnes, esperant y trouver plus facilement des moyens dc subsistance. De tout temps on croyait que le progres favorisait le developpement de l’industrie et la fameuse loi des „Trois Etats“ qui est ä la base de la socjologie d’Auguste Comte n’est que l’cxpression synthetique et philosophique d’une verite universcllcment reconnue. Le socialisme occidental prevoyait toujours le develop­

pement de l’industrie, le perfectionncment des methodes de production et par conse­

quent la predominance des grands centres.

Une fois que les doctrines socialistes ont ćte appliquöes integralement ä la russe, nous vimes se produirc l’oppose, dc sortc que la societć retombe ä un niveau infe- rieur de civilisation et cherche ä revenir ä 1’agriculture et ä la vie champetre. On se demande si, apres la mine des villes, le programme social des bolchevistes ne mi­

nera pas aussi cornpletement le paysan.

Heureusement, les soviets admettent ou plutöt tolerent la petite proprićtć fonciere individuelle, ce qui permettra aux paysans de vegeter quelque temps encore, autre- ment on verrait peut-etre d’ici quelques annees le peuple russe revenir ä la vie

(8)

8 Le Mess, er de Hl e-Silćsie ). 5 pastorale, puis enfin ä la cliasse et ä la

peche et presenter ainsi des formes de vie sociale encore plus primitives.

II est curieux de constatcr que les idees bolclievistes, qui pour les grands prophetes du communisme et de l'lnternatlonallsme passent pour la quintessence du progres, n’aboutissent en pratique qu'ä une evolu­

tion regressive ou plutöt ä la dissolution qui fait rcvenir la societe ä des formes de vie sociale de plus en plus simples.

Commei t on travaille en Russie.

Les journaux bolchevistes „Izwiestia“

et „Prawda“ donnent des details interes­

sante sur la production industrielle et mi­

niere de la Russie communiste. Suivant les „Izwiestia“, l’industrie russe produisait avant la guerre 24 millions de ponds de papier par an (le poud russe correspond ä 16 kilos) et occupait 25 000 ouvriers.

Quoique en 1920 le nombre des ouvriers travaillant dans les papeteries russes se soft encore eleve ä 20 000, la production de papier n’atteignit que 900 000 pouds pendant les premiers six mois de l’annee derniere. Avant la guerre un ouvrier arri- vait a fournir environ 960 pouds de papier par an en moyennc, tandis qu’actuelle- ment sa production annuelle ne s’eleve plus qu’ä 100 pouds.

La „Prawda“ apporte quelques chiffres relatifs ä l’exploitation des mines de l’Ou- ral pendant le premier semestre de 1’an- nee 1920 et les compare aux chiffres que le gouvernement avait prevus comme re- sultat d'une exploitation normale. Nous apprenons ainsi qu’on a extrait 27 000 000 de pouds de charbon, c’est-a-dire 70% des quantites prevues par le gouvernement.

Quant au mineral de for, on dut se con­

tender de 15,5% de la production normale, tandis que pour le sei ce pourcent s’eleve ä 55. Les mines de l’Oural n’ont fournit que 5 pouds et 12 Iivres dor ainsi que 5 pouds et 26 Iivres de platine, quantites qui cor­

respondent ä 11% de la production nor­

male.

Ces quelques chiffres suffisent ä de- montrer l’inanite des reves bolchevistes et prouvent que le communisme doit fata- lement conduire l’industrie ä la mine.

Bo Sale (oop poor la Fanfare.

Grande tragedie plebiscitaire en cinq actes par Silesius.

Personnages:

Obergeheimer Vergnügungsrat Schulze, conseiller intime de rejouissance, pre­

mier president d’honneur dn Comite des fetes plebiscitaires.

Obergeheimer Entklcidungsrat Wolf, con­

seiller intime de deshabillement, pre­

mier president d’honneur des Commis­

sions de deshabillement reunies, Mayer,

Berlin,

Haut-Silesien authentique de Müller, Haut-Silesien authentique de

Francfort, Gretchen.

Une cinquantaine de Heimattreue.

L’action se passe ä Bytom, la veille et le jour du vote des emigres.

Acte I.

(Bytom, Avenue de la Gare).

Scene 1.

Mayer, Müller, puis Gretchen.

Mayer: Que ma patrie est belle! Ft combien je l'aime cette patrie inconnue!

Müller: Viens mon vieux! On va bien rigoler ce soir ä la Zentraldiele. Je te promets que ce sera plus dröle que de s’esclaffer sur les beautes de ce sale patelin. Mol je m’en... fiche. Pourvu que ce sacre Schutzbund tiennc ses en­

gagements et nous procure toutes les distractions qu’il nous avait promises avant notre depart. Tiens! Voici la petite Gretchen qui s’amene. Tu sais, j’en pince pour Gretchen, moi.

Gretchen: Bonjour, mon loup. Je Je­

viens de la Zentraldielc oü, comme tu sais, je suis engagee pour tons les soirs par le Comite des fetes plebiscitaires.

Le souper sera servi par petites tables.

J’en ai retenu une pour nous deux et j’ai fait trapper deux bouteilles de Pom- mery-Greno, gout americain. Vive l’Al- lemagne et le bon vin!

Mayer: Que ma patrie est belle...

Müller et Gretchen (ensemble): Oh.

la barbel

Müller: Mais dis moi done ma petite chatte, t’es bien sure que tout cela est dejä paye? Car, vois-tu, on n’est pas riche et...

Gretchen: Est-jJ assez bete celui-lä!

Quand je te dis que tu ne depenscras pas un rond. Le souper et le vin sont payes d’avance, de meme que le gite ...

et le reste. Vous etes nourris aux frais du Deutscher Schutzbund, pour sauver la Haute-Silesie allemande. Viens, don­

nę moi un becot. Tu verras apres ...

la surprise. Oh! ce que je serai gentille avec toi ce soir!

Acte 11.

Scene 1.

(A la Zentraldiele).

Schulze, conseiller intime de rejouis- sance, premier president d’honneur du Comite des fetes plebiscitaires:

Citoyens! La patrie allemande vous a appeles et vous etes accourus de tons les coins du Reich pour faire votre de­

voir et sauver la Haute-Silesie. Vive la plus grande Allemagne! (il vide une coupe de champagne).

Müller (ronfle sous sa petite table com­

me un tuyau d’orgue, tandis que Gret­

chen veille sur lui comme un ange- gardien).

Acte III.

Scene I.

(A la Zentraldiele, 3 heures apres).

(Tons les convives ronflent comme des tuyaux d’orgue sous les petites tables.

Entre Wolf, conseiller intime de deshabil­

lement et premier president d’honneur des Commissions de deshabillement reunies.

Gretchen le suit de prös).

Wolf: En vertu de ma specialite, je dois depouiller le scrutin demain; en atten­

dant je depouillerai ce soir ces bons Heimattreue qui se sont saoules. (II frappc des mains et 3 membres actifs de la Commission de deshabillement du quartier entrent dans la salle du re­

staurant, puis arrive Gretchen).

Gretchen: Allez-y carrement, ils sont tons ronds. Vous n’avez rien ä craindre.

Wolf: Ohe, les copins! Les garęons sont de la partie, nous ne risquons rien.

Vite ä la besogne!

Acte IV.

(A la Zentraldiele, 3 heures plus tard).

Scene I.

Tons les convives, tout nus, ronflent comme des tuyaux d’orgue sous leurs pe­

tites tables.

Acte V.

Le lendemain soir au cafe Hindenburg.

Scene I.

Schulze, premier president d’honneur du Comite des fetes plebiscitaires (il.

est debout et lit d’une voix tremblantc und edition speciale de la „Ostdeutsche Morgenpost“):

„Un nouvel attentat po­

lo n a i s“. Le nombre des votants a ćte minime aujourd’hui et la patrie est en danger. Des agitateurs polo- nais se sont abouches avec le pre­

sident des Commissions de deshabille­

ment reunies qui, profitant de la fatigue de nos chers Heimattreue venus de Berlin, de Francfort et de Munich, les fit depouiller hier soir comme on de- pouilk un scrutin. Les membres actifs des Commissions de deshabillement se sont empares des portefeuilles et de tous les vetements de nos amis les Heimat­

treue et ne leur out laisse que leur bul­

letin de vote. Ne voulant pas faire outrage ä la pudeur, en votant tout nus, nos heroiques emigres ont du forcement s’abstenir du vote. Des faits analogues se sont passes ä Kattowit'z, Gleiwitz, Königshütte et dans töus les centres importants du territoirc plebiscitaire.

La Haute-Silesie est perdue.

Le Comite plebiscitaire allemand vient de se reunir dans une derniere seance et M. Urbanek a reclame du gou­

vernement de Varsovie l'expulsion de M. Korfanty de Pologne et de Haute- Silesie, apres quoi le Comite, jugeant sa tache terminee, a decide de se dis- soudre. On croit que la derniere de­

marche de M. Urbanek sera cette fois couronnee de succes“.

Schulze, premier president d’honneur du Comite des fetes plebiscitaires (se laissant choir sur une chaise):

Tout est perdu, fors la pudeur!

Rideau.

Editeur: K. Miarka — Mikołów.

Dirccteur: dr. J. Górski.

Bytom, r. Gliwicka nr. 10.

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